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Les manuscrits de la mer Morte : une nouvelle approche du problème de leur origine

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Norman Golb*
Affiliation:
Oriental Institute Université de Chicago

Extract

Quelques mois à peine après la découverte des premiers rouleaux hébraïques des grottes de Qoumran en 1947, une théorie d'une grande importance fut formulée pour en rendre compte. Selon elle, ces rouleaux étaient le produit de la secte juive des Esséniens. Ce groupe fut décrit assez longuement au premier siècle dans les écrits du philosophe Philon et de l'historien Flavius Josèphe, lesquels évaluèrent leur nombre à environ 4 000 âmes répandues à travers toute la Palestine. Sur la base d'une affirmation de Pline l'Ancien (23-79 de notre ère) qu'un groupe d'Esséniens demeurant « parmi les palmiers » était situé quelque part le long de la rive occidentale de la mer Morte, on affirma, après l'étude de l'un des sept rouleaux originaux, que les Esséniens eurent leur principale demeure précisément dans le site connu comme Khirbet Qoumran, qui se trouve en dessous du domaine des grottes.

Summary

Summary

The present article is a critique of the famous hypothesis that the Dead Sea Scrolls emanatedfrom a sect (for most writers, the Essenes) inhabiting the Khirbet Qumran site lying below the caves where the scrolls were found. The author reexamines the "Qumran-Essene" hypothesis in the light ofmany manuscript and archeological discoveries made in the Judaean wilderness since the initial discovery (1947) ofseven Hebrew scrolls in the caves. The author exposes various anomalies in the hypothesis and shows why he nowfinds it necessary to reject it infavor of another: that the scrolls ail originated in Jérusalem, being hidden by the Jews before and/or during the Roman siège on the capital (67-70 A. D.). The author also considers the question ofthe dépendance of the old hypothesis on the spécifie chronological séquence in which the discoveries were made, claiming that a différent séquence would hâve resulted in the widespread formulation ofthe Jérusalem hypothesis.

Type
Le Monde Antique
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1985

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References

Notes

1. « Au-dessous » du groupe, dit Pline, gisait Ein Gedi. Voir Pline l'Ancien, Hist. Nat., v. 17.73. Le nombre de 4 000 Esséniens est donné par Philon, Quod omnis probus liber, paragraphe 12, et par Flavius Josèphe, Antiquités des juif s, XVIII, i, 2.

2. L'approche préqoumranienne du problème est bien illustrée par les travaux du père Bonsirven, J., voir par exemple son Exégèse rabbinique et exégèse paulinienne, Paris, 1939.Google Scholar Quant à l'idée d'une influence essénienne ou qoumrano-essénienne sur le christianisme, voir les articles rassemblés par Stendahl, K. éd., The Scrolls and theNew Testament, New York, 1957.Google Scholar

3. Sukenik, E., Megilloth genuzoth, Jérusalem, 1948Google Scholar : en hébreu, p. 16 (notre traduction, A.D.).

4. Quant à la littérature en français, voir en particulier les ouvrages d' Dupont-Sommer, A., Les écrits esséniens découverts près de la mer Morte, Paris, 1959 Google Scholar ; la bibliographie de ses ouvrages écrits entre 1949 et 1958 y est donnée, pp. 425-428 ; Vermes, G., Les manuscrits hébreux du Désert de Juda, Paris, 1955 Google Scholar ; De Vaux, Père, L'archéologie et les manuscrits de la mer Morte, Londres, 1961 Google Scholar, et ses ouvrages antérieurs cités par Rowley, H. H., The Zadokite Fragments and the Dead Sea Scrolls, Oxford, 1952, bibliographie pp. 121122 Google Scholar ; ainsi que la bibliographie d'ouvrages francophones cités par Rowley, ibid., pp. 89-125 : J.-P. Audet, D. BarthéLéMY, J.-M. Bauchet, J. Coppens, M. Delcor, G. Lambert, J. T. Milik, A. Parrot et A. Vincent. Quant aux auteurs anglophones ou ceux écrivant en d'autres langues, voir la bibliographie de Rowley, ibid., et celle de Burrows, M., The Dead Sea Scrolls, New York, 1955.Google Scholar

5. Voir en particulier le résumé des découvertes dans l'abbé Milik, J. T., Dix ans de découvertes dans le Désert de Juda, Paris, 1957.Google Scholar

6. Voir les ouvrages cités note 4, tout particulièrement ceux de Dupont-Sommer, du Père de Vaux et de J. T. Milik.

7. Voir en particulier Père de Vaux, L'archéologie et les manuscrits de la mer Morte, pp. 23- 26,81.

8. Voir F. M. Cross, The Ancient Library of Qumran and Modem Biblical Studies, New York, 1961, p. 61 (notre traduction, A.D.).

9. Ce sont les volumes V, VI et VII de la série Discoveries in the Judaean Désert, édités respectivement par J. Allegro (1968), R. de Vaux et J. T. Milik (1977) et M. Baillet (1982).

10. Voir Y. Yadin, Megillat hamiqdash (= le Rouleau du Temple), vols I-III, Jérusalem 1977.

11. Les écrits esséniens découverts près de la mer Morte, pp. 25, 28, 76-77, 80.

12. C. T. Fritsch, The Qumran Community, New York, 1956, p. 5 (notre traduction, A.D.).

13. Voir la publication intégrale des textes par P. Benoît, J. R. Milik, R. de Vaux et al, Les grottes de Muraba'at. Texte (Discoveries in the Judaean Désert, II, Oxford, 1961) et Planches (Discoveries…, II, Oxford, 1961).

14. Voir en particulier Yadin, Y., Bar Kokhba, Londres-Jérusalem, 1971.Google Scholar On attend encore la publication intégrale des textes variés découverts pendant ces expéditions. Nous avons eu la douleur de perdre en 1984 le professeur Yadin, avant qu'il ait pu achever l'édition de ces textes.

15. Voir mon étude préliminaire du sujet dans Proceedings of the American Philosophical Society (P.A.P.S.), vol. 124, févr. 1980, pp. 1-24.

16. Parue dans Biblical Archaeologist, hiver 1981, couverture.

17. Voir l'article fondamental de Har-El, M., « The Route of Sait, Sugar and Balsam Caravans in the Judaean Désert », Geo Journal, 2, 6, 1978, pp. 549556.Google Scholar

18. Quod omnisprobus liber, paragr. 78.

19. Voir Guerre, II, 567. Cet officier commandait la région nord-ouest de Judée ; il tomba dans la bataille d'Ashkelon en l'année 67.

20. Voir Yadin, Y., Masada, Herod's Fortress and the Zealot's Last Stand, Londres, 1966, pp. 168191 Google Scholar ; idem, The Excavation of Masada 1963/64. Preliminary Report, Jérusalem, 1965, p. 103 ss.

21. Voir P. Kahle, The Cairo Genizah, 2e éd., Oxford, 1959, p. 242 ; cf. la littérature antérieure citée, ibid., p. 241, notes 2 et 3.

22. Voir Braun, O., « Der Katholikos Timotheus I und seine Briefe », Oriens Christianus, I, 1901, p. 304.Google Scholar

23. Voir O. Eissfeldt dans Theologische Literaturzeitung, LXXIV, 1949, cols 597-600 ; Lambert, G. dans Nouvelle Revue théologique, LXXII, 1950, p. 199 ssGoogle Scholar ; De Vaux, R., Revue biblique, LVII, 1950, p. 417 ssGoogle Scholar ; Kahle, P., Vêtus testamentum, I, 1951, p. 44 ss.Google Scholar

24. Voir Y. Yadin, Masada, p. 173 ss (notre traduction, A.D.) ; cf. idem, The Excavations at Masada, pp. 107-108.

25. Voir Wilson, E., The Dead Sea Scrolls : 1947-1969, New York, 1969, p. 210 ss (notre traduction, A.D.).Google Scholar

26. Publications intégrales de ce texte, Allegro, J., The Treasure ofthe Copper Scrolls, Londres, 1960 Google Scholar ; J. T. Milik, « Le Rouleau de Cuivre provenant de la grotte 3Q (3 Q 15) », dans M. Baillet et al., Les « Petites Grottes » de Qumran. Textes (Discoveries in the Judaean Désert, III, Oxford, 1962), pp. 211-302, 314-317, et Planches, Oxford, 1962, XLHI-LXXI ; et Lurie, B.-Z., Megillat hanehoshet, Jérusalem, 1963.Google Scholar Toutes les éditions et traductions pullulent d'erreurs et d'incertitudes. Mon étudiant et collègue de l'Université de Chicago, M. David Wilmot, a présenté comme thèse de doctorat une nouvelle édition et traduction de ce texte, après une décennie d'études rigoureuses des planches photographiques et de l'idiome hébraïque dans lequel il est écrit.

27. Voir mes observations dans P.A.P.S.(cf. note 15 ci-dessus), pp. 5-6 ; et p. 20, notes 52- 55. A l'époque de la composition du Rouleau de Cuivre, le terme séfer signifiait rouleau ; le terme ketab est plus ambigu. D'après M. D. Wilmot, les passages qui mentionnent ketab dans le Rouleau de Cuivre suggèrent qu'il s'agit d'inventaires de biens cachés.

28. Les écrits esséniens découverts près de la mer Morte, pp. 396-397, 400. Dupont-Sommer ne reconnaît jamais explicitement avoir été troublé par le témoignage probant du Rouleau de Cuivre. Mais il pressentit les implications possibles de cette découverte dans sa correspondance avec John Allegro (à l'époque chercheur à Manchester associé étroitement à la découverte et au déchiffrement du texte). Allegro, écrit-il, « a bien voulu nous faire savoir qu'il maintient résolument la thèse d'un inventaire réel, et aussi que l'interprétation particulière qu'il propose… ne s'opposait nullement à la thèse générale de l'origine essénienne des écrits de Qoumran ». (Les écrits esséniens découverts près de la mer Morte, p. 437.)

29. J'ai examiné les éléments essentiels de cette théorie dans la discussion ci-dessus. Quant aux éléments additionnels — par exemple, l'hypothèse que le terme géographique Damas paraissant dans l'un des textes de Qoumran signifie non pas Damas mais la région de Qoumran elle-même, ou l'idée que le Manuel de Discipline traite spécifiquement du projet d'une vie monastique dans le désert, ou qu'il y avait chaque année à Qoumran une véritable cérémonie d'initiation de « milliers » de nouveaux disciples — voir mes observations dans P.A.P.S.,124, notes 7, 8, 9, 10, 13, 18, 23, 24, 25, 26, 31, 33, 34, 41 et 70. Il faut mentionner tout spécialement l'idée fallacieuse du Père de Vaux (voir P.A.P.S.,124, note 41) que des preuves numismatiques nous permettent de dater la destruction de Khirbet Qoumran de l'été 68, quand ces preuves ne devraient nous permettre que de la dater à partir de cette date et plus tard.

30. Flavius Josèphe, La guerre des juifs, IV, 121-129. (Traduction d'après celles d'Harmand et d'Andilly et Buchon.)

31. Voir Josèphe, Flavius, Guerre, VI, 130132 Google Scholar ; VII, 114-115.

32. Voir Josèphe, Flavius, Guerre, VII, 215 Google Scholar ; et mes observations dans P.A.P.S.,124, note 78.

33. Voir Josèphe, Flavius, Guerre, VII, 163,164-209, 210-215 et 252406.Google Scholar

34. Voir Josèphe, Flavius, Guerre, II, 427428 ; VI, 354.Google Scholar

35. En toute légitimité, on ne peut dire plus que cela. Même la poterie découverte dans les fouilles de Khirbet Qoumran n'est pas unique à Qoumran. Voir par exemple, Benoît, P. et al., Les Grottes de Muraba'at, texte, Oxford, 1961, p. 31 Google Scholar et la note 4, ibid. Voir aussi P.A.P.S.,124, note 8.