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Dialogues de Grands Esprits : Leibniz, spinoza et le problème de l'incroyance au XVIIe siècle

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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« Leibniz juge de Spinoza : qu'avons-nous à faire, historiens, avec un livre, avec une thèse philosophique de Sorbonne qui porte ce titre ? Ne nous trompons point de rayon. Ne transformons pas les Annales en Revue Philosophique… » Ainsi disent les sages, amis des justes barrières. Leur prudence éprouvée se trouve en défaut aujourd'hui. Confiez-vous à Georges Friedmann, installez-vous au coeur de son livre : quel beau voyage, plein de périls, mais que la finesse du guide permettra d'éviter — quel beau voyage pour l'historien à travers les profondeurs de l'esprit et du cœur des hommes, des grands hommes du XVIIe siècle finissant !…

L'esprit, le coeur : vieux mots, grands mots. Je ne les écris que pour « rattraper » ce qu'il y a de sec, d'inexact et de pauvre dans la conception traditionnelle d'une histoire Intellectuelle n'accordant d'attention qu-au seul jeu des concepts.

Type
Essais
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1947

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References

1. Leibniz et Spinoza, Paris, Gallimard, 1946, in-8°, p. 321.

page 46 note 1. Freudenthal, Jakob, Dos Leben Spinosas, Stuttgart, 1904, p. 274-75Google Scholar.

page 47 note 1. Notons quelques dates importantes dans l'histoire des premières relations de Leibniz avec la pensée de Spinoza et avec Spinoza lui-même. Première mention faite de Spinoza par Leibniz : lettre d'avril 1669 à Thomasius ; Spinoza n'est alors pour Leibniz que l'auteur des Principia Renati Descartes, parus en 1663 — le seul ouvrage que Spinoza ait signé. — Quand paraît en 1670 le Tractatus Theologico-Politicus, Leibniz s'associe aux protestations, aux indignations que le livre provoqua dans son milieu : mais a-t-il alors lu le Tractatus ? En mai 1671, le ton devint plus modéré : doleo virum doctum, ut apparet, huc prolapsum — et peu après, première lettre de Leibniz « à M. Spinoza, médecin très célèbre et philosophe très profond », illustris et amplissimus vir : elle ne traite que die questions d'optique. Réponse prompte et courtoise de Spinoza qui propose à Leibniz de lui envoyer son Traité théologico-politique. Leibniz saisit la bail© au bond ; échanges de lettres, perdues : Spinoza qualifie Leibniz de libérale ingenium. Or, à ce même moment, Leibniz entre en relations avec Ant. Arnaud (fin 1671 ou début 1672) ; et, dans une célèbre lettre, il dénonce « l'ouvrage effrayant » sur la liberté de penser qui veut saper les bases de la religion. Mais Leibniz ne dit pas à Arnaud qu'il correspond courtoisement avec l'auteur du livre abominable.

page 48 note 1. Même attitude, par conséquent, que celle que nous signalions plus haut, à propos des relations de Leibniz avec Ant. Arnaud.

page 48 note 2. Voir les injures que prodigue à Spinoza, l'auteur du livre des Trots Grands Imposteurs (qui sont Herbert de Cherbury, Hobbes et Spinoza), Christian Korlholt : « Puisse-t-il être dévoré par la gale ! Il est Benedictus Spinoza, qui mériterait plutôt d'être appelé Maledictus ! », etc., etc. Son fils, rééditant son livre, lui fait écho avec plus de violence encore.

page 49 note 1. IV, 15. Ed. Gerhardt, t. V, p. 443.

page 49 note 2. Georges Friedmann insiste à plusieurs reprises (et notamment dans un substantiel appendice) non seulement sur ce qu'a pu devoir à ses devanciers de la Renaissance la pensée die Leibniz — mais encore sur l'aspect « Homme de la Renaissance » de celui qu'il propose d'appeler « un Paracelse du XVIIe siècle » — non sans quelque exagération, en ce qui concerne Paracelse, et quelque injustice en ce qui concerne Leibniz. Il n'en est pas moins vrai que ce « moderne », Leibniz, formé par la scolastique, demeura toute sa vie, par certains côtés, un scoîastique. Ce qui l'inclinait à s'intéresser aux spéculations de ces « naturalistes » de la Renaissance qui, par bien des côtés, eux aussi, se relient aux scolastiques, mais apportent en propre leur souci de se représenter le monde dans son infinité et dans l'intimité de ses forces Vivantes. Leibniz les a suivis jusqu'aux prolongements occultistes et cabalistes de leur pensée trouble. N'oublions pas qu'il s'affilia tout jeune aux Rose-Croix de Nuremberg et qu'il ne cessa de s'intéresser à «ne Chimie qui était encore die. l'Alchimie.

page 50 note 1. Ailleurs encore, cette excellente formule : Au fond, Leibniz « éprouvait moins d'horreur pour Spinoza qu'il ne voulait le dire à Thomasius, et une admiration plus mitigée que celle qu'il communiquait à Tschirnhaus ».

page 51 note 1. Cf. ce que j'en ai dit ici même : « Le Machiavel d'Augustin Renaudet », Mélanges d'Histoire Sociale, fasc. IV, 1943, noté p. 26.

page 52 note 1. ,Sur tout ceci, df. Febyre, Lucien, Mélanges d'Histoire Sociale, fasc. VI, 1944 Google Scholar.

page 52 note 2. Pensées, éd. Brunsohvicg, n° 144.