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Pas encore classiques: La fabrique des antiquités américaines au xixe siècle

Published online by Cambridge University Press:  26 October 2021

Miruna Achim
Affiliation:
Universidad autónoma metropolitana-Cuajimalpa, Mexico, Mexiquekimichintli@gmail.com
Stefanie Gänger
Affiliation:
Universität Heidelberg, Allemagnestefanie.gaenger@zegk.uni-heidelberg.de

Pas encore classiques: la fabrique des antiquités américaines au xixe siècle

Les antiquités précolombiennes sont devenues une catégorie esthétique, scientifique, commerciale et juridique reconnaissable au cours du xixe siècle. Cet article présente les acteurs, les sites et les configurations matérielles et idéologiques qui jouèrent un rôle dans sa construction et son développement. La première section examine la tradition antiquaire ibérique qui, vers le milieu du xviie siècle, a mis en circulation les artefacts d’avant la conquête en tant qu’objets épistémiques, dans le contexte de la pertinence croissante des vestiges matériels comme objets d’investigation. L’article se penche ensuite sur les scènes de collecte dans les pays d’Amérique hispanique nouvellement indépendants, où les élites créoles, les musées locaux et les étrangers, mus par leurs propres intérêts, se sont disputé les antiquités. La troisième section explore la manière dont, au milieu du xixe siècle, les « technologies du papier » ont fonctionné comme des outils heuristiques pour connaître, organiser et interpréter les antiquités, conférant une densité ontologique à des objets et groupes d’objets spécifiques et conduisant à la construction de régimes de savoirs et d’expertises dédiés. Enfin, la quatrième section reconstruit les processus nationaux et internationaux d’institutionnalisation du passé d’avant la conquête à la fin des années 1800 et au début des années 1900 – à travers la consolidation des musées nationaux et la constitution de l’archéologie et de l’ethnographie comme disciplines scientifiques – afin d’examiner comment ceux-ci ont renforcé l’importance et la signification des antiquités.

Pas encore classiques: the making of american antiquities in the nineteenth century

Pas encore classiques: The Making of American Antiquities in the Nineteenth Century

Prehispanic antiquities from the Americas became a recognizable aesthetic, scientific, commercial, and legal category over the nineteenth century. This article maps out the actors, sites, and material and ideological configurations involved in its creation and development. The first section examines the Iberian antiquarian tradition that placed preconquest artefacts into circulation as epistemic objects by the mid-1700s, against the backdrop of the increasing relevance of material vestiges as objects of investigation. The article then turns to the collecting scenes in the newly independent Spanish American countries, where creole elites, local museums, and foreigners competed for antiquities, driven by their own diverse interests. The third section explores the ways in which, by the mid-1800s, “paper technologies” functioned as heuristic tools for knowing, organizing, and interpreting antiquities, affording ontological density to specific objects and groups of objects and leading to the construction of regimes of knowledge and expertise devoted specifically to them. Finally, the fourth section reconstructs the national and international processes of institutionalization of the preconquest past in the late 1800s and early 1900s—through the consolidation of national museums and the establishment of archaeology and ethnography as scientific disciplines—to consider how these processes entrenched these antiquities’ significance and meaning.

Type
Antiquités du Nouveau Monde
Copyright
© Éditions de l’EHESS

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Footnotes

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Les autrices souhaitent remercier les Annales, en particulier Antonella Romano, les deux relecteurs scientifiques anonymes et le traducteur, Antoine Heudre, pour leur générosité et leur engagement. Leurs interventions et leur curiosité constante ont grandement amélioré ce texte.

Traduction d’Antoine Heudre

References

1 Adrien Prévost de Longpérier, Notice des monuments exposés dans la salle des antiquités américaines (Mexique et Pérou), au musée du Louvre, Paris, Impr. de Vinchon, 1850. Longpérier publia deux versions du catalogue ; la seconde édition, datant de 1852, comporte un supplément consacré aux donations reçues après 1850. Voir également Annie Caubet, « Adrien de Longpérier et le musée des antiquités américaines au Louvre », in V. Powell (dir.), Artistes, musées et collections. Un hommage à Antoine Schnapper, Paris, PUPS, 2015, p. 407-416, et Carole Duclot, « Les prémices de l’archéologie mexicaine en France. Un musée américain au Louvre en 1850 », Bulletin monumental, 151-1, 1993, p. 115-119. Dans ce qui suit, l’aperçu de la collection des antiquités américaines du Louvre se fonde sur l’avant-propos de Longpérier à la Notice des monuments…, op. cit., p. 5-10.

2 Avec Vues des Cordillères, et monumens des peuples indigènes de l’Amérique, Paris, F. Schoell, 1810-1813, Alexander von Humboldt rassembla une collection similaire sur papier, avec des représentations de planches de sites, de codex et de sculptures du Mexique et des Andes.

3 A. Prévost de Longpérier, Notice des monuments…, op. cit., p. 10.

4 Edme-François Jomard avait proposé de créer un musée ethnographique, sur la base de taxonomies utilisées par les sciences naturelles depuis les années 1830. Voir Ernest-Théodore Hamy, Les origines du musée d’Ethnographie. Histoire et documents, Paris, Ernest Leroux, 1890, p. 125-162. Un tel musée ne verra le jour qu’en 1878, comme nous le verrons plus loin.

5 Longpérier écrivit également que le téocalli de « Tcholula » avait « en hauteur trois mètres de plus » que la pyramide de Gizeh. A. Prévost de Longpérier, Notice des monuments…, op. cit., no 107, p. 32-33 et no 738, p. 95.

6 Ibid., p. 9. Sur l’ambivalence de Longpérier au sujet de la relation des antiquités américaines avec le classicisme, voir Elizabeth A. Williams, « Art and Artifact at the Trocadéro: Ars Americana and the Primitivist Revolution », in G. W. Stocking (dir.), Objects and Others: Essays on Museums and Material Culture, Madison, University of Wisconsin Press, 1985, p. 146-166, ici p. 149 ; Henrik Karge, « El arte americano antiguo y el canon de la antigüedad clásica. El ‘Nuevo Continente’ en la historiografía del arte de la primera mitad del siglo xix », in H. von Kügelgen Kropfinger (dir.), Herencias indígenas, tradiciones europeas y la mirada europea. Actas del Coloquio de la Asociación Carl Justi y del Instituto Cervantes Bremen, Bremen, del 6 al 9 de Abril de 2000, Madrid/Francfort-sur-le-Main, Iberoamericana/Vervuert, 2002, p. 315-376, ici p. 328.

7 A. Prévost de Longpérier, Notice des monuments…, op. cit., p. 12.

8 Stéphane Van Damme, « The Pillar of Metropolitan Greatness: The Long Making of Archaeological Objects in Paris (1711-2001) », History of Science, 55-3, 2017, p. 302-335, ici p. 302.

9 Dans le contexte de cet article, le terme d’« antiquités américaines » désigne principalement des artefacts identifiés aujourd’hui comme andins ou méso-américains (jusqu’au milieu du xx e siècle, ces artefacts étaient classés comme « mexicains » et comprenaient des antiquités d’origine mexicatl, zapotèque, maya ou provenant de Teotihuacán notamment). Si nous avons limité la portée de notre recherche, c’est non seulement en raison de notre domaine d’expertise (la Méso-Amérique et les Andes), mais aussi parce que nous pensons que les artefacts associés aux cultures amérindiennes nord-américaines ont suivi des trajectoires très différentes de celles associées aux cultures amérindiennes d’abord sous domination espagnole, puis intégrées aux États-nations latino-américains. Pour un travail majeur sur la collecte d’artefacts nord-américains, voir en particulier Christian Feest, Premières nations, collections royales. Les Indiens des forêts et des prairies d’Amérique du Nord, Paris, Musée du quai Branly, 2007.

10 Alors que l’antiquarisme et l’intérêt pour le passé centré sur les objets ont donné lieu à de nombreuses recherches ces dernières décennies, l’antiquarisme hispano-américain a, en comparaison, suscité peu d’attention. Voir, par exemple, Alain Schnapp, La conquête du passé. Aux origines de l’archéologie, Paris, Éd. Carré, 1993 ; Alain Schnapp, Lothar von Falkenhausen, Peter N. Miller et Tim Murray (dir.), World Antiquarianism: Comparative Perspectives, Los Angeles, Getty Research Institute, 2013. Quelques travaux font exception, comme ceux de José Alcina Franch, Arqueólogos o anticuarios. Historia antigua de la arqueología en la América Española, Barcelone, Ediciones del Serbal, 1995, et d’Irina Podgorny, « The Reliability of the Ruins », Journal of the Spanish Cultural Studies, 8-2, 2007, p. 213-233.

11 Voir, notamment, Rogger Ravines, Los museos del Perú. Breve historia y guía, Lima, Dirección general de museos, Instituto Nacional de Cultura, 1989, p. 79-98 et 167-208 ; Enrique Florescano, Memoria mexicana, Mexico, Fondo de cultura económica, 1999 ; Luis Vázquez León, El Leviatán arqueológico. Antropología de una tradición científica en México, Mexico, CIESAS, 2003. Pour un aperçu magistral des historiographies nationales sur l’Amérique hispanique, voir Margarita Díaz-Andreu, A World History of Nineteenth-Century Archaeology: Nationalism, Colonialism, and the Past, Oxford, Oxford University Press, 2007.

12 Cet article entend contribuer à la reconfiguration en cours de l’historiographie de la collecte des antiquités hispano-américaines. Voir, par exemple, Natalia Majluf, « Los fabricantes de emblemas. Los símbolos nacionales en la transición republicana. Perú, 1820-1825 », in R. Mujica Pinilla (dir.), Visión y símbolos. Del virreinato criollo a la República peruana, Lima, Banco de Crédito del Perú, 2006, p. 203-241 ; Jon Beasley-Murray, « Vilcashuamán: Telling Stories in Ruins », in J. Hell et A. Schönle (dir.), Ruins of Modernity, Durham, Duke University Press, 2010, p. 212-231 ; Miruna Achim, From Idols to Antiquity: Forging the National Museum of Mexico, Lincoln, University of Nebraska Press, 2017 ; Stefanie Gänger, Relics of the Past: The Collecting and Study of Pre-Columbian Antiquities in Peru and Chile, 1837-1911, Oxford, Oxford University Press, 2014.

13 Voir, entre autres, Peter B. Villella, Indigenous Elites and Creole Identity in Colonial Mexico, 1500-1800, New York, Cambridge University Press, 2016, p. 9-10 ; Gabriela Ramos Cárdenas, « Los símbolos de poder Inca durante el Virreinato », in T. Cummins et al. (dir.), Los incas, reyes del Perú, Lima, Banco de Crédito del Perú, 2005, p. 43-65 ; Frank Salomon et Karen Spalding, « Cartas atadas con Quipus. Sebastián Francisco de Melo, María Micaela Chinchano y la represión de la rebelión de Huarochirí de 1750 », in J. Flores Espinoza et R. Varón Gabai (dir.), El hombre y los Andes. Homenaje a Franklin Pease G. Y., Lima, Fondo editorial PUCP, 2002, p. 857-870.

14 Alessandra Russo, « An Artistic Humanity: New Positions on Art and Freedom in the Context of Iberian Expansion, 1500-1600 », Res: Anthropology and Aesthetics, 65-66, 2014-2015, p. 352-363, ici p. 355 ; ead., « Cortés’s Objects and the Idea of New Spain: Inventories as Spatial Narratives », Journal of the History of Collections, 23-2, 2011, p. 229-252 ; Isabel Yaya, « Wonders of America: The Curiosity Cabinet as a Site of Representation and Knowledge », Journal of the History of Collections, 20, 2008, p. 173-188, ici p. 174. Les mots d’Albrecht Dürer, qui parle de « choses merveilleuses » témoignant de la « capacité d’invention [ingenia] subtile des hommes de ces pays inconnus », sont restées célèbres. Friedrich Leitschuh (dir.), Albrecht Dürer’s Tagebuch der Reise in die Niederlande, Leipzig, F. A. Brockhaus, 1884, p. 58.

15 Surekha Davies, Renaissance Ethnography and the Invention of the Human: New Worlds, Maps and Monsters, Cambridge, Cambridge University Press, 2016 ; John G. A. Pocock, Barbarism and Religion, vol. 4, Barbarians, Savages and Empires, Cambridge, Cambridge University Press, 2008, p. 161.

16 Quelques exceptions sont à signaler, à partir de la fin du xvii e siècle, avec l’apparition, parmi les membres des élites créoles du Mexique, de premiers textes suggérant une « antiquité » classique indigène, comme ce fut le cas de Carlos de Sigüenza y Góngora (1645-1700). Voir, par exemple, Anthony Pagden, Spanish Imperialism and the Political Imagination: Studies in European and Spanish American Social and Political Theory, 1513-1830, New Haven, Yale University Press, 1990.

17 Natalia Majluf, « De la rebelión al museo. Genealogías y retratos de los incas, 1781-1900 », in T. Cummins et al. (dir.), Los incas, reyes del Perú, op. cit., p. 253-319.

18 Concernant le « tournant matériel » dans l’antiquarisme, voir notamment A. Schnapp, La conquête du passé, op. cit.

19 M. Díaz-Andreu, A World History of Nineteenth-Century Archaeology, op. cit., p. 56.

20 J. Alcina Franch, Arqueólogos o anticuarios, op. cit.

21 Joanne Pillsbury et Lisa Trever, « The King, the Bishop, and the Creation of an American Antiquity », Ñawpa Pacha, 29, 2008, p. 191-219 ; Pablo Macera dall’Orso, « El tiempo del Obispo Martínez Compañón », in P. Macera dall’Orso, A. Jiménez Borja et I. Franke (dir.), Trujillo del Perú. Baltazar Jaime Martínez Compañón, Lima, EDUBANCO, 1997, p. 13-80. D’après Alcina Franch, les premières fouilles stratigraphiques réalisées sur le continent américain sont celles que mena Miguel Feijóo de Sosa à la Huaca de Tantalluc entre 1763 et 1765, dont les résultats ont été publiés dans l’atlas de Martínez de Compañón : J. Alcina Franch, Arqueólogos o anticuarios, op. cit., p. 173. Pour les premiers écrits sur les antiquités au Pérou, voir, par exemple, José H. Unanue, « Idea general de los monumentos del antiguo Perú, e introducción a su estudio », El Mercurio Peruano, 22-1, 1791, p. 201-208.

22 Miruna Achim, « La literatura anticuaria en la Nueva España », in N. Vogeley et M. Ramos Medina (dir.), Historia de la literatura mexicana, vol. 3, Cambios de reglas, mentalidades y recursos retoricos en la Nueva España del siglo xviii , Mexico, Siglo veintiuno editores, 2011, p. 549-569 ; Juan Pimentel, « Stars & Stones: Astronomy and Archaeology in the Works of the Mexican Polymath Antonio León y Gama, 1735-1802 », Itinerario, 33-1, 2009, p. 61-77.

23 Antonio de Ulloa, « Cuestionario para la formación del complete conocimiento de noticias sobre Nueva España e instrucciones sobre el modo de formarlas », in F. de Solano et P. Ponce (dir.), Cuestionarios para la formación de las relaciones geográficas de Indias, siglos xvi-xix , Madrid, CSIC, 1988, p. 177-183, ici p. 180-181.

24 Carlos Navarrete, Palenque, 1784. El inicio de la aventura arqueológica maya, Mexico, UNAM, 2000, p. 17-23. Au fur et à mesure que les informations remontaient du terrain vers les centres d’accumulation et de traitement, les lignes directrices étaient modifiées afin de refléter les découvertes. Voir María E. Constantino et Juan Pimentel, « Cómo inventariar el (Nuevo) Mundo. Las instrucciones como instrumentos para observar y coleccionar objetos naturales », in L. Cházaro, M. Achim et N. Valverde (dir.), Piedra, papel y Tijera. Instruments en las ciencias en México, Mexico, Universidad autónoma metropolitana-Cuajimalpa, 2018, p. 65-97, ici p. 87.

25 Sur le manque de cohérence discursive dans l’antiquarisme du xviii e siècle, voir Lucy Peltz et Martin Myrone, « ‘Mine Are the Subjects Rejected by the Historian’: Antiquarianism, History and the Making of Modern Culture », in L. Peltz et M. Myrone (dir.), Producing the Past: Aspects of Antiquarian Culture and Practice, 1700-1850, New York, Routledge, [1999] 2018.

26 Voir, par exemple, Arndt Brendecke, Imperium und Empirie. Funktionen des Wissens in der spanischen Kolonialherrschaft, Cologne, Böhlau, 2009.

27 S. Van Damme, « The Pillar of Metropolitan Greatness », art. cit., p. 311-312.

28 David Brading, The First America: The Spanish Monarchy, Creole Patriots, and the Liberal State, 1492-1867, Cambridge, Cambridge University Press, 1991, p. 448 ; J. Alcina Franch, Arqueólogos o anticuarios, op. cit., p. 191 ; Antonello Gerbi, The Dispute of the New World: The History of a Polemic, 1750-1900, trad. par J. Moyle, Pittsburgh, University of Pittsburgh Press, [1973] 2010.

29 J. G. A. Pocock, Barbarism and Religion, vol. 4, op. cit., p. 158.

30 Francisco Javier Clavijero, Storia antica del Messico, cavata da’ migliori storici spagnuoli e da’ manoscritti e dalle pitture antiche degl’ Indiani… corredata di carte geografiche e di varie figure e dissertazioni sulla terra, sugli animali e sugli abitatori del Messico, Cesana, G. Biasini, 1780-1781.

31 N. Majluf, « De la rebelión al museo », art. cit., p. 266.

32 Silvia Sebastiani, « L’Amérique des Lumières et la hiérarchie des races. Disputes sur l’écriture de l’histoire dans l’Encyclopaedia Britannica (1768-1788) », Annales HSS, 67-2, 2012, p. 327-361.

33 N. Majluf, « De la rebelión al museo », art. cit., p. 257. Voir également D. Brading, The First America, op. cit.

34 N. Majluf, « De la rebelión al museo », art. cit., p. 260 ; Rebecca A. Earle, The Return of the Native: Indians and Myth-Making in Spanish America, 1810-1930, Durham, Duke University Press, 2007, p. 32.

35 N. Majluf, « Los fabricantes de emblemas », art. cit., p. 232-239. Sur le creusement de ce fossé, voir en particulier Cecilia Méndez G., « Incas Sí, Indios No: Notes on Peruvian Creole Nationalism and Its Contemporary Crisis », Journal of Latin American Studies, 28-1, 1996, p. 197-225 ; D. Brading, The First America, op. cit. Voir également Mark Thurner, « Peruvian Genealogies of History and Nation », in M. Thurner et A. Guerrero (dir.), After Spanish Rule: Postcolonial Predicaments of the Americas, Durham, Duke University Press, 2003, p. 141-175.

36 Dans l’ancienne vice-royauté du Pérou, la disparition des élites indiennes de descendance inca dans les décennies suivant la répression de la révolte de Túpac Amaru (1738-1781), entre 1780 et 1782, aggrava la dissociation entre les « antiquités » et les sociétés indiennes contemporaines : N. Majluf, « De la rebelión al museo », art. cit. Johannes Fabian a fait un constat similaire en affirmant que les concepts de primitif, de primaire et de vierge correspondent à des catégories et non à des objets de la pensée occidentale : Johannes Fabian, Le temps et les autres. Comment l’anthropologie construit son objet, trad. par E. Henry-Bossonney et B. Miller, Toulouse, Anacharsis, [1983] 2006.

37 Ces tensions entre les créoles – héritiers intellectuels autoproclamés du passé américain – et les peuples indigènes contemporains coupés de leur passé représentent une reconfiguration importante de la triade « modernes », « anciens » et « sauvages » que François Hartog a étudiée en lien avec la construction européenne de la modernité. Dans le cas américain, les vestiges des civilisations passées ont contribué, d’autant plus qu’ils étaient conceptualisés à l’aune des vestiges du monde classique, à la division des sociétés contemporaines entre modernes et sauvages, ainsi qu’à la légitimation de nouvelles élites politiques vis-à-vis non seulement de l’Europe, mais aussi des populations indigènes. Voir François Hartog, Anciens, modernes, sauvages, Paris, Galaade, 2005.

38 Diego Armus et John Lear, « The Trajectory of Latin American Urban History », Journal of Urban History, 24-3, 1998, p. 291-301 ; Maria M. Lopes et Irina Podgorny, « The Shaping of Latin American Museums of Natural History, 1850-1990 », Osiris, 15-1, 2000, p. 108-118, ici p. 110.

39 Ces termes étaient utilisés dans la circulaire envoyée le 8 avril 1826 par le ministère du Gouvernement et des Affaires étrangères aux « préfets, intendants, municipalités, curés de paroisses » du pays pour leur demander de faire don des « raretés naturelles en leur possession » au musée national : Lima, Archivo del Museo nacional de arqueología, antropología e historia del Perú, 1261, Lima Z-W-1826, José Serra, « Circular », 8 avr. 1826. Concernant le Chili, voir Daniela Serra Anguita, « De la naturaleza a la vitrina. Claudio Gay, la práctica naturalista en Chile y la formación del Gabinete de Historia Natural de Santiago (1800-1843) », thèse de doctorat, Pontificia Universidad Católica de Chile, Instituto de Historia, 2019, p. 154.

40 Concernant le cas argentin, voir Irina Podgorny et Maria M. Lopes, El desierto en una vitrina. Museos e historia natural en la Argentina, 1810-1890, Mexico, Limusa, 2008, p. 52. Sur le musée national péruvien à l’époque de la seconde équipe dirigeante, voir Stefanie Gänger, « Of Butterflies, Chinese Shoes and Antiquities: A History of Peru’s National Museum, 1826-1881 », Jahrbuch für Geschichte Lateinamerikas, 51, 2014, p. 292-296. Sur les premiers temps du musée du Mexique, voir M. Achim, From Idols to Antiquity, op. cit. Sur des changements similaires dans la logique du musée national du Chili au cours du xix e siècle, voir Patience A. Schell, « Capturing Chile: Santiago’s Museo Nacional during the Nineteenth Century », Journal of Latin American Cultural Studies, 10-1, 2001, p. 45-65.

41 Miruna Achim, « The Art of the Deal, 1828: How Isidro Icaza Traded Pre-Columbian Antiquities to Henri Baradère for Mounted Birds and Built a National Museum in Mexico City in the Process », West 86th: A Journal of Decorative Arts, Design History, and Material Culture, 18-2, 2011, p. 78-95, ici p. 78.

42 S. Gänger, « Of Butterflies, Chinese Shoes and Antiquities », art. cit., p. 286 ; M. Achim, From Idols to Antiquity, op. cit. Les directeurs de musée évoquaient souvent ces difficultés afin de mobiliser des fonds supplémentaires. Voir M. M. Lopes et I. Podgorny, « The Shaping of Latin American Museums… », art. cit., p. 111.

43 G. E. Müller, E. G. Squier et C. J. Thompson, Catalogue des objets formant le musée aztéco-mexicain de feu M. Charles Uhde à Handschuhsheim, près Heidelberg, Paris, Martinet, 1857 ; Adam T. Sellen, « Fraternal Curiosity: The Camacho Museum, Campeche, Mexico », in P. L. Kohl, I. Podgorny et S. Gänger (dir.), Nature and Antiquities: The Making of Archaeology in the Americas, Tucson, University of Arizona Press, 2014, p. 91-109 ; Stefanie Gänger, « The Many Natures of Antiquities: Ana María Centeno and Her Cabinet of Curiosities, Peru, ca. 1830-1874 », in P. L. Kohl, I. Podgorny et S. Gänger (dir.), Nature and Antiquities, op. cit., p. 110-124 ; M. Achim, From Idols to Antiquity, op. cit., p. 86.

44 Fernando Sologuren possédait 2 234 spécimens archéologiques, qui se trouvent aujourd’hui au musée national d’anthropologie du Mexique. Voir à ce sujet Adam T. Sellen, « La colección arqueológica del Dr. Fernando Sologuren », Acervos. Boletín de los archivos y bibliotecas de Oaxaca, 29, 2005, p. 4-15. Concernant Christian Theodor Wilhelm Gretzer, voir Corinna Raddatz, Ein Hannoveraner in Lima. Der Sammler praecolumbischer Altertümer Christian Theodor Wilhelm Gretzer (1847-1926). Ausstellungskatalog, Hanovre, Niedersächsisches Landesmuseum, 1985. Sur José Mariano Macedo, voir Stefanie Gänger, « Conversaciones sobre el pasado. José Mariano Macedo y la arqueología peruana, 1876-1894 », Nuevo mundo mundos nuevos, 2014, DOI : https://doi.org/10.4000/nuevomundo.67124.

45 S. Gänger, Relics of the Past, op. cit., p. 111, 46-47 et 123 ; Pascal Riviale, « Charles Wiener o el disfraz de una misión lúcida », Bulletin de l’Institut français d’études andines, 32-2, 2003, p. 539-547.

46 A. T. Sellen, « Fraternal Curiosity », art. cit. ; S. Gänger, Relics of the Past, op. cit., p. 68-69.

47 S. Gänger, « The Many Natures of Antiquities », art. cit, p. 116.

48 Voir, par exemple, Armando Guevara Gil, « La contribución de José Lucas Caparó Muñíz a la formación del museo arqueológico de la universidad del Cuzco », Boletín del Instituto Riva-Agüero, 24, 1997, p. 167-226, ici p. 172 ; Brian S. Bauer, Avances en arqueología andina, Cusco, CBC, 1992, p. 2-3. Sur l’achat d’antiquités par Miguel Garcés à des « Indiens » vivant sur ses propriétés, voir sa « Letter to Adolph Bandelier, New York, n. d. », New York, American Museum of Natural History, Division of Anthropology Archives, Secretary of the Natural History Museum 1896-31.

49 Sur les ingénieurs et l’antiquarisme, voir I. Podgorny, « The Reliability of the Ruins », art. cit., p. 24-28, et J. Pillsbury et L. Trever, « The King, the Bishop, and the Creation of an American Antiquity », art. cit. Sur le marchand de textiles Gretzer et l’attention qu’il portait aux textiles anciens, voir Beatrix Hoffmann, « Posibilidades y limitaciones para la reconstrucción y recontextualización de la colección Gretzer del Museo Etnológico de Berlin », Baessler-Archiv, 55, 2007, p. 165-196.

50 M. Achim, From Idols to Antiquity, op. cit., p. 40.

51 S. Gänger, Relics of the Past, op. cit., p. 90.

52 Voir le décret Torre-Tagle et E. B. Monteagudo, « 2 de Abril de 1822. Los Monumentos que Quedan de la Antigüedad de Perú… », in J. Oviedo (éd.), Colección de leyes, decretos y ordenes. Publicadas en el Perú desde el año de 1821 hasta 31 de Diciembre de 1859, vol. 9, Lima, Felipe Bailly, 16 vol., 1861-1872, no 427, p. 95.

53 Au Pérou, ces lois furent suivies par d’autres plus strictes en 1893 et 1911, interdisant respectivement les fouilles sans autorisation du gouvernement et l’exportation d’antiquités découvertes lors de fouilles légales. Au Mexique, la loi de 1827 fut renforcée par des lois promulguées en 1897 et 1898. Voir R. A. Earle, The Return of the Native, op. cit., p. 138 ; Sonia Lombardo de Ruiz et Ruth Solís Vicarte, Antecedentes de las leyes sobre monumentos históricos (1536-1910), Mexico, INAH, 1988.

54 Margaret M. Miles, « Greek and Roman Art and the Debate about Cultural Property », in C. Marconi (dir.), The Oxford Handbook of Greek and Roman Art and Architecture, Oxford, Oxford University Press, 2014, p. 499-515, ici p. 502 et 506.

55 William Bullock, par exemple, fit allusion à la législation anti-exportation et prétendit que ses artefacts précolombiens étaient les derniers à quitter le Mexique, afin de susciter davantage d’intérêt pour la vente aux enchères de sa collection d’antiquités mexicaines à Londres. Voir à ce sujet les deux premiers chapitres de M. Achim, From Idols to Antiquity, op. cit., respectivement p. 21-54 et 55-94.

56 Glenn H. Penny, Objects of Culture: Ethnology and Ethnographic Museums in Imperial Germany, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2002, p. 2 et 59. Au sujet du refus initial de Garcés de vendre, voir Berlin, Staatliche Museen zu Berlin – Ethnologisches Museum, Sammlung Centeno Pars I B. Litt. A, Alfred Hettner, « Letter to Adolf Bastian, September 25, Copacabana », 1888. Sur les difficultés financières de Garcés, voir Berlin, Staatliche Museen zu Berlin – Ethnologisches Museum, Sammlung Centeno Pars I B. Litt. A, Alfred Hettner, « Letter to Adolf Bastian, Sorata, February 6 », 1889.

57 M. Achim, From Idols to Antiquity, op. cit., p. 92.

58 M. M. Miles, « Greek and Roman Art and the Debate about Cultural Property », art. cit., p. 504.

59 New York, American Museum of Natural History, Division of Anthropology Archives, Bandelier 1896-31, Adolph F. Bandelier, « Letter to the Secretary’s Office at the American Museum of Natural History, Mr. Winser », Lima, 9 févr. 1898.

60 Sur l’acquisition des collections Gretzer et Macedo, voir Beatrix Hoffmann, « Introduction into the History of the Textile Collection at the Ethnological Museum Berlin », in L. Bjerregaard et A. Peters (dir.), PreColumbian Textile Conference VII/Jornadas de Textiles PreColombinos VII, Lincoln, Zea Books, 2017, p. 176-190, ici p. 186 ; ead., Das Museumsobjekt als Tausch- und Handelsgegenstand. Zum Bedeutungswandel musealer Objekte im Kontext der Veräusserungen aus dem Sammlungsbestand des Museums für Völkerkunde Berlin, Münster, LIT Verlag, 2012, p. 124. Pour les collections mexicaines de Berlin, voir les registres d’inventaire IV-CA 1-6988, Staatliche Museen zu Berlin – Ethnologisches Museum. Sur le Chili, voir Rudolph A. Philippi, « Historia del Museo Nacional de Chile », Boletín del Museo nacional de historia natural, Chile, 1-1, 1908, p. 3-30, ici p. 23.

61 John Lloyd Stephens, Incidents of Travel in Central America, Chiapas, and Yucatán, Londres, John Murray, 1841, p. 115-116.

62 Sur le tourisme archéologique en Amérique latine à la fin du xix e siècle et au début du xx e siècle, voir, par exemple, Margarita Díaz-Andreu, A History of Archaeological Tourism: Pursuing Leisure and Knowledge from the Eighteenth Century to World War II, New York, Springer, 2019, p. 57-84.

63 A. von Humboldt, Vues des Cordillères…, op. cit. Sur l’histoire de la publication et de la réception des Vues des Cordillères, voir Tobias Kraft, Figuren des Wissens bei Alexander von Humboldt. Essai, Tableau und Atlas im amerikanischen Reisewerk, Berlin, De Gruyter, 2014.

64 Jean Henri Baradère et Guillermo Dupaix, Antiquités mexicaines. Relation des trois expéditions du capitaine Dupaix, ordonnées en 1805, 1806, et 1807, Paris, Bureau des Antiquités mexicaines, 1832-1834.

65 Edward King (Lord Kingsborough), Antiquities of Mexico, Londres, R. Havell, 9 vol., 1831-1848. Les savants mexicains déplorèrent vivement le prix de cette publication et réclamèrent une édition plus abordable, mais le projet n’aboutit jamais. Voir à ce sujet José F. Ramírez, « Carta a Rafael Gondra, 1 de Enero, 1850 », in E. Rivas Mata et E. O. Gutiérrez L. (éd.), Libros y exilio. Epistolario de José Fernando Ramírez and Joaquín García Icazbalceta, Mexico, INAH, 2011, p. 126.

66 J. L. Stephens, Incidents of Travel in Central America, Chiapas, and Yucatán, op. cit. ; Mariano Eduardo de Rivero y Ustariz et Johann Jacob von Tschudi, Antigüedades peruanas, Vienne, Impr. Imperial, 1851. Dès 1841, Rivero y Ustariz avait souhaité publier une première édition d’Antigüedades peruanas consacrée aux sites précolombiens dans le nord du pays, constituant le premier d’une série de deux volumes : Mariano Eduardo de Rivero y Ustariz, Antigüedades peruanas. Parte primera, Lima, Imprenta de José Masias, 1841. Il signa une deuxième version, couvrant le nord et le sud, avec le naturaliste suisse Johann Jacob von Tschudi. Celle-ci fut publiée en espagnol en 1851, puis dans une traduction anglaise en 1853 : Mariano Eduardo de Rivero y Ustariz et Johann J. von Tschudi, Peruvian Antiquities, trad. par F. L. Hawks, New York, Georges P. Putnam & Co, [1851] 1853.

67 L’expression remonte à Flinders Petrie, qui suggéra que le but de l’archéologie était de produire des « antiquités transportables », plans, mots, dessins et photographies, qui relieraient les objets à leurs lieux d’origine. Voir Irina Podgorny, « Portable Antiquities: Transportation, Ruins, and Communications in Nineteenth-Century Archaeology », História, Ciências, Saúde-Manguinhos, 15-3, 2008, p. 577-595.

68 Sur les aléas entourant la vente de la collection de Latour-Allard, voir Marie-France Fauvet-Berthelot, Leonardo López Luján et Susana Guimarães, « Six personnages en quête d’objets. Histoire de la collection archéologique de la Real Expedición Anticuaria en Nouvelle-Espagne », Gradhiva, 6, 2007, p. 104-126.

69 A. Prévost de Longpérier, Notice des monuments…, op. cit., p. 7.

70 Daniela Bleichmar, Visible Empire: Botanical Expeditions and Visual Culture in the Hispanic Enlightenment, Chicago, The University of Chicago Press, 2012. Sur le « tournant visuel » de l’archéologie américaine, voir Joanne Pillsbury (dir.), Past Presented: Archaeological Illustration and the Ancient Americas, Dumbarton, Dumbarton Oaks Research Library and Collection, 2012.

71 Miruna Achim, « Writing Lessons in Antiquarianism: Guillermo Dupaix’s Manuscripts », Colonial Latin American Review, 29-2, 2020, p. 316-339.

72 A. von Humboldt, Vues des Cordillères…, op. cit., p. 4-7.

73 Les études iconographiques des codex pré- et post-colombiens d’Eduard Seler ont produit de nouvelles taxonomies des divinités mexicaines. Voir Eduard Seler, Inventario de las colecciones arqueológicas del Museo Nacional, éd. par B. Olmedo et M. Achim, Mexico, Instituto Nacional de Antropología e Historia, [1907] 2018, entrées 61-81.

74 De la même façon, comme Esther Pasztory, historienne de l’art mésopotamien, l’a écrit dans un article fondateur, les faux, qui sont une catégorie spéciale de répliques, « nous disent ce que nous voulons voir dans les originaux » : Esther Pasztory, « Truth in Forgery », Res: Anthropology and Aesthetics, 42, 2002, p. 159-165, ici p. 160.

75 Léonce Angrand, « Rapport », in C. É. Brasseur de Bourbourg (dir.), Monuments anciens du Mexique et du Yucatan. Palenque, Ococingo et autres ruines de l’ancienne civilisation du Mexique, Paris, Arthus Bertrand, 1866, p. vii-xi, ici p. viii.

76 Pour une histoire du développement conjoint de la photographie et de l’archéologie, voir Frederick N. Bohrer, Photography and Archaeology, Londres, Reaktion Books, 2011.

77 Christine Barthe, Le Yucatan est ailleurs. Expéditions photographiques (1857-1886) de Désiré Charnay, Paris/Arles, Musée du quai Branly/Actes Sud, 2007 ; Andrew Szegedy-Maszak, « Introduction », in C. L. Lyons et al. (dir.), Antiquity and Photography: Early Views of Ancient Mediterranean Sites, Los Angeles, J. Paul Getty Museum, 2005, p. 2-21.

78 De nombreuses photographies dans la collection sont signées « E. G. S. Phot. », attestant qu’Ephraim George Squier en est l’auteur, bien que quelques-unes proviennent de séries vendues dans des studios commerciaux locaux lors du séjour de Squier à Lima. Cela indique aussi l’existence d’un marché pour des photographies d’objets ou de séries d’objets spécifiques. Voir Keith McElroy, « The History of Photography in Peru in the Nineteenth Century, 1839-1876 », thèse de doctorat, University of Michigan, 1977, p. 167 ; id., « Ephraim George Squier: Photography and the Illustration of Peruvian Antiquities », History of Photography, 10-2, 1986, p. 99-129, ici p. 104.

79 Voir, par exemple, Thomas J. Hutchinson, Two Years in Peru, with Exploration of Its Antiquities, Londres, Sampson Low, Marston Low & Searle, 2 vol., 1873 ; Désiré Charnay, Les anciennes villes du Nouveau Monde. Voyages d’exploration au Mexique et dans l’Amérique centrale, Paris, Hachette, 1885 ; Alfred P. Maudslay, Biologia Centrali-Americana, or Contributions to the Knowledge of the Flora and Fauna of Mexico and Central America, Londres, R. H. Porter, 4 vol., 1895-1902. Voir également Natalia Majluf et Luis E. Wuffarden, « El primer siglo de la fotografía. Perú, 1842-1942 », in N. Majluf et al. (dir.), La recuperación de la memoria. El primer siglo de fotografía : Perú 1842-1942, vol. 1, Lima, Museo de arte de Lima/Fundación Telefónica, 2001, p. 20-133.

80 F. N. Bohrer, Photography and Archaeology, op. cit., p. 59-63.

81 Berlin, Staatliche Museen zu Berlin – Ethnologisches Museum, Sammlung Macedo Pars I B. Litt. J, José M. Macedo, « Carta a Adolf Bastian, París, 7 de Enero, 1882 ».

82 Ramon Almaraz, Memoria acerca de los terrenos de Metlaltoyuca, Mexico, Imprenta imperial, 1866, p. 7.

83 Wilhelm Reiss et Alphons Stübel, Das Todtenfeld von Ancon in Perú, ein Beitrag zur Kenntniss der Kultur und Industrie des Inca-Reiches nach den Ergebnissen eigener Ausgrabungen, Berlin, A. Asher & Co., 3 vol., 1880-1887. Voir à ce propos Joanne Pillsbury, « Finding the Ancient in the Andes: Archaeology and Geology, 1850-1890 », in P. L. Kohl, I. Podgorny et S. Gänger (dir.), Nature and Antiquities, op. cit., p. 47-68, ici p. 54.

84 Nicole Zapata-Aubé, « Victorien Pierre Lottin de Laval et la Lottinoplastie », in M. Volait (dir.), Le Caire dessiné et photographié au xix e siècle, Paris, Picard, 2013, p. 139-156.

85 Peter Matthews, « Pilot Study of the Maudslay Casts in the British Museum », FAMSI, 1998, http://www.famsi.org/reports/97082/97082Mathews01.pdf.

86 D. Charnay, Les anciennes villes du Nouveau Monde, op. cit., p. 190-192.

87 Charlotte Schreiter, « Competition, Exchange, Comparison: Nineteenth-Century Cast Museums in Transnational Perspective », in A. Meyer et B. Savoy (dir.), The Museum Is Open: Towards a Transnational History of Museums, 1750-1940, Berlin, De Gruyter, 2014, p. 31-44.

88 Sur le potentiel heuristique des « technologies de papier » – listes, séries, répliques –, voir Miruna Achim, « Los empeños de una lista. El Museo Nacional en sus inventarios (1825-1907) », in E. Seler, Inventario de las colecciones arqueológicas del Museo Nacional, op. cit., p. 11-50 ; Volker Hess et Andrew Mendelsohn, « Case and Series: Medical Knowledge and Paper Technology, 1600-1900 », History of Science, 48, 2010, p. 287-314.

89 A. Caubet, « Adrien de Longpérier et le musée des antiquités américaines au Louvre », art. cit., p. 415.

90 Dans Les autres et les ancêtres. Les dioramas de Franz Boas et d’Arthur C. Parker à New York, 1900, Dijon, Les presses du réel, 2020, Noémie Étienne établit des distinctions similaires à partir de son examen du musée d’histoire naturelle de New York.

91 E.-T. Hamy, Les origines du musée d’Ethnographie, op. cit., p. 297.

92 E. A. Williams, « Art and Artifact at the Trocadéro », art. cit., p. 155.

93 Sur Ernest-Théodore Hamy, voir, par exemple, Jean-Philippe Priotti et José Contel (dir.), Ernest Hamy, du Muséum à l’Amérique. Logiques d’une réussite intellectuelle, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2018 ; sur Adolf Bastian, voir G. H. Penny, Objects of Culture, op. cit. ; sur Franz Boas, voir N. Étienne, Les autres et les ancêtres, op. cit.

94 Sur le Trocadéro, voir Nélia Dias, Le musée d’Ethnographie du Trocadéro (1878-1908), Paris, CNRS Éditions, 1991 ; sur les musées ethnographiques allemands, notamment le Königliches Museum für Völkerkunde à Berlin, voir G. H. Penny, Objects of Culture, op. cit.

95 Guillermo Palacios, « El dragado del cenote sagrado de Chichén Itzá, 1904-ca. 1914 », Historia mexicana, 67-2, 2017, p. 659-740. Sur le Machu Picchu, voir Christopher Heaney, Cradle of Gold: The Story of Hiram Bingham, a Real-Life Indiana Jones, and the Search for Machu Picchu, New York, Palgrave Macmillan, 2010.

96 Voir, par exemple, la théorie de Fusang – selon laquelle des moines bouddhistes étaient présents au Mexique en tant que bâtisseurs de civilisations –, qui fut débattue par différents participants au congrès : voir la note de M. Foucaux, « Le bouddhisme en Amérique », Congrès international des américanistes. Compte rendu de la première session, Nancy, 1875, Paris/Nancy, Leblond/Maisonneuve, 1875, p. 131-149 ; Étienne Logie et Pascal Riviale, « Le Congrès des américanistes de Nancy en 1875. Entre succès et désillusions », Journal de la Société des américanistes, 95-2, 2009, p. 151-171.

97 José Fernando Ramírez, « Noticias históricas y estadísticas de Durango », Boletín de la Sociedad mexicana de geografía y estadística, 5, 1857, p. 6-116, ici p. 8.

98 Voir Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, « Antiquités américaines », in Désiré Charnay, Cités et ruines américaines. Mitla, Palenqué, Izamal, Chichen-Itza, Uxmal, Paris, Gide, 1863, p. 1-104.

99 Voir, par exemple, Robert Aguirre, Informal Empire: Mexico and Central America in Victorian Culture, Minneapolis, University of Minnesota Press, 2005 ; Uta R. Kresse, « Intellectual Imperialism in the Andes: German Anthropologists and Archaeologists in Peru, 1850-1920 », thèse de doctorat, Philadelphie, Temple University, 2007.

100 S. Van Damme, « The Pillar of Metropolitan Greatness », art. cit., p. 303.

101 Justo Sierra Méndez, « Letter to Roberto Núñez, Vice-Secretary of Finance », 18 mai 1909, Obras completas XIV. Epistolario y papeles privados, Mexico, UNAM, 1991, p. 189-190.

102 R. A. Earle, The Return of the Native, op. cit. Pour une vue d’ensemble des débats sur le nationalisme et l’archéologie, voir M. Díaz-Andreu, A World History of Nineteenth-Century Archaeology, op. cit.

103 M. Achim, From Idols to Antiquity, op. cit., p. 230-232.

104 Julio C. Tello et Toribio Mejía Xesspe, Historia de los museos nacionales del Perú, 1822-1946, Lima, Museo Nacional de Antropología y Arqueología e Instituto y Museo de Arqueología de la Universidad nacional de San Marcos, 1967, p. 45 (nous soulignons). Manuel Pardo décréta la fondation de la Société des beaux-arts (Sociedad de Bellas Artes) le 17 décembre 1872. Le décret est cité dans T. J. Hutchinson, Two Years in Peru…, vol. 2, op. cit., p. 289-291.

105 Christina Bueno, The Pursuit of Ruins: Archaeology, History, and the Making of Modern Mexico, Albuquerque, University of New Mexico, 2016, p. 76-77.

106 Natalia Majluf, « Nacionalismo e indigenismo en el arte americano », in R. Gutiérrez Viñuales et R. Gutiérrez (dir.), Pintura, escultura y fotografía en Iberoamérica, siglo xixxx , Madrid, Cátedra, 1997, p. 247-258, ici p. 249.

107 De nombreuses études sont consacrées à la participation de l’Amérique hispanique aux foires internationales. Voir, par exemple, Sven Schuster, « The World’s Fairs as Spaces of Global Knowledge: Latin American Archaeology and Anthropology in the Age of Exhibitions », Journal of Global History, 13-1, 2018, p. 69-93, ici p. 71 ; Mauricio Trillo Tenorio, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales, 1880-1930, Mexico, Fondo de cultura económica, 1998 ; R. A. Earle, The Return of the Native, op. cit.

108 Sur le Mexique, voir C. Bueno, The Pursuit of Ruins, op. cit., p. 42. Sur le nationalisme ethnique et les Incas en Amérique du Sud, voir Mónica Quijada Mauriño, « Los ‘incas arios’. Historia, lengua y raza en la construcción nacional hispanoamericana del siglo xix », Historica, 20-2, 1996, p. 243-269. Voir également M. Díaz-Andreu, A World History of Nineteenth-Century Archaeology, op. cit., p. 20-22 et 79-80.

109 C. Bueno, The Pursuit of Ruins, op. cit., p. 33 ; Natalia Majluf et Luis E. Wuffarden, Elena Izcue. El arte precolombino en la vida moderna, Lima, Museo de arte de Lima, 1999, p. 23-24.

110 E. A. Williams, « Art and Artifact at the Trocadéro », art. cit. ; Pascal Riviale, Los viajeros franceses en busca del Perú antiguo (1821-1914), Lima, IFEA, 2000, p. 336.

111 Boas et Seler devinrent partenaires du musée national du Mexique et prirent part à la fondation de l’École internationale d’archéologie et d’ethnologie américaines (Escuela internacional de arqueología y etnología americanas) en 1910. Voir Mechthild Rutsch, Entre el campo y el gabinete, Mexico, INAH/IIA-UNAM, 2007. Max Uhle, qui s’était formé au musée de Berlin dont il fut longtemps partenaire, dirigea de nombreuses fouilles au Pérou entre 1896 et 1911 et prit la direction du musée d’histoire naturelle de Lima de 1906 à 1911 : Peter Kaulicke (dir.), Max Uhle y el Perú antiguo, Lima, Fondo editorial PUCP, 1998.