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Bibliothèques protestantes et catholiques a Metz au XVIIe siècle

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Philip Benedict*
Affiliation:
Brown University

Extract

Comparée au puritanisme anglo-américain, la culture religieuse des huguenots est mal connue. Alors que toute une série de chercheurs ont étudié le « puritan mind » en utilisant les instruments d'analyse les plus divers, l'historiographie du protestantisme français a si longtemps été dominée par le double thème de la persécution et de la résistance qu'on a négligé l'histoire proprement religieuse du mouvement. Les récents travaux de Philippe Joutard sur les Camisards ont analysé l'univers mental des congrégations du Midi dans la période qui suit la Révocation ; ceux de Walter Rex et d'Elisabeth Labrousse sur Bayle ont beaucoup enrichi notre connaissance de la culture des intellectuels huguenots en général . Mais pour connaître la masse des fidèles entre l'édit de Nantes et sa Révocation, notre meilleur guide reste sans doute le pieux chef-d'oeuvre presque centenaire du pasteur Paul de Félice, Les protestants d'autrefois. Il traite avec minutie du caractère de la Réforme en France et décrit une communauté imprégnée de la lecture de la Bible et des psaumes ; mais c'est à quoi se limite l'analyse de la culture religieuse huguenote.

Summary

Summary

338 inventories from the years 1645-72, including several book-sellers’ inventories, illuminate book-ownership and reading patterns in a city with a large Protestant minority. The Protestants were far more likely to own books of enough value to appear in the private inventories than were their Catholic neighbors, but the booksellers’ records reveal a large, other wise invisible body of cheap Catholic literature. The Catholic Reformation also spread the printed word, but it did not foster a devotional life based on the intensive reading of complex texts. Alongside the Bible and psalter, many Huguenots owned Crespin 's martyrology, Calvin 's works, and the controversial and doctrinal writings of seventeenth-century French Protestant theologians. Investigation of individuel libraries sheds light on the culture and religious formation of different members of the Protestant community, from pastors and professional men to learned artisans and military noblemen.

Type
Histoire Culturelle
Copyright
Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1985

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References

Notes

Je voudrais remercier deux étudiants, assistants de recherche, Michael Sheehan et Lisa Gamble, pour leur aide précieuse dans la préparation de cet article ; je remercie également Natalie Zemon Davis, Stephen Innés, Giovanni Levi et Gerald Strauss pour les commentaires utiles qu'ils ont apportés à une version précédente de ce texte.

1. Joutard, Philippe et Manen, Henri, Une foi enracinée, La Pervenche, Valence, 1971;Google Scholar Joutard, Ph., Les Camisards, Paris, Gallimard,Google Scholar « Archives », 1976 ; id., La légende des Camisards : une sensibilité du passé, Paris, 1977 ; Labrousse, Elisabeth, Pierre Bayle, La Haye, 1963-1964, 2 vols;Google Scholar Rex, Walter, Essays on Pierre Bayle and Religious Controversy, La Haye, 1965.Google Scholar

2. de Félice, Paul, Les protestants d'autrefois, Paris, 1897-1899, 3 vols.Google Scholar

3. Martin, Henri-Jean, Livre, pouvoirs et société à Paris au XVIIe siècle (1598-1701), Genève, 1969, p. 953.Google Scholar

4. François, Etienne, « Livre, confession et société urbaine en Allemagne au xvrae siècle : l'exemple de Spire », Revue d'Histoire moderne et contemporaine, XXIX, 1982, p. 355.Google Scholar

5. Gawthorp, Richard et Strauss, Gerald, « Protestantism and Literacy in Early Modem Germany », Past & Présent, 104, 1984, pp. 3155;Google Scholar Engelsing, Rolf, Der Burger als Léser : Lesergeschichte in Deutschland 1500-1800, Stuttgart, 1974, chap. 4, 5.Google Scholar

6. Les références fondamentales, dans une importante littérature, sont H.-J. Martin, op. cit. ; Labarre, Albert, Le livre dans la vie amiénoise du seizième siècle : l'enseignement des inventaires après décès (1503-1576), Paris-Louvain, 1971;Google Scholar QuéNiart, Jean, Culture et société urbaines dans la France de l'Ouest au XVIIIe siècle, Paris, 1978;Google Scholar Marion, Michel, Recherches sur les bibliothèques privées à Paris au milieu du XVIIIe siècle, Paris, 1978;Google Scholar Marais, Jean-Luc, « Littérature et culture ‘ populaires ‘ aux xvne et xvme siècles. Réponses et questions », Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, LXXXVII, 1980, pp. 65105.Google Scholar On trouve d'excellentes discussions critiques dans Martin, Henri-Jean, « Culture écrite et culture orale, culture savante et culture populaire dans la France d'Ancien Régime », Journal|des Savants, juillet-décembre 1975, pp. 225 226 Google Scholar et passim ; ainsi que dans les pages de Roger Chartoer dans Histoire de la France urbaine, Paris, 1981, vol. 3, pp. 274-282.

7. A titre de comparaison, Albert Labarre n'a pu identifier que 22 % des livres qu'il a rencontrés dans ses inventaires amiénois. Henri-Jean Martin a pu identifier 38 % des livres dans les cent meilleurs inventaires parisiens de la période 1670-1700. Labarre, op. cit., p. 154 ; Martin, op. cit., p. 927.

8. Coutumes générales de la ville de Metz et pays messin, Metz, 1730, pp. 145, 220, 260-262.

9. Archives Départementales de la Moselle (A.D.M.), B 3356, inventaires des 21 et 22 octobre 1655.

10. L'immense majorité des inventaires que j'ai examinés proviennent de quinze grandes liasses conservées dans les archives du Bailliage, A.D.M., B 3351-65. D'autres inventaires sont dispersés dans les archives des amans ou notaires de Metz. Le temps ne m'a permis d'examiner qu'une seule de ces liasses, A.D.M., 3 E 3176. Il faut noter, ici, que les livres doivent être recherchés dans les différentes catégories de biens qui forment les sections des inventaires. Ils se trouvent, généralement, dans la section des « meubles de bois ». Il est rare qu'un chapitre particulier d'un inventaire soit consacré aux livres. L'article de Henri Tribout de Morembert, « Bibliothèques messines du xviie siècle », Annales de l'Est, 5e série, XXIII, 1971, pp. 219-229, semble être basé exclusivement sur des inventaires mentionnant les livres séparément. L'auteur prétend que les inventaires comportant mention de livres sont rares et fonde ce bref examen sur vingt-trois inventaires.

11. On peut mettre en évidence cette tendance en comparant les professions des protestants relevées dans les inventaires avec le recensement complet du groupe établi en 1684, « Extrait et Estât Général des habitants De La ville de Metz qui font profession de la religion Prétendue Refformée », Annuaire de la Société d'Histoire et d'Archéologie de la Lorraine, III, 1891, pp. 345-375. Marchands, juristes, médecins, officiers et autres membres titrés de l'élite urbaine représentent 47,4 % des inventaires considérés, et seulement 28,8 % des chefs de famille indiqués dans le recensement.

12. Ils sont conservés aux Archives Communales de Metz (A.CM.), GG 236-53. J'ai également utilisé l'index de l'état civil protestant, GG 259-59 bis, et le fichier Poirier pour les généalogies.

13. Jean Rigault, « La population de Metz au xvne siècle : quelques problèmes de démographie », Annales de l'Est, 5e série, II, 1951, pp. 307-309.

14. Les inventaires constituent les meilleures sources sur l'économie de la ville. Voir aussi, Gaston Zeller, « Marchands-capitalistes de Metz et de Lorraine au xvre siècle », dans Éventail de l'histoire vivante : hommage à Lucien Febvre, Paris, 1953, vol. 2, pp. 273-281 : Jean Rigault, « La fortune d'un protestant messin du xvne siècle, Philippe de Vigneulles (vers 1560-1634) », Annales de l'Est, 5e série, H, 1951, pp. 79-88.

15. Roger Zuber, , « Metz et la Champagne, ou les frontières littéraires de la France au début du xviie siècle », dans Mélanges d'histoire littéraire (XVIe-XVIIe siècles) offerts à Raymond Lebègue, Paris, 1969, pp. 175183;Google Scholar Magendie, M., La politesse mondaine et les théories de l'honnêteté en France au XVIIe siècle, de 1600 à 1660, Paris, 1925, p. 424.Google Scholar Charles Urbain, Nicolas Coëffeteau, 1893, passim ; Dictionnaire de théologie catholique, Paris, 1910-1951, vol. 10, « Meurisse ».

16. Roger Mazauric, Le pasteur Paul Ferry, Metz, 1964, passim, particulièrement pp. 45-46.

17. Au cours de la seconde moitié du siècle, trois à quatre imprimeurs seulement semblent avoir travaillé régulièrement ; plusieurs autres libraires vendaient également des livres. Albert Ronsin, « La communauté des imprimeurs-libraires et relieurs de Metz (1656-1791) », Annales de l'Est, 5e série, XI, 1960, pp. 203-226 ; Lanette-Claverie, C., « La librairie française en 1700 », Revue française d'Histoire du Livre, vol. 3, 1972, p. 9;Google Scholar A.D.M., B 3352, inventaire du 8 avril 1647 ; B 3354, inventaire du 22 février 1651 ; B 3358, inventaire du 23 mars 1658 ; B 3359, inventaire du 21 juillet 1660.

18. de Morembert, Henri Tribout, La Réforme à Metz, Nancy, 1969-1971,Google Scholar fournit une excellente histoire du protestantisme à Metz. Pour l'importance de la communauté huguenote en 1635, voir J. Rigault, op. cit, p. 309. La peste de 1635-1636 réduisit la communauté de plus de 20 % et elle n'atteignit jamais plus la même importance. A la veille de la Révocation, elle comptait quatre mille trois cent quatre-vingts membres.

19. A.D.M., D 11, « Estât présent de l'heresie dans la ville de Metz et pays messin ».

20. Michel, J.-F., « Les écoles protestantes à Metz et en pays messin aux xvie et xviie siècles », Annales de l'Est, 5 e série, XXI, 1969, p. 230 Google Scholar (excellente étude).

21. Des livres apparaissent dans 20 % des inventaires amiénois des années 1503-1576 et dans 25,7 % des inventaires provenant des neuf villes de la France de l'Ouest étudiée par Jean Quéniart pour les années 1697-1698. A. Labarre, op. cit., p. 105 ; J. QUéniart, op. cit., p. 158.

22. Clark, Peter, « The Ownership of Books in England, 1560-1640 : the Example of Some Kentish Townsfolk » dans Stone, Lawrence, Schooling and Society : Studies in the History of Education, Baltimore, 1976, p. 99;Google Scholar François Grounauer, « Livre et société à Genève au xvnie siècle : essai d'étude socio-culturelle à partir des inventaires après décès », mémoire de licence dactyl., Université de Genève, 1969, p. 11. É. Françosi, op. cit. p. 355.

23. Sont compris ici les cas désignés par la mention « religion incertaine ».

24. On relève quatre bibles imprimées à Lyon ; un protestant possédait une Bible de Louvain, un autre une Bible imprimée à La Rochelle. Pour la prédominance du Nouveau Testament à Strasbourg, voir Chrisman, Miriam Usher, Lay Culture, Learned Culture : Books and Social Change in Strasbourg, 1480-1599, New Haven, 1982, p. 155.Google Scholar

25. La place des psaumes dans la culture des huguenots est étudiée par P. de FÉLice, Protestants d'autrefois, vol. 1, pp. 63-77, 88 ; Bovet, Félix, Histoire du psautier des Églises réformées, Neuchâtel-Paris, 1872, pp. 111135;Google Scholar Roger Zuber, « Les psaumes dans l'histoire des huguenots », B.S.H.P.F., Cxxiii, 1977, pp. 350-361.

26. Martin, Henri-Jean et Cocq, M. le, Livres et lecteurs à Grenoble : les registres du libraire Nicolas (1645-1668), Genève, 1977, vol. 2. 27.Google Scholar Calvinism and the Amyraut Heresy : Protestant Scholasticism and Humanism in Seventeenth- Century France, Madison, 1969, p. 188.

28. Erichson, Alfred éd., Bibliographia calviniana, Berlin, 1900,Google Scholar passim.

29. Cité par Joutard, Philippe, « Les racines de la mémoire », H-Histoire, vol. 7, 1981, p. 13.Google Scholar

30. Cet ouvrage apparaît trois fois ; c'était aussi l'une de ses trois oeuvres dont Nicolas avait vendu le plus d'exemplaires (4), avec V Apologie pour ceux de la religion et les Considérations sur les droits par lesquels la nature a réglé les mariages, autres travaux sans relation avec les arguments de controverse théologique d'Amyraut.

31. Les oeuvres de Ph. Du Plessis-Mornay les plus diffusées sont : De l'institution du saint sacrement de l'Eucharistie en l'Église ancienne (5 exemplaires) ; De la vérité de la religion chrestienne, apologie du christianisme contre « athées, épicuriens, païens, juifs, mahumédistes, et autres infidèles » (4 exemplaires) ; et le Mystère d'iniquité (4 exemplaires). Parmi les oeuvres de Paul Ferry, la plus souvent citée est son Dernier désespoir de la tradition contre l'Escriture, réfutation du jésuite François Véron (7 exemplaires). Quant à Drelincourt, son Abrégé des controverses, ou sommaire des erreurs de l'Église romaine avec leur réfutation par des textes exprès de la Bible de Louvain vient en tête avec 4 exemplaires, suivi de ses Dialogues familiers sur les principales objections des missionaires de ce temps et sa Consolation de l'ame fidelle contre les frayeurs de la mort (3 exemplaires chacun). Ce dernier livre ne parut qu'en 1651 et devait connaître une grande popularité par la suite.

32. H.-J. Martin, Livre, pouvoirs et société, tableau ix.

33. Cité par Hartmut Kretzer, « Die Calvinismus-Kapitalismus-These Max Webers vor dem Hintergrund Franzosischer Quellen des 17. Jahrhunderts », Zeitschrift fur Historische Forschung, vol. IV, 1977, p. 425 n.

34. L'ouvrage de Bayly se retrouve chez deux marchands, un apothicaire, le receveur de la ville, une veuve de statut social indéterminé et le pasteur Abraham de La Cloche. Les livres de Hall ne sont possédés que par A. de La Cloche et Jean Bancelin, un maître orfèvre dont l'exceptionnelle bibliothèque est analysée en détail p. 362. A Grenoble, les acquéreurs des oeuvres de Hall identifiés dans les registres de Nicolas sont tous membres de la haute magistrature ou secrétaires de dirigeants de la ville — à l'exception surprenante de « Mgr l'évêque et prince de Grenoble ». Par contraste, un maître tailleur, deux marchands et huit juristes et officiers achètent chez Nicolas, la Pratique de piété. Il est fort rare que des clients d'un rang inférieur à celui de juriste et d'officier apparaissent dans ses registres.

35. H. Kretzer, op. cit., p. 425.

36. Sur Napier, voir Christianson, Paul Reformers and Babylon : English Apocalyptic Visions from the Reformation to the Eve ofthe Civil War, Toronto, 1978, pp. 97100;Google Scholar Firth, Katherine R., The Apocalyptic Tradition in Reformation Britain, 1530-1645, Oxford, 1979, pp. 132 149.Google Scholar Sur Thompson, voir Haag, E., La France protestante, Paris, 1848-1859, IX, pp. 381382.Google Scholar

37. Richard, Michel, La vie quotidienne des protestants sous l'Ancien Régime, Paris, 1966, pp. 4849.Google Scholar

38. Rahlenbeck, Charles, « Jean Taffin, un réformateur belge du xvie siècle », Bulletin de la Commission pour l'Histoire des Églises wallonnes, II, 1887, pp. 117119;Google Scholar Nauta, D., « De kerk der Reformatie in Metz onder Leiding van Predikers uit de Nederlanden, 1559-1569 », Nederlands Archief voor Kerkgeschiedenis, LVIII, 1977-1978, pp. 4984.Google Scholar

39. Michel Reulos, « Les livres de Jean de Bouquetot, sieur du Breuil (1611) », B.S.H.P.F., CXXVIII, 1982, p. 366.

40. Gilmont, Jean-François, Jean Crespin : un éditeur réformé du XVIe siècle, Genève, 1981, pp. 179180.Google Scholar

41. Les historiens anglais ont longtemps souligné l'importance des Acts and Monuments dans la formation de la conscience des protestants anglais. La compilation de Crespin semble avoir joué un rôle identique pour les huguenots français et confirme l'importance d'une étude comparative des différents martyrologes. Un examen, même succinct, des oeuvres de Foxe montre de nombreuses différences avec ﹛'Histoire des martyrs. L'oeuvre de Foxe se concentre davantage sur les événements nationaux, alors que celle de Crespin véhicule l'image d'une cause commune qui unit les défenseurs de l'Évangile en France, aux Pays-Bas, dans les Iles britanniques et même en Espagne et en Pologne. De ce point de vue, Foxe peut avoir davantage contribué à l'idée d'une Angleterre « nation élue », que ne le suggèrent ses récents commentateurs. On note aussi que Foxe dresse sa chronologie des événements dans un cadre qui s'inspire, plus que chez Crespin, des livres de l'Apocalypse et de la Révélation.

42. A.D.M., B 3354, inventaire de 22 février 1651.

43. Le voyage de Beth-el, avec les Préparations, Prières et Méditations, pour participer dignement a la Sainte Cène, Charenton, 1665, comprend des brochures ou des méditations de Jean de Fauquembergues, Michel Le Faucheur, Samuel Durand, Pierre Du Moulin, et Raymond Gâches, dont plusieurs ont leur propre page de titre, ce qui suggère des ventes séparées. Une édition plus tardive, Utrecht, 1766, regroupe des traités de Gâches, Du Moulin, de Fauquembergues, Drelincourt et Benedict Pictet.

44. Les deux autres inventaires des librairies protestantes ajoutent peu. Daniel Tannoy (A.D.M., B 3358, inventaire du 23 mars 1658) vendait surtout des livres scolaires, du matériel d'écriture et des cartes à jouer ; mais on trouve aussi dans sa boutique quelques bibles et psautiers, un exemplaire des Coutumes de Metz, et vingt-deux « autres petits livres de diverses sortes ». Le stock de Daniel Guepratte (A.D.M., B 3352, inventaire du 8 avril 1647) dont l'inventaire est moins complet, comprend quelques douzaines d'abécédaires et « civilitez », une Bible de Genève, trois « praticques de pieté », deux « boucliers de la foy », et quatre jeux d'oye.

45. Mandrou, R., De la culture populaire aux XVIIe et XVIIIe siècles : la Bibliothèque bleue de Troyes, 2 e édition, Paris, 1975, pp. 4349;Google Scholar H.-J. Martin, « Culture écrite et culture orale », pp. 245-256.

46. Le lecteur trouvera une analyse approfondie des livres catholiques les plus populaires dans H.-J. Martin, Livre, pouvoirs et société, pp. 99-189, 493-503, 613-625, 775-805, 928-932.

47. Ibid., pp. 494-500. La relative fréquence avec laquelle on trouve des bibles chez les catholiques de Metz peut refléter un certain mimétisme des pratiques protestantes. Il peut aussi être le simple résultat d'un échec dans l'identification de quelques cas considérés comme protestants.

48. A. Labarre, op. cit., pp. 165-166.

49. H.-J. Martin, op. cit., pp. 516-517.

50. Ibid., pp. 123-169 et, en particulier, pp. 613-625 et 782-797 ; Labarre, A., « Heures », Dictionnaire de spiritualité, Paris, 1937, vol. 7, part. 1, col. 410431.Google Scholar

51. A.D.M., B 3362. Sur Anthoine, voir le Dictionnaire de biographie française, Paris, 1933, vol. 2, col. 1484-1485.

52. A.D.M., B 3353, inventaires du 4 février 1648 et du 26 mars 1648.

53. La grande proportion de livres possédés par les protestants provient : 1) de la place importante des huguenots dans les professions libérales ; 2) de l'effort particulier pour rechercher les bibliothèques huguenotes par-delà l'échantillonnage d'origine ; 3) du fait que de nombreuses bibliothèques catholiques importantes ont été mal inventoriées.

54. H.-J. Martin, op. cit., pp. 503-515.

55. Le grand nombre d'exemplaires de Lipsius qui apparaissent dans le tableau 6 résulte de la passion d'un homme, Josias Floris (que nous retrouverons plus loin) qui possédait neuf de ses oeuvres.

56. J. Quéniart, Culture et société urbaines, fig. 42. Les trois hommes de loi ou médecins catholiques de Metz dont les importantes bibliothèques étaient bien inventoriées ne possédaient aussi que très peu de livres religieux (5,6 % de titres identifiés).

57. H.-J. Martin, op. cit., pp. 202-203.

58. A.D.M., B 3357, inventaire du 13 avril 1656 ; R. Mazauric, op. cit., p. 124.

59. L'influence des auteurs catholiques dont Savonarole et Luis de Grenade sur la spiritualité protestante est soulignée par Martz, Louis L., The Poetry of Méditation : a Study in English ReligiousLiteratureo the Seventeenth Century, NewHaven, 1954, pp. 6, 168-175;Google Scholar Terence C.Cave, , Devotional Poetry in France c. 1570-1613, Cambridge, 1969, pp. 2021;Google Scholar Huntley, Frank Livingstone, Bishop Joseph Hall 1574-1656, Cambridge, 1979, pp. 7581.Google Scholar

60. Ce dernier ouvrage est un fondement de la tradition eschatologique ; Firth, Apocalyptic Tradition, pp. 14-22.

61. H.-J. Martin remarque que les oeuvres de Bruscambille étaient « fort appréciées, des spectateurs, plus savantes peut-être qu'on ne l'imaginerait d'abord », op. cit., p. 292.

62. La biographie de Paul Ferry suggère une conclusion identique. En tant qu'étudiant, il écrivit des poèmes et des pastorales tout à fait au goût du jour ; son petit cénacle, qui mêlait pasteurs et hommes de loi, a déjà été mentionné. R. Mazauric, Paul Ferry, pp. 24, 29-31,45-46. Voir aussi la bibliothèque du pasteur lyonnais, Jean de Brunes, qui ressemble à celle de A. de La Cloche, à la fois par sa composition générale et par l'importance des livres non religieux. Puyroche, « La bibliothèque d'un pasteur à la fin du xvie siècle », B.S.H.P.F., VII, 1872, pp. 327- 337.

63. A.D.M. B 3352, inventaire du 2 juillet 1647, B 3355, inventaire du 11 septembre 1652. Couet Du Vivier était aussi « interprète de la langue germanique » et avait accompagné le marquis de Feuquières lors de sa mission diplomatique à travers l'Empire en 1635.

64. J. Quéniart, op. cit., pp. 305-307.

65. A.D.M., B 3355, inventaire du 25 octobre 1653.

66. Parmi les oeuvres de cette catégorie, citons : Montaigne, Du Vair, Pétrarque, Saint Amant, plusieurs volumes de Guez de Balzac, Barclay, Y Astrée d'Honoré d'Urfé, Le bouquet des plus belles fleurs de l'éloquence, et une introduction à la philosophie morale de Scipion Dupleix.

67. H.-J. Martin, op. cit., 3e partie, section 1.

68. A.D.M., 3 E 3176, inventaire du 29 mai 1673 ; E. Michel, Biographie du Parlement de Metz, pp. 297-298. La bibliothèque de Le Duchat comptait 275 titres.

69. Il possédait également un exemplaire de Les tableaux de Philostrate, le traité sur l'art faisant autorité à l'époque.

70. de Morembert, H. Tribout, Réforme à Metz, vol. 2, p. 213.Google Scholar L'autre bibliothèque d'un huguenot parlementaire provient de l'inventaire d'Anne de Villiers, femme de Jacques Herbin (A.D.M., B 3364, inventaire du 12 octobre 1670). Moins mondaine et moins politique, elle suggère une piété calviniste plus profonde et plus conventionnelle. Les vingt-cinq livres religieux qu'elle contient sont tous d'auteurs protestants à l'exception des trois exemplaires de la Bible et d'un psautier. Il n'y avait aucune pièce de théâtre ni aucun roman mais Ronsard, Le Tasse, Nervèze, Les Emblèmes d'Alciat, les Elegantiae d'Aide Manuce et de nombreux ouvrages de philosophie en latin, reflétant une culture littéraire encore baignée dans la tradition de la fin du xvr= siècle et du début du xvne siècle. Cependant, l'honnêteté y a sa place avec le Lycée de Bardin et Y Honnête homme de Faret, tandis que La maison des jeux de Sorel offre à la famille jeux de société et amusements pour les « personnes de bonne condition, nourries dans la civilité de la galanterie ». En dehors d'un exemplaire du Courtier de Castiglione possédé par A. de La Cloche, et du Traité de la cour de Refuge chez un apothicaire, les nombreux volumes sur l'honnêteté, trouvés dans ces deux bibliothèques, sont les seuls exemplaires d'ouvrages sur les bonnes manières qui apparaissent dans les inventaires étudiés, indice intéressant concernant l'audience de tels livres.

71. A.D.M., 3 E 3176, inventaire du 12 novembre 1670. Saint Biaise possédait également 12 ouvrages d'histoire dont Josèphe, Simmler et Henri Estienne, un Défense de M. Fouquet, les Essais de Montaigne, Ovide, Le courrier dévalisé (un roman), et un volume de cartes géographiques.

72. Journal de Jean Migault, P. de Bray éd., Paris-Genève, 1854, p. 76.

73. Etienne François, op. cit., pp. 363-368.