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Lettres de Antonio Labriola aux socialistes allemands et français (1890–1900)

Published online by Cambridge University Press:  18 December 2008

Abstract

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Copyright © Internationaal Instituut voor Sociale Geschiedenis 1954

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References

1) Né à; Cassino en 1843 (mort à Rome en 1904), dés 1873 Antonio Labriola fut professeur extraordinaire, et depuis 1877 ordinaire de philosophic morale et de pédagogie à I'Université de Rome. Depuis 1887 il était également chargé du cours de philosophie de I'histoire. En 1902 on lui assigna la chaêre de philosophie théorique. Dés avant 1880 il s'occupait des questions soulevées par la critique socialiste. En 1887 il fit profession publique de socialisme et au cours de l'année universitaire 1889−90 de marxisme. En ce temps il collabora, par l'envoi de notices et aussi de correspondances, au Sozialdemokrat, que Eduard Bernstein rédigeait alors à Londres. Depuis des années il écrivait sur les grandes questions politiques actuelles, dans la presse italienne libérate et dèmocratique. Sa collaboration à la presse socialiste, soit italienne qu'étrangère — ainsi par ex. à l'Arbeiter Zeitung et au Vorwärts, ensuite à la Leipziger Volkszeitung et au Devenir Social, — devint fréquente à partir de 1890).

2) Lettre à Benedetto Croce, datée du 16/11/1895, publiée en Antonio Labriola, La conceztone materialistica della storia. Con un'aggiunta di B. Croce sulla critica del marxismo in Italia dal 1895 al 1900 — Bari 1947 (nouvelle édition), p. 276. La conception historique du prof. Labriola nous apparalt presque dans sa mûreté dès sa Leçon d'ouverture du 28/2/1887, imprimée sous le titre I problemi della filosofia della storia, Roma 1887, qu'il enverra a Wilhelm Liebknecht dans la première des lettres que nous publions ici. Ses exposés d'histoire contemporaine étaient surtout oraux, prononcés comme leçons universitaires. Malheureusement ils n'ont pas été conserves intégralement. Des résumés qui en ont été publiés plus tard (d'abord, quelques uns, par Benedetto Croce, ensuite, d'une façon plus minutieuse, par Luigi Dal Pane), il ressort que dans ses cours sur la Révolution française et sur la genèse du socialisme moderne le prof. Labriola a réussi à anticiper, dés les années 1888−89 à 1892−93, quelques uns des résultats de la recherche historique plus récente, ainsi par ex. à propos du caractére et de l'importance de la Conspiration de Babeuf et du communisme babouviste. Les deux „Essais sur la conception matérialiste de l'histoire”, publiés par Antonio Labriola (le premier en 1895, le deuxiéme en 1896), ainsi que son „Socialisme et philosophie” (Lettres à Georges Sorel, écrites en 1897 et parues en 1898 dans l'édition italienne), ont été la contribution fondamentale de la culture italienne au maxisme. Ils furent publiés, en plusieurs éditions, outre qu'en italien, en français (dans la „Bibliothéque socialiste” de V. Giard ' E. Briére, dirigèe par Alfred Bonnet, qui les traduisit personnellement), en anglais (à Chicago, auprés de Charles H. Kerr qui traduisit les deux premiers Essais, tandis que Ernst Untermann fut le traducteur du troisième), et en russe. Franz Mehring traduisit en allemand et fit publier à Leipzig, en 1909, lepremier Essai. On peut dire que la plupart des philosophes italiens, depuis Giovanni Gentile et Rodolfo Mondolfo jusqu'a Antonio Gramsci, se sont occupés des conceptions de Antonio Labriola. Les essais critiques les plus célébres qu'il provoqua sont naturellement ceux de son ancien é1éve, le grand penseur idéaliste et libéral Benedetto Croce, traduits également en français („Matérialisnie historique et économie marxiste”, trad. Bonnet, A., Paris 1901), en anglais, en espagnol. Sur la personnalité du prof. Labriola, parmi nombre d'écrlts qui lui ont été consacrés, l'ouvrage fondamental est celui de Luigi Dal Pane, Antonio Labriola – La vita e il pensiero – Roma 1935. Le livre plus récent du même prof. Dal Pane, Profilo di Antonio Labriola, Milano 1948, est également trés utile pour comprendre la formation du philosophe. Mais maintenant il est indispensable de consulter, pour la biographie de Antonio Labriola, ses lettres à Bertrando Spaventa, publiées dans la revue Rinascita, 1953 n. 12, 1954, n. 1, avec introduction de Giuseppe Berti, qui les découvrit.Google Scholar

3) Ces lettres sont au nombre de 131. Sauf la premiére, elles sont toutes en italien. Elles ont été republiées en 1949, par les „Edizioni Rinascita”, Rome. Les notes du prof. Tasca ont été malheureusement supprimées dans cette édition, que le prof. Dal Pane a soumise d'ailleurs à une critique fort bien documentée, dans son compte-rendu, paru sur la revue Fatti e Teorie, 1949 n. X. II y fait savoir d'etre depuis longtemps (grâce aux soins des professeurs Gustav Mayer et R. Mondolfo) en possession des photocopies d'une vingtaine d'autres lettres, encore inéditées, de Labriola à Engels. Il se propose de les publier dans l'edition critique de l'oeuvre complète de Antonio Labriola, à laquelle ilattend. Les lettres de Engels à Antonio Labriola sont introuvables, sauf la premiére, du 30/mars/1890, qui a été publié dans le t. XVIII. de l'édition russe des Oeuvres complétes de Marx et d'Engels, et dans la revue Rinascita, 1954 n. 4.

4) J'ai retrouvé cette correspondance inéditée de Antonio Labriola, en consultant, l'année passée, les Archives Liebknecht, Kautsky et Guesde, conservé à l'Institut International d'Histoire Sociale. Je tiens à exprimer ici ma vive et sincére reconnaissance au prof. A. J. C. Rüter, direoteur de I'Institut, ainsi qu'à ses collaborateura, pour l'alde qu'ils ont témoignée, si généreusement à mes recherches. Toutes les lettres de Antonio Labriola seront intégralement publiées dans l'édition critique soignée par le prof. Dal Pane.

5) II s'agit du Congrés Ouvrier International de juillet 1889, tenu à Paris rue Rochechouart par les „marxistes”, où l'anarchiste italien F. S. Merlino intervint pour nier toute utilité à la législation sociale (quifigurait à l'ordre du jour du congrés) et pour affirmer qu'un Etat socialiste aurait pu être tout aussi réactionnaire que l'Etat bourgeois. Plus tard, vers la fin du siécle, Merlino se convertit à un socialisme „libéral”, assez proche du “revisionnisme” de Sorel.

6) Voir la lettre d'Engels à Guesde, datée du 25 juin 1890, aux Archives Guesde, à 1'Institut International d'Histoire Sociale.

7) Simon Dereure, communard, ancien gérant de la Marseillaise, était un des “internationalistes” français les plus connus. Le message en question fut transmis à W. Liebknecht le 2 septembre 1890 par une lettre de son ami personnel Charles Bonnier, le militant guesdiste du Nord, lecteur à l'Université d'Oxford. Voir la lettre aux Archives liebknecht a 1'Institut Int. d'Hist. Sociale.

8) II était signé par Emile Landrin, secrétaire du Comity central révolutionnaire, ancien militant des sections parisiennes de la Première Internationale. Voir la lettre de Landrin, du 30 sept. 1890 aux Archives Liebknecht.

9) Il ne fut constitué qu'au congrés de Gênes, le 15 août 1892, sous le nom de „parti des travailleurs italiens”. Le vrai fondateur du nouveau parti fut Filippo Turati, tandis que le prof. Labriola ètait trop sceptique (à tort, comme les événements ont prouvé) sur sa vitalité et cohésion. Au congrés de 1893 (à Reggio Emilia, en présence d'Emile Vandervelde) on adopta le nom de “parti socialiste des travailleurs italiens” et à celui de 1895 (tenu à Parma, dans la clandestiné à cause de la réaction gouvemeraentale) l'appellation définitive de „parti socialiste italien”.

10) Le texte du message fut publié par le Berliner Volksblatt du 1 oct. 1890 et par Cuore e Critica du 2 oct. 1890. II se trouve reproduit (sans les signatures) en Antonio Labriola, Scritti vari editi e inediti di Filosofia et Politica, raccolti e pubblicati da B. Croce, Bari, 1906, p. 345–48.Google Scholar Voir à ce sujet les lettres de Labriola à Turati, en Filippo Turati attraverso le lettere di corrispondenti (1880–1925), per cura di A. Schiavi, Bari, 1947, p. 6274. Voir chez Dal Pane, I.c. p. 237–41, une lettre de Turati à Labriola sur la même question.Google Scholar

11) Le, Vorwärts du 2 09. 1893 (n. 206) publia une correspondance sur les incidents déchaînts par le conflit d'Aigues-Mortes, en utilisant les renseignements du prof. Labriola. Nous n'avons pas vu la lettre de celui-ci à R. Fischer sur l'émigration italienne, mals sur ce dernier sujet déjà le Congrès International Ouvrier et Socialiste de Zürich avait approuvé une résolution due justement à la plume de Ant. Labriola.Google Scholar

12) A. Labriola se rapporte ici aux révélations sur les scandales bancaires italiens et sur le rôle des politiciens italiens les plus haut places dans cette “affaire”, qu'il envoya à Engels et que celui-ci transmit à la presse social-démocrate.

13) A. Labriola commenta bien favorablement dans un journal de Rome, , La Capitate, 1 nov. 1893, le message de Guesde. II obtint également la publication, dans le journal blanquiste Parti socialiste, d'un manifeste du Cercle socialiste de Naples sur ces événements, écrit parlui. Voir Scritti vari p. 370380. II était d'ailleurs toujours prêt a prouversa propre solidarité aux socialistes étrangers. De ses lettres à Bngels ilressort qu'il avait organisté à Rome des collectes en faveur du fond électoral du parti socialdémocrate allemand, quand celui-ci était encore persécuté. Par une lettre du 3 nov. 1892 au Socialiste (Archives Guesde) il faisait connaître d'avoir transmis 20 francs, comme sa souscription personnelle, aux grevistes de Carmaux.Google Scholar

14) L'analyse des conditions siciliennes, faite par le prof. Liabriola, forma les articles de fond (non signèd) du Vorwärts du 31 oct. (n. 256) et 2 nov. 1893 (n. 258). On faisait allusion, dans ce dernier, à l'importance du mouvement sicilien pour la social-de'mocratie intemationale.

15) R. Garibaldi Bosco fut condamné, pour son rôle dans les évènements de Sicile, à 12 ans de prison, dont il ne dut expier que deux. Voir sur lui une bonne étude documentée de S. F. Romano, dans la revue Movimento Operate, 1952. n. 6. Une bibliographie assez large, quoique non complete, des publications concernant les Faisceaux, se trouve dans Salvatore Carbone, Le origini del socialismo in Sicilia, Roma 1947.

16) Le prof. Labriola participa assez activement à l'agitation des chômeurs provoquée par la crise du bâtiment de Rome et aux préparatifs du 1 mai 1891. Un travail fort documenté sur ces évènements, avec deux interrogatoires de A. Labriola tirés des Archives de police, est celui de Luciano Cafagna, Anarchismo e socialismo a Roma negli anni della „febbre edilizia” e delta crisi, 1882–1891, paru dans Movimento Operaio, 1952 n. 5.

17) La direction du parti socialdémocrate allemand envoya effectivement aux socialistes de Sicile l'aide financière demandére: il paraît 500 Lires.

18) Wilhelm Liebknecht vint en Italie au début de 1900 et Antonio Labriola chargea Benedetto Croce de lui faire les honneurs de la maison … Voir les souvenirs de Croce, sur cette visite, en Quaderni della, Critica, n. 17–18, t. VI. 1950. Quelques billets de W. Liebknecht se trouvent aux Archives Croce à Naples.

19) A propos de la crise du marxisme (compte-rendu critique du livre du prof. T. G. Masaryk sur le marxisme) en Antonio Labriola, Essais 2 éd. appendice p, 312. D'ailleurs F. Turati et A. Kuliacioff eux-mêmes, qui devinrent un peu plus tard les vrais chefs de la tendance „réformiste” dans le mouvement ouvrier italien, craignaient que la „révision” du marxisme ne portât le parti socialiste sur des positions opportunistes. C'est pourquoi (voir leur carte du 20 oct. 1899 á Bebel, dans les Archives de celui-ci à l'Inst. Int. d'Histoire Sociale) ils se prononcèrent pour la ligne suivie par Bebel dans le débat avec Bernstein. (Cf. la réponse de Bebel en Filippo Turati attraverso le lettere l.c. p. 160).

20) Antonio Labriola, A propos du livre de Bernstein (Lettre à Lagardelle), dans le Mouvement sodaliste du 1 mai 1899. Cf. à p. 457.

21) Antonio Labriola n'aimait pas qu'on le canfondît avec Arturo Labriola, également de Naples, mais beaucoup plus jeune que lui. Arturo Labriola, auteur de nombre de livres d'histoire économique et d'études sur l'économie marxiste, devint après la première guerre professeur à l'Université de Messine et ensuite à l'Institut d'Hautes études de Bruxelles. A l'époque de la correspondance citée, il était militant socialiste trés actif. Il adhéra en suite au syndicalisme révolutionnaire, interprété à la manière de Sorel, dont il devint le principal porte-parole en Italie. Il quitta plus tard aussi le syndicalisme pour devenir, en 1913, député „indépendant”. En 1920 il fut nommé Miniatre du Travail dans un des derniers gouvernements de la démocratie libérale. Après la chute du fascisme, il fut réélu député.

22) Voir le texte italien en Scritti vari p. 401–5. Liebknecht lui-même répondit à l'enquête de la Petite République en publiant (Vorwärts du 5 oct. 1899) sa lettre au congrès d'Epernay du parti ouvrier français (tenu du 13 au 16 août 1899), oú il avait affirmé qu'aucun ministère ne pouvait gouverner, dans les conditions données de domination capitaliste, dans l'intérêt du prolétariat et que, par conséquent, un socialiste qui participait à un gouvemement bourgeois ne pouvait que passer à l'ennemi ou se donner prisonnier. Liebknecht ajoutait toutefois, en polemique implicite avec Guesde, qu'il était entièrement favorable à l'unité de tous les socialistes. Jusqu'ici Labriola et Liebknecht se trouvaient en effet d'accord. Ils différaient en réalité sur la question de la campagne pour Dreyfus, à laquelle Labriola, conxme d'ailleurs Kautsky et Bebel, était tout favorable, tandis que Liebknecht, presque seul parmi les socialistes allemands, y était contraire, en croignant que le dreyfusardisme ne compromît le socialisme dans un jeu de hasard. En fait, Liebknecht était convaincu de la culpabilité de Dreyfus. Son attitude était done plus cohérente de celle de Guesde, qui n'avait pas de doutes sur l'innocence du condamné, mais refusait, pour des raisons tactiques, qu'à Lafargue lui-même paraissaient exagérées, de s'associer à la campagne menée par Jaurés. Quant à l'affaire Millerand, Vaillant, que Antonio Labriola mettait également en cause, avait pris une attitude encore plus intransigeante de celle de Guesde. (Ce dernier était au début considérablement gêné par le millerandise de ses députés, tels Ferroul et Jourde, et de ses militants les plus respectés, tels que R. Lavigne).

23) Dans sa revue, la Critica sociale, du 16 Janvier 1896, Filippo Turati avait déclaré considérer souhaitable la défaite des armées italiennes envoyées contre l'Abyssinie (gouvernée par l'empereur Menelik), car c'était à son avis le seul moyen de mettre un terme aux entreprises coloniales inutiles, coûteuses, sanglantes, d'une classe dirigeante surannée, formée par des politiciens aveuglés par l'ambition et des militaires réactionnaires, dont la chute était la condition préalable pour l'essor, en Italie, d'une bourgeoisie industrielle digne des temps modernes. Antonio Labriola pouvait avoir raison de trouver hasardeux, déplacé du point de vue tactique, ce défaitisme révolutionnaire. II avait toutefois tort de l'attribuer à la tradition de Bakounine (que d'ailleurs, il faut le dire, il ne connaissait pas très exactement, se fiant à ce propos de ce qu'en avaient écrit, dans des moments de poléimique aigüe, Marx et Engels). En fait, Anna Kuliscioff dans sa jeunesse avait été proche de l'organisation italienne de Bakounine, mais elle s'en était detâchér avant même de faire la connaissance de Turati qui venait, lui, de la démocratic politique, et n'avait jamais subi 1'influence du grand agitateur russe. En substance, A. Labriola et F. Turati se trouvaient d'accord à penser que l'essor politique et social de la classe ouvrière italienne devait être précédée par son développement matériel, du à la création de grandes industries modernes, ce qui ne pouvait être, à son tour, que l'oeuvre de la bourgeoisie, la seule classe capable à l'époque de diriger l'économie italienne dans les voies du progrès productif. Mais le prof. Labriola croyait que les entreprises coloniales auraient servi la cause de l'épanouissement industriel de l'Italie, tandis que Turati le niait d'une façon catégorique. C'était done un désaccord entre deux marxistes, s'appliquant tous deux aux problemes vivants de la société italienne. Il n'est pas sans intérêt de rappeler que le débat entre Labriola et Turati à propos de la question coloniale avait commencé dès 1890 et que Engels lui-même y intervint pour exprimer son avis sur un point particulier. Sur la revue Cuore e Critica, Turati critiqua, au début de 1890, l'utilité, soutenue par A. Labriola, d'exiger du gouvernement l'assignation à des paysans cultivateurs directes, voire à des coopératives formées par eux, des terres cultivables se trouvant dans la colonie d'Erythrée, récemment acquise par l'Italie. Selon l'avis de Turati, le gouvernement italien de l'époque était trap réactionnaire pour être en mesure de faire utilement rien de semblable et d'ailleurs l'ambiance de la colonie ne se serait prêté en fait qu'à des spéculateurs et entrepreneurs capitalistes agressifs, ayant la mentalité de l'accumulation primitive. Interpellé par son traducteur, P. Martignetti, Engels répondit qu'il pouvait être de bonne tactique que les socialistes exigeâssent du gouvernement l'assignation aux paysans travailleurs des terres coloniales les meilleures, mais que naturellement il ne fallait pas se faire des illusions sur la probabilité que le gouvernement acceptât cette solution. (Voir la lettre de Engels dans Cuore e Critica du 16 avril 1890).

24) Dans Critica sociale du 16 sept. 1896 F. Turati et A. Kuliseioff déclarèrent qu'il ne suffisait pas, à leur avis, qu'une cause fût bonne pour qu'un parti politique pût trouver convenable à lui consacrer ses forces. Le parti socialiste italien, disaient-ils, avait besoin de ses militants pour le combat démocratique en Italie, et ne pouvait pas se permettre le luxe de les envoyer, d'une façon romantique, en Grèce.

25) Dans le post-scriptum à 1'éclition française de son troisième Essai („Discorrendo di socialismo e filosofia”, paru sous le titre de “Socialisme et philosophic” Paris 1899), A. Labriola répondit aux critiques formulées par B. Croce à l'adresse des théories économiques de Marx.

26) Enrico Ferri, professeur de droit pénal à l'Université de Bologne, et ensuite à celle de Rome, député depuis 1886, l'un des fondateurs de l'école „positiviste” du droit et de la sociologie criminelle, adhéra avec éclat, en 1893, au parti socialiste. De 1896 à 1906 il fut le chef de la fraction intransigeante du socialisme italien. Comme Antonio Labriola 1'avait prévu, E. Ferri changea successivement, d'une façon radicale, toute son attitude. Fin 1909 il se prononca pour la participation au gouvernement et il quitta ensuite le parti socialiste pour le ministérialisme. Au congrès International de Paris (23−27 sept. 1900) Ferri était l'allté de Jules Guesde. La motion intransigeante Guesde-Ferri disait que „par conquête des pouvoirs publics il faut entendre l'expropriation politique de la classe capitaliste, que cette expropriation ait lieu pacifikuement ou violemment” elle exigait done l'interdiction absolue de 1'entrée des socialistes au gouvernement, tant que le parti socialiste ne disposait pas de la majorité au Parlement. Cette motion eut 9 voix. La motion de Kautsky, qui fut approuvé par 29 voix, disait que „dans les pays où le pouvoir est centralisé, il ne peut pas être conquis fragmentairement. L'entrée d'un socialiste isolé dans un gouvernement bourgeois ne peut pas être considéré comme le commencement normal de la conquête du pouvoir politique, mais seulement comme un expédient forcé, transitoire et exceptionnel.” Il s'agissait done, selon Kautsky, d'une „expérience dangereuse”, mais relevant tout de même de la tactique et non des principes. Plekhanoff fit ajouter à cette motion l'engagement pour le ministre socialiste de démissionner si le partiétait d'avis que le gouvernement faisait preuve de partialité dans les conflits entre capital et travail.

27) Essais sur la conception matérialiste de l'histoire, 2 éd. p. 274.