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Aux origines de la Réformation cévenole*

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Alain Molinier*
Affiliation:
Université de Reims

Extract

« Pré-Réforme, Réforme, Contre-Réforme, je dirais volontiers, pour ma part, Rénovations, Révolutions, Révisions : trois étapes dans une même œuvre religieuse que dépasse la Réforme tout en l'englobant […] »

L. Febvre

« D'ailleurs on ne saurait trop répéter que le premier protestantisme en France était si large et si ouvert qu'on y entrait sans croire sortir du catholicisme. »

H. Lemonnier

« Ce n'était pas seulement à Nîmes qu'on voyait multiplier le nombre des religionnaires. Le diocèse entier en était tout rempli […] »

Ménard

Théodore de Bèze dans l'Histoire ecclésiastique souligne le rôle que les Cévennes ont joué dans l'accueil des idées réformées. Mais pourquoi donc les Cévennes apparaissent-elles comme un cas original qui devient perdurable dès la fin du XVIe siècle dans le cadre de la Réformation du royaume ?

Depuis longtemps des pistes ont été ouvertes, des idées nouvelles ont été apportées depuis peu et cependant, explications globales ou micro-explications demandent une analyse approfondie, une étude élargie sur le terrain. En somme, la résolution de ce problème en forme d'énigme est encore à faire. Complexité extrême de la question car les difficultés surgissent partout.

Summary

Summary

Wills and marriage certificates, which constitute one of the main sources of this survey, show that in 1560 the Reformation had brought about a radical change in the Cevennes, a poor and rugged region of Languedoc. Upon a closer analysis of the documents however, this transformation becomes less apparent. After the period 1530-1540, religious awareness wavered between undeclared, concealed heresy and an esthablished confession searching for its identity. In this milieu where religiosity had always played an active part, one finds various causes for this evolution: the influence in the episcopalian reform that originated in the diocesan chief towns of Lower Languedoc, the microfeudality's strong opposition to the “Universalist kingdom”, the strong cohesion of a society where family organization was conglomerate in character and whose economic strength was horizontally structured. Besieged by the king and surrounded by the first elements of the Counter-Reformation stemming from the Council of Trent, the Cevennes remained impregnable and after 1570, together with the new churches founded by Geneva, was to become a shelter and refuge for the Reformation.

Type
Religion et Société
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1984

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Footnotes

*

Cet article a été l'objet d'une communication en janvier 1983 au séminaire de J. Delumeau au Collège de France. La consultation des archives romaines a permis depuis d'élargir certains points de vue en les confirmant. Je remercie E. Le Roy Ladurie et J. Delumeau pour leurs encouragements, leurs conseils et suggestions efficaces qui ont permis de corriger, infléchir, approfondir ou souligner bien des aspects de cette question.

References

Notes

1. Bèze, Th. De, Histoire ecclésiastique des Églises réformées au royaume de France, éd. Baumete, G.. Cunitz, Paris, 1881, t. I, p. 249.Google Scholar

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3. Histoire de Languedoc, t. XII. Introduction de J. Roman, Origines et progrès des Églises protestantes dans le Languedoc, tiré àpart, 1888, pp. 11-43.

4. Gouron, M., Répertoire numérique des archives départementales antérieures à 1790, Série G, Montpellier, 1970, pp. IIII Google Scholar : peu de documents antérieurs à la fin du XVIIe siècle. Le fonds des officialités ne remonte « pas avant 1675 ». Rien non plus à l'officialité de Viviers. Au fonds du présidial de Nîmes, jusqu'à plus ample information, pas de documents avant 1606.

5. F. Rapp, Réformes et réformation à Strasbourg. Église et société dans le diocèse de Strasbourg (1450-1525), pp. 10, 23-24. V. Carrière, Introduction aux études d'histoire ecclésiastique locale, t. I, 1940, pp. 379-424.

6. La belle série des lettres de rémission (A.N., série JJ) n'aborde les données religieuses, stricto sensu que fortuitement. Mais la vie religieuse est intimement liée aux actes quotidiens y compris ceux que la justice poursuit. Le dépouillement porte à présent sur 25 registres (JJ 180 à JJ 204) couvrant la période 1450-1479 et représentant 8 160 lettres qui, passées au crible, ont révélé 42 lettres se rapportant aux Cévennes et aux régions immédiatement circonvoisines.

7. Vovelle, M., Piété baroque et déchristianisation en Provence au XVIIIe siècle, Paris, 1973.Google Scholar Ici le principe de relevé des actes notariés est le suivant : maximum de lieux représentés afin de prendre dans les mailles du filet le plus possible des villettes cévenoles, villages, hameaux et fermes (l'habitat est très dispersé) ; maximum de notaires étudiés afin d'avoir toutes les options religieuses possibles, certains notaires ayant pu se spécialiser, à cause de leur propre choix, dans la tradition ou le renouveau (ainsi à Barre-des-Cévennes, Antoine de Saint-Martin a une clientèle plutôt traditionaliste). Je remercie mesdames et messieurs les directrices et directeurs d'archives départementales qui ont bien voulu faire microfilmer et photocopier tous ces documents que je ne pouvais consulter sur place : ils représentent plusieurs milliers d'actes. L'étude cévenole portera sur 2 000 à 2 500 testaments, 1 000 à 1 500 mariages. Les résultats qui apparaissent ici proviennent d'une exploitation portant sur 484 testaments et 233 mariages. Voir la carte de l'enquête.

8. P. Imb Art De La Tour, Les Origines de la Réforme, t. lll, L'Évangélisme, pp. 323-366.

9. P. Jourda, , Marguerite d'Angoulême, duchesse d'Alençon, reine de Navarre, Paris, 1930 Google Scholar, minimise le rôle de la soeur du roi, tant religieux que politique, p. 1075. Guiraud, L., Le Procès de Guillaume Pellicier, Paris, 1907, p. 12 Google Scholar ; Jourda, P., Correspondance de Marguerite d'Angoulême, Paris, 1930, pp. 179180 Google Scholar, 185, 253-254 : encouragements multipliés au collège de Nîmes et recommandations aux évêques.

10. Raemond, Florimond De, L'Histoire de la naissance, progrès et décadence de l'hérésie de ce siècle…, Rouen, éd. 1623, pp. 848850.Google Scholar

11. Doms Devic et Vaissète, Histoire de Languedoc, t. 11, pp. 236-261.

12. Il ne m'a pas paru nécessaire de répertorier tous les registres des notaires étudiés. Je renvoie le lecteur qui voudra se faire une idée sur la richesse de ces documents loquaces (surtout au xvie siècle) à quelques-uns d'entre eux. Pour l'Hérault, exemple de Ganges et sa région (arch. départ, de l'Hérault, A.D.H., 2 E 35-36), les deux Etienne (1463-1534), les deux Falgayrolle (1544- 1610), François Martial (1556-1572), les deux Angeau (1567-1579). Pour l'Ardèche, exemple de Largentière et sa région (A.D.A., 2 E, M.L. 49, 705, 708-718, 1019-1024, 10-38), Louis Jacotin (1508-1531), Pierre Alamel (1523-1532), les deux Rouvière (1533-1569), Jean Rostaing (1533- 1546), les deux André (1556-1576), Claude du Tarranget (1565-1610), etc. Sur « l'inspiration religieuse des testaments », R. Aubenas, dans Histoire de l'Église (Fliche et Martin), t. XV, 1951, p. 320.

13. A.D.L., 3 E 7882 (1598), Pierre Delapierre, notaire de Saint-Étienne-de-Valfrancesque : « Estre mis a terre sans aulcune superstition. » Le « tombeau » dont il est question au xvie siècle est le carré de terre familial à l'église (très rarement), ou au cimetière (presque toujours), tourné et retourné à chaque nouvelle sépulture.

14. Après 1560-1565, mention de plus en plus courante des « pauvres vraiment pauvres » (A.D.L., par exemple 3 E 1858-1862, Ant. Le Roux, notaire de Barre ; A.D.A., 2 E 577-583, Jac. du Serre, not. d'Aubenas ; M.L. 10-21, Claude et Jean du Tarranget, not. de Largentière…).

15. Cette transformation quantitative est aussi qualitative. Il s'agit non d'une montée des « oeuvres » ﹛au sens de Montaillou), mais d'une ascension des dons fraternels, pour l'amour du Christ.

16. Chiffoleau, J., La Comptabilité de l'au-delà, Rome, 1980, p. 132.Google Scholar Le droit de terrage qui représente une somme de 1 à 2 l.t. avant 1530 en Cévennes (20 à 25 % au total de la somme consacrée par le testateur aux frais servant à son corps et à son âme) a disparu presque partout avant 1560.

17. La disparition des exercices religieux servant de « remède » pour l'âme dans sa ligne générale est la suivante par ordre décroissant : cap des 4, 3, 2 ans (le cap des 3 ans est peu utilisé, plus souvent celui des 4 ans avant 1530), trenteniers ou quaranteniers de messes suivant le trépas, les 8 premiers jours de la neuvaine, le cap d'an, le 9e jour de la neuvaine. Ainsi se rétrécit l'espacetemps (au maximum 4 ans) au cours duquel l'âme qui fait antichambre attend le jugement qui la « colloquera » en purgatoire car il ne s'agit pas encore pour elle d'être « colloquée en paradis » (expression qui se répand seulement à partir de 1550). Je verrais assez bien cette attente qui va en se rétrécissant, dans « l'anté-purgatoire » illustré par Dante (selon l'expression de Goff, J. Le, La Naissance du purgatoire, Paris, 1981, pp. 461464 Google Scholar). A partir de 1550-1560, l'anté-purgatoire (déjà bien anémié) et le purgatoire sont progressivement niés, et le saut du juste a lieu tout de suite après la mort, dans le « royaume de paradis ».

18. Crawfurd, R., Plague and Pestilence in Literature and Art, Londres, 1914.Google Scholar Toute l'évolution des rapports entre Dieu et les hommes est narrée par les curieuses bannières de peste italiennes (XVe-XVIe siècles) : montée du culte mariai, du Dieu de miséricorde, etc. Au fond, peut-être que la forme très paganisante de la foi des gens de Montaillou ( ladurie, E. Le Roy, Montaillou, village occitan, Paris, 1975, pp. 592611 Google Scholar) a ainsi perduré jusqu'au début du XVIe siècle, en Cévennes. Le « double » du mort devient son âme ; le temps des épreuves post mortem, c'est la durée de 4 ans qui se contracte jusqu'à coïncider avec le temps de la neuvaine et au bout du compte avec le jour du décès.

19. Les mentions du serment « sur l'Évangile de la main dextre manuellement touchés » ne paraissent avoir aucune signification. Les catholiques l'emploient aussi bien au XVIe siècle que les huguenots après 1560.

20. Mours, S., Le Protestantisme en Vivarais et en Velay, Valence, 1949, p. 30 Google Scholar : Olivier de Serres s'est probablement marié avant 1560 devant l'Église catholique, d'après son acte de mariage. Il existe certains actes (peu nombreux) où, par repentir, les époux après 1560, ont fait rayer par le notaire, « sainte mère l'Église ».

21. Bels, P., Le Mariage des protestants français jusqu'en 1685…, Paris, 1968, pp. 2752 Google Scholar, 69- 73, 97-105.

22. Il faut creuser aussi en direction des témoins au mariage (nombre, importance sociale) qui validaient, par leur présence, la solennité du mariage réformé.

23. A.D.L. 3 E 1843 : Testament de Marguerite Domergue (14.1.1561), « estant gisante en sa chambre auprès du feu malade du mal d'enfant » ; elle lègue à sa mère « son courset de drap luther quelle porte journellement payable incontinent après sond. trespas ». Notez qu'une telle évolution de luteus a Luther ne peut provenir de la base, peu lettrée (seulement 10 °% des testateurs hommes ont reçu les rudiments de l'écriture et du savoir en langue française avant 1560). La mode du jaune résulte d'une abstraction de lettrés (hommes) connaissant le latin. Je soupçonne les notaires de Barre d'en être à l'origine (enquête à élargir dans l'espace).

24. P. Geisendorf, Livre des habitants de Genève, t. I (1957), t. II (1960). Sur l'étude cartographique de l'origine géographique des réfugiés (les Cévennes apparaissent comme une zone privilégiée), voir R. Mandrou, « Les Français hors de France aux XVIe et XVIIe siècles », Annales E.S.C., 1959, pp. 662-675.

25. Pour le développement de cet aspect de la question, « Professions, fortunes et niveau de culture en Haute Cévenne au XVIe siècle d'après les actes notariés », Études sur Pézenas et l'Hérault, XII, 1981, 4, p. 12. En Vivarais (population rurale : 92 % de la population totale ; majorité de protestants paysans) seulement 8 Vo de la population protestante émigré pendant le siècle qui suit la Révocation.

26. Voir l'interprétation différente de P. Geisendorf, « Recherches sur l'émigration du Gévaudan vers Genève avant et après la Révocation », Revue du Gévaudan, 1960, p. 119.

27. Les âges des testateurs n'apparaissent pas, sinon exceptionnellement. Les « anciens » dont il est question ici sont ceux qui ont au moins un fils (ou fille) marié. Ces « anciens » représentent 67,8 % des testateurs et il y a 6,2 % de cas indéterminés (sans enfants, clercs). A.D.L., 3 E 2740- 44, 1843. Quelques testaments (1550-1561) « en la manière acoustumée et foy catholique et non. autrement ».

28. Par référence au Vivarais rural dont les structures économiques et sociales du XVIIe siècle sont certainement proches, en l'absence d'une évolution sensible, de celles des Cévennes du XVIe siècle. Le Vivarais aux XVIIe et XVIIIe siècles (à paraître), tableau 72 : en 1695, 86,9 % de brassiers et ménagers, 0,65 % de nobles, 0,49 % de bourgeois de la rente, 1,9 % de représentants des arts libéraux. En 1789, 0,4 °% de membres du clergé.

29. Lamaison, P. et Claveme, E., L'Impossible mariage, Paris, 1982.Google Scholar Sur le rôle et l'importance de Yousta, contenant et contenu, autour de laquelle s'organise la vie économique et sociale, des observations échelonnées du XVIIe siècle au xixe siècle, pp. 35-57. Vovelle, M. : « Un préalable à toute histoire sérielle : la représentativité sociale du testament », dans Les Actes notariés, Strasbourg, 1979, p. 265.Google Scholar A propos des observations cévenoles, on ne peut rien systématiser : de pauvres ménagers ou brassiers testent parfois sans grand capital immeuble.

30. Sur le rôle de Valence dans la Réformation et en particulier de son université, Nadal, Histoire de l'université de Valence, Valence, 1861. Arnaud, E., Histoire des protestants du Dauphiné, rééd., Genève, 1970 Google Scholar, t. 1. Pour Uzès, le vieux travail, parfois décevant (pas de bibliographie) de D'Albiousse, L., Histoire de la ville d'Uzès, rééd., Genève, 1978 Google Scholar, et son Histoire des ducs d'Uzès. En ce qui concerne Nîmes et Montpellier, A. Puech , La Renaissance et la Réforme à Nîmes, 1893, et L. Guiraud, La Réforme à Montpellier, 2 vols, 1918. Pour les Cévennes, je renvoie à la bibliographie dressée par Ph. Joutard et collaborateurs, Les Cévennes, Toulouse, 1979, pp. 481-485.

31. Dans Le Protestant français, 1955, p. 16, E.G. Léonard reprend en compte les observations de J. Siegfried, Géographie électorale de l'Ardèche sous la IIIe République, 1949, p. 57 et cartes p. 49. Faisons remarquer que l'action de l'évêque de Valence est insuffisante pour expliquer la rapidité et l'intensité de la diffusion dans la partie vivaroise de l'évêché de Valence, particulièrement dans les communautés relevant du fief de Crussol.

32. A.D.A., les Vans, 2 E 1916-1922, 2 E (M. J.) 83 ; Aubenas, 2 E 449, 2 E 328, 2 E 284-295, 2 E 450-456, 8402, 2 E 194, 220 ; Largentière, 2 E (M.L.) 708-718, 2 E 10765, 2 E (M.L.) 1019- 1024, 2 E (M.L.) 707, 2 E (M.L.) 6, 2 E (M.L.) 8-9. Paroisses peu atteintes ou non atteintes par la Réformation en 1560 : Saint-Laurent-les-Bains, Borne, Valgorge, Sablières, Montselques, Thines, Malarce.

33. A.D.L., IIIE 432 (1525), IIIE 2737 (1537), IIIE 2740 (1543).

34. Parmi les travaux de cartographie de la Réforme, voir pour le XVIe siècle, Mours, S., Les Églises réformées en France, Paris, 1958 Google Scholar et du même auteur, Le Protestantisme en Vivarais et en Velay, cartes pp. 9-10. R. Mandrou, art. cité, supra.

35. Francus, Dr (A. Mazon), Notes et documents historiques sur les huguenots du Vivarais, Privas, 1903, t. III, pp. 148183.Google Scholar La reconquête du Vivarais huguenot (pas seulement cévenol) est commencée dans les années 1580 grâce à l'action de l'évêque de Viviers, Jean de l'Hôtel. Histoire de Languedoc, t. 12 (1889) : les lettres contre les hérétiques des Cévennes (1557), col. 559-561, ne doivent pas masquer les interventions royales contre les huguenots d'autres lieux du Languedoc, col. 569-574.

36. ladurie, E. Le Roy, Histoire de Languedoc, Toulouse, 1967, pp. 330331.Google Scholar Th. De BÈZE, Histoire ecclésiastique, op. cit., pp. 249-250. Le texte met en valeur l'engouement cévenol pour la Réformation, mais les rôles considérables de Montpellier, Nîmes et Valence (et du Dauphiné) sont soulignés. Dans la basse plaine, en Languedoc oriental, Aiguës-Mortes apparaît aussi fortement.

37. E.G. Léonard, Le Protestant français, p. 11.

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40. Même si la résignation d'oncle à neveu va à peu près de soi, la soeur du roi a participé, par Michel d'Arande interposé (son aumônier, évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux), à la nomination de l'évêque de Montpellier (1526), L. Guiraud, Le Procès…, op. cit., pp. 11-12.

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43. A.D. Haute-Garonne (A.D.H.G.), B 22 (juil. 1528, f° 292, 304, nov. 1528, f° 446), B 25 (fév. 1532, f° 98, déc. 1532, f° 42, janv. 1533, f° 48).

44. A.D.A., Fonds Mazon, t. III, fc 491, ordre du Parlement : ne pas gêner les officiers des évêques dans les poursuites contre les hérétiques du Vivarais (1538) ; f° 508, demande d'aide du vicaire général de Viviers aux États du Vivarais pour « en tout extirper la mauldite secte luthérienne que s'ils savent au diocèse de Viviers quelques-uns suspects ou diffamés de lad. hérésie qu'ils les indiquent ». Aucune réaction positive des représentants des États à ces demandes, des promesses seulement, S. Mours, Le Protestantisme…, op. cit., pp. 21-28.

45. A.D.A., C 1451. Enquête de Louis de Chalendar, lieutenant du roi du bailliage de Villeneuve- de-Berg au sujet des « propos mal sonnants de la sainte foi » tenus par les habitants d'Aubenas ; l'enquête n'aboutit à rien ou presque.

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59. G. Le Bras, Histoire de l'Église, institutions ecclésiastiques de la chrétienté médiévale, t. 12, livre I, pp. 146-147. Rapp, F., L'Église et la vie religieuse en Occident à la fin du Moyen Age, Paris, 1971, pp. 154 Google Scholar, 161 ; E. Delarueixe, « Dévotion populaire et hérésie au Moyen Age », dans Hérésies et sociétés, 1968, p. 151.

60. J. Chtffoleau, op. cit., p. 433 ; Margolin, J.-C. et alii, L'Avènement des Temps modernes, Paris, 1977, pp. 295296.Google Scholar

61. Ladurie, E. Le Roy, Paysans de Languedoc, Paris, 1966, t. 1, pp. 407408.Google Scholar Je remarque que l'invocation testamentaire à la « benoîte Vierge Marie » ou à la « Glorieuse Vierge Marie benoîte mère » est unanime dans les testaments cévenols (fin xve siècle-début xvie siècle). R. Aubenas, L'Église et la Renaissance, t. 15 de l'Histoire de l'Église, pp. 376-383. Il y a convergence entre accroissement du nombre des sorciers et le désir de l'Eglise d'en faire cesser les agissements ; d'où la constitution des bases de la répression (Summis desiderantes, bulle de 1484 et parution du fameux Malleus maleflcarum, 1487).

62. E. Le Roy Ladurie, op. cit., p. 411. L'expression est employée pour la fin du xvic siècle ; je la transpose cent ans en arrière.

63. Nombreux exemples de testaments indiquant les prêtres de la paroisse qui assisteront aux funérailles : A.D.A., 2 E 284 (Vesseaux, 13 prêtres), 2 E 328 (Saint-Privat, 10 p.), 2 E 449 (Saint- Julien-du-Serre, 12 p.), 2 E 487 (Saint-Étienne-de-Boulogne, 16 p.), 2 E 1920 (Thines, 25 p.), 2 E 1818 (Comps, 12 p.). A.D.L., 3 E 364 (Saint-Martin-de-Boubaux, 13 p.), etc.

64. Adam, P., La Vie paroissiale en France au XIVe siècle, Paris, 1964, pp. 166167.Google Scholar

65. Il n'est pas possible de dresser, faute de nombreuses lettres de rémission, une statistique des attitudes criminelles du clergé. L'impression d'ensemble est qu'il n'est ni meilleur ni pire qu'ailleurs.

66. G. Le Bras, Institutions ecclésiastiques…, op. cit., vol. 2, pp. 421-422.

67. Marx, J., L'Inquisition en Dauphiné, Paris, 1914.Google Scholar Rappelons seulement que les Vaudois passent à la Réformation en 1532. « Les Vaudois en Auvergne… d'après les interrogatoires de deux barbes », dans Bulletin historique et scientifique de l'Auverge, 1942 (cité par R. Aubenas, op. cit., p. 37).

68. Aucune trace dans les actes notariés (et pourtant les actes de mariage sont très prolixes sur les origines géographiques des contractants). La présence épisodique de quelques barbes itinérants n'émerge peut-être pas jusqu'à ces actes. L'hypothèse d'une filiation albigeoise et vaudoise avec la Réformation est ancienne, selon les Cévenols eux-mêmes : A.D.L., G 1007, Manifeste sur la prise d'armes des habitants des Cévennes, Amsterdam, 1703.

69. A.D.H., 2 E 36-338 (Delavèze, not. de Ganges, 1499-1539). Plusieurs réflexions en marge de son registre dont certaines concernant les femmes. Celle-ci : « La bonne grâce de la femme/ Resjouyt le mary/et le bon savoyr dicelle/engraisse ses os/La famme paisible et de bon coeur/est uns don du seigneur/et ny a rien de si grand pris/quest une femme bien apprise. » A peu près tous les testateurs hommes prévoient le cas de la « viduyté honneste » que devra suivre la survivante à leur décès. Elle est écartée de l'usufruit en cas de « vie dyssolue ».

70. Rapprocher les deux observations précédentes de la première épître de Paul aux Corinthiens, 14, 34-35, épître de Paul aux Éphésiens, 5, 22-24, première épître de Paul à Timothée, 5, 5- 8.

71. La mention de la signature possible des comparants devant le notaire n'est pas antérieure aux années autour de 1565. P. Chaunu, « Niveaux de culture et Réforme », Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme français, 1972, p. 320.

72. E. Le Roy Ladurie, op. cit., pp. 345-348. A Barre-des-Cévennes, le pourcentage des testateurs sachant signer leur nom (ou même simplement apposer leurs marques) passe de 14,3 (1560- 1565) à 31,4 (1600-1610).

73. A.D.L., 3 E 1843 (testament de Jac. Alcays, 3.4.1561) ; ibid. (testament de Lucie Costande, 8.4.1561), 3 E 1847 (testament de Anthonie Audoine, 2.4.1565).

74. A.D.L., 3 E 1868 (1587), 3 E 1871 (1590), 3 E 1875 (1595), 3 E 2848 (1600). Il faut poursuivre l'enquête au-delà de 1600.

75. A.N., KK 1230, enquête sur le fief de Tournon (1532). A la suite des troubles passés, de l'absence de Jacques de Tournon, puis de Just I*r et II, partis au service du roi, les archives ont été égarées et les revenus de la seigneurie s'en trouvent délabrés. Il faut refaire le terrier.

76. A. Molinier, « Profession, fortunes… », art. cité, pp. 15-17. Le Gévaudan (180 paroisses) en 1451, sur une levée de 120 000 1. t. affectant le Languedoc, ne paie que 4 124 1. t. (le Languedoc compte 22 diocèses). Les 23 paroisses qui constituent les actuels cantons de Barre, Florac, Meyrueis et le Pont-de-Montvert sont au-dessous de la cotisation moyenne du Gévaudan (exprimée en km2), de près de 50 %.

77. Voir le travail approfondi de Helas, J. C., Une Commanderie des hospitaliers en Gévaudan : Gap-Francès au milieu du XV siècle, Montpellier, 1974 Google Scholar, 2 vols dactyl. d'après le terrier de 1443-1444. Vue d'ensemble dans Annales du Parc national des Cévennes, 1, Florac, 1970, « Les Hospitaliers et le monde rural du Mont Lozère au milieu du xve siècle », pp. 193-211.

78. D. Farcis, Étude sur le Bas-Vivarais d'après les estimes de 1464, th. École des Chartes, 1973, pp. 235-237. Paroisses : Assions, Faugères, Fons, Lafigère, Laurac, Montselgues, Rocles, Sablières, Sainte-Marguerite, Saint-Mélany, Sanilhac, Thines, Uzer.

79. J. B. Elzière, Histoire des Budos, 1978, p. 92. Il est vrai que les dénombrements minimisent les revenus des fiefs. On comparera avec les revenus de la vicomte d'Uzès que l'on peut apprécier grosso modo (le récapitulatif n'apparaît pas et beaucoup de revenus sont en nature) entre 5 000 et 10 000 1. t. en 1540. Les revenus de la baronnie de Crussol, à la même date, s'élèvent à 2 000 1. t.(A.N.,219Mi41).

80. A titre d'exemple : Pierre de Longuevjlle, coseigneur de Thines lègue à son testament du 12.3.1536 (A.D.A., 2 E 1920), 300 1. t. à chacun de ses quatre enfants à titre de dot. Sa femme est usufruitière et choisira l'un de ses héritiers parmi l'un de ses enfants, de préférence le fils aîné que le père désigne.

81. D. Farcis, op. cit., pp. 98-99.

82. J.-P. Hugues, Histoire de l'Église réformée d'Anduze, s.l., 1864, pp. 20-22. Je remercie J.-P. Chabrol qui a bien voulu me faire part de ses réflexions approfondies, d'après ses propres travaux sur la région de Barre-des-Cévennes. Je rejoins tout à fait, par d'autres sources, les observations de R. Poujol, Vébron…, op. cit., p. 28.

83. Voir les exemples cités, dans « Professions, fortunes… »,p. 17.

84. Gouron, M., Matricule de l'Université de médecine de Montpellier, 1503-1599, Genève, 1957.Google Scholar Premières inscriptions des Cévenols à partir des années 1530-1535. M. Soulier, op. cit., p. 23 ; C. Sardinoux, op. cit., p. 75 ; J.-P. Hugues, op. cit., p. 20.

85. J. Cavalier, Mémoires sur la guerre des Cévennes, trad. et not. par F. Puaux, Paris, 1919. Routes ouvertes à l'occasion de la guerre, in fine.

86. D. Farcis, op. cit., pp. 63-66 et carte 6, in fine.

87. A.D. Haute-Garonne, série B, réformation de Froidour, eaux et forêts, D 13 (Meyrueis, documentation remontant à 1342).

88. Perrier, L., Les Cévennes huguenotes, Montpellier, 1925, p. 18 Google Scholar, fig. 7 (tronc de châtaignier creux, cachette d'un prédicant).

89. Il faut envisager aussi le déplacement de la population qui, fidèle au catholicisme romain, s'est repliée vers les régions périphériques d'accueil. L'ampleur et les directions de ces déplacements sont malaisées à percevoir. On peut affirmer cependant, à la lumière de la correspondance des jésuites, que ces migrations étaient temporaires, atteignirent surtout le clergé et se firent vers les villes les plus proches sous l'autorité d'un seigneur catholique, actif et puissant. La grande vague de ces départs se situe entre 1560 et 1565 avec un maximum en 1562 (A.S.J., Epistolae Galliae, vols 80-90).

90. Vénard, M., « Réforme, Réformation, Préréforme, Contre-Réforme… étude de vocabulaire chez les historiens récents de langue française », dans Historiographie de la Réforme, Paris, 1977, pp. 352365.Google Scholar Evennett, H. Outram, The Spirit ofthe Counter-Reformation, Cambridge, 1968, p. 9 Google Scholar (cité par M. Vénard).

91. A. Latreille et alii, Histoire du catholicisme en France, t. 2, pp. 179-195.