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Orthodoxie et hérésie. Le point de vue du théologien1

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

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Ce n'est pas sans quelque confusion que j'inaugure les séances de notre Colloque, non certes par timidité devant votre confiance, mais parce qu'il m'aurait été agréable — et il eût été plus efficace pour une réflexion théologique — de bénéficier de vos contributions, plutôt que de les introduire, et de procéder alors à une induction à partir de vos enquêtes.

Il reste cependant que, accueillant avec plaisir votre invitation à ouvrir la voie (à la lettre), je puis, non certes déterminer des règles d'analyse sociologique, ni des critères de vérité, mais, comme historien de la théologie, proposer, dans la diversité et la mobilité des usages que vous allez observer, les points de repère que l'analyse sociologico-religieuse fournit pour l'élaboration des deux catégories conto-stées de la croyance : l'orthodoxie et l'hérésie.

Type
Mises au Point
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1963

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Footnotes

1.

Conférence prononcée pour l'ouverture du colloque « Hérésies et Sociétés » (Royaumont, 27-30 mai 1962.)

References

1. Il suffira de citer, parmi les théologiens, saint Thomas d'Aquin, Summa theologica, II. II, qu. 11, art. 1 ; il s'appuie sur un texte de saint Jérôme, explicite à souhait : « Haeresis graece ab electione dicitur ». Parmi les canonistes, Raymond de Penafort, s'appuyant sur une définition écourtée de saint Augustin, s'en tient à une définition vague (Summa, lib. I, cap. de haereticis, sect. 1, éd. Rome, 1603, p. 38), et il fait entrer le schisme dans la notion d'hérésie. Henri de Suse (Hostiensis) y inscrit « la désobéissance aux Décrétâtes du Pape » (Cf. Baluze, Miscellanea, II, p. 275). Plus tard, les inquisiteurs y introduiront la magie. Et le pape Martin V, pour combattre les usuriers, y ajoutera l'usure (bulle du 9 déc. 1257). Mais déjà Pierre Damien, au xiie siècle, s'efforçait de construire des distinctions théoriques, à partir des pratiques de réconciliations. Cf. G. Miccoli, La « simoniaca haeresis » in Pier Damiano e in Umberto di Selva Candida, in Studi Gregoriani, V, 1956, p. 77 ss. Pour l'Antiquité chrétienne, cf. H. PÉTBÉ, « Haeresis, schisma et leurs synonymes latins », in Revue des études latines, XV (1937), pp. 316-325.

1. Matthieu Paris, Chron. maj., ad annum 1253, « In hoc autem quod tu, frater Joannes, et alii Pracdicatores, peccata magnatum audacter non redargutis et facinora non detunicatis, haereticos censeo manifestas. Et addidit episcopus [Robertus Lincolnensis] : Quid est haeresis ? Da definitionem. Et cum hesitasset frater J., non reeolens authenticam ipsius rei rationem et definitionem, subjunxit episcopus fidèle interpretatione greei idiomatis in latinum : Haeresis est sententia humano sensu electa, scripturae sacrae contraria, palam edocta, pertinaciter defensa. Haeresis grece, electio latine. Et consequenter subjunxit reprehendens praelatos, maxime romanos… ». Grosseteste (f 1253) est appelé ici en témoignage du sens alors reçu, « authentique », comme on disait, du mot et de son sens étymologique, en ce temps de réveil de la lecture des textes grecs. Historiquement, le terme grec avait fort évolué, dès le IVe siècle ap. J.-C. ; et Aristote, pour désigner choix disait (haeresis, secta) était employé pour désigner les diverses tendances ou écoles philosophiques, telles que les recenseront les doxographes, et non plus « choix » contre une autre opinion. Grosseteste et ses contemporains réinterpréteront le mot, dans un retour au sens premier, et sous l'influence du sens chrétien des hérésiologues. Mais c'est précisément ce sens étymologique qui, chez les théologiens du Moyen Age classique, soutient la définition nominale et les analyses. Wyclif rapportera un jour et utilisera l'épisode narré par Grosseteste (De civili dominio, I, 43, éd. Poole, p. 392). Cette évolution a été opportunément rappelée par M. J. Bollack, au Colloque de Royaumont.