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Problèmes de la Recherche : IV. Le gaspillage des archives privées

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

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A la salle des ventes, des paniers de correspondance, de notes de cours, de dossiers de travail, cédés pour quelques francs à un brocanteur ou à un marchand de vieux papiers : spectacle dérisoire. Et pourtant les correspondances sont signées de noms illustres de la Sorbonne, les notes de cours contiennent les leçons de Bergson à l'École normale en 1900, les dossiers de travail sont ceux d'un homme chargé d'honneurs qui a fondé une science, qui a patronné de multiples disciples, dont le nom est révéré par des milliers d'étudiants…

Il y a là quelque chose de choquant : or le cas est trop fréquent de ces destructions inconsidérées de correspondances, de papiers, de dossiers de travail de professeurs, de chercheurs, d'érudits, dont pourtant le nom est connu internationalement. Trop rarement peut-on citer le cas de dons, ou de sauvetage, de papiers importants

Type
Chronique
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1966

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References

page 1078 note 1. Citons, à titre d'exemple, le dépôt des papiers de Marc Bloch à la Bibliothèque de l'École Normale, le dépôt de la correspondance Gustave Cohen aux Archives Nationales, le legs de la correspondance Rebelliau à la Bibliothèque de Nantes — ou encore le don des manuscrits de Louis de Launay à la Bibliothèque de l'École des Mines. Mais, pour quelques cas que l'on, peut encore recenser, combien de disparitions… Chacun sur ce point a ses anecdotes.

page 1078 note 2. Paradoxalement, la protection des papiers des érudits locaux est mieux assurée : souvent on les trouve déposés à la Bibliothèque municipale, ou aux Archives départementales. Les archivistes départementaux jouent traditionnellement un rôle important dans ces sauvetages.

page 1079 note 1. Citons ce dossier énorme de dépouillements d'archives sur l'histoire financière de la France sous Henri IV — dossier parfaitement en ordre qui représente un très gros livre — qu'un haut fonctionnaire a pris soin de déposer dans une bibliothèque administrative, et qui pourrait servir de support à une magnifique thèse.

page 1079 note 2. Ajoutons encore à ces trois catégories de documents les collections d'ouvrages rares, de tirages à part, de photographies — ou de manuscrits : encore qu'elles aient la chance d'être achetées par un libraire — le cas s'est présenté récemment pour un ancien professeur à l'École du Louvre — qui les dispersera (ou en fera passer la partie la plus précieuse à l'étranger…) Mais c'est souvent la seule partie conservée : ainsi pour telle bibliothèque d'un Conseiller d'État héritier d'un religieux moderniste. Les libraires qui achètent les bibliothèques, même avec la meilleure volonté du monde, ne peuvent s'intéresser à ces papiers.

page 1079 note 3. Cette prévoyance est rare — car l'historien croit toujours pouvoir mener plus loin sa recherche, et donc continue de travailler.

page 1079 note 4. Notamment pour des raisons de discrétion en ce qui concerne les correspondances privées.

page 1079 note 5. Parfois des bibliothèques entières sont léguées : ainsi celle d'Élie Lambert à l'École Normale ou, partiellement, celle de Georges Duplessis à la Bibliothèque de l'Institut et à l'Institut d'Art et d'Archéologie de l'Université de Paris.

page 1080 note 1. De telles mesures sont prises — depuis l'Ancien Régime — pour les diplomates et les officiers généraux : le service des archives du ministère des Affaires Étrangères et le Service historique de l'Armée font respecter ces règles traditionnelles sans difficultés. L'Église de même se préoccupe le plus souvent des papiers personnels des hauts dignitaires ecclésiastiques. Seule l'Université — pourtant la mieux armée — se désintéresse apparemment du problème.

page 1080 note 2. La règle des cinquante ans des Archives nationales peut être appliquée pour les correspondances.

page 1080 note 3. Il suffit de parcourir les annuaires d'anciens élèves pour se poser de multiples questions.

page 1080 note 4. Trop souvent les héritiers ne connaissent pas la valeur de papiers laissés le plus souvent dans le plus grand désordre. C'est une tâche délicate, que devraient assurer les bibliothèques d'institutions, que d'effectuer le tri de ce qui peut être utile à la recherche et à « l'histoire de l'histoire », et de ce qui ne représente que des matériaux de seconde main. On ne peut négliger, par exemple, certaines notes, soit rédigées en vue d'un cours, soit prises en écoutant un professeur illustre qui représentent parfois un état des recherches resté plus ou moins confidentiel.