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Robert d'Arbrissel et les femmes

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

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Certains points d'histoire apparaissent plus comme des enjeux que comme de véritables objets d'étude. Chaque génération, chaque école viennent y prendre ce qu'elles cherchent sans trop regarder ce qui s'y présente et les discours historiens recouvrent peu à peu de leurs strates les sources historiques. Tel est le sort de la vie de Robert d'Arbrissel.

D'abord objet d'un long conflit entre apologistes et détracteurs, le fondateur de l'ordre double de Fontevraud ne trouva pas le repos au regard de l'Histoire. Plus souvent utilisé qu'étudié, il dut se prêter à deux grandes thèses.Pour les uns, Robert est le dfenseur des humbles contre les grands, sa prdication tapageuse est l'expression immature des aspirations populaires et sa vie est un dfi l'ordre social.

Summary

Summary

Michelet and others after him thought of Robert d'Arbrissel, founder of the double order of Fontevrault at the turn of the XIIth century, as the defender of women ‘s rights. The truth, however is more complex. The success of Fontevrault was due to the conjunction between the man and his public. Robert 's followers were all women from the upper social class, all victims of the matrimonial crisis at the end of the XIth and beginning of the XIIth century. Robert's own attitude was ambivalent. He sought out women so that he could put his chastity to the test, and appointed an abbess at the head of his order, thus ensuring religious salvation by means of this unnatural subordination. But he proposed salvation to women as well: not that of Eve or Mary, but of Madalene, the forgiven sinner. If this represents feminine advancement, it is in more subtle terms than is usually implied by the concept.

Type
Recherches en Cours
Copyright
Copyright © École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, 1985

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References

Cet article reprend dans ses grandes lignes une communication faite au séminaire de G. Duby, le 1er mars 1984, au Collège de France.

1. Robert, né vers 1045 à Arbrissel, mort le 25 février 1116 à Orsan.

2. Voir en particulier Werner, Ernst, Pauperes Christi, Studien zu sozial-religiôsen, Bewegungen im Zeitalter des Reformpapsttums, Leipzig, 1956.Google Scholar

3. Michelet, Jules, Histoire de France, le Moyen Age, livre IV, chap. rv ; dans ɶuvres complètes, Paris, Flammarion, t. IV, 1974, pp. 459460 Google Scholar. Martin, Henri, Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, Paris, 1844, t. III, p. 314 Google Scholar, n. 1. Bezzola, R., Les origines et la formation de la littérature courtoise en Occident (500-1200), 2e partie, t. II, B.E.H.E., fasc. 313, Paris, 1960, p. 286 Google Scholar. Pernoud, Régine, La femme au temps des cathédrales, Paris, 1980, p. 129.Google Scholar

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9. Baudri, abbé de Bourgueil en 1079, évêque de Dol de 1107 à 1130 ; Vita prima B. Roberti de Arbrissello, dans A.S., Feb., t. III, Anvers, 1658, pp. 603-608 ; P.L., t. 162, col. 1043-1058. Nous désignerons ce texte par V.P.

10. Vita altéra B. Roberti de Arbrissello, dans A.S., Feb., t. III, 1658, pp. 608-616 ; P.L., t. 162, col. 1058-1078. André apparaît dans le récit aux § 24, 26, 36, 38. Nous désignerons ce texte par V.A.

11. Voir Histoire littéraire de la France, t. X, pp. 169-170 ; Bienvenu, J.-M., L'étonnant fondateur de Fontevraud, Robert d'Arbrissel, Paris, 1981, pp. 161164.Google Scholar

12. Sur tout cela, voir Dalarun, J., « Une pièce inconnue du dossier hagiographique de Robert d'Arbrissel », Cahiers de Civilisation médiévale, fasc. 108, oct. 1984 Google Scholar ; id., Reprise du dossier hagiographique de Robert d'Arbrissel, thèse de 3e cycle, Paris I, 1983, pp. 14-120. La version française complète de la V.A. y est éditée, pp. 299-356. Cette traduction a été faite par un frère fontevriste au début du XVIe siècle ; nous la désignerons par V.A.F.

13. Voir par exemple H. Nicquet, op. cit., p. 57.

14. Pétigny, J. De, « Robert d'Arbrissel et Geoffroy de Vendôme », B.E.C., t. XV, 1854, pp. 1718 Google Scholar ; J.-M. Bienvenu, op. cit., p. 91.

15. V.P., § 19.

16. V.P., § 21 ; M. Cosnier, op. cit., pp. 237-241.

17. Voir walter, J. Von, « Vie de Robert d'Arbrissel », trad. J. Cahour, Bulletin de la Commission hist. et arch. de la Mayenne, 2e série, t. 23, 1907, p. 391.Google Scholar

18. V.A., § 5.

19. André oppose virgo ou claustrensis virgo à conversa laica, sapiens mulier ou matrona ; V.A., § 5-6. Le terme de veufve apparaît dans V.A.F., § 6, 2 et dans Magistri, Y., Boston dedeffence et mirouer des professeurs de la vie régulière de l'Abbaye et ordre de Fontevrault, Angers, 1586, p. 57 Google Scholar, pour désigner la matrone aux quatre maris (V.A., § 6). H. Nicquet, op. cit., pp. 98- 99, introduit l'idée d'un dilemme entre vierge et veuve à la tête de l'ordre et fait de Pétronille une « femme veufve ». Tous les historiens s'y engouffrent à sa suite (Pavillon, Michelet, Bezzola, Bienvenu…).

20. V.P., § 1 : Larespaternos aufugisti, seductorias carnis illecebras, quae tibi blandiebantur, abhorruisti, et ad Fontem Evraldi venisti. V.A., § 7 : Petronillam de Camilliaco, quae relictis paternis rébus, ejus discipula fuerat.

21. Voir PÉTigny, J. De, « Lettre inédite de Robert d'Arbrissel à la comtesse Ermengarde », B.E.C., t. XV, 1854, pp. 209224.Google Scholar

22. Voir Lardier, J., La Saincte famille de Font-Evraud, vol. III, 1650, B. M. Château-Gontier, ms. 12, pp. 283284.Google Scholar

23. V.A., § 36 : Est enim indigena istius terrae, et Alardus fuit vir ejus, qui est dominus istius villae.

24. Voir Deshoulières, F., « Le prieuré d'Orsan en Berri », Mémoires de la Soc. des Antiquaires du Centre, t. 25, 1901, p. 57 Google Scholar ; Alard est remarié à Maaiine, veuve d'Archambault IV, frère d'Aymon II, sire de Bourbon.

25. VoirR. Bezzola, op. cit., p. 291.

26. Voir Duby, G., Le chevalier, la femme, le prêtre, Paris, 1981, p. 17.Google Scholar

27. Voir Pavillon, B., La vie du bienheureux Robert d'Arbrissel, Paris-Saumur, 1666, pp. 173218 Google Scholar. Malmesbury, Guillaume De, De gestis regum anglorum, éd. Stubbs, W., Londres, 1889, t. II, p. 480 Google Scholar : Aetate et sanitate intégra necspecie rugata, apudFontem Evraldisanctimonialium appétit vélum ; nec multo post praesenti vitae valefecit, Deo forsitan providente non posse delicatae mulieris corpus religionis laboribus inservire.

28. Pierre LE VÉNÉRable, Epistula, livre II, ep. va, P.L., t. 189, col. 214 : Haec dicensprovolvebatur ad genua sanctorum et velut cum Maria peccatrice, pedes eorum lacrymis abluebat.

29. V.P., § 19.

30. V.A., § 33.

31. Le premier à s'engager dans cette voie est H. Nicquet, op. cit., p. 57.

32. Y. Magistri, op. cit., p. 44.

33. V.P., § 22.

34. Marbode de Rennes, op. cit., col. 1481-1486 : mulier, femina, uxor, légitima, juvencula, muliercula, sont tour à tour employés selon les circonstances.

35. G. Duby, op. cit., pp. 7-26.

36. Geoffroy LE Gros, op. cit., § 48.

37. Hildebert de Lavardin, Épitaphe de Robert d'Arbrissel, P.L., t. 171, col. 1391-1392.

38. Voir Vauchez, A., La spiritualité du Moyen Age occidental (Vihe-xiie siècle), Paris, 1975, pp. 118119.Google Scholar

39. Marbode de Rennes, op. cit., col. 1483. Traduction suggérée : Pour chaque profession ou chaque ordre particulier, il existe un type d'habit approprié, qu'on ne peut bouleverser sans offenser le jugement des gens.

40. V.P., § 17.

41. V.A., § 33 : Ibi etiam suntpresbyterimeiatque clerici ; mais V.A.F., § 33, 3 : « Mes bons presbtres et clers, mes bons laitz et pupilles. » Le manuscrit latin dont s'inspire la V.A.F. est peutêtre supérieur à celui qu'utilise l'édition des A.S.

42. V.A., § 5.

43. Y. Magistri, op. cit., p. 44.

44. V.P., § 19.

45. Quand les faits commencent-ils à être présentés de cette manière ? Cette distorsion est-elle volontaire ? Pourquoi Magistri a-t-il sauvegardé un témoignage plus véridique ? L'absence de sources narratives sur Fontevraud, du XIIe siècle au XVIe siècle, ne permet guère de résoudre ces questions.

46. Voir P.L., t. 162, col. 1079-1086.

47. Ainsi Baudri rapporte-t-il l'adhésion depublicani etpublicanae : V.P., § 18.

48. Geoffroy de Vendôme, op. cit., col. 182-183 : Feminarum quasdam…, mulierum quibusdam…

49. V.P., § 21, à propos d'Hersende : Spreta sua quaepraelucebat nobilate, choris feminarum adhaeserat. V.P., § 23 : Nam si qua mulier ad eum de nobilitate maturavit, illi qui sapit, ibiNicodenum et Jesum, ibi Cornelium Centurionem et Petrum assimilabat, affluentia siquidem gratiarum Dei omnes allicit, neminem repellit, quia vult omnes homines salvos fieri (I Tim., II, 4).

50. Pétronille et Geoffroy sont cousins germains ; voir J.-M. Bienvenu, op. cit., p. 87.

51. V.A.F., § 49, 5 : « Et voyant les jeunes filles auprès de luy ainsy en larmes et deconfortees, de sa main les commença a demulcer et blandir. »

52. On devrait trouver en V.P., § 7 : Robertus… Britanniae minorisalumnus… Ipse denique Robertus et dictum est presbyteri fîlius. Cette précision nous est connue par Souchet, J.-B., Beati Bernardi… de Tironio… vita, Paris, 1649, p. 184 Google Scholar ; J. Lardoer, op. cit., p. 89 et Lobineau, G.-A., Histoire de Bretagne, t. I, 1708, p. 113 Google Scholar ; mais elle a été censurée dans toutes les éditions de la V.P.

53. V.P., § 7 : Sed nitidam, proutpoterat, atnplexabatur castimoniam. Marbode de Rennes, op. cit., col. 1481 : Mulierum cohabitationem, in quo génère quondampeccasti…

54. V.P., § 7. Voir J.-M. Bienvenu, op. cit., pp. 20-21, Robert se serait compromis dans l'élection de Sylvestre de la Guerche à la tête du diocèse de Rennes en 1076.

55. V.P., § 8. De même, il faut attendre le concile de Nantes en 1127 pour que soit prohibée, en Bretagne, l'hérédité des cures ; J. de PÉTigny, op. cit., p. 3, n. 1.

56. V.P., § 9 et V.P., § 10 ; à la mort de Sylvestre de la Guerche, Robert doit quitter Rennes, chassé par les clercs du diocèse, et se réfugier à Angers.

57. V.P., § 11.

58. Nous rejoignons ce que dit Schmitt, J.-Cl., « Religion populaire et culture folklorique », Annales E.S.C., 1976, n° 5, pp. 949950 Google Scholar, à propos de la lutte entre culture cléricale et folklorique.

59. Marbode de Rennes, op. cit., col. 1481 : Has etenim solum communi accubitu per noctem, ut referunt, accubante simul et discipulorum grege, ut inter utrosque médius jacens, utrique sexui vigiliarum et somni leges praefigas. Geoffroy de Vendôme, op. cit., col. 182 : Et inter ipsas noctu fréquenter cubare non erubescis.

60. Iogna-prat, D., « La femme dans la perspective pénitentielle des ermites du Bas-Maine (fin XIe-début XIIe siècle) », R.H.S., t. 53, 1977, pp. 5762.Google Scholar

61. Marbode de Rennes, op. cit., col. 1481. Traduction suggérée : On dit que tu recherches la cohabitation des femmes, péché dans lequel tu es tombé autrefois, t'appliquant ainsi à expier, sur la même question, la contagion du péché ancien par l'exemple d'une nouvelle religion.

62. Geoffroy de Vendôme, op. cit., col. 182.

63. Id., P.L., t. 157, ep. 24, livre IV, col. 168 : Sexus iste nostrum primum venenavit parentem, suum quoque maritum et patrem, jugulavit Joannem Baptistam, inimicis suis fortissimum tradidit Samsonem, quodam etiam modo interfecit Salvatorem, quia nisi ejus culpa exigeret, Salvator noster pro nobis mori necessarium non haberet. Voir également Marbode de Rennes, op. cit., col. 1481-1482, § 1406.

64. Voir Mathon, G., article « Marbode évêque de Rennes », dans Catholicisme, t. XVIII, 1979 Google Scholar, col. 367. Écolier, écolâtre, évêque, Marbode ne doit guère quitter le chapitre cathédral d'Angers puis de Rennes ; il se retire pour finir ses jours au cloître de Saint-Aubin d'Angers.

65. Voir Marbode de Rennes, op. cit., col. 1486.

66. Id., ibid., col. 1482 ; citation attribuée par Marbode à Augustin ; en fait, Pseudocyprien (OU Pseudo-augustin), De singularitate clericorum, chap. vn, éd. Hartel, G., Corpus scriptorum ecclesiasticorum latinorum, t. III/3, Vienne, 1871, p. 180 Google Scholar, i, pp. 26-27.

67. Voir G. Duby, op. cit., p. 119.

68. V.P., § 17.

69. Voir Etienne de Muret, Régula, P.L., t. 204, chap. Ltv, De cura clericorum et conversorum, col. 1156-1157.

70. Voir Bienvenu, J.-M., Les premiers temps de Fontevraud (1101-1189). Naissance et évolution d'un ordre religieux, thèse de doctorat d'État dactylographiée, Paris-Sorbonne, 1980, t. I, p. 275.Google Scholar

71. V.A., § 5.

72. V.A., § 3. Traduction : Demandez-vous, tant que je vis, si vous voulez persévérer dans votre projet, c'est-à-dire, pour le salut de vos âmes, obéir aux ordres des servantes du Christ. Car vous savez que tout ce que j'ai édifié en tous lieux, avec l'aide de Dieu, je l'ai soumis à leur puissance et à leur domination. Mais si vous ne voulez rester avec elles comme vous l'avez entrepris, je vous donne la permission, après m'avoir demandé mon avis, de choisir un autre ordre religieux. A ces mots, presque tous répondirent d'une même voix : « Loin de nous, père très cher, de les quitter un jour. Nulle part, tu en es le témoin, nous ne pouvons mieux faire. Loin de nous, direntils, que nous abandonnions ta résolution. Au contraire, entre tes mains, nous promettons tous ensemble et librement, devant Dieu et ses saints, stabilité et persévérance à l'église de Fontevraud.

73. En particulier aux xvr1 et XVIIe siècles, voir H. Nicquet, op. cit., pp. 476-547.

74. V.A.F., § 51, 5. Dans le débat qui a suivi cette communication au Collège de France, G. Duby a fait remarquer que Yamor des frères s'adresse au Seigneur et non à ses épouses, tout comme, dans les jeux de cour, Yamor des jeunes est dévolu au seigneur et non à la domina.

75. André y explique que les monastères des femmes sont dédiés par Robert à Marie et ceux des hommes à Jean PÉvangéliste. La fin du passage est certainement un commentaire d'André, comme le prouvent ces termes : existimo, nec tamen talia dico, credens procul dubio. Traduction suggérée : Je ne dis pas cela pour comparer notre service à la soumission du charmant Jean, sachant hors de doute que la Vierge d'excellence, siégeant au Ciel près de son fils, est seule et sans exemple.

76. V.A., § 8, à propos de l'élection de Pétronille : non solumfratres nostri, verum etiam saeculares, hujuscemodi electionem laudaverunt. J. Bolland ajoute en note 9 ce renseignement tiré par H. Nicquet des archives de l'ordre : Petronilla electa a M. Roberto, et constituta abbatissa, communi voluntate et petitione tam sanctimonalium quam religiosorum nostrum. 11. V.A.F., § 52, 6.

78. Robert rejoint tout à fait l'esprit de la Règle de saint Benoît sur les degrés d'humilité, chap. vu. N'est-ce pas aussi l'autre aspect de l'institution d'Etienne de Muret ? Les clercs sont à la fois déchargés des contingences matérielles par les convers et humiliés — salutairement — par l'autorité que ces inférieurs exercent sur eux.

79. Voir V.A.F., § 56-68.

80. V.A.F., § 68, 1. Robert réclame huit fois, dans le récit d'André, d'être enterré in luto ; V.A., § 33-34, V.A.F., § 46 et 67.

81. J. Michelet, op. cit., pp. 459-460. Ce passage du Moyen Age a été étudié en détail, J. Dalarun, « Robert d'Arbrissel vu par Michelet : dédales de la création historique », à paraître dans Romantisme.

82. Nous ne possédons pas de manuscrit de ce texte. Les historiens le datent généralement de 1210, accordant foi à Mainferme, J. de La, Clypeus nascentis Fontebraldensis Ordinis, Paris, t. II, 1688, pp. 132133 Google Scholar. A l'édition de J. de la Mainferme, il faut préférer l'édition de B. Pavillon, La vie du bienheureux Robert d'Arbrissel, doc. n° 18, p. 547 ; cet auteur indique qu'il a obtenu le manuscrit de ce texte de l'abbaye des Vaux-de-Cernay et que sa rédaction est contemporaine de Robert. Or l'abbaye des Vaux-de-Cernay a été fondée en 1118 par des compagnons de Vital de Savigny qui ont sans doute consigné un épisode auquel ils avaient assisté. Tout cela a été examiné dans la Réédition critique du miracle de Rouen, J. Dalarun, Reprise du dossier hagiographique de Robert d'Arbrissel, pp. 409-417. Traduction proposée : Un jour, de passage à Rouen, il entra dans un lupanar et, s'asseyant près du foyer pour se réchauffer les pieds, il est entouré de prostituées pensant qu'il est entré pour forniquer.

83. Etienne de Fougères, op. cit., livre I, § ix, pp. 365-366, Quod meretrices ab infami commercio convertit. Traduction proposée : Lorsqu'il rencontrait des femmes qu'il savait livrées à cet infâme ouvrage, après avoir gagné leur confiance en les appelant du doux nom de filles et en les traitant avec une grande bonté, il les faisait sortir de leur honteux libertinage. Puis quand elles étaient ainsi converties et qu'elles promettaient d'ailleurs de se soumettre aux obligations de la chasteté conjugale, il les mariait.

84. LÉON de Naples, Vita sancti Joannis eleemonysarii, trad. lat. d'Anastase LE Bibliothécaire, chap. xxxv, P.L., t. 73; col. 369-372.

85. Marbode de Rennes, op. cit., col. 1484.

86. V.A.F., § 71-72.

87. Geoffroy LE Gros, op. cit., § 51-54.

88. ABÉLard, ep. 21, Egregium illum praeconem Christi, cité par J. PÉTigny, op. cit., p. 5. Voir Gilson, E., L'esprit de la philosophie médiévale, Paris, 1932 Google Scholar, chap. i ; Courcelle, Pierre, Connais-Toi toi-Même : de Socrate à saint Bernard, Paris, 1974.Google Scholar

89. L'abbaye bénédictine de Menât, chef-lieu de canton, arrondissement Riom, Puy-de- Dôme, aurait été fondée par saint Calais, aux ve-vie siècles, restaurée par saint Ménelé aux VIIe-VIIIe siècles. En 1107, les clunisiens la reprennent en main et Pascal II en consacre l'église ; voir Cottineau, t. II, col. 1817. On sait, par une série de chartes, que Robert passe à cette époque dans cette région ; voir J. Von Walter, op. cit., pp. 289-290.

90. Voir Loomis, C. G., White Magic. An Introduction to the Folklore of Christian Legend, Cambridge-Massachusetts, 1948, p. 97.Google Scholar

91. Vita sancti Menelei, A.S., M., t. I, Anvers, 1727, pp. 308-319 ; Vie anonyme du xie siècle.

92. Saint Calais, ve-vie siècle ; deux principales Vitae, datant de la première moitié du IXe siècle (B.H.L., n° 1568, 1569, t. I, p. 236). Vita prima, éd. Krusch, M.G.H., S.R.M., t. III, pp. 389-394, édition incomplète. Vita secundo, éd. Mabuxon, reprise dans A.S., Jul., t. I, Anvers, 1719, pp. 90-98 et P.L., t. 74, col. 1247-1262. Sur cette question des sources, voir la mise au point de Oury, G.-M., « Divers aspects du monachisme carolingien dans le Maine : une lecture des “ Vies de saint Calais », La Province du Maine, t. 79, 1977, pp. 215 Google Scholar. Je remercie vivement F. Dolbeau d'avoir orienté mes recherches vers ces légendes.

93. Vita prima, M.G.H., § 11, p. 393 ; Vita secunda, A.S., § 27-28, pp. 96-97. La scène se déroule à Anisole qui deviendra Saint-Calais (Sarthe) au ixe siècle.

94. Nous suivons ici la Vita secunda, A.S., § 33-36, p. 98.

95. I Cor., m, 16-17.

96. On note que Robert semble prôner la communion sous les deux espèces.

97. Robert fait cependant preuve de beaucoup plus de mansuétude avec ces rustres, ces balourds tenant de la superstition qu'avec les représentants de l'hérésie urbaine d'Agen dans un épisode cité juste après celui de Ménelay ( V.A.F., § 72, 6-7) et sans doute placé là comme une caution d'orthodoxie. Le tabou de Menât est d'un intérêt tout particulier : par sa permanence attestée dans le temps, par sa fixation géographique en deux points relativement éloignés, par cette issue dont témoigne la V.A.F. Nous en avons volontairement limité ici l'étude en nous réservant d'y revenir dans une publication ultérieure.

98. Voir note 64. Sur la misogynie de Geoffroy de Vendôme, voir P.L., t. 157, livre I, ep. xxvi, livre III, ep. xxi, et surtout livre IV, ep. xxrv, col. 167-168 ; sur le culte mariai, voir Sermones I, II, III, IV, VII, VIII ; sa seule mansuétude pour la femme pécheresse s'exprime dans deux pièces en l'honneur de Marie-Madeleine : Hymni de sancta Maria-Magdalena, col. 235-238 et Sermo IX, col. 270-274.

99. Toubert, P., « La théorie du mariage chez les moralistes carolingiens », dans 77 matrimonio nella société alto medievale, Spolète, 1977, p. 260.Google Scholar

100. Augustin, Enarratio in Psalmum Lxvi, P.L., t. 36-37, col. 810, § 8 et Enarratio in Psalmum Cxxv, P.L., t. 36-37, col. 1660-1661, § 5 : Et quae solebat in sua fornicatione fortasse esse frontosa, frontosior facta est ad salutem.

101. Cité dans L'Europe au Moyen Age, t. II, fin ixe siècle-fin xine siècle, par Ch.-M. de LA Ronciere, Ph. Contamine, R. Delort, M. Rouche, série Histoire médiévale, dirigée par G. Duby, Paris, 1969, doc. n° 40.

102. V.A.F., § 59, 2.

103. Voir les travaux signalés ci-dessus n. 12.