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Les impensées de la migration: Mobilités féminines en Méditerranée (note critique)

Published online by Cambridge University Press:  12 January 2022

Delphine Diaz*
Affiliation:
Université de Reims Champagne-Ardenne CERHiC (EA 2616) / Institut universitaire de Francedelphine.diaz@univ-reims.fr

Mobilités féminines en méditerranée (note critique)

Dans Les damnées de la mer, Camille Schmoll explore la géographie des migrations en Méditerranée en centrant son regard sur les mobilités de femmes parties d’Afrique de l’Ouest pour rejoindre les rives de l’Europe méridionale. Une telle géographie incarnée des traversées de la Méditerranée, qui associe à cette « histoire d’eau » (Nancy L. Green) une interrogation sur les étapes africaines d’itinéraires au long cours, rencontre l’histoire du temps présent. En retraçant les évolutions des politiques migratoires sud-européennes au cours des deux dernières décennies, l’autrice explique les origines et les modalités de ces mobilités sous contrainte. C’est grâce à une enquête menée dans les espaces de la contention et de l’attente, grâce au recueil d’un riche matériau de témoignages oraux et de bribes d’enregistrements audio et vidéo réalisés par les migrantes elles-mêmes que l’autrice parvient à restituer l’expérience de la traversée de la Méditerranée au féminin. Ce faisant, elle inscrit ses pas dans le sillage d’une historiographie des femmes et du genre de plus en plus attentive, depuis maintenant près de quatre décennies, à la question des mobilités et des circulations, et explore les espaces interstitiels de l’intimité en migration.

The overlooked actors of migration: women’s mobility in the mediterranean (review article)

The Overlooked Actors of Migration: Women’s Mobility in the Mediterranean (Review Article)

In her book Les damnées de la mer (The Wretched Women of the Sea), Camille Schmoll explores the geography of migration in the Mediterranean by focusing on women traveling from West Africa to the shores of southern Europe. This embodied geography of Mediterranean crossings, which combines what Nancy L. Green has called “water history” with research into the African stages of women’s long-distance itineraries, offers a way to tell the history of our present time. By tracing the evolution of south European migration policies over the last two decades, Schmoll explains the origins and modalities of these forced mobilities. Through a study of spaces like retention centers, along with a rich collection of oral testimonies and audio and video recordings made by migrants themselves, she succeeds in conveying the female experience of Mediterranean crossings. In so doing, she explores the interstitial, private spaces of migration, following in the footsteps of a historiography of women and gender that for nearly four decades has paid increasing attention to questions of mobilities and circulations.

Type
Migration
Copyright
© Éditions de l’EHESS

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References

1 « Et pourtant elles bougent ! À propos des mobilités des femmes », journée d’études organisée par le groupement de recherches MAGE (Marché du travail et genre en Europe) placé sous la direction de Jacqueline Laufer et Christine Marry, 8 juin 2000, http://mage.recherche.parisdescartes.fr/wp-content/uploads/sites/17/2019/04/journe%CC%81e-8juin2000.pdf.

2 Mirjana Morokvasic, « Birds of Passage Are Also Women… », The International Migration Review, 18-4, 1984, p. 886-907.

3 Ead., « Migrations et mobilités Est-Ouest après 1989 sur fond d’intégration européenne », Migrations Société, 158, 2015, p. 61-92.

4 Camille Schmoll, Les damnées de la mer. Femmes et frontières en Méditerranée, Paris, La Découverte, 2020, 248 p.

5 Peu après la soutenance de son HDR, Camille Schmoll co-fondait en 2018, avec Hélène Thiollet et Virginie Guiraudon, le Groupe international d’experts sur les migrations (GIEM), collectif international, interdisciplinaire et indépendant de chercheurs ayant vocation à diffuser au plus grand nombre un état des connaissances sur des questions pertinentes pour l’élaboration de politiques affectant les phénomènes migratoires. C. Schmoll s’est également investie au sein de l’Institut Convergences Migrations (ci-après IC Migrations) ainsi que dans la refonte du parcours permanent du Musée national de l’histoire de l’immigration (ci-après MNHI). Voir, sur ce dernier point, Romain Bertrand et Patrick Boucheron (dir.), Faire musée d’une histoire commune. Rapport de préfiguration de la nouvelle exposition permanente du Musée national de l’histoire de l’immigration, coord. par E. Blanchard, D. Diaz, A. Kunth et C. Schmoll, Paris, Éd. du Seuil/MNHI, 2019.

6 C. Schmoll, Les damnées de la mer, op. cit., p. 13.

7 Sur la géohistoire des migrations en Méditerranée, voir l’ouvrage auquel Camille Schmoll a contribué comme coordinatrice : Virginie Baby-Collin, Sophie Bouffier et Stéphane Mourlane (dir.), Atlas des migrations en Méditerranée de l’Antiquité à nos jours, Arles, Actes Sud, 2021.

8 Agence intergouvernementale créée en 1951 et basée à Genève, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) est devenue, depuis 2016, une organisation liée aux Nations unies.

9 Alexandre Pouchard, « Les migrants, tous des hommes ? », Le Monde, 24 sept. 2015, https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/09/24/les-migrants-tous-des-hommes_4770522_4355770.html.

10 Au total, 1 500 plaintes ont été déposées pour des agressions sexuelles commises au cours de la nuit de la Saint-Sylvestre dans les rues de Cologne et 800 enquêtes ont été ouvertes. Les agresseurs ont été présentés dans un premier temps par les médias comme des demandeurs d’asile primo-arrivants en provenance de Syrie, mais, parmi les personnes condamnées ou mises en examen par la suite, se trouvaient en réalité majoritairement des immigrés maghrébins installés en Allemagne depuis plusieurs années. Sur le traitement de cet épisode par les médias, tant allemands qu’européens, voir Cécile Méadel et Camille Noûs, « Tu n’as rien vu à Cologne… Retour sur une affaire embarrassée », Le Temps des médias, 34, 2020, p. 206-227.

11 Natacha Lillo et Philippe Rygiel, « Avant-propos », in P. Rygiel et N. Lillo (dir.), Rapports sociaux de sexe et immigration (mondes atlantiques, xix e-xx e siècles), Paris, Publibook, 2007, p. 11-16, ici p. 15.

12 S’il est difficile d’isoler les femmes dans les statistiques sur les migrations contemporaines en Méditerranée, la littérature et le cinéma ont récemment contribué à mettre en lumière ces mobilités et les exils au féminin. Voir Lina Prosa, Lampedusa Beach, Florence, Edizioni della Meridiana, 2007 (version française : ead., Lampedusa Beach, trad. par J.-P. Manganaro, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2012) ; Marie Ndiaye, Trois femmes puissantes, Paris, Gallimard, 2009 ; Louis-Philippe Dalembert, Mur Méditerranée, Paris, Sabine Wespieser, 2019. Voir également le film de Gianfranco Rosi, Fuocoammare. Par-delà Lampedusa, 2016 (Ours d’or à Berlin).

13 C. Schmoll, Les damnées de la mer, op. cit., p. 12.

14 Ibid., p. 17.

15 Sur la mise en spectacle de la frontière et des drames migratoires, voir Paolo Cuttitta, « La frontière Lampedusa. Mises en intrigue du sécuritaire et de l’humanitaire », Cultures & Conflits, 99-100, 2015, p. 99-115.

16 En ce moment même, à l’automne 2021, la route canarienne est statistiquement la plus empruntée par les femmes originaires d’Afrique de l’Ouest étudiées par C. Schmoll : Mustapha Kessous, « Les invisibles venues d’Afrique », Le Monde, 7 oct. 2021, p. 25.

17 Outre les références bibliographiques citées par C. Schmoll, Les damnées de la mer, op. cit., p. 220-221, n. 11, voir, parmi de nombreux titres, Noel Parker et Nick Vaughan-Williams et al. (dir.), « Lines in the Sand: Towards an Agenda for Critical Border Studies », Geopolitics, 14-3, 2009, p. 582-587 ; Anne-Laure Amilhat Szary, Qu’est-ce qu’une frontière aujourd’hui ?, Paris, PUF, 2015. On peut citer aussi les récents ouvrages du réseau euro-africain Migreurop (Migreurop, Atlas des migrants en Europe. Approches critiques des politiques migratoires, Paris, Armand Colin, 2017), ainsi que ceux du programme ANR Babels dirigé par Michel Agier (« La ville comme frontière, ce que les villes font aux migrants, ce que les migrants font à la ville »), parus aux éditions du Passager clandestin dans la collection « Bibliothèque des frontières », et, notamment, Babels, Méditerranée, des frontières à la dérive, Lyon, Le Passager clandestin, 2018.

18 Sur le caractère pluridisciplinaire des études migratoires, voir l’approche défendue en France par l’IC Migrations dirigé par François Héran, titulaire depuis 2017 de la chaire « Migrations et sociétés » au Collège de France, qui met à l’épreuve, à travers ses travaux, le recours simultané aux outils de la démographie, l’anthropologie, la sociologie, l’histoire et la géographie.

19 Michel Agier (dir.), Un monde de camps, Paris, La Découverte, 2014.

20 Carolina Kobelinsky et Chowra Makaremi (dir.), Enfermés dehors. Enquêtes sur le confinement des étrangers, Bellecombe-en-Bauges, Éd. du Croquant, 2009 ; Carolina Kobelinsky et Didier Fassin, « Comment on juge l’asile. L’institution comme agent moral », Revue française de sociologie, 53-4, 2012, p. 657-688.

21 Voir Donna R. Gabaccia et Franca Iacovetta, Women, Gender, and Transnational Lives: Italian Workers of the World, Toronto, University of Toronto Press, 2002 ; Loretta Baldassar et Donna R. Gabaccia, Intimacy and Italian Migration: Gender and Domestic Lives in a Mobile World, New York, Fordham University Press, 2011 ; Katharine M. Donato et Donna R. Gabaccia, Gender and International Migration: From the Slavery Era to the Global Age, New York, Russel Sage Foundation, 2015.

22 Nancy L. Green, Les travailleurs immigrés juifs à la Belle Époque. Le « Pletzl » de Paris, trad. par M. Courtois-Fourcy, Paris, Fayard, 1985 ; ead., Du Sentier à la 7 e Avenue. La confection et les immigrés, Paris-New York, 1880-1980, trad. par P. Ndiaye, Paris, Éd. du Seuil, [1997] 1998 ; ead., Repenser les migrations, Paris, PUF, 2002.

23 Il s’agit de la section « Faire la part des femmes : quarante ans de recherches sur les migrations féminines » : C. Schmoll, Les damnées de la mer, op. cit., p. 192 sq.

24 Voir Nancy L. Green, « Changing Paradigms in Migration Studies: From Men to Women to Gender », in D. R. Gabaccia et M. J. Maynes (dir.), Gender History across Epistemologies, Oxford, Wiley-Blackwell, 2013, p. 262-278 ; Linda Guerry, « De l’invisibilité à la valorisation de l’engagement. Les femmes dans les recherches sur l’immigration en France (1970-2020) », Hommes & Migrations, 1331, 2020, p. 17-23 ; Linda Guerry et Françoise Thébaud, « Éditorial. Femmes et genre en migration », in L. Guerry et F. Thébaud (dir.), n° thématique « Femmes et genre en migration », Clio. Femmes, genre, histoire, 51, 2020, p. 19-32 ; Nancy L. Green, « Quatre âges des études migratoires », in L. Guerry et F. Thébaud (dir.), n° thématique « Femmes et genre en migration », Clio. Femmes, genre, histoire, 51, 2020, p. 185-206 ; Catherine Wihtol de Wenden (dir.), « Corps de femmes en migrations », Hommes & Migrations, hors-série, printemps 2021.

25 Tandis qu’en Amérique du Nord, la perspective du genre a imprégné l’histoire des migrations dès les années 1990, il a fallu attendre la décennie suivante pour qu’un tournant semblable s’opère en Europe. Voir par exemple, pour la France, les publications issues du séminaire d’histoire sociale de l’École normale supérieure sur les femmes et le genre dans les migrations (2002-2004), dont est notamment issu l’ouvrage suivant : Manuela Martini et Philippe Rygiel (dir.), Genre et travail migrant. Mondes atlantiques, xix e-xx e siècles, 2009, Paris, Publibook, 2009.

26 Voir la thèse inédite d’Amina Maslah, « Un espace partagé. Circulations et migrations entre les rives et les îles du canal de Sicile au xixe siècle (1800-1896) », thèse de doctorat, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2011.

27 Sur ces migrations transméditerranéennes effectuées dans le sens nord-sud au xixe siècle, voir Julia A. Clancy Smith, Mediterraneans: North Africa and Europe in an Age of Migration, c. 1800-1900, Berkeley, University of California Press, 2011.

28 Hugo Vermeren parle, dans le cas de l’Algérie, d’une émigration maltaise « peu désirée » : Hugo Vermeren, Les Italiens à Bône (1865-1940). Migrations méditerranéennes et colonisation de peuplement en Algérie, Rome, École française de Rome, 2017, p. 105.

29 Joe Inguanez, « D’un pays d’émigration à un pays d’immigration : le cas de Malte », n° thématique « Peuples en migration », Outre-Terre, 17, 2006, p. 239-245.

30 Camille Schmoll, « Une place marchande cosmopolite. Dynamiques migratoires et circulations commerciales à Naples », thèse de doctorat, université Paris 10 (université Paris Nanterre), 2004. Voir aussi ead., « Pratiques spatiales transnationales et stratégies de mobilité des commerçantes tunisiennes », n° thématique « Femmes, genre, migrations et mobilités », Revue européenne des migrations internationales, 21-1, 2005, p. 131-154.

31 Parmi ces objets se trouvent pêle-mêle des dessins, des photographies, des icônes, mais aussi des valises et des tapis de prière ; ils permettent aux femmes migrantes de reconstituer une intimité dans les espaces de l’attente : ead., Les damnées de la mer, op. cit., p. 173 sq. Sur les objets d’exil, voir Corinne Alexandre-Garner et Alexandra Galitzine-Loumpet (dir.), L’objet de la migration, le sujet en exil, Nanterre, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2020.

32 Pour reprendre le sous-titre du programme de recherche « Genre et sexualité en migration : ‘laisser la parole’ sans ‘parler à la place’ » coordonné par Caroline Ibos et Éric Fassin sur l’étude du genre et de la sexualité en migration, financé par l’université Paris-Lumière.

33 George E. Marcus, « Ethnography in/of the World System: The Emergence of Multi-Sited Ethnography », Annual Review of Anthropology, 24, 1995, p. 95-117.

34 Évelyne Barthou, « Penser l’‘immigration continuité’ à travers les réseaux sociaux numériques. Le cas de jeunes d’origine marocaine », Revue française des sciences de l’information et de la communication, 17, 2019, https://doi.org/10.4000/rfsic.6388.

35 Sur l’itinéraire de Julienne, auquel se consacre le chapitre liminaire des Damnées de la mer, la contribution de C. Schmoll à l’ouvrage Faire musée d’une histoire commune propose en revanche une carte « subjective » éclairante, réalisée par Nicolas Lambert, qui représente les étapes du parcours de Julienne et associe, à chacune d’elles, de courtes citations tirées d’entretiens menés avec cette dernière : C. Schmoll, « 2018. De vive voix : le parcours d’une exilée camerounaise », in R. Bertrand et P. Boucheron (dir.), Faire musée d’une histoire commune, op. cit., p. 76-77.

36 Sur les apports et les écueils des croisements disciplinaires, on renverra à l’article collectif « Actualité d’un sous-titre : histoire, sciences sociales », n° spécial « Autoportrait d’une revue », Annales HSS, 75-3/4, p. 401-424, qui évoque un affaiblissement des disciplines (p. 421) et pose, au sujet de la discipline historique, la question polémique « Que reste-t-il alors à dire de l’histoire, en propre ? » (p. 423), une interrogation que l’on peut sans peine transposer à la discipline sœur qu’est la géographie.

37 Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) utilise la notion de « flux mixtes » pour qualifier les migrations « déclenché[e]s par toute une série de situations, y compris la persécution, les conflits, d’autres formes de violation des droits de l’homme, les catastrophes naturelles ou économiques, la pauvreté extrême, la lutte des hommes pour améliorer leurs conditions de vie ou une combinaison de ces diverses raisons » (Comité permanent du comité exécutif du HCR, EC/48/SC/CRP.29, 25 mai 1998). En réalité, l’usage d’une telle catégorie permet de justifier l’exclusion des personnes qui en relèvent de l’application de la convention de Genève. Voir C. Schmoll, Les damnées de la mer, op. cit., p. 73.

38 Pour détourner l’expression « voter avec les pieds » employée au sujet de l’émigration par Albert O. Hirschman dans la traduction française de Exit, Voice, and Loyalty : Albert O. Hirschman, Défection et prise de parole. Théorie et applications, trad. par C. Besseyrias, Paris, Fayard, [1970] 1995.

39 Mariachiara Fugazza et Karoline Rörig, La prima donna d’Italia. Cristina Trivulzio di Belgiojoso tra politica e giornalismo, Milan, FrancoAngeli, 2010.

40 Voir la récente réédition de Victorine Brocher, Souvenirs d’une morte vivante. Une femme du peuple dans la Commune de 1871, Paris, Libertalia, [1909] 2017.

41 Sur l’historicisation des violences sexuelles, voir Didier Lett, Sylvie Steinberg et Fabrice Virgili (dir.), n° thématique « Abuser/Forcer/Violer », Clio. Femmes, genre, histoire, 52, 2020.

42 Cette interprétation a été confortée par le HCR au début des années 2000. On renverra ainsi aux « Principes directeurs du HCR sur la protection internationale n° 1. La persécution liée à l’appartenance sexuelle dans le cadre de l’article 1A(2) de la Convention de 1951 et/ou son Protocole de 1967 relatifs au Statut des réfugiés » publiés en mai 2002, un texte qui ne possédait certes pas de caractère contraignant, mais qui rappelait que le genre peut « influencer, ou dicter, le type de persécution ou de préjudices subis, ainsi que les raisons du traitement subi. La définition du réfugié, interprétée correctement, englobe donc les demandes liées au genre » (UNHCR, Guide et principes directeurs sur les procédures et critères à appliquer pour déterminer le statut des réfugiés au regard de la Convention de 1951 et du Protocole de 1967 relatifs au statut des réfugiés, Genève, 2011 [rééd.], p. 87).

43 Notons à cet égard que le Conseil de l’Europe s’est doté en 2011, à Istanbul, d’une convention spécifique sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, qui constitue le premier traité international contenant une définition du genre et obligeant les parties à mettre en place des procédures d’accueil adéquates des demandeurs d’asile et des réfugiés. Si l’accord est entré en vigueur en 2014, il faut souligner que la Turquie en est sortie avec fracas en 2021.

44 Sur les hotspots, voir Louise Tassin, « L’approche hotspots, une solution en trompe-l’œil. Compte rendu d’enquêtes à Lesbos et Lampedusa », in A. Lendaro, C. Rodier et Y. L. Vertongen (dir.), La crise de l’accueil. Frontières, droits, résistances, Paris, La Découverte, 2019, p. 161-185.

45 Camille Schmoll, « Les migrantes ne sont pas que des victimes. Elles sont actrices de leur trajectoire », entretien réalisé par Kareen Janselme, L’Humanité, 18 déc. 2020, p. 14.

46 L. Guerry et F. Thébaud, « Éditorial. Femmes et genre en migration », art. cit., p. 21.

47 Joachim C. Häberlen, « En route vers la liberté ? Trois récits de réfugiées musulmanes en Allemagne », in L. Guerry et F. Thébaud (dir.), n° thématique « Femmes et genre en migration », Clio. Femmes, genre, histoire, 51, 2020, p. 155-167.

48 Emily Lowe laissa sur cette expérience un livre intitulé Unprotected Females in Sicily: Calabria and on the Top of Mount Aetna, publié en 1859 chez Routledge. Sur les voyages en solitaire et au féminin au xixe siècle, voir Nicolas Bourguinat (dir.), Voyageuses dans l’Europe des confins, xviii e-xx e siècles, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2014.

49 Dans l’Histoire des femmes en Occident dirigée par Georges Duby et Michelle Perrot, un chapitre était ainsi consacré au voyage et à la migration en solitaire au féminin : voir Michelle Perrot, « Sortir », in G. Fraisse et M. Perrot (dir.), Histoire des femmes en Occident, t. 4, Le xix e siècle, Paris, Perrin, 2002, p. 539-574.

50 Flora Tristan, Nécessité de faire un bon accueil aux femmes étrangères, Paris, Delaunay, 1835 ; ead., Pérégrinations d’une paria (1833-1834), Paris, A. Bertrand, 1838.

51 Sur les intermédiaires des migrations féminines, voir par exemple la thèse de Marie Ruiz sur les sociétés encourageant la migration des femmes à travers l’Empire colonial britannique : Marie Ruiz, British Female Emigration Societies and the New World, 1860-1914, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2017. M. Ruiz anime depuis 2020 un réseau international de recherches transdisciplinaire COST Action sur l’histoire des migrations féminines en Europe (« Women on the Move », CA 19112).

52 C. Schmoll, Les damnées de la mer, op. cit., p. 137.

53 Laurent Vidal et Alain Musset (dir.), Les territoires de l’attente. Migrations et mobilités dans les Amériques (xix e-xxi e siècle), Rennes, PUR, 2015.

54 Nous renvoyons à l’ouvrage collectif tout récent de Delphine Diaz et Sylvie Aprile (dir.), Les réprouvés. Sur les routes de l’exil dans l’Europe du xix e siècle, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2021, qui intègre les espaces de l’attente dans son analyse transnationale de l’exil au xixe siècle.

55 Frantz Fanon, Les damnés de la terre, Paris, Maspero, 1961.

56 Karen Akoka, L’asile et l’exil. Une histoire de la distinction réfugiés/migrants, Paris, La Découverte, 2020.