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Pratique Matrimoniale et Représentation Philosophique : Le Crépuscule des Stratégies

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

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Le mariage occupe assurément beaucoup de place dans les sources de l'histoire romaine, aussi bien dans les recueils de droit que dans les traités de philosophie ou dans les manuels de morale. L'ennui est que ces divers ouvrages ne parlent pas toujours d'une même voix. Pour la raison sans doute qu'ils ne parlent pas non plus toujours de la même chose : description de la pratique matrimoniale quotidienne, théorie de l'amour conjugal, règles et structures juridiques régissant l'union légitime, autant de thèmes que les auteurs anciens ont abordés, en les isolant, comme s'ils étaient dotés d'une certaine autonomie. Il faut donc résister à la tentation, pourtant naturelle chez le chercheur, de mêler, dans un souci de synthèse peut-être prématuré, des informations peu compatibles, ou d'appliquer à une institution aux ramifications multiples, des observations incontestables certes, mais limitées à un aspect ou à un moment donnés.

Summary

Summary

It has often been claimed that there is a close link between two phenomena which seem to characterize Early Roman Empire society: (1) the decline in the then current practice of so-called strategie marriages (for primarily political and economic ends) when compared with more personal ones; (2) the birth and rapid development, reflected by a number of moralists and philosophers (especially those who directly or indirectly drew their inspiration from the Stoics), of a new representation of the conjugal tie. A brief historical analysis permits us to severely qualify this claim, bringing to light far more complex links between the two phenomena, in which philosophical polemic (especially anti-Epicurean) played a non-negligable role.

Type
La Parenté Romaine
Copyright
Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1987

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References

Notes

* Ce texte a été rédigé pour la table ronde « Parenté et stratégies dans l'Antiquité romaine » organisée en octobre 1986 par le CNRS et la Maison des Sciences de l'Homme, et dont les actes sont à paraître. Nous remercions les organisateurs d'en avoir autorisé la prépublication.

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2. Il y a bien sûr quelque arbitraire à ne retenir, dans la longue histoire du mariage romain, que les aspects stratégiques. Il est vrai que l'exemple vient de haut : Enée lui-même n'a-t-il pas pratiqué, en épousant Lavinia, une sorte de mariage stratégique ? Sur le rôle du mariage des rois dans la Rome archaïque, voir Martin, P., L'idée de royauté à Rome, I, 1982, pp. 1938.Google Scholar

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5. Sur les mariages de Pompée, voir J. Carcopino, César, p. 702 ; Sylla, pp. 127-128, 188-193.

6. Il va de soi qu'il ne faut pas ignorer ou minorer les autres facteurs qui expliquent la crise de l'institution matrimoniale : la dévaluation progressive de la patria potestas, ainsi que la progressive disparition de la manus, érodée par le recours des femmes à Yusurpatio trinoctii. Sur ces points, voir R. Villers, « Le mariage envisagé comme institution d'État dans le droit classique », ANRW, II, 14, 1981, pp. 292-293.

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14. Ibid., p. 48.

15. Ibid., p. 37. ; S. Mazzarino, La fin du monde antique (trad. fr.), Paris, 1973, p. 124.

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18. « Que l'infidélité de l'époux et de l'épouse soit regardée comme une infamie tant que subsistent les liens du mariage » (Polit., 4, 14).

19. Ces thèmes sont largement présents dans Préceptes du mariage, Dialogue sur l'amour, Consolation à sa femme, Histoire d'amour, Vertus de femmes.

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21. La théorie du mélange total figure aussi bien dans le Dialogue sur l'amour (769 F) que dans les Préceptes du mariage (142-143 A) et provient du stoïcien Antipater de Tarse.

22. Cette idée est présente, explicitement ou implicitement, chez tous les commentateurs contemporains, mais on la trouve déjà chez Praechter, K., Hierokles der Stoïker, Leipzig, 1901,Google Scholar qui parle de l'adaptation de la diatribe aux besoins de la vie quotidienne et de l'influence du monde romain.