The present article is based on a report submitted to the Ministry of Agriculture in Khartoum (Sudan) by an agricultural research officer and an inspector of agriculture and is the result of a preliminary study of the agriculture of a tribe which had been earmarked by the provincial administration for commercial production of sorghum. Most tribes of the Southern Sudan are sorghum cultivators, but none has taken to growing this staple food for sale despite the increasing demand for grain in townships. It was realized that some limitations, possibly of a social or cultural character, stood in the way of such development and therefore it seemed desirable to study the tribal customary agriculture by the methods of social anthropology, instead of approaching it only from the point of view of agronomy.

ÉTUDE PRÉLIMINAIRE DES MÉTHODES AGRICOLES DES NYANGWARA

Cet article est basé sur une étude entreprise par les auteurs, pour le Ministère de l'Agriculture du Soudan Anglo-Égyptien. Cette étude a été motivée, en premier lieu, par le désir du Gouvernement de favoriser la culture du sorgho par les Nyangwara pour le marché. Les auteurs avancent la thèse que, pour réussir, toute modification des méthodes tribales d'agriculture doit être fondée sur une connaissance approfondie des méthodes actuelles, de leurs rapports avec la structure sociale du peuple et de leurs effets sur cette structure. Une telle connaissance exige une enquête suivie pendant un cycle entier de culture, non seulement par un ingénieur agronome, mais aussi par un ethnologue. Les auteurs insistent qu'une méthode d'agriculture, tout comme un système de parenté ou une religion, est un sujet qui convient à l'étude anthropologique. Il ressort de l'étude de l'agriculture qui est pratiquée par les Nyangwara, que le système coutumier de culture constitue un milieu social autour duquel est créé un réseau complexe de rapports sociaux. Trois particularités caractérisant ce système sont exposées: (a) certaines récoltes sont semées en association avec d'autres récoltes sur des types de terrains déterminés, afin de constituer des types spécifiques de cultures (field-types); chaque famille, ou unité d'exploitation agricole, est obligé, selon la coutume, d'aménager son terrain d'après le schéma de cultivation prescrit, et les diverses activités agricoles sont assignées aux membres du groupe suivant un schéma déterminé; (b) un système d'assolement modifié ou partiel est suivi; (c) l'exploitation agricole toute entière, y compris la maison d'habitation, est déplacée lorsque le sol est épuisé. Chacune de ces particularités est exposée en détail et le lien entre la technique agricole et les diverses séries de rapports sociaux—division du travail, repartition de la nourriture, procédé de l'instruction agricole—est examiné.

Les auteurs insistent sur le fait que les éléments intéressant l'agriculture, c'est-à-dire la productivité du sol, les besoins œcologiques des diverses récoltes, la compatibilité entre les différentes récoltes, &c. se comportent d'une façon spécifique, dont l'étude s'impose.

Un système de culture peut être considéré comme ayant une structure, étant donné que les éléments (sol, plantes) sont assemblés en agrégations (types de cultures) et celles-ci en unités plus importantes (assolements); finalement en déplacements cycliques de champs et d'exploitations agricoles. Le système de culture est, en outre, une force cohésive qui lie les membres de la communauté ensemble dans un réseau de travail collectif, gouverné par la coutume, et, en même temps, constitue un facteur d'adhésion qui rattache la communauté humaine à sa base œcologique. Toute modification effectuée dans un système d'agriculture est subordonnée, non seulement à la faculté du groupe à s'adapter à des modifications sociales, mais aussi à la capacité du milieu naturel de s'accommoder à d'autres méthodes d'exploitation.

L'article se termine par le résumé des recommandations d'ordre pratique soumises par les auteurs dans leur rapport au Gouvernement du Soudan. Ces recommandations comprennent l'établissement de boutiques, de marchés, de routes, etc., le remplacement progressif d'une culture que l'on déplace par l'agriculture sédentaire; l'organisation d'un système d'assolement avec contrôle des jachères, l'amélioration technique de la transformation des récoltes. Finalement, il est recommandé que des efforts soient faits pour persuader les hommes à consacrer davantage de leur activité à la production agricole.