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Les Types de Scolarité : Plaidoyer Pour la Synthèse en Histoire de L'Éducation

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Jacques Gavoille*
Affiliation:
Université de Besançon

Extract

Rien ne vaut une lecture assidue des rapports individuels fournis sur les instituteurs par les inspecteurs primaires pour formuler de fructueuses hypothèses de travail, non seulement sur le personnel enseignant, mais sur l'école, les élèves et le milieu. Les tournées d'inspection n'ont pas pour unique objectif d'inciter au travail les instituteurs, de les conseiller et d'apprécier la qualité de leurs relations avec la population locale ; elles sont aussi destinées à fournir des matériaux pour un tableau de la situation scolaire dans chaque circonscription utilisé lui-même par l'inspecteur d'Académie pour rédiger un rapport de synthèse sur son département.

Si l'on n'y prend garde, ces sources, trop négligées cependant par l'histoire locale et régionale, risquent de fournir la matière de tableaux pointillistes aux teintes folkloriques. Mais l'histoire générale aurait tort de les mépriser. Les données communales elles-mêmes ne sont pas indignes d'intérêt.

Summary

Summary

On the basis of a departmental monograph (from Doubs, 1870-1914), the author tries to scientifically treat the often discussed question of the relationship between school and society. He proposes an overall définition of schooling which includes five criteria: the furnishing of schools for school-age children, summer school, regular attendance, schoolingfor children under 6 and for those over 13. A critical analysis of each of these criteria leads the author to distrust the largescale diachronic studies done, and to propose two synchronie analyses of the periods around 1880 and 1900- 1905. These analyses combine scholastic, political, économie and social data, and involve factorial analysis of their corrélations—this being the only method which permits one to take ail of the factors into account without privileging any one of them. The results obtained allow us to distinguish three types of schooling: 1) in industrial and urban zones schooling began early, was rather intense, and lasted, relatively speaking, but a short time; 2) in the Haut-Doubs rural zone, it began late, was not very intense, and lasted quite a long time; 3) in the lower rural areas, it was more regular. This latterfact can be explained neither on the basis offree schooling nor of political and religious attitudes, but rather on the basis of économie and social conditions whose slow change led to the great stability of types ofschooling.

Type
École et Société
Copyright
Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1996

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References

Notes

1. Les dossiers individuels des instituteurs sont conservés, quand ils ont pu être sauvés, dans la série T des Archives départementales. Les rapports manuscrits des inspecteurs primaires sur leur circonscription sont perdus, semble-t-il, en dehors de ce qui en a été cité dans les rapports des inspecteurs d'Académie publiés dans les bulletins départementaux ou dans les délibérations du Conseil général.

2. Bulletin départemental de l'Instruction publique. Doubs (abréviation : B.D.), 1912, Rapport, p. 36.

3. Dossier individuel. Les Gras, 1883, T 6070.

4. B.D., 1878, p. 206.

5. Statistique de l'enseignement primaire (abréviation : S.E.P.), 1876-1877, Paris, 1978, tabl. XLVIII, pp. 184-185, ettabl. XLIV, p. 187.

6. Inspection générale 1876 (rapport manuscrit) F 17 9260.

7. B.D., 1877, p. 210.

8. Inspection générale 1880, F 17 9260.

9. On trouvera les points d'appui nécessaires et des développements plus nombreux dans L'école publique dans le département du Doubs de 1870 à 1914, Paris, Les Belles Lettres, 1981, 416 p. (Annales littéraires de l'Université de Besançon), version allégée de notre thèse de troisième cycle. Ce travail n'aurait pu être mené à bien sans les conseils de Paul Gerbod qui nous a révélé la richesse des dossiers d'instituteurs, de François Caron qui nous a apporté sa connaissance des milieux socio-économiques, et de Jean-Philippe Massonie qui nous a tout appris de l'analyse factorielle à une époque où elle était encore peu répandue.

10. État de l'Instruction primaire en 1864, p. 107 ss.

11. Statistique… 1876-1877, tabl. XXXIII, XXXIV, XXXV, pp. 126-137.

12. B.D., 1870, pp. 8-10.

13. S.E.P., 1876-1877, tabl. XLII à XLVII, pp. 160-183.

14. Pour le Doubs, F 17 10552, 10567, 10585, 10601, 10619, 10636, 10646, 10671.

15. B.D., 1912, p. 35. La statistique réapparaît à cette date dans le Bulletin départemental, ce qui montre qu'on continuait à l'établir bien qu'elle ait disparu des états de situation.

16. B.D., 1881, p. 63. La proportion scolarisés/scolarisables ne peut être indiquée que de manière approximative pour ces tranches d'âge car les statisticiens hésitent sur le choix du dénominateur.

17. Par exemple, Boudon, Raymond, L'inégalité des chances, Paris, Colin, A., 1973, pp. 13 14.Google Scholar

18. Antoine Prost, Vocabulaire des proclamations électorales de 1881, 1885 et 1889, Paris, P.U.F., 1974, particulièrement le chap. VI.

19. Furet, François et Ozouf, Jacques, Lire et écrire, Paris, Éditions de Minuit, 1986, chap. i.Google Scholar

20. Dans certains cas, la corrélation est nulle alors que les points s'organisent selon une structure d'ordre qui révèle des liaisons particulièrement fortes : ainsi, une variable s'organise selon une parabole, sa division en classes aboutissant à la répartition de points-caractères des valeurs faibles aux valeurs fortes le long de cette parabole. Il se peut aussi que des variables soient indépendantes : les points-individus seront alors dispersés, cependant la proximité de deux ou trois d'entre eux conduit à rechercher quelle parenté ils peuvent avoir.

21. L'historien de l'école se trouve confronté à l'absence d'études socio-économiques précises du territoire qu'il étudie. Mais le découpage en classes limite l'intérêt qu'il y aurait à disposer de statistiques fines : n'oublions pas que la méthode consiste avant tout à comparer des distances, si bien que des ordres de grandeur peuvent être acceptés sans risque d'erreur grave.

22. Les taux de scolarisation des 6-13 ans ont été supprimés en 1905 car ils avoisinent presque tous 100 % ; la scolarisation des moins de 6 ans et des plus de 13 ans a été introduite sous la forme de leur proportion dans l'effectif scolaire global, modalité critiquable, mais inévitable car on ne dispose pas de la population scolarisable correspondante par canton.

23. Une donnée a été établie pour 1900-1901, celle des écoles congréganistes, car le combisme, cinq années plus tard, aura exercé sur elle une action d'origine extérieure et en contradiction avec la volonté des populations du Haut-Doubs et de certaines couches urbaines.

24. B.D., 1876, p. 118.

25. Dossier individuel, Série T.

26. L'évolution du canton d'Hérimoncourt est révélatrice à cet égard : entre les deux dates que nous avons choisies, il s'industrialise et s'urbanise ; la proportion des moins de 6 ans augmente de 16 à 31 %.

27. Au début du siècle, on a mis quelque espoir dans l'utilisation des skis pour améliorer la fréquentation en hiver !

28. Le procédé utilisé par Grew, Harrigan et Whitney dans leur article sur « La scolarisation en France, 1829-1906 », Annales ESC, n° 1, 1984, pp. 116-157, qui a vraisemblablement consisté à diviser le nombre de reçus par celui de la cohorte des 6-13 ans divisée par 7, appelle des réserves. Les auteurs aboutissent ainsi à des chiffres élevés qui paraissent peu sûrs : le numérateur est surestimé car des élèves de plusieurs classes d'âge se présentent au CE.P., le dénominateur l'est aussi car la classe d'âge des 12-13 ans est beaucoup plus déprimée que les précédentes.

29. Vers 1880, les deux facteurs école libre et école congréganiste évoluent l'un et l'autre selon la courbe A, mais en sens inverse. Dans la montagne catholique, l'école publique l'emporte largement parce qu'elle est congréganiste, l'école privée répondant à certains besoins locaux des zones industrielles, urbaines et protestantes. La laïcisation des écoles publiques provoque un lent mouvement de désaffection à leur égard dans les zones de forte pratique religieuse, tandis que l'école libre y prend une importance nouvelle grâce à un caractère congréganiste qu'elle n'avait pas jusque-là. Les points-caractères se déplacent vers la fin du siècle de la courbe A à la courbe C : l'école congréganiste d'avant le combisme et l'école libre d'après cet épisode. Les valeurs les plus fortes se trouvent vers la montagne et les villes où se trouvent les communautés catholiques capables de faire vivre les écoles libres dont l'esprit est resté congréganiste malgré la loi.

30. B.D., 1913, ANNEXE, p. 43.

31. B.D., 1881, pp. 107-109.

32. Art. 15 de la loi du 28 mars 1882 : « La commission scolaire pourra accorder aux enfants demeurant chez leurs parents ou leur tuteur, lorsque ceux-ci en feront la demande motivée, des dispenses de fréquentation scolaire ne pouvant excéder trois mois par année en dehors des vacances. Ces dispenses devront, si elles excèdent quinze jours, être soumises à l'approbation de l'inspecteur primaire. […] La commission peut aussi, avec l'approbation du Conseil départemental, dispenser les enfants employés dans l'industrie, et arrivés à l'âge de l'apprentissage, d'une des deux classes de la journée ; la même faculté sera accordée aux enfants employés hors de leur famille, dans l'agriculture. »

33. Gavoille, Jacques, « L'obligation scolaire un siècle après Jules Ferry : le législateur face aux réalités », dans L'Offre d'école, Paris, Publications de la Sorbonne, I.N.R.P., 1983, pp. 431453.Google Scholar

34. Luc, Jean-Noël, La statistique de l'enseignement primaire, 19e-20e siècles. Politique et mode d'emploi, Paris, I.N.R.P., Economica, 1985, 242 p.Google Scholar

35. Nous avons entrepris une étude des types de scolarité primaire en France vers 1880 dont les premiers résultats semblent prometteurs.