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La cité grecque d’époque impériale: vers une société d’ordres?

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Anna Heller*
Affiliation:
CeRMAHVA, Université François Rabelais-Tours

Résumé

À travers l’étude de quelques aspects des institutions civiques, il s’agit d’interroger la validité du concept de romanisation appliqué à la vie politique et sociale des cités grecques de l’époque impériale. La transformation de la boulè sur le modèle du Sénat romain est un phénomène progressif, nullement homogène, voire inabouti, qui coexiste avec le maintien de pratiques démocratiques. Plus généralement, la construction de la hiérarchie sociale comme de la légitimité politique procède d’une interaction complexe entre peuple et élites, autour de la pratique de l’évergétisme. Ainsi, les titres honorifiques décernés aux notables par acclamations, qui s’inspirent de paradigmes idéologiques hérités des époques classique et hellénistique, apparaissent comme une nouvelle forme de contrôle exercé par le peuple sur ses dirigeants.

Abstract

Abstract

By studying some aspects of civic institutions in the imperial period, this paper aims at reexamining the concept of Romanisation applied to the political and social life of the Greek city-state. The transformation of the boulê on the model of the Roman senate seems to have been more gradual and less complete than is often stated. Roman institutional rules coexisted with ancient democratic traditions. More generally, social hierarchy as well as political legitimacy originated in a complex interaction between mass and elite focused on the practice of evergetism. The honorary titles bestowed by acclamations upon prominent individuals, insofar as they derived from classical and hellenistic conceptions of power, can be analysed as a form of control over the ruling class by the people.

Type
Pouvoirs et sociétés urbaines
Copyright
Copyright © Les Áditions de l’EHESS 2009

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References

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2 - Robert, Louis, «Recherches épigraphiques», Revue des Études Anciennes, 62, 1960, p. 276361 Google Scholar, ici p. 325 (Opera Minora Selecta (dorénavant OMS ), II, p. 841).

3 - Sur les évolutions qui touchent à l’activité, au statut et aux honneurs des évergètes, Gauthier, Philippe, Les cités grecques et leurs bienfaiteurs (IVe-Ier siècle avant J.-C.). Contribution à l’histoire des institutions, Athènes, École française d’Athènes, 1985 Google Scholar. Sur la pertinence des notions de basse époque hellénistique et de « régime des notables », voir surtout Habicht, Christian, «Ist ein ‘Honoratiorenregime’ das Kennzeichen der Stadt im späteren Hellenismus?», in Wörrle, M. et Zanker, P. (dir.), Stadtbild und Bürgerbild im Hellenismus, Munich, Beck, 1995, p. 8792 Google Scholar; Fröhlich, Pierre et Müller, Christel (dir.), Citoyenneté et participation à la basse époque hellénistique, Genève, Droz, 2005 Google Scholar; Hamon, Patrice, «Élites dirigeantes et processus d’aristocratisation à l’époque hellénistique», in Fernoux, H.-L. et Stein, C. (dir.), Aristocratie antique. Modèles et exemplarité sociale, Dijon, Éd. universitaires de Dijon, 2007, p. 79100 Google Scholar, en particulier p. 87-98.

14 - En réalité, même cette évidence demande à être nuancée: sur le maintien d’une « culture de guerre » dans les cités de l’époque impériale, voir Brelaz, Cédric, «L’adieu aux armes: la défense de la cité grecque dans l’empire romain pacifié», in Brelaz, C. et Ducrey, P. (dir.), Sécurité collective et ordre public dans les sociétés anciennes, Genève, Vandœuvres, 2008, p. 155204 Google Scholar; pour une analyse des rivalités entre cités comme une forme de guerre euphémisée, voir Heller, Anna, « Les bêtises des Grecs ». Conflits et rivalités entre cités d’Asie et de Bithynie à l’époque romaine (129 a.C.-235 p.C.), Bordeaux, Auso-nius, 2006 Google Scholar.

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6 - Bulletin épigraphique, 1994, p. 194: P. Gauthier critiquant la vision selon lui trop statique des notables présentée par Quaß, Friedemann, Die Honoratiorenschicht in den Städten des griechischen Ostens: Untersuchungen zur politischen und sozialen Entwicklung in hellenistischer und römischer Zeit, Stuttgart, Steiner, 1993 Google Scholar.

7 - Pour une historiographie du concept, voir le Roux, Patrick, «La romanisation en question», Annales HSS, 59-2, 2004, p. 287311 CrossRefGoogle Scholar.

8 - Amarelli, Francesco (dir.), Politica e partecipazione nelle città dell’impero romano, Rome, L’Erma di Bretschneider, 2005 Google Scholar; Fernoux, Henri-Louis, «L’institution populaire dans les cités grecques d’Asie Mineure sous le Haut-Empire. Remarques sur la composition sociologique et l’activité politique des assemblées populaires (Ie-IIIe siècles apr. J.-C.)», in Duchêne, H. (dir.), Survivances et métamorphoses, Dijon, Université de Bourgogne, 2005, p. 1971 Google Scholar; Lewin, Ariel, Assemblee popolari e lotta politica nelle città dell’impero romano, Florence, La Giuntina, 1995 Google Scholar. La synthèse de Sartre, Maurice, L’Orient romain. Provinces et sociétés provinciales en Méditerranée orientale d’Auguste aux Sévères (31 avant J.-C.-235 après J.-C), Paris, Éd. du Seuil, 1991 Google Scholar, si elle sous-estime sans doute le rôle politique du peuple, démontre bien la vitalité du modèle civique à l’époque impériale.

9 - Pour une définition de l’ordo, dont « la nature profonde est d’être une catégorisation juridique », sans que cela empêche toutes sortes d’ambiguïtés d’y être attachées, voir Nicolet, Claude, «Les ordres romains: définition, recrutement et fonctionnement», in Nicolet, C. (dir.), Des ordres à Rome, Paris, Publications de la Sorbonne, 1984, p. 721 Google Scholar.

10 - Sur les étapes de l’élargissement de la notion d’ordre sénatorial, voir Chasta-Gnol, André, Le Sénat romain à l’époque impériale. Recherches sur la composition de l’Assemblée et le statut de ses membres, Paris, Les Belles Lettres, 1992, p. 169193 Google Scholar.

11 - L’Asie Mineure, surtout dans sa partie occidentale, la plus anciennement hellénisée et la plus densément urbanisée, jouit à l’époque impériale d’un fort rayonnement économique et culturel, qui en fait un observatoire privilégié de la vie civique.

12 - Patrice Hamon, «Le Conseil et la participation des citoyens: les mutations de la basse époque hellénistique», in P. Fröhlich et C. Müller (dir.), Citoyenneté et participation. .., op. cit., p. 121-144, ici p. 125.

13 - Voir à ce sujet la thèse encore inédite de Hamon, Patrice, «Recherches sur le Conseil dans les cités grecques de l’époque hellénistique», Ephe, 2000 Google Scholar, dont les principaux résultats sont présentés de manière succincte dans id., « À propos de l’institution du Conseil dans les cités grecques de l’époque hellénistique», Revue des Études Grecques, 114, 2001, p. XVI-XXI.

14 - Outre la thèse de Patrice Hamon, voir Helmut Müller, «Bemerkungen zu Funktion und Bedeutung des Rats in den hellenistischen Städten», in M. Wörrle et P. Zanker (dir.), Stadtbild und Bürgerbild. .., op. cit., p. 41-54.

15 - Ferrary, Jean-Louis, «Les Romains de la République et les démocraties grecques», Opus, 6-8, 1987-1989, p. 203216 Google Scholar. L’ampleur et la postérité des réformes imposées par les Romains aux institutions civiques de Grèce continentale ont fait l’objet de débats: voir Kallet-Marx, Robert M., Hegemony to empire: The development of the Roman Imperium in the East from 148 to 62 B.C., Berkeley, University of California Press, 1995, p. 6576 Google Scholar.

16 - Christel MÜLler, « La procédure d’adoption des décrets en Béotie de la fin du IIIe s. av. J.-C. au Ier s. apr. J.-C.», in P. Fröhlich et C. Müller (dir.), Citoyenneté et participation..., op. cit., p. 95-119, ici p. 114-116.

17 - Pour unexemple del’applicationde ceconceptaumonde grec, voir Couvenhes, Jean-Christophe et Legras, Bernard (dir.), Transferts culturels et politique dans le monde hellénistique, Paris, Publications de la Sorbonne, 2006 Google Scholar.

18 - Pline, Ep., X, 79-80.

19 - Pline, Ep., X, 112-113.

20 - Dion Chrysostome, Or., 45, 7-10. On dispose d’une traduction française, avec d’utiles notices et notes: Chrysostome, Dion, Discours bithyniens, trad. et éd. par Cuvigny, M., Besançon, Faculté des lettres et sciences humaines de Besançon, 1994 Google Scholar. Le discours 45 est prononcé au tout début du IIe siècle apr. J.-C.

21 - Dion Chrysostome, Or., 45, 9.

22 - Cette hypothèse se fonde sur le rôle du Conseil lors des élections de magistrats: là aussi, dans certains cas au moins, il semble y avoir eu une sélection préalable confiée à la boulè avant la validation par le peuple: voir Valerio Marotta, «Conflitti politici cittadini e governo provinciale», in F. Amarelli (dir.), Politica e partecipazione..., op. cit., p. 121-201. Dans le cas de l’élection des bouleutes à Pruse, on ne peut toutefois exclure une pré-sélection par les censeurs.

23 - Comme le fait implicitement Jones, Christopher P., The Roman world of Dio Chrysostom, Cambridge, Harvard University Press, 1978, p. 98 CrossRefGoogle Scholar, en supposant que le Conseil a sélectionné 100 nouveaux membres, présentés ensuite à l’Assemblée. À mon avis, le texte de Dion suggère que les candidats étaient plus nombreux que les sièges à pourvoir.

24 - En ce sens Fernoux, Henri-Louis, Notables et élites des cités de Bithynie aux époques hellénistique et romaine (III e siècle av. J.-C.-III e siècle apr. J.-C.). Essai d’histoire sociale, Lyon, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, 2004, p. 296297 Google Scholar.

25 - Il ne me semble pas que l’on puisse arguer de ce passage pour conclure à une opposition de classe entre l’Assemblée, organe populaire, et le Conseil, organe oligarchique; les « factions » évoquées par Dion divisent bien la cité dans son entier, c’est-à-dire à la fois le Conseil et l’Assemblée, chaque groupe de notables influents ayant derrière lui une partie de l’opinion populaire. Je suis en cela Bekker-Nielsen, Tønnes, Urban life and local politics in Roman Bithynia: The small world of Dion Chrysostomos, Aarhus, Aarhus University Press, 2008, p. 173174 Google Scholar, contra Salmeri, Giovanni, «Dio, Rome and the civic life of Asia Minor», in Swain, S. (dir.), Dio Chrysostom: Politics, letters, and philosophy, Oxford, Oxford University Press, 2000, p. 5393 Google Scholar, ici p. 73-74.

26 - Le caractère viager de la charge n’est pas directement attesté par Pline, mais se déduit assez aisément de la mention de « motifs d’exclusion du Sénat », certainement calqués sur ceux qui étaient en vigueur à Rome: Pline, , Ep., X, 114 Google Scholar.

27 - Tituli Asiae Minoris, II, 301; Petersen, Eugen et von Luschan, Felix, Reisen in Lykien, Milyas und Kibyratis, Vienne, Gerold, 1889, no 69Google Scholar, commenté par F. Quaß, Die Honoratiorenschicht..., op. cit., p. 389-390.

28 - Tituli Asiae Minoris, II, 176.

29 - Anciennement hellénisée, la Lycie reste dans le même temps marquée par de fortes traditions indigènes et garde longtemps son indépendance à l’époque romaine. Réduite en province sous le règne de Claude, elle fut probablement dotée d’une loi-cadre dont on peut penser qu’elle régissait les institutions civiques. En ce sens Wörle, Michaël, Stadt und Fest im kaiserlichen Kleinasien. Studien zu einer agonistischen Stiftung aus Oenoanda, Munich, Beck, 1988, p. 134135 Google Scholar.

30 - On trouvera une liste d’exemples dans F. QUAß, Die Honoratiorenschicht..., op. cit., n. 168-173, p. 387-389.

31 - Ainsi les listes des Courètes à Éphèse: ibid., n. 172, p. 388-389.

32 - IK, 24.1-Smyrna, 661 et 667; Monumenta Asiae Minoris Antiqua, Viii, 421.

33 - Malgré les controverses qui ont entouré cette notion (voir note 3), il me semble que P. Gauthier a établi de manière irréfutable que le rappel des charges publiques exercées par les ancêtres est un usage qui se répand à partir de la basse époque hellénistique et qui va de pair avec l’idée d’une transmission héréditaire des qualités rendant apte à diriger la cité (la valeur ancestrale, progonikè aretè, également vantée par les inscriptions). Le rappel de la charge de bouleute, à partir du principat, ne fait souvent que s’inscrire dans ce mouvement général de « patrimonialisation » de l’exercice des charges publiques, qu’il faut bien distinguer de l’institution d’une restriction légale de l’accès à ces charges.

34 - Récemment, on a même voulu remettre en cause l’équivalence entre timètes et censeurs, assez universellement admise: voir Dmitriev, Sviatoslav, City government in Hellenistic and Roman Asia minor, Oxford, Oxford University Press, 2005, p. 200204 Google Scholar, dont la démonstration n’emporte pas l’adhésion (notamment du fait de lacunes dans le dépouillement), mais qui a le mérite de mettre en lumière la fragilité de toute conclusion ferme concernant ces magistratures.

35 - IK, 15-Ephesos, 1487.

36 - P. Hamon, « Le Conseil et la participation des citoyens... », art. cit., p. 141-143.

37 - Inscriptiones Graecae (dorénavant IG ) XII, 9, 11, commenté par Treheux, Jacques, «Sur les probouloi en Grèce», Bulletin de Correspondance Hellénique, 113-1, 1989, p. 241247 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 242-244.

38 - À une exception près (5 noms seulement dans la section D), qui peut s’expliquer soit par un oubli soit par la présence d’un collège incomplet.

39 - Voir l’inscription publiée par Contoleon, Alexandre Emmanuel, Reinach, Salomon et Reinach, Théodore, «Inscriptions des îles», Revue des Études Grecques, 17, 1904, p. 196214 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 203-210.

40 - Dion Chrysostome, Or., 31, 102. Sur la misthophorie à Rhodes à l’époque hellénistique, Ferrary, Jean-Louis, «Cicéron (De re publica, 3, 35, 48) et les institutions rho-diennes», in Morelli, G. et al., Filologia e forme letterarie. Studi offerti a Francesco Della Corte, t. II, Letteratura latina dalle origini ad Augusto , Urbino, Università degli studi, 1987, p. 247252 Google Scholar.

41 - Pour une brève définition des ornamenta, Benoist, Stéphane, «Le prince et la société romaine au IIIe siècle: le cas des ornamenta », Cahiers du Centre G. Glotz, 11, 2000, p. 309329 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 310-312. L’étude de référence sur la question reste celle de Remy, Bernard, « Ornati et ornamenta quaestoria, praetoria et consularia sous le Haut Empire romain», Revue des Études Anciennes, 78-79, 1976-1977, p. 160198 CrossRefGoogle Scholar.

42 - Nouveau choix d’inscriptions grecques. Textes, traductions, commentaires, Paris, Les Belles Lettres, 1971, no 15.

43 - Charneux, Pierre, «Inscriptions d’Argos», Bulletin de Correspondance Hellénique, 77, 1953, p. 387403 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 400-402. Pour une tentative d’interprétation des honneurs agono-thétiques, voir Bulletin épigraphique, 1958, 233.

44 - Corpus inscriptionum graecarum (dorénavant CIG ), 1716 (= Supplementum Epigraphicum Graecum (dorénavant SEG ), 45, 1995, 491), à comparer avec Corinth, Viii, 2, 107.

45 - P. Hamon, « Le Conseil et la participation des citoyens... », art. cit., p. 123-130.

46 - Pour une liste des occurrences de ces distributions, Ferrary, Jean-Louis et Rousset, Denis, «Un lotissement de terres à Delphes au IIe siècle apr. J.-C.», Bulletin de Correspondance Hellénique, 122-1, 1998, p. 277342 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 299-301.

47 - La nature exacte de ces groupes est souvent très difficile à cerner. La Gérousie est une association liée au gymnase, mais qui ne se fonde pas uniquement sur le principe de la classe d’âge; elle peut avoir un rôle politique et semble former une sorte de « club d’élite » au sein de la cité. Voir Zimmermann, Klaus, «Les origines de la Gérousie de l’époque impériale», in Olivé, M. Mayer et Baratta, G. (dir.), Acta XII congressus inter- nationalis epigraphiae graecae et latinae. Provinciae imperii romani inscriptionibus descriptae, Barcelone, Institut d’estudis catalans, 2007, p. 15231528 Google Scholar et Giannakopoulos, Nikos, Ho thesmos tes Gerousias tôn ellenikôn poléôn kata tous Romaious chronous. Organose kai leitourgies, Thessalonique, Ekdoseis Banias, 2008 Google Scholar. Sur les sitometroumenoi, groupe de bénéficiaires de distributions de blé (sur le modèle de la plebs frumentaria romaine?) ou de liturges astreints à financer des distributions de blé, voir Balland, André, Fouilles de Xanthos, t. VII, Inscriptions d’époque impériale du Létôon , Paris, Klincksieck, 1981, p. 213221 Google Scholar et M. Wörrle, Stadt und Fest..., op. cit., p. 123-135. Les ecclesiastai sont encore plus mal connus; leur nom suggère que leurs privilèges s’exercent à l’Assemblée. Sont-ils les seuls à pouvoir y siéger, ou à avoir le droit de vote? Cela impliquerait la reconnaissance officielle d’une citoyenneté « à deux vitesses », réservant les pleins droits politiques à une partie seulement des politai. Voir H.-L. Fernoux, « L’institution populaire... », art. cit., p. 22-24.

48 - Comparer ainsi trois décrets de Syllion, en Pamphylie, en l’honneur de Ménodora et de son fils, qui ont offert plusieurs distributions sans doute proches dans le temps, avec des variations dans les montants attribués à chaque groupe comme dans la liste des groupes bénéficiaires: Inscriptiones graecae ad res romanas pertinentes (dorénavant IGR ), III, 800-802.

49 - IK, 11.1-Ephesos, 27, qui a fait l’objet d’une monographie de Rogers, Guy M., The sacred identity of Ephesos: Foundation myths of a Roman city, Londres/New York, Routledge, 1991 Google Scholar, of l’on trouve le texte grec et une traduction anglaise.

50 - Ibid., p. 25.

51 - Je me sépare ici de G. M. Rogers, The sacred identity of Ephesos. .., op. cit., p. 66, qui place les membres des tribus au sommet de la hiérarchie civique, au-dessus des bou-leutes et des gérontes, en se fondant sur le montant global attribué à chaque groupe: les 1 500 citoyens reçoivent effectivement plus, au total, que les 450 bouleutes, mais c’est la somme perçue à titre individuel qui me semble importer ici; c’est elle qui permet aux membres dela communauté de se situer symboliquement les uns par rapport aux autres. En ce sens J.-L. Ferrary et D. Rousset, « Un lotissement de terres à Delphes... », art. cit., p. 299-301.

52 - Ik, 11.1-Ephesos, 27, l. 160-164.

53 - Demougin, Ségolène, L’ordre équestre sous les Julio-Claudiens, Rome, École française de Rome, 1988, p. 777782 et 794812 Google Scholar.

54 - A. Chastagnol, Le Sénat romain à l’époque impériale..., op. cit., p. 171-174.

55 - Pour un panorama des principaux titres romains et la chronologie de leur apparition, voir Pflaum, Hans-Georg, «Titulature et rang social sous le Haut-Empire», in Recherches sur les structures sociales dans l’Antiquité classique, Paris, Éd. du CNRS, 1970, p. 159185 Google Scholar.

56 - Pour les chevaliers, voir Demougin, Ségolène, «L’ordre équestre en Asie Mineure. Histoire d’une romanisation», in Demougin, S., Devijver, H. et Raepsaet-Charlier, M.-Th. (dir.), L’ordre équestre. Histoire d’une aristocratie (IIe siècle av. J.-C.-IIIe siècle apr. J.-C.), Rome, École française de Rome, 1999, p. 579612 Google Scholar.

57 - Dion Chrysostome, Or., 48, 10, commenté par Robert, Louis, «Addenda au tome VII. Tropheus et Aristeus », Hellenica. Recueil d’épigraphie, de numismatique et d’antiquités grecques, XI-XII, 1960, p. 569576 Google Scholar.

58 - P. Gauthier, Les cités grecques et leurs bienfaiteurs..., op. cit., p. 49-53.

59 - Tel que théorisé par Veyne, Paul, Le pain et le cirque. Sociologie historique d’un pluralisme politique, Paris, Éd. du Seuil, 1976 CrossRefGoogle Scholar.

60 - Sur le dialogue instauré entre rois et cités par le biais de l’évergétisme, Ma, John, Antiochos III and the cities of Western Asia Minor, Oxford, Oxford University Press, 1999, p. 182206 Google Scholar, qui développe l’idée d’une fonction « d’attribution de rôle » du langage des décrets honorifiques.

61 - P. Gauthier, Les cités grecques et leurs bienfaiteurs..., op. cit., p. 53-66, ici p. 56.

62 - L. Robert, « Théophane de Mytilène à Constantinople », art. cit. Pour un cas similaire à l’époque d’Octave, Robert, Louis, «Inscriptions d’Aphrodisias», Antiquité Classique, 1966, p. 377432 Google Scholar (OMS, VI, p. 1-56) et Smith, Roland R. R., The monument of C. Iulius Zoilos, Mayence, Philipp von Zabern, 1993 Google Scholar.

63 - Erkelenz, Dirk, «Keine Konkurrenz zum Kaiser. Zur Verleihung der Titel Ktistes und Soter in der römischen Kaiserzeit», Scripta Classica Israelica, 21, 2002, p. 6177 Google Scholar; Pont, Anne-Valérie, «L’empereur ‘fondateur’: enquête sur les motifs de la reconnaissance civique», Revue des Études Grecques, 120, 2007, p. 526552 CrossRefGoogle Scholar.

64 - Pour quelques exemples, voir Strubbe, Johan H. M., «Gründer kleinasiatischer Städte. Fiktion und Realität», Ancient Society, 17, 1984-1986, p. 253304, ici p. 289-302CrossRefGoogle Scholar.

65 - J’espère pouvoir les prolonger au terme d’une recherche portant sur l’ensemble des titres honorifiques accordés aux notables dans les cités du Haut-Empire.

66 - Birley, Anthony R., Hadrian: The restless emperor, Londres/New York, Routledge, [1997] 2001, p. 219222 Google Scholar; IK, 27-Prusias, 3 et 47.

67 - Plutarque, , Périclès, 39, 2 Google Scholar. Ce témoignage tardif rejoint ceux, contemporains de Périclès, qui comparent le grand homme à Zeus, en général dans une intention polémique ou satirique.

68 - L. Robert, « Addenda au tome VII... », art. cit., p. 573-576, qui propose de distinguer deux emplois d’aristeus: fonction (rattachée à ariston ) et titre (égal à aristos, « qu’il officialise pour ainsi dire », et à aristopoliteutès ) – ce qui n’exclut pas de possibles glissements de sens d’un emploi à l’autre.

69 - SEG, 38, 1988, 1586; IGR, III, 495 et Iv, 1226; IK, 31-Klaudiupolis, 16. Dans ce dernier texte (une épigramme), on peut hésiter sur le sens de la périphrase « premier dans sa patrie » (prôtos en patrè ): traduit-elle une fonction (comme celle de premier archonte) ou un titre honorifique?

70 - Thucydide, , La guerre du Péloponnèse, II, 65 Google Scholar, 9 et Theopompe, FGrHist 115 F 89.

71 - Robert, Louis, «Sur une monnaie de Synnada. Tropheus », Hellenica. Recueil d’épigra-phie, de numismatique et d’antiquités grecques, VII, 1949, p. 7481 Google Scholar.

72 - Sur la rhétorique patriotique dans son ensemble, Sebillotte-Cuchet, Violaine, Libérez la patrie ! Patriotisme et politique en Grèce ancienne, Paris, Belin, 2006 Google Scholar. Sur la mobilisation du champ sémantique de la parenté, Id., « Affectif et politique: la question de l’attachement individuel à la cité», Revue des Études Anciennes, 108-1, 2006, p. 115-132, ici p. 127-131. Sur le détournement de la rhétorique patriotique au profit des chefs charismatiques, Azoulay, Vincent, Xénophon et les grâces du pouvoir. De la charis au charisme , Paris, Publications de la Sorbonne, 2004, p. 335370 Google Scholar.

73 - Robert, Louis, «Épigrammes d’Aphrodisias», Hellenica. Recueil d’épigraphie, de numismatique et d’antiquités grecques, IV, 1948, p. 127135 Google Scholar, ici p. 133.

74 - Un recensement systématique de tous ces titres a été réalisé récemment par Filippo Canali de Rossi, Filius publicus. Huios tès poleôs e titoli affini in iscrizioni greche di età imperiale. Studi sul vocabolario dell’evergesia, Rome, Herder, 2007. Le corpus ainsi fourni, très utile, reste à exploiter pour tenter de comprendre les implications exactes de ces titres, la nature des bienfaits qu’ils récompensent et les positions sociale et institutionnelle des bénéficiaires.

75 - Plus de 70 occurrences, sans compter une quinzaine de « fils du peuple », contre moins d’une dizaine de « père de la cité/du peuple ». Les équivalents féminins de ces deux titres sont beaucoup moins nombreux, mais on constate la même prépondérance du titre « fille de la cité ».

76 - Voir Robert, Louis, «Les inscriptions», in des Gagniers, J. et al., Laodicée du Lycos. Le Nymphée: campagnes 1961-1963, Québec/Paris, Les Presses de l’université Laval/E. de Boccard, 1969, p. 247389 Google Scholar, ici p. 317-319.

77 - Dion Chrysostome, Or., 31, 110.

78 - Robert, Louis, Études épigraphiques et philologiques, Paris, Champion, 1938, p. 140 Google Scholar et Id., « D’Aphrodisias à la Lycaonie», Hellenica. Recueil d’épigraphie, de numismatique et d’antiquités grecques, XIII, 1965, p. 215.

79 - Outre les deux études de référence sur le sujet, Colin, Jean, Les villes libres de l’Orient gréco-romain et l’envoi au supplice par acclamations populaires, Bruxelles/Berchem, Latomus, 1965 Google Scholar, en part. p. 109-152 et Roueche, Charlotte, «Acclamations in the later Roman Empire: New evidence from Aphrodisias», The Journal of Roman Studies, 74, 1984, p. 181199 CrossRefGoogle Scholar, on peut se reporter à deux articles récents qui envisagent les acclamations hors du cadre strictement institutionnel, Pierfrancesco Porena, «Forme di partecipazione politica cittadina e contatti con il potere imperiale», in F. Amarelli (dir.), Politica e partecipazione..., op. cit., p. 13-92 et Pont, Anne-Valérie, «Rituels civiques (apantèsis et acclamations) et gouverneurs à l’époque romaine en Asie Mineure», in Hekster, O. et Witschel, C. (dir.), Ritual dynamics and religious change in the Roman Empire, Leyde, Brill, à paraître Google Scholar.

80 - Meyer-Zwiffelhoffer, Eckhard, Politikôs archein. Zum Regierungsstil der senatorischen Statthalter in den kaiserzeitlichen griechischen Provinzen, Stuttgart, Steiner, 2002, p. 201204 Google Scholar.

81 - C. Roueche, « Acclamations in the later Roman Empire... », art. cit., p. 182-183.

82 - P. Gauthier, Les cités grecques et leurs bienfaiteurs..., op. cit., p. 50-51.

83 - Gauthier, Philippe, «Quorum et participation civique dans les démocraties grecques», in Nicolet, C. (dir.), Du pouvoir dans l’Antiquité: mots et réalités, Genève, Droz, 1990, p. 7399 Google Scholar.

84 - Il s’agit des sitometroumenoi, qui constituent un groupe privilégié au sein de la cité (voir note 47). On peut s’étonner qu’un bienfait réservé à un tel groupe suscite la ferveur populaire lors d’une séance de l’Assemblée et justifie l’octroi du titre « mère de la cité ». Mais la pierre n’est pas complète et il manque tout le début de l’inscription, qui peut très bien avoir mentionné d’autres bienfaits, profitant cette fois à l’ensemble des citoyens.

85 - Naour, Christian, «Inscriptions de Lycie», Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 24, 1977, p. 265271, no 1Google Scholar.

86 - Aristide, Or., 50, 101, commenté par A. Lewin, Assemblee popolari..., op. cit., p. 27-31.

87 - Sur les rôles respectifs des dirigeants et du peuple dans le processus législatif, H.-L. Fernoux, « L’institution populaire... », art. cit., p. 53-62 et Adolfo La Rocca, « Diritto di iniziativa e potere popolare nelle assemblee cittadine greche», in F. Amarelli (dir.), Politica e partecipazione..., op. cit., p. 93-118.

88 - Roisman, Joseph, «Speaker-audience interaction in Athens: A power struggle», in Sluiter, I. et Rosen, R. M. (dir.), Free speech in classical antiquity, Leyde/Boston, Brill, 2004, p. 261278 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 264-266.

89 - Pour un exemple (indirect) de cris hostiles à un orateur, voir Dion Chrysostome, Or., 38, 6-7, qui demande aux membres de l’Assemblée de Nicomédie de se montrer patients et de ne pas « faire de tumulte » (mè thorubèsète). Le verbe épithorubein est également employé par Aristide, Or., 50, 101, lorsqu’il décrit l’accueil (positif, cette fois) que lui fait l’Assemblée de Smyrne.

90 - Voir surtout les travaux récents sur l’empire séleucide: J. Ma, Antiochos III..., op. cit., et Capdetrey, Laurent, Le pouvoir séleucide. Territoire, administration, finances d’un royaume hellénistique (312-129 avant J.-C.), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007 CrossRefGoogle Scholar.