Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
En 1938, A. Pauphilet, publiant des extraits de Robert de Clari, de Villehardouin, de Joinville, de Froissart et de Commynes, intitulait son livre Historiens et chroniqueurs du Moyen Age. Il n'expliquait pas ce qu'il entendait par ces deux mots, ni s'il y mettait la moindre différence. Ranulf Higden, dans son prologue, marquait sa volonté que son oeuvre fût appelée une « histoire polychronique » (historia polychronica). Plusieurs manuscrits respectaient cette volonté, mais d'autres, dès le XVe siècle, intitulaient le livre Polychronicon. Au XVIe siècle, les Réformateurs ne parlaient que du Polychronicon. Ch. Babington, l'éditant en 1865, gardait le titre erroné mais traditionnel.
Je remercie Mmes Bautier et Duchet-Suchaux, qui m'ont rendu accessibles les fichiers du Comité français Du Cange. Je remercie également les élèves de mon séminaire, qui ont marqué quelque intérêt à ces recherches et m'ont donné des renseignements et des idées dont j'ai tire profit.
1. Ranulf Higden, Polychronicon, Ch. Babington éd., t. I, Londres, 1865, p. 26 : « E t quia praesens chronica multorum temporum continet gesta, idcirco eam Historiam polychronicam, a pluralitate temporum quam continet, censui nuncupandam. »
2. Ibid., pp. xvi, xviii, xlv, xlvi, xlvii, xlix, etc.
3. Lacroix, B., L'historien au Moyen Age, Montréal-Paris, 1971, p. 38 Google Scholar.
4. Le fait est signalé par J. Lesellier, « Un historiographe de Louis XI demeuré inconnu : Guillaume Danicot », Mélanges d'archéologie et d'histoire de VÉcole française de Rome, t. 43 (1926), p. 24, note 2.
5. Molinier, A., Les sources de l'histoire de France des origines aux guerres d'Italie (14Ç4J, t. V, Paris, 1904, p . lxxxii.Google Scholar
6. M. R. P. Mcguire, « Annals and chronicles », New Catholic Encyclopedia, t. I, New York, 1967, p. 551.
7. B. Lacroix, op. cit., pp. 34-38.
8. B. Lacroix, op. cit., p. 275, note 13.
9. G. Melville, « Zur ‘ Flores-Metaphorik ‘ in der mittelalterlichen Geschichtsschreibung. Ausdruck eines Formungsprinzips », Historisches Jahrbuch, t. 90 (1970), pp. 65-80.
10. Keuck, K., Historia. Geschichte des Wortes und seiner Bedeutungen in der Antike und in den romanischen Sprachen, Munster, 1934, pp. 6–7.Google Scholar
11. Bayet, J., Littérature latine…, 3e éd., Paris, 1945, pp. 577–578.Google Scholar
12. Aulu-Gelle, , Nuits attiques, V, 18, 2. Éd. C. Hosius, t. I, 1903, reprod. Stuttgart, 1959, P- 234-Google Scholar
13. Ciceron, De Inventione, I, 19, 27. Éd. et trad. H. Bornecque, Paris, 1932, pp. 40-41.
14. Cité par Aulu-Gelle, Nuits attiques, V, 18, 8-9. Ed. C. Hosius, t. I, pp. 235-236. Trad. Bayet, J., Littérature latine…, 3e éd., Paris, 1945, p. 158 Google Scholar.
15. « Historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae, nuntia vetustatis, qua voce alia nisi oratoris immortalitati commendatur ?” : « L'histoire enfin, témoin des siècles, flambeau de la vérité, âme du souvenir, école de la vie, interprète du passé, quelle voix, sinon celle de l'orateur, peut la rendre immortelle ? » ; Cic, De Oratore, II, 9, 36 ; éd. et trad. E. Courbaud, Paris, 1927, p. 21.
16. Cic, De Oratore, II, 15, 63 ; même éd., p. 32.
17. Cic, De Oratore, II, 15, 63 ; même éd., p. 31.
18. Cic, De Oratore, II, 12, 52 et 54 ; même éd., pp. 27 et 28. Cf. Keuck, op. cit., p. 18.
19. « Ita ‘ historias ‘ quidem esse aiunt rerum gestarum vel expositionem vel demonstrationem vel quo alio nomine id dicendum est, ‘ annales ‘ vero esse, cum res gestae plurium annorum observato cuiusque anni ordine deinceps componuntur. Cum vero non per annos, sed per dies singulos res gestae scribuntur, ea historia Graeco vocalulo èçTjjjiepti; dicitur » ; Aulu-Gelle, Nuits attiques, V, 18, 6-7 ; éd. Hosius, p. 235.
20. Molinier, op. cit., t. V, p. vi.
21. Cité et traduit par Puech, A., Histoire de la littérature grecque chrétienne, t. III, Paris, 1930, p. 180 Google Scholar.
22. Cavallera, F., Saint Jérôme, sa vie et son oeuvre, t. I, Louvain-Paris, 1921, p. 63 Google Scholar, note 2. Notons que, dans la Bible, les Livres des Chroniques doivent à saint Jérôme leur nom traditionnel ; Les Livres des Chroniques, traduits par H. Cazelles, Paris, 1961, p. 7.
23. Rufin traduit le passage déjà cité supra, note 21 : « Quamvis jam de his nonnulla etiam in chronicis, id est in eo opère quod de temporum ratione conscripsimus, breviter succincteque perstrinxerim, plenius tamen in praesenti opère singulorum narrationem aperire temptavimus » ; Eusebius Werke, Zweiter Band, Die Kirchengeschichte, éd. E. Schwartz et Th. Mommsen, Teil I, Leipzig, 1903, p. 9.
24. Aug., De civ., 16, 16 ; 18, 8 ; 18, 31 ; éd. B. Dombart, t. II, Leipzig, 1863, pp. 133, 230-231, 258-259.
25. « Post haec autem legenda est historia quae ab Eusebio quidem decem voluminibus graeco sermone conscripta, a Rufino autem… Chronica vero, quae sunt imagines historiarum brevissimaeque temporum commemorationes, scripsit graece Eusebius, quem transtulit Hieronymus in latinum, et usque ad tempora sua deduxit eximie » ; Cassiodore, De institutione divinarum litterarum, chp. xvn, De historicis christianis, éd. Migne, Patrologie latine, t. 70, col. 1133-1134. Dans le latin le plus classique, imagosignifie ombre (des morts), image (des objets). Depuis saint Paul, les chrétiens sont dressés à penser que l'Ancien Testament est l'imago, c'est-à-dire l'image, l'ombre du Nouveau, qui est la chose et la vérité même (H. de Lubac, Exégèse médiévale. Les quatre sens de l'Ecriture, t. T, 2, Paris, 1959, p. 443). Ce double éclairage ne permet pas de douter de la pensée de Cassiodore.
26. Migne, Patrologie latine, t. 82, col. 214.
27. Isidore, Etymologiarum liber primus, caput 41, de historia, « 1. Historia est narratio rei gestae, per quam ea quae in praeterito facta sunt dignoscuntur. Dicta autem graece historia, (4TC6 TOÛ Içropeïv, id est, a videre, vel cognoscere.Apud veteres enim nemo conscribebat historiam nisi is qui interfuisset, et ea quae conscribenda essent vidisset. Melius enim oculis quae fiunt deprehendimus, quam quae auditione colligimus. 2. Quae enim videntur sine mendacio proferuntur. Haec disciplina ad grammaticam pertinet, quia quidquid dignum memoria est, litteris mandatur… » ; caput 43, de utilitate historiae, « 1. Historiae gentium non impediunt legentes in iis quae utilia dixerunt. Multi enim sapientes praeterita hominum gesta ad institutionem praesentium historiis indiderunt. 2. Si quidem et per historiam summa rétro temporum annorumque supputatio comprehenditur, et per consulum regumque successum multa necessaria perscrutantur » ; caput 44, de generibus historiae, « 1. Genus historiae triplex est Ephemeris namque appellatur unius diei gestio Hoc apud nos diariumvocatur. Nam quod Latini diarium, Graeci ephemerida dicunt. 2. Kalendaria appellantur quae in menses singulos digeruntur. 3. Annales sunt res singulorum annorum… 4. Historia autem multorum annorum et temporum est… Inter historiam autem et annales hoc interest, quod historia est eorum temporum quae vidimus, annales vero sunt eorum annorum quos aetas nostra non novit. Unde Sallustius ex historia ; Livius, Eusebius et Hieronymus ex annalibus et historia constant. 5. Inter historiam et argumentum et fabulam interest. Nam historiae sunt res verae, quae facta sunt. Argumenta sunt quae, etsi facta non sunt, fieri tamen possunt. Fabula vero sunt quae nec facta sunt, nec fieri possunt, quia contra naturam sunt » ; Migne, Patrologie latine, t.82, col. 122-124.
28. Isidore, Étymologies, I, 41, 1 (cf. supra, note 27) ; à rapprocher de CicÉRon, De Inventione, I, 27 (cf. supra, note 13).
29. Isidore, Étymologies, I, 41, 1 et I, 44, 4 (cf. supra, note 27).
30. Jean, 19, 35. Lacroix, op. cit., p. 47. Fontaine, J., Isidore de Séville et la culture classique dans l'Espagne wisigothique, t. I, Paris, 1959, p. 181 Google Scholar.
31. « Per chronicas vel historias anteriorum annorum » ; Grégoire de Tours, Libri Historiarum X, éd. Krusch, B. et Levison, W. (Monumenta Germaniae Historica, Scriptores Rerum Merovingicarum, I, 1), Hanovre, 1937-1951, p. 3, 1. 16.Google Scholar
32. « Dio, qui historias eorum annales — que graeco stylo composuit » ; Migne, Patrologie latine, t. 106, col. 963.
33. Historia translationis sanctae Glodesindis ;Migne, Patrologie latine, t. 137, col. 220.
34. « In historiis vel annalibus, quae alio nomine Cronica nuncupantur » ; The historical works of Gervase of Canterbury, éd. W. Stubbs, t. I, Londres, 1879, p. 87. Dans le reste de son prologue, Gervais ne parle plus d'annales, et oppose simplement historici et cronici, historienset cronicus.
35. « Non ut inde laudis aliquid videar mendicare, aut chronographus sive historiographus vocari merear » ; Guillaume LE Breton, Gesta Philippi Augusti, dans H. F. D E - Laborde éd., OEuvres de Rigord et de Guillaume le Breton, historiens de Philippe Auguste, t. I, Paris, 1882, p. 168.
36. Keuck, op. cit., p. 25.
37. « Les croniques des anchiennes histoires » ; vers 1300 ; Bibl. nat., Fr. 1404, f° 114 v°. — « L'en dit souvent que la chose qui a bonne fin est toute bonne, et que la fin loe l'ouvre ; et il convient faire fin là où il n'en apartient point selonc la matière et le nom du livre, car il est nommé le Mirouer des histoires.Car tout aussi comme toutes choses apèrent qui sont mises à rencontre du mirouer matériel, et sont elèrement demonstrées dedenz iceli, tout aussi doivent apparoir dedenz ce livre les hystoires du monde elèrement par paroles ; et si font toutes fois celles desquelles frère Vincent, qui compila et fist ce livre en latin, pout avoir congnoissance en son temps. Et laissa par aventure à acomplir l'ystoire en oultre, si comme je ay dit devant, ou pour mort ou par cause de ce que les choses qui sont depuis que il laissa ne estoient encore pas avenues ; et pour ce croy je que il fist fin. E t aussi me convient il faire fin pour ce que Primat, de qui je ay translaté les croniques que il fist depuis le temps frère Vincent, laissa l'ystoire ci endroit ou environ ; si que je fais la fin de ma translation selonc l'ystoire de celi Primat » ; vers 1330 ; Chronique de Primat, traduite par Jean DU Vignay, Recueil des Historiens des Gaules et de la France, t. XXIII, Paris, 1894, pp. 105-106.
38. Jean Des PRés, dit d'Outremeuse, Ly Myreur des Histors, éd. A. Borgnet, 1.1, Bruxelles, 1864, pp. 2-4. Le même auteur écrit dans la Geste de Liège :« Signours, coronicques est histoire sains mensongne… » ; ibid., p. 588, vers 36.
39. H.-Fr. Delaborde, « Le procès du chef de saint Denis en 1410 », Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, t. XI (1884), pp. 297-409.
40. Par exemple Giovanni Giovano Pontano ; cf. Gilbert, F., Machiavelli and Guicciardini. Politics and History in Sixteenth-Century Florence, Princeton, 1965, p. 224 Google Scholar, note 41.
41. « A tous ceulx qui liront ou orront lire ce recueil des cronicques et histoires du royaulme d'Engleterre » ; de Wavrin, Jean, Anchiennes cronicques d'Engleterre…, éd. E. Dupont, t. I, Paris, 1858, p. 4 Google Scholar. — « Et, ce fait, les ay envoyés au noble orateur, George Chastelain, pour aucunement, à son bon plaisir et selonc sa discrétion, les employer es nobles histoires et cronicques par luy faictes… Et, pour ce que sçay bien que pluiseurs croniquez et histores ont esté faictes et escriptes par pluiseurs notables orateurs et hystoriens, qui sur ce ont fait pluiseurs grans livres et volumes… » ; Jean le FÈVre, Chronique…, éd. Fr. Morand, t. I, Paris, 1876, pp. 2 et 4. — « Me suys aventuré à escripre la compillacion des cronicques et ystoires des très nobles roys et princes de Bretaigne Armoricque… » ; Pierre L E Baud, Cronicques et ystoires des Bretons, éd. Ch. de LA Lande DE Calan, t. I, Rennes, 1907, p. 4. — « Je, qui suis Breton natif du pays de Bretaigne, ay bien voulu examiner plus avant les anciennes histoires et cronicques et les vieulx volumes… » ; Alain Bouchart, Les grandes chroniques de Bretagne, éd. G. Jeanneau, dactylographié, Paris, 1971. — Ce que nous appelons les Mémoiresde Philippe DE Commines paraît en 1524 sous le titre : « Cronique et hystoire faicte et composée par feu messire Philippe de Commines… » ; Molinier, op. cit., t. V, p. 18. Etc. Où l'on voit qu'A. Pauphilet est l'héritier d'une longue tradition établie au milieu du xve siècle.
42. « Et commenceray mondit livre, depuis le xx may mil CCCC quarante quatre qui est la fin du dernier livre que fist et croniqua, en son temps, ce noble homme et vaillant historien, Enguerran de Monstrelet… »; Mathieu D'Escouchy, Chronique…, éd. G. du Fresne de Beaucourt, I, t. Paris, 1863, p. 2. Les Grandes chroniquesde Robert Gaguin ont été traduites par Pierre Desrey. Cette traduction est publiée par Galliot du Pré en 1514. Dans son prologue, Pierre Desrey parle des « gestes et croniques », écrites par Robert Gaguin, « souverain orateur et scientifique hystoriographe », « orateur et tant famé hystoriographe », « tant bening hystoriographe »…
43. Coquillart, Guillaume, Œuvres, éd. P. TarbÉ, t. I, Paris, 1847, pp. 71–72 Google Scholar.
44. Écho de Cic, De Inventione, I, 27 (cf. supra, note 13) : Brunet Latin, dans son Livre du Trésor, cité par Keuck, op. cit., p . 62 : « Estoire est raconter les anciennes choses qui ont esté veraiement, mais eles furent devant nostre tens loing de nostre mémoire ». — Echo de Cic, De Oratore, I I , 9, 36 (cf. supra, note 15) : Vincent DE Beauvais, Spéculum doctrinale, 1. I I I , chap. 127, De historiis.Le chapitre commence ainsi : « Tullius in libro de Oratore. Historia est temporum testis, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae, nuncia vetustatis. » De même Henri Knighton, Chronique…, éd. J. R. Lumby, t. I, Londres, 1889, p. 2 : « Igitur historia cum sit nuncia vetustatis praeteritae, testis transactorum temporum est, et memoriae vitae bonorum atque malorum norma praelucens hiis qui se regere tam in corpore quam in anima regulariter disponunt. »
45. Gervais DE Canterbury est une de ces rares exceptions. Selon lui, la première différence entre histoire et chronique réside dans la forme, dans le style. The historical works of Gervase of Canterbury, éd. W. Stubbs, t. I, Londres, 1879, p. 87. Le passage est cité et traduit dans Lacroix, op. cit., p . 119.
46. « Historia dicitur apo tu historin, id est a videndo. Distat inter historias et annales quia historiae sunt earum rerum quas videmus vel videre possumus, annales vero earum quas non videmus » ; Remi D'Auxerre, Commentarius in Genesim, dans Migne, Patrologie latine, t.131, col. 54.
47. Hugues DE Saint-Victor (mort en 1141), Exegetica, I, In scripturam sacrant, dans Migne, Patrologie latine, t. 175, col. 12.
48. D'Hirsau, Conrad (vit vers 1140), Dialogus super auctores, éd. R. B. C. Huygens, Berchem-Bruxelles, 1955, p. 17 Google Scholar. Cité par Lacroix, op. cit., p. 46.
49. Otton rappelle dans les Gesta Friderici imperatoris, qu'il écrit en 1157-1158, l'étymologie d'histoire : « Historia ab hysteron, quod in Greco videresonat, appellari consuevit » ; texte et trad. dans Lacroix, op. cit., p. 47.
50. Vincent de Beauvais, Spéculum doctrinale, 1. I I I , chap. 127, De historiis, reprend mot à mot la phrase de Étymologies, I, 41, 1 : « Dicta autem historia apo tu historin, id est a videre vel cognoscere : apud veteres enim nemo conscribebat historiam nisi is qui interfuisset et ea que conscribenda essent vidisset. » Mais à'Étymologies, I, 44, 4, il ne retient que la première phrase : « Historia autem multorum annorum vel temporum est. » Le fait qu'il ne conserve pas le reste (cf. supra, note 27) ne laisse à la première phrase qu'une valeur introductive, étymologique. Apud veteresprend alors tout son sens. Vincent souligne par là à quel point la définition lui paraît dépassée.
51. Vincent de Beauvais, Spéculum doctrinale, 1. III, chap. 127, De historiis.Au xive siècle encore Ranulf Higden s'en inspire directement ; cf. supra, note 1.
52. Cf. supra, note 34.
53. « Liber autem presens poterit Memoriale hystoriarumappellari. In eo si quidem partim hystorice et partim chronice procedetur. Ut enim ait Ysidorus, ut res geste prout geste sunt modo debito et ordine competenti narrantur, hystoricus est processus ; cronice autem procedetur ubi, continuando juxta ordines temporum, et seriem, annum, diem et horam diligenter nominando, res ipse breviter nominatur et succincte. Unde Ysidorus quinto libro chronica grece latine temporum séries appellatur » ; Jean de Saint-Victor, Memoriale historiarum, Bibl. nat., Lat. 14626, fol. 1.
54. Migne, Patrologie latine, t. 176, col. 787.
55. The historical works of Master Ralph de Diceto, Dean of London, éd. W. Stubbs, t. I, Londres, 1876, p. 34.
56. « Hoc autem scire convenit in praesenti quod refert inter historiographum et chronographum ; quia illius est maxime rerum gestarum historiam et ordinem ad plénum per singula conscribere, istius vero tempora principaliter connotare et succincte transcurrere memoriam ac historiam rei gestae » ; Bernard Gui, Flores chronicarum, prologue ; dans Recueil des Historiens des Gaules et de la France, t. XXI, p. 693. Rufin est cité supra, note 23.
57. « Cronicus autem annos Incarnationis Domini annorumque menses computat et kalendas, actus etiam regum et principum quae in ipsis eveniunt breviter edocet, eventus etiam, portenta vel miracula commémorât » ; The historical works of Gervase of Canterbury, éd. W. Stubbs, t. I, Londres, 1879, p. 87. — « Ci commance la vie de Girart de Rossillon translatée de latin en français. Ce sont li fait dou très noble comte Girart […] Ciz très nobles bers resplendit, auxi comme li ordenance de l'estoire des croniques de chascun an lou demonstre certainement et clerement dessouz I I I I rois de France… » ; x m e s., Bibl. nat., Fr. 13496, fol. 217. Pour Bernard Gui, cf. supra, note 56. — Pour Jean de Saint-Victor, cf. supra, note 53.
58. « Ordinem temporum, ut gesta sunt, non volemus servare, quia similibus similia placet connectere » ; Sigehard, Miracula sancti Maximini, dans Monumenta Germaniae Historica, éd. G. H. Pertz, Scriptorum, t. IV, Hanovre, 1841, p . 228. Cité par M. Schulz, Die Lehre von der historischen Méthode bei den Geschichtsschreibern des Mittelalters (VI.-XIII. Jahrhundert), Berlin-Leipzig, 1909, p . 101.
59. Hugues DE Fleury est évidemment inspiré par Isidore DE Séville, Étymologies, I, 43, 3 (cf. supra, note 27), lorsqu'il écrit : « Siquidem per historiam preteriti temporis séries comprehenditur et per regum et imperatorum successiones multa necessaria perscrutantur » ; Monumenta Germaniae Historien, éd. G. H. Pertz, Scriptorum, t. IX, Hanovre, 1851, pp. 349-350. Cité par Schulz, op. cit., p. 5.
6. « Sed quia de neglegencia vel inpericia judicabor si ea que scribenda sunt neglexero annis singulis assignare, ideo fateor me non posse de ignorancia excusare. Ergo si quis melius de nu jus modi scire voluerit, scrutetur apud eos qui de annalibus habent experienciam pleniorem. Mee tamen intencionis interest tantam huic studio operam dare : scribere reges nobilissimos secundum seriem, qui sibi vicissim succedunt, cum quibusdam notulis et actibus eorumdem » ; Monachi Fûrstenfeldensis (vulgo Volcmari) chronica de gestis principum a tempore Rudolfi régis usque ad tempora Ludowci imperatoris, 1273-1326, dans J. F. BôHmer, Fontes Rerum Germanicarum, t. I, Stuttgart, 1843, p . 1. Cité par Schulz, op. cit., pp. 105-107.
61. Cf. supra, note 56.
62. « Quelle chose se diffère entre historiographie et chronographie : la différence est que l'historiographie est écrire par singularité, et chronographie est principalement déclarer et démontrer les temps des choses faites à mémoire et à histoire » ; Bibl. nat., Fr. 17180, fol. 1 v°.
63. Chroniques de Froissart, J., éd. L. et A. Mirot, t. XIII, 1386-1387, Paris, 1957. p. 222 Google Scholar. Cité par Mollat, M., Genèse médiévale de la France moderne, Grenoble, 1970, p. 8 Google Scholar.
64. Froissart, Chroniques de J., éd. S. Luce, t. I, Paris, 1869, p. 1.Google Scholar
65. The historical works of Gervase of Canterbury, éd. W. Stubbs, t. I, Londres, 1879, pp. 87-88.
66. Jean de Saint-Victor, Memoriale historiarunt, Bibl. nat., Lat. 14626, fol. 1.
67. Brandt, W. J., The Shape of Médiéval History. Studies in Modes of Perception, New Haven et Londres, 1966 Google Scholar.
68. Cf. Chenu, M.-D., La théologie au XIIe siècle, Paris, 1957, p. 26 Google Scholar et note 2 ; et Gusdorf, G., Les sciences humaines et la pensée occidentale, II, Les origines des sciences humaines (Antiquité, Moyen Age, Renaissance), Paris, 1967, p. 204 Google Scholar.
69. Migne, Patrologie latine, t. 156, col. 682. Trad. Guizot, Fr., Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France…, t. IX, Paris, 1825, p. 7 Google Scholar.
70. Cité et traduit par Lacroix, op. cit., pp. 253-254.
71. Galbraith, V. H., Historical Research in Médiéval England, Londres, 1951, pp. 10–11 Google Scholar.
72. Ibid., pp. 29-30.
73. Isidore DE Séville, Étymologies, I, 42, 2 ; cf. supra, note 27. Raban Maur, De clericorum institutione, III, 18, dans Migne, Patrologie latine, t. 107, col. 395 ; cité par Lacroix, op. cit., p. 192, note 178. Guibert de Nogent, Gesta Dei per Francos, préface, dans Migne, Patrologie latine, t. 156, col. 681.
74. Cicéron, Honorius Augustodunensis ; M. Schulz, op. cit., p. 133.
75. de Lubac, H., Exégèse médiévale. Les quatre sens de l'Écriture, t. I, Paris, 1959, passim. Google Scholar
76. « Divinum examen, quo cuncta flunt, discutere nescio. Latentes rerum causas propagare nequeo. Sed rogatus a sociis annalem historiam simpliciter actito » ; Vital, Orderic, Historia ecclesiastica, éd. A. L E Prévost, t. V, Paris, 1855, p. 39 Google Scholar.
77. Chronicon, éd. G. H. Pertz, Hanovre, 1867, pp. 2 et 4 ; Gesta Friderici I. imperatoris, éd. G. Waitz, Hanovre, 1884, p. 9.
78. Gesta…, p. 1.
79. « Quae omnia utrum licite aut secus acta sint, dicere praesentis non est operis, res enim gestas scribere, non rerum gestarum rationem reddere proposuimus » ; Chronicon…, p. 276.
80. Gesta…, p. 10. Cité et traduit par Lacroix, op. cit., p. 253.
81. Gesta…, pp. 13-18.
82. Gesta…, p. 4.
83. Gesta…, pp. 6 et 62-64.
84. « Quae particulariter referre contra propositum esse nostrum, cum summam tantum rerum notemus, non historiam describamus », L. Bruni, Rerum suo tempore gestarum Commentarius, dans Muratori, Rerum Italicarum Scriptores, nouv. éd., t. XIX, 3, p. 456 ; cité par Gilbert, F., Machiavelli and Guicciardini. Politics and History in Sixteenth-Century Florence, Princeton, 1965, p. 224, note 41.Google Scholar
85. « Continens quidem erit temporum regumque ac stemmatum enarratio » ; Emile, Paul, De rébus gestis Francorum libri X, Paris, 1548 Google Scholar, fol. 6 r°.
86. Hay, D., Polydore Vergil, Renaissance Historian and Man of Letters, Oxford, 1952, p. 101 Google Scholar.
87. Gilmore, M. P., Humanists and Jurists. Six Studies in the Renaissance, Cambridge, Mass., 1963, p. 98 CrossRefGoogle Scholar.
88. « Quod si de istius nostrae recitationis veritate quaeratur, historiographi a quibus haec fideliter exhausta sunt ndem facient, quorum et sibi similium taie Cicero describit esse munus : ne quid dicere falsi audeant, deinde ne quid veri non audeant… » ; Montreuil, Jean de, dans Martène, Veterum scriptorum… amplissima collectio, t. II, Paris, 1724 Google Scholar, col. 1351. — « Nam cum prima lex sit, ne quid falsi dicere, ne quid veri tacere audeamus… » ; Bernardo Rucellai, cité par Gilbert, op. cit., p. 215, note 26.
89. « Hic enim, nisi fallor, fructuosus historium finis est, illa prosequi que vel sectanda legentibus vel fugienda sunt » ; PÉTrarque, cité par E. Kessler, « Geschichtsdenken und Geschichtsschreibung bei Francesco Petrarca », Archiv fur Kulturgeschichte, t. 51 (1969), p. 113. — Leonardo Bruni : cf. B. L. Ullmann, « Leonardo Bruni and Humanistic Historiography », Medievalia et Humanistica, t. 4 (1946), p. 50. —• Nombreux autres exemples dans Gilbert, op. cit., p. 216.
90. Cf. supra, notes 44 et 45.
91. Lubac, op. cit., p. 117.
92. Beaucoup d'historiens du Moyen Age, du XII” siècle en particulier, avaient reconnu la nécessité d'un style élégant ( Schulz, M., Die Lehre von der historischen Méthode bei den Geschichtsschreibern des Mittelalters (VI.-XIII. Jahrhundert), Berlin-Leipzig, 1909, pp. 86 Google Scholar ss.). Mais seul à ma connaissance Gervais de Canterbury avait fait du style la pierre de touche qui permît de distinguer histoires d'une part, annales ou chroniques de l'autre ; cf. supra, note 45.
93. Cf. supra, note 17.
94. Gilmore, op. cit., p. 19.
95. Gilbert, op. cit., p. 215.
96. Jean le Fèvre, cf. supra, note 41. Pour Pierre Desrey, cf. supra, note 42. Etc.
97. Molinier, A., Les sources de l'histoire de France des origines aux Guerres d'Italie (14Ç4), t. IV, Les Valois, 1328-1461, Paris, 1904, p. 241 Google Scholar, n° 4133.
98. C'est le titre exact que se donne Jean Chartier lui-même. Par exemple, Chartier, Jean, Chronique de Charles Vii, roi de France, éd. Vallet DE Viriville, t. I, Paris, 1858, pp. x–xi Google Scholar, et t. II, Paris, 1858, p. 91.
99. Georges Chastellain, OEuvres, éd. Kervyn DE Lettenhove, t. IV, Bruxelles, 1864, p. 100.
100. A. Bossuat, « Jean Castel, chroniqueur de France », Le Moyen Age, t. 64 (1958), pp. 296 ss.
101. J. Lesellier, « Un historiographe de Louis XI demeuré inconnu : Guillaume Danicot », Mélanges d'archéologie et d'histoire de l'École française de Rome, t. 43 (1926), pp. 1-42. Ch. Samaran, « Un ouvrage de Guillaume Danicot, historiographe de Louis XI », ibid., t. 45 (1928), pp. 8-20.
102. Lesellier, op. cit., p. 27.
103. Lesellier, op. cit., p. 36.
104. Lesellier, op. cit., pp. 28, 41-42.
105. Samaran, op. cit., p. 15.
106. Lesellier, op. cit., p. 29.
107. Robert Gaguin, Lettre 23 ; dans Roberti Gaguini Epistole et Orationes, éd. L. Thuasne, t. I, Paris, 1903, pp. 252-255.
108. Gilbert, op. cit., pp. 224-226.
109. Ceci s'accorde parfaitement avec les vues de Huppert, G., The Idea of Perfect History. Historical Erudition and Historical Philosophy in Renaissance France, Urbana- Chicago-Londres, 1970, en particulier pp. 14–17 Google Scholar.
110. Cf supra, note 16. n i . « Historia, ut plerisque placet auctoribus, earum rerum et temporum descriptio est, quae nostra vidit aut videre potuit aetas ;… Annales autem eorum annorum expositio qui a nostra remoti sunt aetate » ; Guarino Veronese, cité par Gilbert, op. cit., p. 224, note 41. — « E t n'entendons iceluy [livre] estre appelle histoire : ce seroit abuser de ce nom, car histoire vient de historier, qui est interprété veoirou congnoistre.Par quoy ne doibt personne escripre histoire d'aucuns faitz, sinon d'iceulx qui sont de son temps. Histoire, selon son vray entendement, est la recollection par escript des faitz presens à l'escripvant, lesquelz, pour leur vétusté et antiquité, se pevent par après eslongner de la mémoire des hommes » ; Alain Bouchart, Les grandes chroniques de Bretagne, éd. G. Jeanneau, dactylographié, Paris, 1971, prologue.
112. « Nunc ad historiam transeamus. Quum historia sit rerum gestarum diligens expositio, qui historiam scribit primum dabit operam ut rerum et temporum ordinem servet. Quod erit si in rébus magnis memoratu dignis, consilia primum, deinde acta, post eventus exequatur, hisque omnibus addet quod cuique proprium est, de consiliis quid probet, quid improbet, significabit. In rébus gestis non solum quid actum aut dictum sit, sed etiam quomodo et cur demonstrabit. Eventus ita declarabit ut causae explicentur omnes, vel casus, vel sapientiae, vel temeritatis : hominum quoque ipsorum non tantum res gestae, sed etiam qua fama ac nomine excellant, qua vita atque natura sint, breviter ostendet»; Georges de Trébizonde, Rhetoricorum libri V, Lyon, 1547, P- 5°9 ; CI- Gilbert, op. cit., p. 210, note 18.
113. « Multa enim sunt que nobis prestat historia, cui non satis est quod factum sit enarrare, sed addere etiam débet, qua ratione, quibus consiliis, quo tempore, per quos et quomodo queque sint gesta ; pronuntiare etiam quid senatus decreverit… » ; Matteo Palmieri, De captivitate Pisarum liber, éd. G. Scaramella, dans Rerum italicarum scriptores, t. XIX, 2 (1904), p. 4 ; cité par Lacroix, op. cit., p. 256.
114. Gilbert, op. cit., p. 210.
115. Gilbert, op. cit., pp. 272-273.
116. Gilbert, op. cit., pp. 245-246.
117. G. Huppert, The Idea of Perfect History…, cité plus haut.
118. L'histoire des histoires…, Paris, 1599, pp. 32-36 ; on trouvera une édition commode de ce passage dans J. Ehrard et G. P. Palmade, L'histoire, Paris, 1964, pp. 120-121.
119. Mckisack, M., Médiéval History in the Tudor Age, Oxford, 1971, pp. 96–97 Google Scholar, donne une preuve anglaise de la même évolution : Robert Fabyan, mort en 1513, a écrit des New Chronicles of England and France, publiées après sa mort en 1516. L'oeuvre a été populaire tout au long du xvie siècle. Mais elle a été sévèrement jugée par le Mirror for Magistrates, qui met dans la bouche de John Tiptoft, Earl de Worcester, le discours suivant : « Unfruytfull Fabyan folowed the face / Of time and dedes, but let the causes slip ; / … / But seing causes are the chiefest thinges / That should be noted of the story wryters… »