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L’État, la terre et l’eau entre Nil et Syr-Darya Remarques introductives

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Pierre Briant*
Affiliation:
Collège de France

Résumé

Depuis les premiers écrits sur le «despotisme asiatique», les réflexions de Marx et d’Engels sur le «mode de production asiatique» et les propositions de Wittfogel sur les «sociétés hydrauliques», l’on s’est beaucoup interrogé sur les rapports entre État, société et contrôle de l’eau dans les sociétés du Moyen-Orient ancien. Les publications textuelles et les recherches archéologiques récentes permettent à la fois d’élargir la vision et de préciser les enjeux d’une telle discussion.

Since the first written texts on Asian despotism, Marx’s and Engels’ reflections on the Asian mode of production and Wittfogel’s hypotheses on the hydraulic system, much research as been focused on the relations between state, society and water control in the Middle-East. Recent publications and archaeological research allow to both widen the scope of the issues and specify the elements at stake.

Type
Politique et contrôle de l’eau dans le Moyen-Orient ancien
Copyright
Copyright © Les Áditions de l’EHESS 2002 

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References

1 - Rawlinson, Henry C., The Persian Cuneiform Inscription at Behistun, Decyphered and Translated with a Memoir on Persian Cuneiform Inscriptions in General, and on that of Behistun in Particular , Londres, Royal Asiatic Society, Parker, John W., 1846 Google Scholar. À propos des contestations sur la paternité de la découverte, voir Larsen, Mogens Trolle, « Hincks Versus Rawlinson: The Decipherment of the Cuneiform System of Writing», in Magnusson, B. et alii (éds), Ultra Terminum Vagari. Scritti in onore di Carl Nylander, Rome, Éd. Quasar, 1997, pp. 339356 Google Scholar.

2 - Cf. Briant, Pierre, Histoire de l’empire perse. De Cyrus à Alexandre, Paris, Fayard, 1996, pp. 109149 Google Scholar, 924-930.

3 - Sur l’effacement concomitant et paradoxal de l’histoire achéménide, voir Briant, Pierre, Leçon inaugurale au Collège de France, Paris, Collège de France, 2000 Google Scholar.

4 - En dépit de l’autonomisation croissante de l’histoire proche-orientale par rapport à l’histoire biblique, le lien n’a jamais vraiment totalement disparu, à preuve le titre d’un célèbre et remarquable recueil de textes et documents sous la direction de Pritchard, James B., Ancient Near Eastern Texts Relating to the Old Testament, Princeton, Princeton University Press, 3e édition avec suppléments, [1950] 1969 Google Scholar.

5 - Sur l’évolution de la pensée de Marx et sur le contexte de la production de ses écrits, on se reportera à un livre édité et introduit par Maurice Godelier, qui reste fondamental: Sur les sociétés précapitalistes. Textes choisis de Marx, Engels, Lénine, Paris, Éditions Sociales, 1970.

6 - Outre l’ouvrage classique de Said, Edward W. (L’orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, Paris, Le Seuil, [1978] 1997 Google Scholar, nouvelle édition augmentée), qui ne manque pas d’épingler l’« orientalisme » de Marx (pp. 178-182, 366), voir P. Briant, Leçon inaugurale..., op. cit., et ID., Rois, tributs et paysans. Études sur les formations tributaires du Moyen-Orient ancien, Paris, Les Belles Lettres, 1982, pp. 281-290, et 291-330, ici pp. 291-301.

7 - C’est par le biais des préoccupations politiques et coloniales que les Anglais s’intéressent de près aux grands fleuves du Moyen-Orient: voir le rapport du lieutenant-colonel Chesney, The Expedition for the Survey of the Rivers Euphrates and Tigris [...] in the Years 1835, 1836 and 1837, I-II, Londres, 1850 [réimpr. New York, Greenwood Press, 1969], où l’auteur a de nombreux développements sur l’utilisation des fleuves pour l’irrigation et le transport, et où il a également des commentaires toujours utiles sur les travaux d’irrigation et de régulation des eaux dans l’Antiquité. Près de quarante ans plus tard paraît une étude de Delattre, A. sur « Les travaux hydrauliques en Babylonie», Revue des questions scientifiques, octobre 1888, pp. 452507 Google Scholar.

8 - Demangeon, Albert, L’Empire britannique. Étude de géographie coloniale, Paris, Armand Colin, 1923 Google Scholar; voir, sur ce thème, Briant, Pierre, « Impérialismes antiques et idéologie coloniale dans la France contemporaine: Alexandre le Grand “modèle colonial”», Dialogues d’histoire ancienne, 5, 1979, pp. 283292 Google Scholar.

9 - Cité dans M. Godelier, Sur les sociétés précapitalistes..., op. cit., pp. 169-170.

10 - Ibid. , p. 249.

11 - Au demeurant, il en était de même des égyptologues qui, avec les assyriologues et quelques autres, constituaient une catégorie protéiforme, celle des « orientalistes », appellation que, personnellement, je préfère laisser à l’époque qui l’a vu naître.

12 - M. Godelier, Sur les sociétés précapitalistes..., op. cit. , p. 15 (souligné par l’auteur, qui ne songe évidemment pas spécifiquement aux spécialistes du Moyen-Orient ancien).

13 - Voir, ici même (pp. 627-637), l’analyse critique menée par Henri-Paul Francfort et Olivier Lecomte des constructions interprétatives sur les travaux hydrauliques en Asie centrale, telles qu’elles ont été proposées par Andrianov et Mukhamedzhanov.

14 - Le despotisme oriental. Étude comparative sur le pouvoir total, Paris, Éditions de Minuit, 1964 Google Scholar (titre original: Oriental Despotism. Study of Total Power, New Haven, Yale University Press, 1957). La deuxième édition (Paris, Éditions de Minuit, 1977) est dépourvue du pourtant fort utile et fort opportun « Avant-propos » (pp. 7-44) rédigé par Pierre Vidal-Naquet, dont le texte a été publié dans les Annales ESC, 19-3, 1964, pp. 531-549, et repris plus récemment dans le recueil publié en 1990 par son auteur, La démocratie grecque vue d’ailleurs (Paris, Flammarion), sous le titre: « Karl Wittfogel et la notion de production asiatique », pp. 277-317 (suivi de « La Russie et le mode de production asiatique », pp. 319-329, Annales ESC, 21-2, 1966, pp. 378-381). En revanche, cette même deuxième édition est précédée d’un texte de K. Wittfogel, «Nouvelle préface à un livre qui s’est révélé très “inquiétant” », pp. I-XXXVI, réponse à une appréciation de Jean Chesneaux dans un article (« Où en est la discussion sur le mode de production asiatique? »), La Pensée, 129, oct. 1966, p. 39, n. 10. Sur cette histoire de textes et contextes, voir P. Vidal-Naquet, La démocratie grecque..., op. cit., pp. 268-276. J’ai également contribué aux débats dans des articles publiés en 1980 dans Zamân et en 1981 dans La Pensée; voir Pierre Briant, Rois, tributs et paysans..., op. cit., pp. 405-430, 475-489, et ID. , « Produktivkräfte und Tributäre Produktionsweise im Achämenidenreich», in J. Hermann et I. Sellnow (éds), Produktivkräfte und Gesellschaftsformationen in vorkapitalistischer Zeit, Berlin, Akademie der Wissenschaften, 1982, pp. 351-372.

15 - Sofri, Gianni, Il modo di produzione asiatico. Storia di una controversia marxista, Turin, Einaudi, 1973, pp. 146147 Google Scholar.

16 - Sumer et Akkad, si l’on adopte la toponymie des hautes périodes (depuis le IIIe millénaire).

17 - Voir Arminius Bongenaar, C.V.M., The Neo-Babylonian Temple at Sippar: Its Administration and Its Prosopography, Leyde, Nederlands Historisch-Archeologisch Institut te Istanbul, «PIHANS-LXXX», 1997, pp. 24 Google Scholar.

18 - On verra en particulier maintenant les trois volumes de Durand, Jean-Marie, Documents épistolaires du palais de Mari, Paris, Le Cerf Google Scholar, « Littératures anciennes du Proche-Orient-16/17/18 » [LAPO], 1997-2000, où les documents, traduits, sont présentés en dossiers; sur les archives des rois de Mari, voir LAPO-16, 1997, pp. 25-40; le dossier « Irrigation » est présenté dans LAPO-17, 1998, pp. 573-653.

19 - Voir par exemple Menu, Bernadette (éd.), Les problèmes institutionnels de l’eau en Égypte ancienne et dans l’Antiquité méditerranéenne, Le Caire, IFAO, 1994 Google Scholar.

20 - Sur les problèmes ainsi posés par la nature et la répartition de la documentation, voir Briant, Pierre, L’Asie centrale et les royaumes moyen-orientaux au premier millénaire, Paris, ADPF, 1982, en particulier pp. 2368 Google Scholar (avec le compte rendu de Kuhrt, A., dans le Journal of Hellenic Studies, 107, 1987, pp. 236238 CrossRefGoogle Scholar), et, plus récemment, ID., Histoire de l’empire perse..., op. cit., pp. 764-778 (l’un et l’autre sont discutés par H.-P. Francfort et O. Lecomte); voir déjà le dialogue avec Gardin, Jean-Claude, « A propos de l’”entité politique bactrienne”», Topoi, Supp. 1, 1997, pp. 263277 Google Scholar. Je mentionne en passant que, toujours inédits, des documents araméens sur peau provenant de ces régions et datés de rois achéménides seront bientôt versés au dossier (information aimablement transmise par Shaul Shaked, chargé de la publication avec Joseph Naveh).

21 - Voir Israel Eph’al, , The Ancient Arabs. Nomads on the Borders of the Fertile Crescent, 9th-5th Centuries B.C., Jérusalem-Leyde, 1982 Google Scholar; Briant, Pierre, État et pasteurs au Moyen-Orient ancien, Paris-Cambridge, Maison des Sciences de l’Homme/Cambridge University Press, 1982 Google Scholar; Francfort, Henri-Paul (éd.), Nomades et sédentaires en Asie centrale. Apports de l’archéologie et de l’ethnologie, Paris, Éditions du CNRS, 1990 Google Scholar.

22 - Relevons au passage que, parmi les informations journalières notées dans les tablettes astronomiques babyloniennes, figure le niveau atteint par l’Euphrate à Babylone; l’une des expressions utilisées, « au-dessus des ouvertures », laisse supposer que, lorsque le niveau dépassait une certaine mesure, on procédait à un lâcher d’eau ( Sachs, Abraham J. et Hunger, Hermann, Astronomical Diaries and Related Texts from Babylonia, I, Vienne, Akademie der Wissenschaften 1988, pp. 3436 Google Scholar). Cette documentation, en quelque sorte, suggère l’existence, à Babylone, d’une sorte d’« euphratomètre » (comme il existait des nilomètres en Égypte).

23 - Sur les barrages légers et temporaires disposés par l’administration en travers du cours du Tigre à l’époque achéménide (et dénommés kararraktai par les auteurs grecs), et sur des ouvrages comparables (muballitum) connus dans la documentation de Mari, mille sept cents ans auparavant, voir la mise au point récente dans Pierre Briant, « Katarraktai du Tigre et muballitum du Habur », avec la bibliographie; sur les « muballitum mariotes », cf. ID. Notes archéologiques brèves et utilitaires [NABU], 1999/12; voir aussi le dossier que Jean-Marie Durand a rassemblé dans Documents épistolaires..., op. cit., LAPO-17, pp. 579-582 et 608-628.

24 - Ne serait-ce que pour s’en distinguer, c’est bien souvent le « modèle wittfogelien » qui est invoqué comme référence de discussion, dans l’une ou l’autre des étapes de la réflexion sur une étude de cas: voir par exemple Gardin, Jean-Claude, «L’archéologie du paysage bactrien», Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1980, pp. 480501 Google Scholar (ici p. 492); en revanche, sauf erreur de ma part, toute référence à ce « modèle » a disparu de la publication finale: ID., Prospections archéologiques en Bactriane orientale (1974-1978), III, Description des sites et notes de synthèse, Paris, ERC, 1998, pp. 154-182.

25 - Le même type d’inférence est avancé par Jean-Marie Durand à propos des recherches archéologiques faites sur les canaux autour de Mari (voir, par exemple, Calvet, Yves et Geyer, Bernard, Barrages antiques de Syrie, Lyon, Maison de l’Orient méditerranéen, 1992 Google Scholar).

26 - L’opposition que les auteurs établissent avec la Babylonie et l’Égypte, « pays de vieille centralisation hydraulique étatique, au moins depuis la seconde partie du IIIe millénaire », doit néanmoins être évaluée à l’aune des études publiées ici même.

27 - Sur le caractère très plastique de la terminologie, courante chez les archéologues, voir également les remarques de J.-C. Gardin, Prospections archéologiques..., t. I, op. cit. , pp. 154-156.

28 - Le problème méthodologique des « fins d’archives » et les inférences historiques que certains ont voulu parfois indûment en tirer ont été beaucoup analysés par les spécialistes dans les années récentes: voir par exemple Driel, Govert Van, « The “Eanna Archive”», Bibliotheca Orientalis, 55/1-2, 1998, pp. 5979 Google Scholar; voir aussi ID., « Land in Ancient Mesopotamia: “That what remains undocumented does not exist”», in B. Harin et R. De Maaijer (éds), Landless and Hungry? Access to Land in Early and Traditional Societies, Leyde, Research School CNWS, 1998, pp. 19-49.

29 - Le cas est évoqué en passant dans l’étude de H.-P. Francfort et O. Lecomte (voir infra ).

30 - Sur la technique elle-même, on verra Henri Goblot, Les qana¯ts. Une technique d’acquisition de l’eau, Paris-La Haye, Mouton, 1979, qui mériterait aujourd’hui un grand nombre de corrections.

31 - On verra les références dans l’introduction que j’ai donnée au volume Irrigation et drainage dans l’Antiquité. Qana¯ts et canalisations souterraines en Iran, en Égypte et en Grèce, Paris, Éditions Thotm, « Persika-2 », 2001, pp. 10-11. J’ajoute que la question devrait être à nouveau évoquée lors du XIIIe Congrès d’histoire économique (Buenos-Aires, juillet 2002), Session 17: « Échanges technologiques, modes de production et utilisation de l’eau en Europe et en Amérique latine, de l’Antiquité au XXe siècle ».

32 - Polybe, Histoires, X. 28. 3-4.

33 - Cf. Pierre Briant, « Polybe X. 28 et les qana¯ts: le témoignage et ses limites », in ID. (dir.), Irrigation et drainage..., op. cit., pp. 15-40.

34 - Il est parfaitement envisageable de considérer que, du moins dans cette région, les objectifs du gouvernement impérial étaient moins économiques (extension des surfaces cultivables) que stratégiques (contrôle de la route du Khorassan: cf. P. Briant, L’Asi centrale. .., op. cit., p. 67), ou, si l’on préfère, que les objectifs économiques étaient second par rapport aux objectifs stratégiques.

35 - Voir par exemple Mandel, Ernest, La formation de la pensée économique de Kar Marx, Paris, Maspéro, 1987, p. 123 Google Scholar; P. Vidal-Naquet, dans l’avant-propos à la traduction française de Wittfogel, repris dans La démocratie athénienne..., op. cit., pp. 287-288 et p. 405, n. 22; Briant, Pierre, « Communautés rurales, forces productives et mode de production tributaire en Asie achéménide», Zamân, 1, 1980, pp. 75100 Google Scholar (ici pp. 91 94), repris dans Rois, tributs et paysans..., op. cit., pp. 406-430 (ici pp. 421-424); ID., Histoir de l’empire perse..., op. cit., pp. 826-828.

36 - Voir déjà Leach, Edward R., « Hydraulic Society in Ceylon», Past and Present, 15 1959, pp. 226 CrossRefGoogle Scholar, qui, au-delà de son titre, critique vigoureusement le systématisme de la construction wittfogelienne.

37 - En comptant trente ans par génération, on peut évaluer à un siècle et demi environ la durée de la concession: cf. P. Briant, « Polybe X. 28 et les qana¯ts. .. », art. cit., pp. 36-37

38 - Voir l’étude de Michel Wuttmann, «Les qana¯ts de ‘Ayn-Mana¯wı¯r » in P. Briant (dir.), Irrigation et drainage..., op. cit., pp. 109-135 (et mes réflexions dans « L’histoire de l’empire achéménide aujourd’hui: l’historien et ses documents (commentaire de l’auteur)», Annales HSS, 54-5, 1999, pp. 1127-1136, ici pp. 1130-1131); on peut prendre connaissance des principaux résultats et d’une riche documentation photographique en consultant le site internet http://www.achemenet.com/recherche/sites/aynmanawir/aynmanawir.htm et, en dernier lieu, le rapport paru dans le Bulletin de l’IF АО [BIFAOJ, 101, 2001, pp. 492-507. Sur la gestion de l’accès à l’eau dans la communauté, les contrats démotiques (inscrits sur ostrakd) fournissent des renseignements de première importance: voir Michel Chauveau, « Les qanats dans les ostraka de Manawı¯r», in P. Briant (dir.), Irrigation et drainage..., op. cit., pp. 137-142.

39 - La découverte récente de deux ostraka datés de Xerxès (dont l’un de 483) semble permettre d’élargir le champ chronologique de la documentation à tout le Ve siècle: voir le rapport du BIFAO, 101, art. cit., p. 500.

40 - 40-Voir dans P. Briant (dir.), Irrigation et drainage..., op. cit., Mirjo Salvini, «Pas de qanats en Urartu », pp. 143-155, et Remy Boucharlat, « Les galeries de captage dans la péninsule d’Oman au premier millénaire av. J.-C.: questions sur leurs relations avec les galeries du Plateau iranien », pp. 157-183.

41 - On doit ajouter que la grande diversité technique des ouvrages souvent réunis sous la dénomination, commode mais trompeuse, de qanats (cf. en particulier les importantes remarques de R. Boucharlat), mais aussi leurs dimensions très différentes d’un cas à l’autre, suggèrent que les interventions respectives de l’État et des communautés villageoises dans le processus devaient varier sensiblement en intensité, voire, éventuellement, changer de caractère – ne serait-ce que parce que les investissements nécessaires (en force de travail et en argent) étaient très différents, selon que la longueur du qanat était de quelques centaines de mètres (comme à ‘Ayn-Manawı¯r) ou d’une vingtaine ou une trentaine de kilomètres.