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Le combat de Carnaval et de Carême de P. Bruegel (1559)

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

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« Comme le dit Pline à propos d'Apelle, notre Bruegel a peint bien des choses qui ne peuvent être peintes. Dans toutes ses oeuvres il y a toujours plus de pensée que de peinture. »

On a voulu voir dans ce jugement d'un ami de Bruegel, le géographe Abraham Ortelius, une preuve « qu'aux yeux de ses contemporains l'art de Bruegel était ésotérique ». Mais on peut se demander ce qu'il doit à une connaissance profonde de l'oeuvre du peintre et ce qu'il emprunte simplement à la rhétorique humaniste.

Type
Frontières Nouvelles
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Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1972

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References

1. Abraham Ortelius, « Album amicorum » (Ms Cambridge, Pembroke Collège, après 1550), cité par Charles de Tolnay, Pierre Bruegel l'Ancien. Nouvelle Société d'Éditions, Bruxelles, 1935, p. 61 : « Multa pinxit, hic Brugelius, quae pingi non possunt quod Plinius de Appelle. In omnibus eius operibus intelligitur plus semper quam pingitur. »

2. Id., op. cit., p. 62; Pline, Hist. Nat. XXV-XXVI, 96 : « pinxit et quae pingi non possunt, tonitrua, fulgetra fulguraque; Brontem, Astrapen et Ceraunobolian appellant » (Il peignit même des choses qui ne peuvent être représentées en peinture : le tonnerre, l'éclair et les foudres, que les Grecs désignent respectivement par Bronte, Astrape et Ceraunobolia), id., 98. « Aequalis eius fuit Aristides Thebanus is omnium primus animum pinxit et sensus hominis expressif, quae vocant Graeci rjO?), item perturbationes… 99/ et supplicantem paene cum voce… » (un suppliant qui semblait presque parler). L'édition critique de Rabelais (Droz, 1955), p. 87, voit dans ce passage une raillerie de l'auteur à l'égard de la manie de l'allégorisation « qui connaît au XVI0 siècle, un regain de vigueur sous l'influence des Pythagoriciens et des Néoplatoniciens » (note 22, de A. Huon). Une citation de l'Art des Emblèmes du père Menestrier (Paris, 1684), nous parait tardive.

3. Cinquième livre. 3.

4. Quart Livre. 2.

5. André Chastel Art et Humanisme au temps de Laurent le Magnifique, études sur la Renaissance et l'humanisme platonicien, P.U.F., Paris, 1961.

6. Pantagruel, 18-20.

7. Quart Livre, 55, 56. De même la minutieuse description du Temple de la Bouteille, partiellement empruntée à Colonna, fait état d'une théorie mystique de l'Art plastique qui serait capable d'engendrer le son d'une bataille (Cinquième Livre, 40) ou une harmonie. « Vos philosophes nient estre par vertu de figures mouvement faist : oyez icy, et voyez le contraire. Par la seule figure limaciale que voyez… est ceste sacrée fontaine escoulée, et par icelle une harmonie telle qu'elle monte jusques à la mer de vostre monde. » Le traitement de la catégorie du temps chez Bruegel nous semble aller dans le même sens : créer le mouvement par la figure.

8. On comparera la théorie du blanc chez Rabelais et chez Ficin (A. Chastel, Marsile Ficin, pp. 103-104). Le danger du blanc, qui peut tant réjouir qu'il tue, est signalé par Rabelais ﹛Garg., chap. 11 ), la doctrine est attribuée à Aristote. Ficin préfère le vert qui est la lumière « mais sous une forme fugitive et facile à dissiper… » (op. cit., p. 104). On s'étonne de voir Rabelais utilisé une seule fois dans l'ouvrage de Chastel. Apparemment le Chinonnais s'était proposé d'écrire sur les couleurs. « Bien ay-je espoir d'en escrire quelque jour plus amplement, et monstrer, tant par raisons philosophiques, que par autorité receues et approuvées de toute ancienneté, quelles et quantes couleurs sont en nature, et quoi par une chascune peut estre désigné, si Dieu me sauve la moulle du bonnet, c'est le pot au vin, comme disoit ma mère grand » (Garg., 12). Nous frémissons à la pensée de ce que l'Ile (espace clos) de Nul Lieu, étape d'un périple précis (dans un temps donné), dont le prince s'efforce de « faire apparaître », pourrait inspirer aux théoriciens de la Forme ou aux philosophes de la peinture abstraite.

9. André Chastel, Marsile Ficin et l'art, Genève, Droz, 1954, pp. 118-169.

10. Charles de Tolnay, The drawings of Pieter Bruegel the elder with a new critical catalogue, The Twin Editions, New York s.d., n° 67, pi. XLIV.

11. Classé dans la bibliographie de R. Bossuat dans la catégorie « Débats et Disputes », La Bataille de Caresme et de Charnage, édition critique… par G. Lozinski, Paris, 1933 (Bib. Ec. Prat. des Hautes Études, 4e Section, fasc. 262). Ce texte et ses parallèles, très allégoriques, opposent dans une gigantesque bataille les aliments du Carême et ceux de Carnaval. C'est une parodie des interminables combats des romans de Chevalerie. Le folkloriste trouve peu à retenir pour se faire une idée du déroulement réel du Carnaval médiéval. Sur le Jeu de Carnaval et les différentes explications proposées (paganisme antique, drame liturgique, démon agraire) et la réaction des « littéraires, historiens du théâtre ou philologues », voir Eckehard Catholy, dans « Fastnacht Spiel des Spatmittelalters », Hermaea. N.F. 8. (Max Niemeyer Verlag, Tùbingen, 1961), dont on trouvera un bon résumé dans Joël Lefebvre, Les Fols et la Folie, Klincksieck, Paris, 1968, pp. 28 et suiv. Le point de vue folklorique dans Léopold Schmidt, Le Théâtre populaire européen. Paris, Maisonneuve, 1965. Dans son Manuel. Van Gennep consacre quelques pages aux personnifications du Combat (vol. I, tome III), p. 934 : le combat était mimé au XV* siècle dans le Lauraguais; p. 966 : à Metz, à la fin du XVe siècle, on opposait deux mannequins, l'un gras et l'autre maigre; p. 970 : au XVIe siècle, un jeu de Carnaval de François Habert s'intitule « S'ensuit la dure et cruelle bataille et paix du glorieux saint Pansard à rencontre de Carême » (exemplaire unique de la Bibliothèque Thomas de Rothschild, dont nous restituons le titre exact mal cité par V. G.).

12. Hanns Swarzenski, « The Battle Between Carnival and Lent », in Bulletin of the Muséum of Fine Arts. Boston, février 1951, vol. XLIX, n° 275, pp. 1-11.

13. Cf. Tolnay, op. cit., p. 77.

14. Ludwig Munz, « The drawings of Bruegel », London, Phaidon Press, 1961. On consultera les dessins de préférence aux gravures qui en sont extraites. L'ensemble des croquis de paysans fournit une documentation précise sur les costumes à cette époque. Ainsi : n° 151, Dessin sur bois, Mopsus et Nisa, New York, Met. Mus.; n° 148, Printemps (1565), Vienne, Albertina; n° 149, Eté (1568), Hambourg, Kunsthalle; n° 146, Christ an Limbes (1561), Vienne, Albertina, avec inscription : « Tollite o porte capita vestra, attollamini fores sempiterne et ingredietur Rex îlle gloriosus ». Gravé par Pieter van der Heyden.

15. Jacques Lavalleye, Lucas van Leyden. Peter Bruegel l'Ancien. Gravures. Œuvre complète, Paris, Arts et Métiers graphiques, 1966, n° 146.

16. Munz, n° 144, 1560, Rotterdam, Boymans van Beuningen Muséum : De Tolnay, Drawings, p. 62. L'idée de symboliser ce triomphe pascal par les martelets rituels appartient en propre à Bruegel, mais il a poursuivi là une indication présente dans l'oeuvre de Bosch. On possède une gravure de Cock représentant un triptyque perdu de Bosch, intitulé Le Jugement dernier. (Pieter Bruegel the Elder. Exhibition. Los Angeles County Muséum, 22 mars-7 mai 1961, Plantin Press, Los Angeles, p. 9). Le panneau central représente la lutte des milices célestes contre la gent infernale et forme le modèle direct de « Fortitudo ». La subscription de ce panneau est « Tollite o portae capita vestra, attoilamini fores sempitemae ut ingredietur rex ille gloriosus». Elle confirme donc ce que nous avions induit de la seule présence du martelet dans le dessin de Bruegel et que c'est bien la seule présence du « Fortitudo » de la messe pascale qui est l'idée centrale de la composition (voir illustration). Or, la confrontation du tableau de Bosch, tel que nous la conserve la gravure, et du dessin de Bruegel est instructive. L'équivalent iconographique du bouclier-martelet des démons est chez Bosch un bouclier à pointe. On peut donc reconstituer le processus ainsi. Bruegel se charge d'illustrer la série des Vices et des Vertus. Pour la « Vaillance » au combat il songe à la gravure ou à l'original de Bosch, à la lutte du Jugement dernier. Or ce Jugement trouve son équivalent annuel dans le rite pascal, association que la subscription (de Bosch) atteste. Bosch avait choisi pour illustrer un événement unique de l'Histoire (le Jugement dernier) une iconographie où seule la subscription évoque Pâques. A l'aide d'un détail minime, le martelet, Bruegel va réinsérer le « temps » de la subscription et la coutume qu'elle évoque dans l'image. Le martelet de Carême vient ici pour réaffirmer l'équivalence Pâques- Jugement dernier. On sait qu'Emile Mâle avait le premier insisté sur la nécessité de comparer dans les détails, l'iconographie et les textes, bibliques, théologiques ou « légendaires » qui les sous-tendent. Un relais intervient ici, celui de la liturgie folklorisée. Reste un problème : pourquoi la subscription du dessin de Bruegel a-t-elle disparu ? Tous les dessins de Bruegel sont soulignés d'une marge où se déroule une inscription, le plus souvent latine, parfois flamande. Elle existe dans notre dessin, mais elle est formée de signes, tracés sur deux lignes. Il serait curieux de retrouver dans ces deux lignes, sous un de ces systèmes cryptographiques chers à la Renaissance, le « Tollite… ».

17. Voir Reinsberg-Duresfeld, Traditions et légendes de la Belgique, Bruxelles, Claassen 1870, 2 vol., tome I, p. 239.

18. Dom Cabrol, Dictionnaire d'Archéologie Chrétienne et de Liturgie, Paris, Letouzey, s.v. « Théâtre Liturgique ».

19. De Tolnay, The Drawings, p. 74.

20. P. Bianconi, P. de Tolnay, Tout l'oeuvre peint de Bruegel l'Ancien, Flammarion, 1968. Les enfants agitent des crécelles, les gueux sont des « lépreux avec des queues de renard », le Combat de Valentin et Ourson est « du Cycle de Charlemagne ». Les légendes d'un ouvrage récent de Gluck sont à l'avenant. Valentin et Ourson = « Jeu de Carême »; lépreux = « groupe entre les maisons ».

21. Arthur Haberlandt, « Das Fasching-bild des Peter Bruegel d'A », in Zeitschrift des Vereins fur Volkskunde Jharg, 1933, Bd. V., Heft. 3. N'existe pas à la Bibliothèque nationale de Paris mais en Sorbonne.

22. Catholy, op. cit., pp. 316-325. Le rapport avec l'homme sauvage, qui peut lui aussi apparaître en février (l'homme velu du Carnaval) ou en mai (le feuillu), est analysé par W. Lyinge, dans « Sommer-und Winter Spiel und die Gestalt des wilden Mannes », Osterr. Zeit. f. Urkunde, 55,1952, pp. 14 et suiv. Deux textes de ce débat de l'Hiver et de l'Été sont aisément accessibles dans Anatole de Montaiglon, Recueil de Poésies…, Bibliothèque elzévirienne, 1855-1878,13 vol. in-16, tome VI. pp. 190-198 : Le débat de l'Hiver et de l'Été, avecques l'estat…, tome X, pp. 41-53 : Débat de l'Yver et de l'Esté… L'éditeur indique en notes le « Conflictus Vernis et Hiemis (Bède ou Alcuin ?), une imitation génoise, un texte néerlandais et un texte anglais ». Le Manuel de Bibliographie de R. Bossuat ne cite que le second texte (n° 2639). G. Lozinski, La Bataille de Carême et de Charriage, édition critique avec introduction et glossaire, Paris, 1933, Champion, Bibl. de l'École Pratique des Hautes Etudes, fasc. 262. Pour ces deux textes le débat demeure. Le Combat appartenait-il au rite « primitif » du Carnaval et s'est-il moulé dans la forme littéraire médiévale du débat ? Cf., pour la première opinion, Léopold Schmidt, Le théâtre populaire européen, Paris, Maisonneuve et Larose, 1965 (on peut déplorer la faiblesse de la part française). Pour la seconde, voir Van Gennep, Manuel, I, 3, p. 994 : « …je ne vois dans ces personnalisations que des rites de passage, des cérémonies de terminaison dramatisées. « Carnaval est mort » signifie qu'on ne doit plus manger de viande; alors, par endroits, on a eu l'idée de fabriquer un personnage appelé Carnaval ou Mardi Gras, et de le faire mourir ; et plus loin, p. 995 « le bûcher… n'a rien de rituel ; il est seulement judiciaire… » Les conclusions de l'auteur de cet article vont à rencontre de celles du grand folkloriste.

23. Gabriel LE BRAS, Etudes de Sociologie religieuse. Paris, 2 vol., P.U.F., 1955, tome I, p. 39 : Le contrôle canonique de la vie chrétienne dans le diocèse d'Auxerre sous Louis XIV. « Plus constante, plus périlleuse est la concurrence que fait le cabaret à l'église. Les hommes venus à la messe restent à boire, à tel point que le curé de Menestreau se trouve seul à l'église » (Doc. d'archives).

24. Van Gennep, Manuel. I, 3, p. 1123.

25. Id.. p. 1049.

26. Ibid.

27. Ce type de pensée trouve son expression la plus nette dans « l'Apologie pour Hérodote » de Henri Estienne et le « Traité du différend des Religions » de Marnix de Sainte-Aldegonde. Nous consacrons à ce problème une partie d'une thèse en cours sur Rabelais et le folklore

28. Gluck, p. 19.

29. De Tolnay, p. 25.

30. Bulletin de la Société Archéologique d'Ile-et-Vilaine, tome XXXIII, p. XLIV, 1906. Communication de M. ÉTASSE, reprise dans Guillotin De Corson et Post; Dict. Hist. du Maine-et-Loire.

1. Les lettres majuscules qui suivent renvoient au plan (ci-dessus p. 319).

31. Et non une crécelle, comme l'affirment plusieurs commentateurs.

32. Claude Gaignebet, « Jeudi Jeudio. Étude du Roi des enfants des écoles dans les textes, du XIIIe au XXe siècle », Bulletin folklorique d'Ile de France, 1969.

33. Pour la saint Thomas (21 décembre), voir Reinsberg-Duresfeld, II, pp. 318-321.

34. Arthur Dickson, Valentine and Orson, translated…, London, 1937, Early English Texts Society, n° 204.

35. Richard Bernheimer, Wild men in the Middle Ages, Harvard University Press, Cambridge U.S.A., 1952, Illustration n° 16 : « Play of the death of the wild man. »

36. Joan Amades, Costumari Català el curs de l'any, vol. I (Hivern). Barcelone, Salvat, 1950, pp. 794-796.

37. René van Bastelaer, Peter Bruegel l'Ancien, son oeuvre et son temps, Bruxelles, Librairie nationale, G. van Oest et Cie, 1905, 400 p., illustr., p. 303.

38. Julio Caro Baroja, El Carnaval. Analisis historico cultural, Taurus, Madrid, 1965, chap. IV, pp. 67-82 : El gallo de carnestolendas ; pp. 62-63 : Juegos con ollas.

39. MOISET, pp. 15-16; repris par Van Gennep, p. 1007.

40. Op. cit., p. 136.

41. Reinsberg-Duresfeld, pp. 147-148.

42. Van Gennep, I, 1, p. 266 et I, 3, pp. 1065 et 1079. Cf. Fr. Jouskowsky, « Le monde rustique dans les Théâtres de Nicolas Filleul », Bibl. Hum. et Ren., 1968, pp. 283-290. Eglogue intitulée « Chariot » : « Damis craint d'être chassé de son petit domaine, mais Mopse lui prédit qu'un dieu ramènera la prospérité d'antan. » Nous signalons cet indice pour ceux qui voudraient poser le problème des rites et du théâtre de Carnaval.

43. J. Lefebvre, op. cit., p. 26.

44. Van Gennep, I, 3, pp. 1118-1119, rites identiques (Renard) en Bresse, Brie, Isère. Le loup est la personnification du Carême, qui dévore toute la viande. (De Westphalen Dict.. s.v. « Loup ».)

45. Dom Cabrol, Dict, s.v. « Théâtre Religieux », Résumé du « De ordine antiphonarii », ch. XXX; « De officio Septuagesimae » d'Amalaire de Metz (IXe siècle). L'Alléluia était représenté comme un voyageur pressé de retourner dans sa patrie « Tempus est ut revertar ad eum qui me misit ». On l'engageait à rester : « Mane apud nos etiam hodie, et duc laetum diem, et cras proficisceris » (Jud. XIX, 9). Devant la résolution du voyageur, on lui adressait des voeux : « Angélus Domini bonus comitetur tecum, et bene disponet itinera tua, ut iterum cum gaudio revertaris ad nos » (Tobie V, 27).

46. Mercure de France, 16 août 1726 : Lettre écrite de Bourgogne à M. L. R. sur quelques particularités singulières de deux manuscrits, l'un de Toul l'autre de Sens… (pp. 2656-2673). La Bibliographie que Van Gennep indique à propos de l'enterrement de l'Alléluia (Manuel, I, 3, p. 934) est décevante. Les auteurs qu'il cite adaptent sournoisement le texte de l'abbé Lebeuf. Les folkloristes du XIXe (Jourdanne, Peignot, Clément-Hémery) ont singulièrement troublé un problème que Boucher d'Argis (Antoine Gaspard) dans ses Variétés Historiques, Physiques et Littéraires ou recherche d'un savant…, Paris-Nyon, 1752 (t. III, p. 151) expose très clairement. Tant que tous les textes relatifs à un fait de folklore ne sont pas confrontés, on risque assez de prendre pour des localisations différentes les reflets d'une même source. Un simple fichier qui regrouperait les reproductions des documents originaux éviterait au chercheur de refaire cent fois ce long travail de critique des sources.

47. D'Argis, Boucher, op. cit., pp. 158159.Google Scholar

48. Reinsberg-Duresfeld, I, p. 167; Coremans, p. 54.

49. « La Vie généreuse des Mercelotz, Gueuz et Boesmien », A Lyon, par Jean Jullieron, 1596. Reproduit dans Variétés Historiques et Littéraires, Éditions Jannet. tome VIII, p. 147.

50. Van Gennep, Manuel, I, 3, pp. 941-955. Pour une étude historique de la coutume à partir du XVIe siècle, cf. Claude Gaignebet, Le Folklore obscène des enfants français, thèse, Paris, 1966.

51. Selon Haberlandt, il s'agit d'une fête des pêcheurs et ces détails lui semblent justifier son interprétation.

52. Maxime Rodinson, « Recherches sur les documents arabes relatifs à la Cuisine » (Rev. des Et. Islamiques, 1949, pp. 95-165), pp. 114 et suiv.

53. Ce thème de la folie de la Croix marque un bon nombre d'oeuvres facétieuses ou mystiques de la Renaissance. Cf. le très beau livre de Joël Lefebvre, Les fols et la Folie. Etude sur les genres du comique et la création littéraire en Allemagne pendant la Renaissance, Thèse 459, Paris, 1969 ; et Dictionnaire de Spiritualité, s.v. « Folie de la Croix » et « Fous pour le Christ ».

54. G. Cohen et R. Schneider, La formation du génie moderne dans l'Art et l'Occident, Renaissance du Livre, 1936 (2 vol.). Évolution de l'Humanité, 48. Tome II, p. 280. « C'est dire que l'anachronisme est perpétuel… Les Flamands ont plus de candeur, ou d'audace, que les autres Écoles… Ici le présent chasse les siècles. »

55. Henri Hubert, Etudes sommaires de la représentation du temps dans la religion et la magie, Paris, Imp. nationale, 1905, in-8°, 67 p., (E.P.H.E. Sciences Religieuses, pp. 5-6).

56. Erwin Panofsky, Essais d'iconologie, Gallimard, 1967, « Le Vieillard Temps » (pp. 102-151).

57. Cf. Coremans, op. cit., pp. 123-125. Joachim Feller, Dissertatio solemmis de fratribus Kalendariis, Francfort, F. Knochii…, 1692, in-4°, 33 p. (B.N., Zp. 889) ; Le Guide fidèle, 1755; La Gazette d'Erlangen, 1824. (Bibliographie d'après Reinberg-Duresfeld, tome I, pp. 150-152.) Voir Du Cange, Glossarium mediae et infimae latinitatis, s.v. « Fratres Kalendarii » et « Fratres Kalendarium » (textes de 1219, 1339, 1408, 1467).

58. Du Cange, Glossarium, s.v. « Kalendae » et « Festum Kalendarum ».

59. Claude Gaignebet, Thèse en cours sur Rabelais et le Folklore. Le Temps moderne n'est pas silencieux pour autant. Cf. Georges Gurvitch, La Multiplicité des temps sociaux, Paris, 1961, Les Cours de Sorbonne. La question de la représentation du temps connaît un regain d'intérêt (cyclique ?) en anthropologie : E. R. Leach. « Deux essais concernant la représentation symbolique du temps », dans Critique de l'Anthropologie, P.U.F., 1968, pp. 210-230 : Cronus et Cronos (210-223); Le temps et les faux nezs (pp. 223-230); Claude LÉVI-STRAUSS, L'origine des manières de table. Pion, 1968; ouvrage que marque l'usage du spatio-temporel dans l'analyse des mythes. Cf. pp. 138-160. Le cours des astres : « La catégorie du temps surgit ainsi dans la pensée mythique comme le moyen nécessaire pour rendre manifestes des relations en d'autres relations déjà données dans l'espace » (p. 156).