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Les savoirs de l’expérience

Une enquête sur la fabrique de la police des pêches (France, années 1680-1860)

Published online by Cambridge University Press:  13 November 2023

Romain Grancher*
Affiliation:
CNRS, FRAMESPA (UMR 5136)romain.grancher@cnrs.fr

Résumé

Fondé sur l’analyse d’une trentaine d’expériences de pêche réalisées sur les côtes de la Manche entre les années 1680 et 1860, cet article décrit les premières manifestations d’un mode de gouvernement expérimental des ressources de la mer sous l’Ancien Régime, puis sa normalisation progressive au cours du xixe siècle. Il montre comment les mesures de police des pêches destinées à assurer la conservation de ces ressources sont le résultat d’une négociation entre l’administration centrale de la marine et les communautés de pêcheurs, dont le monopole sur la production du savoir halieutique leur permet de défendre leur particularisme technique et juridique.

Abstract

Abstract

This article is based on an analysis of some thirty fishing experiments carried out on the coasts of the English Channel between the 1680s and the 1860s. It describes the early development of an experimental way of governing marine resources under the ancien régime, followed by its gradual normalization over the course of the nineteenth century. As becomes clear, the fishing laws designed to ensure the conservation of these resources were the result of negotiation between the French Ministry of the Navy and fishing communities, whose monopoly on the production of fishing knowledge enabled them to defend their technical and legal specificities.

Type
Sociétés maritimes et mondes de la pêche
Copyright
© Éditions de l’EHESS

Access options

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Footnotes

*

Cet article est le résultat d’une recherche engagée en 2018 dans le cadre d’un post-doctorat au Centre Alexandre‑Koyré financé par une bourse du LabEx Hastec. Je tiens à remercier chaleureusement Jean‑Baptiste Fressoz, Frédéric Graber, Alice Ingold, Thomas Le Roux et Dinah Ribard qui m’ont aidé à l’améliorer en acceptant de le lire et de le critiquer à différents stades de son avancement. Je remercie également pour leurs conseils de réécriture les membres du comité de rédaction des Annales, en particulier Guillaume Calafat et Antonella Romano, ainsi que les deux relecteurs ou relectrices anonymes qui l’ont expertisé.

References

1 Sauf mention contraire, les expressions signalées entre guillemets appartiennent au vocabulaire du gouvernement des ressources employé dans la documentation d’époque.

2 Paris, Archives nationales, fonds Marine (ci-après AN, Mar.), C5 31, Requête de la communauté des pêcheurs de Dunkerque, 5 juin 1727, fol. 22-23. La notion de « conservation » que l’on voit apparaître dans cette requête est une notion ancienne, qui a déjà fait l’objet de nombreuses propositions d’historicisation. Voir Luis Urteaga, La tierra esquilmada. Las ideas sobre la conservación de la naturaleza en la cultura española del siglo xviii, Barcelone, Serbal/CSIC, 1987 ; Richard H. Grove, Green Imperialism: Colonial Expansion, Tropical Island Edens, and the Origins of Environmentalism, 1600-1860, Cambridge/New York, Cambridge University Press, 1996 ; Grégory Quénet et Jan Synowiecki, « Ce que conserver veut dire : praxis et historicité de la nature (1770-1810) », Annales historiques de la Révolution française, 399-1, 2020, p. 97-121 ; Abigail P. Dowling et Richard Keyser (dir.), Conservation’s Roots: Managing for Sustainability in Preindustrial Europe, 1100-1800, New York, Berghahn Books, 2020. Je me suis intéressé pour ma part à « ce que conserver veut dire » du point de vue des pêcheurs d’Ancien Régime dans Romain Grancher, « Gouverner les ressources de la mer. Une histoire environnementale de l’inspection des pêches françaises au xviiie siècle », Cahiers d’histoire, 36-1, 2018, p. 45-68, ici p. 61.

3 Reynald Abad, Le grand marché. L’approvisionnement alimentaire de Paris sous l’Ancien Régime, Paris, Fayard, 2002, p. 397-564.

4 Toutes les archives du ministère de la Marine relatives à la pêche sont regroupées dans les sous-séries C5 et CC5, respectivement conservées par les Archives nationales à Paris (60 cartons couvrant le xviiie siècle) et le Service historique de la Défense à Vincennes (plus de 600 cartons couvrant le xixe siècle).

5 La bibliographie relative à l’expertise et à ses procédures est foisonnante. Voir notamment Isabelle Backouche (dir.), no spécial « Expertise », Genèses, 65-4, 2006 ; Isabelle Backouche (dir.), no spécial « Devenir expert », Genèses, 70-1, 2008 ; Christelle Rabier (dir.), Fields of Expertise: A Comparative History of Expert Procedures in Paris and London, 1600 to Present, Newcastle, Cambridge Scholars Publishing, 2007 ; Guillaume Calafat, « Expertise et compétences. Procédures, contextes et situations de légitimation », Hypothèses, 14-1, 2010, p. 95-107 ; Ursula Klein et Emma C. Spary (dir.), Materials and Expertise in Early Modern Europe: Between Market and Laboratory, Chicago, The University of Chicago Press, 2010 ; Pierre Lascoumes, « Savoirs, expertises et mobilisations », in L. Damay, D. Benjamin et D. Duez (dir.), Savoirs experts et profanes dans la construction des problèmes publics, Bruxelles, Presses de l’université de Saint-Louis, 2011, p. 221-227 ; Étienne Anheim, « Experts et expertise en Europe (xve-xixe siècle). Histoire et théorie d’une pratique », in J. Castiglione et D. D’Errico (dir.), Les experts avant l’expertise. Une généalogie du conseil et du recours à l’expérience, Paris, Classiques Garnier, 2020, p. 191-206.

6 Sur la notion d’épreuve et ses usages par l’histoire et les sciences sociales, voir Danilo Martuccelli, « Les deux voies de la notion d’épreuve en sociologie », Sociologie, 6-1, 2015, p. 43-60.

7 D’après Paul Warde, The Invention of Sustainability: Nature and Destiny, c. 1500-1870, Cambridge, Cambridge University Press, 2018, p. 90-101, la conservation des ressources au nom de la postérité est une justification courante des mesures de régulation environnementale adoptées par les États modernes à partir du xviie siècle.

8 Telle qu’elle a pu être décrite par Steven Shapin et Simon Schaffer, Leviathan and the Air-Pump: Hobbes, Boyle, and the Experimental Life, Princeton, Princeton University Press, 1985. Je conçois ici le recours à l’expérience comme un instrument de gouvernement au sens de Pierre Lascoumes et Patrick Le Galès (dir.), Gouverner par les instruments, Paris, Presses de Science Po, 2004.

9 Ian Hacking, L’émergence de la probabilité, Paris, Éd. du Seuil, [1975] 2002, p. 69-71 ; David Gooding, Trevor Pinch et Simon Schaffer (dir.), The Uses of Experiment. Studies in the Natural Sciences, Cambridge, Cambridge University Press, 1989 ; Robert Halleux, Le savoir de la main. Savants et artisans dans l’Europe préindustrielle, Paris, Armand Colin, 2009, p. 103-139 ; Stéphane Van Damme, Seconde nature. Rematérialiser les sciences de Bacon à Tocqueville, Dijon, Les presses du réel, 2020, p. 87-92.

10 Pour un panorama de ces interventions, voir Frank Zelco, « The Politics of Nature », in A. C. Isenberg, The Oxford Handbook of Environmental History, Oxford, Oxford University Press, 2014, p. 716-742. Sur le rôle central des experts dans la construction des États modernes, voir les travaux d’Eric Ash, par exemple Power, Knowledge and Expertise in Elizabethan England, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2004 ; id, « Expertise and the Early Modern State », Osiris, 25-1, 2010, p. 1-24.

11 On trouve une réflexion stimulante sur les rapports entre nature, science, technique et État dans Alice Ingold, « Écrire la nature. De l’histoire sociale à la question environnementale ? », Annales HSS, 66-1, 2011, p. 11-29. Parmi les nombreux travaux historiques sur les savoirs de gouvernement des environnements à la charnière des époques moderne et contemporaine, citons Richard Drayton, Nature’s Government: Science, Imperial Britain, and the “Improvement” of the World, New Haven, Yale University Press, 2000 ; Lissa Roberts, Simon Schaffer et Peter Dear (dir.), The Mindful Hand: Inquiry and Invention from the Late Renaissance to Early Industrialisation, Amsterdam/Chicago, Edita/The University of Chicago Press, 2007, p. 85-186 ; Karl Appuhn, A Forest on the Sea: Environmental Expertise in Renaissance Venice, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2009 ; Thomas Le Roux, Le laboratoire des pollutions industrielles. Paris, 1770-1830, Paris, Albin Michel, 2011 ; Étienne Stockland, « Policing the Oeconomy of Nature: The Oiseau Martin as an Instrument of Oeconomic Management in the Eighteenth-Century French Maritime World », History and Technology, 30-3, 2014, p. 207-231 ; Alice Ingold, « Expertise naturaliste, droit et histoire. Les savoirs du partage des eaux dans la France postrévolutionnaire », Revue d’histoire du xixe siècle, 48‑1, 2014, p. 29-45.

12 Trois propositions récentes illustrent les effets de décentrements permis par des approches depuis la mer ou les rivages : Jacobina K. Arch, Bringing Whales Ashore: Oceans and the Environment in Early Modern Japan, Seattle, University of Washington Press, 2018 ; Bathsheba Demuth, Floating Coast: An Environmental History of the Bering Strait, New York, Norton, 2020 ; Tamara Fernando, « Seeing like the Sea: A Multispecies History of the Ceylon Pearl Fishery 1800-1925 », Past & Present, 254-1, 2022, p. 127-160. Des éléments de réflexion à ce sujet se trouvent aussi dans Romain Grancher et Michael W. Serruys, « Changes on the Coast: Towards a Terraqueous Environmental History », Journal for the History of Environment and Society, 6, 2021, p. 11-34.

13 Benoît Coutancier, « L’administration des petites pêches en France (1681-1896). Le cas du Bordelais », thèse de doctorat, EHESS, 1985 ; L. Urteaga, La tierra esquilmada, op. cit. ; Robb Robinson, Trawling: The Rise and Fall of the British Trawl Fishery, Exeter, University of Exeter Press, 1996 ; Marco Armiero, « La risorsa contesta : norme, conflitti e technologie tra i pescatori meridionali (xix sec.) », Meridiana, 31, 1998, p. 179‑206 ; Alida Clemente, Il mestiere dell’incertezza. La pesca nel golfo di Napoli tra xviii e xx secolo, Naples, Alfredo Guida, 2005 ; Micah S. Muscolino, Fishing Wars and Environmental Change in Late Imperial and Modern China, Cambridge, Harvard University Press, 2009 ; Daniel Faget, Marseille et la mer. Hommes et environnement marin ( xviiie- xxe siècle), Rennes, PUR, 2011 ; id., L’écaille et le banc. Ressources de la mer dans la Méditerranée moderne, xvie-xviiie siècle, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2017 ; W. Jeffrey Bolster, The Mortal Sea: Fishing the Atlantic in the Age of Sail, Cambridge, The Belknap Press of Harvard University Press, 2012 ; Marc Pavé, La pêche côtière en France, 1715-1850. Approche sociale et environnementale, Paris, L’Harmattan, 2013 ; Peter Jones, « Technological Innovation and Resource Management in the Fisheries of the British Isles, ca. 1400-1900 », thèse de doctorat, University of Strathclyde, 2016 ; Solène Rivoal, Les marchés de la mer. Une histoire sociale et environnementale de Venise au xviiie siècle, Rome, École française de Rome, 2022.

14 Cette expérience a été successivement relatée et analysée par Alain Corbin, Le territoire du vide. L’Occident et le désir du rivage, 1750-1840, Paris, Flammarion, 1988, p. 231-233 ; Gilles Denis, « Normandie, 1768-1771 : une controverse sur la soude », in J. Theys et B. Kalaora (dir.), La terre outragée. Les experts sont formels !, Paris, Autrement, 1992, p. 149-157 ; Pierre-Claude Reynard, « Public Order and Privilege: Eighteenth-Century French Roots of Environmental Regulation », Technology and Culture, 43-1, 2002, p. 1-28, ici p. 24-26 ; Jean-Baptiste Fressoz, L’Apocalypse joyeuse. Une histoire du risque technologique, Paris, Éd. du Seuil, 2012, p. 132-148. J’en propose à mon tour une nouvelle analyse ci-dessous, p. 19-22.

15 Tim D. Smith, Scaling Fisheries: The Science of Measuring the Effects of Fishing, 1855-1955, Cambridge, Cambridge University Press, 1994, p. 40-51, 59-62 et 85-94 ; Richard W. Judd, Common Lands, Common People: The Origins of Conservation in Northern New England, Cambridge, Harvard University Press, 1997, p. 234-240 ; Matthew McKenzie, Clearing the Coastline: The Nineteenth-Century Ecological and Cultural Transformation of Cape Cod, Hanover, University Press of New England, 2011, p. 124-127. Sur l’émergence de la science halieutique au tournant du xxe siècle, voir également Jennifer Hubbard, « In the Wake of Politics: The Political and Economic Construction of Fisheries Biology, 1860-1970 », Isis, 105-2, 2014, p. 364-378. Abrégés en TEK, LEK ou FEK (pour Traditional/Local/Fishers’ Ecological Knowledge), les savoirs écologiques des communautés de pêcheurs ont donné lieu à une abondante littérature ethnographique dans le sillage des enquêtes menées par Robert E. Johannes, Words of the Lagoon: Fishing and Marine Lore in the Palau District of Micronesia, Berkeley, University of California Press, 1981. Voir notamment Kenneth Ruddle et Robert E. Johannes (dir.), The Traditional Knowledge and Management of Coastal Systems in Asia and the Pacific, Jakarta, UNESCO, 1985 ; Julian T. Inglis (dir.), Traditional Ecological Knowledge: Concepts and Cases, Ottawa, International Development Research Centre, 1993.

16 J.-B. Fressoz, L’Apocalypse joyeuse, op. cit., p. 132-136.

17 Ibid., p. 136-140 et 148.

18 James C. Scott, Seeing like a State: How Certain Schemes to Improve the Human Condition Have Failed, New Haven, Yale University Press, 1998, p. 11-22. Voir par exemple Ramachandra Guha et Madhav Gadgil, « State Forestry and Social Conflict in British India », Past & Present, 123-1, 1989, p. 141-177 ; ou, plus récemment, sur un autre terrain forestier, Richard Hölzl, « Forêts en guerre. Populations rurales et foresterie moderne dans l’Allemagne préindustrielle, 1760-1860 », in F. Graber et F. Locher (dir.), Posséder la nature. Environnement et propriété dans l’histoire, Paris, Éd. Amsterdam, 2018, p. 165-186.

19 Cette perspective s’inspire également de divers travaux d’histoire sociale attentifs aux interactions entre gouvernants et gouvernés et à la capacité de ces derniers à peser dans la fabrique des régulations juridiques : Wim Blockmans, André Holenstein et Jon Mathieu (dir.), Empowering Interactions: Political Cultures and the Emergence of the State in Europe, 1300-1900, Farnham, Ashgate, 2009 ; Lothar Schilling, « Les effets des lois de police et l’évolution de la gouvernementalité pendant la première modernité », in P. Laborier et al. (dir.), Les sciences camérales. Activités pratiques et histoire des dispositifs publics, Paris, PUF, 2011, p. 133-154 ; Simona Cerutti et Massimo Vallerani, « Suppliques. Lois et cas dans la normativité de l’époque moderne », L’Atelier du Centre de recherches historiques, 13, 2015, p. 5-17.

20 Refaire des pêcheurs des acteurs à part entière des politiques de conservation était déjà le but explicite des enquêtes ethnographiques menées sous l’égide de l’UNESCO par Robert E. Johannes et Kenneth Ruddle à l’échelle de plusieurs communautés de pêcheurs de l’Asie-Pacifique dans les années 1980. Voir également James M. Acheson, Capturing the Commons: Devising Institutions to Manage the Maine Lobster Industry, Lebanon, University Press of New England, 2003 ; Nigel Haggan, Barbara Neis et Ian G. Baird (dir.), Fishers’ Knowledge in Fisheries Science and Management, Paris, UNESCO, 2007 ; Fikret Berkes, Coasts for People: Interdisciplinary Approaches to Coastal and Marine Resource Management, New York, Routledge, 2015.

21 Brian Payne, « Local Economic Stewards: The Historiography of the Fishermen’s Role in Resource Conservation », Environmental History, 18-1, 2013, p. 29-43 ; Daniel Faget, « Les ‘petites mers’ marseillaises à l’époque moderne. Un ‘commun halieutique’ ? », in F. Locher (dir.), La nature en communs. Ressources, environnement et communautés (France et Empire français, xviie- xxie siècle), Ceyzérieu, Champ Vallon, 2020, p. 125-144.

22 Pierre Rosanvallon, L’État en France de 1789 à nos jours, Paris, Éd. du Seuil, 1990, p. 58-59.

23 Jean Chadelat, « L’élaboration de l’ordonnance de la Marine d’août 1681 », Revue historique de droit français et étranger, 32-4, 1954, p. 74-98.

24 AN, Mar., C4 179, Mémoire concernant l’inspection des pesches du poisson de mer, 1754, n. fol. Sous l’Ancien Régime, les sièges de l’amirauté sont des juridictions d’exception dotées d’une compétence exclusive sur les choses de la mer. Nommés par le roi et l’amiral de France, leurs officiers ont des attributions à la fois judiciaires, policières et administratives.

25 Ordonnance de la Marine d’août 1681, Livre 5, Titre 1, Article 1. Je cite toujours l’ordonnance de la Marine en me référant à René-Josué Valin, Nouveau commentaire sur l’ordonnance de la Marine du mois d’août 1681, La Rochelle, chez Jerôme Legier, 2. vol., 1760.

26 Mis en place par Colbert à partir de 1665, le système des classes place les pêcheurs d’Ancien Régime sous la tutelle d’un commissaire aux classes, dont la tâche principale consiste à tenir les registres-matricules servant à l’enregistrement et à la levée des gens de mer de son quartier maritime. Ce système est réformé par la loi du 3 brumaire an iv et devient alors l’Inscription maritime. À ce sujet, voir Jacques Captier, Étude historique et économique sur l’inscription maritime, Paris, V. Giard et E. Brière, 1907 ; Martine Acerra et André Zysberg, L’essor des marines de guerres européennes, vers 1680-1790, Paris, SEDES, 1997 ; Jérôme Sublime, « Les commissaires des classes de la marine en France (xviie-xviiie siècle) », thèse de doctorat, université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, 2014.

27 R.-J. Valin, Nouveau commentaire…, op. cit., vol. 2, p. 642. Pour Nicolas Delamare (Traité de la police, vol. 3, Paris, 1719, p. 34-35), la police des pêches consiste à « apporter tous les soins nécessaires pour ne pas trop […] dépeupler [les mers] » et assurer ainsi « la conservation de l’espèce ».

28 B. Coutancier, L’administration des petites pêches en France…, op. cit., p. 95-228 ; M. Pavé, La pêche côtière en France…, op. cit., p. 154-163.

29 AN, 127 AP 1, Extrait du procès-verbal de l’avis général de M. d’Herbigny, commissaire départi pour la visite des ports de France et la réformation des amirautés, [années 1670], n. fol.

30 Michel Foucault, Sécurité, territoire, population. Cours au Collège de France, 1977-1978, Paris, Éd. de l’EHESS/Éd. du Seuil/Gallimard, 2004. Sur ce point, voir également Paolo Napoli, Naissance de la police moderne. Pouvoir, normes, société, Paris, La Découverte, 2003 ; Vincent Milliot (dir.), Histoire des polices en France des guerres de Religion à nos jours, Paris, Belin, 2020.

31 J’emprunte ces différentes expressions à Philippe Minard, La fortune du colbertisme. État et industrie dans la France des Lumières, Paris, Fayard, 1998, p. 16 ; P. Napoli, Naissance de la police moderne, op. cit., p. 54-55 ; M. Foucault, Sécurité, territoire, population, op. cit., p. 321.

32 Cette manière de raisonner sur les poissons et les pêcheurs compose un discours extrêmement cohérent, presque convenu, qui se retrouve dans les archives de l’administration des pêches tout au long de la période. Voir par exemple Vincennes, Service historique de la Défense, Fonds Marine (ci-après SHDV, Mar.), CC5 429-430, Rapport à l’empereur du ministre secrétaire d’État de la Marine et des Colonies Théodore Ducos, 21 nov. 1854, p. 1-6. Les pratiques de surveillance et de maintien de l’ordre en mer n’ont guère retenu l’attention des historiens et des historiennes de la police, alors que leur analyse permettrait sans doute de continuer à décloisonner une historiographie qui s’est profondément renouvelée ces vingt dernières années. Pour un bilan stimulant, voir Vincent Denis, « L’histoire de la police après Foucault, un parcours historien », no spécial « Gouvernementalité et biopolitique : les historiens et Michel Foucault », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 60-4/4bis, 2013, p. 139-155, ici p. 151. Je ne l’évoque pas dans l’article, car elle est l’objet d’une recherche en cours sur l’application des mesures de police des pêches, mais une piste prometteuse pour étudier la manière dont cette police se professionnalise et se dote de nouveaux instruments (immatriculation des bateaux, zonages des parages de pêche, limitation des sorties de nuit, convoyage des flottes, etc.) consisterait à travailler sur le développement de l’institution des gardes‑pêche à compter des années 1820‑1830. Sur une période plus tardive et un terrain colonial, voir à ce sujet le récent article d’Hugo Vermeren, « Des agents au service de la protection de l’environnement ? Le service des gardes-pêche en Algérie (fin xixe-début xxe siècle) », Histoire Politique, 48, 2022, https://doi.org/10.4000/histoirepolitique.8528.

33 AN, Mar., C5 28, Extrait concernant les abus qui se commettent dans la pesche du poisson frais, et le moyen d’y remédier, 28 avr. 1722, fol. 149.

34 AN, Mar., B2 256, Mémoire pour servir d’instruction au Sieur Le Masson du Parc, 10 oct. 1723, fol. 49. Le Conseil de Marine (1715-1723) exerce durant la Régence les attributions qui étaient, et qui redeviennent ensuite, celles du secrétaire d’État à la Marine et aux Colonies.

35 AN, 127 AP 1, Lettre de Le Masson du Parc adressée au Conseil de Marine, mars 1722, n. fol. Il ne reste malheureusement de cet ouvrage que quelques épaves manuscrites éparses.

36 AN, Mar., C5 12, Lettres patentes qui commettent le Sieur Le Masson du Parc commissaire de la marine pour faire l’inspection des pesches du poisson de mer, 23 avr. 1726, fol. 110-111. Créé en 1726, le Détail des pêches du Bureau des classes est très actif pendant une vingtaine d’années, mais périclite après le départ de Maurepas en 1749, avant de disparaître en 1757. Il est remplacé entre 1785 et 1790 par un Comité des pêches, qui est ressuscité en 1861 sous la forme d’un Service technique des pêches maritimes. Entre‑temps, ce sont donc le Bureau des classes puis, à partir de 1795, le Bureau de l’inscription maritime qui prennent en charge les affaires relatives à la pêche au sein du ministère de la Marine. Ils assurent une continuité administrative et une passation des archives. Sur l’inspection des pêches, voir l’ouvrage d’Éric Dardel, État des pêches maritimes sur les côtes occidentales de la France au début du xviiie siècle d’après les procès-verbaux de visite de l’Inspecteur des Pêches Le Masson du Parc (1723-1732), Paris, PUF, 1941. Voir aussi la très riche introduction donnée par Denis Lieppe à François Le Masson du Parc dans Pêches et pêcheurs du domaine maritime et des îles adjacentes de Saintonge, d’Aunis et du Poitou au xviiie siècle. Procès-Verbaux des visites faites par ordre du Roy concernant la pesche en mer, 1727-1728. Amirautés de Marennes, de La Rochelle & des Sables d’Olonne, Saint‑Quentin‑de‑Baron, Les Éditions de l’Entre‑deux‑Mers, 2009, p. xiii-lxiv ; et R. Grancher, « Gouverner les ressources de la mer », art. cit.

37 Alain Cabantous, « L’État et les communautés maritimes. Autour de la déclaration royale de 1726 », in S. Cavaciocchi (dir.), Ricchezza del mare, ricchezza dal mare, secc. xiii-xviii, vol. 2, Florence, Le Monnier, 2006, p. 937-953.

38 Déclaration du roi pour le rétablissement de la pêche du poisson de mer, 23 avr. 1726, Préambule. Cette déclaration est reproduite dans R.-J. Valin, Nouveau commentaire…, op. cit., vol. 2, p. 654-657.

39 Ordonnance de la Marine d’août 1681, Livre 5, Titre 3, Article 16. Certains de ces filets traînants avaient du reste fait l’objet de mesures de dérogation lors de la mise en application de l’ordonnance : c’est le cas de la carte employée par les pêcheurs de Dunkerque, par exemple.

40 R.-J. Valin, Nouveau commentaire…, op. cit., vol. 2, p. 653-654.

41 André Holestein, « ‘Rinviare ad suplicandum’. Suppliche, dispende e legislazione di polizia nello Stato di Ancien Régime », in C. Nubola et A. Wurgler (dir.), Suppliche e gravamina. Politica, amministrazione, giustizia in Europa, secoli 14.-18., Bologne, Il Mulino, 2002, p. 177-226.

42 R.-J. Valin, Nouveau commentaire…, op. cit., vol. 2, p. 653-654 (souligné dans l’original) ; Déclaration du roi qui permet l’usage d’un filet nommé Ret Traversier & Chalut, pour faire la pêche du poisson de mer, 20 déc. 1729, Préambule, reproduite dans ibid., p. 658-659. La pêche avec ce filet est à nouveau interdite, puis rétablie, par deux ordonnances royales du 16 avril et du 31 octobre 1744 dont l’initiative revient très certainement à l’inspecteur Verdier. Ces tentatives pour harmoniser la taxinomie des engins de pêche ne sont pas sans faire écho aux réflexions de James C. Scott quant aux efforts déployés par les États modernes pour « simplifier » les pratiques sociales et les rendre « lisibles ». Voir J. C. Scott, Seeing Like a State, op. cit., p. 2-3.

43 À cet égard, il est intéressant de mettre en regard l’inspection des pêches avec l’inspection des manufactures étudiée par P. Minard dans La fortune du colbertisme, op. cit.

44 Cette distinction entre des mesures qui s’imposent au réel et des mesures qui l’épousent est bien mise en évidence par Paolo Napoli, « Mesure de police. Une approche historico-conceptuelle à l’âge moderne », Tracés. Revue de Sciences humaines, 20, 2011, p. 151-173.

45 Charles-François Tiphaigne de La Roche, Essai sur l’histoire œconomique des mers occidentales de France, Paris, 1760, p. 148-152. Élias Burgel s’intéresse également à la notion de « ménagement » dans « Le tamaris au siècle des Lumières. De l’arbrisseau de l’inculte au végétal de l’ingénieur (bas-Languedoc, xviiie siècle) », Histoire & Sociétés rurales, 56-2, 2021, p. 111-176.

46 Voir les nombreux exemples mentionnés dans Romain Bareau, « La réglementation de la pêche côtière sous l’Ancien Régime, aux origines de notre législation », in A.-L. Piétri‑Lévy, J. Barzman et É. Barré (dir.), Environnements portuaires, Mont‑Saint‑Aignan, Publications de l’université de Rouen et du Havre, 2003, p. 163-178.

47 Sylviane Llinares, « Les amirautés et la politique maritime de la France sous Louis XVI. Enquête, réforme et modernisation autour de l’inspection Chardon (1781-1785) », mémoire d’HDR, Université Bretagne-Sud, 2011.

48 Décret relatif aux pêcheurs des différents ports du royaume, et notamment à ceux de la ville de Marseille, 8‑12 décembre 1790, Article 1, reproduit dans Recueil des lois relatives à la Marine et aux Colonies, tome 1, du 8 juin 1789 au 30 avril 1791, Paris, an v, p. 204-209 ; Décret relatif à la police de la navigation et des ports de commerce, 9-13 août 1791, Titre 5, Article 1, reproduit dans Recueil des lois relatives à la Marine et aux Colonies, tome 2, du 1 er mai 1791 au 1 er juin 1792, Paris, an v, p. 260-270. La situation en Méditerranée n’est pas comparable à celle de la Manche, car le décret des 8‑12 décembre consacre non seulement l’existence des prud’homies de pêcheurs de Marseille et de Cassis, mais permet d’en créer de semblables dans les autres ports méditerranéens. Ainsi, la disparition des amirautés n’entraîne pas ici de vide juridictionnel, puisque ces institutions communautaires ont des attributions en matière de police, de justice et d’administration de la pêche. À ce sujet, voir Gilbert Buti, « Prud’homies de pêche de la France méditerranéenne », in C. Cerino, B. Michon et É. Saunier (dir.), La pêche : regards croisés, Mont‑Saint‑Aignan, Publications de l’université de Rouen et du Havre, 2017, p. 85-100 ; Delphine Rauch, Les prud’homies de pêche en Méditerranée française à l’époque contemporaine. Entre justice professionnelle, communauté de métier et préservation du milieu maritime, Nice, Serre, 2018 ; Florian Grisel, The Limits of Private Governance: Norms and Rules in a Mediterranean Fishery, New York, Hart Publishing, 2021.

49 SHDV, Mar., CC5 418, Rapport sur la police des pêches maritimes, 10 sept. 1816, p. 1-2.

50 B. Coutancier, L’administration des petites pêches en France…, op. cit., p. 167-169 ; M. Pavé, La pêche côtière en France…, op. cit., p. 159-162.

51 Romain Grancher, « La réglementation de la pêche de nuit en Seine Inférieure (1803‑1814) : modalités, enjeux, résistances », in P. Bourdin (dir.), Les nuits de la Révolution française, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise‑Pascal, 2013, p. 157-172. Notons d’ailleurs que les travaux d’histoire environnementale consacrés à cette période souffrent d’un certain biais « terracentrique », car ils ignorent totalement l’existence de la mer et de ses ressources : Caroline Ford, Natural Interest: The Contest over Environment in Modern France, Cambridge, Harvard University Press, 2016 ; Jean‑Luc Chappey et Julien Vincent, « A Republican Ecology? Citizenship, Nature and the French Revolution (1795-1799) », Past & Present, 243-1, 2019, p. 109‑140 ; Laurent Brassart, Grégory Quénet et Julien Vincent (dir.), no spécial « Révolution et environnement : état des savoirs et enjeux historiographiques », Annales historiques de la Révolution française, 399‑1, 2020, p. 3-18.

52 Louis Estancelin, Des abus de la pêche côtière dans la Manche, Abbeville, Devérité, 1834.

53 Ferdinand de Bon, « Exposé de la législation sur la pêche côtière », in Ministère de la Marine et des Colonies, Statistique des pêches maritimes – 1875, Paris, Imprimerie administrative de Paul Dupond, 1876, p. 2-6. Le décret relatif au cinquième arrondissement maritime, celui de Toulon, n’est promulgué que le 19 novembre 1859.

54 Créée en 1800, la même année que les arrondissements maritimes, la fonction de préfet maritime disparaît en 1815, mais est rétablie en 1826. L’ordonnance du 17 décembre 1828 lui confie la police de la pêche maritime. Le préfet l’exerce en s’appuyant à la fois sur les commissaires de l’Inscription maritime, chargés d’assurer l’exécution des lois et règlements sur la pêche dans leurs quartiers, et sur les officiers de marine commandant les bâtiments garde‑pêches, qui ont hérité des compétences des anciennes amirautés en matière pénale et à qui il revient de constater les délits commis au large pour les faire sanctionner par les tribunaux correctionnels.

55 De ce point de vue, l’élaboration de ces règlements peut être rapprochée des procédures de légalisation des usages locaux analysées dans Louis Assier-Andrieu (dir.), Une France coutumière. Enquête sur les « usages locaux » et leur codification, xixe- xxe siècles, Paris, Éd. du CNRS, 1990.

56 SHDV, Mar., CC5 429-430, Pétition des pêcheurs de Dieppe adressée à l’empereur, 27 juin 1854.

57 AN, Mar., C5 31, Mémoire pour prouver que le filet de la dreige est le filet le plus convenable pour pescher le plus gros poisson, 27 août 1729, fol. 83-86.

58 En 1739, son successeur, Verdier, convainc le comte de Maurepas d’autoriser à nouveau la dreige le temps d’« une expérience de quelques années » destinée à prouver que son interdiction par la déclaration royale du 23 avril 1726 n’est pas la cause de « la stérilité du poisson de mer […] ainsy que l’avancent les pescheurs » de Dieppe et du Tréport, qui prétendent que les fonds de pêche ont besoin d’être « labourés » pour rester poissonneux. Voir AN, Mar., C5 8, Circulaire aux officiers des amirautés de Picardie et de Normandie, 17 mars 1739, fol. 53 ; et AN, Mar., C5 33, Mémoire pour le rétablissement de la pesche de la dreige sur les costes de Picardie et de Normandie, joint à la lettre de M. Verdier, inspecteur des pesches, 24 août 1738, fol. 1-6.

59 AN, Mar., C5 24, Procès-verbal de la visite faite dans l’amirauté de Dieppe, 4 oct. 1730, fol. 87-88 ; AN, Mar., C5 26, Procès-verbal de la visite faite dans l’amirauté de Saint-Malo, 9 sept. 1731, fol. 273. Des « expériences » très similaires à celles-ci sont financées par la République de Venise dans la seconde moitié du xviiie siècle pour diffuser de nouvelles techniques de pêche sur les côtes dalmates, d’après Solène Rivoal, « De l’expertise savante aux expérimentations économiques. L’action de la Société économique de Split dans la politique halieutique vénitienne (seconde moitié du xviiie siècle) », in G. Buti et al. (dir.), Moissonner la mer. Économies, sociétés et pratiques halieutiques méditerranéennes, xve- xxie siècle, Paris/Aix-en-Provence, Karthala/MMSH, 2018, p. 253-267. Sur les démonstrations d’instruments, voir Liliane Hilaire‑Pérez et Marie Thébaud‑Sorger, « Les techniques dans l’espace public. Publicité des inventions et littérature d’usage au xviiie siècle (France, Angleterre) », Revue de synthèse, 5-2, 2006, p. 393-428.

60 Voir par exemple T. Le Roux, Le laboratoire des pollutions industrielles, op. cit., p. 69-108, à qui j’emprunte cette formule, ainsi que Vincent Milliot, « L’admirable police ». Tenir Paris au siècle des Lumières, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2016, p. 193-196.

61 La catégorie juridique des « riverains » désigne les habitants des paroisses littorales.

62 Ordonnance de la Marine d’août 1681, Livre 4, Titre 9, Article 29 et Titre 10, Articles 1 à 5.

63 Je m’écarte ici de l’analyse de J.-B. Fressoz qui passe sous silence ces divisions internes aux communautés littorales dans L’Apocalypse joyeuse, op. cit., p. 132-136, en omettant de préciser que les « brûleurs de varech » en sont des membres à part entière.

64 Rouen, Archives départementales de la Seine-Maritime (ci-après ADSM), 1 B 5504, Rapport sur la fabrique des soudes sur les côtes du pays de Caux, 13 août 1766 ; Henri-Louis Duhamel du Monceau, « Petite dissertation sur ce qui peut occasionner la disette du poisson », in H.-L. Duhamel du Monceau et L. H. de La Marre, Traité général des pesches, vol. 1, Paris, chez Saillant & Nyon, 1769 p. 100‑104 ; Rouen, Bibliothèque municipale (ci-après BMR), ms. Coquebert de Montbret, Y 43, Observations générales & particulières sur les loix & les usages relatifs à la coupe du varech, aux pêches, &tc, 1770, p. 16-20.

65 G. Denis, « Normandie, 1768-1771 », art. cit., p. 152-154.

66 Déclaration royale du 30 mai 1731 au sujet des herbes de mer connues sous le nom de Varech ou Vraicq, Sart ou Gouesmon, reproduite dans R.-J. Valin, Nouveau commentaire…, op. cit., vol. 2, p. 632-634. Dans l’amirauté de Cherbourg, où les visites avaient permis de constater une surabondance de la ressource par rapport aux besoins agricoles, une récolte supplémentaire était toutefois autorisée chaque année au cours de l’été en vue de la fabrication de soude.

67 AN, Mar., C5 8, Dépêches du secrétaire d’État à la Marine adressées aux officiers des amirautés de Dieppe, Saint‑Valéry‑en‑Caux et Fécamp, juin-sept. 1739, fol. 150-237 ; ADSM, 1 B 5504, Copie d’une lettre adressée par le roi à l’amiral de France, 9 juin 1739 ; ADSM, 1 B 5504, Rapport sur la fabrique des soudes sur les côtes du pays de Caux, 13 août 1766. Le principe de « l’interdiction, sous réserve d’autorisation », signalé plus haut, se retrouve ici.

68 Arrêt du parlement, qui ordonne que l’ordonnance de 1681, Titre 10, concernant la coupe du Varech, ensemble la Déclaration du Roi du 30 mai 1731, seront exécutés selon leur forme et teneur, du 10 mars 1769, reproduit dans Recueil des édits, déclarations, lettres-patentes, arrêts et règlements du roi registrés en la Cour du parlement de Normandie, depuis l’année 1754, jusqu’en 1771, Rouen, 1774, Partie 2, p. 1123-1133.

69 BMR, ms. Coquebert de Montbret, Y 43, Observations générales & particulières sur les loix & les usages relatifs à la coupe du varech, aux pêches, &tc, 1770, p. 38.

70 An., « Sur le varech » [1772], in Collection académique, vol. 15, Paris, 1787, p. 47-50, ici p. 49.

71 Auguste Fougeroux et Mathieu Tillet, « Observations faites par ordre du roi sur les côtes de Normandie, au sujet des effets pernicieux qu’on prétend, dans le pays de Caux, être produits par la fumée du varech, lorsqu’on brûle cette plante pour la réduire en soude » [1771], in Collection académique, vol. 15, Paris, 1787, p. 159.

72 An., « Sur le varech », art. cit., p. 49.

73 Déclaration royale du 30 octobre 1772 permettant à tous riverains des côtes maritimes de cueillir, ramasser et arracher le varech, reproduite dans Nicolas Decrusy et al., Recueil général des anciennes lois françaises depuis l’an 420 jusqu’à la Révolution de 1789, vol. 22, Paris, Belin-Leprieur/Plon, 1830, p. 547-551. Dans l’intervalle, les officiers de certaines amirautés normandes ont pris le parti de faire appliquer l’arrêt du parlement de Rouen, en dépit des anciennes dispenses accordées par le roi. Ainsi, à l’occasion d’une tournée d’inspection dans la paroisse de Varangéville réalisée le 6 juillet 1771, les officiers de l’amirauté de Dieppe verbalisent une dizaine de riverains en train de brûler du varech dans des fourneaux en pierre construits à même le rivage. Interrogés sur les raisons les poussant à enfreindre les règlements, l’un d’entre eux, un ancien matelot nommé Favrel, leur répond que ce n’est « que pour avoir du pain ». Voir ADSM, 214 BP 103, Procès-verbal d’inspection, 6 juil. 1771.

74 Georges Louis Leclerc de Buffon, « Mémoire sur la conservation et le rétablissement des forests », Mémoires de l’Académie royale des sciences, 1739, p. 140-156.

75 C’est ce que leur ont expliqué plusieurs « brûleurs de varech », qui les ont même emmenés sur l’estran pour leur « faire voir » que les « tiges cassées ou coupées ne produisent[ent] plus rien, & nuis[ent] à la pousse des jeunes plantes ». D’après An., « Sur le varech », art. cit., p. 49-50.

76 SHDV, Mar., CC5 628-629, Rapport sur le filet de pêche dit rets traversier ou chalut, 4 mai 1818, p. 1. Ce conflit a été analysé plus en détail dans Romain Grancher, « Écrire au pouvoir pour participer au gouvernement des ressources. L’usage des mémoires dans la controverse sur le chalut (Normandie, premier xixe siècle) », L’Atelier du Centre de recherches historiques, 13, 2015, p. 175-212.

77 SHDV, Mar., CC5 628-629, Note sur la pêche au chalut, p. 8.

78 SHDV, Mar., CC5 578, Mémoire contre l’emploi abusif du filet appelé communément chausse, 17 mars 1818, p. 3-5.

79 Ordonnance du roi qui rétablit la pêche avec le filet nommé ret traversier ou chalut, depuis le premier septembre jusqu’au dernier avril de chaque année, 31 oct. 1744, reproduite dans R.-J. Valin, Nouveau commentaire…, op. cit., vol. 2, p. 660.

80 SHDV, Mar., CC5 578, Rapport sur les causes du désempoissonnement des côtes de Dieppe et de celles des environs, 22 nov. 1822, p. 11-16.

81 SHDV, Mar., CC5 628-629, Rapport sur le filet de pêche dit rets traversier ou chalut, 4 mai 1818, p. 5-6.

82 SHDV, Mar., CC5 628-629, Lettre et pièces envoyées par le commissaire général de la Marine au ministre de la Marine et des Colonies, 6 mars 1818. Le libre accès au marché du poisson et à ses réseaux de distribution constitue évidemment l’un des enjeux majeurs de cette affaire, partiellement invisibilisé par la focalisation délibérée de certains acteurs sur les effets destructeurs imputés à la technique du chalut.

83 SHDV, Mar., CC5 628-629, Rapport sur le filet de pêche dit rets traversier ou chalut, 4 mai 1818, p. 9-10.

84 SHDV, Mar., CC5 628-629, Rapport sur le filet de pêche dit rets traversier ou chalut, 4 mai 1818, p. 26-28.

85 Ordonnance du roi sur l’emploi des filets de pêche dits rets traversiers ou chalut, et petit chalut à la chevrette, 13 mai 1818, Préambule, reproduite dans Annales Maritimes et Coloniales, 7, 1818, p. 207-210.

86 SHDV, Mar., CC5 578, Rapport sur l’essai d’un nouveau mode d’installation du chalut, 22 avr. 1822, p. 1-10 ; SHDV, Mar., CC5 619, Rapport de la commission administrative nommée pour examiner diverses questions relatives à la pêche dans les baies de Cancale et de Granville, 11 mars 1844, p. 1-105 ; SHDV, Mar., CC5 374, Rapport de la commission chargée de fournir des renseignements sur les pêches au bœuf, 10 déc. 1819, p. 1-72.

87 À cette date, d’après Étienne Taillemite (Dictionnaire des marins français, Paris, Tallandier, 2002, p. 361), Martineau des Chesnez vient d’être promu capitaine après avoir été aide de camp du préfet maritime de Cherbourg, puis commandant de la station de Granville, où il s’occupait essentiellement de la surveillance de la pêche.

88 Sur l’institution du « partage des grèves », mal connue bien que répandue sur une grande partie des côtes de la Manche et de la mer du Nord aux xviiie et xixe siècles, voir Romain Grancher, « Les communs du rivage. L’État, les riverains et l’institution juridique des grèves de la mer (Manche, xviiie-xixe siècle) », in F. Locher (dir.), La nature en communs, op. cit., p. 145-165.

89 SHDV, Mar., CC5 428, Rapport sur une mission relative aux bas-parcs accomplie sur les côtes du sous-arrondissement de Dunkerque, 21 nov. 1855, p. 1-43. Sauf indication contraire, toutes les citations qui suivent sont tirées de cette source.

90 L’apparition d’« experts » dans ce rapport est intéressante, mais intrigante, car le terme ne renvoie ni aux enquêteurs ni aux pêcheurs. Peut‑être les auteurs du rapport avaient‑ils en tête certains administrateurs locaux particulièrement au fait des choses de la mer, comme l’inspecteur des pêches du quartier de Saint‑Valéry‑sur‑Somme, « l’un des hommes les plus intelligents et les plus compétents en matière de pêche » d’après eux, ou son supérieur hiérarchique, le commissaire de l’Inscription maritime Fournier, qui leur a communiqué « une foule de renseignements précieux » au cours de leur mission et a assisté à plusieurs de leurs expériences. Lui‑même avait d’ailleurs réalisé une série d’expériences de chalutage l’année précédente, en réponse à des réclamations émanant de pêcheurs de son quartier. Le détail se retrouve dans SHDV, Mar., CC5 428, Rapport du commissaire de l’Inscription maritime de Saint-Valéry-sur-Somme sur le petit chalut à chevrettes, 31 juil. 1854.

91 Décret relatif à l’exercice de la pêche à pied dans le premier arrondissement maritime, 13 juin 1857, reproduit dans Bulletin officiel de la Marine, 10, 1858, p. 499-505.

92 Déjà repérée par J.-B. Fressoz (L’Apocalypse joyeuse, op. cit., p. 138), l’idée de « prendre un parti définitif » renvoie à un discours convenu de l’expérience qui se retrouve par exemple dans SHDV, Mar., CC5 374, Rapport de la commission chargée de fournir des renseignements sur les pêches au bœuf, 10 déc. 1819, p. 1 ; SHDV, Mar., CC5 578, Rapport sur les causes du désempoissonnement des côtes de Dieppe et de celles des environs, 22 nov. 1822, p. 3 ; ou SHDV, Mar., CC5 433, Note sur les résultats des expériences faites sur trois pêcheries de Granville, 29 juil. 1856.

93 P. Napoli, « Mesure de police », art. cit., p. 165.

94 Sur les collaborations entre pêcheurs et savants ou administrateurs, voir Gísli Pálsson, « The Birth of the Aquarium: The Political Ecology of Icelandic Fishing », in T. S. Gray (dir.), The Politics of Fishing, Londres, Palgrave Macmillan, 1998, p. 209-227 ; Daniel W. Schneider, « Local Knowledge, Environmental Politics, and the Founding of Ecology in the United States: Stephen Forbes and the ‘Lake as a Microcosm’ (1887) », Isis, 91-4, 2000, p. 681-705 ; Petter Holm, « Crossing the Border: On the Relationship between Science and Fishermen’s Knowledge in a Resource Management Context », Maritime Studies, 2-1, 2003, p. 5-49.

95 Steven Shapin, « The Invisible Technician », American Scientist, 77-6, 1989, p. 554-563.

96 Brest, Service historique de la défense, Fonds Marine, 1 P 10/129, Lettre du commissaire de l’Inscription Maritime de Saint‑Malo au chef du Service de la Marine à Saint‑Servant, 9 nov. 1856, n. fol. La bourrache est la nasse en osier placée à l’embouchure des pêcheries en bois de Cancale dans laquelle le poisson est retenu prisonnier lorsque la mer se retire. Il s’agissait en l’occurrence d’évaluer les effets sur la ressource de différents modèles tressés de manière plus ou moins lâche. Des expériences similaires sont réalisées au même moment sur les pêcheries en pierre de Granville, de l’autre côté de la baie.

97 SHDV, Mar., CC5 578, Lettre du commissaire général du sous-arrondissement du Havre au ministre de la Marine et des Colonies, 21 déc. 1821, n. fol ; SHDV, Mar., CC5 578, Lettre du commissaire général du sous‑arrondissement du Havre au ministre de la Marine et des Colonies, 18 mai 1822, n. fol.

98 SHDV, Mar., CC5 578, Rapport sur l’essai d’un nouveau mode d’installation du chalut, 22 avr. 1822, p. 1-10.

99 SHDV, CC5 578, Chambre de commerce de Dieppe, Question soumise au Conseil d’État. Précis sur l’instrument de pêche dit chalut, Paris, 1822, p. 7. Le caractère artificiel des « expériences en petit » les rend souvent douteuses, notamment parce qu’il n’y a qu’un pas entre le contrôle et la manipulation, comme le souligne Frédéric Graber, Paris a besoin d’eau. Projet, dispute et délibération technique dans la France napoléonienne, Paris, CNRS Éditions, 2009, p. 234.

100 SHDV, CC5 578, Rapport de l’enseigne de vaisseau Foubert, 14 oct. 1822 (souligné dans l’original).

101 SHDV, CC5 578, Chambre de commerce de Dieppe, Question soumise au Conseil d’État, op. cit., p. 7.

102 SHDV, CC5 578, Rapport de l’enseigne de vaisseau Foubert, 14 oct. 1822.

103 SHDV, Mar., CC4 1171bis, Rapport du capitaine du bâtiment garde-pêche Le Chamois, 19 sept. 1857.

104 J’emprunte cette expression à Yannick Barthe, Michel Callon et Pierre Lascoumes, Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie technique, Paris, Éd. du Seuil, 2001, p. 127.

105 SHDV, Mar., CC5 428, Rapport sur une mission relative aux bas‑parcs accomplie sur les côtes du sous‑arrondissement de Dunkerque, 21 nov. 1855, p. 35 et 39.

106 Madeleine Akrich, « Les formes de la médiation technique », Réseaux, 60, 1993, p. 87-98 ; Annie‑Hélène Dufour, « Poser, traîner : deux façons de concevoir la pêche et l’espace », Bulletin d’Ecologie Humaine, 5-1, 1987, p. 23-45. Sur le travail comme mode de connaissance privilégié de la nature, voir Richard White, « ‘Are You an Environmentalist or Do You Work for a Living?’ Work and Nature », in W. Cronon (dir.), Uncommon Ground: Rethinking the Human Place in Nature, New York, Norton, 1996, p. 171‑185.

107 SHDV, Mar. CC5 578, Lettre de l’enseigne de vaisseau Foubert au commissaire général de la Marine, 22 nov. 1822, n. fol. ; SHDV, Mar., CC5 578, Rapport sur les causes du désempoissonnement des côtes de Dieppe et de celles des environs, 22 nov. 1822, p. 29-30.

108 G. Calafat, « Expertise et compétences », art. cit., p. 104.

109 Au xviiie siècle, la baie de Cancale constitue la principale aire d’approvisionnement de Paris en huîtres, mais alimente également le marché anglais. Pour une mise en contexte de cette affaire, voir R. Abad, Le grand marché, op. cit., p. 519-564 ainsi que Robert Neild, The English, the French and the Oyster, Londres, Quiller Press, 1995, p. 77-97.

110 Cancale, Archives municipales (ci-après AMC), Registre du greffe oblique de l’amirauté de Saint‑Malo à Cancale, Délibération des maîtres, 20 févr. 1785, fol. 50.

111 AN, Mar., C5 60, Mémoire sur la pêche des huîtres dans la baye de Cancale, 1786, fol. 263. L’ordonnance de l’amirauté de Saint‑Malo du 16 août 1766 portant règlement sur la pêche des huîtres dans la baie de Cancale est présentée de manière plus détaillée dans Emmanuelle Charpentier, Le peuple du rivage. Le littoral nord de la Bretagne au xviiie siècle, Rennes, PUR, 2013, p. 148-152.

112 AMC, Registre du greffe oblique de l’amirauté de Saint-Malo à Cancale, Délibération des maîtres, 20 févr. 1785, fol. 50.

113 AN, Mar., C5 54, Lettre du contrôleur général des finances au ministre de la Marine, 29 mars 1786, fol. 2-3.

114 AN, Mar., C5 54, Procès-verbal de la dépopulation des huîtres dans la baye de Cancale, 27 mai 1786, fol. 20‑24. Synonyme de « donner un coup de drague », l’expression « faire une ferrée » fait référence au fer dont la drague était pourvue pour décrocher les huîtres du fond.

115 AN, Mar., C5 54, « Mémoire sur la nature de l’huître, les procédés en usage pour sa pêche, et les lieux où se trouvent les huitrières, par M. Chardon et M. l’abbé Dicquemare », 17 juin 1786, fol. 83. La rédaction de ce mémoire suit de peu celle du procès‑verbal et en développe les explications et les conclusions.

116 AN, Mar., C5 54, Procès-verbal de la dépopulation des huîtres dans la baye de Cancale, 27 mai 1786, fol. 24.

117 S. Shapin et S. Schaffer, Leviathan and the Air-Pump, op. cit., p. 55. Sur l’usage du « on collectif » dans la structure narrative des récits d’expérience, voir Christian Licoppe, La formation de la pratique scientifique. Le discours de l’expérience en France et en Angleterre (1630-1820), Paris, La Découverte, 1996, p. 53-87.

118 D’après SHDV, Mar., CC5 566, « Mémoire sur les pêches locales de Port-Malo et havres environnans, 12 ventôse an iii », « l’abbé Dicquemare, naturaliste avantageusement connu, était l’âme de cette commission ».

119 AN, Mar., C5 54, « Mémoire sur la nature de l’huître, les procédés en usage pour sa pêche, et les lieux où se trouvent les huitrières, par M. Chardon et M. l’abbé Dicquemare », 17 juin 1786, fol. 86 et 93.

120 AN, Mar., C5 54, Lettre du commissaire Chardon au ministre de la Marine, 30 mai 1786, fol. 15 ; AN, Mar., C5 54, Procès-verbal de la dépopulation des huîtres dans la baye de Cancale, 27 mai 1786, fol. 28-29.

121 Arrêt du Conseil d’État du roi du 20 juillet 1787 portant règlement pour la pêche des huîtres dans la baie de Cancale, Articles 1, 5 et 6, reproduit dans Jacques-Joseph Baudrillart, Traité général des eaux et forêts, chasses et pêches. Quatrième partie. Dictionnaire des pêches, Paris, madame Huzard, 1827, p. 589-592.

122 SHDV, Mar., CC5 680, Rapport annuel sur la pêche des huîtres dans la circonscription de la station navale de Granville, 1856, n. fol. ; Lettre du chef du service de la Marine au ministre de la Marine et des Colonies, 3 nov. 1858, n. fol.

123 Prosper de Chasseloup-Laubat, « Rapport à l’empereur », Bulletin officiel de la Marine, 16, 1861, p. 347-348.

124 Cette expression de Chasseloup-Laubat est rapportée par B. Coutancier, L’administration des petites pêches en France…, op. cit., p. 210. Notons que ce décret s’inscrit dans une conjoncture européenne caractérisée, d’une part, par une course aux parages de pêche internationaux et, d’autre part, par une dérégulation de l’activité sur fond de controverse autour du caractère inépuisable des ressources de la mer. En Grande‑Bretagne, par exemple, le rapport remis par la Commission royale d’enquête sur les pêches maritimes (1863-1866) aboutit au Sea Fisheries Act de 1868. Il recommande d’abroger toutes les mesures de réglementation existantes pour libéraliser totalement l’exercice de la pêche. Sur ce point, voir J. Hubbard, « In the Wake of Politics », art. cit., p. 365-369 ; Poul Holm et al., « Marine Animal Populations: A New Look Back in Time », in A. D. McIntyre (dir.), Life in the World’s Oceans: Diversity, Distribution and Abundance, Oxford, Wiley-Blackwell, 2010, p. 3-23, ici p. 5-7.

125 Michel Foucault, Naissance de la biopolitique. Cours au collège de France, 1978-1979, Paris, Éd. de l’EHESS/Éd. du Seuil/Gallimard, 2004, p. 29.

126 Prosper de Chasseloup-Laubat, « Rapport à l’empereur », in Ministère de la Marine et des Colonies, Règlement général sur l’administration des quartiers, sous-quartiers, et syndicats maritimes ; l’inscription maritime ; le recrutement de la flotte ; la police de la navigation ; les pêches maritimes, Paris, Imprimerie impériale, 1867, p. vii-xxix (souligné dans l’original).