Hostname: page-component-77c89778f8-5wvtr Total loading time: 0 Render date: 2024-07-16T09:19:43.096Z Has data issue: false hasContentIssue false
  • English
  • Français

Géographie ou histoire d'une frontière : la frontiere franco-belge

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Daniel Nordman
Get access Rights & Permissions [Opens in a new window]

Extract

La géographie des frontières en Europe occidentale s'est récemment enrichie d'un livre remarquable. Un premier aperçu bibliographique permet d'emblée d'en juger : l'auteur a dépouillé une somme considérable d'archives, Archives des ministères des Affaires étrangères de Bruxelles et de Paris, Archives générales du Royaume de Belgique, Archives nationales pour la France, Archives départementales du Nord, diverses Archives municipales. L'on bornera ici l'énumération. Non moins importante est la masse des périodiques et revues consultés ; celle des ouvrages couvre plus de 900 titres, parmi lesquels Firmin Lentacker a distingué, en une recension pratiquement exhaustive, tous ceux qui traitent des frontières internationales d'un point de vue général, et tous ceux qui dans les perspectives d'un éventuel comparatisme portent sur telle ou telle frontière européenne en particulier. Sous ces deux dernières mentions, près d'une centaine d'études. Signalons enfin la sobre évidence des cartes, et la qualité formelle de l'édition.

Summary

Summary

Geographers, historians and jurists have in the past proposed different approaches to the notion of border: there have been natural borders, border-lines (political and juridical), border-zones (geographical). A recent study by Firmin Lentacker reaches a synthesis, a point of contact between the last two definitions: borders are principally a historical phenomenon. A case in point: the Franco-Belgian border. Nothing in the landscape made it necessary. On the other hand, certain 18th-century conventions between France and her neighbor established it at the time of the simultaneous negotiations, in France and Europe, of the agreement on delimitation, as though a systematic and unified project associated with the idea of the State and with a global representation of national space were unaware of the differences in the spaces concerned.

Later during the 19th century, the Franco-Belgian border had, in that open country, become increasingly fixed and the line of divergence had become accentuated, as shown by, among other examples, studies of communications networks conceived on behalf of national interests, studies of economic policies and, with respect to circulation, the examination of the unequal effects of these exchanges.

Type
l'Espace Géographique
Information
Annales. Histoire, Sciences Sociales , Volume 32 , Issue 3 , June 1977 , pp. 433 - 444
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1977

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

Notes

1. Lentacker, Firmin, La Frontière franco-belge. Étude géographique des effets d'une frontière internationale sur la vie de relations, Lille, Librairie Giard, 1974, 460 p.Google Scholar, cartes, figures et illustrations.

2. Claval, Paul, La Pensée géographique. Introduction à son histoire, Paris, S.E.D.E.S., 1972, p. 33 Google Scholar.

3. Parmi ces contributions, notons celle de Sagnac, Philippe, L'Esprit public dans les pays rhénans de 1789 à 1814, Paris, Imprimerie nationale, 1918, 20 p.Google Scholar ; Martonne, Emmanuel de. Conditions physiques et économiques de la navigation rhénane, Paris, Imprimerie nationale, 1918, 31 p.Google Scholar, planches ; de la Blache, Paul Vidal, La Frontière de la Sarre d'après les traités de 1814 et de 1815. avec 2 cartes au 1/200 000 et une note par Emmanuel de Martonne, Paris, Imprimerie nationale, 1918, 25 p.Google Scholar ; Lavisse, Ernest et Pfister, Christian, La Formation de l'Alsace-Lorraine. Paris, Imprimerie nationale, 1918, 38 p.Google Scholar L'on remarquera, à partir de ces deux dernières brochures, à quel point s'était multipliée, dans le vocabulaire, l'image banale de la blessure (plaie, déchirure, meurtrissure, de la Blache, Paul Vidal, op. cit.. p. 20 Google Scholar, Lavisse, Ernest et Pfister, Christian, op. cit., p. 33 Google Scholar).

4. Ancel, Jacques, Géographie des frontières, préface d'André Siegfried, Paris, Gallimard, 1938, 209 pGoogle Scholar.

5. Sur ce point, cf. Gottmann, Jean, La Politique des États et leur géographie, Paris, Armand Colin, 1952, pp. 56, 130-131Google Scholar.

6. On pouvait lire ainsi sous la plume de Camille Vallaux : « Aujourd'hui, il y a pour tout grand État des frontières vitales, qui ne peuvent être basées sans que l'État tout entier souffre d'une crise très grave : telle était pour la France la mutilation subie par sa frontière du nord-est en 1871. Cela montre combien les frontières modernes, loin d'être un organe adventice surajouté à l'État, sont devenues une partie essentielle de l'organisme politique », Brunhes, Jean et Vallaux, Camille, La Géographie de l'Histoire. Géographie de la paix et de la guerre sur terre et sur mer, Paris, F. Alcan, 1921, pp. 362–363 Google Scholar.

7. Pour les deux types d'analyse qui suivent, l'analyse « systématique » qui étudie les lignes frontières, et l'analyse régionale, voir Guichonnet, Paul et Raffestin, Claude, Géographie des frontières, Paris, P.U.F., 1974, pp. 40 ss.Google Scholar ; 54 ss.

8. Cf. cette dernière distinction dans Brunhes, Jean et Vallaux, Camille, La Géographie de l'Histoire…, op. cit., pp. 349 Google Scholar ss.

9. L'argument national et l'argument technique pouvaient se croiser et se renforcer. « Metz était à la France depuis 1552, l'Alsace depuis 1648, Strasbourg depuis 1681. La Révolution de 1789 avait achevé la conquête morale de ces vieux pays démocratiques ; nulle part le sentiment national n'était plus réfléchi ni plus profond que dans ces provinces frontières. » Suit plus loin une description de la frontière imposée en 1871 : ligne de partage des eaux entre les affluents du Rhin et ceux du Doubs, ligne de faîte des Vosges, direction nord-ouest jusqu'au Luxembourg. « Nulle part, sauf dans les Vosges, cette limite ne correspondait à des obstacles naturels », Gallois, Lucien, Les Variations de la frontière française du Nord et du Nord-Est depuis 1789, Paris, Imprimerie nationale, 1918, p. 13 Google Scholar, carte à 1/600 000.

10. Cf. Lefebvre, Th., Les Modes de vie dans les Pyrénées atlantiques orientales, Paris, Armand Colin, 1933, 777 p.Google Scholar, cartes ; Birot, Pierre, Étude comparée de la vie rurale pyrénéenne dans les pays de Pallars (Espagne) et de Couserans (France), Paris, J.-B. Baillière, 1937, 120 p.Google Scholar, cartes.

11. Sorre, Maximilien, Les Pyrénées méditerranéennes. Étude de géographie biologique, Paris, Armand Colin, 1913, p. 393 Google Scholar.

12. Op. cit., pp. 408-409.

13. Sur les conventions de lies et passeries, cf. en particulier: Cavaillès, Henri « Une fédération pyrénéenne sous l'Ancien Régime. Les traités de lies et de passeries », Revue historique, sept.-déc. 1910, pp. 1–34, 241-276Google Scholar; Tucoo-Chala, Pierre, « Un traité de lies et passeries du Moyen Age à la Révolution : Ossau et Tena », Annales du Midi, 1965, pp. 157–177 CrossRefGoogle Scholar ; Druène, Bernard, « Les lies et passeries spécialement pendant la guerre de Succession d'Espagne », Actes du deuxième congrès international d'études pyrénéennes, Luchon-Pau, 21-25 septembre 1954, tome VII, La Frontière franco-espagnole, Toulouse, Privat, 1962, pp. 5–37 Google Scholar.

14. Cavaillès, Henri, La Vie pastorale et agricole dans les Pyrénées des Gaves, de l'Adour et des Nestes. Étude de géographie humaine, Paris, Armand Colin, 1931, p. 120 ssGoogle Scholar. Ainsi en était-il de la Navarre, « portier des Pyrénées » qui tenait Roncevaux et l'« Ultra-puertos » (Saint-Jean- Pied-de-Port). Par-là le royaume drainait pèlerins, marchands et émigrants. Les combinaisons dynastiques scellèrent un vaste ensemble territorial pyrénéen et aquitain ; mais dès 1512, l'absolutisme français, revendiquant la souveraineté sur le Béarn, s'efforçait de ruiner l'édifice et déclarait par la voix du procureur général du Parlement de Toulouse que « tout ce qu'est deçà les monts pyrénéens et de Ronseuvaulx depuis l'Espaigne et jusques à la mer est en Guyenne comme il est tout notoire et est inscript par les anciens hystoriographes qui descripserunt orbis situationem et limites regnorum », cité par Tucoo-Chala, Pierre, La Vicomte de Béarn et le problème de sa souveraineté des origines à 1620. Publication et commentaire d'un recueil de textes, Bordeaux, Imprimerie Bière, 1961, p. 186 Google Scholar.

Pour une étude des relations entre frontière historico-géographique et frontière politique, voir les pages de Vilar, Pierre, La Catalogne dans l'Espagne moderne. Recherches sur les fondements économiques des structures nationales, t. I, Paris, S.E.V.P.E.N., 1962, pp. 177–181 Google Scholar.

15. Blanchard, Raoul, La Flandre. Étude géographique de la plaine flamande en France, Belgique et Hollande, Lille, 1906, Impr. L. Danel, 530 p.Google Scholar, fig., cartes.

16. Daveau, Suzanne, Les Régions frontalières de la montagne jurassienne. Étude de géographie humaine. Imprimerie de Trévoux, J. Patissier, 1959, 572 p.Google Scholar, cartes, planches.

17. Op. cit., p. 85.

18. Op. cit., pp. 89-90, 534. Pour les effets à long terme de cette politique, voir la carte religieuse du Jura en 1850-1851, p. 521.

19. Op. cit., passim.

20. Lentacker, Firmin, La Frontière franco-belge…, op. cit., p. 24.Google Scholar

21. Op. cit., p. 9.

22. Op. cit., p. 36.

23. Op. cit., pp. 36-37.

24. Op. cit., pp. 29, 32, 359.

25. Op. cit., p. 9.

26. Blanchard, Raoul, La Flandre…, op. cit., pp. 395–396 Google Scholar, 462, 502.

27. Dion, Roger, Les Frontières de la France, Paris, Hachette, 1947, pp. 102–104 Google Scholar.

28. Lentacker, Firmin, La Frontière franco-belge…, op. cit., pp. 9, 304Google Scholar.

29. Op. cit., p. 303. Encore faudrait-il nuancer, pour la partie orientale du tracé.

30. Cf. l'exposé des différentes négociations du XVIIIe siècle, pp. 14 ss.

31. Cf. d'Albissin, Nelly Girard, Genèse de la frontière franco-belge. Les variations des limites septentrionales de la France de 1659 à 1789, Paris, A. & J. Picard, 1970, pp. 266, 338Google Scholar.

Sur la Forêt charbonnière, forêt-frontière, cf. Dion, Roger, Les Frontières de la France, op. cit., pp. 64 ssGoogle Scholar. De la même manière un article récent de Jean-Jacques Dubois met en relief la fonction de cloison et de séparation d'une forêt provinciale, aux confins de la Normandie et de la Picardie, du Moyen Age à la fin du XVIIIe siècle, « La forêt d'Eu. Un cas de permanence des frontières provinciales», L'Espace géographique, n° 1, 1974, pp. 19-28, fig.

32. Febvre, Lucien, « Frontière », Revue de Synthèse historique. Bulletin du Centre international de Synthèse. Section de Synthèse historique, juin 1928, pp. 31–44 Google Scholar, 37 (et « Frontière : le mot et la notion », Pour une Histoire à part entière, Paris, S.E.V.P.E.N., 1962, pp. 11-24, 17).

33. Immense question, qui a suscité tant de travaux anciens ou récents… Mais elle a été trop exclusivement traitée, semble-t-il, à partir de cas particuliers, ou de cas extrêmes, comme la politique rhénane, la politique de Richelieu, etc.

34. Sur l'ancienneté des limites, et contrairement à une idée longtemps admise, voir particulièrement Lemarignier, Jean-François, Recherches sur l'hommage en marche et les frontières féodales, Lille, Bibliothèque universitaire, 1945, 191 p.Google Scholar, cartes; Bonenfant, Paul, « A propos des limites médiévales », dans Hommage à Lucien Febvre. Éventail de l'histoire vivante…, t. II, Paris, Armand Colin, 1953, pp. 73–79 Google Scholar ; Guenée, Bernard, « Les limites », La France et les Français, sous la direction de Michel François, Paris, Gallimard, 1972, pp. 50 Google Scholar ss. ; plusieurs études de Jean Richard, dont « Les débats entre le roi de France et le duc de Bourgogne sur la frontière du royaume à l'ouest de la Saône : l'enquête de 1452 », Bulletin philologique et historique (jusqu'à 1610)du comité des travaux historiques et scientifiques. Année 1964…, Paris, 1967, pp. 113-132, carte ; entre autres travaux du François de Dainville, P., « Cartes et contestations au XVe siècle», Imago Mundi…, 1970, pp. 99–121 CrossRefGoogle Scholar.

35. Cité par d'Albissin, Nelly Girard, op. cit., p. 308 Google Scholar. Sur la recherche de frontières fluviales (Lys, Sarre, Doubs), voir également Noël, Jean-François, « Les problèmes de frontières entre la France et l'Empire dans la seconde moitié du XVIIIe siècle », Revue historique, CCXXXV, 1966, pp. 339, 344Google Scholar.

36. Sur la permanence des circonscriptions au moment de la délimitation frontalière, cf. d'Albissin, Nelly Girard, « Propos sur la frontière », Revue historique de droit français et étranger, juil.-sept. 1969, pp. 390–407 Google Scholar, en particulier p. 398.

37. Cf. d'Albissin, Nelly Girard, Genèse…, op. cit., p. 296 Google Scholar. Pour les Pyrénées (et le traité franco-espagnol de 1785), thèse de droit de Jacques Descheemaeker, La Frontière pyrénéenne de l'Océan à l'Aragon, Paris, 1945, dact., 531 ff., cartes, et divers articles du même auteur, dont : « Une frontière inconnue, les Pyrénées de l'Océan à l'Aràgon », Revue générale de droit international public, 1941-1945, pp. 239-277 ; «Le Pays-Quint… », (Gernika) Eusko-Jakinlza…, 1947-1949. cartes. Pour les frontières entre la France et l'Empire, cf. Noel., Jean-François, op. cit., pp. 333–346 Google Scholar, carte. Pour la frontière franco-sarde, Andreis, Denis, Le Traité franco-sarde de 1760. Origines et conséquences, Paris, Hachette, micro édition, 1973 (Mémoire de maîtrise, Nice, 1971, 221 p.Google Scholar) et « Le Traité de Turin de 1760. Les rectifications de frontières » Nice historique, avril-juin 1973, pp. 61-73, carte. Indications sur les frontières du territoire de Genève au XVIIIe siècle dans l'ouvrage de Raffestin, Claude, Guichonnet, Paul et Hussy, Jocelyne, Frontières et sociétés. Le cas franco-genevois, Lausanne, Éditions L'Age d'homme, 1975, 232 p.Google Scholar, tableaux, graphiques, cartes, pp. 30-31.

38. Pour une histoire précise de la frontière franco-belge, cf. Nelly Girard d'AlbissiN, op. cit., passim.

39. d'Albissin, Nelly Girard, op. cit., pp. 97, 155–156 Google Scholar.

40. Op. cit., p. 300, p. 355n. Sur la nature des négociations (absence de politique offensive de la France, des accords libres, un nouveau concept de frontière), Jean-François Noël, op. cit.

41. Sur ces dernières négociations de limites, cf. également Recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France depuis les Traités de Westphalie jusqu'à la Révolution française, t. XXVIII, États allemands. Vol. III, L'Électoral de Trêves avec une introduction et des notes par Georges Livet, Paris, C.N.R.S., 1966, 360 p., carte, pp. CXXXIII ss., 228 ss., 265 ss., 278 ss.

42. Cf. également d'Albissin, Nelly Girard, op. cit., pp. 361–363 Google Scholar.

43. Lentacker, Firmin, op. cit., pp. 24 Google Scholar, 34 ss.

44. De récentes recherches économiques et statistiques menées sur l'actuelle frontière francogenevoise par le Département de géographie de l'Université de Genève montrent d'une part, sur le plan de l'enquête, qu'il est possible d'élargir globalement l'analyse à tous les types de relations (population et frontière, agriculture et frontière, industrie et frontière…) ; d'autre part, sur le plan des résultats, et dans ce cas précis, que le cordon politique est une ligne de disjonction, de rupture et de dissymétrie (médiocrité des liaisons industrielles ou financières et des échanges de services ; migrations frontalières à sens unique ; diversité des paysages agraires et des activités agricoles, hétérogénéité des espaces industriels, etc.), que les deux zones accolées ne sont guère complémentaires et qu'il est dès lors difficile de parler d'une Regio genevensis. Voir Claude Raffestin, Paul Guichonnet et Jocelyne Hussy, Frontières et sociétés…, op. cit., passim, Raffestin, Claude, « Éléments pour une problématique des régions frontalières », L'Espace géographique, n° 1, 1974. pp. 12–18 CrossRefGoogle Scholar: Guichonnet, Paul et Raffestin, Claude, Géographie des frontières, op. cit., pp. 179–192 Google Scholar.

45. Lentacker, Firmin, op. cit., pp. 43–58 Google Scholar.

46. Op. cit., pp. 64-76.

47. Op. cit., p. 68.

48. Op. cit., pp. 80-96.

49. Op. cit., cartes 42 à 46. Et voir l'ensemble de la troisième partie, pp. 143-188.

50. Voir la quatrième partie, pp. 189 ss. Cf. également Schepens, Luc, « Émigration saisonnière et émigration définitive en Flandre occidentale au XIXe siècle », Revue du Nord…, juil.-sept. 1974, pp. 427–431 CrossRefGoogle Scholar.

51. Lentacker, Firmin, op. cit., p. 303 Google Scholar.