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De Damas à Urbino

Les savoirs linguistiques arabes dans l'Italie renaissante (1370-1520)

Published online by Cambridge University Press:  20 January 2017

Benoît Grévin*
Affiliation:
CNRS-LAMOP (UMR 8589)

Résumé

L’Italie renaissante (1370-1520) offre un champ d’exploration privilégié pour poser à nouveaux frais la question de la circulation des connaissances arabes et portant sur l’arabe dans l’espace méditerranéen, à l’intersection du Dār al-Islām et de l’Europe latine. Une approche inspirée de la sociolinguistique et combinant histoire des réseaux marchands, curiaux et communautaires et étude des témoignages textuels permet de dépasser les clivages traditionnels pour reconstituer les contours de cultures multiples, en perpétuelle évolution. Les « arabes italiens » de la Renaissance sont en effet alimentés aussi bien par les réseaux marchands italiens dans le monde arabe que par les pratiques linguistiques des communautés juives péninsulaires et, surtout, siciliennes. Les connaissances de tous ordres ainsi accumulées trouvent des débouchés originaux dans les cours du Quattrocento, intéressées à des stratégies de déploiement de savoirs linguistiques exotiques, sans pour autant être pérennisées au travers d’un enseignement orientaliste encore à venir.

Abstract

Abstract

Renaissance Italy offers an ideal vantage point from which to reexamine the circulation of Arabic (whether as first-hand knowledge or second-hand familiarity) throughout the space of the Mediterranean, at the juncture between the Dār al-Islām and Latin Europe. An approach inspired by sociolinguistics, combined with an investigation of mercantile, community, and court networks and a study of textual sources allows us to move beyond traditional historiographical divisions and to map the outlines of multiple linguistic cultures that were constantly evolving. The development of these “Italian Arabics” was not only a consequence of the contacts between the Arab world and various Italian mercantile networks during the Renaissance period. It also depended on the linguistic culture of the Jewish communities that were based in the Peninsula and above all in Sicily. The multifaceted knowledge that emerged came to be prized in certain Italian courts of the Quattrocento, which developed a keen interest in the propagandistic exhibition of exotic languages. This nascent cultural dynamic did not, however, acquire a stable foundation during this period: an academic European Orientalism was yet to come.

Type
Langues d'Islam (XIe-XVe siècle)
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2015 

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References

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2- Martin, Jean-Marie, « La colonie sarrasine de Lucera et son environnement. Quelquesréflexions », in Centro di Studi Tardoantichi e Medievali di Altomonte (dir.), Mediterraneo medievale. Scritti in onore di Francesco Giunta, Soveria Mannelli, Rubbettino, 1989, p. 797811 Google Scholar ; Annliese NEF, «La déportation des musulmans siciliens par Frédéric II :précédents, modalités, signification et portée de la mesure », in Moatti, C., Kaiser, W. et Pébarthe, C. (dir.), Le monde de l’itinérance en Méditerranée de l’Antiquité à l’époquemoderne. Procédures de contrôle et d’identification, Bordeaux, Ausonius, 2009, p. 455477 CrossRefGoogle Scholar.

3- Rocco, Benedetto, « Le tre lingue usate dagli ebrei in Sicilia dal sec. XII al sec. XV », in Carucci, P. (dir.), Italia judaica. Gli ebrei in Sicilia sino all’espulsione del 1492, Rome, Istituto poligrafico e Zecca dello Stato, 1995, p. 355369 Google Scholar ; Bresc, Henri, Arabes de langue, juifs de religion. L’évolution du judaïsme sicilien dans l’environnement latin, XIIe-XVe siècles, Paris, Bouchène, 2001, p. 3969 Google Scholar ; Annliese NEF, «La langue écrite des juifs de Sicile au XVe siècle », in Bresc, H. et Veauvy, C. (dir.), Mutations d’identités en Méditerranée. MoyenÂge et époque contemporaine, Paris, Bouchène, 2000, p. 8595 Google Scholar ; Id., «Les juifs de Sicile : desjuifs de langue arabe du XIIe au XVe siècle », in Bucaria, N., Luzzati, M. et Tarantino, A. (dir.), Ebrei e Sicilia, Palerme, Flaccovio editore, 2002, p. 169178 Google Scholar.

4- Pour une réflexion sociolinguistique des débats sur les langues parlées dans le Levantfranc, concentrés notamment sur la question de la forme prise par les langues romanesqui y sont employées (français, italien, langues mixtes, voire précurseurs de la linguafranca), voir Aslanov, Cyril, Le français au Levant, jadis et naguère. À la recherche d’unelangue perdue, Paris, Honoré Champion, 2006 Google Scholar ; Minervini, Laura, « Il francese negli StatiCrociati : testi e contesti », Critica del testo, 9-3, 2006, p. 853870 Google Scholar.

5- Sur les relations entre l’Italie et Alexandrie, voir Sopracasa, Alessio, Venezia e l’Egittoalla fine del Medioevo. Le tariffe di Alessandria, Alexandrie, Centre d’études alexandrines, 2013 Google Scholar ; Apellániz, Francisco, « Alexandrie, l’évolution d’une ville-port (1360-1450) », in Décobert, C., Empereur, J.-Y. et Picard, C. (dir.), Alexandrie médiévale 4, Alexandrie, Centre d’études alexandrines, 2011, p. 195212 Google Scholar ; Christ, Georg, Trading Conflicts: Venetian Merchants and Mamluk Officials in Late Medieval Alexandria, Leyde, Brill, 2012 CrossRefGoogle Scholar. Sur Marsacares, voir Philippe GOURDIN, « Émigrer au XVe siècle. La communauté liguredes pêcheurs de corail de Marsacares. I, Étude de la population et des modalités de départ. II, Vie quotidienne, pouvoirs, relations avec la population locale », Mélangesde l’École française de Rome. Moyen Âge, Temps modernes, respectivement 98-2, 1986,p. 543-605 et 102-1, 1990, p. 131-171.

6- Sur les problèmes heuristiques posés par la publication du livre de Gouguenheim, Sylvain, Aristote au Mont-Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne, Paris, Éd. du Seuil, 2008 Google Scholar, qui a été l’un des déclencheurs du débat, sous sa formerécente, parmi les médiévistes français, voir Kintzinger, Martin et König, Daniel, « Arabisches Erbe und europäische Identität. Ein kritischer Kommentar zu Sylvain Gouguenheim », in Gouguenheim, S., Aristoteles auf dem Mont Saint-Michel. Die griechis-chen Wurzeln des christlichen Abendlandes, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, [2008] 2011, p. 229257 Google Scholar. Cette postface à la traduction allemande de l’ouvrage est commodepour prendre de la distance par rapport aux aspects les plus franco-français du débat.

7- Il existe une différence entre les démarches, qui peuvent être facilement confondues (et le sont implicitement dans un certain nombre de cas), consistant à interroger lapart d’« Islam » ou celle d’« arabité » (ou plus généralement d’« orientalité », dans uneoptique postcoloniale) présente dans l’Occident médiéval ou moderne. Pour le premiercas, voir Dakhlia, Jocelyne et Vincent, Bernard (dir.), Les musulmans dans l’histoire del’Europe, vol. 1, Une intégration invisible, Paris, Albin Michel, 2011 Google Scholar.

8- Par exemple, les nouvelles méthodes d’exploration de la « part d’altérité et de la part d’Orient » dans l’Occident latin importées des postcolonial studies, qui n’ont pas les mêmes conséquences heuristiques lorsqu’elles sont appliquées avec une méthodologie proprement historique pour l’époque moderne et contemporaine ( Coller, Ian, Une France arabe. Histoire des débuts de la diversité, 1798-1831, trad. par Joly, F., Paris, Alma éditions, [2010] 2014 Google Scholar), ou, dans une approche plus herméneutique, pour un Moyen Âge où la rétroprojection des concepts inventés à partir de la déconstruction de l’orientalisme pose des problèmes pour le moins ardus (postcolonial medieval studies). Voir Kinoshita, Sharon, Medieval Boundaries: Rethinking Difference in Old French Literature, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2006 CrossRefGoogle Scholar. Il serait toutefois trompeur d’imaginer que la tendance consistant à porter une attention exacerbée à la circulation d’artefacts, de concepts, de textes, de groupes ou d’individus, entre mouvance arabo-islamique et Occident latin (dont le présent article est d’ailleurs une illustration), affecte seulement les secteurs de la recherche qui sont apparemment le plus engagés dans les controverses épistémologiques sur ces questions. Il s’agit en fait d’une caractéristique majeure de la recherche médiévistique contemporaine du début du XXIe siècle, qui transcende les clivages sociopolitiques et épistémologiques de ses acteurs (l’histoire de la traduction, des affrontements ou des transmissions confessionnelles minoritaires offrant un ample espace de négociation aux différentes tendances) et qui appelle un effort réflexif complexe. Voir, par exemple, l’inflation exponentielle, après des décennies de désintérêt relatif, des travaux, bons ou mauvais, sur les traductions latines et la réception du Coranen Occident (supra, n. 1).

9- Piemontese, Angelo Michele, « La lingua araba comparata da Beltramo Mignanelli (Siena, 1443) », Acta orientalia academiae scientiarum Hungaricae, 48, 1995, p. 155170 Google Scholar ; Id., «Trinacria arabistica e umanistica », in Pellitteri, A. et Montaina, G. (dir.), Azhàr. Studi arabo-islamici in memoria di Umberto Rizzitano, 1913-1980, Palerme, Annali della Facoltà di lettere e filosofia dell’università di Palermo, 1995, p. 177186 Google Scholar ; Id., « Il corano latino di Ficino e i corani arabi di Pico e Monchates », Rinascimento, 36, 1996, p. 227-273 ; Id., « Codici greco-latino-arabi in Italia fra XIe XV secolo », in Magistrale, F., Drago, C. et Fioretti, P. (éd.), Libri, documenti, epigrafi medievali. Possibilità di studi comparativi, Spolète, Centro italiano di studi sull’Alto Medioevo, 2002, p. 445466 Google Scholar ; Id., « Codici giudeo-arabi di Sicilia », in Bucaria, N., Luzzati, M. et Tarantino, A. (dir.), Ebrei e Sicilia, op. cit., p. 179183 Google Scholar ; Id., «Traccia araba su codice latino », Litterae Caelestes, 1, 2005, p. 41-59 ; Id., «Guglielmo Raimondo Moncada alla Corte di Urbino », in Perani, M. (dir.), Guglielmo Raimondo Moncada alias Flavio Mitridate. Un ebreo converso siciliano, Palerme, Officina du studi medievali, 2008, p. 151171 Google Scholar.

10- Pour une vision laudatrice, voir A.M. Piemontese, « Il corano latino… », art. cit., et Id., «Guglielmo Raimondo Moncada… », art. cit. Pour un jugement dépréciateur, voir Burman, T. E., Reading the Qur’ān…, op. cit., p. 133148 Google Scholar, ainsi que Bobzin, Hartmut, «Guglielmo Raimondo Moncada e la sua traduzione della sura 21 (‘dei profeti’) », in Perani, M. (dir.), Guglielmo Raimondo Moncada…, op. cit., p. 173183 Google Scholar.

11- Dans la lignée des propositions de Lusignan, Serge, Essai d’histoire sociolinguistique. Le français picard au Moyen Âge, Paris, Classiques Garnier, 2012 Google Scholar.

12- Sur la liaison étroite entre histoire des transmissions linguistiques médiévales et histoire des cours en tant que centres de réseaux et de polarisations sociales, voir Höh, Marc von der, Jaspert, Nikolas et Oesterle, Jenny Rahel (dir.), Cultural Brokers at Mediterranean Courts in the Middle Ages, Munich/Paderborn, Wilhelm Finck/Ferdinand Schöningh, 2013.Google Scholar

13- Sur Beltramo Mignanelli, outre A.M. Piemontese, «La lingua araba comparata… », art. cit., voir Helmy, Nelly Mahmoud, Tra Siena, l’Oriente e la Curia. Beltramo di Leonardo Mignanelli e le sue opere, Rome, Istituto storico italiano per il Medioevo, 2013, notamment p. 266270 Google Scholar sur son anthologie arabe-latine (Liber de variantibus Psalterii), encore inédite.

14- Ibid., p. 17-32. Mignanelli a rayonné à partir de Damas vers l’Égypte (Jérusalem, Le Caire, Alexandrie) et le golfe Persique (Basra, Al-Qatif).

15- Ibid., p. 21-22 (Mignanello di Niccolò) et 13-16 (Mignanello di Leonardo). Sur les activités de description et d’apprentissage du persan et du turc liées au contexte des colonies génoises de la mer Noire, voir infra, p. 617.

16- Jehel, Georges, «Les Cibo de Gênes, un réseau méditerranéen au Moyen Âge », in Balard, M. et Ducellier, A. (dir.), Migrations et diasporas méditerranéennes, Xe-XVIe siècles, Paris, Publications de la Sorbonne, 2002, p. 285296 CrossRefGoogle Scholar.

17- Voir supra, n. 5.

18- Voir infra, n. 27 et 28. Les correspondances entre cités-États italiennes et pouvoirs maghrébins fournissent quelques indices sur les mécanismes de négociation et de traduction, avec un pic de production aux XIIe-XIIIe siècles et quelques témoignages plusparcellaires pour le XIVe siècle. Voir Buresi, Pascal, « Traduttore traditore : à propos d’une correspondance entre l’empire almohade et la cité de Pise (début XIIIe siècle) », Oriente moderno, 88-2, 2008, p. 297309 CrossRefGoogle Scholar.

19- Pour Alexandrie, voir supra, n. 5. Pour Damas, voir Vallet, Éric, Marchands vénitiens en Syrie à la fin du XVe siècle. Pour l’honneur et le profit, Paris, Association pour le développement de l’histoire économique, 1999.Google Scholar

20- Pétrarque, Lettres de la vieillesse, t. IV, livres XII-XV, éd. par E. Nota, trad. par J.-Y. Boriaud, présentation par U. Dotti, Paris, Les Belles Lettres, 2006, XII, 2 [68], p. 92-95. Voir Grévin, Benoît, «Connaissance et enseignement de l’arabe dans l’Italie du XVe siècle. Quelques jalons », in Grévin, B. (dir.), Maghreb-Italie. Des passeurs médiévaux à l’orientalisme moderne, XIIIe-milieu XXe siècle, Rome, École française de Rome, 2010, p. 103138, en particulier p. 103-104Google Scholar.

21- Sur Niccolò de’ Conti, voir Surdich, Francesco, «Conti, Niccolò de’ », Dizionario biografico degli Italiani, Rome, Istituto della Enciclopedia italiana, 1983, vol. 28, p. 457460 Google Scholar. Sur le récit de ses aventures, voir Bracciolini, Poggio, De varietate fortunae, éd. par Merisalo, O., Helsinki, Suoamalainen Tiedeakatemia, 1993, liv. IV, p. 153174 Google Scholar. Le récit de Poggio précise que Niccolo’ de Conti avait appris l’arabe à Damas, puis le persan dans la zone du détroit d’Ormuz, pour pouvoir progresser vers l’Orient.

22- La position de Niccolo’ de Conti se distingue des autres « arabisants » italiens car il s’était converti à l’islam durant ses pérégrinations, avant de se reconvertir au christianisme de retour en Italie.

23- Sur Girolamo Ramusio, voir Jacquart, Danielle, « Arabisants du Moyen Âge et de la Renaissance : Jérôme Ramusio († 1486), correcteur de Gérard de Crémone († 1187) », Bibliothèque de l’École des chartes, 147, 1989, p. 399415 CrossRefGoogle Scholar. Sur Andrea Alpago, voir Vercellin, Giorgio (dir.), Il Canone di Avicenna fra Europa e Oriente nel primo Cinquecento. L’Intepretatio arabicorum nominum di Andrea Alpago , Turin, UTET, 1991 Google Scholar, ainsi que Veit, Raphaela, «Der Arzt Andrea Alpago und sein medizinisches Umfeld im mamlukischen Syrien », in Speer, A. et Wegener, L. (dir.), Wissen über Grenzen. Arabisches Wissen und lateinisches Mittelalter, Berlin, De Gruyter, 2006, p. 305316 CrossRefGoogle Scholar.

24- Elle est publiée à titre posthume en 1527 à la suite d’une nouvelle édition du Canon d’Avicenne par Lucantonio Giunta. Sur le statut du texte, voir G. Vercellin, IlCanone di Avicenna…, op. cit., p. 48.

25- Voir Borrmans, Maurice, « Présentation de la première édition imprimée du Coran de Venise », Quaderni di studi arabi, 9, 1991, p. 93126 Google Scholar, et pour les caractères arabes de la Poliphili Hypnerotomachia Polifili, infra, p. 620.

26- Borgo, Michela dal, «Giacomo da Sacile », Dizionario biografico degli Italiani, Rome, Istituto della Enciclopedia italiana, 2000, vol. 54, p. 235237 Google Scholar.

27- Peut-être également en Occident : le poids du « franc » y est-il majeur ? Sur le problème des possibles antécédents de la lingua franca enMéditerranée à l’époque médiévale, voir Jocelyne DAKHLIA, Lingua franca. Histoire d’une langue métisse en Méditerranée, Arles, Actes sud, 2008, en particulier p. 42 sq.

28- Sur le rôle des traducteurs probablement locaux de confession chrétienne en Syrie au XVe siècle, voir Vallet, É., Marchands vénitiens en Syrie…, op. cit., p. 129 Google Scholar (Zuan Surian, prêtre Elias…). Sur le rôle semblable assumé par des interprètes probablement juifs à Alexandrie, voir Christ, G., Trading Conflicts…, op. cit., p. 9394 Google Scholar (Obeit, Habram, Moyse), ainsi que sur la maîtrise probable de l’arabe par certains Vénitiens (par exemple Filippo di Malerbi et Andrea Cazili). L’ensemble des traducteurs en jeu ne se limite pas à ces groupes, car il faut également tenir compte des interprètes officiels de l’État mamelouk, d’origine potentiellement différente.

29- Pedani, Maria Pia, «Mercanti, diplomatici e viaggiatori tra Venezia e l’Egitto », in Dal Pozzolo, E.M., Dorigo, R. et Pedani, M. P. (dir.), Venezia e l’Egitto, Milan, Skira, 2011, p. 6972 Google Scholar ; Dopp, Pierre Herman (éd.), Traité d’Emmanuel Piloti sur le passage en Terre sainte (1420), Louvain, Nauwelaerts, 1958 Google Scholar ; Coulon, Damien, «Du nouveau sur Emmanuel Piloti et son témoignage à la lumière de documents d’archives occidentaux », in Coulon, D. et al. (dir.), Chemins d’outre-mer. Études d’histoire sur la Méditerranée médiévale offertes à Michel Balard, Paris, Publications de la Sorbonne, 2004, p. 159170 CrossRefGoogle Scholar.

30- Sur les négociations entre Venise et les autoritésmameloukes, voir Apellániz, Francisco, Pouvoir et finance en Méditerranée pré-moderne. Le deuxième État mamelouk et le commerce des épices, 1382-1517, Barcelone, Consejo superior de investigaciones científicas, 2009 Google Scholar.

31- L’aspect scientifique des activités d’Alpago n’exclut pas un intérêt commercial attesté par les plaintes d’autres Vénitiens estimant qu’il abusait de la durée de son séjour pour s’enrichir illicitement : Vallet, É., Marchands vénitiens en Syrie…, op. cit., p. 201 Google Scholar.

32- Schmieder, Felicitas et Schreiner, Peter (dir.), Il Codice cumanico e il suo mondo, Rome, Edizioni di storia e letteratura, 2005.Google Scholar

33- Le lexique arabe-vieux français (ce dernier en graphie copte) du XIIIe siècle a été réédité et analysé par Aslanov, Cyril, Evidence of Francophony in Mediaeval Levant: Decipherment and Interpretation (Ms. Paris BNF copte 43), Jérusalem, The Hebrew University Magnes Press, 2006 Google Scholar, qui montre l’existence d’instruments de travail destinés à un milieu d’intermédiaires-interprètes (ici coptes).

34- Bresc, H., Arabes de langue…, op. cit., p. 1331 Google Scholar. Sur l’arabophonie des juifs siciliens, voir supra, n. 4.

35- Nef, Annliese, Conquérir et gouverner la Sicile islamique aux XIe et XIIe siècles, Rome, École française de Rome, 2011, p. 106108 CrossRefGoogle Scholar ; Mandalà, Giuseppe, «The Jews of Palermo from Late Antiquity to the Expulsion (598 – 1492-1493) », in Nef, A. (éd.), A Companion to Medieval Palermo: The History of a Mediterranean City from 600 to 1500, Leyde, Brill, 2013, p. 437485, ici p. 444-445CrossRefGoogle Scholar.

36- Bresc, H., Arabes de langue…, op. cit., p. 41 Google Scholar ; Mandalà, Giuseppe et Moscone, Marcello, «Tra latini, greci e ‘arabici’. Ricerche su scrittura e cultura a Palermo fra XIIe XIII secolo », Segno e testo: International Journal of Manuscripts and Text Transmission, 7, 2009, p. 143238 Google Scholar.

37- Mandalà, Giuseppe, « La migration des juifs du Garbum en Sicile (1239) », in Grévin, B. (dir.), Maghreb-Italie…, op. cit., p. 1948 Google Scholar.

38- Bresc, H., Arabes de langue…, op. cit., p. 3940 Google Scholar. Pour les juifs ibériques lettrés en arabe, voir Mandalà, Giuseppe, «Da Toledo a Palermo : Yiṣḥaq ben Šelomoh ibn al-Aḥdabin Sicilia (ca 1395/1396-1431) », in Perani, M. et Corazzol, G. (dir.), Flavio Mitridate mediatore fra culture nel contesto dell’ebraismo siciliano del XV secolo, Palerme, Officina di studi medievali, 2012, p. 216 Google Scholar.

39- B. Rocco, «Le tre lingue usate dagli ebrei… », art. cit., adopte des positions maxima-listes en militant pour une arabophonie de la majeure partie des membres des communautés au XVe siècle : les véritables bilingues seraient les lettrés cultivés et les élites, la masse restant essentiellement attachée au judéo-arabe. On retrouve une option opposée, qui enregistre la persistance de l’arabe mais pose la question de sa signification pour la majeure partie des communautés, dans Zeldes, Nadia, «The Former Jews of this Kingdom»: Sicilian Converts After the Expulsion, 1492-1516, Leyde, Brill, 2003, p. 23 CrossRefGoogle Scholar, et Id., «Language and Culture of a Sicilian Jewish Intercultural Mediator: The Hebrew Background of Flavius Mitridates », in M. Perani et G. Corazzol (dir.), Flavio Mitridate mediatore…, op. cit., p. 17-26.

40- B. Rocco, «Le tre lingue usate dagli ebrei… », art. cit., à compléter par Mandalà, Giuseppe, «Un codice arabo in caratteri ebraici dalla Trapani degli Abbate (Vat. Ebr. 358) », Sefarad, 71-1, 2011, p. 724 CrossRefGoogle Scholar. La récente attribution de certains manuscrits judéo-arabes (comme le manuscrit copié en 1297 à Trapani) à un contexte de copie sicilien permet d’enrichir le dossier de la pratique de l’arabe en Sicile, de l’onomastique à la copie érudite en passant par les rédactions d’actes ou de fragments d’actes et les témoignages indirects (des chrétiens soulignant occasionnellement l’usage d’une langue spéciale de communication par les juifs par exemple).

41- B. Rocco, «Le tre lingue usate dagli ebrei… », art. cit., p. 361.

42- Ibid., p. 363 ; Bresc, H., Arabes de langue…, op. cit., p. 4950 Google Scholar. Cela pose la question (probablement insoluble en l’état de la documentation) de l’évolution du (des) judéoarabe(s) sicilien(s) entre 1060, et surtout 1300, et 1492, et de son (de leur) statut linguistique à la fin de la période. L’élément de comparaison central est le maltais, qui évolue, au cours du bas Moyen Âge et du début de l’époque moderne, du statut de dialecte arabe vers celui de langue autonome, notamment sous la pression d’une latinisation progressive du lexique. Il faut néanmoins souligner que dans la mesure où la pratique de l’arabe par les communautés judéo-siciliennes incluait tout un spectre de pratiques différenciées (apports ouest-maghrébins du XIIIe siècle, pratique de différentes langues écrites plus ou moins conservatrices, contacts réguliers avec le Maghreb après 1300), le continuum sociolinguistique avec l’arabe a pu mieux résister qu’à Malte. C’est ce que semblerait montrer, dans certaines limites, la carrière de Moncada/Mithridate (infra, p. 626-627).

43- B. Rocco, «Le tre lingue usate dagli ebrei… », art. cit., p. 368 ; Bresc, H., Arabes de langue…, op. cit., p. 50 Google Scholar.

44- On peut indiquer trois lignes directrices : italianisation progressive, favorisée par la connaissance probablement généralisée des dialectes romans siciliens, pour la partie de la communauté résidant en Italie (Rome, Italie du Nord) ; judéo-hispanisation des communautés établies près du centre de l’empire ottoman, qui s’agrégèrent aux communautés sépharades, facilitée par la proximité des langues ibériques avec les dialectes italiens, mais aussi par les liens étroits de la Sicile aragonaise avec la péninsule Ibérique; maintien de l’arabe et perte de ses caractéristiques judéo-siciliennes pour la minorité qui s’établit dans la partie arabophone de l’empire ottoman (Damas, Jérusalem, Égypte). Il serait intéressant de savoir si les pratiques linguistiques des différentes communautés siciliennes ont pu influencer leurs choix migratoires, avec un départ pour le monde arabe dans les communautés où l’arabophonie était la plus forte. Voir Schwarzfuchs, Simon, «The Sicilian Jewish Communities in the Ottoman Empire », in Carucci, P. (dir.), Italia Judaica…, op. cit., p. 399411.Google Scholar

45- Bresc, H., Arabes de langue…, op. cit., p. 41 Google Scholar, à propos d’un échange en hébreu rapporté par un chrétien à Modica (province de Raguse).

46- Ibid., p. 39-40 et 46-47. Des activités de traducteur de documents arabes d’époque normande sont attestées dès 1291, tandis que, en 1441 encore, un juif sicilien sert d’interprète entre un marchand valencien et un Tripolitain.

47- Sur le contexte des traductions de Faraj ibn Sālim pour Charles Ier d’Anjou, voir Zonta, Mauro, «The Jewish Mediation in the Transmission of Arabo-Islamic Science and Philosophy to the Latin Middle Ages: Historical Overview and Perspectives of Research », in Speer, A. et Wegener, L. (dir.), Wissen über Grenzen…, op. cit., p. 89105 Google Scholar, en particulier p. 92 et 97.

48- Sur Moncada/Mithridate, voir M. Perani (dir.), Guglielmo Raimondo Moncada…, op. cit., ainsi que M. Perani et G. Corazzol (dir.), Flavio Mitridate mediatore…, op. cit., ainsi qu’infra, p. 626-629.

49- G. Mandalà, «Da Toledo a Palermo… », art. cit. Les ibn al-Aḥdab/Belladeb (forme sicilianisée de leur nom dans les documents latins) forment une dynastie de lettrés palermitains qui assume un rôle d’importance pendant tout le XVe siècle. L’oncle de Moncada/Mithridate, le rabbin Farājī Bu ‘l-Faraj, est disciple d’ibn al-Aḥdab, et Moncada insère une traduction latine de l’une de ses œuvres astronomiques en hébreu, s’appuyant elle-même sur des écrits mathématiques arabes, dans l’anthologie partiellement bilingue arabe-latine du ms. Urb. Lat. 1384 de la Bibliothèque vaticane, ce qui suggère que certains autres textes arabes utilisés par Moncada/Mithridate ont pu arriver en Sicile depuis la Castille par le biais de cette famille.

50- Camilleri, Andrea, Inseguendo un’ombra, Palerme, Sellerio, 2014 Google Scholar.

51- La question est délicate, car il s’agit de mesurer le degré de diffusion de connaissances souvent surévalué par la littérature traditionnelle représentant les savants juifs médiévaux du Nord du monde méditerranéen (Provence et Italie comprise) comme maîtrisant l’arabe (au moins à l’écrit), ce qui est loin d’être systématiquement le cas aux XIVe et XVe siècles. Voir M. Zonta, «The Jewish Mediation… », art. cit., p. 104-105. À noter toutefois l’édition princeps à Naples, en 1488, du Maqré Dardéqé [Instructeur des enfants], glossaire biblique trilingue hébreu-italien-arabe composé au tournant des XIVe et XVe siècles par Perez Trebot, juif d’origine catalane ayant résidé en France, puis en Italie, témoin du maintien d’une pratique lettrée de l’arabe dans l’Italie continentale des XIVe-XVe siècles, grâce à des afflux ibériques. Voir sur ce texte et sa composante arabe Ofra Tirosh-Becker, « ‘Ha-glosot ha-‘araviyot she-be-Makre Dardeke be-nusaḥha-’italki : mah tivan ? [Les gloses arabes contenues dans le Maqré Dardéqé dans son édition italienne : quelle nature ?] », Italia. Studi e ricerche sulla storia, la cultura e la letteratura degli ebrei di Italia, 9, 1990, p. 37-77.

52- Voir l’introduction de Beltramo Mignanelli à son Liber de variantibus Psalterii transcrite dans A.M. PIEMONTESE, «La lingua araba comparata… », art. cit., p. 157 : Et etiam hebrej stolidi non tamen omnes extollunt linguam ipsorum propter primam cuius argumentum est falsissimum et sic esse provabi multis ex eorum doctoribus qui proh dolorem Senis prope me habitant et maxime arabicum scientibus qui negare non possunt ne negant.

53- Sur la carrière sicilienne de Moncada/Mithridate, voir Scandaliato, Angela, Judaica minora sicula. Indagini sugli ebrei di Sicilia nel Medioevo, Florence, Giuntina, 2006 Google Scholar. Sur sa carrière péninsulaire, voir Flavius Mithridates, Sermo de passione Domini, éd. par C. Wirszubski, Jérusalem, The Israel Academy of Sciences and Humanities, 1963 ; supra, n. 6 et 29.

54- A. M. Piemontese, « Il corano latino… », art. cit., p. 260, transcription de la dédicace d’une anthologie coranique bilingue exécutée par Moncada/Mithridate pour le duc d’Urbino (ms. Urb. Lat. 1384, fol. 63v-64r).

55- Scandaliato, Angela, « From Sicily to Rome: The Cultural Route of Michele Zumat, Physician and Rabbi in the 16th Century », in Simonsohn, S. et Shatzmiller, J. (éd.), The Italia Judaica Jubilee Conference, Leyde, Brill, 2012, p. 199211.Google Scholar

56- Sur Egidio da Viterbo et ses activités de supervision de traduction de l’arabe, voir Burman, T. E., Reading the Qur’ān…, op. cit., p. 149177 Google Scholar. Sur ses copies de traductions de textes de la kabbale par Mithridate, voir Busi, Giulio, L’enigma dell’ebraico nel Rinascimento, Turin, Nino Aragno, 2007, p. 44, n. 69Google Scholar.

57- Voir supra, n. 44.

58- Mandalà, Giuseppe et Scandaliato, Angela, «Guglielmo Raimondo Moncada e Annaio da Viterbo : proposte di identificazione e prospettive di ricerca », in Perani, M. et Corazzol, G. (dir.), Flavio Mitridate mediatore…, op. cit., p. 216, n. 70Google Scholar. Biaxander, originaire de Mineo, possède des manuscrits hébreux et arabo-hébraïques (A.M. Piemontese, «Trinacria arabistica… », art. cit., p. 183-185 ; Id., « Codici giudeo-arabi… », art. cit., p. 179-181), mais s’affirme dans ses poésies latines d’origine gréco-dalmate ( Vattasso, Marco, Antonio Flaminio e le principali poesie dell’autografo Vaticano 2870, Rome, Tipografia Vaticana, 1900, p. 9 Google Scholar).

59- Mahmoud Helmy, N., Tra Siena, l’Oriente e la Curia…, op. cit., p. 64 et 112Google Scholar.

60- Ibid., p. 266-270 ; A.M. Piemontese, «La lingua araba comparata… », art. cit. (avec transcription de l’introduction).

61- L’activité de Mignanelli dans différents conciles, notamment à Constance et à Florence, en qualité d’interprète, est l’un des aspects les plus remarquables de sa carrière d’arabisant : elle illustre l’ambiguïté de la position de ces « passeurs » qui doivent, à cause de leur petit nombre, assumer des fonctions d’interprète en dépit de leur absence de spécialisation dans certains langages techniques (ici celui de la théologie). Voir N.MAHMOUD HELMY, Tra Siena, l’Oriente e la Curia…, op. cit., p. 76 et 86-87. Sur les difficultés présentées par le travail d’interprétariat et de traduction arabe-latin à Florence, voir p. 212-213 le témoignage de Flavio Biondo. Les activités curiales de Mignanelli l’ont par ailleurs incité à écrire des traités géopolitiques sur la lutte contre les pouvoirs musulmans, apparemment sur demande de la papauté, comme l’Informatio contra infideles.

62- Sur la carrière d’Alpago, voir Lucchetta, Francesca, Il medico e filosofo belluneseAndrea Alpago († 1522) traduttore di Avicenna. Profilo biografico, Padoue, Antenore, 1964 Google Scholar.

63- A. Scandaliato, Judaica minora…, op. cit., en particulier p. 495-505 sur les luttesopposant la famille de Moncada et la famille Sacigtono pour le contrôle du studium/yeshiva de Sciacca dans les années 1470. Sur le studium de Sciacca, voir p. 93-105.

64- Starrabba, Raffaele, «Guglielmo Raimondo Moncada, ebreo convertito siciliano del secolo XV », Archivio storico siciliano, n. s., 3, 1878, p. 1591 Google Scholar.

65- Magistralement analysé et édité dans Flavius Mithridates, Sermo de passione Domini, op. cit. L’impression faite par cette « performance » linguistico-théologique est consignée dans le journal de Giacomo Gherardi (ibid., p. 11).

66- A. M. Piemontese, «Guglielmo Raimondo Moncada… », art. cit. ; à compléter par Grévin, Benoît, «Editing an Illuminated Arabic-Latin Masterwork of the Fifteenth Century: Manuscript Urb. Lat. 1384 as a Scientific Challenge », in Mandalà, G. et Martín, I. P. (éd.), Multilingual and Multigraphic Documents of East and West, sous presse Google Scholar.

67- Pour la reconstitution de sa carrière dans les années 1480, voir M. Perani (dir.), Guglielmo Raimondo Moncada…, op. cit., et M. Perani et G. Corazzol (dir.), Flavio Mitridate mediatore…, op. cit. Pour les aspects plus directement en rapport avec l’enseignement de l’arabe, voir A.M. Piemontese, « I codici… », cit.

68- Pour les traductions de l’hébreu (et de l’araméen) en latin, voir Andreatta, Michela (éd.), Gersonide. Commento al Cantico dei Cantici nella traduzione ebraico-latina di Flavio Mitridate. Edizione e commento del ms. Vat. Lat. 4273 (cc. 5r-54r), Florence, L. S.Olschki, 2009 Google Scholar ; Campanini, Saverio (éd.), The Book of Bahir: Flavius Mithridates’ Latin Translation, The Hebrew Text, and an English Version, Turin, Nino Aragno, 2005 Google Scholar ; Recanati, Menaḥem, Commentary on the Daily Prayers, Flavius Mithridates’ Latin translation, the Hebrew Text, and an English Version, éd. par Corazzol, G., 2 t., Turin, Nino Aragno, 2008 Google Scholar. Les deux domaines, arabe et hébréo-araméen, sont loin d’être cloisonnés. La traduction du commentaire de Gersonide comporte par exemple une note de comparaison sur l’hébreu et l’arabe (p. 189), et des remarques analogues existent dans les notes reportées par Moncada sur le ms. Vat. Ebr. 357.

69- Sur ces travaux effectués sur un Coran très particulier, voir A.M. Piemontese, « Il corano latino… », art. cit., p. 266-272 ; Benoît Grévin, «Le ‘Coran de Mithridate’ (ms. Vat. Ebr. 357) à la croisée des savoirs arabes dans l’Italie du XVe siècle », Al-Qanṭara, 31-2, 2010, p. 513-548 ; Id., « Flavius Mithridate au travail sur le Coran », in Perani, M. et Corazzol, G. (dir.), Flavio Mitridate mediatore…, op. cit., p. 200230 Google Scholar.

70- Campanini, Saverio, «Guglielmo Raimondo Moncada (alias Flavio Mitridate) traduttore di opere cabbalistiche », in Perani, M. (dir.), Guglielmo Raimondo Moncada…, op. cit., p. 7480 Google Scholar.

71- Outre le problème du niveau réel de ses traductions d’arabe, on peut mentionner l’étrange subterfuge consistant à faire croire à Pico della Mirandola comme à d’autres interlocuteurs que l’alphasyllabaire éthiopien était en fait une écriture sacrée chaldéenne, et à encoder des phrases araméennes dans ce système. Sur ce procédé, voir Mithridates, Flavius, Sermo de passione Domini, op. cit., p. 3543 Google Scholar, et pour le problème général d’assimilation chaldéen-éthiopien au XVe siècle, Kelly, Samantha, «The Curious Case of Ethiopic Chaldean: Fraud, Philology, and Cultural (Mis)understanding in European Conceptions of Ethiopia », Renaissance Quarterly, sous presse Google Scholar.

72- B. Grévin, «Editing an Illuminated Arabic-Latin Masterwork… », art. cit.

73- Idel, Mosheh, La cabbalá in Italia, 1280-1510, Florence, Giuntina, 2007 Google Scholar ; G. Busi, L’enigma dell’ebraico…, op. cit.

74- Altaner, Berthold, «Die Durchführung des Vienner Konzilsbeschlusses über die Errichtung von Lehrstühlen für orientalische Sprachen », Zeitschrift für Kirchengeschichte, 52, 1933, p. 223236 Google Scholar.

75- G. Vercellin, Il Canone di Avicenna…, op. cit., p. 17-49. Sur les premières impressions vénitiennes du Coran dans la première moitié du XVIe siècle, voir Nuovo, Angela, « Il Corano arabo ritrovato (Venezia, P. e. A. Paganini, tra l’agosto 1537 e l’agosto 1538) », La bibliofilia, 89, 1987, p. 237270 Google Scholar ; M. Borrmans, « Présentation de la première édition… », art. cit. ; Barbieri, Edoardo, « La tipografia araba a Venezia nel XVI secolo. Unatestimonianza d’archivio dimenticata », Quaderni di studi arabi, 9, 1991, p. 127131 Google Scholar.

76- Au contraire de ses traductions contenues dans le ms. Urb. Lat. 1384.

77- Sur Agostino Giustiniani, voir Cevolotto, Aurelio, «Giustiniani, Agostino », Dizionario biografico degli Italiani, Rome, Istituto della Enciclopedia italiana, 2001, vol. 57, p. 301306 Google Scholar. Il publie un psautier quintilingue hébreu, grec, arabe, araméen, latin (Psalterium hebraeum, Graecum, Arabicum et Chaldeum, cum tribus latinis interpretationibus et glossis) en 1516 à Gènes. Sur Egidio da Viterbo, voir supra, n. 1.

78- Voir, pour divers aspects des continuités et discontinuités de l’enseignement del’arabe au XVIe siècle, Hartmut BOBZIN, Der Koran im Zeitalter der Reformation. Studien zur Frühgeschichte der Arabistik und Islamkunde in Europa, Beyrouth, Orient Institut Beirut, 2008, ainsi que Fani, Sara et Farina, Margherita (dir.), Le vie delle lettere. La tipografia medicea tra Roma e l’Oriente, Florence, Mandragora, 2012 Google Scholar. Pour l’enseignement de l’arabe en Italie au XVIIe siècle, voir Aurélien Girard, Le christianisme oriental, XVIIe-XVIIIe siècles. Essor de l’orientalisme catholique et construction des identités confessionnelles au Proche-Orient, à paraître dans la Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome.

79- Voir U. Roth et R. F. Glei, «Die Spuren… », art. cit., et Wiegers, Gerard, Islamic Literature in Spanish and Aljamiado: Yça de Segovia (fl. 1450), His Antecedents and Successors, Leyde, Brill, 1994 Google Scholar, fondamental pour l’activité et le milieu des informateurs mudéjars des lettrés latins, et notamment d’Iça, traducteur du Coran pour le compte de Juan de Sevogia.

80- Sur ces copies et leur utilisation, voir pour le traité magique Lippincott, Kristen, «More on ibn al-Ḥātim », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 51, 1988, p. 188190 CrossRefGoogle Scholar, et pour l’anthologie coranique Burman, T. E., Reading the Qur’ān…, op. cit., p. 145148 Google Scholar.

81- Valérian, Dominique, «Les relations entre l’Italie et le Maghreb dans la seconde moitié du XVe siècle. Les conditions d’un nouvel essor », in Grévin, B. (dir.), Maghreb-Italie…, op. cit., p. 101102 Google Scholar.

82- Sur la partie magique du manuscrit, voir en particulier Lippincott, Kristen et Pingree, David, « Ibn al-Ḥātim on the Talismans of the Lunar Mansions », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 50, 1987, p. 5681 CrossRefGoogle Scholar, et sur la complexité de son programme global, ainsi que sur le problème posé par l’identité d’Ibn al-Ḥātim, B.Grévin, «Editing an Illuminated Arabic-Latin Masterwork… », art. cit.

83- Piemontese, A.M., « Le iscrizioni arabi nella Poliphili Hypnerotomachia », in Burnett, C. et Contadini, A. (éd.), Islam and the Italian Renaissance, Londres, The Warburg Institute, 1999, p. 199217 Google Scholar.

84- Ibid., p. 207-211.

85- Annoncée dans Mahmoud Helmy, N., Tra Siena, l’Oriente e la Curia…, op. cit., p. 266 Google Scholar.

86- Voir la transcription donnée par A.M. Piemontese, «La lingua araba comparata… », art. cit., p. 156-157, et les commentaires de Mahmoud Helmy, N., Tra Siena, l’Oriente e la Curia…, op. cit., p. 267270 Google Scholar.

87- Ibid., p. 267-268 ; reproduction d’une planche dans A.M. Piemontese, « Beltramo Mignanelli… », art. cit., p. 165 ; commentaires dans B. Grévin, «Connaissance et enseignement de l’arabe… », p. 123-124.

88- A.M. Piemontese, « Codici greco-latino-arabi… », art. cit., p. 464 ; Id., « Traccia araba… », p. 49-50.

89- B. Grévin, «Editing an Illuminated Arabic-Latin Masterwork… », art. cit. ; Id., « Le‘Coran de Mithridate’… », art. cit. ; Id., «Mithridate au travail sur le Coran… », art. cit., travaux préparatoires à une édition des différentes strates du texte et commentaire coranique contenu dans la seconde partie du ms. Vat. Ebr. 357.

90- H. Bobzin, Der Koran im Zeitalter der Reformation…, op. cit. ; T. E. Burman, Reading the Qur’ān…, op. cit.

91- Bibliotheca apostolica Vaticana, ms. Urb. Lat. 1384, fol. 63v-64r, texte commenté par A.M. Piemontese, « Il corano latino… », art. cit., p. 260, et Id., «Guglielmo Raimondo Moncada alla Corte di Urbino », art. cit., p. 161-162. En postulant un projet pentaglotte (latin, arabe, hébreu, chaldéen et syriaque), voire hexaglotte (latin, arabe, hébreu, chaldéen, syriaque et turc), Moncada ne parle expressément que d’un projet arabe, latin, hébreu et araméen, qui peut être comparé avec la réalisation du psautier quintilingue d’Agostino Giustiniani une génération plus tard (supra, n. 77).

92- Ms. Vat. Ebr. 357, fol. 151-156.

93- Voir supra, n. 69. Pour le statut du texte coranique, voir Benoît Grévin, «Le judéo-arabe. Un concept linguistique et ses limites textuelles », à paraître dans La fabrique del’ethnie dans l’Islam médiéval.

94- Coran XXI, 96, commenté dans le lexique d’explication à la traduction de la sourate du ms. BAV Urb. Lat. 1384 (fol. 73v), mais également dans les marges du ms. BAV Vat. Ebr. 357 (fol. 99v), avec des détails qui éclairent les allusions du manuscrit d’apparat. Sur ce point, voir B. Grévin, «Le ‘Coran de Mithridate’… », art. cit., p. 536, n. 84.

95- Voir supra, n. 69. Sur les cas similaires de Corans ou de fragments de textes coraniques circulant dans les communautés juives médiévales sous une graphie hébraïque, voir Paudice, Aleida, «On Three Extant Sources of the Qur’ān Transcribed in Hebrew», European Journal of Jewish Studies, 2-2, 2008, p. 213257.CrossRefGoogle Scholar

96- A. M. Piemontese, « Il corano latino… », art. cit.

97- Il s’agit de l’édition de la traduction latine de Robert de Ketton et d’autres éléments du « dossier sur l’islam clunisien » par Théodore Bibliander (Bâle, 1542/1543). Sur le statut complexe de cette édition, voir Bobzin, H., Der Koran im Zeitalter der Reformation…, op. cit., p. 181275 Google Scholar, et pour les gloses arabes en caractères hébraïques, p. 254-262. H. Bobzin renvoie avant tout ce choix graphique à un problème de rareté ou d’absence des caractères arabes dans les imprimeries contemporaines, tout en notant des pratiques équivalentes depuis la fin du XVe siècle, dont celle utilisée pour l’édition napolitaine du Maqré Dardéqé de 1488.

98- A.M. Piemontese, «La lingua araba comparata… », art. cit., p. 157 (fin de l’introduction au Liber de variantibus Psalterii) :Et sciant me dimisse illud spatium inter versum et versumet differentiam et differentiam est cupiens in eo ponere in hebraico sicut in arabico scriptum est.

99- Voir sur ces points de vue négatifs les références données supra, n. 1, et déjà Vida, Giorgio Levi Della, Ricerche sulla formazione del più antico fondo dei manoscritti orientali della Biblioteca Vaticana, Cité du Vatican, Biblioteca apostolica Vaticana, 1939, p. 9293 et 159-163Google Scholar.

100- B. Grévin, «Le ‘Coran de Mithridate’… », art. cit., p. 537, en particulier n. 89.

101- Sur la structure du/des judéo-arabe(s) sicilien(s), voir supra, n. 42.

102- B. Grévin, «Le ‘Coran de Mithridate’… », art. cit., p. 539, n. 93.