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Écrivains « noirs » et prix littéraires

Enquête et contre-attaque selon Mohamed Mbougar Sarr

Published online by Cambridge University Press:  12 January 2023

Elara Bertho*
Affiliation:
CNRS, LAM (Les Afriques dans le monde UMR 5115)elara.bertho@gmail.com

Abstract

Cet article analyse La plus secrète mémoire des hommes, dernier roman de l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, récipiendaire du prix Goncourt en 2021. Sous la forme d’un roman-monde, ce texte traverse le long xxe siècle en explorant les relations entretenues entre littérature et universel. Le personnage d’Elimane, au centre du récit, met en lumière la réception racialisée de la littérature francophone et la manière dont les écrivains sont lus par la critique. Il fait office de double fictionnel pour représenter non seulement la trajectoire de Yambo Ouologuem, mais aussi celle toute une série d’autres écrivains ayant été la cible de cabales médiatiques, à l’instar de Camara Laye, de Bakary Diallo ou encore de René Maran. L’article montre qu’en représentant cette réception racialisée, Mbougar Sarr utilise la fiction elle-même pour jouer avec ces assignations critiques. Le jeu entre histoire et littérature, mis en scène dans le roman, contribue à élaborer les pistes d’un nouvel universel littéraire, reprenant et glosant les propositions de Souleymane Bachir Diagne à propos de l’universel latéral. Pastiche, ironie, décalages, jeux de doubles et de miroirs, entremêlement d’intertextualité sont les armes de l’écrivain pour mettre en scène la puissance de la fiction face aux lectures racialisantes.

This article proposes an analysis of La plus secrète mémoire des hommes, the most recent novel by Senegalese author Mohamed Mbougar Sarr, winner of the Prix Goncourt in 2021. In the form of a roman-monde or world-novel, this text traverses the long twentieth century, exploring the relationships between literature and the universal. The character of Elimane, at the center of the narrative, brings into focus the racialized reception of Francophone literature and critical responses to its authors. Elimane’s trajectory serves as a fictional double not only for that of Yambo Ouologuem, but also for a whole series of other writers targeted by media cabals, such as Camara Laye, Bakary Diallo, and René Maran. The article shows that in representing this racialized reception, Mbougar Sarr uses fiction itself to play with these critical labels. The interplay between history and literature staged in the novel contributes to the elaboration of a new literary universal, taking up and glossing Souleymane Bachir Diagne’s notion of the “lateral universal.” Pastiche, irony, inconsistencies, games with doubles and mirrors, and the tangle of intertextuality are all mobilized by Mbougar Sarr to emphasize the power of fiction to resist racialized readings.

Type
Histoire d'un livre
Copyright
© Éditions de l’EHESS

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References

1 Mohamed Mbougar Sarr, La plus secrète mémoire des hommes, Paris/Dakar, Philippe Rey/Jimsaan, 2021. Je remercie Camille Lefebvre, Vincent Azoulay et Antoine Lilti pour leurs suggestions et leurs relectures.

2 Souleymane Bachir Diagne et Jean-Loup Amselle, En quête d’Afrique(s). Universalisme et pensée décoloniale, Paris, Albin Michel, 2018. Cette notion est reprise dans son autobiographie, parue récemment : Souleymane Bachir Diagne, Le fagot de ma mémoire, Paris, Philippe Rey, 2021.

3 Sarah Burnautzki, Les frontières racialisées de la littérature française. Contrôle au faciès et stratégies de passage, Paris, H. Champion, 2017. Voir également la nuance apportée par Jean-Pierre Orban, « Contre, sans et après Ouologuem : le paradoxe des (ré)éditions et des études de son œuvre », Fabula/Les colloques, 2019, § 14 et 15, http://www.fabula.org/colloques/document6003.php, appelant à faire la part des éditeurs et de la réception dans l’analyse de la « racialisation » : « La rétractation alimentait elle-même les présomptions de connivence […] sur le traitement défavorable dont les écrivains africains auraient fait l’objet dans les processus éditoriaux français. Présomption reprise par Sarah Burnautzki dans sa thèse de 2014 publiée en 2017, Les frontières racialisées de la littérature française, et qui amplifie le ressenti d’une situation binaire où s’affronteraient en rangs opposés une catégorie compacte d’auteurs africains noirs et un ‘espace’ littéraire, intellectuel et médiatique blanc homogène. Quel que soit le bien-fondé de semblables analyses, en particulier pour la part française de cet ‘espace’, il nous semble qu’il conviendrait de distinguer, à l’intérieur de celui-ci, les différents territoires qui le composent, entre média et édition par exemple, et, au sein de l’édition, les spécificités historiques, idéologiques et commerciales de chacune de ses entités. Surtout, il s’agit, une fois que le manuscrit a franchi le seuil de la maison d’édition, de tenter d’étudier chaque cas comme à la fois particulier – engagé dans un processus qui lui est adapté – et général –, appliqué à tout manuscrit proposé ou même commandé. »

4 Koffi Anyinefa, « Scandales. Littérature francophone africaine et identité/Scandals: Francophone African Literature and Identity », Cahiers d’études africaines, 48-191, 2008, p. 457‑486.

5 Didier Decoin, l’actuel président du jury Goncourt, n’est lui-même pas exempt de préjugés exotisants. En témoignent ses quelques tournures maladroites (au mieux) quant à l’africanité du roman : « certaines tournures qui semblent hermétiques, mais je trouve qu’elles sont un peu africaines », « c’est comme quand je regarde une sculpture fétichiste », dit-il par exemple : Isabelle Contreras, Dahlia Girgis et Thomas Faidherbe, « Le prix Goncourt pour Mohamed Mbougar Sarr », Livres Hebdo, 5 nov. 2021, https://www.livreshebdo.fr/article/le-prix-goncourt-2021-pour-mohamed-mbougar-sarr.

6 Graham Huggan, The Postcolonial Exotic: Marketing the Margin, Londres, Routledge, 2001, cité par Claire Ducournau, La fabrique des classiques africains. Écrivains d’Afrique subsaharienne francophone (1960-2012), Paris, CNRS Éditions, 2017, p. 16.

7 Voir la brève de Cheikh Tidiane Kandé, « Mohamed Mbougar Sarr – Pour apologie à ‘l’homosexualité’, un retrait tous azimuts de félicitations », Senego, 5 nov. 2021, https://senego.com/mohamed-mbougar-sarr-pour-apologie-a-lhomosexualite-un-retrait-tous-azimuts-de-felicitations_1342663.html, et divers messages sur Twitter (dont un seul exemple, éloquent : « Voici leur nouvel instrument de propagande de l’homosexualité européenne en terre africaine. Mbougar Sarr tu es un vendu, tu fais honte au Sénégal » [@EZORKPIN, 4 nov. 2021]).

8 Pascale Casanova, La République mondiale des Lettres, Paris, Éd. du Seuil, 1999.

9 Ahmadou Kourouma, « Préface », in B. Mongo-Mboussa, Désir d’Afrique, Paris, Gallimard, [2002] 2020, p. 15-17, ici p. 15.

10 Boubacar Boris Diop dirige par ailleurs la collection Céytu (chez les Éditions Zulma) de littérature en langue wolof. Pour l’importance politique d’une littérature éditée en wolof et le rôle de B. B. Diop dans la configuration de ce champ littéraire émergent, voir la thèse d’Alice Chaudemanche, Romans (en) wolof : traduction et configuration d’un genre, thèse de doctorat, université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, 2021.

11 Felwine Sarr et Bénédicte Savoy, Restituer le patrimoine africain, Paris, Philippe Rey/Éd. du Seuil, 2018. Concernant sa poésie et son éthique humaniste, voir Elara Bertho, « Restituer = relier, habiter. La pensée cosmopolite de Felwine Sarr », Multitudes, 78-1, 2020, p. 206‑210.

12 Sur ces soupçons, voir Norimitsu Onishi et Constant Méheut, « Le Goncourt renoue-t-il avec les conflits d’intérêts ? », New York Times, 29 sept. 2021, https://www.nytimes.com/fr/2021/09/29/world/europe/goncourt-laurens-jury-pivot.html.

13 Étienne Anheim et Antoine Lilti, « Introduction », in É. Anheim et A. Lilti (dir.), no spécial « Savoirs de la littérature », Annales HSS, 65-2, 2010, p. 253‑260.

14 Les Annales, « Le temps du récit », no spécial « Autoportrait d’une revue », Annales HSS, 75-3/4, 2020, p. 447‑463 ; Paul Ricœur, Temps et récit, vol. 3, Le temps raconté, Paris, Éd. du Seuil, 1985.

15 Elara Bertho, Sorcières, tyrans, héros. Mémoires postcoloniales de résistants africains, Paris, Honoré Champion, 2019, p. 337.

16 Jean-Marie Schaeffer, Pourquoi la fiction ?, Paris, Éd. du Seuil, 1999.

17 Laurent Demanze, Un nouvel âge de l’enquête. Portraits de l’écrivain contemporain en enquêteur, Paris, José Corti, 2019.

18 Yambo Ouologuem, Le devoir de violence, Paris, Éd. du Seuil, 1968. Se jouant des temporalités, Mbougar Sarr situe la parution de ce livre trente ans plus tôt dans sa fiction.

19 Léopold Sédar Senghor, « Comme les lamantins vont boire à la source » [1956], in Poésie complète, Paris, CNRS Éditions/ITEM/Agence universitaire de la francophonie, 2007, p. 268-276 ; M. Mbougar Sarr, La plus secrète mémoire des hommes, op. cit., p. 18.

20 Voir le colloque consacré en 2018 à l’œuvre de Yambo Ouologuem : Christine Le Quellec Cottier et Anthony Mangeon (dir.), « L’œuvre de Yambo Ouologuem, un carrefour d’écritures. 1968-2018 », Fabula/Les colloques, 2019, https://www.fabula.org/colloques/sommaire5979.php.

21 André Schwartz-Bart, Le dernier des Justes, Paris, Éd. du Seuil, 1959 ; Romain Gary, Les racines du ciel, Paris, Gallimard, 1956. Voir Olivier Cariguel, « Romain Gary sous le feu des critiques : morceaux choisis », Revue des deux mondes, 17 mai 2021, p. 54‑58. Il est tentant de voir dans Morel un double d’Elimane, par son caractère exalté, fuyant, toujours insaisissable. Ce n’est pourtant pas une référence reconnue par Mbougar Sarr (communication personnelle avec l’auteur, 22 févr. 2022).

22 Marie Darrieussecq a par exemple été accusée par Camille Laurens d’un type de plagiat particulier, celui du « plagiat psychique ». Voir la réponse de l’éditeur des deux romancières : Paul Otchakovsky-Laurens, « Non, Marie Darrieussecq n’a pas ‘piraté’ Camille Laurens », Le Monde, 30 août 2007, https://www.lemonde.fr/livres/article/2007/08/30/non-marie-darrieussecq-n-a-pas-pirate-camille-laurens-par-paul-otchakovsky-laurens_949150_3260.html.

23 M. Mbougar Sarr, La plus secrète mémoire des hommes, op. cit., p. 22.

24 Voir à titre d’exemples Adrien Vial, « Prix Goncourt. Écrire ou faire l’amour, sur les traces de Yambo Ouologuem », Afrique XXI, 17 sept. 2021, https://afriquexxi.info/article4853.html ; Valentin Etancelin, « Derrière le sacre de Mbougar Sarr, le destin tragique de Ouologuem », Huffington Post/Seneplus, 4 nov. 2021, https://www.seneplus.com/culture/derriere-le-sacre-de-mbougar-le-destin-tragique-de-ouologuem ; Tirthankar Chanda, « À la recherche de l’écrivain disparu avec Mohamed Mbougar Sarr », RFI, « Chemins d’écriture », 13 nov. 2021, https://www.rfi.fr/fr/podcasts/chemins-d-%C3%A9criture/20211113-%C3%A0-la-recherche-de-l-%C3%A9crivain-disparu-avec-mohamed-mbougar-sarr.

25 Sur ce décalage temporel et l’insertion des Africains dans la période du nazisme et de la Shoah, voir Jean-Pierre Orban, « Les fantômes du Goncourt de Mohamed Mbougar Sarr », Afrique XXI, 25 mars 2022, https://afriquexxi.info/article4946.html.

26 Id., « Livre culte, livre maudit. Histoire du Devoir de violence de Yambo Ouologuem », no spécial « Yambo Ouologuem. Histoire du Devoir de Violence », Continents manuscrits. Génétique des textes littéraires – Afrique, Caraïbe, diaspora, 2018, https://doi.org/10.4000/coma.1189. Jean-Pierre Orban est d’ailleurs avec Sami Tchak, l’éditeur de Yambo Ouologuem, Les mille et une bibles du sexe, La Roque d’Anthéron, Vents d’ailleurs, 2015, auparavant publié sous pseudonyme.

27 Anonyme, « Something New Out of Africa? », Times Literary Supplement, 5 mai 1972, p. 525 ; Graham Greene, It’s a Battlefield, Londres, William Heinemann, 1934.

28 Voir cette belle lettre d’André Schwarz-Bart à son éditeur dès le 16 août 1968 (IMEC, SEL 2923.9), citée par J.-P. Orban, « Livre culte, livre maudit », art. cit., § 120 : « j’ai toujours vu mes livres comme des pommiers, content qu’on mange de mes pommes, et content qu’on en prenne une, à l’occasion, pour la planter dans un autre sol. À plus forte raison, suis-je profondément touché, bouleversé, même, qu’un écrivain noir ait pu prendre appui sur Le dernier des Justes pour faire un livre tel que Le devoir de violence. Ainsi donc monsieur Ouologuem n’est pas mon débiteur, mais moi, le sien. […] Ce qui me gêne, vois-tu, ce qui m’offense, c’est ton mutisme tout au long de l’élaboration de ce travail. Écrivain toi-même, tu sais que ton devoir était de m’avertir dès que tu eus connaissance de ce travail. »

29 J.-P. Orban, « Livre culte, livre maudit », art. cit., § 117.

30 Lettre de Yambo Ouologuem à Paul Flamand, 15 mars 1970, IMEC, SEL 2923.9, citée par J.-P. Orban, « Livre culte, livre maudit », art. cit., § 132.

31 Jean-Pierre Orban précise dans son article que Yambo Ouologuem aurait perdu les manuscrits à la suite d’une rupture amoureuse précipitée et de déménagements impromptus.

32 Stratégie d’insertion que relève d’ailleurs P. Casanova, La République mondiale des Lettres, op. cit.

33 Maurice Delafosse est certainement la plus grande figure d’administrateur-ethnographe, avec une immense connaissance des langues africaines. Voir Jean-Loup Amselle et Emmanuelle Sibeud (dir.), Maurice Delafosse. Entre orientalisme et ethnographie : itinéraire d’un africaniste (1870-1926), Paris, Maisonneuve et Larose, 1998, ainsi que, pour le passage d’un « informateur » au rang d’« auteur », Camille Lefebvre, « Amadou Hampâté Bâ, Amkoullel, l’enfant peul. Mémoires ; Amadou Hampâté Bâ, Oui, mon commandant ! (comptes rendus) », no spécial « Autoportrait d’une revue », Annales HSS, 75-3/4, 2020, p. 852-856.

34 Sur ces « intermédiaires » et leur statut dans la constitution de la « bibliothèque coloniale », voir Benjamin N. Lawrance, Emily Lynn Osborn et Richard L. Roberts (dir.), Intermediaries, Interpreters, and Clerks: African Employees in the Making of Colonial Africa, Madison, The University of Wisconsin Press, 2006 ; Céline Labrune-Badiane et Étienne Smith, Les Hussards noirs de la colonie. Instituteurs africains et ‘petites patries’ en AOF (1913-1960), Paris, Karthala, 2018.

35 A. Mangeon et C. Le Quellec Cottier (dir.), L’œuvre de Yambo Ouologuem…, op. cit.

36 Anthony Mangeon et Christine Le Quellec Cottier, « Introduction », in L’œuvre de Yambo Ouologuem…, op. cit., § 2, https://www.fabula.org/colloques/document6048.php.

37 Voir le remarquable article de F. Abiola Irele, « In Search of Camara Laye », no spécial « Textual Ownership in Francophone African Writing », Research in African Literatures, 37-1, 2006, p. 110‑127. Voir également la leçon au Collège de France de François-Xavier Fauvelle, « Un roi dont le nom est Lion », consacrée à Camara Laye et au Maître de la parole, Kouma Lafôlô Kouma (Paris, Plon, 1978), à ses sources et, plus généralement, au statut d’auctorialité en Afrique de l’Ouest : https://www.college-de-france.fr/site/francois-xavier-fauvelle/course-2021-11-16-17h30.htm.

38 Alec G. Hargreaves, Nicki Hitchcott et Dominic Thomas, « Introduction », no spécial « Textual Ownership in Francophone African Writing », Research in African Literatures, 37-1, 2006, p. vi‑ix.

39 Avec humour, Kaye Whiteman défend d’ailleurs Ouologuem en se servant de cette référence aux griots et au régime d’oralité : « Et à ceux qui disent que c’est inférieur à un ‘roman africain’, on pourrait rétorquer que le style d’allusion et de citation est par excellence, comme le dit Yambo, celui des griots », extrait de Kaye Whiteman, « Appendix: In Defense of Yambo Ouologuem » [1972], in Y. Ouologuem, The Yambo Ouologuem Reader, éd. par C. Wise, Trenton, Africa World Press, 2008, p. 335-338, ici p. 338.

40 L’attaque la plus agressive est due à Adele King, Rereading Camara Laye, Lincoln, University of Nebraska Press, 2002.

41 M. Mbougar Sarr, La plus secrète mémoire des hommes, op. cit., p. 93.

42 Bakary Diallo, Force-Bonté, Paris, Rieder, 1926.

43 Ainsi dans France & Monde. Le livre trimestriel des Rénovateurs, 126, 1er janv. 1926, p. 256, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5500712t/f259.image.r=%22bakary%20diallo%22?rk=536483;2 : « On ne peut cependant accorder à ces pages une grande valeur littéraire […]. De toute évidence Bakary Diallo a perdu, en utilisant le français, presque toute l’originalité de son récit primitif » ; ou encore dans la Revue des lectures, 19-1, 15 janv. 1926, p. 879, où C. Bourdon déplore que personne n’ait songé à convertir Bakary Diallo à « la vraie religion de Jésus Christ » https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5742697s/f885.image.r=%22bakary%20diallo%22 ; pas moins généreux, dans L’Humanité, du 16 juin 1926, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k402103s/f4.item.r=%22bakary%20diallo%22.zoom, Henri Barbusse écrit : « Mon pauvre Bakary, vous mêlez gentiment dans votre histoire, comme un enfant, un tas de choses qui ne vont pas du tout ensemble, et toute votre idéologie d’altruisme est posée bien de travers sur la réalité des choses », après avoir fait mention de Lucie Cousturier, « la grande amie des noirs » en garante de l’œuvre.

44 M. Mbougar Sarr, La plus secrète mémoire des hommes, op. cit., p. 87.

45 Mélanie Bourlet, « D’une voix à l’autre. La transmission du poème Mbâla de Bakary Diallo », in S. Bornand et M. Manca (dir.), no spécial « D’un rythme à l’autre », Cahiers de littérature orale, 73‑74, 2013, https://doi.org/10.4000/clo.1993 ; voir aussi le film documentaire réalisé par Mélanie Bourlet et Franck Guillemain, Bakary Diallo, mémoires peules, CNRS, 2016, https://www.canal-u.tv/86799

46 René Maran, Batouala, Paris, Albin Michel, 1921.

47 La Bibliothèque nationale de France (BNF) a d’ailleurs invité Mbougar Sarr dans son hommage à René Maran le 1er décembre 2021 : https://www.bnf.fr/fr/agenda/centenaire-du-prix-goncourt-de-rene-maran-avec-batouala ; voir aussi, toujours sur le site de la BNF, ce même parallèle dans la brève « Mohamed Mbougar Sarr, prix Goncourt 2021 » du 4 novembre 2021, https://www.bnf.fr/fr/actualites/mohamed-mbougar-sarr-prix-goncourt-2021.

48 Voir Charles W. Scheel, « René Maran : genèses de la première édition (1921) de Batouala, véritable roman nègre, et de sa préface », in X. Luce et C. Riffard (dir.), no spécial « René Maran », Continents manuscrits. Génétique des textes littéraires – Afrique, Caraïbe, diaspora, 17, 2021, https://doi.org/10.4000/coma.7748.

49 Voir la section 6 consacrée à René Maran dans l’exposition « De la bibliothèque coloniale aux premières littératures africaines. Exposer les littératures dans les Archives nationales d’outre-mer » (21 sept.-21 nov. 2019) aux Archives nationales d’outre-mer (ANOM) coorganisée par Elara Bertho, Catherine Mazauric et Cécile van den Avenne, dont quelques numérisations sont en ligne https://elam.hypotheses.org/2216.

50 René Maran, Un homme pareil aux autres, préface de M. Mbougar Sarr, Marseille, Éditions du Typhon, [1947] 2021.

51 L’hypothèse « inconsciente » est la conclusion retenue dans K. Anyinefa, « Scandales », art. cit.

52 Sami Tchak, La couleur de l’écrivain. Comédie littéraire, Ciboure, La Cheminante, 2014.

53 M. Mbougar Sarr, La plus secrète mémoire des hommes, op. cit., p. 102.

54 Pour paraphraser le titre du célèbre ouvrage The Empire Writes Back: Theory and Practice in Post-Colonial Literatures : Bill Ashcroft, Gareth Griffiths et Helen Tiffin (dir.), L’Empire vous répond. Théories et pratiques des littératures post-coloniales, trad. par J.-Y. Serra et M. Mathieu-Job, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, [1989] 2012.

55 Lydie Moudileno, Parades postcoloniales. La fabrication des identités dans le roman congolais, Paris, Karthala, 2006.

56 M. Mbougar Sarr, La plus secrète mémoire des hommes, op. cit., p. 295-301.

57 Ibid., p. 98.

58 Ibid., p. 103-104.

59 Ibid., p. 427.

60 Voir sur ce point l’entretien avec Sami Tchak Elara Bertho et Ninon Chavoz, « Entretien avec Sami Tchak (07/05/2016) », Fabula/Les colloques/Afriques transversales, http://www.fabula.org/colloques/document6344.php.

61 Roberto Bolaño, Les détectives sauvages, trad. par R. Amutio, Paris, Gallimard, [1998] 2010.

62 Ce qui n’est pas sans rappeler le manifeste pour une littérature-monde ; voir sur ce point la première partie de l’ouvrage de C. Ducournau, La fabrique des classiques africains, op. cit.

63 M. Mbougar Sarr, La plus secrète mémoire des hommes, op. cit., p. 119.

64 Ibid., p. 319.

65 Communication personnelle avec l’auteur, 22 févr. 2022.

66 M. Mbougar Sarr, La plus secrète mémoire des hommes, op. cit., p. 360.

67 À l’instar de Christopher Wise se mettant en scène à la recherche d’Ouologuem : Christopher Wise, À la recherche de Yambo Ouologuem, Paris, Éd. de Philae, 2018.

68 M. Mbougar Sarr, La plus secrète mémoire des hommes, op. cit., p. 146.

69 S. B. Diagne et J.-L. Amselle, En quête d’Afrique(s), op. cit., p. 75 et passim.

70 Ibid.

71 J’emprunte cette expression au dossier des Annales concernant les savoirs de la fiction : É. Anheim et A. Lilti, « Introduction », art. cit. Cela n’est pas sans écho avec les analyses d’Ivan Jablonka, L’histoire est une littérature contemporaine. Manifeste pour les sciences sociales, Paris, Éd. du Seuil, 2014.

72 Pour reprendre et interroger l’article Les Annales, « Le temps du récit », art. cit.

73 Mohamed Mbougar Sarr, De purs hommes, Paris/Dakar, Philippe Rey/Jimsaan, 2018.

74 Felwine Sarr, « Polémique autour de Mohamed Mbougar Sarr : Felwine Sarr prend position », SeneNews, 23 nov. 2021, https://www.senenews.com/actualites/polemique-autour-de-mohamed-mbougar-sarr-felwine-sarr-prend-position_376436.html.

75 Jordi Bonells, « De l’utilisation du micro-ondes en littérature », Diacritik, 12 janv. 2022, https://diacritik.com/2022/01/12/de-lutilisation-du-micro-ondes-en-litterature/.