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L'analyse formelle des textes antiques : une étude préliminaire1

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

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a)Comment progresser de la pauvreté actuelle des analyses algorithmiques jusqu'à des procédures capables d'approcher l'efficacité — supposée acquise, ne fut-ce que pour les besoins du mouvement — des modèles empiriques ? b) Comment rétrograder (par symétrie, et méthodologiquement parlant) de la richesse de ces modèles à la définition d'une procédure qui contribuerait à leur donner un fondement rationnel, dont le seul argument de l'efficacité ne suffit pas à justifier le refus ?

(J.-C. Gardin), 1970, pp. 646-647.

Notre propos est ici de présenter à titre d'exemple l'analyse de certains textes grecs, les Épigrammes votives du livre VI de l'Anthologie Palatine », au moyen d'une simple combinatoire de quatre termes.

Ce travail correspond à deux objectifs :

D'une part il s'inscrit dans le cadre des recherches définies par l'équipe organisée autour de Jean-Pierre Vernant (École pratique des Hautes Études, Ve section), Marcel Détienne et Pierre Vidal-Naquet (E.P.H.E., VIe section).

D'autre part il répond à la tentative d'expliciter le genre de démarches que supposent ces analyses : expliciter les postulats préalables, pouvoir contrôler les étapes, et faire en sorte que celles-ci soient répétables par toute personne même étrangère à la discipline.

Type
Textes et Images
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1971

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Footnotes

1

La matière de cet article a fait l'objet d'une communication au séminaire organisé par le Centre d'Analyse Documentaire pour l'Archéologie sur les « problèmes posés par la formalisation et l'automatisation des méthodes d'analyse de la transmission du discours écrit et oral » (Marseille, 30 septembre-2 octobre 1970).

References

page 705 note 2. Anthologie Palatine, Livre VI, Édition les Belles-Lettres, tome m, 1931, traduction de Pierre Waltz. Cf. également le texte et le commentaire établis par Gow et Page, The Greek Anthology, The Hellenistic Epigrams, Cambridge, 1965.

page 705 note 3. Molino, Jean, « Sur la méthode de Roland Barthes », La Linguistique 2, 1969.Google Scholar

page 705 note 4. Jean-Claude Gardin : 1965 :

« Analyse documentaire et analyse structurale en archéologie », L'Arc n° 26 (consacré à Claude Lévi-Strauss), pp. 64-58;

1967 a : « Analyses sémiologiques et analyses littéraires », Nuovo 75 (Metodologia, Scienze sociali, tecnica operativa), n° 1, Milan, pp. 4-8;

1967 b : « Methods for descriptive analysis of archaeological artefacts », American Antiquity, vol. 32, n° 1, pp. 13-30; 1970 : « Procédures d'analyse sémantique dans les sciences humaines », dans Échanges et communications, Mélanges offerts à Claude Lévi-Strauss, réunis par Jean Pouillon et Pierre Maranda, pp. 628-657, Mouton, Paris et La Haye,

1970. Mario Boriixo : « La vérification des hypothèses en archéologie », dans Archéologie et calculateurs, C.N.R.S., 1970. De même, appliqué au corpus des abbayes cisterciennes d'Anselme Dimier, Marie-Salomé Jlagrange, Thèses de Troisième Cycle, Paris, 1970. Sur les problèmes d'indexation, lire en particulier A. Boriixo, J. Virbel et AL., Études sur l'indexation automatique, E.P.H.E.- C.N.R.S. (laboratoire d'automatique documentaire et linguistique) rapport rap/26/1968/Dgrst, repris aux éditions Gauthier-Villars, Paris, 1970.

page 706 note 1. Jean-Pierre Vernant, « Hestia-Hermès, sur l'expression religieuse de l'espace et du mouvement chez les Grecs », dans L'Homme, Revue française d'Anthropologie, 3, (1963), pp. 12-50. Cet article a été repris dans le volume du même auteur : Mythe et pensée chez les Grecs, études de psychologie historique, Maspéro, Paris, 1965, pp. 97-143.

page 706 note 2. Iliade XIV, vers 413-452.

page 706 note 3. Pierre Vidal-Naquet, « Une civilisation de la parole politique », dans Encyclopadia Universalis, tome Vii, pp. 1010-1018, Club français du livre, Paris, 1970; Laurence Demoule-Lyotard, Hermès, lieu géométrique de la médiation, Mémoire dactylographié, 1970.

page 707 note 1. Apollodore (III, 4,3) dit qu'Hermès remit lui-même l'orphelin Dionysos à Chiron; mais il s'agit de Dionysos enfant. Or les représentations figurées nous montrent deux divinités parvenues à l'âge adulte.

page 707 note 2. Scholie d'Homère, Odyssée XVI, 471 : « Hermès le premier ouvrit les chemins et, après les avoir ouverts, apporta au bord une pierre, qui était un signal. » Ce sont ces « cairns » que l'on nomme Hermaioi lophoi.

page 708 note 1. Analysant un rituel de Chéronée, Jean-Pierre Vernant « re-connaît » l'opposition dedansdehors et la connotation d'Hermès ﹛Mythe et Pensée, p. 137).

page 708 note 2. Il serait très fructueux, pour élaborer des catégories qui nous permettent de travailler sur ce corpus hétérogène, de faire une analyse critique systématique d'une étude. Nous nous proposons, dans un avenir prochain, de tenter l'expérience sur l'article de Jean-Pierre Vernant, qui met en oeuvre une connaissance très poussée de la « mentalité » grecque et une analyse historique fort solide; néanmoins, il est certain que son raisonnement opère des déplacements, des condensations, laisse des blancs, qui ne trouvent leur justification que dans l'intuition fort experte de leur auteur. Comment donc fonctionne celle-ci ?

page 709 note 1. Anthologie grecque, Livre VI, édit. « Les Belles-Lettres », tome Iii, 1931 ; texte établi et traduit par Pierre Waltz.

page 709 note 2. J'avais initialement défini le corpus de la manière suivante : y figurait toute épigramme où intervenaient Hermès, Pan, Dionysos ou Démeter; de plus s'y ajoutaient toutes les épigrammes où l'on mentionnait une divinité qui cooccurait par ailleurs avec un des quatre termes de départ, même si cette cooccurence n'apparaissait qu'une seule fois dans le corpus. Exemple : les Nymphes cooccurent, dans une épigramme au moins, avec Pan : dès lors toute épigramme où apparaissent les Nymphes fera partie du corpus, ainsi que toutes les épigrammes où apparaissent des divinités qui cooccurent avec les Nymphes, et ainsi de suite. Une telle définition du corpus signifiait une très grande ouverture, et on pouvait penser que, de proche en proche, on se trouve dans la nécessité de prendre en compte la totalité des épigrammes dédicatoires publiées; ceci n'advint pas. Le corpus se fermait progressivement « tout seul », autour des termes : Hermès, Pan, Dionysos, Démeter, les Nymphes, Priape et les Satyres. Seul le terme Cypris, qui ne cooccure qu'une fois avec Hermès (épigramme 299) n'a pas été retenu, car Aphrodite elle-même cooccurait à nouveau avec de nombreuses autres divinités. Par conséquent le corpus se définissait presque de façon autonome; néanmoins, nous conservons la définition provisoire, apparemment arbitraire, autour des sept termes.

page 709 note 3. Épigrammes appartenant au corpus : 5, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 21, 22, 23, 25, 26, 28, 29, 32, 33, 35, 36, 37, 40, 41, 42, 44, 45, 56, 57, 63, 64, 65, 67, 68, 72, 73, 74, 78, 79, 87, 89, 95, 96, 98, 99, 100, 102, 104, 106, 107, 108, 109, 134, 144, 154, 158, 164, 167, 168, 169, 170, 172, 176, 177, 179, 180, 181, 182, 183, 184, 185, 186, 187, 188, 189, 192, 193, 196, 203, 224, 232, 253, 254, 258, 259, 282, 292, 294, 296, 299, 306, 309, 334.

Il pourrait sembler étrange à certains hellénistes que, recherchant les relations entre certaines divinités du panthéon grec en fonction du clivage friche-culture, nous n'ayions pas mentionné Artémis, déesse de la chasse. Artémis est mentionnée dans 12 épigrammes; dans 4 seulement elle est présentée comme déesse de la chasse et de la nature sauvage, et n'y est associée avec aucune des sept divinités dont nous étudions ici les relations.

page 709 note 4. Gow et Page (The Greek Antology, Cambridge 1965) relèvent 142 épigrammes hellénistiques. Pierre Waltz, notice introductive, Anthologie grecque, édition « Les Belles-Lettres », tome Iii, 1931, p. 18 : « On sait qu'à l'origine les épigrammes votives étaient composées pour être gravées, comme une sorte de légende explicative à côté de l'ex-voto; tel fut le cas à n'en pas douter pour les plus anciennes pièces du livre. Mais à partir du IIIe siècle l'épigramme, à quelque genre qu'elle appartienne, tend de plus en plus à devenir un exercice littéraire ou un simple passe-temps d'érudit; elle affecte alors volontiers la forme d'une dédicace, même lorsque elle n'est plus destinée à accompagner une offrande. »

page 710 note 1. Parfois la nature de l'offrande n'est pas décrite. Parfois aussi la dédicace mentionne le voeu du donateur : ceci pourra dans une expérience ultérieure être considéré comme une quatrième variable.

page 721 note 1. Jean-Pierre Vernant, « Hestia-Hermès… »; Vidal-naquet, Pierre, « Le chasseur noir et l'origine de l'éphébie athénienne », Annales, E.S.C., 1968, pp. 947968.Google Scholar

page 722 note 1. Gardin, Jean-Claude, op. cit., 1970, p. 629.Google Scholar

page 722 note 2. Sur les « problèmes de validité », cf. Gardin, Jean-Claude, op. cit., 1970, pp. 649654.Google Scholar