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«Coupé têtes, brûlé cazes » Peurs et désirs d’Haïti dans l'Amérique de Bolivar

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Clément Thibaud*
Affiliation:
Institut français d’études andines

Résumés

Quels furent les effets de l’indépendance haïtienne sur la façade caraïbe de l’empire espagnol ? En réduisant la révolution noire à la fonction d’interface de la Révolution française, l’historiographie a longtemps ignoré la richesse et l’ambiguïté des lectures que les sociétés créoles d’Amérique firent des événements haïtiens. Il ne s’agit pas ici de dresser le catalogue des influences haïtiennes sur Terre-Ferme, mais de saisir comment les sociétés colombiennes et vénézuéliennes, en pleine mutation libérale, construisirent des images contradictoires de la révolution de Saint-Domingue. Dans cette perspective, l’analyse de l’identité des populations métisses dans les sociétés de la Caraïbe hispanique constitue un préalable à la compréhension des angoisses créoles face aux remaniements sociaux, politiques et émotionnels qu’occasionna la disparition de la société de castas. En raison de la précocité de son développement dans un cadre « socio-racial » proche de la Caraïbe hispanique, la révolution d’Haïti fut perçue tour à tour comme un cauchemar, un repoussoir, un exemple ou un modèle constitutionnel.

Summary

Summary

What was the real impact of Haitian Independence on the Carribean coast of Spanish AmericÁ Conventionally, by reducing the slave insurrection to a simple consequence of the French Revolution in the Antilles, the richness and profound ambiguity of the ways that Latin American creole societies received this event has been ignored. This essay does not attempt to catalogue the various Haitian influences on Tierra Firme, but looks at the ways Colombian and Venezuelan societies gave their own meanings to the revolution in Santo Domingo. In this perspective, the analysis of the role, place, and imagery of mulatto and mestizo populations in the northern coast of South America is necessary in order to understand the social, political, and emotional impact of the disappearance of societies structured upon castes. Due to its revolutionary precocity and to its social and racial similarities with the Spanish Carribean, Haiti was constituted alternatively into a nightmare, a scarecrow, an example or a model to follow.

Type
Révolutions dans l’aire caraïbe
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2003

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References

1 Ardouin, Beaubrun, Études sur l’histoire d’Haïti, Paris, Chez B. Ardouin, 1856, t. VI, pp. 241242 Google Scholar. Francisco de Miranda a débarqué en 1806 à Coro et non pas à Carthagène comme l’affirme cet auteur qui ne constitue pas une source d’une grande fiabilité. Si ce dialogue n’est pas vrai, il a le mérite d’avoir été bien trouvé.

2 Les Blancs sont exclus de la nationalité haïtienne, mis à part quelques exceptions. C’est pourquoi Haïti fut, dans ses principes, une république, un royaume ou un empire noir. Voir l’art. 12 de la constitution haïtienne de 1804, l’art. 27 de la constitution du Sud en 1806, et les art. 38 et 39 de celle de 1816.

3 Élise Marienstras a montré l’exclusion des populations indiennes et noires de la révolution ( Marienstras, Élise, Nous, le peuple Les origines du nationalisme américain, Paris, Gallimard, 1988 Google Scholar).

4 On nomme créoles, en Amérique hispanique, les Blancs descendants d’Espagnols – ou se disant tels – nés en Amérique.

5 Izard, Miguel, El miedo a la revolución. La lucha por la libertad en Venezuela (1777- 1830), Madrid, Tecnos, 1979 Google Scholar.

6 C’est le renversement qu’a opéré Frédéric Martinez dans son étude sur la référence à l’Europe dans la Colombie du XIXe siècle ( Martinez, Frédéric, El nacionalismo cosmopolita.La referencia europea en la construcción nacional en Colombia, 1845-1900, Bogota, Banco de la República/IFEA, 2001 CrossRefGoogle Scholar).

7 Nous savons que les races n’existent pas. Le terme est ici utilisé pour désigner une catégorie que manient les acteurs, afin d’éviter l’anachronisme que supposerait l’usage de la notion d’ethnie. Ce qui joue dans les interactions entre acteurs n’est pas tant l’identité culturelle que la valeur sociale et la classification juridique associées à certains traits de l’apparence physique (couleur, forme du visage, cheveux, etc.). Dans le monde hispanique, le terme de race est moins péjoratif que dans le contexte français, même si, dans son sens classique, il « est pris habituellement en mauvaise part » ou, comme le définit encore le Diccionario de la lengua castellana por la Real Academia Española (Madrid, 1817), il peut être synonyme de « genus, stirps, etiam generis macula vel ignominia ». Je remercie Élisabeth Cunin pour ses éclairantes suggestions à ce sujet.

8 Pour reprendre le mot de l’archevêque de Caracas, Narciso Coll y Prat, dans son mémoire de 1812 au roi (Memoriales sobre la independencia de Venezuela, Madrid, Éditorial Guadarrama, 1960, p. 64).

9 Lesliemanigat, , «Haïti dans les luttes d’indépendance vénézuélienne », in Yacou, A. (éd.), Bolivar et les peuples de Nuestra América, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 1990, pp. 2942 Google Scholar. Cette thèse fut défendue d’abord par Genovese, Eugene D., From Rebellion to Revolution: Afro-American Slave Revolts in the Making of the Modern World, Baton Rouge, Louisiana State University Press, 1979 Google Scholar, et critiquée par Geggus, David Patrick, « Resistance to Slavery in the Americas: an Overview », in Tarrade, J. (dir.), La Révolution française et les colonies, Paris, Société d’histoire d’outre-mer, 1989, pp. 107123 Google Scholar.

10 Pour une analyse comparée des trois révolutions américaines, voir l’important ouvrage de Langley, Lester D., The Americas in the Age of Revolution 1750-1850, New Haven, Yale University Press, 1997 Google Scholar.

11 Archivo General de la Nación de Colombia [AGNC], Negros y esclavos, t. III, f. 903, dans Uribe, Jaime Jaramillo, « Esclavos y señores en la sociedad colombiana del siglo XVIII », Ensayos de Historia social, Bogota, CESO-UNIANDES, 2001, pp. 362, ici p. 27Google Scholar.

12 Voir les mémoires d’Andrés Level de Goda, qui fut avocat dans l’île après la conquête anglaise : ID., « Antapodosis », Boletiñn de la Academia Nacional de Historia (Caracas), XVI-63/64, 1933, pp. 500-709, notamment pp. 501-507.

13 Langue, Frédérique, « Les Français en Nouvelle-Espagne à la fin du XVIIIe siècle : médiateurs de la révolution ou nouveaux créoles ? », Caravelle, 54, 1990, pp. 3760 CrossRefGoogle Scholar, et Vidales, Carlos, « Corsarios y piratas de la Revolución francesa en las aguas de la emancipación hispanoamericana », Caravelle, 54, 1990, pp. 247262 CrossRefGoogle Scholar. La série Guerra ymarina de l’AGNC conserve de nombreux rôles d’engagement de ces marins (par exemple les liasses 54 et 398).

14 « Les Français ne peuvent pas avoir de grands partisans dans les Indes espagnoles. Les malheurs de Saint-Domingue et le décret du 16 pluviôse [d’abolition de l’esclavage] les en éloignent à jamais », affirme-t-il au ministre en mars 1797, cité dans ANNE PÉROTIN-DUMONT, « Révolutionnaires français et royalistes espagnols dans les Antilles », in J. TARRADE (dir.), La Révolution française et les colonies, op. cit., pp. 125-158, ici p. 133.

15 Figueroa, Federico Brito, « Venezuela colonial: las rebeliones de esclavos y la Revolución francesa », Caravelle, 54, 1990, pp. 263289 CrossRefGoogle Scholar, et Geggus, David Patrick, « Slave Resistance in the Spanish Caribbean in the Mid-1790s », in Gaspar, D. B. et Geggus, D. P. (éds), A Turbulent Time: The French Revolution and the Greater Caribbean, Bloomington, Indiana University Press, 1997, pp. 131155 Google Scholar.

16 Voir, au sujet des révoltes noires, Aizpurua, Ramón, « La insurrección de los Negros de la Serranin;?a de Coro de 1795: una revisión necesaria », Boletiñn de la Academia Nacionalde la Historia (Caracas), LXXI-283, 1988, pp. 705723 Google Scholar. On consultera aussi Arcaya, Pedro Manuel, Insurrección de los Negros de la Serraniña de Coro, Caracas, Instituto Panamericano de Geografiña e Historia, 1949 Google Scholar ; Callahan, William J. Jr., «La propaganda, la sedición y la Revolución Francesa en la Capitanía General de Venezuela (1789-1796) », Boletín Histórico (Caracas), V-14, 1967, pp. 177205 Google Scholar ; Figueroa, Federico Brito, El problema de tierra y esclavos en la historia de Venezuela, Caracas, Universidad Central de Venezuela, 1985 Google Scholar ; ID., « Venezuela colonial… », art. cit. ; AssunçãO, Matthias Röhring, « L’adhésion populaire aux projets révolutionnaires dans les sociétés esclavagistes : le cas du Venezuela et du Brésil (1780-1840) », Caravelle, 54, 1990, pp. 291313 CrossRefGoogle Scholar.

17 « Discurso preliminar dirigido a los americanos » (1797), reproduit dans Pensamientopolítico de la emancipación venezolana, Caracas, Biblioteca Ayacucho, 1988, pp. 9-31, ici p. 15.

18 « Derechos del Hombre y el Ciudadano », notamment art. 18, et « Maximas republicanas » (1797) dans Pensamiento político…, op. cit., pp. 31-39.

19 GERMÁN COLMENARES, Historia económica y social de Colombia, II, PopayÁ n: una sociedadesclavista, 1680-1800, Bogota, TM Editores, 1999, pp. 12-32.

20 Mcfarlane, Anthony, « Cimarrones y palenques en Colombia, siglo XVIII », Historiay Espacio (Cali), 14, 1991, pp. 5378 Google Scholar ; Calderón, Jorge Conde, Espacio, sociedad yconflictos en la provincia de Cartagena,1740-1815, Barranquilla, Universidad del AtlÁntico, 1999, pp. 5685 Google Scholar ; Herrera, Marta, Ordenar para controlar. Ordenamiento espacial y controlpolítico en las Llanuras del Caribe y en los Andes Centrales. Siglo XVIII, Bogota, Instituto Colombiano de Antropología y de Historia, 2002, chap. V-VIGoogle Scholar.

21 Le processus général des années 1808-1810 a été reconstitué par DeméLas-Bohy, Marie-Danielle et Guerra, FrançOis-Xavier, «Un processus révolutionnaire méconnu : l’adoption des formes représentatives modernes en Espagne et en Amérique, 1808- 1810 », Caravelle, 60, 1993, pp. 557 CrossRefGoogle Scholar, et Hocquellet, Richard, Résistance et révolutiondurant l’occupation napoléonienne en Espagne, 1808-1812, Paris, Bibliothèque de l’histoire, 2001 Google Scholar. Sur le processus d’adoption de la modernité politique, voir les travaux de Guerra, FrançOis-Xavier, notamment Modernidad e Independencias, Madrid, MAPFRE, 1992 Google Scholar. Voir aussi Hébrard, Véronique, Le Venezuela indépendant Une nation par le discours,1808-1830, Paris, L’Harmattan, 1996 Google Scholar, et GENEVIÈVE VERDO, Les « Provinces désunies » du Rio de la Plata, Thèse de doctorat, Université de Paris-I, 1998.

22 Un pardo pouvait être, selon les circonstances, vecino, compère, commerçant, sousofficier de milice, membre d’une confrérie religieuse ou d’une clientèle politique, ou simplement… pardo, stigmate qu’il essayait, en règle générale, d’éluder.

23 Dans certaines régions de la Caraïbe, il y avait pénurie de vecinos blancs pour occuper les charges du cabildo (conseil municipal) ; force fut de les confier parfois à des pardos qui, en droit, ne pouvaient les occuper. Ainsi dans la région du Sinúen 1802 (AGNC, « Cabildos », t. II, ff. 588r-v).

24 Pardo : métis ayant une goutte de sang noir ; zambo : métis de Noir et d’Indien ; mulato, grifo, tercerón, cuarterón, quinterón, salto atrÁ s : métis de Blanc et de Noir à divers degrés ; moreno : euphémisation de pardo.

25 Voir les états de service des milices coloniales à Caracas reproduits par VICENTE DAVILA, Hojas militares, Caracas, Tipografía americana, 1930 ; cf. LYLE MCALISTER, « Social Structure and Social Change in New Spain », Hispanic American Historical Review, 43-3, 1963, pp. 349-370.

26 Bénot, Cf. Yves, La Révolution française et la fin des colonies, Paris, La Découverte, 1989, p. 28 Google Scholar ; Dorigny, Marcel et Gainot, Bernard, La Société des amis des Noirs, 1788-1799 : contribution à l’histoire de l’abolition de l’esclavage, Paris, UNESCO, 1998, p. 18Google Scholar.

27 Archivo del General Miranda, La Havane, Éditorial Lex, 1950, t. XVII, pp. 82-83 et 114.

28 Ibid., p. 137.

29 Bolivar, Simon, septembre 1815, Cartas del Libertador [CL], Caracas, Banco de Venezuela, 1964-1967, t. I, p. 240 Google Scholar, reprenant une remarque du voyageur français Depons, François, Voyage à la partie orientale de la Terre-Ferme dans l’Amérique méridionale, Paris, Imprimerie Fain et Cie, 1806 Google Scholar.

30 CL, I, p. 241.

31 Voir la lettre de Bolivar à l’amiral de la Barbade, 17 juin 1814 (CL, I, pp. 136-138).

32 Guerra, François-Xavier, « La identidad republicana en la época de la Independencia », in Gómez, G. SÁnchez et Obregón, M. E. Wills, Museo, memoria y nación, Bogota, Museo Nacional de Colombia, 1999, p. 275 Google Scholar.

33 Sur la Société patriotique de Caracas, voir Curiel, Carole Leal, « Juntistes, tertulianos et congressistes : sens et portée du public dans le projet de la Junte de 1808 (Province de Caracas) », Histoire et sociétés de l’Amérique latine, 6, 1997, pp. 85107 Google Scholar, et ID., « Tertulias de dos ciudades », in Guerra, F.-X. et Lempérière, A., Los espacios pú blicos en Iberoamérica.Ambigüedades y problemas. Siglos XVIII-XIX, Mexico, Fondo de Cultura Económica, 1998, pp. 168195 Google Scholar. Sur celle de Buenos Aires, se reporter à Bernaldo, Pilar GonzÁlez, « Producción de una nueva legitimidad: ejército y sociedades patrió ticas en Buenos Aires entre 1810 y 1813 », Cahiers des Amériques latines, II-10 Google Scholar, « L’Amérique latine face à la Révolution française », 1990, pp. 177-195.

34 De Pineda, Virginia GutiéRrez et Giraldo, Roberto Pineda, Miscegenación ycultura en la Colombia colonial, 1750-1810, Bogota, UNIANDES, 1999, 2 volsGoogle Scholar, Pinzón, Hermés Tovar , Convocatoria al poder del nú mero: censos y estadísticas de la Nueva Granada,1750-1830, Bogota, Archivo General de la Nación, 1994 Google Scholar, et Lombardi, John, People andPlaces in Colonial Venezuela, Bloomington, Indiana University Press, 1976 Google Scholar, ont reproduit des recensements de l’époque avec leur système de classification pour la Colombie et le Venezuela, respectivement.

35 Lettre du capitaine général Ceballos au secrétaire du Despacho universal de Indias, Caracas, 22 juillet 1815, reproduite par King, James F. dans « A Royalist View of the Colored Castes in the Venezuelan War of Independence », Hispanic American HistoricalReview, 33-4, 1953, pp. 526537, ici p. 531CrossRefGoogle Scholar.

36 Les dispositions concernant les métis sont regroupées dans le livre VII, titre V de la Recopilación de Leyes de los Reynos de las Indias…, 4e éd., Madrid, 1791, 3 vols, «De los Mulatos, Negros, Berberiscos, é hijos de Indios ».

37 J. F. KING, « A Royalist View… », art. cit., p. 537.

38 Memoriales sobre la independencia de Venezuela, op. cit., p. 162.

39 David Patrick Geggus observe le même phénomène dans l’espace antillais révolutionnaire (” Slavery, War, and Revolution in the Greater Caribbean », in D. BARRY GASPAR et D. P. GEGGUS, A Turbulent Time…, op. cit., pp. 1-50, ici p. 16).

40 Diaz, José Domingo, Recuerdos sobre la rebelión de Caracas [1829], Caracas, Academia Nacional de la Historia, 1961, p. 181 Google Scholar. Dans cette perspective, voir Zuñiga, Jean-Paul, «La voix du sang. Du métis à l’idée de métissage en Amérique espagnole », AnnalesHSS, 54-2, 1999, pp. 425452 Google Scholar.

41 V. HÉBRARD, Le Venezuela indépendant…, op. cit., pp. 52-56, sur la « multitude dangereuse ».

42 Recopilación de Leyes…, op. cit., titre II, chap. IV, art. 22.

43 Ce mythe est dénoncé par Munera, Alfonso, El fracaso de la nación Región, clase yraza en el Caribe colombiano (1717-1810), Bogota, Banco de la República, 1998, pp. 1314 Google Scholar.

44 Aline Helg, « Raíces de la invisibilidad del afrocaribe en la imagen de la nación colombiana: independencia y sociedad, 1800-1821 », in G. SÁNCHEZ GóMEZ et M. E. WILLS OBREGóN, Museo, memoria y nación, op. cit., pp. 219-252.

45 Privilège de juridiction, droit particulier à un groupe.

46 AGNC, Archivo Restrepo, vol. 26, lettre datée du 22 mai 1810, f. 25.

47 Contestación de un Americano Meridional a un Caballero de Esta Isla, Kingston, 6 septembre 1815, CL, I, p. 222 (souligné par nous).

48 On retrouve le même type de peurs dans tout le monde hispanique, notamment dans l’espace andin. À Quito, « [la] population américaine est composée en grande partie d’Indiens et de Noirs, gouvernés selon les règles de l’Ancien Régime […]. Que pourrions-nous faire pour égaliser brusquement toutes ces classes sans que l’édifice social en soit tout bouleversé ? », Gaceta de Quito, no 29, 22 août 1829, texte cité par Demélas, Marie-Danielle, L’invention politique. Bolivie, Équateur, Pérou au XIXe siècle, Paris, Éditions Recherches sur les civilisations, 1989, p. 102 Google Scholar.

49 Ces exemples sont donnés par un témoin anglais hostile à la révolution, Flinter, George, A History of the Revolution of Caracas with a Description of the Llaneros, or People of the Plains of South America, Londres, T. and J. Allman, 1819, pp. 1923 Google Scholar.

50 Le républicanisme municipal de la société néo-grenadine était profond sous l’Ancien Régime. Les notions de repú blica et de bien public sont des valeurs fondamentales à la fin du XVIIIe siècle. Les échevins de la ville de Tolú ont oeuvré en 1801 pour le « bien public et économique comme bons pères de la République, citoyens et compatriotes. » (AGNC, Cabildos, t. II, f. 518v.)

51 L’Esprit des lois (livre IX) et le Contrat social (livre II, chap. IX), qui défendent cette idée, sont les bréviaires des révolutionnaires créoles.

52 JAIME JARAMILLO URIBE, « Mestizaje y diferenciación social en el Nuevo Reino de Granada », Ensayos de historia social, op. cit., pp. 121-166, ici p. 129.

53 N. COLL Y PRAT, Memoriales…, op. cit., p. 181.

54 Ibid., p. 299.

55 Bolivar à Santander, San Carlos, 12 juin 1821, CL, II, p. 355.

56 D’après les recensements publiés par John Lombardi (J. LOMBARDI, People andPlaces…, op. cit.). Par exemple à Calabozo, Curiepe, dans la vallée du GuÁrico, et meme dans la région orientale de Caracas, où les massacres auraient été nombreux.

57 SIMóN BOLÎVAR, Acta de instalación del Consejo de Estado en Angostura, Angostura, 10 novembre 1817.

58 Poudenx, H. et Mayer, F., Mémoire pour servir à l’histoire de la révolution de la capitaineriegénérale de Caracas, Paris, Chez Croullerois, 1815 (Caracas, Banco central de Venezuela, 1963), p. 68 Google Scholar.

59 Il s’agit des expéditions du capitaine Martin (1812) et de l’expédition de Leleux (mars-avril 1813) ; cf. L. MANIGAT, « Haïti… », art. cit., p. 34.

60 Verna, Paul, Pétion y Bolívar, cuarenta años (1790-1830) de relaciones haitianovenezolanasy su aporte a la emancipación de Hispanoamérica, Caracas, Oficina Central de Informaciones, 1969, pp. 126128 Google Scholar.

61 Lettre d’Antonio NicolÁs Briceño à Manuel del Castillo, probablement d’avril 1813 (Archivo General de Venezuela, Caracas, Causas de infidencia, t. 37, f. 46).

62 Proclamation du général Dessalines au peuple haïtien, 1er janvier 1804, citée dans B. ARDOUIN, Études…, op. cit., t. VI, pp. 26-29.

63 Déclaration de guerre à mort, reproduite, par exemple, dans Pensamiento político…,op. cit., pp. 207-208.

64 MAURICE BELROSE, « Bolívar et la question de l’esclavage des Noirs », in A. YACOU (éd.), Bolivar et les peuples…, op. cit., pp. 85-99.

65 Bolivar à Manuel Valdes, San Cristobal, 18 avril 1820 (AGNC, Guerra y marina, t. 325, f. 387). La province du Cundinamarca, dans l’ensemble grand-colombien, correspondait à peu près à la Colombie actuelle.

66 AGNC, Guerra y marina, t. 323, ff. 1080-1100.

67 Voir les articles de Lombardi, John sur ce point, notamment « Los esclavos negros en las guerras venezolanas de Independencia », Cultura Universitaria, 93, 1967, pp. 153168 Google Scholar, et « Manumission, manumisos, and aprendizaje in Republican Venezuela », HispanicAmerican Historical Review, 49-4, 1969, pp. 656-678.

68 Les pièces du procès sont réunies dans Memorias del general O’Leary, Caracas, Imprenta y Litografía del Gobierno Nacional, 1881, t. XV, pp. 351-368.

69 Discours de Bolivar à Angostura, 17 octobre 1817, ibid., t. XV, p. 370.

70 P. VERNA, Pétion y Bol?ívar…, op. cit., chap. XII.

71 Voir la Loi constitutionnelle du Conseil d’État, qui établit la royauté à Hayti, 1811, Bibliothèque nationale de Colombie, fonds Pineda, 169, ou l’Édit du Roi, Portant Créationdes Princes, Ducs, Comtes, Barons et Chevaliers du Royaume, 1811, ibid., ou encore Haytireconnaissante en réponse à un écrit imprimé à Londres et intitulé : l’Europe chatiée et l’Afriquevengée, ou Raisons pour regarder les Calamités du Siècle comme des Punitions infligées par laProvidence pour la Traite en Afrique, par S. E. M. le Comte de Rosiers,À Sans-Souci, De l’Imprimerie Royale, Année 1819, la 16e de l’Indépendance, ibid.

72 Des juristes colombiens l’affirment calquée sur le modèle haïtien ( Pombo, Manuel Antonio et Guerra, José JoaquÎn, Constituciones de Colombia, Bogota, Banco Popular, 1986, t. III, p. 113 Google Scholar).

73 Mensaje con que el Libertador presentó su proyecto de constitución al Congreso constituyente deBolivia, dans M. A. POMBO et J. J. GUERRA, Constituciones de Colombia, op. cit., t. III, p. 118.

74 Voir Thibaud, CléMent, « La culture de guerre napoléonienne et l’Indépendance des pays bolivariens, 1810-1825 », in Dorigny, M. et Rossignol, M.-J. (dir.), La Franceet les Amériques au temps de Jefferson et de Miranda, Paris, Société des études robespierristes, 2001, pp. 107124 Google Scholar.

75 Freud, Sigmund, « Psychologie des foules et analyse du moi », Essais de psychanalyse, Paris, Payot, 1984, p. 163, et Malaise dans la culture, Paris, PUF, 1995, p. 56 Google Scholar.