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Le folklore et l'étude des anciennes institutions villageoises

Published online by Cambridge University Press:  25 October 2017

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L'histoire sollicite désormais le concours de disciplines annexes parmi lesquelles le folklore peut être appelé à jouer son rôle. Comment ? Pour nous en rendre compte, le mieux est de procéder à l'analyse critique d'un travail de folkloriste portant sur une institution populaire d'ancien régime.

Prenons la plaquette publiée par Mr Joseph Hess, et intitulée : Das Amecht, eine folkloristische Studie. L'auteur — le meilleur folkloriste luxembourgeois contemporain, — est parvenu à bien reconstituer une très ancienne coutume villageoise de sa petite patrie : chaque été, pendant la période où les récoltes étaient sur pied, les jeunes gens se réunissaient le dimanche pour tenir leur « amecht ». Au cours de cette cérémonie, certains délits étaient jugés avec une procédure mi-burlesque mi-pompeuse qui évoque les mises en jugement de Carnaval, auxquelles nous avons assisté dans notre enfance.

Type
Questions de Fait et de Méthode
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1935

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References

page 307 note 1. Cf. Lucien Febvre, Examen de conscience d'une hittoire et d'un historien (Leçon d'ouverture du Cours d'histoire de la civilisation moderne au Collège de France) dans Revue de synthèse, juin 1934.

page 307 note 2. Grevenmacher, Paul Schroell, Éditions des Cahiers luxembourgeois, 1933; in-8°, 28 p.

page 307 note 3. Le même auteur a publié une substantielle Luxemburger Volhshunde (Grevenmacher, Paul Faber, 1929), où les traits principaux de l'amecht étaient indigués déjà nettement p. 278-279.

page 307 note 4. Voir Bloch, Marc, Les caractères originaux de l'histoire rurale française (Paris-Oslo, 1931)Google Scholar.

page 308 note 1. Il convient pourtant de reconnaître qu'en bonne méthode Mr Joseph Hess s'est appliqué à présenter toutes ces hypothèses en détail. Mais il estime pouvoir ne pas s'y arrêter, se déclare en réaction contre l'école de Grimm et de Mannhardt, et pense que l'amecht est de création relativement récente. Il n'est sans doute pas inutile de rappeler que l'ensemble des enregistrements folkloriques réalisés depuis un demi-siècle a montré toute la solidité de l'œuvre de Mannhardt.

page 308 note 2. Il y aurait là une discussion folklorique bien intéressante à instaurer. L'auteur assure que le phénomène de contamination, d'agglutination des traditions populaires est bien connu. Certes on l'invoque souvent. Mais chaque fois qu'on procède à l'analyse détaillée d'une cérémonie en état de transformation rapide, qu'observe-t-on ? Il est inexact que la cérémonie revête un caractère nouveau, par exemple un caractère spectaculaire qu'elle n'aurait pas comporté auparavant : ce qui se passe, c'est que tels aspects différents et simultanés de l'ancien usage disparaissent. Mais cette allure théâtrale n'a rien de neuf : elle coïncidait jadis avec le caractère magico-religieux, ou moral, ou économique, ou juridique de cette même cérémonie, laquelle possédait généralement à la fois tous ces divers caractères. La tradition s'est appauvrie, décantée, bien loin que sa décadence en ait fait quelque chose de composite.

page 309 note 1. Sur ces fiançailles proclamées publiquement et sur le caractère obligatoire des usages d'amour courtois qu'elles impliquaient, voir Bulletin du Comité du Folklore Champenois, n°” 17-18, p. 246 et suiv. Cf. d'ailleurs Hess, Joseph, DOS Amecht, p. 27 Google Scholar, n. 34.

page 309 note 2. Ouv. cité, ch. v, § II, p. 172 et suiv.

page 309 note 3. Ibid., p. 176. Les études folkloriques me semblent confirmer entièrement l'indication donnée ici même par Mr Marc Bloch (Annales, t. VI, 1934, p. 469 (en note) au sujet des confréries : « il semble que ces associations religieuses aient tour à tour fourni au sentiment collectif un moyen de prendre conscience de lui-même et servi de masque à une communauté déjà formée, mais placée encore en marge de la loi. »