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Un film : Ceddo ou l'histoire introuvable

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Abstract

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Type
Les Formes du Social
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1980

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References

1. Cinqqième long métrage (2 h) du cinéaste sénégalais Sembene Ousmane. Terminé en 1977, ce film est interdit au Sénégal. Il est sorti sur les écrans français depuis l'été 1979 (en version wolof). Ceddo retrace d'une façon très racinienne (dépouillement, lente montée des contradictions, récit se déroulant en 24 heures, etc.) le renversement d'un roi wolof du xvnc siècle islamisé par son iman puis le meurtre de ce dernier par la fille du roi. Les conflits entre les prétendants au trône (les uns déjà islamisés, les autres refusant la nouvelle religion), les rapports entre le roi, ses conseillers traditionnels et le peuple, les réactions du peuple face aux dangers de l'islam, l'intervention européenne sous les figures du missionnaire catholique et du commerçant d'esclaves et d'armes à feu, constituent la trame socio-politique d'un film remarquablement réussi et très beau esthétiquement. Pour un point de vue plus militant et sénégalais sur Ceddo, voir X…, « Ceddo ou le poids des mystifications en Afrique », Peuples noirs, peuples africains, n° 12, 1979.

2. S. Ousmane est très en retrait par rapport à un de ses films précédents, Emitai (1971) qui analysait très finement les ambiguïtés et tergiversations des vieux d'un village casamançais. Si l'on s'en tient au seul niveau de la description, de la restitution des symboles et des rituels, le cinéaste y fait preuve de sérieux. Dans Ceddo les deux grandes religions (islam et catholicisme) sont critiquées radicalement parce qu'elles sont étrangères et non pas parce qu'elles seraient « l'opium du peuple ».

3. Cf. notre étude. Les marabouts de l'arachide , Paris, Le Sycomore. 1980. Dans la postface, nous faisons le point sur la situation de l'islam au Sénégal ces dernières années ce qui peut permettre de comprendre indirectement les intentions de S. Ousmane en cette période de réactivation militante de l'islam.

4. Cf. B. Barry, Le royaume du Waalo , Paris, Maspero, 1972.

5. Cf. notamment les contributions de C. Coulion, « Le marabout et le prince : révolution islamique et pouvoir en Afrique occidentale (Sénégal) » et de E. Leroy, « L'islam confrérique, la tradition politique wolof et l'appareil de l'État moderne au Sénégal » au colloque Sacralité , pouvoir et droit en Afrique (Laboratoire d'anthropologie juridique, Paris I, 2-5 janvier 1980).

6. La société wolof — tradition et changement — thèse pour le doctorat d'État, Université René Descartes, 1979, 2 vols ronéotés, t. IL p. 598.

7. Cf. L. C Colivin, « Islam and the State of Kayor : a case of successful résistance to jihad ». Journal of African historv, vol. XII, 1971, pp. 11-24.

8. Cf. Kïein, M., Islam et imperialism in Sénégal, Sine-Saloum (1847-1914), Stanford Univ. Press, 1968 Google Scholar. Monteii, V.., Esquisses sénégalaises , Dakar, Ifan, 1966 Google Scholar. Pour avoir une vision d'ensemble de l'islamisation sénégambienne et sénégalaise on se reportera au chapitre xi, La société religieuse, t. IL pp. 582- 759 de la thèse d'A. B. Diop. et à C. Coulion, Pouvoir maraboutique et pouvoir politique au Sénégal, thèse d'État. Institut d'études politiques, Paris, 1976, deux volumes ronéos.

9. Cf. son entretien avec G. Hennebelle dans G. Hennebei.I E et C. Ruei.I.E, « Cinéastes d'Afrique noire », L'Afrique littéraire et artistique , n° 49. et Cinémaction, n° 3, 1978. p. 125.

10. Cf. par exemple, la citation de P. Marty. dans M. KÏ.Ein, op. cit., p. 226 et les démonstrations de C. Coui.ON, E. Leroy. A. B. Diop.

11. Economie change in precolonial Africa , Madison. Wisconsin Univ. Press, 1975, n. 9. p. 35.

12. Op. cit., p. 87.

13. Présence africaine, 1960, p. 94 par exemple.

14. Op. cit., p. 508.

15. Le marabout et le prince…, p. 11. Voir aussi les jugements de l'abbé Boilat (Esquisses sénégalaises, 1853) cités aux pages 12 et 13.

16. Dans une étude plus poussée sur ce film, nous examinerons l'image physique du pouvoir traditionnel (réduit ici à la petite communauté villageoise trop symbolique et mystificatrice à nos yeux), le rôle des Blancs et de la femme « libératrice » et nous reviendrons sur le refus de montrer le badolo dans sa réalité sociologique de producteur face aux non-producteurs spécialistes du pouvoir, des armes et de l'idéologie.

17. De P. CI.Astres, Éditions de Minuit, 1975. Voir la critique de cette «mythologie» dans J.-L. Amsei.I.E (Sous la direction de). Le sauvage à la mode, Paris, Le Sycomore, 1979. Il faut ajouter à la décharge du cinéaste que la référence à la tradition orale, qui explique le vague et le manichéisme de certaines situations permet de reproduire le code implicite d'une certaine culture traditionnelle et donc des groupes sociaux qui la produisent et la transmettent. La critique historique des sources et de la tradition orale n'est évidemment pas l'objectif du cinéaste. C'est pourquoi, il faut lire notre commentaire comme une mise en perspective et non comme une condamnation.