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Les crises démographiques en France aux XVIIe et XVIIIe siècles

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

François Lebrun*
Affiliation:
Université de Rennes II

Extract

Les crises démographiques, bien qu'accidents conjoncturels par définition, apparaissent, par leur gravité et leur fréquence, comme un des traits structurels les plus caractéristiques de la démographie de type ancien. Il suffit d'examiner n'importe quelle « courbe paroissiale longue » aux XVIIe et XVIIIe siècles pour être immédiatement frappé par les « clochers » de mortalité qui, à intervalles plus ou moins réguliers, traduisent une hausse brutale du nombre des décès. Toutefois, cette hausse ne caractérise pas à elle seule la crise démographique et il serait donc erroné de désigner celle-ci sous le terme trop restrictif de crise de mortalité. En effet, à l'augmentation des décès s'ajoutent, dans certains cas, une baisse corrélative des conceptions et des mariages et une recrudescence des abandons d'enfants et des phénomènes d'errance. Il est vrai cependant que la crise démographique, si complexes qu'en soient les effets, est d'abord, et souvent uniquement, une « mortalité » pour reprendre le terme employé par les contemporains. C'est pourquoi le premier problème qui se pose à l'historien est de définir, à partir du chiffre des décès, l'existence même d'une crise et son éventuelle intensité.

Summary

Summary

The repetition of crises is one of the most distinctive features of French demography in the XVIIth and XVIIIth centuries. They had an effect not only on mortality, but also on marriage rates and conceptions. They originated from the threefold scourge of disease, starvation and war. The plague, until its disappearance in the 1660's (apart from the Marseille outbreak of 1720), dysentery, typhus, small pox, etc., suddenly broke out from time to time. Food shortage and consistent high prices generated subsistence crises which affected on demography. Last, civil and foreign war, at least up to 1660, also generated such crises. However, most of the demographic crises of the XVIIth and XVIIIth centuries resulted from epidemics, of which the most serious were caused by bothfood shortage and disease. Beyond their origins and their (provisional) timetable, their effects on mortality, marriage rate and conceptions should also be surveyed.

Type
Les Crises Démographiques
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1980

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References

Notes

1. L'expression « type ancien » est préférable à celle d’ « Ancien Régime » qui renvoie à un Ancien Régime politique qui prend fin en 1789, alors que la démographie de type ancien fait place très progressivement à de nouvelles structures démographiques à partir du milieu du xvme siècle.

2. On désigne ainsi la représentation graphique des chiffres de baptêmes, mariages et sépultures annuels.

3. Goubert, P., Beauvais et le Beauvaisis de 160.à 1730, Paris, Sevpen, 1960, p. 51.Google Scholar Il ajoute : « Et où en même temps le nombre des conceptions s'abaisse de manière indiscutable, au moins du tiers. » Cette seconde partie de la définition est trop restrictive : P. Goubert pense ici aux crises démographiques consécutives aux crises de subsistances, mais nous verrons que les épidémies n'entraînent pas forcément une baisse des conceptions.

4. Les méthodes de Hollingsworth et de Dupâquier sont exposées dans les Actes du Colloque international de démographie historique de Montréal, octobre.

5. Cette formule est la suivante : , dans laquelle I représente l'intensité, Q la proportion des décédés, n l'effectif de la population et T la durée de la crise mesurée en jours. Si I dépasse.

6. L'utilisation de l'écart-type, lourde au niveau des calculs, a pour but d'éliminer les fluctuations aléatoires du nombre des décès dans les très petites paroisses.

7. Le détail de l'échelle de magnitude résultant de la formule de Dupâquier est donné dans l'article « Crise démographique » du Lexique historique de la France d'Ancien Régimepar G. Cabourdin et G. Viard (Paris, A. Colin, 1978, p. 91).

8. F. Lebrun, « Les épidémies en Haute-Bretagne à la fin de l'Ancien Régime (1770-1789) ». ADH,1977, pp. 181-206.

9. On peut se contenter de la moyenne des douze ou dix années encadrantes (six ou cinq avant, six ou cinq après).

10. J. Meuvret, « Les crises de subsistances et la démographie de la France d'Ancien Régime », Population,1946, pp. 643-650, repris dans Meuvret, J., Etudes d'histoire économique, Paris, Colin, 1971, pp. 271278 Google Scholar.

11. Jean-Pierre Poussou l'a bien montré pour Bordeaux, notamment en 1693-1694. Cf. J.-P. Poussou, L'immigration bordelaise (1737-1791),Paris, 1978, ex. dactyl., t. I, pp. 131-133.

12. Esquisse du mouvement des prix et des revenus en France au XVIIIe siècle,Paris, 1932, 2 vols ; La crise de l'économie française à la fin de l'Ancien Régime et au début de la Révolution, Paris, 1944.

13. Sur le modèle labroussien, cf. l'article de Vilar, Pierre, « Réflexions sur la crise de l'ancien type. Inégalité des récoltes et sous-développement », dans Conjoncture économique, structures sociales. Hommage à E. Labrousse, Paris-La Haye, Mouton, 1974, pp. 3758 Google Scholar.

14. Article cité n. 10.

15. AESC,1952, pp. 453-463, article repris dans Goubert, P., Clio parmi les hommes, Paris-La Haye, Mouton, 1976, pp. 141158 Google Scholar. Dansdes” réflexions postérieures «rédigées en 1974 et publiées à la suite de la reproduction de son article (p. 158), P. Goubert évoque la querelle qui s'est développée après 1952 « sur l'importance sans doute exagérée accordée aux crises démographiques de type ancien, qui résulteraient presque intégralement des crises de subsistances issues ellesmêmes de la brusque montée du prix des grains ». Et d'ajouter : « Il est patent que, pour la région considérée, au xvne siècle, ces dernières données ont joué un rôle éminent. Des travaux postérieurs ont bien montré que l'élément épidémique comptait beaucoup plus que je ne le croyais alors. »

16. Op. cit.,n. 3 ; édition abrégée sous le titre Cent mille provinciaux au XVIIe siècle,Paris, Flammarion, 1968.

17. René Baehrel, Une croissance : la Basse-Provence rurale (fin du XVIe siècle-1789),Paris, Sevpen, 1961.

18. Pierre Chaunu, «Le Neubourg, quatre siècles d'histoire normande, xive-xvme siècles » (compte rendu de la thèse d'André Plaisse), AESC,1962, pp. 1 151-1 168 (p. 1 163).

19. Sauf l'invasion de l'Alsace en 1674, la prise de Lille en 1708, l'invasion de la Provence en 1707, puis en 1746-1747.

20. Selon A. E. Imhof et B. J. Lindskog, « Les causes de mortalité en Suède et en Finlande entre 1749 et 1773 » (AESC,1974, pp. 915-933), le mode d'extension géographique d'une crise est susceptible de renseigner sur l'origine même de cette crise : « Grâce au procédé tout simple qui consiste à reporter sur une carte, année par année, les régions qui accusent un déficit de naissances (…), on voit immédiatement et clairement si les fluctuations de la mortalité sont dues à des maladies infectieuses de caractère épidémique ou à une suite de mauvaises récoltes » ; dans le premier cas, il y a lente progression à partir de lieux précis, les ports par exemple ; dans le second, la vague de mortalité atteint subitement et en même temps de vastes régions et disparaît tout aussi soudainement. L'idée est séduisante et partiellement convaincante, notamment dans le cas du cheminement d'une épidémie (à condition de pouvoir reconstituer ce cheminement). Toutefois, une crise de subsistances résultant d'un accident climatique précis ne débouche pas forcément partout, à la même date, sur une crise de mortalité : l'importance des réserves des années antérieures, les possibilités de secours extérieurs, maints autres facteurs peuvent retarder, ici ou là, le déclenchement de la crise.

21. Pour une étude comparée, moins au niveau du calendrier des crises que de la méthodologie, cf. notamment L. Juhasz, « Les crises de mortalité en Norvège, xviie-xvme siècle », DH,7, oct. 1972, pp. 12-15 ; Dyrvik, S., Mykland, K., Odervoll, J., The démographie crises in Norway in the 17th and 18th centuries, Bergen-Oslo, Universitetsforlaget, 1976 Google Scholar ; A. E. Imhof et B. J. Lindskog, article cité note précédente ; D. E. Zanetti, « La morte a Milano nei secoli XVIXVIII », Rivista storica italiana,1976, fasc. IV, pp. 803-851 ; D. I. Cananzi et R. Davico, « Démographie et histoire sociale : trends démographiques siciliens entre le xvie et le xixe siècle », DH,7, oct. 1972, pp. 16-23 ; Bacci, Massimo Livi, La société italienne devant les crises de mortalité, Florence, Dipartimento statistico, 1978, 138 p.Google Scholar

22. Si j'exclus ici le xvie siècle, c'est essentiellement pour des raisons heuristiques : les registres paroissiaux ne permettent l'étude sérieuse des crises du xvie siècle que très exceptionnellement (par exemple en Bretagne, comme le montrera prochainement la thèse, très attendue, d'Alain Croix).

23. Échelle Dupâquier ou plus simplement indices 200, 300, etc., par rapport à un indice 100, moyenne des années encadrantes.

24. En plus des travaux cités infra,j'ai tiré grand profit, dans les différents volumes de la collection « Univers de la France », série Provinces et série Villes (Toulouse, Privât, 1967-1978), des chapitres sur l'Ancien Régime rédigés par L. Trenard (Pays-Bas français,1972), P. Deyon (Picardie,1974), M. Crubellier (Champagne,1975), Y. LE Moigne (Lorraine,1978), G. Livet (Alsace,1970), M. Gresset et J.-M. Debard (Franche-Comté,1977), J. Richard (Bourgogne,1978), J. Jacquart (Ile-de-France et Paris,1971), J.-P. Bardet (Normandie,1970), J. Meyer (Bretagne, 1969), F. Lebrun (Pays de la Loire,1972), J. Tarrade (Poitou, Limousin et Pays charentais,1976), A. Poitrineau (Auvergne,1974), B. Bonnin (Dauphiné,1973), R. Devos et J.Nicolas (Savoie, 1973), J.-P. Poussou (Aquitaine,1971), E. LE Roy Ladurie (Languedoc,1967), A. Bourde et M. Vovelle (Provence,1969) et par F. Dornic (Le Mans,1975), G. Cabourdin (Nancy,1978), M. Garden (Lyon,1975), B. Bonnin (Grenoble,1976), B. Bennassar (Toulouse,1974), C. CarriÈRE (Marseille,1973).

25. Biraben, Jean-Noël, Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, Paris-La Haye, Mouton, 2 vols, 1975-1976Google Scholar. A noter toutefois que l'importante bibliographie ne concerne que les ouvrages antérieurs à 1969 (avec des lacunes pour la décennie 1960-1969).

26. J.-N. Biraben cite l'exemple (op. cit.,I, p. 142) de ces troupes que Richelieu envoie, en 1628, de La Rochelle en Italie du Nord pour assiéger Casai, en Montferrat, et qui vont semer la peste sur tout leur passage, tant à l'aller qu'au retour.

27. C'est du moins le point de vue de J.-N. Biraben (op. cit.,I, p. 147): «Si la sousalimentation peut doubler ou tripler la létalité de certaines maladies, comme le typhus ou la dysenterie, il est vraisemblable, d'après les données les plus récentes, que celle de la peste n'en est guère modifiée. » En revanche, pour C. Cipolla et D. Zanetti (” Peste et mortalité différentielle », ADH,1972, pp. 197-202), « le fait que les riches avaient davantage à manger, et surtout que leur nourriture était plus variée et plus riche, pouvait les rendre beaucoup plus résistants à l'infection ». Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que les riches, vivant dans des conditions de confort et d'hygiène supérieures à celles des pauvres et pouvant surtout fuir à temps devant le fléau, risquent moins que ceux-ci d'être atteints par la maladie.

28. Lebrun, F., Les hommes et la mort en Anjou aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris-La Haye, Mouton, 1971, p. 315.Google Scholar

29. 4 000 victimes sur 40 000 habitants, entre juillet 1652 et juillet 1653 (dernière épidémie à Toulouse), selon B. Bennassar (dans Histoire de Toulouse,UF, p. 296).

30. Deyon, P., Amiens, capitale provinciale. Étude sur la société urbaine au XVIIe siècle, Paris- La Haye, Mouton, 1967, p. 32.CrossRefGoogle Scholar

31. Histoire de la Lorraine,UF, p. 300.

32. J.-N. Biraben, op. cit.,I, p. 255.

33. Id., ibid.,I, p. 218, et P. Deyon, op. cit.,p. 33.

34. F. Lebrun, op. cit.,pp. 303-324.

35. J.-N. Biraben, op. cit.,I, pp. 226-229.

36. F. Lebrun, op. cit.,p. 317.

37. Selon l'étude d'Alain Soula utilisée par J.-P. Poussou (dans Histoire de l'Aquitaine,UF, p. 335).

38. J.-N. Biraben, op. cit.,I, p. 308. Jean-Pierre Poussou a raison d'écrire : « Le retour fréquent des pestes est une des clés de la démographie européenne du xvne siècle » (Histoire économique et sociale du monde,t. II, p. 52).

39. J.-N. Biraben, op. cit.,I, p. 336 et II, p. 183.

40. Cf. sur ce sujet l'article de J. Rousset, « Essai de pathologie urbaine. Les causes de morbidité et de mortalité à Lyon aux xvne et xvme siècles », Cahiers d'histoire,1963, pp. 71-105, dont l'information dépasse le cadre lyonnais.

41. F. Lebrun, op. cit.,pp. 348-358.

42. Comme en témoigne la répartition des décès par âges, très différente de ce qu'elle est en temps normal. Cf. l'exemple angevin de Challain, op. cit.,pp. 354-356.

43. Goubert, Jean-Pierre, Malades et médecins en Bretagne, 1770-1790, Paris, Klincksieck, 1974, p. 328 ss.Google Scholar

44. L'avocat parisien Barbier écrit dans son Journal(Éditions 10/18, Paris, 1963, p. 74), à la date de novembre 1723 : « Depuis trois mois, il règne dans cette ville une petite vérole, mêlée de pourpre, qui a désolé presque toutes les familles. Il est mort une infinité de monde. »

45. La première édition du Dictionnairede Furetière (1690) signale au mot « quinquina » : « Écorce qui vient des Indes, qui sert de remède spécifique pour la fièvre (…) Le quinquina a été apporté du Pérou depuis environ 30 ou 40 ans. »

46. Le mot date, semble-t-il, de la grande épidémie qui sévit à Paris en 1743. Voici ce qu'écrit Barbier en mars 1743 : « Il règne, cet hiver, une maladie générale dans le royaume, qu'on appelle grippe,qui commence par un rhume et mal de tête : cela provient des brouillards et du mauvais air. Depuis quinze jours, même un mois, il n'y a point de maison, dans Paris, où il n'y ait eu des malades » (op. cit.,p. 179).

47. Cf. les articles de Jean-Pierre Peter, notamment « Une enquête de la Société royale de médecine (1774-1794). Malades et maladies à la fin du xvme siècle », AESC,1967, pp. 711-751.

48. Cf. parmi bien d'autres témoignages contemporains, ceux cités dans Poitrineau, Abel, La vie rurale en Basse-Auvergne au XVIIIesiècle (1726-1789), Paris, PUF, 1965, pp. 9294 Google Scholar.

49. Citons quelques exemples : à Angers, le setier de seigle passe de 9 livres en décembre 1629, à 12 livres en mai 1630, 25 en août 1630, 40 en mars 1631, soit plus de quatre fois plus que 15 mois plus tôt (F. Lebrun, op. cit.,p. 133). A Amiens, le setier de « meilleur froment » qui vaut 22 sols en mars 1689, en vaut 180 en juin 1694, soit huit fois plus (P. Deyon, op. cit.,p. 45). En revanche, en Provence, la hausse du prix du « blé de pays » sur le marché d'Aix ne dépasse que deux fois le doublement aux xvne et xvme siècles : en 1709 (hausse de 115 %) et en 1720 (152 %) (R. Baehrel, op. cit.,p. 54).

50. Deux exemples parmi d'autres. En mai 1594, les bénédictins du prieuré Saint-Angel, près d'Ussel, refusent d'ouvrir leurs greniers pour approvisionner le marché d'Ussel, mais dans le même temps « vendent journellement des bleds dans leurs greniers à des voituriers étrangers et à d'autres personnes, en faisant le prix comme bon leur semble » (cité par Nicole Lemaître, Un horizon bloqué : Ussel et la montagne limousine aux XVIIe et XVIIIesiècles,Ussel, 1978, p. 49). En décembre 1738, le procureur fiscal d'Evron, dans le Bas-Maine, écrit : « Il y a dans notre diocèse du Mans quantité de seigneurs, gros fermiers, bourgeois et autres, même jusqu'à des abbayes, curés et autres maisons religieuses, qui ont quantité de bleds dans leurs greniers, qui ne veulent point vendre dans l'attente et l'espérance qu'ils ont qu'en les gardant il viendra un grand prix et une grande cherté sur l'arrière-saison » (cité par M. Bricourt, M. Lachiver, J. Queruel, « La crise de subsistances des années 1740 dans le ressort du parlement de Paris », ADH,1974, p. 290).

51. Sur les émeutes frumentaires, qu'il n'est pas dans mon propos de traiter ici, cf. Louise Tilly, « La révolte frumentaire, forme de conflit politique en France », AESC,1972, pp. 731-757, avec une importante bibliographie.

52. E. LE Roy Ladurie, « L'aménorrhée de famine (xviie-xxe siècles) », AESC,1969, pp. 1589- 1601, repris dans Le territoire de l'historien,t. I, Paris, 1973, pp. 331-348.

53. C'est ainsi que pour Jacques Dupâquier, c'est le jeûne et ses conséquences, et non l'abstinence sexuelle, qui rendraient compte du creux des conceptions observé pendant le Carême, au XVIIC siècle, dans certaines paroisses.

54. Cf., lors de la crise de 1738-1739, le témoignage du curé d'Avenières, faubourg de Laval : « L'on a déjà enterré dans ma paroisse des enfants morts dans le sein de leur mère faute de nourriture, ainsi que l'ont jugé ceux qui les ont accouchées » (cité dans Bricourt, Lachiver, Queruel, art. cité, p. 291).

55. Deux exemples : en 1694, 3 788 enfants sont abandonnés à l'hôpital de la Couche à Paris contre 1 000 à 1 500 en moyenne dans les années précédentes (C. Delasselle, « Les enfants abandonnés à Paris au xviue siècle », AESC,1975, p. 208) ; en mars et avril de cette même année 1694, 182 et 185 abandons sont enregistrés à l'hôpital de Lyon, alors que la moyenne mensuelle en 1692 est inférieure à 50 (R. GASCON et C. Latta, « Une crise urbaine au xvne siècle. La crise de 1693-1694 à Lyon. Quelques aspects démographiques et sociaux», Cahiers d'histoire,1963, p. 397).

56. Sur le monde des errants, cf. les belles pages de Goubert, Pierre, L'Ancien Régime, t. 1, Paris, A. Colin, 1969, pp. 101104.Google Scholar

57. Bouchard, G., Le village immobile. Sennely en Sologne au XVIIIe siècle, Paris, Pion, 1972, p. 103 Google Scholar. « Ici, écrit Bouchard, pas d'impérialisme de la farine. »

58. R. Leprohon, «La démographie léonarde de 1600 à 1715», Bulletin de la Société archéologique du Finistère,1972/2, p. 725 : « On n'a pas vraiment l'impression de se trouver en face d'une société où la faim constituait le fléau traditionnel. » Je rappelle, par ailleurs, que le sarrasin, ou blé noir, semé tardivement (mai ou juin), n'est pas tributaire des mêmes conditions climatiques que les autres céréales semées à l'automne.

59. P. Gouhier, Port-en-Bessin, 1597-1792. Étude d'histoire démographique,Caen, 1962.

60. Sur la diffusion du maïs dans le Sud-Ouest aux xvnc et xvme siècles, cf. Georges Frêche, Toulouse et la région Midi-Pyrénées au siècle des Lumières, vers 1670-1789,Paris, Cujas, 1974, chap. iv, « le miraculeux maïs », pp. 213-230, et notamment la carte p. 218.

61. Comme le siècle précédent, le xvme siècle appartient au « petit âge glaciaire » défini par E. LE Roy Ladurie et qui va de la fin du xvie au milieu du xixe siècle. Toutefois, la période postérieure à 1730 est marquée par une série de bonnes années, notamment entre 1743 et 1767, à propos de laquelle Robert Mandrou a pu parler de « réussite météorologique » (La France aux XVIIe et XVIIIe siècles,Paris, PUF, 2e édition, 1974, p. 140).

62. Notamment entre 1737 et 1741 et entre 1768 et 1788.

63. La mise au point la plus récente est celle de Myron P. Gutmann, « Putting crises in perspective. The impact of War on civilian populations in the seventeenth century », ADH,1977, pp. 101-128, qui étudie l'exemple de la Basse-Meuse au xvue siècle.

64. Toutefois, les guerres de la fin du règne de Louis XIV et celles du xvme siècle sont beaucoup plus meurtrières qu'auparavant, du fait notamment des effectifs en ligne : il y a 28 000 tués à Neerwinden le 29 juillet 1683, 33 000 à Malplaquet le 11 septembre 1709, 15 000 à Fontenoy le 11 mai 1745.

65. Corvisier, Cf. André, L'armée française de la fin du XVIIe siècle au ministère de Choiseul. Le soldat, Paris, PUF, 1964, notamment pp. 654692.Google Scholar

66. Les 28 000 cadavres de Neerwinden infectent tout le pays avoisinant : dans les semaines qui suivent la bataille, une maladie, dite « fièvre chaude », tue la moitié de la population de la Hesbaye entre Neerwinden et Liège (M. P. Gutmann, art. cité).

67. Histoire de la Franche-Comté,UF, p. 231.

68. Histoire de la Lorraine,UF, pp. 300-302.

69. Jacquart, Jean, La crise rurale en Ile-de-France, 1550-1670, Paris, A. Colin, 1974, pp. 672676 Google Scholar, et du même auteur, « La Fronde des Princes dans la région parisienne et ses conséquences matérielles », Revue d'histoire moderne et contemporaine,1960, 4, pp. 257-290.

70. Plusieurs centaines, peut-être un millier, très inégalement réparties, sur 35 000 paroisses environ ?

71. Un exemple : les courbes paroissiales longues de Trois-Monts, petite paroisse rurale du bocage normand (J.Leroux, «Trois-Monts, 1603-1792», DH,20, février 1977, pp. 2-11). Si jusqu'en 1661, on y observe quelques-unes des grandes crises nationales (1631, 1649-1651, 1661), après cette date et jusqu'à la Révolution, « la mort obéit à une conjoncture originale », avec des clochers en 1719, 1750, 1765, le clocher de 1779 correspondant, lui, à la grande épidémie de dysenterie.

72. Cf. les articles d'Yves Blayo et Louis Henry dans le numéro spécial, « Démographie historique», de Population,nov. 1975, pp. 15-142.

73. En distinguant petites villes, villes moyennes, grandes villes et Paris.

74. Population,nov. 1975, pp. 52-63. Sur la composition des dix régions, qui résulte d'un regroupement assez arbitraire des départements actuels, cf. ibid.,p. 25.

75. L'expression est employée par J. Jacquart (Histoire de la France rurale,sous la dir. de G. Duby et A. Wallon, t. II, Paris, Seuil, 1975, p. 201) pour désigner « la conjoncture apaisée des années 1600-1615 » qui se prolonge jusqu'à 1625 ou 1628 selon les régions.

76. Sur la crise de 1628-1632, cf. notamment P. Goubert, Beauvais et le Beauvaisis(p. 607), J. Jacquart, La crise rurale en Ile-de-France(p. 607), Guy Cabourdin, Terres et hommes en Lorraine, 1550-1635(Nancy, 1977, pp. 152-168), F. Lebrun, Les hommes et la mort en Anjou… (pp. 315-318), Le Roy Ladurie, Emmanuel, Les paysans de Languedoc (Paris, Sevpen, 1966, pp. 422428 CrossRefGoogle Scholar : « le cycle de mortalité de 1628-1632 (est) l'un des plus atroces de l'Ancien Régime au sud de la Loire ») et les diverses histoires des provinces (UF) citées n. 28.

77. Histoire des pays de la Loire,UF, p. 262.

78. La représentation cartographique de la liste des villes touchées par la peste (dans J.-N. Biraben, op. cit.,I, pp. 386-387) témoignerait de l'extension du fléau à tout le royaume.

79. Notamment en 1628 et en 1630. Ces mauvaises récoltes résultent, dans le nord du royaume, de printemps et d'étés pourris, dans le Midi, de sécheresses prolongées (J. Jacquart, Histoire de la France rurale,t. II, p. 204).

80. Les paysans de Languedoc,p. 425.

81. Les registres de sépultures bien tenus sont encore très rares à cette date. Un exemple local de la gravité de la crise est fourni, pour la région de Roanne, par Serge Dontenwill, « Crise économique, crise démographique et crise sociale au milieu du xvne siècle, l'exemple du Roannais », Études foréziennes,1972, pp. 167-196 : à Perreux, il y a plus de 250 décès en 1630, contre une cinquantaine en moyenne dans la décennie précédente ; à Saint-Romain d'Urfé, 70, contre une vingtaine.

82. J.-N. Biraben, op. cit.,I, p. 308.

83. Pour l'Alsace, cf. Georges Livet, L'intendance d'Alsace sous Louis Xiv (1648-1715), Strasbourg-Paris, 1956, p. 291-295. Pour la Bourgogne, Gaston Roupnel, La ville et la campagne au Xviiesiècle. Étude sur les populations des pays dijonnais,lre édition 1922, rééd. 1955, Paris, Colin, pp. 7-10 et 29-32.

84. G. Livet, op. cit.,fig. 6 (entre les pp. 292 et 293) et p. 294.

85. Histoire de Nancy,UF, pp. 175-177.

86. F. Lebrun, Les hommes et la mort en Anjou…,pp. 319-323.

87. Le mot est de Pierre Goubert (Beauvais et le Beauvaisis,p. 508). Sur la crise de la Fronde, cf. surtout P. Goubert, op. cit.,pp. 58, 508, 607 ss ; J. Jacquart, La crise rurale en Ile-de-France, pp. 647-676 et 681-691. Un bon résumé de l'ensemble de la crise dans J. Jacquart, Histoire de la France rurale,II, pp. 204-207.

88. J. Jacquart, Histoire de la France rurale,II, p. 204.

89. G. Roupnel, La ville et la campagne au Xviiesiècle,p. 33.

90. S. Dontenwill, art. cité, p. 178. On lit dans le registre de l'hôtel-Dieu de Charlieu à la date du 23 décembre 1653 : « L'année dernière et les précédentes, cette ville (de Charlieu) a été affligée d'une maladie populaire causée tant par la cherté des bleds que par le grand nombre de pauvres et malades qui se sont retirés dans ledit hôtel-Dieu. »

91. J. Jacquart, La crise rurale en Ile-de-France,pp. 650-674.

92. Id., ibid.,p. 689.

93. E. Lesgold et M. Richard, « Saint-Denis aux xvne et xvine siècles », DH,1, oct. 1970, pp. 15-19, avec un graphique reproduit dans Histoire de l'Ile-de-France et de Paris,UF, p. 285.

94. L'expression est de Pierre Goubert dans Beauvais et le Beauvaisis,p. 608. Cf. aussi, du même auteur, L'avènement du Roi-Soleil, 1661,Paris, Gallimard, «Archives», 1967, avec son dernier chapitre : « L'envers du décor, la famine de l'Avènement. »

95. Paul-M. Bondois, «La misère sous Louis XIV. La disette de 1662», Revue d'histoire économique et sociale,1924, pp. 53-118.

96. Bibliothèque nationale, Ms. Mélanges Colbert, vols 102-111.

97. Cf. à ce sujet, le début de la page souvent citée des Mémoiresde Louis XIV : « La stérilité de 1661, quoique grande, ne se fit proprement sentir qu'au commencement de l'année 1662, lorsqu'on eut consumé, pour la plus grande partie, les blés des précédentes ; mais alors elle affligea tout le royaume au milieu de ces premières prospérités », etc.

98. R. Leprohon, art. cité.

99. Cf. les volumes correspondants de la collection UF.

100. F. Lebrun, Les hommes et la mort en Anjou…,pp. 329-338.

101. Nicole Moncourier, « La population de Corbeil au xvne siècle », DH,1, oct. 1970, pp. 9- 15. L'exemple de Corbeil est repris, avec un graphique, dans J.-P. Poussou, Histoire économique et sociale du monde,t. II, p. 51.

102. Peut-être s'agit-il à Corbeil (et ailleurs ?), comme le suggère Nicole Moncourier, d'une épidémie consécutive à la mauvaise qualité du pain consommé en 1661. En effet, la récolte de 1660 a été médiocre en quantité, mais surtout en qualité, les blés ayant été niellés. Ce qui réintroduirait un lien entre mauvaise récolte et surmortalité.

103. C'est la proportion la plus courante dans toutes les régions étudiées.

104. Cf. chiffres et graphiques notamment dans P. Goubert, Beauvais et le Beauvaisis,atlas, p. 55, et dans F. Lebrun, op. cit.,pp. 334-338.

105. Soit un taux de mortalité de l'ordre de 35 pour mille, pour une population que l'on peut évaluer eritre 18 et 20 millions d'habitants vers 1660.

106. Selon l'expression d'Emmanuel LE Roy Ladurie dans Les paysans de Languedoc,p. 550.

107. Sur la peste de 1668, cf. P. Goubert, Beauvais et le Beauvaisis,pp. 71-72, P. Deyon, Amiens, capitale provinciale,pp. 22-25, L. Trénard, Histoire des Pays-Bas français,UF, p. 278.

108. Histoire de l'Alsace,UF, p. 286, et Documents de l'histoire de l'Alsace,UF, pp. 276-278. Histoire de la Franche-Comté,UF, p. 262. Histoire de la Savoie,UF, p. 245.

109. Ainsi Saint-Ciers-la-Lande, en Blayais (Histoire de l'Aquitaine,UF. p. 336), paroisse de moins de 2 000 habitants, en perd 244 en 1669-1670, 505 en 1677-1680, 353 en 1684-1686.

110. Deux bons exposés d'ensemble, déjà anciens, dans P. Goubert, Louis XIV et vingt millions de Français,Paris, Fayard, 1966, pp. 166-170 (rééd., Pluriel, 1977, pp. 257-264) et dans Marc Venard, Les débuts du monde moderne ﹛Le monde et son histoire,t. VI), Paris, Bordas, 1967, pp. 342-345. L'article de Germain Martin, « Les famines de 1693 et 1709 et les spéculations sur les blés », Bulletin Comité travaux historiques et scientifiques. Sciences économiques et sociales,1909, pp. 150-172, est vieilli.

111. J.-P. Bardet, article cité note suivante. Correspondance des contrôleurs généraux,publiée par A. M. DE Boislisle, Paris, 1874, 1.1, n° 1256 (lettre de l'intendant d'Auvergne au contrôleur général, 25 novembre 1693).

112. Outre les divers volumes de la collection UF (notamment Ile-de-France,p. 312 ; Pays de la Loire,p. 271 ; Auvergne,pp. 303-304), les principales études locales de la crise de 1693-1694 sont les suivantes : P. Deyon, Amiens(pp. 13-16 et 498-500) ; P. Goubert, Beauvais et le Beauvaisis (pp. 45-58, 75-80, 609-611 et atlas pp. 56-57) ; J.-P. Bardet, «Mourir à Rouen au temps de Boisguilbert. Les faux semblants de la crise de 1693-1694” (article à paraître; je remercie J.-P. Bardet d'avoir bien voulu me le communiquer avant parution) ; J. Dupâquier, « Des rôles de taille à la démographie historique. L'exemple du Vexin français (de 1685 à 1700) », ADH,1965, pp. 31 -42 ; Lachiver, M., Histoire de Meulan et de sa région par les textes, Meulan, 1965 Google Scholar (pp. 185- 191) et Histoire de Mantes et du Mantois,Meulan, 1971 (pp. 233-234) ; F. Lebrun, Les hommes et la mort en Anjou…(pp. 340-347) ; G. Livet, L'intendance d'Alsace(pp. 599-605) ; Richard Gascon et Claude Latta, « Une crise urbaine au xvne siècle. La crise de 1693-1694 à Lyon. Quelques aspects démographiques et sociaux», Cahiers d'histoire,1963, pp. 371-404 ; E. LE Roy Ladurie, Les paysans de Languedoc(pp. 550-556 et graphiques pp. 922 et 928-930) ; G. Frêche, Toulouse et la région Midi-Pyrénées(pp. 103-107 et graphiques pp. 71-80); J.-P. Poussou, L'immigration bordelaise,t. I (pp. 131-132, avec graphiques). Par ailleurs, on trouve des aperçus, au moins chiffrés, dans un certain nombre de monographies publiées.

113. Histoire de l'Aquitaine,UF, p. 336.

114. N. Zens et J.-Y. Delange, « Lisieux aux xvne et xviiie siècles », DH,n° 12, avril 1974, p. 13.

115. Il meurt près de 600 personnes à Auch en 1693-1694 contre une centaine en moyenne entre 1671 et 1690, d'après le graphique publié dans Histoire de l'Aquitaine,UF, p. 346.

116. B. Lepetit, «Versailles sous Louis XIV », ADH,1977, pp. 69 et 82-83. J. Boissière, « Nuptialité et union à Fontainebleau au xvme siècle », Mémoires Paris et Ile-de-France,1975-1976 (1978), p. 317. A. Chance et coll., « Honfleur de 1680 à 1780 », DH,n° 15, avril 1975, pp. 2-10.

117. J.-P. Bardet, art. cité, et Correspondance des contrôleurs généraux,t. I, n° 1332 (lettre du Premier Président du parlement de Rouen en date du 8 juin 1694).

118. J.-P. Poussou, L'immigration bordelaise,I, pp. 133 et 143.

119. Histoire de l'Auvergne,UF, p. 304.

120. Pour Montpellier, Mende, Sète, Lunel et Sérignan, cf. Histoire du Languedoc,UF, pp. 382-383 ; pour les paroisses rurales, cf. les courbes longues de Cessenon-sur-Orb, Montagnac, Montpeyroux, dans E. LE Roy Ladurie, Les paysans de Languedoc,pp. 922, 928-930.

121. Je m'attache ici au seul bilan démographique, mais il va de soi que la crise de 1693-1694 est l'exemple même de la crise économique d'ancien type affectant l'ensemble de la vie économique et sociale du pays : chômage, marasme général, émotions populaires, etc.

122. En 1698-1699, beaucoup de mercuriales enregistrent une hausse importante due moins à une réelle disette qu'aux manoeuvres d'accaparement de certains gros marchands parisiens ; mais les conséquences démographiques de cette cherté semblent localisées et limitées.

123. Joseph Ruwet, « Crises de mortalité et mortalité de crise à Aix-la-Chapelle (xvne-début du xvme siècle) », dans Problèmes de mortalité(Actes du colloque de Liège, mai 1963), Liège, 1965, pp. 379-408.

124. A Bordeaux, il meurt 440 personnes en septembre-octobre 1706, deux fois plus que dans les mêmes mois de 1705 (J.-P. Poussou, op. cit.,p. 135 bis, graphique). Dans la paroisse Saint-Just de Narbonne, il meurt 134 personnes en 1706, soit plus du double d'une année normale ; même doublement dans les paroisses voisines, notamment Saint-Marcel (G. Larguier, « Démographie historique et pédagogie pratique dans le Narbonnais », DH,n° 26, février 1979, pp. 19-31). Sur l'épidémie de l'automne de 1707 en Anjou et Bas-Maine, cf. F. Lebrun, op. cit.,pp. 348-358.

125. Sur la crise de 1709-1710, cf., outre l'article déjà cité de G. Martin, A. M. DE Boislisle, « Le grand hiver et la disette de 1709 », Revue des questions historiques,1903, I, pp. 442-509 et II, pp. 486-552, gros article qui étudie, à l'aide de la correspondance des intendants, l'évolution du prix des grains et les mesures prises pour approvisionner les marchés. Cf. aussi P. Goubert, Louis XIV et vingt millions de Français,rééd., pp. 303-304, et la plupart des ouvrages et articles cités à propos de la crise de 1693-1694.

126. J'emprunte l'exemple d'Avesnes-le-Comte au graphique publié dans Histoire des Pays- Bas français,UF, p. 309.

127. J.-P. Poussou, op. cit.,pp. 134-138.

128. E. Charlot et J. DupâQuier, « Mouvement annuel de la population de la ville de Paris de 1670 à 1821 », ADH,1967, p. 512.

129. Pour Fontainebleau, Lisieux, Honfleur, Versailles, Meulan, Angers, cf. articles et ouvrages cités notes 118, 120 et 122. Pour Lyon, cf. Maurice Garden, Lyon et les Lyonnais au XVIIIesiècle,Paris, Belles Lettres, 1970 (édition abrégée, Flammarion, 1975, p. 74).

130. G. FrêChe, op. cit.,pp. 107-108.

131. Serge Dontenwill, « Les crises démographiques à Charlieu et dans la campagne environnante de 1690 à 1720 », Cahiers d'histoire,1969, p. 126.

132. C. Carrière, M. CourduriÉ, F. Rebuffat, Marseille ville morte. La peste de 1720, Marseille, 1968. Terrisse, Michel, « Le rattrapage de nuptialité d'après peste à Marseille (1720- 1721) », Mélanges Reinhard, Paris, 1973, pp. 565579 Google Scholar. J.-N. Biraben, op. cit.,t. I, pp. 230-306.

133. Les chiffres sont dans Biraben, op. cit.Voir la courbe de Mende, avec le clocher de 1720, dans Histoire du Languedoc,UF, p. 383.

134. M. Bricourt, M. Lachiver, J. Queruel, « La crise de subsistances des années 1740 dans le ressort du parlement de Paris », Adh,1974, pp. 281-333. Cf. aussi P. Goubert, Beauvais et le Beauvaisis,p. 75, et F. Lebrun, Les hommes et la mort en Anjou…,pp. 368-378.

135. Population,numéro spécial, nov. 1975, p. 62.

136. Article cité, p. 327.

137. Pour Caen (1 349 décès en 1740 et 1 146 en 1741 contre 900 en moyenne entre 1737 et 1748, 1740 et 1741 exclus), cf. J.-C. Perrot, Genèse d'une ville moderne. Caen au XVIIIe siècle, Paris-La Haye, Mouton, 1975, p. 962. Pour Auch (320 décès en 1740 contre 150 en moyenne), cf. Histoire de l'Aquitaine,UF, p. 346.

138. Population,nov. 1975, pp. 36, 52, 56.

139. Ibid.,p. 62. Voici les chiffres exacts (en milliers) :

140. J.-P. Poussou, L'immigration bordelaise,I, pp. 138-141.

141. Pour Auch, cf. n. 143. Pour Montpellier, cf. n. 126. Pour Auriol et Eyragues, cf. Documents de l'histoire du Languedoc,UF, p. 252 (d'après R. Baehrel, op. cit.).Pour Uzeste, cf. Histoire de l'Aquitaine,UF, pp. 338. Pour Blond, cf. Claude Cros, « Les crises démographiques à Blond (1580-1750) », Bulletin de la Société ethnographique du Limousin,janvier-juin 1976, pp. 43- 46 (malheureusement texte et graphique ne fournissent aucun chiffre).

142. Cela ressort notamment de l'analyse de J.-P. Poussou pour Bordeaux. En revanche, en Savoie, il semble que la crise soit aussi d'origine frumentaire (Histoire de la Savoie,UF, p. 310).

143. Il va de soi que cela n'exclut pas, tant s'en faut, les crises localisées, parfois très meurtrières.

144. Population,nov. 1975, pp. 52-53 et 56-57.

145. Sur les épidémies en Bretagne à la fin de l'Ancien Régime, cf. Jean-Pierre Goubert, Malades et médecins en Bretagne, 1770-1790,Paris, Klincksieck, 1974, et F.Lebrun, «Les épidémies en Haute-Bretagne à la fin de l'Ancien Régime (1770-1789) », Adh,1977, pp. 181-206.

146. Cf. F. Lebrun, « Une grande épidémie en France au xvme siècle. La dysenterie de 1779 », Mélanges Reinhard,pp. 403-415.

147. Sur ces chiffres, cf. article cité note précédente.

148. J.-P. Poussou, Histoire économique et sociale du monde(sous la dir. de P. LÉON), Paris, A. Colin, t. II, 1978, p. 52.

149. Cf. notamment Michel Terrisse, op. cit.,n. 132, pp. 565-579.

150. J. Dupâquier, « De l'animal à l'homme : le mécanisme autorégulateur des populations traditionnelles », Revue de l'Institut de sociologie(Bruxelles), 1972/2, pp. 177-211.

151. J.-P. Poussou, op. cit.,p. 60.

152. Alfred Perrenoud, « Les mécanismes de récupération d'une population frappée par la peste. L'épidémie de 1636-1640 à Genève », Revue suisse d'histoire,1978, pp. 265-288.

153. Le Roy Ladurie, Emmanuel, « Les paysans français au xvme siècle, dans la perspective de la Révolution française », dans Vom Ancien Régime zurfranzôsischen Révolution. Forschungen und Perspektiven, Gôttingen, 1978, p. 261 Google Scholar.

154. Cet article était entièrement rédigé avant que je prenne connaissance de la thèse de DupâQuier, Jacques, La population rurale du Bassin parisien à l'époque de Louis XIV, Paris, EHESS, 1979 Google Scholar. Après cette lecture, sans doute devrais-je nuancer ma conclusion, mais non la réviser. En effet, si Jacques Dupâquier démontre de façon très convaincante que la nuptialité constitue le grand mécanisme autorégulateur des populations rurales du Bassin parisien à l'époque de Louis XIV, il retrouve à ce niveau le rôle, capital, des crises démographiques. Il est très vrai que celles-ci ont été trop longtemps interprétées dans une perspective soi-disant « malthusienne ». En exagérant l'importance et le rôle des crises de subsistances (auxquelles certains auteurs ont même abusivement assimilé toutes les crises démographiques), on a voulu voir, dans la mortalité qu'elles entraînaient, le rouage essentiel par lequel les populations anciennes, en voie d'expansion timide, se trouvaient périodiquement ramenées brutalement au niveau des subsistances. En fait, Jacques Dupâquier a raison de rappeler que disette et cherté n'interviennent le plus souvent que comme élément aggravant d'une crise d'origine épidémique et de souligner que si la mortalité avait joué un rôle régulateur, les crises auraient dû frapper de préférence les régions surpeuplées, ce qui n'était pas le cas. Par ailleurs, depuis vingt ans, la plupart des historiens ont retenu surtout les effets des crises démographiques au niveau de la mortalité, au point de parler indifféremment de crises démographiques ou de crises de mortalité (de même que les contemporains parlaient de « mortalités » tout court). Les effets des crises au niveau de la nuptialité ont été non pas négligés (Pierre Goubert les signale dès 1952), mais sous-estimés et insuffisamment étudiés dans leurs prolongements et leur signification. Moins immédiatement spectaculaires que le passage de la mort, ces effets n'en étaient pas moins décisifs puisque, en ouvrant brutalement des possibilités d'établissement, la crise permettait de réparer rapidement les brèches qu'elle avait ouvertes et de rétablir la situation antérieure. Ainsi la perspective se trouve déplacée : à l'intérieur même de la crise, le rouage autorégulateur n'est pas la mort, mais bien la nuptialité. En fin de compte, cette nécessaire mise au point faite par Jacques Dupâquier ne remet pas en cause le rôle de la crise démographique, « facteur clé de la démographie de type ancien ».

153. Le Roy Ladurie, Emmanuel, « Les paysans français au xvme siècle, dans la perspective de la Révolution française », dans Vom Ancien Régime zurfranzôsischen Révolution. Forschungen und Perspektiven, Gôttingen, 1978, p. 261 Google Scholar.

154. Cet article était entièrement rédigé avant que je prenne connaissance de la thèse de DupâQuier, Jacques, La population rurale du Bassin parisien à l'époque de Louis XIV, Paris, EHESS, 1979 Google Scholar. Après cette lecture, sans doute devrais-je nuancer ma conclusion, mais non la réviser. En effet, si Jacques Dupâquier démontre de façon très convaincante que la nuptialité constitue le grand mécanisme autorégulateur des populations rurales du Bassin parisien à l'époque de Louis XIV, il retrouve à ce niveau le rôle, capital, des crises démographiques. Il est très vrai que celles-ci ont été trop longtemps interprétées dans une perspective soi-disant « malthusienne ». En exagérant l'importance et le rôle des crises de subsistances (auxquelles certains auteurs ont même abusivement assimilé toutes les crises démographiques), on a voulu voir, dans la mortalité qu'elles entraînaient, le rouage essentiel par lequel les populations anciennes, en voie d'expansion timide, se trouvaient périodiquement ramenées brutalement au niveau des subsistances. En fait, Jacques Dupâquier a raison de rappeler que disette et cherté n'interviennent le plus souvent que comme élément aggravant d'une crise d'origine épidémique et de souligner que si la mortalité avait joué un rôle régulateur, les crises auraient dû frapper de préférence les régions surpeuplées, ce qui n'était pas le cas. Par ailleurs, depuis vingt ans, la plupart des historiens ont retenu surtout les effets des crises démographiques au niveau de la mortalité, au point de parler indifféremment de crises démographiques ou de crises de mortalité (de même que les contemporains parlaient de « mortalités » tout court). Les effets des crises au niveau de la nuptialité ont été non pas négligés (Pierre Goubert les signale dès 1952), mais sous-estimés et insuffisamment étudiés dans leurs prolongements et leur signification. Moins immédiatement spectaculaires que le passage de la mort, ces effets n'en étaient pas moins décisifs puisque, en ouvrant brutalement des possibilités d'établissement, la crise permettait de réparer rapidement les brèches qu'elle avait ouvertes et de rétablir la situation antérieure. Ainsi la perspective se trouve déplacée : à l'intérieur même de la crise, le rouage autorégulateur n'est pas la mort, mais bien la nuptialité. En fin de compte, cette nécessaire mise au point faite par Jacques Dupâquier ne remet pas en cause le rôle de la crise démographique, « facteur clé de la démographie de type ancien ».