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Histoire des idées, histoire des sociétés. Une question de climat

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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Etienne Gilson vient de publier chez Payot, — sous forme, cette fois, d'un gros traité de 782 pages in-8°, — une seconde édition, entièrement revue, amplifiée et augmentée, du très utile petit manuel que, chez le même Payot, en 1922, il avait présenté sohs forme de modestes livrets extrêmement précieux à consulter déjà, mais que l'ceuvre actuelle dépasse de beaucoup.

Il s'agissait, alors comme aujourd'hui, de donner dé La Philosophie au moyen âge, des origines patristiqu.es à la fin du XIVe siècle, une vue d'ensemble qui ne constitue ni un guide érudit, comme l'Ueberweg, ni un guide philosophique et systématique à la façon de Maurice de Wulf, ni une étude sur les rapports de la pensée médiévale, et de la pensée grecque, à la mode d'Emile Bréhier. Etienne Gilson, lui, s'est attaché avant tout à dérouler sous les yeux du lecteur le film chronologique de la philosophie médiévale depuis son premier contact avec la philosophie grecque, au IIe siècle de notre ère, « dès qu'il y eut des convertis de culture grecque », jusqu'à cette fin du XIVe siècle qui voit se lever l'aurore de temps nouveaux.

Type
Essais et Mises au Point
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1946

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References

page 159 notes 1. Je ne parle pas, parce que ee n'en est .point ici le lieu, des deux chapitres fort curieux qu'Etienne Gilson intitule ‘Le retour des lettres, en Italie et, hors d'Italie. Ce n'est certes pas qu'ils soient indifférents dans leur nouveauté. Mais j'aurai l'occasion d'y revenir ailleurs.

page 159 notes 2. « L'âge d'or de la théologie et do la philosophie, dites scolasliqucs, qui fleurirent, en effet alors dans les écoles, coïnciderait ;p'lutôt avec la période qui s'étend d'environ 1228 jusque vers 1350… La fin du xiu'’ siècle et le début du xive siècle ont vu paraître des synthèses doctrinales de grand style, comme celles de Duns Scot et de Guillaume d'Ockham, ou des enivres comme celles de maître Eckhart, dont la qualité philosophique s'impose dès qu'on en commence la lecture, »

Oui, certes. Mais ces synthèses doctrinales de grand slvle sont-elles du même stvlc que les synthèses immédiatement antérieures ? — Etienne Gilson ajoute : « Ce .qui est vrai des hommes de cette généralion. c'est, qu'ils ont inévilablement, pensé en fonction de ceux de leur génération précédente… Mais leur propre .pensée dépend moins de celle de leurs prédécesseurs qu'il ne pourrait, d'abord le sembler. »

En effet s'ils partent, comme leurs devanciers, d'Arislole, de Proclus. d'Aviccnne et d'Averrocs, n'est-il pas fatal qu'ils rencontrent à chaque pas leurs aînés ? — Sans doute. Mais, s'ils s'écartent d'eux, n'est-ce pas dans une large mesure parce qu'ils vivent dans un climat’ historique différent ? C'est toute la question.

page 160 notes 1. J'oublie encore moins que la première moitié du xive siècle marque l'apogée des métiers, que ces métiers fournirent à la petite bourgeoisie des cadres merveilleusement adaptés à sa nature ; que jamais, comme Pirenne le faisait remarquer, elle n'a vraiment été plus heureuse que sous leur égide, et que, s'ils l'ont garantie contre ta concurrence, ils l'ont garantie également, pour un temps, contre le capitalisme, cet intrus, cet ennemi. Mais enfin, l'intrus est là. Il règne à Florence, avec te popolo grasso, malgré les révoltes du popolo minnto. Il règne dans les villes flamandes, en dépit des révoltes furieuses des tisserands contre « les bonnes gens qui ont à perdre ». Car le xive siècle est un siècle de révoltes, l'uns Scot, Guillaume d'Ockham et les suivants, pour ne point parler de Marsile île Padoue et de Jean de Jeandun, n'ont point pensé dans la paix sociale que connut Thomas d'Aquin.

page 160 notes 2. Critique conduite par des théologiens, précise Gilson (p. 63Q), et pour des fins théologiques. Mais, précisément, les théologiens, en ce temps, vivaient-ils dans ra sérénité en ce temps où Marsile de Padoue définissait l'Eglise ïa communauté do tous ceux qui croient en Jésus-Christ ? où les mystiques laïcisaient pour la première fois leur pensée, en l'exprimant dans leur langue vulgaire ? où la Papauté, établie à Avignon, subissait tous les contre-coups de la politique française ? Je ne continue pas.