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Mépris du monde et XIe siècle

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Abstract

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Type
Discussions et Controverses
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1967 

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References

1. J. Batany, L'Église et le « mépris du monde », dans Annales. Économics, Sociétés, Civilisations, XX, n° 5, septembre-octobre 1965, pp. 1006-1014. Ce titre inadéquat majore la portée des réflexions qu'il coiffe, puisqu'elles ne débordent pas le cadre du xie siècle.

2. R. Bultot, Christianisme et valeurs humaines. A. La doctrine du mépris du monde en Occident, de saint Ambroise à Innocent III, tome IV : Le XIe siècle, 2 vol., Louvain-Paris, Nauwelaerts, 1963-1964. (Nous les désignerons par les chiffres IV-1 et IV-2.) Voir en outre : « Le mépris du monde chez S. Colomban », dans Revue des sciences religieuses, 35, 1961, pp. 356-368 ; « Mépris du monde, misère et dignité de l'homme dans la pensée d'Innocent III », dans Cahiers de Civilisation Médiévale, IV, 1961, pp. 441-456 ; « La doctrine du mépris du monde chez Bernard le Clunisien », dans Le Moyen Age, LXX, 1964, pp. 179-204 et 355-376. En attendant la publication prochaine du tome I, on trouvera traité un point particulier de la problématique et de la méthode dans n Spirituels et théologiens devant l'homme et le monde », dans Revue thomiste, LXIV, 1964, pp. 517-548.

page 220 note 1. Cf. Chr. Duquoc, , « Eschatologie et réalités terrestres », dans Lumière et Vie, IX, 1960, n° 50, pp. 422.Google Scholar

page 220 note 2. Sur cette conjonction, nécessitée par l'objet de la recherche, de la méthode historique rigoureuse et de la théologie, voir R. Aubert, dans Nouvelle Histoire de l'Église, sous la direction de L. J. Rogier, R. Aubert, M. D. Knowles, tome I : Des origines à saint Grégoire le Grand, par J. Daniélou et H. I. Marrou, Paris, 1963, Introduction générale, p. 7 et suiv. Ces principes valent a fortiori pour l'histoire doctrinale.

page 220 note 3. Et non pas, évidemment, intégrale.

page 220 note 4. Cf. D. Julia, Ph. Levillain, D. Nordman, A. Vauchez, « Réflexions sur l'historiographie contemporaine », dans L'histoire et l'historien (Recherches et Débats du Centre Catholique des Intellectuels Français, Cahier n° 47), Paris, 1964, pp. 79-94.

page 221 note 1. A., de Vogüé, « Le procès des moines d'autrefois », dans Christus, XII, n° 45, 1965, p. 124 Google Scholar ; cf. p. 128. Dom J. Leclercq incarne typiquement cette tendance, où le souci de présenter la vie monastique sous un jour actuellement attrayant commande pour une part l'image que l'on s'applique à donner de son passé.

page 221 note 2. Mais il est faux que pour nous « le grand problème » soit de prouver que les auteurs étudiés ont réellement prêché un mépris total du monde » : Batany, M. (art. cit., p. 1007 Google Scholar) devrait pourtant savoir que nous distinguons, selon ce qu'offrent les textes, plusieurs formes de contemptus mundi, de la plus élémentaire (simple refus du péché) compatible avec l'humanisme chrétien, à la plus radicale. Peut-être n'a-t-il en vue que les auteurs du xie siècle, mais le contexte et le titre donnent à sa formule une portée générale.

page 221 note 3. P. 1008. Sur la phrase qui suit, voir notre note 1, p. 222.

page 221 note 4. P. 1006.

page 221 note 5. Sur ce problème, voir : R. Lavocat, L'Église et la communauté scientifique internationale. Paris, 1965. L'auteur est prêtre et directeur du Laboratoire de paléontologie des vertébrés à l'École des Hautes Études.

page 222 note 1. M. Batany fait encore erreur sur la portée des adverbes également, aussi, simultanément qu'à plusieurs reprises nous employons en italiques et même en capitales : il y voit bien à tort de l'irritation (p. 1008). Il s'agit en réalité de ceci : les « contempteurs » du monde, au XIe siècle, condamnent parfois en bloc, sans les distinguer, activités profanes peccamineuses et activités profanes en soi. Or, il n'est pas rare que des historiens ramènent de tels jugements, qui frappent en une démarche unique, l'usage particulier d'un objet et l'objet lui-même, à des jugements purement moraux, escamotant ainsi le jugement de valeur qui porte sur la chose même. C'est pour corriger cette problématique faussée que nous soulignons par les adverbes indiqués la présence de deux jugements bloqués ensemble.

page 222 note 2. Il ne s'agit jamais d'arrêter au xxe siècle le mouvement de la pensée. Nous traitons cette question dans Esquisse d'une problématique. Voir aussi Bultot, R., « Moines d'aujourd'hui et moines d'autrefois. Rupture et continuité nécessaires », dans La Vie spirituelle, mars 1966, pp. 313333.Google Scholar

page 222 note 3. P. 1013. Il est piquant de constater qu'en l'occrurrence c'est M. Batany qui décrète,au mépris des réalités historiques : voir ci-dessous pp. 227-228.

page 222 note 4. D'autant plus que M. Batany fonde son affirmation sur un contresens et une thèse contestable. Un contresens : nous n'avons jamais prétendu opposer les « clercs » au sens médiéval du terme, et les travaux intellectuels. La phrase en question (p. 1008) interprétée en dehors de son contexte (IV-1, p. 88) se rapporte à une théorie de l'humanisme chrétien qui circule de nos jours et qu'on a invoquée au profit de Pierre Damien. Nous la critiquons du point de vue doctrinal, en soulignant qu'elle reflète l'optique particulière de l'ecclésiastique qui, comme tel, n'assume pas la responsabilité de développer les sciences profanes, mais, spécialiste du surnaturel, se contente d'utiliser à ses propres fins une culture élaborée par d'autres. Un humanisme chrétien authentique doit se définir à partir du point de vue du laïc chrétien (cf. IV-1, note 216, p. 89). Une thèse contestable : dans IV-1, p. 100, nous présentons une conception de l'amour conjugal (M. Batany la déclare d'origine néo-platonicienne, mais nous n'avons rien dit de pareil ; pour nous, elle est celle que l'expérience peut révéler à l'homme d'aujourd'hui, et que beaucoup, qui n'en ont point disserté, ont vécue au cours des siècles) dont M. Batany soutient qu'il n'en existe aucun témoignage avant le xiiie siècle. Saint Augustin, pourtant, en eut l'intuition, et ce qui le détourna de l'élaborer, ce fut l'influence du néo-platonisme : De Trinit., VIII, 10, 14 ; cf. Plotin, Ennéades, I, 1, 1 et G. Hultgren, Le commandement d'amour chez Augustin, Paris, 1939, p. 233. Et déjà De ordine, II, 18 ; 48. Une enquête attentive en révélerait d'autres exemples avant le xiiie siècle.

page 222 note 5. M. Batany devrait se souvenir que la thèse de 1960 (t. II , pp. 97-104) esquissait cette étude pour l'Apologeticus de contemptu saeculi de Pierre Damien. Nous projetons du reste de consacrer un livre aux traités et poèmes sur le mépris du monde envisagés en eux-mêmes en tant qu'œuvres littéraires et miroirs de leur temps (voir R. Bultot, Le « Dialogus de mundi contemptu vel amore » attribué à Conrad d'Hirsau, Louvain-Lille, 1966, Anal. Mediaev. Namurc, 19, p. 29).

page 223 note 1. C'est ce que nous avons fait pour Pierre Damien, en ce qui concerne la culture profane, contre les excès de la thèse « réductrice » du P. Gonsette (IV-1, pp. 87-93). Voir aussi, pour la sexualité, IV-1, pp. 100-111. Si nous insistons sur ces exemples, c'est moins pour nous défendre d'un reproche mal fondé que pour réclamer une analyse rigoureuse des données, pour enseigner une méthode : il est trop facile de volatiliser ou de neutraliser des textes « gênants » par un recours abusif au cadre historique.

page 223 note 2. P. 1009. Pour les raisons que nous allons exposer, nous ne pouvons admettre l'interprétation que M. Batany donne, pp. 1012-1013, du conflit entre amour du monde et mépris du monde au XIe siècle, interprétation centrée sur un concept « élargi » de simonie.

page 224 note 1. Leclercq, J., « Simoniaca haeresis », dans Studi Gregoriani, t. I, Rome, 1947, pp. 527528 Google Scholar. La théologie scolastique n'a pas vu dans la simonie une hérésie à proprement parler ; la théologie contemporaine, non plus (P. de Vooght, La « simoniaca haeresis » selon les auteurs scolastiques, dans Ephem. theol. Lovan., t. 30, 1954, pp. 64- 80 ; A. Bride, Simonie, dans Dict. de théol. cath., t. XIV, 1re partie, Paris, 1941, col. 2141-2160).

page 224 note 2. J. Leclercq, art. cit., p. 528.

page 224 note 3. P. 1009. On remarquera ce qu'a de contourné le passage d'où ces lignes sont extraites.

page 224 note 4. E. Hirsch, « Der Simoniebegriff und eine angebliche Erweiterung desselben im elften Jahrhundert », dans Archiv f. kathol. Kirchenrecht, t. 86, 1906, p. 3-19.

page 224 note 5. Op. VI, eh. 5-6 (PL 145, 104 D-105 B). Sur l'attitude de Pierre Damien envers la simonie, voir P. Palazzini, « Il diritto strumento di riforma ecclesiastica in S. Pier Damiani », dans Ephem iur. canon., XI, 1955, notamment p. 395, et G. Miccoli, « Il problema délie ordinazioni simoniache e le sinodi Lateranensi del 1060 e 1061 », dans Studi Gregoriani, V, 1956, pp. 77-81.

page 224 note 6. Op. XXXI, PL 145, 529-542 ; Op. XXII, ibid., 463-472.

page 225 note 1. Apol. de contemptu saec, XXVII, 280 C ; XXIX, 285 A ; XXX, 286 B.

page 225 note 2. Ibid., XXVII, 280 B ; XXX, 286 C.

page 225 note 3. Ibid., XXVII ; XXX, 286 AB ; cf. Op. XIII : De perfectione monachorum.

page 225 note 4. Sur cet aspect important des idées de Pierre Damien, voir P. Palazzini, art. cit., pp. 361-408, notamment p. 389 et t. XI, 1956, pp. 56-57.

page 225 note 5. Tellenbach, G., Libertas. Kirche und Weltordnung im Zeitalter des Inverstiturstreites, Leipzig, 1936.Google Scholar

page 225 note 6. P. 1009. Il s'agit en réalité de deux papes et de l'immense majorité du corps universel des évêques.

page 225 note 7. Sur l'utilisation polémique, à la fin du xive siècle, de l'interprétation de la simonie comme hérésie, voir de Vooght, P., art. cit., pp. 7680 Google Scholar.

page 226 note 1. Cf. p. 1007.

page 226 note 2. Nous nous basons, pour écrire ceci, sur l'article même de M. Batany et sur la lettre du 13 octobre 1965, qu'il nous a fait l'honneur de nous adresser, nous autorisant (lettre du 22 octobre 1965) à la citer dans notre article de réponse. Un extrait suffira à titre de preuve (les soulignés sont de l'auteur) : « La comparaison de leur pensée avec la nôtre (ou celle dont nous sommes baignés) ne suffit pas à prouver qu'ils sont asservis à leur époque. Certes, ils ont en commun avec elle Vabsence de certaines idées modernes, mais c'est là une similitude purement négative. Devant l'attitude positive de leur siècle, ce que l'on constate chez eux, comme vous le montrez fort bien (en particulier dans votre chapitre sur S. Anselme), c'est de n'avoir pas adhéré à ses conceptions, et non pas d'y avoir trop adhéré. S. Anselme et S. Bernard ont été des réactionnaires, des gens en révolte contre leur temps ; c'est cela que vous leur reprochez le plus, et c'est de cela que je les félicite, car ils ont réagi contre leur siècle au nom de l'Éternité. Certes, il serait facile de trouver dans leur attitude tel ou tel détail dépendant de leur milieu, mais Vessentiel de leur effort représente cette position de réaction contre le monde qui définit l'attitude chrétienne — réaction qui est, du reste, une façon d'agir sur le monde, non pas pour le suivre, mais pour le guider ». Un mot de commentaire : « Positif » et « négatif » n'ont évidemment pas le même contenu pour l'auteur et pour nous. « Leur temps, leur siècle, le monde » : qu'est-ce à dire ? M. Batany les définit exclusivement par les « faiblesses, erreurs et illusions » qu'ils ont comportées. Interprétation significative ! Nous avons de l'histoire une conception moins « manichéenne » et croyons à sa fécondité. De plus, il est indispensable d'analyser les composantes multiples du réel et de ne parler que de choses précises, cernées avec soin.

page 226 note 3. La citation de IV-1, pp. 9-10 est incomplète. Le paragraphe précédent donne à cette phrase un sens clair qui n'autorise pas l'interprétation de M. Batany. Quant aux guillemets dans l'expression « vérité » du christianisme, ils sont là pour souligner que ce n'est pas le christianisme en tant que religion révélée qui est mis en cause, mais les inévitables et nécessaires synthèses de la Révélation avec les représentations philosophiques et scientifiques successives de la condition humaine : ce qu'on appelle parfois la « pensée chrétienne ». Sans doute eût-il été plus judicieux d'entourer de guillemets le mot « christianisme ». Sur cette distinction, voir Lavocat, R., L'Église et la communauté scientifique internationale, Paris, 1965.Google Scholar

page 227 note 1. P. 1013. L'expression n'est pas de nous et, en toute rigueur, elle ne traduit pas fidèlement la pensée exprimée dans l'ouvrage : M. Batany fond en elle deux idées différentes : celle d'Église terrestre qui, idéalement, serait composée de moines et de moniales ; et celle d'une Église essentiellement céleste (IV-2, pp. 87-89).

page 227 note 2. P. 1013, n. 5. Des affirmations tout aussi catégoriques et mal fondées se lisent p. 1008, dans la note 6. A en croire notre interlocuteur, « kosmos désigne toujours la même chose chez S. Paul : l'ensemble des hommes en tant qu'ils ne sont pas encore régénérés par la venue du Christ » ; dans Rom., I, 20 (a creatura mundi) peut-être ? Et Ephes. I, 4 (ante mundi constitutionem) ? Et Gai., IV, 3 ; Col, II, 8 et 20 ; I Cor., VIII, 4 ; XIV, 10 ; I Tim., VI, 7 ; Eph., II, 12 ; etc. ? Les variations ne sont pas moins nombreuses chez saint Jean. Concernant I Joh., II, 15-17, la distinction introduite, pour absente qu'elle soit du texte, n'est nullement factice. Maints passages, expressions, mots du Nouveau Testament ne livrent leur signification précise qu'à la lumière de l'Ancien, dont sont nourris ses auteurs, et auquel le Christ lui-même se réfère. Expliquer la Bible par la Bible, et en particulier le N. T. par l'A. T., est le plus sain et le plus traditionnel des principes de l'exégèse catholique. C'est lui que nous avons appliqué. Le plus piquant, c'est que le résultat de notre analyse fait apparaître dans kosmos le sens de « collectivité des hommes fermés à Dieu et qui vivent dans l'immoralité », dont nous donnons un équivalent paulinien, et qui est cher à M. Batany. Le sens qu'il voudrait qu'on y lût est, par une étrange contradiction, « terre et ce qu'elle contient ». Étrange ? A la réflexion, non pas : c'est l'option personnelle de M. Batany qui se manifeste ici une fois de plus : car alors saint Jean eût écrit : « N'aimez pas la terre ni ce qu'elle porte »… M. Batany tend à éliminer du Message Révélé les points d'ancrage qu'il offre à l'humanisme. Même réflexe, semble-t-il, à propos de l'ouvrage de P. Daubercies, qu'il juge sur le seul compte rendu de Dom Botte ; or, ce compte rendu manque d'objectivité et a soulevé des protestations, notamment de personnes fort bien placées pour savoir comment a été mené ce travail.

page 227 note 3. Du reste, ces soucis avaient parfois une cause précise, bien mise en lumière par M. Duby pour la région mâconnaise, et dont il faudrait tenir compte : les généreuses aumônes pratiquées par les laïcs, que le clergé encourageait dans cette voie, les ont parfois appauvris au point de compromettre la subsistance de leurs enfants ; on en vint même à limiter le nombre des mariages pour éviter le morcellement des dernières terres, et à pousser dans les monastères et les chapitres la majorité des fils (G. Duby, La société aux XIe et XIIe siècles dans la région mâconnaise, Paris, 1953, pp. 57-58, 419 et suiv.).

page 228 note 1. Ainsi concernant la situation des moines « séparés physiquement de la société » ; ou encore : les principes « mundum relinquere » et « de laboribus manuum suarum victum parare » ne peuvent être contradictoires que pour ceux qui ne distinguent pas la matérialité d'un acte de l'esprit qui l'anime.

page 228 note 2. Cf. IV-1, Introduction, p. 14 ; IV-2, Préface, p. 9.

page 228 note 3. IV-1, Introduction, pp. 7-14 ; cf. Conclusion, p. 134 et suiv. ; IV-2, Préface, pp. 8-9.

page 228 note 4. Par exemple p. 1013, au sujet de la vie contemplative.

page 228 note 5. P. 1012 concernant la charité.

page 228 note 6. Il n'est peut-être pas inutile de préciser que le bref paragraphe de IV-1 (Introd., p. 7) consacré à l'illusion objectiviste du xixe siècle et au passage d'une subjectivité naïve à une subjectivité contrôlée n'exprime rien d'autre que la position définie par Marrou, H. dans De la connaissance historique, Paris, 1959.Google Scholar