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Création et développement des marchés chez les Beembé, 1870-1911*

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

G. Dupré
Affiliation:
O.R.S.T.O.M., Brazzaville
A. Massala
Affiliation:
O.R.S.T.O.M., Brazzaville

Extract

Dans la région de la Bouenza, le district de Mouyondzi occupe les collines au nord du Niari. Sa population actuelle forte de 50 000 habitants relève des deux ensembles ethniques téké et kongo. Au nord se trouvent les Laali, appelés aussi Téké-Laali, au nombre de 4 000, et les Téké proprement dits, se dénommant eux-mêmes Tié, qui approchent les 8 000. Le centre et le sud du district sont occupés par l'ensemble beembé qui, avec 32 000 habitants, se déploie de part et d'autre de la Bouenza (carte 1). Les distinctions que l'on opère généralement dans ce groupe tiennent à la diversité des périodes de peuplement, aux variations géographiques et écologiques, et aussi à l'inégale influence des groupes téké.

Type
Modèles Économiques
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1975

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Footnotes

*

District de Mouyondzi. République populaire du Congo

References

Notes

1. Le district de Mouyondzi est limité à l'est et au sud par le Niari. A l'ouest, il déborde dans les savanes de la rive droite de la Bouenza. Cette partie du district, connue généralement sous l'ancienne appellation de sous-Bouenza, correspond aux limites du poste de contrôle administratif (P.C.A.) de Mabombo.

2. La transcription des ethnonymes suit les recommandations de A. Jacquot, Essai de systématisation de la graphie pratique des ethnonymes du Congo, Brazzaville, O.R.S.T.O.M., 1966, 21 p., multigraphié. La transcription adoptée résulte de «la suppression des préfixes de classes nominales commutables entrant dans la formation du nom de l'ethnie et de la langue ». Les voyelles longues sont doublées. Les noms d'ethnies et les adjectifs ont été rendus invariables. Ces recommandations ont été suivies dans tous les cas, sauf lorsque la lecture du terme simplifié était malaisée. Ainsi, Bahangala est transcrit Hangala, et non Ghaangala. Signalons que le groupe beembé désigné ici par Mongo est connu habituellement sous l'expression bar'Mongo ou Mimongo, c'est-à-dire ceux de l'amont.

3. Trois catégories de marchés ont été distinguées : les marchés locaux fréquentés par une seule ethnie, les marchés inter-ethniques où viennent deux ou plusieurs ethnies, enfin les marchés régionaux où l'on trouve en plus des populations de la région étudiée les populations de la vallée du Niari ou des régions à l'est ou à l'ouest du district. Cette classification, pour imparfaite qu'elle soit, en l'absence d'un traitement plus complexe, est celle qui tient le mieux compte du caractère multidimensionnel des marchés. L'évolution propre à chaque marché n'a pas été accessible à l'enquête. En effet, au cours de son existence, un marché déterminé a pu passer d'une catégorie à l'autre sans que nous ayons eu les moyens de le mettre en évidence.

4. En 1563, Antonio Mendes, qui fut prisonnier du roi Ngola Ndambi, décrit les marchés vivriers qui se tenaient tous les jours en Angola chez les Mbundu. Les nombeaux produits de l'agriculture, de l'élevage et de la chasse étaient évalués en blocs de sel extraits des mines de Kisama que les Portugais tentèrent à plusieurs reprises de conquérir par la suite. Cette première mention des marchés, à un moment où l'Angola commerçait avec les Portugais mais n'était pas encore en guerre avec eux, semble concerner une institution locale soutenue par une monnaie royale (Birmingham, 1966, 39).

5. Afin de permettre un maniement plus aisé et d'amortir les erreurs imputables à la technique d'estimation, les marchés ont été regroupés par décennies et numérotés selon l'ordre probable de leur création. En annexe se trouve la liste des marchés ainsi classés.

6. Il semble que chez les Téké, les marchés n'aient existé que sur les marges du royaume tio. B. Guillot, qui a poursuivi des études de géographie agraire chez les Kukuya, y a reconnu l'existence ancienne de marchés « échelonnés suivant les jours de la semaine » (B. Guillot, 1973, 87). Par ailleurs l'ethnologue allemande I. Lôffler, qui a travaillé au Gabon, nous a informé de l'existence, avant 1900, de marchés chez les Téké du cours moyen de l'Alima.

7. Cette migration locale n'est qu'une des composantes d'une migration générale qui peupla à cette époque la vallée du Niari jusqu'alors peu habitée.

8. Venant de Franceville, S. de Brazza, au début de l'année 1882, passa par le rebord sud du plateau kukuya, obliqua à l'ouest vers les sources de l'Ogooué, traversa la Laali, un peu au nord du point où elle reçoit la Dzouila son affluent de la rive droite, c'est-à-dire au nord ouest de Tsiaki. Il atteignit le Niari à travers le pays beembé. Peu d'informations sont données sur cette partie du voyage, les pages correspondant à la fin de la traversée du pays beembé, en mauvais état, n'ont pas été transcrites par H. Brunschwig. Malgré cette lacune, on peut penser que la traversée du pays beembé s'est faite vraisemblablement dans sa partie occidentale, en longeant grosso modo la rive gauche de la Bouenza. Depuis la traversée de la Laali, de Brazza mit environ 17 jours pour atteindre le Niari, alors qu'un tel voyage, à allure modérée, ne réclame guère plus de cinq jours.

9. L'ouvrage du R.P. Delcourt, Au Congo français, Monseigneur Carrie (1842-1904), Évêché de Pointe-Noire, 2 t., mult, 459 p., 1966, contient de précieuses informations. Après avoir été diffusé dans les missions catholiques, il fit, après 1967, l'objet d'un retrait du domaine laïc.

10. Les notations de de Brazza (1966) concernant la densité de la population sont nombreuses : « le pays est peuplé » (217), « quelle population dense et pas paresseuse » (219), « quelle population dense” (219), «population dense” (220).

11. L'A.I.A., Association Internationale Africaine, créée en 1876 à Bruxelles, servait de paravent humanitaire et scientifique aux entreprises impérialistes belges à leur début.

12. Dans Rapport politique, premier trimestre, 1911, Gouverneur Général du Moyen Congo, Archives d'Aix-en-Provence.

13. A partir de 1892, une autre source doit être mentionnée. En 1891, le poste militaire de Bouenza est évacué. L'année suivante, Mgr Carrie y installe la mission catholique dont une des principales activités est le rachat des esclaves. Des fonds fournis par des oeuvres anti-esclavagistes permettaient l'achat de poudre et de fusils contre lesquels étaient obtenus de jeunes enfants. Le but de ces rachats était la création de « villages de bonté ». Plus de 350 enfants furent ainsi achetés. Ils venaient essentiellement des villages yari de la rive droite et de quelques villages beembé (R.P. Zimmermann, 1941): Mouyondzi, Kimfiku et Kengué.

Ce moyen inattendu de se procurer des fusils n'était à la portée que des groupes les plus puissants, ceux qui pouvaient se défaire d'enfants pour améliorer leur armement. Les fusils venant de la mission de Bouenza étaient très prisés. C'étaient les classiques fusils à pierre qui, réformés dès 1840 dans les armées françaises, continuaient leur carrière. C'étaient aussi des fusils à piston plus récents qui furent pour une large part responsables du rayonnement de Bouenza, à tel point que ces fusils sont encore connus aujourd'hui sous le nom de fusils catholiques. Les ventes de fusils par la mission cessèrent en 1904.

14. Les Toby-jugs étaient des pots à bière anglais en forme de personnage rubicond, généralement porteur d'un tricorne.

15. C'est l'exigence d'une redevance en nature par le maître du marché qui causa la disparition de Bukontso bwa Midimbu. Le refus d'un vendeur de payer cette redevance entraîna une rixe, puis une guerre, puis la suppression du marché.

16. Les marchés donnèrent naissance à un système général de mesure pour toute la région. Au marché, on prenait les dimensions des mesures utilisées pour les confectionner ; mais on venait aussi avec des gabarits de référence, pour contrôler les mesures qui y étaient utilisées.