Cette année, pour la première fois, la question de l'emploi du Fonds Augusta a été agitée, et, quoique le Bulletin international contienne déjà diverses indications relatives à cette affaire, nous ne croyons pas inutile de rappeler, dans le présent rapport, la succession des faits qui la concernent.

Kriegerheil Organ der deutschen Vereine vom rothen Kreuz (mensuel), XXVIIe année. 1802, nos 10 à 12. — Berlin, 40.

La Société argentine de la Croix-Rouge a tenu son assemblée générale ordinaire à Buenos-Aires le 17 octobre 1892. Le président, M. le Dr Pedro F. Roberts, y a présenté un rapport sur la marche de la Société pendant l'année écoulée, rappelant des faits que nous avons déjà exposés à nos lecteurs. Il a constaté avec satisfaction le développement progressif de l'œuvre et payé un juste tribut de regrets aux personnes que la mort lui a enlevées depuis peu: les Drs Langenheim et Granero, deux de ses plus anciens propagateurs; la senora de Basnaldo et M. Lopez, deux de ses collaborateurs les plus généreux. A la date de cette séance, la Croix-Rouge argentine avait déjà été invitée à prendre part à l'exposition de Chicago et comptait y participer.

Le journal Das rothe Kreuz nous apprend que, dans sa séance du 5 novembre dernier, la Direction fédérale de la Société autrichienne a pris connaissance des dispositions adoptées par son président pour coopérer, avec les autorités administratives, aux mesures préventives destinées à combattre l'invasion de l'épidémie cholérique, au mois d'août de l'année dernière. Il y eut, le 1er août, une conférence dans laquelle la Société autrichienne de la Croix-Rouge était représentée; au cours des délibérations, le président de cette société, M. le comte de Falkenhayn, avec l'assentiment des représentants du ministère de la guerre, déclara que, pour répondre au désir exprimé par le ministère de l'intérieur, la Société de la Croix-Rouge serait disposée à participer aux mesures que l'Etat prendrait contre le choléra. Le ministère de l'intérieur précisa, dans une lettre, les points sur lesquels la collaboration de la Société était désirable. Il lui demandait notamment de procurer du personnel sanitaire, d'organiser un dépôt central et des dépôts accessoires des choses les plus nécessaires pour soigner les cholériques, de préparer des baraques, etc. Pour satisfaire à ces demandes, une circulaire fut adressée aux associations de la Croix-Rouge, leur demandant leur concours; un grand nombre répondirent favorablement. En outre, un dépôt de matériel fut préparé, et vingt voitures de transport pour les malades furent mises à la disposition de la commune de Vienne.

Le Dr Port, l'auteur bien connu de l'improvisation des secours en temps de guerre, vient de publier une brochure sur la nécessité d'augmenter le matériel de transport des blessés dans l'armée allemande. Les fusils à petit calibre faisant prévoir un nombre de blessés très considérable dans les nouvelles guerres, il est absolument nécessaire d'avoir, dans les environs immédiats de l'action, un supplément de moyens de transport. Les brancards, qui constituent toujours le mode le plus doux et le plus pratique en première ligne, ont de graves inconvénients, qui s'aggraveront sur les champs de bataille de l'avenir: c'est d'abord le danger que courent les brancardiers d'être blessés pendant le transport, et ensuite l'impossibilité de transporter à bras les blessés à une grande distance, comme il faudra le faire maintenant, si l'on veut les déposer en lieu sûr.

Des rapports venant du Chili, et dont la rédaction du Kriegerheil a pu prendre connaissance, donnent des renseignements intéressants sur les services rendus par la colonie allemande pendant la guerre civile.

La circulaire suivante a été adressée, par la Société nationale américaine de la Croix-Rouge, à tous les chefs de missions diplomatiques près le gouvernement des Etats-Unis.

Le rapport de M. de Villeneuve-Bargemon, secrétaire-général de la Société française, sur les travaux de cette société pendant les vacances de l'année dernière, signale notamment les faits suivants:

Les efforts du Conseil se sont portés tout particulièrement sur l'organisation des infirmeries de gare. Chaque groupe tuteur d'une infirmerie de gare a reçu, le 1er août, deux circulaires; l'une relative à la situation de cet établissement au point de vue des diverses parties que son organisation comporte; l'autre visant particulièrement la question du matériel d'alimentation.

Nous avons reçu du Comité départemental de la Gironde (18me délégation de la Croix-Rouge française), un atlas donnant les graphiques des hòpitaux auxiliaires bordelais, suivant les plans dressés et inscrits à la date du 31 décembre 1891.

Parmi les ouvrages assez nombreux destinés à former des infirmiers et infirmières volontaires, il en est peu qui nous aient paru rivaliser avec celui que nous présentons ici à nos lecteurs, surtout en ce qui regarde la simplicité et la clarté de l'exposition. Le titre de «Guide pratique» lui sied donc fort bien. C'est en cette qualité que nous le signalons aux personnes qui désirent s'occuper du soin des blessés, et tout spécialement aux sociétés de dames de la Croix-Rouge. Les auteurs ont évité avec raison d'aborder les sujets qui n'ont pas une utilité directe pour l'ambulancière; ils ont compris que les considérations théoriques ou scientifiques contribuent souvent à égarer le lecteur novice, et font de lui un aide moins judicieux que celui qui se contente de bien savoir ce qu'il a à faire dans telle circonstance donnée, pour répondre à l'indication thérapeutique qu'il est à sa portée de comprendre.

En feuilletant un livre tout récent, que nous croyions, d'après son titre, fort étranger aux matières que nous traitons dans ce Bulletin, nous y avons rencontré une idée qui nous a paru mériter d'être signalée aux amis de la Croix-Rouge. Ce n'est pas qu'à première vue elle nous semble revêtir un caractère bien pratique; toutefois, il serait téméraire de notre part de nous prononcer sur ce point sans connaître le résultat d'expériences qui ne sont pas de notre ressort. Mais nous avons pensé qu'à un moment où l'on se préoccupe, plus vivement que jamais, en présence des progrès de la balistique, de trouver de nouveaux procédés pour éloigner rapidement du champ de bataille les hommes mis hors de combat, toute invention destinée à atteindre ce but doit être examinée et discutée. Nous livrons donc l'indication qui va suivre à la sollicitude des chercheurs et tout spécialement aux concurrents pour le prix de Rome.

Les obligations auxquelles la Société a pris l'engagement de satisfaire en cas de guerre sont les suivantes:

a) Etablissement et entretien de huit hòpitaux de réserve, avec un total de 2.000 lits;

b) Equipement et entretien de 15 stations d'arrêt pour les malades, avec abri pour la nuit, pour un total de 3,053 lits;

c) Equipement et entretien de 28 stations d'arrêt pour les malades, sans couchée, pour 3,200 lits;

Le but de l'Association est, en cas de guerre, de seconder le service public des ambulances dans les soins à donner aux malades et, pendant la paix, de préparer les moyens appropriés à ce but.

A l'occasion du cinquantième anniversaire de la fondation de la congrégation des Sœurs grises de Sainte-Elisabeth, a paru à Breslau une notice sur l'histoire et le développement de cet ordre. Dans cet écrit, dù à la plume de M. le Dr J. Jungnitz, sont notamment relatés les services signalés rendus par les Sœurs grises dans les hôpitaux militaires et dans les ambulances, en particulier, pendant les guerres d'Autriche et de France. C'est ce qui nous engage à entrer dans quelques détails sur l'œuvre de cette congrégation, en les empruntant à la Schlesische Zeitung de Breslau, qui elle-même les a extraits de l'ouvrage de M. Jungnitz.

Les armes nouvelles ayant pour but et pour effet de multiplier, dans un temps donné, le nombre des hommes mis hors de combat, il est naturel qu'on se préoccupe d'autre part des moyens d'offrir aux blessés, sur la première place de pansement, une boisson chaude et nutritive.

Le colonel Bircher a publié, il y a quelques mois, une brochure fort instructive qui, comme son titre l'indique, s'adresse tout spécialement à la Société suisse de la Croix-Rouge. Nous croyons que la proposition formulée par l'auteur est destinée à donner un nouvel essor à cette société, en lui indiquant une tâche très précise et très urgente pour suppléer à l'insuffisance inévitable des secours officiels.

L'état actuel de la question du transport des blessés par chemins de fer, tant en Suisse que dans les autres Etats d'Europe, a été exposé avec beaucoup de précision et de clarté par M. le major Dr Frœlich, médecin en chef de la défense du Gothard, dans une conférence faite, au mois de mars de l'année dernière, à la Société des officiers, à Genève, puis publiée dans la «Schweizerische Monatschrift für Offiziere aller Waffen». Les transformations subies par les sciences militaires et l'augmentation du nombre des blessés, qui sera la conséquence de l'emploi des armes de petit calibre, rendent plus que jamais nécessaire une prompte évacuation des blessés loin du théâtre de la guerre. Il faudrait, suivant M. Frœlich, pour arriver à un résultat satisfaisant, non pas augmenter le nombre des voitures d'ambulance, mais, au contraire, chercher à diminuer les rouages du mécanisme sanitaire en campagne, en s'efforçant de perfectionner le fonctionnement des évacuations par voies ferrées.