Hostname: page-component-84b7d79bbc-rnpqb Total loading time: 0 Render date: 2024-07-28T13:11:10.330Z Has data issue: false hasContentIssue false

La « bonne » ville: origine et sens de l'expression

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Extract

Une étude récente de Jacques Le Goff s'attachant à définir des critères d'urbanisation a mis l'accent sur la « bonne » ville, telle qu'elle se montre entre 1250 et 1350. C'est en effet surtout durant cette période que l'on trouve l'expression dans les actes du pouvoir royal adressés à ces villes pour des consultations se voulant de caractère général.

On avait principalement envisagé jusqu'ici la « bonne » ville dans ses rapports avec la royauté ou d'un point de vue plus ou moins strictement institutionnel.

Type
Les Domaines de l' Histoire
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1972

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

1. Annales E.S.C., juillet-août 1970, n° 4, p. 939.

2. « Meismement les bonnes villes et les coustumes de ton royaume garde en Testât et en la franchise ou tes devanciers les ont gardées; et se il y a aucune chose à amender, si l'amende et adresce et les tien en faveur et en amour; car par la force et par les richesces des grosses villes, douteront les privez et les estranges de mesprendre vers toy, especialement tes pers et tes barons » (Joinville, éd. N. de Wailly, p. 494, cité par Marc Bloch, La France sous les derniers Capétiens, p. 78).

3. Ordonnances des rois de France de la troisième race…, éditées par Vilevault et Bréquigny, Paris, 1769, t. XI, p. 330.

4. Il semble que ce soit la plus ancienne mention de bonne ville restée dans le souvenir des juristes : cf. l'abbé Desprez, Mémoire sur les États généraux, Lausanne, 1788, pp. 29-30 5. Cité par Giry, A., Documents sur les relations de la royauté avec les villes en France de 1180 à 1314…, Paris, 1885, pp. 8586 Google Scholar. C'est à ce texte que Brussel (cf. infrd) se réfère lorsqu'il traite de la bonne ville.

6. Ibid., p. 88.

7. En date du 23 avril 1821, cf. le Bulletin des lois.

8. Isambert…, Recueil général des anciennes lois françaises.

9. « L'émancipation urbaine dans les villes du centre de la France », dans Recueil Bodin (La Ville), t. VI, Bruxelles, 1954, p. 398.

10. Nouvel examen de l'usage général des Fiefs en France…, t. I, Paris, 1750, p. 20, note.

11. Cité par Hatzfeld, A., Darmesteter, A., Thomas, A. dans leur Dictionnaire, Paris (1890- 1900)Google Scholar.

12. Coutumes de Clermont-en-Beauvaisis, éd. A. Salmon, t. II, Paris, 1900, « Ici commence li . L. chapitres de cest livre liqueus parole des gens de bonne vile et de leurs drois, et comment il doivent estre gardé et justicié. » 13. A. Vincent, Toponymie de la France, Bruxelles, 1937; p. 291, art. 758; donne pour chaque nom la mention la plus ancienne.

14. Historiae ecclesiasticae libri tredecim, éd. A. LE Prévost, Paris, 1855, 5 vol.; t. IV, p. 116.

15. Cf. le Dictionnaire de Godefroy, qui signale des emplois analogues, du XIIe siècle jusqu'au moins en 1569; « ville » signifie alors : « ferme, maison de campagne, village, ensemble des villages ou hameaux qui se groupaient autour de la cité ». Et dans les exemples cités, certes pas tous convaincants, la qualification de « bonne » est présente : Notons que « bonnes villes » figure près de « bors » dont le sens premier est celui de « place fortifiée » (cf. Greimas, Dict. de Vancien français, Paris, 1969).

16. Éd. J.-L. Perrier, Paris, 1931.

17. Éd. Ivor Arnold, Paris, 1938, t. I.

18. Éd. Mario Roques, Paris, 1958.

19. Éd. Gaston Paris, Paris, 1899.

20. Éd. J.-L Perrier, Paris, 1926.

21. Éd. Félix Lecoy, Paris, 1962.

22. Éd. Alfred Ewert, Paris, 1932, t. I.

23. Éd. Natale DE Wailly, Paris, 1876.

24. Op. cit., p. 938.

25. Éd. Félix Lecoy, t. III, Paris, 1970.

26. Recueil des Ordonnances, t. III (par Secousse), Paris, 1732, p. 227; cité par L. Carolusbarré, dans « Les villes bateïces ou bateïches » (extrait du Bulletin philologique et historique, année 1966, p. 312, Paris, Bibliothèque nationale, 1968).

27. Op. cit., p. 322, note 2.

28. Recueil des Ordonnances, t. XIII, p. 212 (par Vilevault et Bréquigny 29. J. LE Goff, op. cit., p. 939.

30. Ainsi Charles Petit-Dutaillis, Les communes françaises; caractères et évolution, des origines au XVIIe siècle; rééd. Paris, 1970, qui déclare à propos des « changements au xiiie siècle » : « La cause profonde de cette perturbation dans les idées, c'est l'élargissement de la confiance accordée par le roi à la bourgeoisie. Le système communal paraît trop étriqué. Il n'y a plus lieu d'accorder crédit aux seules associations jurées et de leur reconnaître comme un monopole de fidélité et de dévouement utile. La plupart des villes possédées par le roi ou soumises à son contrôle méritent qu'il cherche en elles son appui. Et ainsi naît la notion de « bonne ville ». Le mot apparaît déjà au temps de Saint Louis » (pp. 118-119).

31. Ainsi Mme Boulet-Sautel, op. cit., pp. 398-405, qui explique la naissance de la bonne ville, à partir de la fin du XIIIe siècle, par une fusion entre ville de commune et ville franche et conclut : “ …il reste à souligner que la réalité sociale enfermée par les historiens actuels dans le concept de « bonne ville » n'aurait sans doute jamais eu cette rigueur, si les contemporains n'avaient trouvé le secours d'une technique juridique raffinée (?) pour l'exprimer ». De même, le père C.-J. Joset, dans Les villes au pays de Luxembourg (1196-1383) ; Bruxelles-Louvain, 1940, pp. 183 et suiv. pour qui la bonne ville n'est qu'une super ville franche.

Terminons en apportant une précision nécessaire : les sources utilisées concernent uniquement le nord de la France, étant donné le lieu de leur rédaction. Des textes valables pour le sud : La Chanson de la Croisade albigeoise (début XIIIe siècle; éd. Martin-Chabot, 1960, coll. « Les classiques de l'Histoire de France au Moyen Age »); Jaufre (vers 1180); Flamenca (vers 1234), Barlaam et Josaphat (version du xrve siècle), éd. et trad. de R. Lavaud et R. Nelli, 1960, sont muets sur la bonne ville. De même, nous l'avons vu, la toponymie est plus éloquente pour le nord de la France (d'ailleurs le type des noms où l'épithète précède — système germanique — est rare dans le Midi).