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L'essor de la Catalogne : identité, pouvoir et idéologie dans une société du XIIe siècle

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Thomas N. Bisson*
Affiliation:
University of California Berkeley

Extract

L'étude de la Catalogne médiévale a été déviée dans deux directions. D'une part, répondant à des besoins politiques modernes, l'insistance sur l'identité historique et patriotique a concentré l'attention des érudits sur les origines de l'autonomie nationale aux IXe et Xe siècles, sur le prestige du leadership méditerranéen et sur les libertés politiques au Bas Moyen Age. D'autre part, l'union dynastique avec l'Aragon, et les prémices d'une expansion transpyrénéenne, phénomène du double règne, ont détourné l'intérêt pour l'expérience catalane elle-même au XIIe siècle, bien que cette période ait été décisive pour son développement. Ces deux tendances peuvent se confondre car, si certains historiens catalans ont insisté sur engrandiment occitànic ou « l'unité pyrénéenne » comme thème principal de la fin du xiie siècle, c'est sans doute pour des raisons politiques (ou nostalgiques).

Summary

Summary

Although Catalonia has often been described as having originated in the ninth century, the achievement of a proto-national identity in that country was an event of the twelfth century. It was connected with the dynastic acquisitions and conquests of Counts Ramon Berenguer III (c. 1093-1131) and Ramon Berenguer IV (1131-1162). They not only created a new frontier at the expense of the Moors, but also forged the ties with Provence and Aragon which obligead the monastic custodians of old comital tradition to reconceive their past in terms of the primacy of Barcelona. Expressed in the Deeds of the Counts of Barcelona, this ideology bears traces of anti- Capetian sentiment. The cohesion of those henceforth called “Catalans”, no longer merely matters of language and external perception, was greatly reinforced in the reign of Alfons I (1162-1196), when for the first time institutions of justice and finance were imposed in an aggregate of eounties called “Catalonia”.

Type
L'Idéologie Royale
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1984

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References

notes

* J'exprime ma profonde gratitude au professeur A. M. Mundô, bien qu'il ne porte aucune responsabilité sur les avis exprimés dans cet article. Avec la même réserve, je tiens à remercier les professeurs J. H. Elliott, Bernard Guenée, et E. F. Irschick.

Liste des abréviations : ACA : Arxiu de la Corona d'Aragô, Barcelone ; CC : Catalunya carolingia, éd. Ramon D'Abadal I De Vinyals, Barcelone : Institut d'Estudis Catalans, Memôries de la Secciô histôrico-arqueolôgica, 1926-1955, 2 vols en quatre parties ; DI : Colecciôn de documentas inéditos del Archivo General de la Corona de Aragon, éd. Prôspero de Bofarull Y Mascarô et autres, 42 vols, Barcelone : 1847-1973 ; Eemca : Estudios de Edad Media de la Corona de Aragon, 10 vols, Saragosse, 1945-1975 ; ES : Espana sagrada…, éd. Henrique Florez et al., 58 vols, Madrid, 1747-1918 ; FAC : Fiscal Accounts of Catalonia under the Early Count-Kings (1151-1213), éd. T. N. Bisson, 2 vols, Berkeley-Los Angeles, 1984 ; Gcb : première version (ou sa suite) de l'ouvrage cité p. 459 et note 27 ; LFM : Liber feudorum maior. Cartulario real que se conserva en el Archivo de la Corona de Aragon, éd. Francisco Miquel Rosell, 2 vols, Barcelone, 1945-1947 ; VL : Jaime et Villanueva, Joaquin Lorenzo, Viage literario a las iglesias de Espana, 22 vols, Madrid, 1806-1902.Google Scholar

1. Voir Soldevila, Ferran, Histôria de Catalunya, Barcelone, 1934-1935Google Scholar ; 2e éd., 1962-1963 ; et Ventura, Jordi, Alfons ‘el Cast', elprimer comte-rei, Barcelone, 1961.Google Scholar Pour souligner les origines « nationales », voir Calmette, Joseph, Études médiévales, Toulouse, 1946, pp. 142155 Google Scholar, et Mares, J. M. Salrach I, El procès de formaciô nacional de Catalunya (segles VIII-IX), 2 vols, Barcelone, 1978.Google Scholar Voir aussi d'olwer, Lluis Nicolau, L'expansiô de Catalunya en la Mediterrdnia oriental, Barcelone, 1926 Google Scholar ; 3e éd., 1974 ; et Inglada, José Coroleu E et Forgas, José Pella Y, Las cortes catalanas, Barcelone, 1876.Google Scholar E. H. Spicer, « Persistent cultural Systems… », Science, CLXXIV, 1971, p. 798 suggère que le [moderne] « Catalan System emphasizes… certain social and political institutions that hâve become symbolic of the particular kind of opposition which has characterized Catalans and Castilians ».

2. La principale exception concerne les villes, grâce aux ouvrages de rius, J. M. Font, Origenes del régimen municipal de Cataluna, Madrid, 1946 Google Scholar ; Cartas de poblaciôn y franquicia de Cataluna, 1 vol. en deux parties, Madrid-Barcelone, 1969. L'ouvrage le plus stimulant sur les problèmes plus généraux d'interprétation posés par cette étude est peut-être celui de Vilar, Pierre, La Catalogne dans l'Espagne moderne. Recherches sur les fondements économiques des structures nationales, 3 vols, Paris, 1962, I, pp. 131197.Google Scholar Voir également, Jaime Vicens Vives et Jorge Nadal Oller, An Economie History of Spain, traduit par F. M. Lôpez-Morillas, Princeton, 1969, parties 2 et 3, (je songe également aux importants ouvrages de Ch.-E. Dufourcq, Carme Batlle I Gallart, Claude Carrere et Mario Del Treppo sur l'économie du Bas Moyen Age) ; voir également Bonnassie, Pierre, La Catalogne du milieu du Xe à la fin du XIe siècle : croissance et mutations d'une société, 2 vols, Toulouse, 1975-1976.Google Scholar

3. Cf. vidal, Santiago Sobreques, Els grans comtes de Barcelona, Barcelone, 1961 Google Scholar ; P. Bonnassie, La Catalogne, II, particulièrement chap. 13-15 ; J. M. Salrach, Formaciô nacional, II ; Michel Zimmermann, « Aux origines de la Catalogne. Géographie politique et affirmation nationale », Le Moyen Age, LXXXIX, 1983, pp. 5-40. Sur la nation et l'État, cf. Bernard Guenée, « État et nation en France au Moyen Age », Revue historique, CCXXXVII, 1967, pp. 17-30.

4. Margarit, A. M. Badia I, La formaciô de la llengua catalana. Assaig d'interpretaciô histôrica, Barcelone, 1981 Google Scholar, et le compte rendu par Joan Bastardas, Serra d'Or, mai 1982, pp. 35-36.

5. P. Bonnassie, La Catalogne, II, chap. 9-15 ; cf. son « Du Rhône à la Galice : genèse et modalités du régime féodal », dans Structures féodales et féodalisme dans l'Occident méditerranéen (Xe-XIIIe siècles)…, Rome, Collection de l'École Française de Rome, 44, 1980, pp. 17-55 ; Mundô, A. M., « Monastic Movements in the East Pyrénées », dans Cluniac Monasticism in the CentralMiddle Age, Hunt, Noreen éd., Londres, 1971, pp. 98122.Google Scholar Pour les premières allusions aux catalan-i (-enses), Catalania, etc., cf. Liber Maiolichinus de gestis Pisanorum illustribus, Carlo Calisse éd., Rome 1904, lignes 249, 565, 766, 786, 1148, 1180, 1406, 1735, 1949, 2110, 2580, 2864, 3073, 3272 ; LFM, II, n° 832 (à dater de 1107) ; cf. martorell, Federico Udina, « Cataluna y su corônimo, asi como el étnico “ Catalan ”, aparecen en el siglo XI », EEMCA, VII, 1962, pp. 549577 Google Scholar ; P. Bonnassie, La Catalogne, t. II, p. 804, note 47.

6. J. Calmette, Études médiévales, p. 151.

7. Vinvals, Ramon D'Abadal I De, Els primers comtes catalans, 2e éd., Barcelone, 1965 Google Scholar ; J. M. Salrach, Formaciô nacional, II ; Michel Zimmermann, « Origines et formation d'un État catalan (801-1137) », dans Histoire de la Catalogne, Joaquim Nadal Farreras et Philippe WoLfféds, Toulouse, 1982, pp. 237-255.

8. « Souveraineté » est un terme trop fort. Les premières chronologies des rois suggèrent une fidélité presque constante aux rois francs : cf. Michel Zimmermann, « La prise de Barcelone par Al-Mansûr et la naissance de l'historiographie catalane », dans L'historiographie en Occident du Ve au XVe siècle…, Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, LXXXVII, 1980, pp. 191-218 (aux pages 202-203) ; et pour une chronologie remaniée au XIIe siècle, ACA, MS Sant Cugat 63, fol. 232v ( martorell, Federico Udina éd., El archivo condal de Barcelona en los siglos IX y X…, Barcelone, 1951, p. 53 Google Scholar).

9. M. Zimmermann, « Aux origines de la Catalogne », pp. 22-24.

10. Sobrequés Vidal, Els grans comtes, chap. 3-5 ; P. Bonnassie, La Catalogne, II, chap. 13-16 ; LiberMaiolichinus, cité note 5.

11. LFM, I,n°493.

12. Histoire de la Catalogne, pp. 267-270.

13. P. Bonnassie, La Catalogne, II, p. 870.

14. FAC, II, nc 1K, 55. Cette allégation était moins naïve qu'il ne paraît car, en l'absence du prince, d'autres individus imposaient certainement les villageois. Voir également I, pp. 71-75.

15. Sur ce point, je ne suis pas pleinement d'accord avec l'opinion de Bonnassie (La Catalogne, II, pp. 705-711). J'observe, cependant, qu'il parle avec réserve de « l'état féodal » comme d'une métaphore et non comme d'une thèse.

16. Il n'y a pas d'étude complète sur ce règne. Pour des aperçus documentés, voir Schramm, P. E., dans Bagué, Enric, Cabestany, J. F. et Schramm, P. E., Els primers comtesreis. Ramon Berenger IV, Alfons el Cast, Père el Catdlic, Barcelone, 1960 Google Scholar, chap. 1 ; F. Soldevila, Historia de Catalunya, 2e éd., chap. 7 et 8. Sur le censier de 1151, FAC, II, n° 1 ; I, pp. 25-49. Les chartes de Raimond Béranger IV ne sont pas rassemblées, mais beaucoup sont éditées dans DI, IV.

17. Voir Alentorn, surtout Miquel Coll I, « La historiografia de Catalunya en el période primitiu », Estudis Romànics, III, 1951-1952, pp. 139196.Google Scholar Également, M. Zimmermann, « La prise de Barcelone », et André Wilmart, « La composition de la petite chronique de Marseille jusqu'au début du xme siècle (Regin. Lat. 123) », Revue bénédictine, XLV, 1933, pp. 142-159. Sur Ripoll, cf. D'Abadal, Ramon, « La fundaciô del monestir de Ripoll », Analecta Montserratensia, IX, 1962, pp. 2549 Google Scholar (réédité dans Dels visigots als catalans, Jaume Sobrequés I Callicô éd., 2 vols, Barcelone, 1969-1970,1, pp. 485-494), et L'abat Oliba, bisbede Vie, i la seva època, Barcelone, 3e éd., 1962.

18. « Chronicon alterum Rivipullense », VL, V, pp. 244-246 ; « Chronique de Marseille », Wilmart éd., « La composition », p. 149 ; « Alterum chronicon Rotense », VL, XV, pp. 333- 335 ; « Chronicon Dertusense II », VL, V, pp. 236-238 ; « El cronicô de Sant Cugat », Miquel Coll I Alentorn éd., Analecta Montserratensia, IX, 1962, p. 257.

19. Inclus dans « Memoria renovata comitum et episcoporum Ripacurcensium », Ramon D'Abadal éd., CC, III1 p. 26.

20. « El cronicô de Skokloster », Michel Coll I Alentorn éd., Miscellània histôrica catalana (Homenatge al Pare Jaume Finestres, historiador de Poblet [H769]), Poblet : Scriptorium Populeti 3, 1970, p. 146.

21. « Memoria renovata », op. cit., R. D'Abadal éd., pp. 24-26 ; « El cronicô de Sant Cugat », Coll I Alentorn éd., p. 257.

22. « Memoria renovata », pp. 24-26. Pour le titre (cité intégralement dans la note 19), voir M. Coll I Alentorn, « La historiografia », p. 176 ; pour les circonstances, ibid., p. 173-179 ; Taberner, Ferran Valls I, dans « Els comtats de Pallars i Ribagorça a partir del segle XI », dans Obras selectas de Fernando Valls-Taberner, 4 vols, Barcelone, 1952-1961, IV, pp. 125205 Google Scholar ; Abadal, CC, III1.

23. Abadal éd., CC, III \ pp. 17-21.

24. VL, XV, p. 173 : …Tracta cadunt septies (septa) gentilium / solidantur signa fidelium / per te Chômes Barchinonensium. / Idem Princeps Aragonensium / Dux Tortosae, Rex Illerdensium / penetrasti regale solium. / Psallat Deo celi milicia… Fait-on allusion ici à l'idée d'une nouvelle monarchie sur l'ensemble de l'Aragon et de la Catalogne ? Lérida aurait été — comme elle le sera plus tard dans la Couronne d'Aragon — la ville centrale. Voir aussi Dolores Porta, « El poema de Roda en honor de Ramon Berenguer IV », Argensola, XI, i960, pp. 297-310.

25. ES, XLIII, p. 466 ; « El cronicô de Sant Cugat », Coll I Alentorn éd., p. 258. Voir aussi l'épitaphe éditée par d'olwer, Lluis Nicolau, « L'escola poètica de Ripoll en els segles X-XIII », Institutd'Estudis Catalans. Secciôhistorica-arqueolbgica, Anuari, VII, 1915-1920, p. 36.Google Scholar

26. Nicolau D'Olwer éd., « L'escola poètica de Ripoll », pp. 36-38 (du fol. 109r du manuscrit cité dans la note suivante).

27. Bibliothèque Nationale, Paris, MS latin 5132, fol. 23v-24v ; Louis Barrau Dihioo et Jaume Massô Torrents éds, sous le titre Gesta comitum Barcinonensium (Barcelone, Crôniques catalanes, II, 1925), pp. 3-12. Par « première version » je me réfère aux chapitres 1-8 ; on peut considérer les suivants (au moins) comme des continuations. Pour cet ouvrage, voir surtout Coll I Alentorn, « La historiografia », pp. 187-195.

28. Pour les chapitres 1-5, voir MS latin 5132, fol. 23v-24v ; Gcb, pp. 3-9.

29. Marca, Petrus De, Marca hispanica…, Paris, 1688 Google Scholar, Appendice, n° 404 (col. 1295-1301).

30. MS latin 5132, fol. 23v-24v ; Gcb, pp. 3-12. Millau figure dans l'héritage de Dolça de Provence.

31. Ou plus exactement, d'une restauration politique et ecclésiastique, car on y parle de la récupération de l'évêché de Tortosa : sedem episcopalempost quadringentos annos restituit. Mais les deux idées de restauration se situent dans différentes perspectives, dont celle qui est politique est parfaitement neuve. Cf. M. Zimmermann, « Aux origines de la Catalogne », p. 11 (et la note 20), pp. 36-40.

32. Gcb, pp. 3-5.

33. Sans, Joaquim Miret I, « Le roi Louis VII et le comte de Barcelone à Jaca en 1155 », Le Moyen Age, 2’ série, XVI, 1912, pp. 289300 Google Scholar ; LFM, I, n° 494. Sur la politique du roi capétien dans le sud, cf. Pacaut, Marcel, Louis VIIet son royaume, Paris, 1964, pp. 8184 Google Scholar ; T. N. Bisson, « The Organized Peace in Southern France and Catalonia, ca. 1140-ca. 1233 », American Historical Review, LXXXII, 1977, pp. 295-296. Sur les principautés du royaume de France, Werner, K. F., « Kônigtum und Fûrstentum im franzôsischen 12. Jahrhundert », dans Problème des 12. Jahrhunderts, Stuttgart, Vortràge und Forschungen, XII, 1968, pp. 177225.Google Scholar

34. R. D'Abadal, Els primers comtes catalans, p. 14 ; M. Coll I Alentorn, « La historiografia », pp. 190-191.

35. M. Coll I Alentorn, p. 190. Voir également, Taberner, F. Valls I, « La Uegenda de Guifré el Pilôs », Obras selectas, IV, pp. 254255.Google Scholar

36. L'histoire de Judith était connue, directement ou indirectement, par les Annales de Saint- Bertin, Félix Grat, Jeanne Vielliard et Suzanne Clémencet éds, Paris, 1964, sub anno 862, pp. 87-88. En ce qui concerne les filiations carolingiennes, voir Lewis, A. W., Royal Succession in Capetian France : Studies on Familial Order and the State, Cambridge, Mass., 1981, pp. 3334 Google Scholar, 47-48, 105 ss.

37. Duby, Georges, « Remarques sur la littérature généalogique en France aux XIe et XIIe siècles », Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. comptes rendus des séances de l'année 1967 (avril-juin), Paris, 1967, pp. 335345 Google Scholar (réédité dans Hommes et structures du Moyen Age, Paris, 1973, ch. 16).

38. Chroniques des comtes d'Anjou et des seigneurs d'Amboise, Louis Halphen et René Pou- Pardin éds, Paris, 1913, pp. 232-233.

39. Lamberti Ardensis historia comitum Ghisnensium, Heller, Johannes éd., Monumenta Germaniae historica, Scriptores, XXIV, Hanovre, 1879, pp. 550642 Google Scholar ; voir particulièrement, pp. 557-558 ; cf. aussi Georges Duby, « Structures de parenté et noblesse dans la France du Nord aux xie et xne siècles », Hommes et structures, pp. 278-282 ; « Remarques sur la littérature généalogique », ibid., pp. 292-297.

40. « Cronico II d'Alaô », Abadal éd., CC, III1, p. 20 ; Généalogies de Roda, Lacarra, J. M. éd., « Textos navarros del Côdice de Roda », EEMCA, I, 1945, p. 242 Google Scholar ; cf. M. Coll I Alentorn, « La historiografia », pp. 174-175. Vensenhamen de Guerau de Cabrera évoque quelques ressemblances avec les chansons de geste en Catalogne vers 1160 ( Riquer, Martin De éd., Les chansons de geste françaises, 2e éd. tr. Irénée Cluzel, Paris, 1957, pp. 332354 Google Scholar).

41. Voir Guenée, Bernard, Histoire et culture historique dans l'Occident médiéval, Paris, 1980, pp. 337338.Google Scholar

42. Gcb, p. 15 : Sepulturam patrum suorum relinquens [Alphonse Ier], Populeto se tumulari precepit ; et Tubau, Père Pujol I, « Mudança en l'elecciô de sepultura del rei Alfons I », Boletin de la Real Academia de Buenos Letras de Barcelona, VII, 1913, pp. 8687.Google Scholar Aussi Gcb, pp. 5-8 : les seules funérailles mentionnées dans les Gcb comme ayant lieu à Ripoll avant 1162 sont celles de Bernât Tallafer de Besalû en 1020 (ch. 6, p. 10), mais ce texte est postérieur à 1162. D'autres funérailles connues y eurent lieu : de celles de Guifred Ier à celles de Raimond Béranger III ; cf. Nicolau D'Olwer, « L'escola poètica de Ripoll », pp. 27, 35-36.

43. On se souvient comme mythologie politique et rituel sont liés dans d'autres sociétés traditionnelles. Cf. e.g., Maunowski, Bronislaw, « Myth in Primitive Psychology », dans Magic, Science and Religion…, Garden City, s.d. ; première publication 1926, pp. 100126 Google Scholar ; Romila Thapar, « Origin Myths and the Early Indian Historical Tradition », dans History and Society. Essays in Honour of Niharranjan Ray, D. Chattopadhya éd., Calcutta, 1978, pp. 271-294. D'une autre perspective, voir Jack Goody et lan Watt dans Literacy in Traditional Societies, Jack Goody éd., Cambridge, 1968, pp. 28-68. Sur le caractère généalogique des Gcb j'espère revenir dans une autre étude.

44. Usatges de Barcelone, Ramon D'Abadal I Vinyals et Ferran Valls Taberner éds, Barcelone, Textes de dret català, I, 1913. T. N. Bisson, « The Problem of Feudal Monarchy : Aragon, Catalonia, and France », Spéculum, Lui, 1978, pp. 465-468 ; A. M. Mundô, « Fragment d'una versiô catalana antiga del “ Libre Jutge ” », à paraître dansMiscellània Aramon iSerra… (étude remarquable).

45. La nouvelle datation a été suggérée par D'Abadal, Ramon en 1963. Cf. Père el Cerimoniôs i els inicis de la decadència politica de Catalunya, Barcelone, 1972 Google Scholar (première publication en espagnol dans Historia de Espana, Ramon Menendez-Pidal éd., XIV, Madrid, 1966, pp. 65-70). Voir aussi P. Bonnassie, La Catalogne, II, pp. 711-728, et Parera, Joan Bastardas I, Sobre la problemàtica dels Usatges de Barcelona, Barcelone, 1977.Google Scholar

46. Gcb, chap. 4, p. 71 : Hic [R.B. II] coram Vgone cardinali et legato Romano, intra palatium Barchinonense, quedam iura et sanctiones institua que Vsaticos nuncupant, quorum exemplaria per uniuersam regionem nostram hactenus leguntur et obseruantur. Cette attribution erronée à Raimond Béranger II fut corrigée, apparemment par le premier scribe lui-même, en R.B. Ier, et c'est sous cette forme que l'histoire fut introduite dans les Gcb révisées (p. 32).

47. ES, XLIII, p. 466 ; Nicolau D'Olwer, « L'escola poètica de Ripoll », pp. 36-38 : Nam hune magnus rex Francorum / mir [abatur] et Anglorum / Huic favebat Alemannus / Dextram dabat Toletanus.

48. Les règnes d'Alphonse Ier et de Pierre Ier, comme celui de Raimond Béranger IV, doivent encore être étudiés en profondeur. Nombre de leurs documents demeurent inédits. En plus d'Antoni Virgili, Rovira I, Historia nacionalde Catalunya, 7 vols, Barcelone, 1922-1934Google Scholar (nlle éd. de Jaume Sobrequés I Callicô, 1975-1980), IV, part. 6, chap. 1 ; et F. Soldevila, Histdria de Catalunya, 2’ éd., chap. 9, 10, on peut consulter Ventura, Jordi, Alfons ‘el Cast’ et Père el Catolic i Simô de Montfort, Barcelone, 1960.Google Scholar De ce dernier auteur je pense, néanmoins, que ses conceptions sur l'« unité pyrénéenne » comprenant l'Occitanie et sur l'« expansion catalane » sont trompeuses. J. F. Cabestany ne dit presque rien sur les réalisations d'Alphonse en Catalogne (Bagué, Cabestany et Schramm, Elsprimers comtes-reis, pp. 55-99).

49. LFM, I, n° 494.

50. ACA, Cancelleria, pergamins Alfons I, 146 ; Gerônimo Zurita Y Castro, Anales de la Corona de Aragon, Sarragosse, 1562-1580 ; nouvelle édition modernisée et annotée de Antonio Ubleto Arteta et autres…, 5 vols, Valence, 1967-1975, livre II, chap. 33. Nous ne possédons aucun document sur un couronnement, mais la publication solennelle du testament de Raimond Béranger IV à Huesca, en octobre 1162, fut suivie par « de nombreux… magnats tant Aragonais que Barcelonais » (cité note 49 ; Zurita, II, 20).

51. ACA, perg. Alfons I, 396, 407 ; Arxiu Diocesà, Gérone, Pia Almoina 57 ; Archives départementales, Pyrénées-Orientales, B 7 (3 viii 1173) ; LFM, II, n° 661 ; El « Libre Blanch » de Santas Creus (cartulario delsiglo XII), Federico Udina Martorell éd., Barcelone, 1947, n° 185, 204 ; FAC, II, n° 156 ; voir aussi n° 15, 16, 20-22.

52. ACA, Monacals, Sant Benêt de Bages, 465, acte de 1166 par l'abbé et Raimundus Arberti baiulus comitis et Sancti Benedicti ; cf. pergamin 461, un acte royal de 1163 faisant allusion au « baiulus régis » de la même région.

53. Gcb, pp. 13-15.

54. LFM, I, pp. 1-2, avec rubriques et actes imprimés par la suite.

55. ACA, perg. Alfons I, 454. Alphonse Ier prit le titre supplémentaire de « marquis de Provence » en 1166.

56. LFM, II, n° 792, 793, 763 (RoussiUon) ; ACA, perg. Alfons I, 627, Taberner, Ferran Valls I éd., « Els origens dels comtats de Pallars i Ribagorça », Estudis Universitaris Catalans, IX, 1915-1916, pp. 6465 Google Scholar (Obras selectas, IV, pp. 158-159) (Pallars jussà) ; ACA, perg. Père I, 343, 344, Diego Monfar Y Sors éd., Historia de los condes de Urgel, 2 vols (Barcelone, DI, IX, X, 1853), I, pp. 440-443 (Urgell).

57. FAC, II, n° 22 ; DI, VIII, n° 13 ; Forey, A. J., The Templars in the Corona de Aragon, Londres, 1973, pp. 370371.Google Scholar

58. ACA, perg. Alfons I, 146, VL, XX, pp. 228-229 ; ES, XLII, pp. 310-316 ; Cortes de los antiguos reinos de Aragon y de Valencia y principado de Cataluna, 26 vols, Madrid, 1896-1920, I'.pp. 55-75 (voir particulièrement p. 72 ; cf. pp. 56,63,68).

59. Les poésies de Peire Vidal, Joseph Anglade éd., 2e éd., Paris, 1923, XI 33, XLII 33. Giraut de Bornelh, cité dans Martin De Riquer, « La littérature provençale à la cour d'Alphonse II d'Aragon », Cahiers de Civilisation médiévale, II, 1959, p. 186 ; Bertran De Born (cité dans Riquer, pp. 189, 193). Voir aussi La Chanson de la croisade albigeoise, Eugène Martin-chabot éd., 3 vols, Paris, 1960-1961,1, pp. 71, 135, 141 ; II, pp. 7,13, 237 ; III, p. 45.

60. Voir avant tout Font Rius, Cartas de poblacién de Cataluna. Pour la coutume de Barcelone, ACA, perg. Alfons I, 515 ; Los documentos del Pilar, siglo XII, Luis RuBioéd., Saragosse, 1971, n° 199 ; LFM, I, nc 188 ; pour le forum et consuetudo Catalonie, Marti Aurell I Cardona, « Le personnel politique catalan et aragonais d'Alphonse Ier en Provence (1166-1196) », Annales du Midi, XCIII, 137, note 63. Aussi, A. M. Mundô, « Fragment d'una versiô catalana del “ Libre Jutge ” » ; pour le monnayage, Bisson, T. N., Conservation of Coinage…, Oxford, 1979 Google Scholar, chap. 4.

61. Cortes de Cataluna, I1, pp. 55-62 (et 62-280) ; Bisson, T. N., « Une paix peu connue pour le RoussiUon (A. D. 1173) », dans Droit privé et institutions régionales. Etudes historiques offertes à Jean Yver, Rouen, 1976, pp. 6976.Google Scholar

62. La réforme de la viguerie peut être déduite des Cortes de Cataluna, V, pp. 55-62, 65-68 (articles 3, 4, 10-12, 19), 68-71 (articles 4, 5) et d'une prolifération de procédures écrites au nom des viguiers (e. g., ACA, perg. Alfons I, 709 ; Arxiu Diocesà, Barcelone, perg. Santa Anna (8 vi 1190). Voir provisoirement la liste des viguiers dans FAC, I, pp. 251-258.

63. LFM, I, n° 257, 258, 266-268, 277-280, 292 ; J. M. Font Rrus, Cartas depoblaciôn de Cataluna, I2, pp. 749-750 ; Els castells catalans, 6 vols, Barcelone, Dalmau, 1967-1979, IV, pp. 237-238.

64. LFM, I, n° 225. Les autres documents cités (n° 222-224) ont été conservés et copiés ensemble dans le LFM.

65. FAC, I, pp. 95-97. Voir aussi Ramon D'Abadal I De Vtnyals, « A propos de la “ domination ” de la maison comtale de Barcelone sur le Midi français », Annales du Midi, LXXVI, 1964, pp. 315-345 (rééd. en catalan dans Dels visigots als catalans, II, pp. 281-309) ; cidessous ; A. M. Mundô, « El pacte de Cazola del 1179 i el “ Liber feudorum maior ”… », Jaime I y su época, 1 y 2, Saragosse : X Congresso de Historia de la Corona de Aragon, 1980, pp. 119-129 ;« Fragment d'una versiô catalana del “ Libre Jutge ” ».

66. FAC.l, chap. 3,4.

67. G. Zurita, Anales, II, 25, 29, 30, 32, 35, relatant les campagnes de Murcie, Valence, Cuenca, etc., de 1166 à 1172 ou plus tard. Quelques historiens ont fait grand cas de cette relation, e. g., M. De Riquer, « La littérature provençale », p. 180 ; mais sa source ( camarena, Miguel Gual, « Précédentes de la Reconquista valenciana », Estudios médiévales, Valence, 1952, pp. 189 201 Google Scholar) est plus circonspecte ; et Ubieto Arteta (Anales, II, pp. 299-306) a montré l'insuffisance des preuves de Zurita en ce qui concerne ces campagnes.

68. Marca hispanica, col. 755 ; Coll i Alentorn, « El cronicô de Skokloster », pp. 145-146 ; « El cronicô de Sant Cugat », p. 258 ; « La historiografia », pp. 162-168 ; Grterson, Philip, « Notes sobre les primeres amonedacions reials a Barcelona : els termes bruneti, bossonaya i el Chronicon Barcinonense », Symposium Numismdtico de Barcelona, II, 1979, pp. 278287.Google Scholar Sur le décret de 1180 (Marca hisp., 758) ; « El cronicô de Skokloster », p. 146), voir Zimmermann, Michel, « La datation des documents catalans du ixe au xne siècle : un itinéraire politique », Annales du Midi, XCIII, 1981, pp. 374375.Google Scholar

69. Les premières sources sont : Lamberto et Huesca, Ramon De, Teatro historico de las iglesias del reyno de Aragon, 9 vols, Pampelune, 1780-1807, VII, p. 674 Google Scholar ; Recueil des historiens des Gaules et de la France, Martin Bouquet et al. éds, 24 vols, Paris, 1738-1904, t. XVI, p. 71 (n° 223-224) ; et « Fragmento de unos viejos anales (1089-1196) », A. C. Floriano éd., Boleti'n de la Real Academia de la Historia, XCIV, 1929, pp. 153-154. On trouve des échos chez les troubadours mentionnés ci-dessous. Voir aussi arteta, Antonio Ubieto, « La apariciôn del falso Alfonso I el Batallador », Argensola, IX, 1958, pp. 2938.Google Scholar

70. Textes cités par M. De Riquer, « La littérature provençale », pp. 191-195. Riquer plaide en faveur d'une politique pro-occitane chez les troubadours d'Alphonse Ier, mais il ne mentionne pas ce qui me semble être une tendance antipacifiste dans la polémique des sirventés.

71. LFM, I, n° 35 ; M. Gual Camarena, « Précédentes », pp. 200, 204-206, 228.

72. D'Abadal, R., « La “ domination ” de Barcelone sur le Midi » (Dels visigots als catalans, II, pp. 281-309) ; LFM, II, n° 854865 Google Scholar, 867-868 ; M. Gual Camarena, « Précédentes », pp. 228- 231.

73. Arxiu Parroquial, Ager, perg. 1563 ; Corredera, Eduardo éd., El archivo de Ager y Caresmar, Balaguer, 1978, pp. 234238 Google Scholar ; aussi, Ferran Vaixs Taberner éd., Revista jurt'dica de Cataluna, XXXIV, 1928, pp. 354-356, à partir d'une copie tardive.

74. Cortes de Cataluna, I1, 61 ; Martin De Riquer, Guillem de Berguedà, 2 vols, Poblet ; Scriptorium Populeti, 5, 6,1971,1,pp. 56-58, qui cite l'obituaire de Cardona et la Vida de Guillem qui mentionnent cet événement.

75. alentorn, Miquel Colli, La llegenda de Guillem Ramon deMontcada, Barcelone, 1958.Google Scholar

76. Cf. les statuts de 1173 (Cortes de Cataluna, I1, pp. 55-62) et ceux de 1188 (pp. 63-68) ; voir surtout p. 67, articles 15, 16, 19. Il faut noter que les statuts de 1188 se réfèrent à tractatus et deliberatio à Gérone, mais sont promulgués à Vilafranca del Penedès sous une forme qui omet la ratification des barons.

77. Ibid, pp. 68-71.

78. Guillem de Berguedà, Riquer éd., II, p. 174, 202-206 (Sirventés, XX, XXIII). Cf. I, pp. 131-145 ; J. Ventura, Alfons« elCast », pp. 228-229,245 ; Caruana, Jaime, « Itinerario de Alfonso II de Aragon », EEMCA, VII, 1962, p. 271 Google Scholar ; LFM, I, n° 412-414 ; FAC, I, pp. 118-119 ; cf. II, n° 99, 100.

79. Cortes de Cataluna, V, 72-88. Voir aussi FAC, II, n° 109, mention d'un gage « de pax » dans un compte de viguier de 1204.

80. FAC, II, n° 27 ; I, chap. 3,4 ; Cortes de Cataluna, V, p. 67, article 18.

81. FAC, II, n° 105, 115,130 ; T. N. Bisson, Conservation ofCoinage, pp. 85-87.

82. Arxiu Diocesà, Gérone, cartulaire « Caries Many », fol. 65 (autre copie dans Arxiu Capitular, Gérone, « Llibre verd », fol. 213v), Bisson, T. N. éd., « An “ Unknown Charter ” for Catalonia(A. D. 1205) », Album Elemér Mâlyusz, Szekesfehérvâr 1972, Bruxelles, 1976, pp. 61 76.Google Scholar

83. G. Zurita, Anales, II, 52 ; « Chronicon Barcinonense », Marca hispanica, col. 755 ; FAC, II, n° 135 ; I, pp. 133-142.

84. G. Zurita, Anales, II, 20 (basé sur LFM, I, n° 494) ; Cortes de Cataluna, I1, p. 63 ; LFM, I, n° 413 ; ACA, perg. Extrainventari 3131 (liste des magnats et des villes d'Aragon et de Catalogne comme telles, àLérida, 1214). Voir aussi R. D'Abadal, Père el Cerimoniôs, pp. 61-78.

85. Ce mémoire se trouve actuellement dans ACA, perg. Raimond Béranger IV extrainventari 2504 (autrefois, Alfonso I, 730, Mascarô, Prôspero De Bofaruix Y éd., Los condes de Barcelona vindicados…, 2 vols, Barcelone, 1836, II, pp. 119121 Google Scholar). Cf. aussi R. D'Abadal, «La “ domination ”… », pp. 318-320(Dels visigots…, pp. 284-286), op. cit., n. 72.

86. Llibre delsfeits, c. 392.