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Un, deux, trois, quatre marchés ? L'intégration du marché du capital, États-Unis et Grande-Bretagne (1865-1913)

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Robert Cull
Affiliation:
California Institute of Technology, Pasadena, California
Lance E. Davis
Affiliation:
California Institute of Technology, Pasadena, California

Extract

L'histoire est celle de deux villes et de deux nations. En 1870, le grand Londres était une agglomération de plus de trois millions d'habitants, la capitale de ce qui était sans doute le pays le plus riche et incontestablement l'empire le plus grand du monde. Ce qui est plus important pour cette histoire, c'est qu'elle était aussi l'emplacement de la « City », le centre financier incontesté du monde. Au même moment, New York était une ville de moins de un million d'habitants, non pas la capitale politique, mais le centre des affaires d'un pays en développement rapide, bien que non encore complètement achevé ; elle était le siège de Wall Street, le marché du capital américain, un marché en maturation, loin lui aussi d'avoir atteint la maturité. En 1914, le grand Londres était une agglomération de plus de sept millions d'habitants, la capitale d'un pays qui, bien qu'encore riche, ne pouvait plus prétendre à disposer du plus haut revenu par tête. Mais il exerçait, du moins nominalement, un contrôle politique sur presque trente-cinq pour cent des terres émergées et abritait un centre financier qui, même s'il restait indubitablement le plus important marché des capitaux, ne détenait plus la position de monopole incontesté dont il jouissait quarante ans plus tôt.

Summary

Summary

This paper contrasts the degree of maturity of the London and New York Stock Exchanges between 1865 and 1914. Relying on data on capital calls in the London market and daily prices in New York, it argues that the scope of UK portfolio investment in the US was substantially greater than the scope of American portfolio investment offerings on the New York Stock Exchange. Further, although the total contribution of British capital to American development was not large, the marginal contribution was substantial — substantial because, at least until the late nineteenth century, the more mature British market was able to direct financial resources to regions and industries that were not served by the still embryonic NYSE. By the early twentieth century, however, the New York exchange began to emerge as a truly national domestic capital market servicing a wider array of both regions and industries.

Type
Commerce, Marché, Monnaie
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1992

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References

Notes

1. La question des revenus relatifs est délicate. Si la mesure est le PNB par tête (sans un ajustement qui tienne compte des différences de niveaux de prix), la Grande-Bretagne avait le revenu par tête le plus élevé du monde. Si on essaye de tenir compte des différences de pouvoir d'achat, la première place échoiera, selon le choix des pondérations et des prix, au Royaume-Uni ou aux États- Unis. Kuznets estime que les États-Unis ont dû dépasser le Royaume Uni entre 1840 et 1869. En 1870 par exemple, la Grande-Bretagne et son empire représentaient une superficie de 9 450 000 miles carrés, peuplée, d'après une estimation de 1872, de 205 millions d'habitants.

2. On ne sait pas clairement quel était le niveau de contrôle politique que la Grande-Bretagne exerçait sur ses colonies jouissant de l'autonomie, l'Australie, le Canada, la Nouvelle Zélande et l'Afrique du Sud. On ne sait pas non plus quel contrôle elle exerçait sur ses colonies les plus sousdéveloppées en Afrique et en Asie.

3. En 1870, le produit national par tête était de 250 dollars au Royaume-Uni et de 165 dollars aux États-Unis. Vers 1914, le chiffre pour les États-Unis était de 408 dollars et celui du Royaume- Uni de 365 dollars. Mais on a estimé qu'en 1913 un dixième du revenu national britannique était constitué par les revenus des capitaux exportés. Si l'on applique cette correction aux valeurs de 1914, les revenus américains et britanniques seraient très proches (408 et 402 dollars), à condition de ne pas tenir compte des prix.

4. Robert B. Zevin, «Are World Financial Markets More Open? If So Why and with What Effects ? », Working Paper Number 79 of the World Institute for Development Economies Research of the United Nations, October 1989. L'article sera publié dans Financial Openess and National Autonomy.

5. R. B. Zevin soutient «que les marchés financiers étaient fortement intégrés dans l'Europe du Nord-Ouest dès le début du xvme siècle, si ce n'est plus tôt ».

6. En décembre 1814, le traité de Gand mit fin aux hostilités entre les États-Unis et la Grande- Bretagne. Du côté américain, la guerre avait été largement financée par émission de billets ; la désorganisation monétaire et les difficultés du Trésor conduisirent à la fondation d'une nouvelle (” Seconde ») Banque des États-Unis en 1816, au capital de 35 millions de dollars (note du traducteur).

7. Voir Jenks, Leland H., The Migration of British Capital, Londres, Thomas Nelson and Sons Ltd., 1963, chapitre XXX.Google Scholar

8. L'estimation de 222 millions de dollars pour 1853 ne comprend ni les dettes commerciales et bancaires ni la propriété directe de terrains et d'entreprises par les étrangers. Les estimations pour 1914 varient entre 4,5 et 7,0 milliards. La plus faible est tirée de Review of Economie Statistics, vol. I, p. 230 ; la plus élevée est celle d'Harvey E. Fisk, The Inter-Ally Debts, p. 312. Toutes les estimations sont reprises dans Lewis, Cleona, America's Stake in International Investments, Washington DC, The Brookings Institution, 1938, pp. 518519.Google Scholar

9. Ces pourcentages proviennent de Matthew Simon, « The Pattern of British Portfolio Investment 1865-1914», dans Adler, J. H., Capital Movements and Economie Development, New York, Macmillan, 1967 Google Scholar, ainsi que de «The United States Balance of Payments 1862-1900” dans Trends in the American Economy in the Nineteenth Century, National Bureau of Economie Research, Studies in Income and Wealth, vol. 24, Princeton, NJ, Princeton, University Press, 1960 ; Dunning, John H., Studies in International Investment, Londres, Allen & Unwin, 1970, pp. 178181.Google Scholar

10. J. Buckley et B.R. Roberts fixent la valeur pour 1914 à 4,0 milliards de dollars. Buckley, Peter J. et Roberts, Brian R., European Direct Investment in the USA before World War 1, New York, St. Martin's Press, 1982, p. 12.CrossRefGoogle Scholar

11. C. Lewis, America's Stake in International Investment, op. cit., chapitre 5.

12. Morgenstern, Oskar, International Financial Transactions and Business Cycles, vol. 8, Princeton NJ, Princeton University Press, 1959, pp. 98123.Google Scholar

13. Il est fort possible que ce soit l'usage des données, annuelles pour la période récente, et mensuelles pour le xixe siècle, qui explique ces résultats de R. Zevin. Il est probable que les données annuelles sont plus fortement corrélées dans la mesure où la moyenne — sur 365 au lieu de 30 jours —, tend à lisser une partie de leurs fluctuations.

14. Les valeurs sont respectivement 0,45 pour New York-Londres, 0,40 pour New York- Berlin, 0,36 pour New York-Paris. En revanche, les chiffres pour les trois couples de janvier 1925 à décembre 1938 sont 0,93, 0,77 et 0,34. Cf. O. Morgenstern, International Financial Transactions and Business Cycles, p. 105.

15. Neal, Larry, « The Intégration and Efficiency of the London and Amsterdam Stock Markets in the Eighteenth century », The Journal of Economie History, mars 1987, pp. 97115.Google Scholar

16. M. M. Postan, « Some Récent Problems in the Accumulation of Capital », The Economie History Review, 1935 ; cf. aussi M. M. Postan, une série non publiée de conférences données à l'Université John Hopkins en 1954-1955.

17. Un peu plus tard Alexander Gerschenkron allait faire un développement similaire pour l'Allemagne et la Russie. Cf. son Economie Backwardness in Historical Perspective.

18. Walter Bagehot, Lombard Street: A Description of the Money Market, Homewood II, Richard D. Irwin, 1962, p. 65.

19. Nom donné à 6 emprunts (en 1862, 1864, 1865, 1867, 1868) représentant 1 936 millions de dollars, pour la plupart à intérêts de 6 % payables en or. Ce nom signifie que l'amortissement de l'emprunt devait commencer cinq ans après l'émission et se terminer vingt ans après. En 1864 fut pareillement émis un emprunt 5 “?o dit le « dix-quarante » (N. du T.).

20. George Hudson fut parmi les premiers promoteurs de chemins de fer en Grande-Bretagne (N. du T.).

21. Lance E. Davis, «Capital Immobilities and Finance Capitalism: A Study of Economie Evolution in the United States, 1820-1920», Explorations in Entrepreneurial History, Second Séries, vol. 1, automne 1963, pp. 88-105.

22. Frank A. Vanderlip était vice-président de la National City Bank. Il a fait cette constatation dans un discours de 1905. Il est cité par Edwards, G., The Evolution of Finance Capitalism, New York, 1908, p. 185.Google Scholar Ces épargnants du Middle West deviendraient les détenteurs de portefeuilles auxquels R. Zevin fait allusion.

23. Lamoreaux, Naomi, «Banks, Kinship and Economie Development: the New England case», Journal of Economie History, septembre 1986, pp. 647667.CrossRefGoogle Scholar

24. Kenneth A. Snowden, « Mortgage and American Capital Market Development in the Late Nineteenth Century», Journal of Economie History, septembre 1987, pp. 671-692. Récemment Hugh Rockoff et Howard Bodenhorn ont montré qu'il y avait peu de différence entre les taux à court terme dans le Nord et dans le Vieux Sud avant la guerre de Sécession. En dépit du manque de corrélation des fluctuations, l'intégration du marché entre les deux régions est prouvée. Compte tenu de la dépendance des commissionnaires en coton du Sud par rapport aux marchés financiers du Nord, cette constatation n'est pas surprenante. Ces auteurs font un raisonnement analogue pour le Middle West ; mais, là, ils emportent moins la conviction. Et ils ne trouvent pas de preuve d'une intégration entre la côte Pacifique et une quelconque autre région. Rockoff, Hugh et Bodenhorn, Howard, « Régional Interest Rates in Ante Bellum America », communication préparée pour la NBER Conférence on Stratégie Factors in Nineteenth Century American Economie History, Cambridge, Mass., 1-3 mars 1991.Google Scholar

25. Voir L. Davis, «Capital Immobilities and Finance Capitalism», pp. 588-590; Edwards, G., The Evolution of Finance Capitalism, New York, 1908.Google Scholar

26. Delono, Bradford, « Did Morgan's Men Create Value ? », communication présentée à la conférence du NBER sur le développement de l'économie américaine, Boston, Mass., juillet 1990.Google Scholar

27. Carnegie, Andrew, Autobiography, Boston, Houghton Mifflin, 1924, pp. 167169.Google Scholar

28. Pour une analyse plus détaillée de ce thème, voir Davis, Lance, « The Capital Markets and Industrial Concentration: the US and UK, A Comparative Study», Economie History Review, Second Séries, vol. XIX, n° 2, 1966.Google Scholar

29. Dunning, John H., Studies in International Investment, Londres, George Allen & Unwin, 1970, pp. 178181.Google Scholar

30. Davis, Lance et Htjttenback, Robert, Mammon and thePursuit of Empire: ThePolitical Economy of British Imperialism, 1860-1912, Cambridge, Cambridge University Press, 1986, pp. 3072.Google Scholar Aujourd'hui, il serait normal d'estimer les émissions lancées. Mais dans la Grande-Bretagne du XIXe siècle, fréquemment les émissions ne nécessitaient pas que les acheteurs paient tout de suite la totalité du prix. Souvent on ne demandait qu'un paiement initial et un accord pour des versements à venir (jusqu'à la valeur nominale du titre) lors des appels ultérieurs à libération. Ainsi, la série « Capitaux levés » peut représenter la totalité de l'émission ou seulement une partie. En fait, dans de nombreux cas on ne demandait jamais à l'acheteur de verser toute la valeur du titre. Attention : comme celui qui refusait de payer lors d'un appel à versement n'était pénalisé que par la déchéance du titre, on ne peut être sûr que tous les appels aient été suivis de versements. Mais l'étude des archives de la Bourse montre que les distorsions de ce type étaient en fait faibles.

31. Les auteurs comparent les colonnes (6) et (11) du tableau 1 (N. du T.)

32. J. H. Dunning, Studies in International Investment, tableau 2, p. 151. Les chiffres du volume total des capitaux britanniques à l'étranger proviennent d'Imlah ; les estimations sont de Jenks pour 1854, de Cairncross pour 1870 et 1885, de Bacon pour 1899 et de Paish pour 1908 et 1913. Voir Imlah, A. H., Economie Eléments of the Pax Britannica, Cambridge, Mass., 1958 Google Scholar; Jenks, Leland, The Migration of British Capital to 1875, Londres-New York, 1938 Google Scholar ; Cairncross, A. K., Home and Foreign Investment 1870-1910, Cambridge, 1953 Google Scholar; Bacon, N. T., «America's Foreign Indebtedness », Yale Review, vol. IX, n° 3, novembre 1897 Google Scholar; Paish, G., «Great Britain's Capital Investment in Individual, Colonial, and Foreign Countries », Journal ofthe Royal Statistical Society, vol. LXIV, 1911.Google Scholar

33. Cette différence demeure un mystère et est un des objets de nos recherches actuelles.

34. Il serait évidemment très utile d'examiner la distribution spatiale et sectorielle de la série nette : cela permettrait de repérer précisément les industries et les régions qui perdraient des capitaux et d'autre part celles qui en recevraient de nouveaux. Mais une telle analyse impliquerait une désagrégation des séries entre ses composantes, les exportations de capitaux et les rapatriements : compte tenu des données existantes, cette démarche n'est pas possible.

35. Un mot de mise en garde. Même s'il est parfois possible de classer sans ambiguïté une entreprise dans le secteur industriel approprié — ainsi une compagnie de chemin de fer est habituellement (mais pas toujours) à classer dans les transports ferroviaires —, des problèmes peuvent se présenter. En particulier il est quelquefois difficile de distinguer entre une entreprise agricole qui a aussi d'autres activités (agriculture et industrie extractive par exemple), et une compagnie financière qui possède des fermes et des mines (à classer aussi dans agriculture et industrie extractive) et un trust qui possède un portefeuille de valeurs dans ce type d'activités (à classer dans secteur financier). Lorsqu'il n'y a aucun doute, la nomenclature utilisée a été celle du Stock Exchange Annual Year Book.

36. Chandler, Alfred D., The Railroads: The Nation's First Big Business, New York, Harcourt, Brace & World, 1965.Google Scholar

37. US Department of Commerce, Historical Statistics of the United States: Colonial Times to 1970, Washington DC, GPO, 1975, vol. II, p.732. Les séries indiquent des maxima de 11 970 km construits en 1872, 8 055 km en 1879, 9 695 en 1902 et 8 885 km en 1906.

38. Atchinson, Topeka & Santa Fe [N. d. T.].

39. Voir annexe E [N. du T.].

40. «FrenziedFinanciers” [N.d.T.].

41. Une étude détaillée de l'United States Rolling Stock Company sera trouvée dans Wilkins, Mira, The History of Foreign Investment in the United States, Cambridge Mass., Harvard University Press, 1989, p. 837.Google Scholar

42. Une excellente étude de l'évolution du marché des valeurs industrielles dans Navin, T. et Sears, M., «The Rise of a Market for Industrial Securities», Business History Review, vol. 29, 1955, pp. 105138 CrossRefGoogle Scholar. Navin et Sears rappellent qu'entre 1890 et 1893, treize sociétés issues de fusions ou de créations de trusts et huit sociétés désireuses d'augmenter leur capital social émirent des actions préférentielles. Seulement la moitié d'entre elles eurent finalement accès à la Bourse de New York. Parmi les trusts, on trouvait l'American Cotton Oil Company, l'American Sugar Refining Company, et la National Lead Company. Parmi les firmes issues de fusions récentes, on trouvait l'American Tobacco Company, l'American Soda Fountain Company, l'American Type Founder's Company, la General Electric Company, la Hecker-Jones Jewell Company, la Herring-Hall- Marvin Company, la Michigan Peninsular Car Company, la National Cordage Company, la P. Lorillard Company, la Proctor and Gamble Company, la R. I. Perkins Horse-Shoe Company, la Thurber, Whyland Company et la Westinghouse Electric and Manufacturing Company, p. 118.

43. Souvent les entreprises agricoles ou extractives étaient cotées à des Bourses américaines de moindre importance et plus régionales que Wall Street. Par exemple, au 31 décembre 1910, la cote de la Bourse de Boston comprenait 57 valeurs de sociétés minières, mais seulement 15 de compagnies ferroviaires. Parmi ces mines, l'Adventure, la Hancock, l'Old Dominion, la Wolverine et la Wyandotte. Le « Consolidated Exchange», sis à New York, avait un département spécialisé dans les actions minières dans sa cote du 31 décembre 1910. Il incluait l'El Paso, l'Elkron, laTramps, la Tonopah et la Yellow Jacket. Bien qu'elle ne fût pas si étendue que les cotes de Boston ou du Consolidated, la cote de Philadelphie comprenait PAmalgamated Mining Company et la Tonopah Mining.

44. Spense, Clark C., British Investmentsand the American Frontier, Ithaca, NY, Cornell University Press, 1958, p. 84.Google Scholar

45. « The Most Risky of AU Investments », The Economist, 18 juillet 1881, p. 756. Cette citation ne concerne pas seulement les placements britanniques miniers aux États-Unis, mais aussi dans le reste du monde.

46. Jackson, The Enterprising Scot, p. 142. La citation est tirée de The Economist, « The Spéculation in Mining Shares», 28 janvier 1888, pp. 105-106.

47. J. Buckley et B.R. Roberts, European Direct Investment, p. 58. Lewis, America's Stake in Foreign Investment, p.91.

48. C. Lewis, America's Stake in Foreign Investment, op. cit., p. 91.

49. L'histoire des placements britanniques dans l'élevage américain est tirée de Jackson, The Enterprising Scot, pp. 73-100 et 114-138; Buckley et Roberts, European Direct Investment, pp. 59-63 ; et C. Lewis, America's Stake in International Investments, op. cit., pp. 87-88.

50. Jackson, The Enterprising Scot, p. 137.

51. Buckley et Roberts, European Direct Investment in the United States, p. 60.

52. L'American Téléphone and Telegraph, fondée en 1885, qui en 1899, reprit tous les actifs de l'American Bell dont elle était une filiale [N. d. T.].

53. Comme à Londres, à New York, la cotation résultait largement de l'évaluation faite par les dealers (jobbers à Londres), des marchands de titres qui étaient spécialisés sur certaines valeurs, alors que les brokers n'étaient que des intermédiaires. Ainsi « Les jobbers en effet se consacrent chacun aux négociations d'un ou deux titres, exclusivement. Le mode de négociation en usage à la Bourse anglaise leur en fait une nécessité. Sans cette spécialisation, ils ne pourraient connaître avec assez de certitude la valeur sur laquelle le brocker (sic) les interroge et ne pourraient traiter sur-lechamp en connaissance de cause… Si le broker ne trouve pas de contrepartie à la corbeille, il se rend alors près de l'un des jobbers dont la spécialité est de négocier les valeurs qui font l'objet de l'ordre qu'il a à exécuter. Il indique au jobber pour quelle valeur il désire opérer, et pour quelle somme, mais sans lui révéler s'il s'agit d'un achat ou d'une vente et lui demande de faire un prix…Le jobber n'est évidemment jamais forcé de traiter, mais s'il est dans l'intention d'entrer en marché, il donne au broker deux cours, l'un qui est celui auquel il est acheteur, l'autre celui auquel il est vendeur… » (G. Boudon, La Bourse et ses hôtes, Paris, 1896, pp. 250-251). A New York la distinction entre dealer et broker était cependant moins tranchée, un membre pouvant jouer successivement les deux rôles [N. d. T.].

54. Le « Consolidated Exchange » était un autre marché new yorkais, comparable à la « coulisse » parisienne, si ce n'est que comme le marché financier était libre, l'activité des brokers qui y opéraient était pleinement licite. Il constituait un second marché, au sens moderne de cette expression [N.d.T.].

55. Les critères d'admission au London Stock Exchange étaient fort libéraux ; aucune limite n'était fixée au nombre de membres : l'association en comprenait environ 3 000 à la fin du xixe siècle. En revanche, à Wall Street, le nombre de membres était limité à 1 375 [N. d. T.].

56. MiCfflE, R. C., The London and New York Stock Exchanges, 1850-1914, Londres, Allen and Unwin, 1987, p. 88.Google Scholar

57. Un point manque encore de clarté : pourquoi la Bourse de Londres n'a-t-elle pas, elle aussi, adopté des règles pour protéger la position oligopolistique de ses opérateurs ? Notre recherche présente s'y attache.

58. Voir Lance Davis et Robert Gallman, « Savings, Investment, and Economie Growth : The United States in the Nineteenth Century », article présenté à la conférence de Charlottesville (Virginie), en octobre 1990. Publication à paraître dans John James et Mark Thomas éds, Capitalism and Social Progress: Thèmes and Perspectives.

59. O. Moroenstern, International Financial Transactions, p. 105.

60. Ibid., p. 104.

61. En essayant toute une série de modèles auto-régressifs, il serait, en principe, possible de se rendre compte du degré de saisonnalité des données. Si une telle saisonnalité existe, elle pourrait être corrigée par un écart de 12 rangs pour les données mensuelles, de 4 pour les données trimestrielles.

62. Cette manière de faire peut avoir produit un ensemble de données qui, dans le cas de New York, sont biaisées pour les émissions qui n'avaient donné lieu qu'à de faibles transactions ; mais, des tests externes suggèrent que le degré de déformation n'est pas grand. Par exemple, si l'on passe des actions négociées durant le dernier jour à celles négociées durant la dernière semaine, on ne fait qu'ajouter une seule valeur émise en 1870 et quinze en 1910. Et même, une comparaison entre le résumé annuel des émissions d'actions en 1910 ne contient que trois valeurs qui n'ont pas été négociées dans la dernière séance de l'année. Les cotations de la Bourse de New York en 1870 sont moins claires que celles de 1890 et de 1910. Les données de 1870 incluent une courte liste des cours de clôture pour un échantillon de vingt actions et obligations négociées sur le marché. Cette brève liste les classe en quatre compartiments : 1) les divers fonds du gouvernement des États-Unis, 2) les valeurs des États, 3) les obligations hypothécaires des compagnies de chemins de fer, 4) les actions de la City Bank de New York et les actions diverses.

63. Les titres pris comme exemple sont des obligations gagées sur une hypothèque générale sur tous les biens de la société (General Mortgage Bonds en Angleterre, Refunding Bonds aux États- Unis). Les obligations ferroviaires américaines étaient en général gagées sur une hypothèque générale, de premier, de second rang… [N. d. T.].

64. Ces obligations 4,5 %, hypothèque générale, avaient un intérêt payable en dollar-or, ce qui était une garantie supplémentaire tant que les États-Unis n'avaient pas adopté l'étalon-or [N. d. T.].

65. Utiliser les cours pour identifier les émissions soulève de sérieux problèmes. Voir infra la discussion du tableau 4.

66. A la différence de Paris, où les cotations étaient sous forme décimale, les cours à Londres, comme à New York, étaient exprimés sous forme de fractions de pourcentage, ce qui entraînait une discontinuité d'au moins un huitième de point [N. d. T.].

67. Les deux sociétés restantes étaient la Mariposa Company et la Canton Co. of Baltimore.

68. Tableau sur lequel étaient inscrites les cotations ; synonyme ici de « cote » [N. d. T.].

69. En 1890, la seule valeur étrangère était le Mexican Central Railroad, qui était propriété d'actionnaires des États-Unis.

70. Si l'intégration entre marchés est définie en termes de covariation des cours d'un éventail de valeurs négociées sur les deux marchés, il s'ensuit que, même s'il n'y a qu'une seule valeur parmi toutes celles négociées sur le marché A qui ait un proche substitut sur le marché B, et que les prix de ces deux valeurs évoluent de la même façon, dans ce cas les deux marchés seront dits, par définition, intégrés : mais cela ne permet guère de faire progresser la compréhension.

71. On notera que les différences observées dans les résultats peuvent être attribuées non seulement aux différences de comportement des épargnants, mais aussi aux différences institutionnelles entre les deux Bourses.

72. Le niveau de la dette fédérale par tête était de 12 dollars en 1915 ; elle atteignait 242 dollars en 1919.