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Le taux de profit et les incompatibilités Marx-Keynes

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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On serait tenté de souscrire à l'affirmation de Schumpeter, à savoir que « l'abîme qui sépare Marx de Keynes est… beaucoup moins large que celui qui sépare Marx de Marshall et de Wicksell ». Mais un « abîme moins large » n'en demeure pas moins un abîme et les diverses tentatives faites jusqu'ici, à partir des deux bords, en vue d'y jeter la passerelle de 1' « Économie généralisée », ne semblent pas très réussies.

Une de ces tentatives est représentée par un exposé remarquable que l'économiste marxiste, Paul Boccara, a fait à l'École Pratique des Hautes Études à la Sorbonne, dans lequel un effort systématique a été déployé pour faire converger les deux doctrines. Bien sûr, Boccara ne met les deux doctrines en parallèle que sur un point précis, ce que Marx appelle la surproduction de capital. Nous supposons en outre qu'il admette que dans l'ensemble, et hormis ce point particulier, les deux systèmes soient fondamentalement différents et irréductibles. Mais nous croyons que même sur ce chapitre, et peut-être sur celui-là encore plus que sur certains autres, l'incompatibilité des prémisses interdit certains rapprochements et c'est ce que nous nous proposons de démontrer.

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1966

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References

page 1189 note 1. Capitalisme socialisme et démocratie, chap. X.

page 1190 note 1. Cette concomitance pouvait suffire dès lors que la « vérification historique » permettait de faire retomber la charge de la preuve sur les détracteurs éventuels. Aujourd'hui, elle ne suffit pas. La tendance n'étant plus vérifiable dans les faits, elle a cessé de bénéficier du préjugé favorable et de l'adhésion quasi-unanime d'antan. Un certain nombre d'économistes —- entre autres on peut citer E. D. Domar et A. W. Lewis — ont formellement nié la nécessité de la baisse. Beaucoup d'autres en doutent. Dans le camp marxiste Werner Hofmann est allé jusqu'à dire, dans Indengeschichte der sozialen Bewegung des 19. und 20. Jahrhunderta, que la théorie marxiste pouvait très bien se passer de cette loi. Charles Bettelheim d'autre part a présenté de ce problème une analyse entièrement neuve et originale, dont il sera question plus loin.

page 1191 note 1. Nous trouvons pour la première fois l'énoncé de cette version chez James Mill, Eléments of Political Economy, 1821.

page 1191 note 2. Le progrès technique dans l'agriculture avait été en effet gravement sous-estimé par Malthus et Ricardo.

page 1191 note 3. On pourrait néanmoins dire que cela est posé implicitement dans le passage suivant : « Théoriquement… par suite de l'augmentation de la productivité… le taux de profit pourrait rester le même… pourrait même s'élever si la hausse du taux de la plus-value allait de pair avec une diminution importante de la valeur des éléments du capital constant et en particulier du capital fixe. Mais en réalité, comme nous l'avons vu, le taux de profit, à la longue, baissera. »

page 1192 note 1. « Variations du taux de profit et accroissement de la productivité du travail », in Économie appliquée, octobre 1959.

page 1192 note 2. Some leading principles of Political Economy, London, 1874.

page 1192 note 3. Y a-t-il là un démenti de la théorie ricardienne ? Ricardo l'aurait contesté en invoquant sa lettre à Malthus : « Si avec chaque accumulation du capital nous pouvions ajouter un morceau de nouvelle terre fertile à notre île, les profits ne baisseraient jamais. » Bien sûr, les plaines de Californie, d'Argentine et d'Australie n'ont pas été transportées en Angleterre, mais elles ont été mises à son service en lui expédiant ses produits, et le résultat fut le même.

page 1193 note 1. Cette thèse est du reste exactement contraire non seulement au marxisme mais aussi aux classiques, que Keynes appelle les « pré-classiques », et elle est conforme à l'enseignement des néo-classiques, que Keynes appelle les « classiques ».

page 1193 note 2. Théorie générale, chap. I, VIe section.

page 1194 note 1. Keynes a déconcerté bien des commentateurs par la séparation rigide qu'il établit entre le court et le long terme. Ainsi Domar a pu écrire : « Par suite de cette étrange considération d'un seul attribut de l'investissement à la fois, la théorie keynésienne de court terme demeura inutilement statique, tandis que son analyse de long terme poussa Keynes vers le désert de l'état stationnaire. » Essays on tke Tkeory of Economie Growth, p. 6.

page 1194 note 2. Pourtant les grandes enquêtes récentes menées auprès des investisseurs par des Universités anglo-saxonnes, ont démontré que le taux d'intérêt ne joue pas dans leurs décisions le rôle que s'imaginait Keynes (Cf. James, E., Problèmes monétaires d'aujourd'hui, p. 86 Google Scholar).

page 1195 note 1. Cela ne signifie pas que tout revenu non consommé est capital mais que tout capital est nécessairement un revenu non consommé.

page 1197 note 1. Principles of Political Economy, Livre IV, chap. IV, § 3.

page 1199 note 1. Dans toute l'argumentation de Keynes la défalcation de la consommation intermédiaire et de l'amortissement, soit de ce qu'il appelle « le coût d'usage du capital », est sous-entendue.

page 1199 note 2. C'est l'idée qui semble se dégager de la section II du ehap. VI : « Le revenu créé par l'excès sur le coût d'usage de la valeur que le producteur obtient pour la production qu'il a vendue ; mais la totalité de sa production doit évidemment avoir été vendue soit à un consommateur soit à un autre producteur. »

page 1200 note 1. Le Capital, 3e livre, chap. XV, sect. I I I.

page 1200 note 2. Ou de services, ce qui ne change rien.

page 1203 note 1. Même dans les cas extrêmes de fuite générale devant la monnaie, comme p.e. en Allemagne après la première guerre mondiale, où la monnaie perdait sa valeur de jour en jour et d'heure en heure, il y avait bien des cas particuliers d'accaparement, mais pour ce qui concerne la production courante, les entreprises faisaient le même effort pour vendre que font toujours les entreprises capitalistes, tout en se couvrant bien entendu le plus vite possible après la vente, par des achats de matières premières, machines etc. pour un nouveau cycle de production.

page 1204 note 1. The Theory oj Capitalist Development, p. 278.

page 1206 note 1. Le Capital, Livre 3, chapitre X.

page 1206 note 2. Dans certains cas, lorsqu'il s'agit par exemple de consommation de pur prestige, non seulement il n'y a pas baisse du taux de profit mais, il n ‘y a même pas diminution du bien-être des capitalistes en tant que consommateurs. Un brillant d'un carat au prix 2 fois x donne exactement la même satisfaction et est compté dans la fortune de son possesseur à la même valeur qu'un brillant de deux carats au prix de x.

page 1208 note 1. Ainsi la taxe des pauvres en Angleterre, avant la réforme de 1834 constituait une contribution directe de la part de l'État en faveur des employeurs, le secours paroissial leur permettant d'abaisser les salaires d'un montant équivalent, en dessous de la valeur de la force de travail et d'augmenter d'autant la plus-value relative.

page 1208 note 2. Cairncross a calculé que si les États-Unis devaient effectuer maintenant, par rapport à leur revenu national, des prêts équivalents à ce que le Royaume Uni a prêté durant le XIXe siècle, il faudrait qu'ils puissent justifier avoir fait à l'étranger, en 1952, pour 600 milliards de dollars d'investissements. Et selon Straehey pour que les États- Unis investissent aujourd'hui, toujours par rapport à leur revenu national, autant que le Royaume Uni avant 1914, ils devraient investir à l'étranger quelques 30 milliards de dollars par an au lieu de 1 à 3 qu'ils investissent effectivement.

page 1209 note 1. Lénine, dans l'Impérialisme, évalue le revenu annuel du capital extérieur de l'Angleterre, vers 1900, à 90 — 100 millions de livres, ce qui correspond à peu près au taux retenu de 4 %, compte tenu de l'accumulation entre 1877 et 1900 et qui recoupe par conséquent très bien les chiffres ci-dessus. Il évalue par ailleurs le capital investi en 1902 à 62 milliards de francs, soit à £ 2 480 000 000, ce qui cadre absolument avec la série à intérêts composés supposée ci-dessus.

page 1210 note 1. The Terms of Trade, London, 1956.

page 1210 note 2. The Export of Capital, London, 1914.

page 1210 note 3. Cf. FEIS, Europe, the World's Banker 1870-1914, Yale, 1930.