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1. Salaires et régime alimentaire des marins au début du XIVe siècle

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Frédéric C. Lane*
Affiliation:
Johns Hopkins University

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Le régime alimentaire et les salaires des marins sont des points de repère utiles dans l'histoire des conditions économiques d'existence . Ils font partie des quelques critères exprimés en termes numériques dans les informations concernant les travailleurs salariés. De plus, ils constituent un modèle approximativement international, modèle qui, après enquête, se révélera peut-être comme relativement stable.

Les chiffres les plus anciens que je connaisse concernant les rations des marins sont ceux rapportés par Marino Sanuto l'Ancien, appelé Torsello. Vers 1320, il rédigea un projet exhaustif de croisade contre l'Egypte et ce plan rationnel, extraordinairement complet, contient, entre autres, une estimation des provisions nécessaires à la flotte. Celles-ci, à ce que nous dit Sanuto lui-même, ont été calculées en fonction des rations distribuées sur les galères vénitiennes à l'époque. Le tableau cidessous indique ces rations quotidiennes et leur valeur nutritive.

Type
Enquêtes Ouvertes
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1963

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References

1. Dans son article « L'alimentazione degli equipaggi nelle antiche marine ‘italiane » de la Rivista marittima (LXIV, juillet-août 1931), R. Alberini a traité le même problème en se servant de coefficients de conversion différents. Ses conclusions sont essentiellement identiques : la nourriture à bord était largement suffisante.

2. Marino Sanuto, dit Torsello, Liber Secretorum Fidelium Crucis super Terrae Sanctae recuperatione et conservatione (GestaDeiper Francos, Hanovre, 1611), pp. 60-64. A propos de Sanuto dit Torsello, voir Molmenti, P., La Storia di Venezia nella vita privata, Bergame, 1927, I, 240.Google Scholar

1. Ibid., p. 68.

2. Le Deliberazioni del Consiglio dei Rogati (Senato), Série « Mixtorum », Volume I, a cura di R. Cessi e P. Sambin (Monumenti Storici pubblicati dalla Deputazione di Storia Patria per le Venezie, Venise, 1960), pp. 64, 90.

3. Archivio di Stato di Venezia, Grazie, reg. 5, f. 18.

4. R. Zeno, Storia del diritto marittimo nel Mediterraneo (Fondazione V. Sciaboia per gli studi giuridici, N° 3, Milan, 1946), pp. 279-280.

1. Sanuto Torsello, Liber Secretorum, p. 63.

2. Ibid., p. 64. A l'époque où Torsello écrivait, 1306-1321, les pièces de monnaie et les unités monétaires vénitiennes avaient une valeur relative stable l'une par rapport à l'autre : 1 ducat = 24 grossi, et 1 grosso = 32 piccoli. Au cours de la période 1330- 1350 les anciens grossi disparurent de la circulation, mais le grosso continua à être utilisé comme unité monétaire égale à l/24e de ducat ou à 32 piccoli. Le nombre de piccoli contenus dans un ducat varia entre 768 et 840, mais ne dépassa pas ce dernier chiffre avant 1360. En conséquence, le piccoli (denari parvi), que j ‘ a i utilisé comme dénominateur commun pour faciliter les comparaisons, peut être évalué à environ l/24e du grosso de 2,1 grammes d'argent fin ou à 1/7686 du ducat de 3,5 grammes d'or fin. Voir Frédéric C. Lane, « Le Vecchie monete di conto veneziane ed il ritorno all'oro », Atti delV Istituto Veneto di Scienze, Lettere, ed Arti, Classe di scienze morali e lettere, tomo CXVII (1958-9), pp. 72-76 ; Gino Luzzatto, Studi di Storia economica veneziana (Padoue, 1954), pp. 268-9 ; G.-A. Zanetti, Nuova raccolta délie monete e zecche d'Ilalia (Bologne, 1775) IV, 169-176.

3. Delib. dei Rogati, cité plus haut, I, p. 170, noa 282-3. Le tarif maximum autorisé fut élevé en 1330 à 3 grossi pour un marchand, mais fut maintenu à 1 grosso pour un serviteur. Ibid., I, p. 407, n° 253.

1. Sanuto Torseixo, ouvrage cité, p. 75.

2. A. S. V., Maggior Consiglio, Deliberazioni, Magnus et Capricornus, f. 17 ; Delib. dei Rogati, I, p. 469, n°s 337, 338, 344.

3. A. S. V., Senato Misti, reg. I, f. 163, et Delib. dei Rogati, I. p. 63.

4. Luzzatto, Studi, pp. 285-297, esp. 297.

5. Rodolfo Gaixo, « Contributi alla storia délia scultura veneziana », Archivio Venelo, sér. 5, vol. XLV (1949), p. 19. Un artiste au salaire élevé recevait 504 piccoli par jour, et l'ouvrier spécialisé ordinaire une moyenne de 120 piccoli par jour.

Conversion des mesures vénitiennes en grammes : La comparaison entre la conception de Sanuto Torsello des mesures de biscuit et celle de Bartholomeo de Paxi, Tariffa de pexi e mesure (Venise, 1503) permet d'affirmer sans le moindre doute que la « libra panis biscocti » (livre de biscuit) de Sanuto correspond à la livre vénitienne, qui équivaut à 477 grammes. Voir Angelo Martini, Manuale di Metrologia (Turin, 1888). D'autre part la libra vini correspondait à 1 /70 de bigoncia selon les opérations faites par Sanuto pour obtenir la consommation annuelle. C'est pourquoi cette mesure du vin devait être différente de la libra grossa. Angelo Martini et de Paxi font allusion à la « libra », la plus petite mesure de vin, mais elle ne correspond pas à 1 /70 de bigoncia. J'ai calculé la « libra vini » comme le 1 /280 d'une « anfora » de 600 litres, si bien que la ration d'un quart de libra valait un peu plus d'un demi-litre. Paxi dit aussi que le fromage et la viande étaient mesurés à la lira grossa et que le quartaruola de fèves valait 1 /16 de stère. Du fait qu'un stère de blé pesait 132 lire vén., et que le blé et les fèves ont à peu près la même densité (ayant des taux d'arrimage semblables d'environ 50) j ‘ a i considéré que le stère de fèves pesait 132 1. vén., et le quartaruola 8 1/4.

1. vén. Les pourcentages en calories, protéine, graisses, hydrates de carbone, sont calculés d'après Charlotte Ciiatfield, Proximate composition of American food Materials (U.S. Dept. of Agriculture, Circular N° 549, Washington, 1940), en utilisant : pour le « panis biscocti », des biscuits secs, cuits à l'eau, non réduits ; pour le « de porcinis camibus salitis », du porc salé moyennement ; pour « casei », une moyenne approximative entre le Cheddar et le Parmesan ; pour « fabae », des haricots, légumes secs, grosses fèves. Le vin donne 70 calories pour 100 grammes, d'après Michel Cépède et Maurice Lengellé, Economie alimentaire du Globe (Paris, 1953), p. 624. Pour calculer le pourcentage de calories contenu dans chaque aliment, j ‘ a i utilisé le tableau p. 126 du même ouvrage.

Le coût total par jour ainsi que le prix de chaque article sont donnés par Sanuto.

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1. Public Record Office, E 351/127.

2. Idem, E 851 /180.

3. Sir William Asbxey, Bread of our Forefathers (Oxford, 1928), p. 47/48 donne des preuves du contraire, mais dans presque tous les cas, il se réfère à des cas exceptionnels. Ainsi, à propos de la garnison de Berwick, il prend pour exemple une année où la pénurie en céréales était générale (Acts of the Privy Council, 1571-75, p. 351).

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2. Notons que l'augmentation de capital de 1 000 000 de livres avait été souscrite à 80 % en tailles et mandats, mais cela au siècle précédent (1696) au moment, d'ailleurs, où, dit un pamphlet, les tailles dépréciées s'empilaient comme fagots de Bath sur les bras des brokers et des jobbers.

1. London Gazette, n° 8228 (1697) : « Lost a Talley of 300 £ on Wines and Tobacco (c'est-à-dire emprunt à rembourser sur le produit de nouvelles taxes sur les vins et le tabac), dated the l l t h march 1695… » Cf. nos 3157, 3244, 3308 : tallies of Pro (nominatives).

2. Beaucoup de nos contemporains ont de tels souvenirs, mais nous avons constaté dans notre propre famille qu'ils manquaient de précision chronologique. Mlle Suzanne Tardieu, du Musée des Arts et Traditions populaires, veut bien nous dire qu'elle a vu pratiquer ces « coches » dans l'Orne en 1942.

1. N. Tommaseo, Canti popolari toscani et Dizionario délia lingua italiana, art. Taglia et Tacca.

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3. Cité par Gmuk, M., Abhandlungen zum Schweizerischen Recht, Heft 77, « Schweizerische Bauernmarken und Holzurkuden », Berne, 1917, p. 57.Google Scholar

4. Synode de Pergame (1311), in Du Cange, Glossarium, q.v. Tallia. Taglia est déjà employé par le glossateur de Dante dit Ottimo (Inferno, 7,11 : « diverse generazioni di taglie e di gravamenti »), puis par Dino Compagni. Plus tard, taglia est aussi la récompense fixée pour la tête d'un bandit.

5. Marco Polo, La Description du mande, chap. CXXI (texte de L. Hambis, 1959, p. 173, sans commentaire) ; il Milione, CXV, variante.

6. G. Minucci, note au Malmantile racquista de P. Zipoli (1676), Florence, 1788, chap. IV.

7. Diccionario de la lingua espanola, Académie espagnole (éd. 1925) : « impôt de la couronne d'Aragon » (en Aragon propre, on l'appelait pécha, cf. L. De Asso). Cependant, le castillan a taja, proche de l'italien tacca. Le nouveau Diccionario etimoldgico-critico de la lingua castellana par J . Corominas (1954) nous déçoit sur ce point. Pour tajatacca, cf. O. Bloch et A. Von Wartbueg, Dictionnaire étymologique de la langue française, à l'article Tache : d'un gotique taigas ?

1. N. Murray, New English Dictionary on Historical Principles : petty tally = « petty account of a ship's provision », etc. ; D. Webster, Dictionary of American language et New International Dictionary : to tally = « coller » d'où, en Nouvelle Angleterre, tallyman et tally-woman concubins, cf. en français « moitié ». Expressions flamandes dans Annales, 1951, p. 95, où, par contre, le texte de 1070 est négatif : Saint-Pierre de Gand résistait à cette vogue populaire (plebeia) de la kerv.

2. Von Kostanecki, A., Der Wirtschaftliche Wert und Standpunkt der geschichtlichen Forschung, Berlin, 1900 (pp. 47, 122, 213).Google Scholar Cf. Schweizer Volkskunde, 1957 (Carlen).

3. Gmuer, A., Schweizerische… Holzurkurden, Berne, 1917, déjà cité, p. 57 ss., 102 ss.Google Scholar

4. Cf. F. Statjb, Dos Brot im Spiegel Schweizer-deutscher Volkssprache und Sitte, Leipzig, 1868, pp. 48 et 173.

5. Et aussi au Tessin (Bellinzona). Pour la Touraine, une indication dans Rouge, Le folklore de la Touraine. Houblonnières du Kent : Archaeologia Cantiana, 1954, p. 60.

1. D. Mioc, « Despre modul de impunere si percepere a birului in Tara Romîneascâ pînà 1632 » (Du mode de perception de l'impôt en Valachie jusqu'en 1632), Studii si Materiale de Jstorie medie, II, 1957, p. 75 ss. Nous devons cette référence à l'amitié de M. Keul. — Cf. tchèque rabuSe, serbe et bulgare raboS.

2. P. N. Panaitescu, Ingénieur, Bâbojul (” la taille »), Studiu de istorie economicâ si sociala, Bucarest, 1946.

3. Cf. la réédition assurée par la Fondation Singer-Polignac, 1960 ; à la suite, on trouve le Nomenclator octilinguis de Junius (1506), voir Taleola, col. 165 a.

1. Celui de Calmagh, selon H. Malborough'S, Chronicle oflreland, in The Hislory of Ireland collectée by three Uarned authors, Dublin, 1633, p . 208. L''Oxford English Dictionary applique à tort ce passage à Hanmer. Cf. l'article Henry of Malborough de la National Biography : il s'agit d'une compilation du début du xve siècle (il faudrait donc identifier la source, en bonne méthode) ; la version anglaise de 1633 est due à Sir James Hare, dont les notes ont été conservées avec les manuscrits latins.

2. La belle édition des Roanoke Voyages par Quinn dans les Hakluyt Society, second Séries (satisfaisantes surtout quand il s'agit ainsi de textes anglais originaux) nous en apporte encore un exemple : Ralph Lane écrit à Sir Francis Walsingham en 1585, « Havynye abbyden by juste talle above… » (II, p. 201). Il peut s'agir évidemment de la taille simple et non double, mais Minucci, loc. cit., invoque, pour l'italien tacca, l'hébreu takhan, « compter ».

3. M. Bloch, La Société féodale, t. I (1939), p. 343 : « taille, expression imagée qui se tirait du verbe tailler, mot à mot prendre à quelqu'un un morceau de sa substance et, par suite, le taxer » (sur le « formalisme » juridique du geste et de l'objet concret, au contraire, ibidem, p. 180). B. Berthet avait alors repris l'étymologie ancienne, avec l'acception restrictive que lui donnent (à tort) Luchaire et Seigkobos (Histoire générale dirigée par Lavisse et Rambaud, II, 1893, p. 15) : « le nom désigne seulement l'entaille… »

4. Vettori, P., Trattato délie lodi e délia coltivazione degli ulivi, Florence, , 33 c , talée. Google Scholar

1. Nous n'avons pu consulter la synthèse de K. Bbunneb dans Zeîtschrift des Verein fur Volkskunde in Berlin, 1912-1914, citée par Gmur.