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Postmatérialisme et clivages partisans au Québec: les partis sont-ils différents?*

Published online by Cambridge University Press:  10 November 2009

Réjean Pelletier
Affiliation:
Université Laval
Daniel Guérin
Affiliation:
Université de Montréal

Abstract

The rise of postmaterialist values in democratic societies is likely to affect traditional representative institutions such as political parties. This article seeks to ascertain whether the leaders and followers of Quebec's two mainstream political parties, the Liberal party and the Parti Québécois, adhere in any different fashion to these values. It is based on two surveys, the mail survey from the 1993 Canadian Election Study and another established by the authors. Data show important cleavages between these two parties on postmaterialism, the leaders and followers of the Parti Québécois being clearly more postmaterialist than their Liberal counterparts. However, the values associated with “New Politics” do not fill the place of old economic cleavages such as those that are based on the redistribution of wealth, still present in the Quebec party system.

Résumé

La montée du courant postmatérialiste dans les sociétés démocratiques est susceptible d'affecter les institutions traditionnelles de représentation comme les partis politiques. Le présent article cherche à déterminer si les dirigeants et les clientèles des deux principaux partis politiques québécois, le Parti libéral du Québec et le Parti québécois se distinguent quant à l'adhésion à ce type de valeurs. L'étude a été réalisée à partir de deux questionnaires, l'un conçu par les auteurs, le second étant le questionnaire à retourner par la poste de l'Étude électorale canadienne de 1993. Les résultats mettent en évidence d'importants clivages entre les partis au plan des valeurs matérialistes/postmatérialistes, les électeurs et les dirigeants du Parti québécois étant nettement plus postmatérialistes que leurs homologues du Parti libéral du Québec. L'empreinte laissée par le courant de la Nouvelle Politique sur les partis du Québec n'élimine pas pour autant les anciens clivages économiques qui continuent de marquer le système partisan du Québec, notamment celui fondé sur les enjeux de redistribution de la richesse.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Canadian Political Science Association (l'Association canadienne de science politique) and/et la Société québécoise de science politique 1996

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References

1 Pour l'Europe et l'Amérique du Nord, voir Inglehart, Ronald, Culture Shift in Advanced Industrial Society (Princeton: Princeton University Press, 1990Google Scholar); pour le Canada, la Grande-Bretagne, les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, voir Nevitte, Neil et Gibbins, Roger, New Elites in Old States, Ideologies in the Anglo-American Democracies (Toronto: Oxford University Press, 1990Google Scholar); pour les pays scandinaves, on peut consulter Lafferty, W. et Knutsen, O., « Postmaterialism in a Social Democratic State: An Analysis of the Distinctness and Congruity of the Inglehart Value Syndrome in Norway », Comparative Political Studies 17 (1985), 411–30.CrossRefGoogle Scholar

2 Voir notamment Seymour Lipset, Martin et Rokkan, Stein, Party Systems and Voter Alignments (New York: Free Press, 1967Google Scholar); et Seiler, Daniel-Louis, De la comparaison des partis politiques (Paris: Economica, 1986Google Scholar).

3 L'un des principaux changements associés à l'émergence des valeurs post-matérialistes est l'importance accordée a certains enjeux spécifiques comme la protection de l'environnement, les droits des femmes et des immigrants, etc. Voir à ce sujet Inglehart, Culture Shift, 341.

4 Inglehart, Ronald et Rabier, Jacques-René, « Political Realignment in Advanced Industrial Society: From Class-Based Politics to Quality-of-Life Politics », Government and Opposition 21 (1986), 473.CrossRefGoogle Scholar

5 L'étude la plus complète est celle de Neil Nevitte, « Nouvelle politique, charte des droits et participation à la vie politique », dans Bakvis, H., dir., Les partis politiques au Canada, Représentativé et intégration, coll. « Études pour la Commission royale d'enquéte sur la réforme électorate et le financement des partis », vol. 14 (Toronto: Dundurn Press, 1991), 399469.Google Scholar

6 Nous laisserons de côté dans cette étude l'aspect le plus étudié des différences idéologiques entre le Parti québécois et le Parti libéral du Québec, soit la dimension constitutionnelle, pour nous concentrer sur les aspects moins connus des differences de valeurs entre les deux partis.

7 Cette distinction correspond à une classification bien connue dans la littérature sur les partis politiques: le parti dans l'organisation, le parti au gouvernement et le parti dans l'électorat. Beck, Voir P. A. et Sorauf, F. J., Party Politics in America (Boston: Little, Brown, 1992Google Scholar). Suivant ce point de vue, les dirigeants locaux de partis peuvent être considérés comme une composante importante de la structure du parti.

8 Suivant Inglehart (Culture Shift, 177–211), nous défmissons la Nouvelle politique comme un intérêt pour les formes non conventionnelles de participation politique, jumelé à une préoccupation pour tout, ce qui touche la qualité de vie, un concept qui englobe des enjeux liés a l'environnement, l'égalité des sexes, les droits des minorités, la paix, etc. La présente étude se concentre sur le second aspect de cette définition.

9 Pour un apercu de ces résistances, voir Rohrschneider, Robert, « Impact of Social Movements on European Party Systems », The Annals of the American Academy 528 (1993), 156–71.CrossRefGoogle Scholar

10 Dalton, Russell J., Citizen Politics in Western Democracies, Public Opinion and Political Parties in the United States, Great Britain, West Germany and France (Chatham: Chatham House, 1988), 191.Google Scholar

11 Il existe une abondante litérature sur le déclin des partis politiques dans les sociétés occidentales et notamment aux États-Unis et au Canada. Parmi d'autres, on peut citer Broder, David, The Party's Over (New York: Harper & Row, 1971Google Scholar); Crotty, William, American Parties in Decline (Boston: Little, Brown, 1984Google Scholar); Wattenberg, Martin P., The Decline of American Political Parties, 1952–1988 (Cambridge: Harvard University Press, 1990Google Scholar); Petrocik, John R., Party Coalitions: Realignment and the Decline of the New Deal Party System (Chicago: University of Chicago Press, 1981Google Scholar); Sabato, L. J., The Rise of Political Consultants (New York: Basic Books, 1981Google Scholar); et Meisel, John, « The Decline of Party in Canada », dans Thorburn, H. G., dir., Party Politics in Canada (Scarborough: Prentice-Hall, 1985), 98114.Google Scholar Selon de nombreux auteurs, le déclin des partis est caractérisé par une série de phénomènes dont les principaux sont la volatilité accrue des électeurs, la diminution de l'attachement des citoyens aux partis et l'érosion des modes traditionnels de participation politique.

12 Dalton, Citizen Politics in Western Democracies.

13 Selle, Per et Svasand, Lars, « Membership in Party Organizations and the Problem of Decline of Parties », Comparative Political Studies 23 (1991), 459–77.CrossRefGoogle Scholar

14 Une telle possibilité est évoquée dans Tanguay, A. Brian et Gagnon, Alain G., dir., Canadian Parties in Transition (2e éd.; Scarborough: Nelson, 1995Google Scholar).

15 Sigurdson, Richard, « Preston Manning and the Politics of Postmodernism in Canada », cette Revue 27 (1994), 249–76.Google Scholar

16 Voir André Blais et Richard Nadeau, « L'appui au Parti québécois: Evolution de la clientèle de 1970 à 1981 », dans Crête, Jean, dir., Comportement électoral au Québec (Chicoutimi: Gaétan Morin Éditeur, 1984Google Scholar); également, Hamilton, Richard et Pinard, Maurice, « The Bases of Parti Quebecois Support in Recent Quebec Elections », cette Revue 9 (1976), 326.Google Scholar

17 Blais et Nadeau, « L'appui au Parti québécois ».

18 Dion, Léon, Nationalismes et politique au Québec (Montréal: Hurtubise HMH, 1975Google Scholar).

19 Nevitte, « Nouvelle politique », 413.

20 Vincent Lemieux, « Le positionnement des partis dans les débats sur l'avenir politique du Québec », dans Balthazar, Louis, Laforest, Guy et Lemieux, Vincent, dir., Le Québec et la restructuration du Canada, 1980–1992, Enjeux et perspectives (Quebéc: Septentrion, 1991), 277.Google Scholar

21 Réjean Pelletier, « L'État du Quebec dix ans plus tard (1980–1990) », dans ibid., 26–27.

22 Inglehart, Culture Shift, 381.

23 Ibid., 336.

24 Nevitte, « Nouvelle politique », 415.

25 En effet, l'échantillon des électeurs québécois comprend 32 pour cent d'universitaires, une proportion à peu près équivalente à celle observée parmi les dirigeants (33%). Une telle proportion d'universitaires dans l'électorat peut paraître surprenante à première vue, mais elle peut s'expliquer par l'effet de sélection du questionnaire à retourner par la poste de l'Étude électorale canadienne. En effet, les répondants ayant rempli puis retourne’ ce questionnaire ont probablement en commun d'être très intéressés à la politique, une caractéristique qui est particulièrement présente chez les citoyens les plus scolarisés.

26 L'ouvrage classique en cette matière est celui de Converse, Philip E., « The Nature of Belief Systems in Mass Publics », dans Apter, David, dir., Ideology and Discontent (New York: Free Press, 1964Google Scholar); et Converse, P. E. et Pierce, Roy, Political Representation in France (Cambridge: Harvard University Press, 1986CrossRefGoogle Scholar).

27 McAllister, Ian, « Party Elites, Voters and Political Attitudes: Testing Three Explanations for Mass-Elites Differences », cette Revue 24 (1991), 237–68.Google Scholar

28 McCloskey, Herbert, Hoffman, Paul J. et O'hara, Rosemary, « Issue Conflict and Consensus among Party Leaders and Followers », American Political Science Review 54 (1960), 406–27.CrossRefGoogle Scholar

29 Jackman, Robert W., « Political Elites, Mass Publics, and Support for Democratic Principles », Journal of Politics 34 (1972), 752–73.CrossRefGoogle Scholar

30 Ce point de vue est défendu notamment par Putnam, R., The Comparative Study of Political Elites (Englewood Cliffs: Prentice Hall, 1976Google Scholar).

31 Sabatier, Paul et McLaughlin, Susan M., « Belief Congruence of Governmental and Interest Group Elites with Their Constituencies », American Politics Quarterly 16 (1988), 6198CrossRefGoogle Scholar; et Sabatier, Paul et McLaughlin, Susan M., « Belief Congruence between Interest-Group Leaders and Members: An Empirical Analysis of Three Theories and a Suggested Synthesis », Journal of Politics 52 (1990), 914–35.CrossRefGoogle Scholar

32 May, Voir John D., « Opinion Structure of Political Parties: The Special Law of Curvilinear Disparity », Political Studies 21 (1973), 135–51.CrossRefGoogle Scholar

33 Les dirigeants locaux de partis correspondent bien à la définition donnée ici par Norris, Pippa, « May's Law of Curvilinear Disparity Revisited », Party Politics 1 (1995), 31.CrossRefGoogle Scholar « Local officers, including the chairs of constituencies, branch secretaries and treasurers, are expected to invest considerable time and energy in the humdrum tedium of local party politics—attending routine regional, constituency and ward meetings, campaigning, fundraising and maintaining the grass-roots organization. Active party members, without formal responsabilities, need to attend lengthy evening meetings and help with canvassing and electioneering. May suggests that only those most committed to party principles will continue to be attracted to this work ».

34 Pour une perspective comparative, voir Janda, Kenneth, « Comparative Political Parties: Research and Theory », dans Finifter, Ada, dir., Political Science: The State of the Discipline II (Washington: American Political Science Association, 1993Google Scholar). Cependant, il est bien établi que les étiquettes gauche-droite sont susceptibles de prendre des significations variées dans des contextes historiques et culturels différents. Voir à ce sujet Sartori, G., Parties and Party System: A Frame-work for Analysis (Cambridge: Cambridge University Press, 1976Google Scholar). De plus, peu d'études ont utilisé cette terminologie dans le cas québécois. Compte tenu de ces deux considérations, nous nous abstiendrons d'utiliser l'appellation gauche-droite en ce qui concerne la présente étude. Nous préféons recourir à la notion de redistribution des revenus (égalitarisme économique ou social) pour approcher cette dimension traditionnelle des attitudes politiques. Ce choix se justifie en plus par la nature des considérations incluses dans cette échelle idéologique, considérations qui renvoient toutes aux concepts d'égalité et d'écarts de revenus (voir annexe 2). D'ailleurs, une relation étroite a déjà été observed entre la dimension redistributive (ou l'égalité de revenus) et le continuum gauche/droite (voir Nevitte et Gibbins, New Elites in Old States, 109). En vertu de la perspective classique voulant que les attitudes dépendent de valeurs sociales préexistantes (voir Allport, G. W., Pattern and Growth in Personality [New York: Holt, Rinehart and Winston, 1961Google Scholar]), l'égalitarisme et son contraire (acceptation des hearts de revenus) ont été souvent considérés par le passé comme une dimension fondant des attitudes politiques favorables à l'interventionnisme de l'État ou au laissez-faire (voir Donald R. Kinder, « Diversity and Complexity in American Public Opinion », dans Finifter, dir., Political Science), elles-mêmes étroitement associées aux positions de gauche ou de droite.

35 Voir à ce sujet Laponce, J. A., People vs Politics (Toronto: University of Toronto Press 1969Google Scholar); de plus, « In Search of Stable Elements of the Left-Right Landscape », Comparative Politics 4 (1972), 455–75; toujours du même auteur, Left and Right: The Topography of Political Perceptions (Toronto: University of Toronto Press, 1981); et enfin, Lambert, Ronald D., Curtis, J., Brown, S. D. et Kay, B., « In Search of Left-Right Beliefs in the Canadian Electorate », cette Revue 19 (1986), 541–63.Google Scholar

36 On trouvera dans Ronald Inglehart (1987), cité dans Kitschelt, Herbert et Hellemans, Staf, « The Left-Right Semantics and the New Politics Cleavage », Comparative Political Studies 23 (1990), 210–38CrossRefGoogle Scholar, à 213, le constat d'une transformation de la dimension gauche-droite: « Increasingly, it [the R-L dimension] refers to a cluster of issues concerning the quality of the physical and social environment, the role of women, of nuclear power and nuclear weapons. The meaning of left is changing imperceptibly but continuously ».

37 Inglehart et Rabier, « Political Realignment ».

38 Voir, entre autres, Savage, James, « Postmaterialism of the Left and Right, Political Conflict in Postindustrial Society », Comparative Political Studies 17 (1985), 431–51.CrossRefGoogle Scholar

39 Parmi les représentants de ce courant, Flanagan, Scott C., « Changing Values in Advanced Industrial Societies: Inglehart's Silent Revolution from the Perspective of Japanese Findings », Comparative Political Studies 14 (1982), 403–44CrossRefGoogle Scholar; également, Steel, B. S., Warner, R. L., Lovrich, N. P. et Pierce, John C., « The Inglehart-Flanagan Debate over Postmaterialist Values: Some Evidence from a Canadian-American Case Study », Political Psychology 13 (1992), 6177CrossRefGoogle Scholar; enfin, Kitschelt et Hellemans, « The Left-Right Semantics and the New Politics Cleavage », 210–38.

40 Nevitte, Neil, Bakvis, Herman et Gibbins, Roger, « The Ideological Contours of New Politics in Canada: Policy, Mobilization and Political Support », cette Revue 22 (1989), 475503.Google Scholar

41 Ibid., 498.

42 Voir Dalton, Citizen Politics in Western Democracies, 94. Cet auteur exprime ici l'idée d'un mélange des enjeux matérialistes et postmatérialistes: « Concerns for environmental protection, individual freedom, social equality, participation, and the quality of life have been added to the traditional political agenda of economic and security issues. For now, and the foreseeable future, democratic politics will be marked by a mix of material and postmaterial issues ». Voir également Kitschelt et Hellemans, « The Left-Right Semantics ».

43 Quelque 15 dirigeants dans les comtés montréalais ayant une population majoritairement non francophone ont ainsi été rayés de la liste fournie par le PLQ. Il est également possible que certains dirigeants anglophones, à l'extérieur de l'île de Montréal, ayant reçu le questionnaire en français, aient choisi de ne pas y répondre.

44 Sur ces 63 répondants anglophones, 35 ayant bien répondu aux questions sur le postmatérialisme ont été conservés. Parmi eux, nous en avons identifié 30 qui étaient attachés au PLQ et 5 sans attachement déclare’.

45 Inglehart, Ronald, The Silent Revolution: Changing Values and Political Styles among Western Publics (Princeton: Princeton University Press, 1977Google Scholar).

46 En accordant un point pour un énoncé postmatérialiste et −1 pour un énoncé matérialiste, un répondant peut obtenir soit −2, 0 ou 2 sur chacune des batteries. En additionnant les scores sur les deux batteries, les résultats possibles sont de −4, −2, 0, 2 ou 4. Un résultat de − 4 (qui équivaut à 4 énoncés matérialistes sur 4) ou −2 (3 énoncés matérialistes sur 4) était classé matérialiste; 0 était classé mixte et 2 ou 4 était classé postmatérialiste. Les répondants qui ont mal répondu sur l'une ou l'autre des deux batteries de questions (i.e. n'ont pas donné un ordre de priorité) ont quand meme été conservés et ont été classés en fonction de la batterie à laquelle ils ont bien répondu. Sur les 559 répondants, 347 ont pu ainsi être classés dans l'une ou l'autre des trois catégories de valeurs.

47 Voir l'annexe 2 pour le libellé de ces questions.

48 L'appartenance partisane des électeurs québécois a été déterminée à partir de la question sur l'identification à un parti provincial du sondage de l'étude électorale canadienne 1993 réalisé durant la campagne, partie de l'enquête à laquelle ont nécessairement participé les répondants du questionnaire par la poste. Sur les 347 répondants classés dans l'une des trois catégories de valeurs, 306 ont dévoilé un attachement partisan.

49 Les moyennes d'âge des dirigeants du Parti québécois et du Parti libéral sont comparables avec respectivement 45, 5 ans et 46, 3 ans. En ce qui concerne la scolarité, les dirigeants des deux partis présentent des profils de scolarité assez comparables au niveau agrégé. On retrouve respectivement 33 pour cent et 36 pour cent d'universitaires parmi les dirigeants du Parti québécois et du Parti libéral.

50 Il est possible que la proportion de postmatérialistes ait été quelque peu sousévaluée dans l'échantillon des dirigeants du Parti libéral du Québec étant donné l'exclusion de membres d'exéeutif de langue anglaise. Toutefois, si l'on regarde le profil particulier des anglophones identifiés au Parti libéral dans l'électorat, cette hypothese est peu plausible compte tenu de la distribution des valeurs dans ce groupe: 14 pour cent de matérialistes, 74 pour cent de mixtes et 12 pour cent de postmatérialistes (35 cas). Ainsi, l'exclusion des anglophones (qui semblent un peu plus matérialistes que postmatérialistes) aurait eu pour effet d'affaiblir plutôt que de renforcer la relation observée dans la présente étude, à savoir l'association positive entre l'appartenance au Parti libéral et le matérialisme.

51 Dans son étude sur la Nouvelle politique dans la population canadienne, Nevitte (« Nouvelle politique ») presente la distribution par province des valeurs matérialistes/postmatérialistes. Pour le Québec, la proportion de postmatérialistes atteint 30,9 pour cent contre 18,3 pour cent de matérialistes, soit une différence de 12,6 points de pourcentage en faveur des postmatérialistes. Nos résultats dans l'échantillon d'électeurs sont compatibles avec ceux de Nevitte bien qu'on observe une proportion un peu moindre de postmatérialistes dans notre propre étude (23,5% contre 30,9%). Une telle divergence peut s'expliquer par les contextes particuliers dans lesquels ont été réalisées les deux enquêtes. On a observé ailleurs que les batteries de questions sur le matérialisme/postmatérialisme prdsentent une certaine sensibilité aux conditions économiques prévalant au moment de la période d'enquéte. Sur ce dernier point, voir Clarke, Harold D. et Dutt, Nitish, « Measuring Value Change in Western Industrialized Societies: The Impact of Unemployment », American Political Science Review 85 (1991), 905–20CrossRefGoogle Scholar; également Duch, R. M. et Taylor, Michaell A., « Postmaterialism and the Economic Conditions », American Journal of Political Science 37 (1993), 747–79.CrossRefGoogle Scholar

52 La moyenne d'âge des électeurs du PQ est légerèment inférieure à celle des électeurs du PLQ (40,8 contre 45 respectivement) mais l'âge n'est pas relié à l'adhésion aux valeurs matérialistes/postmatérialistes chez les électeurs comme le montrent les statistiques suivantes: chez les 18–49 ans, nous retrouvons 16,7 pour cent de matérialistes, 57,8 pour cent de mixtes et 25,6 pour cent de postmatérial istes. Chez les 50 ans et plus, ces proportions sont respectivement de 17,6 pour cent, 57 pour cent et 25,7 pour cent. Ici non plus, la différence d'âge ne peut pas expliquer le profil distinct des clientèles du PQ et du PLQ en ce qui concerne les valeurs matérialistes/postmatérialistes. En ce qui concerne le niveau de scolarité dans chacun des deux électorats, la proportion d'universitaires est comparable avec 31,5 pour cent et 30,1 pour cent respectivement au Parti québécois et au Parti libéral, ce qui exclut une influence possible de cette variable.

53 Sabatier et McLaughlin, « Belief Congruence between Interest-Group Leaders and Members ».

54 Simard, Voir Sylvain et Noreau, Pierre, « Identité collective et souveraineté », L'Action nationale 82 (1992), 781–87.Google Scholar

55 Langlois, Simon, « L'évolution récente des valeurs dans la sociéte’ Québecoise », L'Action nationale 50 (1990), 934.Google Scholar

56 Langlois, Simon, « Les nouvelles tendances de l'identité nationale », L'Action nationale 82 (1992), 551–59.Google Scholar

57 Dalton, Citizen Politics in Western Democracies, 191.

58 Cette situation, au niveau de l'électorat, pourrait s'expliquer également par l'absence de l'un ou des deux critères classiques du vote en fonction des enjeux. Ces conditions sont connues depuis les travaux classiques d' Campbell, Angus et al., The American Voter (New York: John Wiley, 1960Google Scholar). Leurs modèles de choix électoral identifient deux préalables à ce type de vote: les électeurs doivent avoir des opinions suffisamment cohérentes et stables sur les enjeux en cause et percevoir des différences dans les positions des partis relativement à ces enjeux. II se pourrait que ces deux conditions ne soient pas totalement présentes à ce momentci en ce qui touche l'appui aux nouveaux enjeux de l'environnement, des droits des femmes et des droits des immigrants dans l'électorat. Au contraire, on peut penser que les deux mêmes conditions sont nettement plus affirmées parmi les dirigeants de partis, généralement reconnus pour leurs positions plus tranchées et cohérentes (voir note 62 et texte la préeédant). Ce qui expliquerait l'existence de différences interpartis sur les nouveaux enjeux parmi les dirigeants.

59 Pelletier, « L'État du Québec », 23.

60 Lipset, Seymour Martin, « Valeurs et institutions au Canada et aux États-Unis », dans McKinsey, Lauren, dir., Une frontière dans la tête: culture, institution et imaginaire canadiens (Montréal: Liber, 1991), 65131.Google Scholar

61 P. E. Converse et Roy Pierce, Political Representation in France (Cambridge: Harvard University Press), 233. Les corrélations ont éte mesurées à partir des trois variables suivantes: le degré d'adhésion à un nouvel enjeu, l'appui à l'égalitarisme et l'appartenance à l'une des trois catégories de valeurs (matérialiste/mixte/postmatérialiste).

62 Ces résultats sont coherents avec ceux que Ton retrouve chez les dirigeants, où l'on s'attend en principe à retrouver une plus forte cohésion idéologique, avec encore une fois un avantage en faveur des péquistes par rapport aux libéraux. Chez les dirigeants libéraux, ce r moyen est égal à ,09 tandis que chez les dirigeants péquistes, il est de ,20.

63 Kitschelt et Hellemans, « The Left-Right Semantics ».

64 Pelletier, « L'État du Québec ».

65 Dalton, Russell J., « Political Parties and Political Representation: Party Supporters and Party Elites in Nine Nations », Comparative Political Studies 18 (1985), 267–99.CrossRefGoogle Scholar

66 Compte tenu de sa très faible contribution aux clivages interpartis mise en évidence dans les tableaux croisés, nous avons retiré la valeur « droits des immigrants » de l'analyse multivariée afin d'obtenir la fonction la plus « parcimonieuse » possible.

67 Brodie, Ian et Nevitte, Neil, « Evaluating the Citizen's Constitution Theory », cette Revue 26 (1993), 235–59.Google Scholar

68 Ibid., 254–55.

69 Nevitte, Bakvis et Gibbins, « The Ideological Contours ».

70 Voir Nevitte, « Nouvelle politique », 414. Les données présentées par cet auteur donnent 30,9 pour cent de postmatérialistes au Québec contre 25,6 pour cent dans l'ensemble du Canada.

71 Martin, Pierre, « Générations politiques, rationalité économique et appui à la souveraineté au Québec », cette Revue 27 (1994), 345–59.Google Scholar