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Les milieux du commerce, l'esprit de système et le pouvoir à la veille de la Révolution*

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Jean-Pierre Hirsch*
Affiliation:
Université de Lille III

Extract

Ici c'est une liberté absolue qui peut quelque fois être nécessaire (au commerce) ; là c'est une gêne momentanée qui peut lui être utile. (” Mémoire au roi pour le commerce de la ville de Paris», octobre 1788).

En 1759 Turgot, exaltant en Vincent de Gournay la nouvelle science des négociants, consacrait de longs développements à l'esprit de système : « Ce nom d'hommes à systèmes, écrivait-il, est devenu une espèce d'arme dans la bouche de toutes les personnes prévenues ou intéressées à maintenir quelques abus contre tous ceux qui proposent des changements dans quelque ordre que ce soit. »

Type
Pratiques Économiques et Groupes Sociaux
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1975

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Footnotes

*

Cet article n'aurait pu être écrit sans le soutien et l'amitié de Jean Bouvier, Pierre Deyon, Régine Robin, Gérard et Michel Simon. Il doit beaucoup aussi à l'invention du téléphone et à la possibilité qu'il m'a donnée de débattre, quotidiennement parfois, avec Gérard Gayot

References

Notes

1. Turgot, « Éloge de Gournay », Écrits économiques, Paris, Calmann-Lévy, 1970, p. 101.

2. Il est constitué par la combinaison des A.D. de la Loire Atlantique C 848 ; A.D. Nord C 1297 ; A.D. Paris Dl B6 (1) et Archives de la Chambre de Commerce de Dunkerque, P.V. des délibérations, vol. LXIX, en ce qui concerne les requêtes. La correspondance utilisée est connue par les mêmes cotes et en outre par les A.D. Gironde C 4259 et 4266 ; A.D. Loire Atlantique C 626 (1). En l'absence d'autre indication, les textes cités sont empruntés à ces sources.

3. L'article de J. Letaconnoux qui porte ce titre (Annales Révolutionnaires, 1913) aborde le débat qui nous intéresse, de même que la communication de J. Tarrade : « Le groupe de pression du Commerce à la fin de l'Ancien Régime », Bulletin de la Société d'Histoire Moderne, supplt au n° 2 de 1970 de la R.H.M.C.

4. Précisons une fois pour toutes que sous ce terme nous désignons, à l'exemple des auteurs de nos textes, l'ensemble constitué par notre « commerce » — petit ou grand, intérieur ou maritime — et par les manufactures et fabriques. Quant aux termes de « négociant », « marchand », « commerçant » nous les avons — comme les textes — utilisés assez librement comme des équivalents approximatifs. La seule spécialisation marquée — sinon constante — est celle de « négociant » qui désigne le plus souvent un membre de la catégorie supérieure du commerce en gros et à longue distance.

5. Une lettre de Villedeuil à la Chambre du 24 mai 1787 indique que, dans cet exemple comme dans un grand nombre d'autres, l'élection n'était pas fictive : le contrôleur général intervient pour ratifier le choix de l'électorat (A.D. Nord C 1212). Sur ce point, cf. Almanach du Commerce, des Arts et Métiers des villes de Lille, Douai, et Dunkerque, Lille, 1786 à 1789, et J.-P. Hirsch, «Honneur et liberté du commerce», dans la Revue du Nord, oct.-déc. 1973.

6. A.D. Nord Ms 255 ; A.D. Gironde C 4259 ; A.D. Loire AU. C 585 et 848.

7. La question, à vrai dire, a très rarement été abordée pour elle-même. A part les deux Histoire économique et sociale de la France par Henri Sée, t. I, 1939 et, plus récemment F. Braudel. et E. Labrousse et collaborateurs, t. II, Puf, 1970, des ouvrages anciens, mais dont les conclusions restent largement admises : M. Lhéritier, Histoire des rapports de la Chambre de Commerce de Guyenne avec les Intendants, le Parlement et les Jurats, de 1705 à 1791, Bordeaux 1913 ; R. Picard, Les Cahiers de 1789 au point de vue industriel et commercial, Paris, 1910, et les premiers ouvrages d'H. Sée.

8. Préface à M. Lhéritier, op. cit.

9. Sur la notion de « Révolution bourgeoise ». cf. A. Casanova, Cl. Mazauric, R. Robin, « La Révolution française a-t-elle eu lieu?», La Nouvelle Critique, avril, 1972.

10. Précisons tout de suite que si nous nous sommes inspirés de la méthode démontrée en particulier par J. Dubois et l'équipe du Centre Lexicologique de St-Cloud, nous n'y avons cherché qu'un moyen d'affiner l'analyse, de vérifier des hypothèses par une série de convergences approchées. Deux raisons principales nous interdisent d'exagérer la rigueur du procédé : en dépit du cadre commun (le débat sur la représentation du commerce) et de l'identité constante du destinataire (le roi, son conseil, ses ministres), la diversité des auteurs des requêtes ne nous permet pas de considérer que nous ayons affaire à un « corpus » complètement homogène, et de porter en toute rigueur une appréciation d'ensemble sur le vocabulaire des cinquante-six requêtes. Aussi bien notre objet n'est-il pas le matériau linguistique lui-même, le vocaculaire, mais, à travers le lexique, l'idéologie des négociants de France. La méthode du « champ lexématique » s'interdit très justement d'aboutir par ses seules forces à des conclusions d'ordre idéologique. Nous n'avons donc recouru à une méthode qui s'en inspire que pour appuyer des analyses développées dans plusieurs autres directions : à la recherche de la cohérence interne du discours, nous avons ajouté l'appui sur des écrits d'intention théorique plus affirmée, la mise en relation avec le comportement des négociants dans le débat en cours, et avec leur pratique quotidienne… Sur cette méthode cf. en dernier lieu R. Robin, Histoire et Linguistique, Paris, A. Colin, 1973, pp. 139 et suiv.

11. Pour une qualification laudative (” système réfléchi ») et 2 emplois affectivement neutres, nous avons trouvé 13 qualifications péjoratives. Données qui portent sur un total d'occurrences relativement faible (15 dans 11 requêtes) mais que confirmerait et accentuerait l'étude des équivalents (” spéculations », «théorie », « imagination » […] etc.).

12. […] Richesse des Nations, Livre IV.

13. Buffon, Hist. Nat. Ois., cité dans Robert, article « Nature ».

14. Ehrard, J., L'idée de Nature en France dans la première moitié du XVIIIe siècle, Paris, Sevpen, 1963 Google Scholar, Conclusion.

15. Cf. supra citation de la requête de Chalon-sur-Saône.

16. Barnave, Introduction à la Révolution française, éd. Rude, p. 9.

17. Dupont De Nemours, Lettre à la Chambre de Commerce de Normandie sur le mémoire qu'elle a publié relativement au traité de commerce entre la France et l'Angleterre, Paris-Rouen, 1788.

18. A Amiens, la crise des manufactures semble aussi durement ressentie qu'à Rouen ; Lille, capitale d'une province « réputée étrangère », incrimine moins le traité que les barrières intérieures.

19. Histoire du système des finances sous la minorité de Louis XV, La Haye, 1739.

20. Durand, Y., Les Fermiers Généraux au XVIIIe siècle, Paris, Puf, 1971, pp. 48 Google Scholar et 648 ; G. Chaussinand-Nogaret, Gens de finance au XVIIIe siècle, Paris, Bordas, 1972.

21. Y. Durand, op. cit., p. 120.

22. Quesnay, article « Grains » de l'Encyclopédie (1757), repris après le Tableau économique des physiocrates, Paris, Calmann-Lévy, 1969, p. 175.

23. Quesnay, « Cinquième Observation » à la suite de « L'Analyse de la Formule arithmétique du Tableau économique » (1766), ibid., pp. 66-67.

24. Quesnay, Dial. Comm., cité par Weulersse, G., Le mouvement physiocratique en France de 1756 à 1770, Paris-La Haye, 1968, t. I, p. 309.Google Scholar

25. Turgot, op. cit., pp. 102-103.

26. Cité dans Lacour-Gayet, J., Histoire du commerce, t. IV, Paris, 1951, p. 277.Google Scholar

27. Grivel est, dès février 1770, l'auteur d'un mémoire pour la liberté du commerce des denrées. Cf. Weulersse, t. I, p. 223.

28. Commerce, Encyclopédie Méthodique : Économie politique et diplomatique, t. I, Paris- Liège, 1784.

29. Dupont De Nemours, op. cit.

30. Aux premières traductions (La Haye, 1778-1779, par l'abbé Blavet 1781 et 1788), il faut ajouter par exemple les nombreux articles de l'Encyclopédie Méthodique : Économie politique et diplomatique dans lesquels Démeunier, sans le citer ou ne s'en réclamant que sur des détails, se contente de traduire des passages entiers de l'ouvrage de Smith : ainsi l'article « Gratifications » reprend-il presque complètement le chapitre V du Livre IV : « Des primes et de la législation des Grains »…

31. Cité par H. Denis, Histoire de la pensée économique, Paris, Puf, 1966, p. 209.

32. A. Smith, Recherches […], t. II, Livre II, chap. v, éd. Guillaumin, 1859, p. 116. Sur ce point Marx, cf. K., Histoire des doctrines économiques, t. I, pp. 76 Google Scholar et suiv.

33. A.D. Gironde C4266. et cf. Brutails, Introduction à l'inventaire des archives de la Chambre de Commerce de Guyenne, 1893.

34. Lettres de l'abbé Morellet à Lord Shelburne.

35. Mémoire de la Chambre de Commerce de Picardie.

36. Propos de Necker au Conseil rapportés par le Corps des marchands de Strasbourg dans sa lettre à la Chambre de Commerce de Lille du 19 novembre 1788, A.D. Nord C 1297.

37. On trouve dans la plupart des requêtes l'équivalent de ces formules qui émanent des Strasbourgeois et des Six Corps. Cf. par exemple les textes d'Angers, Arles, Auxerre, Brioude, Montauban, Nancy […] etc.

38. Cf. supra, p. 15. C'est nous qui soulignons.

39. Mémoire de la Chambre de Commerce de Montpellier.

40. Mercier De La Rivière, L'ordre naturel et essentiel des sociétés politiques, 1767, p. 574. Cité dans Weulersse, op. cit., I, p. 306.

41. Le parfait négociant, Livre I, chap. I: « De la nécessité et utilité du commerce ».

42. Cf. par exemple, Richesses des Nations, Livre III, chap. V ; « cependant le capital acquis à un pays par le commerce et les manufactures n'est toujours pour lui qu'une possession très précaire et très incertaine tant qu'il n'y en a pas quelque partie d'assurée et de réalisée dans la culture et l'amélioration de ses terres ».

43. Graslin, Essai analytique sur la richesse et sur l'impôt, 1767, où on lit par exemple : « La richesse consiste dans tous les objets de besoin qui ont entre eux des valeurs relatives ». On connaît mieux les analyses de Condillac, Le Commerce et le Gouvernement, 177'6.

44. Formule du mémoire de la juridiction consulaire de Niort.

45. Boesnier de I'orme, « Du rétablissement de l'impôt dans son ordre naturel, 1769, cité dans Weulersse, op. cit., I, p. 309.

46. J. Ehrard, op. cit., p. 425.

47. Turgot, Éloge de Gournay, éd. citée p. 101.

48. Quesnay, « Maximes de gouvernement économique » qui terminent l'article « Grains », édition citée p. 201 ; Journal de l'Agriculture, 1770, n° 12, cité dans Weulersse, op. cit., p. 308.

49. Histoire économique et sociale de la France, t. II, p. 164.

50. Nous ne pouvons, dans les limites de cet article, dresser un véritable classement des soixante places engagées dans le débat. Ni l'état des travaux sur le commerce français, ni les nuances des discours de 1788 n'autorisent une telle typologie. Nous pourrions seulement, dans un autre cadre, distinguer diverses attitudes dans le débat sur la représentation particulière aux États Généraux.

51. Léon et Carrière, op. cit., p. 165.

52. Par exemple les travaux de Ch. Carrière, P. Dardel, L. Dermigny, J. Meyer. Nous regrettons beaucoup de n'avoir pu utiliser avant l'achèvement de cet article, la thèse de Ch. Carrière, alors en cours de publications à l'Institut Historique de Provence, Négociants marseillais au XVIIIe siècle ; ce qui explique le peu de références faites ici à la situation du commerce marseillais.

53. Cf. R. Richard, « Le financement des armements maritimes du Havre au XVIIIe siècle », R.H.E.S.,1969.

54. Meyer, J., L'armement nantais dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Paris, Sevpen, 1969, p. 244.Google Scholar

55. Ibid., p. 245.

56. Ajoutons que l'achat de travail par le capital initial des armateurs n'apparaît pas clairement : les avances aux équipages ne représentant qu'une part infime de la « mise-hors » (1 % à 2 %). C'est au moment du désarmement que le paiement de l'équipage contraint bien souvent à emprunter, ibid.

57. Ibid., p. 248.

58. Labrousse, E., La crise de l'économie française à la fin de l'Ancien Régime et au début de la Révolution, Paris, 1944, p. XLII.Google Scholar

59. Chaussinand-Nogaret, G., Gens de finances au XVIIIe siècle, Paris, Bordas Université, 1972.Google Scholar

60. Cf. Y. Durand, op. cit., pp. 48 et 642.

61. Il apparaît que la fonction bancaire n'est guère exercée par les commerçants hors de Paris et des plus grands ports. Elle a même, selon M. Garden pratiquement disparu à Lyon. Dans la plupart des places intérieures, la « Banque de la Capitale » est donc tout autant étrangère au milieu que la Finance.

62. Cf. mémoires de Chalon-sur-Saône et Châlons.

63. Lefebvre, G., Études Orléanaises, t. I, ch. II, Paris, 1962.Google Scholar

64. J. Meyer, op. cit., pp. 113-114.

65. Cf. le titre IV de l'Ordonnance de 1673 ; le titre m du projet de Code de 1779 dit « Miromesnil ». Sur ce point H. Lévy-Brûhl, Histoire juridique des sociétés de commerce en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1938 ; Un projet de Code de commerce à la veille de la Révolution : le projet Miromesnil, Paris, 1932.

66. Lettre de février 1785 citée par P. Léon, Les Dolle et les Raby, Paris, Les Belles Lettres, 1963, p. 50.

67. Les réclamations en ce sens sont nombreuses dans notre dossier et s'assortissent de propos très menaçants contre les banqueroutiers. Marion semble commettre un contresens lorsqu'il attribue à la juridiction consulaire « une excessive indulgence » et laisse entendre qu'elle connaît toujours, en 1789, des faillites et banqueroutes. Cf. article « Banqueroute », Dictionnaire des institutions de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles.

68. L. Bergeron, « A propos des biens nationaux : la signification économique du placement immobilier», Annales E.S.C., mars-avril 1971 ; voir aussi «L'Épisode napoléonien», Nouvelle Histoire de la France contemporaine, Paris, Éditions du Seuil, 1972, pp. 167 et 172.

69. Entre bien d'autres exemples : « les vues dangereuses de Financiers ou de Capitalistes avides » (Amiens) ; « les Financiers, dont l'opulence et le crédit présentaient dans les temps malheureux des secours passagers qu'ils ont vendus si chèrement à la Patrie… » (Brioude) etc.

70. P. Gonnet, « La hiérarchie des fortunes des notables urbains à Dijon de la fin de l'Ancien Régime à la Restauration », cité dans Bergeron, op. cit., p. 172.

71. Cf. P. Léon dans Braudel-Labrousse, op. cit., pp. 632-635. Dans les grands ports, on sait la fortune foncière d'un Gradis à Bordeaux, possesseur à sa mort de cinq seigneuries. Le cas de Nantes est plus difficile : les inventaires après décès ne portent généralement, en Bretagne, que sur les biens mobiliers. Cf. Meyer, op. cit., p. 179. Telle succession — celle de Bertrand de Cœuvres — qui révèle un très fort revenu d'origine immobilière (ibid., p. 198) date malheureusement de l'an VI. Qu'en était-il avant la vente des biens nationaux ?

72. « Aperçu historique sur le capital marchand », Le Capital, Livre III, 4e section, chap. XX, Paris, Éditions Sociales, 1957.

73. Op. cit., p. 55.

74. G. Lefebvre, op. cit.

75. Le Capital, loc. cit., p. 342. Pour une théorie de ces formes transitoires, cf. R. Robin, « La nature de l'État à la fin de l'Ancien Régime », Dialectiques, nos 1-2.

76. Young, A., Voyages en France en 1787, 1788 et 1789, trad. Sée, t. II, Paris,Google Scholar A. Colin, . 1931, p. 915. Young admet « le fait que l'agriculture, dans les Indes occidentales, donne du profit et qu'en France elle n'en donne pas ». C'est l'argument qu'on lui a présenté dans « des conversations sur cette question au Havre, à Nantes, à Bordeaux et Marseille », id., p. 916. Nous pouvons y voir, au plus, l'opinion des négociants des grands ports, non celle de grands fermiers du Bassin Parisien, des ducs de la Rochefoucauld — Liaucourt ou d'Aiguillon.

77. Souligné par nous.

78. Pour l'intelligence de ce développement nécessairement allusif, cf. le débat sur la représentation particulière du commerce, évoqué dans Letaconnoux et Tarrade, op. cit. (la formule est de ce dernier) et notre travail inédit.

79. G. Chaussinand-Nogaret écrit même que ceux-ci « sont seuls à la barre […] pour engager le royaume dans la voie de l'industrialisation ».

80. P. Barral, Les Périer dans l'Isère au XIVe siècle […] Paris, 1964.

81. Costa de Beauregard, H., Commerce et convictions, Firmin Didot Google Scholar et Cie, 1964. Cf. également les travaux en cours de Gérard Gayot sur la manufacture sedanaise.

82. P. Deyon, op. cit., p. 71.

83. La formule est de G. Lemarchand dans son article, « Sur la société française en 1789 », R.H.M.C.,janvier-mars 1972. Cf. E. Labrousse, op. cit., A. Soboul, La civilisation et la Révolution française (en particulier la conclusion de l'ouvrage) ; cf. également sur ce point : Cl. Mazaoric, Sur la Révolution Française, «Avertissement», pp. 14-15.

84. De Tocqueville, A., L'Ancien Régime et la Révolution, I, III,Google Scholar chap. IV : « Que le règne de Louis XVI a été l'époque la plus prospère de l'ancienne monarchie, et comment cette prospérité même hâta la Révolution », vol. I, Gallimard, Édition J.-P. Mayer, 1952, p. 225.

85. Sur la « caisse de Poissy » cf. par exemple Encyclopédie Méthodique, « Finances », t. I, 1784, article qui porte ce titre pp. 158-164 : cet « établissement fait dans la vue de faciliter l'approvisionnement de Paris en bestiaux et d'assurer le prompt paiement de ceux qui en font commerce » date de 1743. Les vendeurs de bestiaux « à pied fourché » étaient en effet payés comptant par la Caisse qu'alimentait un droit d'un sol pour livre du prix des bêtes vendues (droit bientôt affermé). La caisse supprimée par Turgot en 1776 aux applaudissements des « Ephémérides » fut rétablie en 1779 ; la nouvelle organisation était en principe plus contraignante et moins avantageuse pour les fermiers adjudicataires.

86. Foulon, Cf. A., Étude sur la représentation légale du commerce en France, Nantes, 1876.Google Scholar P. Léon, op. cit., pp. 638-641.

87. H. Costa De Beauregard, op. cit., pp. 15 et 47.

88. J. Meyer, op. cit., pp. 242-243.

89. Formule du mémoire de la J.C. de Chartres.

90. A côté d'« éclairer », « exposer », « représenter », « parler », « traiter », « présenter », « indiquer », quelques occurrences de « discuter », « coopérer », « concourir », « travailler ».

91. On peut ici noter à nouveau l'audace particulière du groupe marchand - manufacturier.

92. Cette conclusion est pleinement confirmée par l'étude des historiques, très abondants dans nos mémoires : l'initiative politique, en particulier la volonté de Colbert ou de Louis XIV jouent le plus souvent un rôle décisif dans le développement du commerce, tel que nos auteurs l'envisagent.

93. P. Léon, op. cit., p. 648.

94. Les occurrences des deux familles atteignent exactement le même nombre (44 dans 28 requêtes). L'important est surtout qu'on retrouve dans les deux champs les mêmes associations, les mêmes oppositions, et, dans une certaine mesure, le même réseau verbal. Une différence intéressante se marque dans l'emploi des temps et des modes : « liberté » a une dimension historique beaucoup plus marquée ; la répartition des emplois de « protection » est beaucoup plus équilibrée entre présent, passé, futur…

95. P. Valéry, Regards sur le monde actuel.

96. « La dérogeance ne fut plus une peine attachée au Négoce et le Noble ne craignit plus de se déshonorer en recherchant dans cette profession l'honneur d'être utile à la Patrie ». Cf. sur ce point G. Richard dans I.H.,1958, pp. 185-190, et R.H.E.S.,1962, pp. 484-523.

97. A.D. Loire Atlantique C 585 et (développé davantage) C 848. Ce texte a été élaboré pour être présenté à l'Assemblée du tiers de la ville par une commission qui comprenait des juges et consuls, les 14 élus de la « généralité du commerce » — assemblée tenue la veille où l'on a relevé 623 présents — et 11 négociants élus également députés « à la ville » par d'autres corps.

98. Meyer, op. cit. La revendication du négoce nantais rencontre celle d'un assez grand nombre de cahiers de la noblesse : cf. la noblesse de Troyes par exemple : « Que le droit de franc-fief, qui empêche de vendre un grand nombre de terres, soit aboli, le gouvernement étant intéressé à faciliter les acquisitions foncières dans le royaume », cité dans Marion, op. cit., p. 244. Derrière cette rencontre se profile assez clairement le développement d'un capitalisme agricole dont on ne saurait exagérer l'importance économique et politique.

99. Réflexions sur la nécessité d'inclure l'étude du commerce dans celle de la politique, 1755. Sur Forbonnais, cf. Ch. Morrisson, « La place de Forbonnais dans la pensée économique » dans Questions financières aux XVIIIe et xixe siècles, Paris, Puf, 1967.

100. Necker, « Éloge de Colbert », 1773 dans Œuvres complètes, éd. de 1821, t. XV, pp. 35 et 41 ; « Du pouvoir exécutif dans les grands États », 1792 s.l., t. I, chap. I et XVII. Le travail récent d'H. Grange, Les idées de Necker, Atelier d'impression des thèses de l'Université de Lille III, 1971, souligne la cohérence d'une pensée dont la défaveur prolongée vaudrait d'être étudiée.

101. Lettre du 31 juillet 1788.

102. Cet hendiadys dans le mémoire de Châlons. A rapprocher de cette définition de la politique qu'on trouve dans les Réflexions de Forbonnais : les « combinaisons formées pour faire réussir avantageusement les projets d'un État au dehors ».

103. Qui se retrouve dans la réponse des commerçants de Grenoble aux confrères qui les avaient invités à se joindre au mouvement. Les thèmes de l'égalité civile se retrouvent aussi — beaucoup plus timidement — à Toulouse sans pourtant que les négociants de cette place renoncent à demander une représentation particulière.

104. Cf. Engels, Anti-Dühring, Éditions sociales, p. 210. Cf. aussi sur ces problèmes l'article cité de R. Robin.

105. Say, J.-B., Traité d'Économie Politique, Calmann-Lévy, 1972. « Discours préliminaire », pp. 14-15.Google Scholar