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Un essai d'Histoire européenne

Published online by Cambridge University Press:  25 October 2017

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Un nouveau livre de CH. Seignobos : Essai d'une histoire comparée des peuples de l'Europe. Je l'ai lu avec soin. Mais quoi ? Est-ce affaire de génération, ou de tempérament ? En fait, je ne comprends pas mieux un livre de Seignobos qu'un livre de Reinach — l'Orpheus par exemple. Des « faits » : mais je ne sais pas ce que c'est qu'un fait : je veux dire qu'un fait isolé et non interprété. Des « hasards » : mais j'aurais trop à dire sur le rôle du hasard en histoire. Et ces étonnants escamotages de catégories entières de faits ou d'événements, essentiels à mes yeux pour donner un sens à l'histoire ? En vérité, je ne comprends pas. Et ce serait mal me connaître que de m'en croire heureux.

Type
Questions de Faits et de Méthode
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1939

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References

page 293 note 1. Paris, Rieder, 1938 ; in-8°, VIII-488 p.

page 293 note 2. Ne pas s'étonner de ce contraste. M. Seignobos professe ne pas vouloir centrer son livre sur « la petite minorité privilégiée, décorée parfois du nom d'élite, dont les actes tiennent la plus grande place d'ans les documents et les ouvrages d'histoire ». Il a cherché, a,u contraire, dit-il, « à décrire les conditions de vie de la masse du peuple ». Parfait pour le® conditions de vie. Mais appliquée à la rigueur, cette méthode aboutirait à exclurela culture. Le peuple n'invente pas les idées, le plus souivent, ni les formes d'art. (Encore, le plus souvent, sont-elles inventées par des hommes qui sortent du peuple.) Mais c'est lui qui donne, ou refuse la vie à ces idées. C'est lui qui les adopte, ou quil les laisse de côté. Les adoptant, il les déforme. Mais il leur donne sa sève, sa vigueur, sa puissance de rayonnement. Un très gros problème d'échange. Un de ces problèmes qu'on ne résout pas par une négation, suivie d'une pirouette.

page 293 note 3. En fait, M. Seignobos perpétue dans son livre une confusion — ou plutôt se refuse à une distinction qui me semble capitale. Il y a la Renaissance. Il y a l'Italianisme. Et le choc, la bataille, longue et rude, d'écoles fortement enracinées dans des sols provinciaux contre des « nouvelletez » importées d'Italie par les princes et les rois. D'Italie — et de quelle Italie d'ailleurs ? Voyons ce qui se passe chez nous, dians une province comme la Bourgogne, où un art robuste et vivant ne cède pas la place sans résistance : l'art italien qui essaie de le supplanter, d'où vient-il ? De la tragique Florence, mère d'un hellénisme nerveux et dépouillé ? De la puissante Rome, mère des majestés lourdes ? ou de Naples, ou des petites villes du Nord, par le canal d'artistes secondaires, médailleurs et fa-presto de toutes mains ? Une Italie de province et non point l'Italie des cimes.

page 294 note 1. Moment fort long. M. Seignobos nous montre la Renaissance se propageant à travers l'Europe pendant dix siècles — « du milieu du XVe jusqu'au milieu du XVIIe siècle » (p. 221). C'est, simplement, tout le problème du Baroque escamoté, qui n'est pas un petit problème. Le Baroque qui sort de la Renaissance en en décomposant les éléments. Mais qui reflète la mentalité, qui exprime les besoins d'une société toute différente de celle qui adopte et porte la Renaissance. Enumérer dans une même phrase (p. 221-222), rabattre sur un même plan Titien, Rubens, Yelazquez, Poussin et Rembrandt, c'est se moquer. C'est tenir pour nuls et non avenus les travaux de deux générations d'historiens de l'art.