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Le salaire des ouvriers du bâtiment à Paris de 1400 à 1726

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Micheline Baulant*
Affiliation:
Centre de Recherches historiques, Paris

Extract

Les recherches entreprises sur le salaire des ouvriers du bâtiment à Paris s'inscrivent dans le cadre très large de l'enquête menée au Centre de Recherches historiques sur l'histoire de divers types de revenus : loyers urbains, revenus fonciers.

Comme dans l'enquête sur les loyers, nous avons fait appel essentiellement aux archives des communautés : communautés religieuses (abbayes de Saint-Germain et Saint-Denis, couvent des Blancs-Manteaux), hospitalières (Hôtel-Dieu, Quinze-Vingts, Saint-Jacques-aux-Pèlerins, Incurables), ou collèges (surtout le collège dit « de Beauvais »).

Type
Enquête en Cours
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1971

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References

page 463 note 1. Le fonds des Incurables a déjà été exploré par les chercheurs, notamment en ce qui concerne les salaires : pour l'époque de Louis XIV, Jean Meuvret y a fait des dépouillements très détaillés qu'il a eu l'extrême obligeance de nous communiquer. Par ailleurs, Yves Durand ayant tiré des cartons du XVIIIe siècle la matière d'un Diplôme d'Études Supérieures dont il a extrait un article : « Recherches sur les salaires des maçons à Paris au XVIIIe siècle » paru dans la Revue d'histoire économique et sociale, 1966, pp. 468-480, nous avons clos notre enquête en 1726.

page 463 note 2. Ce qui interdit tout recours aux archives notariales pour combler les lacunes.

page 463 note 3. Éventuellement poseurs, bardeurs, porte-mortiers, carriers, porte-terre, porteurs de hotte.

page 463 note 4. Sous forme de bâtonnets ; les fractions de journées étant figurées par diverses combinaisons de ronds et de bâtonnets.

page 464 note 1. Un peu moins précis, le compte des travaux entrepris en 1519 pour la construction d'un nouvel hôpital adopte le même principe mais ne donne pas le nom de tous les ouvriers, plus de 60 manœuvres certaines semaines. Le registre KK 286 A : Préparatifs de l'entrée du roi et de la reine à Paris qui dérive, lui aussi, d'une collection de rôles les résume encore un peu plus. Par exemple : semaine du 15 au 20 avril 1549 à 24 hommes manœuvres qui ont travaillé ainsi que dit est les uns 5 jours 1/2, autres 4 jours 1/2, autres 4 jours, 3 jours 112, 2 jours 1/2, 1 jour 1/2, 1 jour à 4 s. par jour : 191. 16 s.t.

page 464 note 2. Un exemple pourtant en 1693 (Incurables, carton 50, Mémoire 2022) : des journées de maçon facturées 35 s. sont payées 30 s. De même en 1694, un mémoire montant à 225 I. sur la base de 35 s. la journée est réduit à 200 1. (Incurables, carton 52).

page 464 note 3. A partir de ce moment on peut encore utiliser certaines mentions très simples, paiement de quelques journées pour une réparation, par exemple, mais les rubriques plus complexes ne nous apprennent plus rien.

page 464 note 4. On peut utiliser un peu plus longtemps les journaux (Blancs-Manteaux) ou les semainiers (Quinze-Vingts) qui restent plus détaillés.

page 465 note 1. Sur tous les problèmes du salariat et des salariés à Paris, consulter B. Geremek : Le salariat dans l'artisanat parisien aux XIIIe-XVe siècles. Trad. française, Paris, 1968, in-8°, très utile quoiqu'il concerne une période en grande partie antérieure à celle que nous étudions.

page 465 note 2. La journée constitue la plus petite unité rencontrée pour le salaire; elle a pour sousmultiples demi-journée, tiers de journée et même demi-tiers de journée. En aucun cas, nous n'avons trouvé de rétribution à l'heure. C'est un terme ignoré et même dans le cas de journées incomplètes, les ordonnances prescrivent de payer au prorata du prix accoutumé.

page 465 note 3. Cet édit touche les ouvriers maçons, tailleurs de pierre, charpentiers, tuiliers, couvreurs et manœuvres appelés autrement aides sans comprendre les plombiers. L'ordonnance de 1648 qui concerne ces derniers, ne mentionne qu'un seul horaire (5 heures-19 heures).

page 465 note 4. Les statuts — sauf un très ancien statut des tondeurs de drap (1384) — ne précisent pas la durée de la pause accordée pour le déjeuner et se contentent en général de dire que les ouvriers prendront leurs repas à heure raisonnable.

page 465 note 5. Ni si elles s'appliquaient aux couvreurs pour qui elles avaient été fixées en 1566 à Carême prenant et à la Saint-Rémy.

page 465 note 6. La plupart des statuts de métiers consacrent un paragraphe aux heures de travail mais certains ne mentionnent que le début ou la fin de la journée, d'autres que l'horaire d'été ou celui d'hiver. Voir Geremek, op. cit., pp. 78 à 82.

page 466 note 1. C'est un aspect sur lequel Levasseur (Histoire des classes ouvrières, t. l, pp. 320-322) a déjà insisté. On trouve encore la trace de cette méfiance dans les statuts des serruriers de 1543 qui disent que « nul serrurier ne peut ouvrer fors seulement à la veue du jour… pour ce que la veue de la nuit n'est pas si souffisante… et par le soupçon qu'il ne face faulse œuvre ». (Lespinasse, Métiers de Paris, t. ll, p. 475).

page 466 note 2. Lespinasse, op. cit., t. l, p. 1.

page 466 note 3. Ibid., p. 26.

page 466 note 4. Ibid., p. 32.

page 466 note 5. Lespinasse, op. cit., t. III, p. 107.

page 466 note 6. Geremek (op. cit., p. 132) analyse une ordonnance de 1331 qui montre comment à une taxation trop rigoureuse des salaires, les ouvriers avaient répondu en raccourcissant la durée de la journée de travail.

page 466 note 7. Ces limites flottantes ont dû faire l'objet de contestations et d'aménagements divers (les vignerons, par exemple, peuvent quitter leur travail de manière à arriver à la nuit en leur maison).

page 466 note 8. Pour construire un hôpital de pestiférés.

page 466 note 9. Si l'ordonnance de 1566 prescrivait aux couvreurs d'aller en besogne « de bon matin » c'est sans doute parce qu'elle reprenait les termes d'une ordonnance plus ancienne.

page 466 note 10. Fondeurs, potiers d'étain, plombiers, taillandiers, couteliers.

page 466 note 11. Sommairement parce que les données sont très irrégulièrement réparties et que leur utilisation rigoureuse demanderait des calculs très longs.

page 467 note 1. Couvreurs et charpentiers sont trop peu nombreux.

page 467 note 2. Avril à juin suivant les catégories.

page 467 note 3. La comparaison des deux courbes permet une critique réciproque. ll est probable que le très grand nombre d'ouvriers engagés pour faire démarrer le chantier de Saint-Germain-des-Prés en avril et mai pèse sur l'ensemble des données réparties sur deux ans seulement et rehausse peut-être excessivement le maximum de printemps. En revanche, aux Incurables, l'année 1667 est celle où l'on emploie le plus d'ouvriers; elle se distingue des autres par un profil tout à fait particulier et notamment une activité débordante au mois de décembre. ll est très vraisemblable qu'en l'éliminant nous verrions le niveau de l'emploi s'effondrer en décembre aux Incurables comme à Saint-Germain-des-Prés. Déjà, le Livre des métiers (XXIV, 9) contient un statut permettant aux valets de s'absenter durant le mois d'août. « Et doivent aler les valiez chacun un mois, en aoust, se il vuelent », cité par Geremek, p. 83, n. 2.

page 470 note 1. Geremek ﹛op. cit., pp. 91-92) lie au contraire les deux mouvements et admet un certain flottement dans la date de changement d'horaire.

page 470 note 2. Par exemple, le compte de construction d'un hôpital pour les pestiférés, en 1520, serait assez détaillé pour faire apparaître un mouvement mais les travaux durent de la fin mars à la fin août; il n'y a rien d'anormal à ce qu'on ne rencontre aucune variation.

page 470 note 3. Qui, d'après l'exemple du XVIIe siècle, se rapproche le plus souvent du tarif d'été, incluant peut-être un léger profit pour l'entrepreneur. ll est vrai aussi qu'un plus grand nombre de travaux devait être entrepris à la belle saison, donc payés normalement au tarif d'été.

page 470 note 4. Par exemple : le 24 juillet 1450, Estienne Laurens, maçon, gagne 5 s. par. pour sa journée; il en gagne 4 en mars 1451 (n. st.) (Arch. nat. H3 27859, 1446-54, fol. 31 V° et 32). Geremek (pp. 91-92 et n. 3) donne plusieurs exemples d'un mouvement saisonnier avec des écarts de 20 % et plus.

page 470 note 5. Par exemple, dans l'exercice 1443-1444, on paie — sans autre précision — pour réparations à l'Hôtel des Trois-Têtes, 1 journée de maçon à 5 s. 8 d., 13 1 /2 à 5 s., 3 à 4 s. 8 d., 7 1 /2 à 4 s., plus 9 jours 1 /2 d'aides-maçons à 3 s. par jour, 19 journées à 2 s. 4 d., 1 à 2 s. (Arch. nat, H3 27858, fol. 79).

page 470 note 6. Par exemple dans le compte 1447-1448 de Saint-Jacques-aux-Pèlerins : Jacques Rogier gagne 5 s. par. fol. 29 v°, 4 s. par. fol. 30 et 30 v° et de nouveau 5 s. par. fol. 32 et 32 v° : en même temps son fils gagne successivement 3 s. et 2 s. 8 d. par., son aide 2 s. 8 d. et 2 s. 4 d. par.

page 470 note 7. Vauban, Projet d'une dixme royale (1707), publié par E. Coornaert, Paris, 1933, p. 74, compte 38 jours de fête chômée.

page 471 note 1. Sept fêtes sont toujours en semaine : lundis et mardis de Pâques et de Pentecôte, Ascension, Saint-Sacrement et son octave. ll faut sans doute ajouter à cette liste générale la fête paroissiale, celle du patron de la corporation et les occasions exceptionnelles qui pouvaient se présenter de temps à autre : entrée de la reine, naissance d'un prince, etc.

page 471 note 2. Ceci à titre de contrôle, un des groupes pouvant être amené pour des raisons techniques, à interrompre son travail pendant un ou plusieurs jours.

page 471 note 3. Arch. nat., KK 339.

page 471 note 4. En fait pour cette période, les mois de travail les plus courts sont novembre, décembre et suivant les années, mai ou juin.

page 471 note 5. Geremek (op. cit., pp. 82 à 85), par un calcul semblable aux nôtres, aboutit à une année de 275 jours ouvrables en 1320, sur le chantier de construction de l'hospice Saint-Jacques.

page 471 note 6. Vauban (loc. cit.) compte 50 jours de gel.

page 471 note 7. Certaines confréries prévoyaient un secours en cas de maladie ou d'accident (Geremek, op. cit., p. 111 et n. 3) mais les intempéries ne semblent pas avoir été mentionnées.

page 472 note 1. En ne comptant que les maçons, manœuvres et tailleurs de pierre. Voir le graphique n° 2, publié ci-dessous par Mme C. Beutler, pp. 490-491 : Situation de l'emploi des manœuvres.

page 472 note 2. 186 manœuvres, 61 tailleurs de pierre, 47 maçons.

page 472 note 3. 61 manœuvres, 57 tailleurs de pierre, 17 maçons.

page 472 note 4. 9 manœuvres, 12 tailleurs de pierre, 4 maçons.

page 472 note 5. 11 manœuvres, 9 tailleurs de pierre, 6 maçons.

page 472 note 6. Ces salaires représentent respectivement 179 et 264 journées de travail payées au salaire modal de l'année :15s. Année de travail théorique pour cette période : 272 à 277 jours.

page 472 note 7. Ces salaires représentent 302 et 220 journées (mode).

page 472 note 8. Le salaire réel n'est pas révélateur pour cette année, car la plupart des manœuvres quittent durant les derniers mois un chantier dont l'activité se ralentit.

page 474 note 1. Mme Corinne Beutler, chargée d'analyser le dossier de reconstruction de l'église Saint-Germain-des-Prés en a tiré une étude détaillée sur ce chantier. On y trouvera d'autres exemples de salaires annuels, notamment de maçons et de tailleurs de pierre.

page 474 note 2. Au XVe et au XVIe siècles, un même personnage peut se voir qualifier en même temps ou successivement de maçon et de couvreur ou de maçon et de tailleur de pierre.

page 474 note 3. L'expression figure dans les comptes de l'Hôtel-Dieu. Dépenses 1511, fol. 422 et Dépenses 1524, fol. 300.

page 474 note 4. Dans les archives des Incurables à partir de 1654.

page 474 note 5. Par exemple, dans le compte des travaux de Saint-Germain-des-Prés en avril 1644 : 10 s., 12 s., 13 s., 14 s., 15 s., 16 s.; en décembre 1644 et janvier 1645 :11 s., 12 s., 13 s., 14 s. 15 s.; en novembre : 10 s., 11 s., 12 s.. 13 s., 14 s., 15 s. et aux Incurables en 1686, en janvier et février : 10 s., 11 s., 12 s., 13 s., 15 s., 16 s. et en octobre : 7 s., 8 s., 9 s.» 10 s., 12 s., 13 s. 14 s., 15 s., 16 s., 17 s., 20 s. Où est la coupure ?

page 475 note 1. Yves Durand, op. cit., retient le mode de février, le mode de juillet et la moyenne des modes mensuels, mais il dispose de données plus régulières que les nôtres.

page 475 note 2. Ces raffinements sont capitaux pour l'étude des crises courtes. Ils ont moins d'importance pour qui se place sur le plan de la longue durée, ce qui a précisément été notre intention. Dans l'exemple choisi, on peut conclure devant la série des salaires de juin comme devant celle de juillet à l'existence d'une période de stabilité de 1667 à 1672.

page 475 note 3. La saison d'été parce que les lacunes sont bien plus nombreuses en hiver.

page 475 note 4. Non sans précaution ; les dates manquant fréquemment au XVe siècle, on ne peut affirmer que le mode supérieur qui apparaît de nombreuses années soit constitué uniquement de salaires d'été; même quand il s'agit de manœuvres, ceux qui aident un charpentier ou un couvreur sont parfois mieux payés.

page 475 note 5. Dans tous ces exemples, il s'agit de la médiane de chaque mois.

page 476 note 1. Avec des changements possibles suivant les époques et les accidents.

page 476 note 2. Baulant, M. et Meuvret, J., Prix des céréales extraits de la mercuriale de Paris (1520- 1698), tome I, Paris, 1953, pp. 19 à 21 Google Scholar.

page 476 note 3. L'année la plus anormale est 1420 : c'est la seule où la hausse excède 30 %. La pointe qui s'épanouit en 1415 se dessine dès 1414 et se prolonge en 1416 mais n'apparatt pas dans les modes de ces années.

page 477 note 1. 1471, 1480, 1489, 1514, 1530, 1532; la dernière année manquante est 1425 également antérieure aux données concernant le prix du froment.

page 477 note 2. En utilisant les données publiées par M. Baulant : « Le prix des grains à Paris de 1431 a 1788 ». dans Annales. 1968. n° 3.

page 477 note 3. Et compte tenu des réserves que nous avons fait ci-dessus sur les années 1612 à 1618 et 1635 à 1640.

page 477 note 4. Par exemple, autour de 1580 où le mode balance entre salaires d'hiver et salaires d'été plus ou moins bien représentés suivant les années.

page 478 note 1. Et de la première décennie du XVIIe siècle.

page 478 note 2. Les séries de salaires de limousins et de tailleurs de pierre n'ont pu être utilisées pour l'étude de cette crise : trop de lacunes.

page 478 note 3. Particulièrement visible chez les limousins pour la crise de 1693-94 : les salaires passent de 25 à 26 s. en janvier et février 1692 à 20 et 22 s. de février à août 1693.

page 478 note 4. En ce qui concerne le XVe siècle, rappelons qu'on ne peut se permettre que des hypothèses.

page 478 note 5. Baisse, bien entendu, très amortie pour les salaires.

page 478 note 6. Les moyennes mobiles calculées pour 13 ans atteignent leur minimum en 1467 (années 1461-73), la hausse est très rapide à partir de 1470, un premier maximum est atteint dès 1480, point bas en 1493, la remontée très nette à partir de 1495, on peut considérer que la moyenne de 1467 a doublé en 1500-1501, triplé en 1517-18.

page 479 note 1. Et peut-être avec le début du XVe siècle, mais l'absence de données régulières sur les prix du froment durant le premier tiers du XVe siècle ne nous permet pas de conclure pour cette période.

page 479 note 2. Environ 1530-environ 1730.

page 479 note 3. Ce premier calcul est établi en prenant sept années autour de 1510 (dans la mesure du possible) = base 100 et sept années autour de 1540. Les calculs donnent comme indices en 1540 : mouton 140; vin 142; charbon 161 ; œufs 182; plâtre 185; toile 186; huile 190; tuiles 199; blé 220; bois 240. De toute évidence, on ne peut leur attribuer une précision absolue. ll n'y a pas lieu de distinguer, par exemple, entre la hausse des oeufs, du plâtre et de la toile.

page 480 note 1. Pour ce second calcul sept années autour de 1540 devenues la base 100 et sept années autour de 1580. Indices en 1580 : bois 182 ; toile 235 ; vin 248 ; oeufs 249 ; moutons 262 ; blé 284 ; plâtre 321 ; charbon 346; tuiles 454.

page 480 note 2. Inférieure à la hausse nominale, bien entendu.

page 480 note 3. Indices 555, 594 et 904. Base 100 les sept années autour de 1510

page 481 note 1. Cet équilibre semble très ancien, Geremek (op. cit.. pp. 89-90) relève un rapport analogue pour 1300.

page 481 note 2. Mmes Anne Sohier et Corinne Beutler et Mlle Béatrice Véniel m'ont grandement facilité la présente étude en se chargeant de la partie ingrate du travail : dépouillements et confection des tableaux; rappelons que Mme Beutler a. en outre, élaboré une analyse du dossier de Saint-Germain-des-Prés que j'ai largement utilisée et que l'on trouvera dans le présent numéro.