Hostname: page-component-84b7d79bbc-5lx2p Total loading time: 0 Render date: 2024-08-01T09:14:04.439Z Has data issue: false hasContentIssue false

L'aspect radical et révolutionnaire de la théorie sociale et politique de Popper*

Published online by Cambridge University Press:  10 November 2009

Fred Eidlin
Affiliation:
University of Guelph

Abstract

This article argues that Popper's social and political theory is congenial to the planning and carrying out of fundamental and thoroughgoing reform of society guided and informed by rationally plausible and morally defensible theory. Popper's arguments for moderation in political action do not rest on or support any kind of idealization of either tradition or status quo, or even upon his dislike of violence, but rather upon the inherent limitations of human knowledge. While there is no need to fear radical revolution in theoretical science (no one is harmed when theories are killed), the application of theories to political action involves risk. And risk presents moral problems and decisions which cannot be resolved by science. Popper's social and political ethics are humanitarian and egalitarian. If this should require broad, fundamental changes in political and social norms and institutions, then such changes must remain among the ultimate, if not the immediate goals of political action.

Résumé

Cet article tente de démontrer que la théorie sociale et politique de Popper s'apparente à l'idée d'une réforme fondamentale et globale de la société, guidée et alimentée par une théorie rationnellement plausible et moralement défendable. Les arguments de Popper en faveur de la modération dans l'action politique ne reposent sur aucune idéalisation, ni de la tradition, ni du statu quo, ni même sur son dégoût de la violence; ils se fondent bien davantage sur les limites des connaissances inhérentes à l'être humain. Alors qu'il n'y a pas lieu de craindre une révolution radicale en science théorique (personne n'est blessé lorsqu'on tue les théories), l'application de théories à l'action politique présente des risques. Or ces risques entraînent des problémes moraux que la science ne peut résoudre et des décisions qu'elle ne peut pas prendre. L'éthique sociale et politique de Popper est humanitaire et égalitaire. Elle exige l'élimination des souffrances inutiles pour tous les membres de la société. Si cela implique de vastes transformations fondamentales des normes et des institutions politiques et sociales, ces changements doivent demeurer parmi les buts ultimes, sinon immédiats, de l'action politique.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Canadian Political Science Association (l'Association canadienne de science politique) and/et la Société québécoise de science politique 1984

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

1 Popper, Karl R., The Open Society and Its Enemies 1: The Spell of Plato (5e éd.: Princeton, N.J.: Princeton University Press, 1966). 164.Google Scholar

2 Ibid, 159.

3 Ibid, 161.

4 Une bonne fin justifie-t-elle de mauvais moyens? Voir Ibid, 286-87, note 6 du chapitre 9.

5 Dunn, John, Western Political Theory in the Face of the Future (Cambridge: Cambridge University Press, 1979), 97Google Scholar (traduction de l'auteur).

6 Tinder, Glenn, Political Thinking (3e éd.; Boston: Little, Brown, 1979), 174.Google Scholar

7 Dye, Thomas R., Understanding Public Policy (Englewood Cliffs, N.J. : Prentice-Hall, 1972), 30Google Scholar (traduction de l'auteur).

8 Voir, par exemple, Braybrooke, David et Lindblom, Charles E., A Strategy of Decision: Policy Evaluation as a Social Process (New York: The Free Press, 1963), 108.Google Scholar

9 Voir, par exemple, Ibid, surtout 106-10: et Lippmann, Walter, « The Agenda of Liberalism », dans son livre The Good Society (New York: Grosset and Dunlop, 1937).Google Scholar

10 À vrai dire, les incrémentalistes s'occupent des questions de valeurs dans la politique, et de la correction de la politique causée par la rétroaction (feedback). Mais ce n'est pas du tout le type de relation entre la théorie et la pratique que nous croyons absent de la théorie incrémentaliste.

11 Dahl et Lindblom, par exemple, ont explicitement affirmé que ces deux orientations ont beaucoup en commun (Dahl, Robert A. et Lindblom, Charles E., Politics, Economics, and Welfare [New York: Harper Torchbooks, 1963] 82Google Scholar [note]). Néanmoins, il n'y a aucune indication qu'ils soient conscients des diféerences importantes examinées dans cet article.

12 Il écrit, par exemple, dans La Misére de l'historicisme: « La maniére d'aborder un probléme pour le piecemeal social engineer est la suivante. Quoiqu'il puisse chérir des idéaux qui touchent la société «dans son ensemble»—son bien-çtre par exemple—il ne croit pas à la méthode de la reconstruire en totalité. Quelles que soient ses fins, il essaie de les réaliser par de petits remaniements et réglages qui permettent une amélioration continuelle » (Popper, Karl R., The Poverty of Historicism [2e éd.; London: Routledge and Kegan Paul, 1969, 66Google Scholar [traduction de l'auteur]). Ou comme il l'écrit dans La Société ouverte et ses ennemis : « L'existence de maux sociaux ... peut çtre relativement bien établie. ... Il est infiniment plus difficile de raisonner sur une société idéale. La vie sociale est si compliquée que peu de gens ou mçme personne ne pourrait juger un photocalque (blueprint) pour la reconstruction de la société à grande échelle. ... Par contraste, des plans pour de petits remaniements sont simples.… S'ils échouent, les dommages ne sont pas tellement graves, et la réparation peu difficile » (Popper, Open Society I, 159).

13 Koertge, N., « On Popper's Philosophy of Social Science », in Schaffner, Kenneth F. et Cohen, Robert S. (dirs.), PSA 1972, Boston Studies in the Philosophy of Science 20 (Dordrecht-Holland: D. Reidel, 1974), 202Google Scholar (traduction et accentuation de 1'auteur).

14 Popper, Poverty, 130–42Google Scholar.

15 Koertge, « On Popper's Philosophy of Social Science », 205.

16 Popper, Poverty, 67.Google Scholar

17 Popper, Open Society I, 161.Google Scholar

18 Agassi, Joseph, « The Confusion between Science and Technology in the Standard Philosophies of Science, » dans Joseph Agassi, Science in Flux (Dordrecht-Holland : D. Reidel, 1975), 283.CrossRefGoogle Scholar

19 Popper, « Reason or Revolution », dans Adorno, Theodor W., et al., traduit par Adey, Glyn et Frisby, David, The Positivist Dispute in German Sociology (London: Heinemann, 1976), 291.Google Scholar

20 Popper, « Two Faces of Common Sense », dans Objective Knowledge (Oxford University Press, 1972), 18Google Scholar (traduction de l'auteur).

21 Popper, « Truth, Rationality, and the Growth of Knowledge », dans Popper, Conjectures and Refutations: The Growth of Scientific Knowledge (New York: Harper Torchbooks, 1968), 216.Google Scholar

22 Ibid, 229.

23 Ibid., 230-31.

24 Popper, Poverty, 58.Google Scholar

25 Ibid., 59. Voir aussi Popper, « Reason or Revolution », 89.

26 Ibid., 134.

27 Koertge, « On Popper's Philosophy of Social Science », 202.

28 Popper, Poverty, 62.Google Scholar

29 Popper, « La rationalité et le statut du principe de rationalité », dans Classen, Emil M. (dir.), Les fondements philosophiques des systémes économiques (Paris: Payot, 1967), 142.Google Scholar

30 Eidlin, Fred, « Area Studies and/or Social Science: Contextually-limited Generalizations Versus General Laws », dans Fred Eidlin (dir.), Constitutional Democracy: Essays in Comparative Politics (Boulder: Westview Press, 1983), 199216.Google Scholar Voir aussi Fred Eidlin, « Soviet Studies and «Scientific» Political Science », Studies in Comparative Communism 12 (1979), 133-43.

31 Voir, par exemple, Eidlin, Fred, « Popper's Fact-Standard Dualism Contra «Value-Free» Social Science », Social Science Quarterly 64 (1983), 118.Google Scholar

32 Nous avons été surpris de découvrir que notre usage du terme « radical » par rapport à la théorie de Popper n'était pas aussi idiosyncratique que nous le pensions. Bryan Magee écrit: « Mon sujet de discussion de plus longue date avec Popper âgé concerne son refus de reconnaître les conséquences radicales de ses idées dans la politique actuelle » (Popper [Glasgow: Fontana/Collins, 1975], 84).

33 Popper, « Rational Theory of Tradition », 120.

34 Ibid., 122 (traduction de l'auteur).

35 Popper, Poverty, 69.