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Le Crédit social dans la province du Québec: sommaire et développements

Published online by Cambridge University Press:  10 November 2009

Michael B. Stein
Affiliation:
Université McGill

Abstract

The article first presents the broad outlines of a recent work of the author. It shows that Social Credit was a movement long before it became a political party, a fact which offers the opportunity to present a brief history of the Social Credit phenomenon in Quebec. This political movement is defined as a protest movement, and its ideology is that of the right in the sense that it makes its appeal particularly to conservatism, with a view to preserving a social and economic order threatened with disappearance. One can distinguish three phases in the evolution of the movement: a mobilization phase, a consolidation phase and a phase of institutionalization. For each of these phases there is a corresponding type of leader. Moreover factionalism acts as the catalyst of change of the movement from one phase to another. The last part of the article presents and discusses the recent developments of Social Credit in Canada and in Quebec. Two different choices appear to be available to the party: to radicalize its appeal as a movement of right-wing protest, or to modernize its ideology in such a way as to become a moderate party of the centre right. Finally the Creditiste phenomenon is examined as a particular species of a broader genus which would include the Parti Québécois as well. One could therefore apply to the latter the same type of analysis that was applied to the Creditiste phenomenon.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Canadian Political Science Association (l'Association canadienne de science politique) and/et la Société québécoise de science politique 1973

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References

1 La référence complète se lit comme suit: The Dynamics of Right-Wing Protest: A Political Analysis of Social Credit in Quebec (Toronto, 1973).

2 Ces remarques sont tirées de ma lecture des revues et des journaux consacrés aux aspects du Crédit social au Québec depuis 1962.

3 Un parti politique se définit comme toute structure politique dont l'objectif primaire est de prendre le pouvoir politique pour ses membres. Un mouvement politique a des objectifs plus vastes incluant la transformation de la société. Ses moyens d'action sont aussi plus variés. Voir la section II ci-dessous.

4 La scission complète ne s'est pas produite jusqu'en 1958. Voir la section III ci-dessous.

5 La définition du concept « mouvement politique » est présentée dans la section II ci-dessous.

6 Heberle, Rudolf, Social Movements: An Introduction to Political Sociology (New York, 1951), 6.Google Scholar

7 Ibid., 9.

8 Ibid., 12, 434.

9 Lang, K. and Lang, G.E., Collective Dynamics (New York, 1961), 495.Google Scholar

10 Jackson, R.J. and Stein, M.B., Issues in Comparative Politics: A Text with Readings (New York and Toronto, 1971), 266.Google Scholar

11 Il faut évidemment prendre ceci comme la simple description d'une tendance. En certains cas, des suggestions et des tactiques de gauche peuvent plaire à des gens des secteurs déclinants de la population. De même, des mesures de droite peuvent plaire à des gens d'un segment de la population en pleine croissance. Au reste certaines mesures sont proposées en termes suffisamment vagues et émotifs pour attirer des adhérents de droite comme de gauche.

12 De 1944 à 1948, les dirigeants créditistes ont demandé la création de corps législatifs paralleles aux parlements fédéral et provincial afin de représenter plus fidèlement les électeurs de chaque circonscription. Cette idée aurait été empruntée à l'expérience russe des Soviets et aux essais du gouvernement de Lublin en Pologne. Il y eut une tentative de créer de telles structures (unions d'électeurs), mais ce projet se montra irréalisable et fut abandonné.

13 Voir, par exemple, les raisons diverses des adhésions à des mouvements politiques, données par Cantril, Hadley, The Psychology of Social Movements (New York, 1944)Google Scholar, chap. 2, 3; Hoffer, Eric, The True Believer (New York, 1951)Google Scholar, chap. I–III; Heberle, Social Movements, chap. 5; et Almond, Gabriel, Appeals of Communism (Princeton, 1954)CrossRefGoogle Scholar, chap, IV–XI.

14 Lang et Lang, Collective Dynamics, 495.

15 Les idées exprimées dans ce passage sont tirées en grande partie de Hoffer, True Believer, chap, XV; King, C.W., Social Movements in the United States (New York, 1956), 72Google Scholar; Smelser, Neil, The Theory of Collective Behaviour (New York, 1963), 361CrossRefGoogle Scholar, et Killian, Lewis N., « Social Movements », Handbook of Modern Sociology, ed. Faris, Robert E.L., (Chicago, 1964), 441–3.Google Scholar

16 Les idées exprimées ici sont tirées en grande partie de Hoffer, True Believer, chap, XII, King, Social Movements in the United States, 72—4, Lang et Lang, Collective Dynamics, 520; Faris, Modern Sociology, 441–2; et Smelser, Collective Behaviour, 361.

17 Les idées exprimées dans ce paragraphe sont tirées en grande partie de Lang et Lang, Collective Dynamics, 359, 518–20.

18 Heberle, Social Movements, 118–19.

19 Lang et Lang, Collective Dynamics, 533; Smelser, Collective Behaviour, 361; et Zald, M. et Ash, R., « Social Movement Organizations: Growth, Decay and Change », Studies in Social Movements: A Social Psychological Perspective, ed. McLaughlin, Barry (New York, 1969), 478.Google Scholar

20 Lang et Lang, Collective Dynamics, 533, Voir aussi Nyomarky, Joseph, Charisma and Factionalism in the Nazi Party (Minneapolis, 1961).Google Scholar

21 Pour un examen plus détaillé du processus de factionnalisme dans le mouvement créditiste, voir Part III, Introduction, chapitres 6, 7 et Conclusion et Part IV de The Dynamics of Right-Wing Protest.

22 Les créditistes ont participé, sur une base limitée, aux élections fédérales de 1949, et ils se sont aussi alliés aux Libéraux aux élections provinciales de 1956. Ce furent leurs seuls autres efforts de participation directe aux élections.

23 Dès 1944, le journal Vers Demain décernait à Caouette cette épithète pleine d'admiration: « le tonnerre ».

24 Les factions dissidentes incluaient la poignée de membres qui restaient de la Ligue et les créditistes expulsés de l'Union par Gilberte Côté-Mercier à cause de leur opposition à sa politique et qui, d'année en année, avaient fini par être assez nombreux.

25 Au cours des interviews faites en 1964, Caouette a indiqué qu'il utilisait les termes « parti » et « mouvement » indifféremment quand il mentionnait le Ralliement. Cependant Legault concevait plutôt le Ralliement comme un mouvement dont l'objectif premier était l'éducation politique et économique d'une élite.

26 Duverger, Voir Maurice, Les Partis politiques (Paris, 1964, 5ème éd.), 84—5.Google Scholar

27 Aux élections fédérales de 1962, le Ralliement reçut 26 pour cent du vote populaire au Québec, obtenant 26 sièges; en 1963 il eut 29 pour cent du vote populaire et 20 sièges; en 1965 il obtint 19 pour cent du vote populaire et 9 sièges. En 1968, il reçut 16 pour cent du vote populaire mais augmenta son nombre de sièges à 14; en 1972 il eut 24 pour cent du vote populaire à Québec et 14 sièges. Aux élections provinciales de 1970, le Ralliement Créditiste du Québec reçut 12 pour cent du vote populaire et 12 sièges.

28 Y compris les députés fédéraux, André Fortin, René Matte, Lionel Beaudoin, et les députés provinciaux, Camil Samson, Yvon Brochu, Florian Guay, Antoine Drolet, Ronald Tétrault et Paul-André Latulippe, ces deux derniers étant fils des députés fédéraux.

29 Dupuis, lorsqu'il était candidat libéral, faisait des imitations de Caouette et se moquait des politiques monétaires des créditistes en utilisant des trues comme le papier-argent. II fut récompensé de ses efforts en étant choisi comme ministre sans portefeuille dans le premier cabinet Pearson. Mais il fut destitué peu après, à la suite d'un présumé trafic d'influence dans l'octroi d'un permis de course à St-Jean, Québec. La Cour le disculpa plus tard de cette accusation. En 1970, lorsque Caouette tenta de l'imposer aux créditistes, il se signalait comme animateur d'une ligne ouverte du réseau radiophonique CKVL. Il commença à montrer des attitudes politiques de droite assez semblables à celles des créditistes.

30 Le leader de l'Union Nationale, Gabriel Loubier, a déjà fait plusieurs déclarations publiques réclamant une alliance des partis d'opposition. Cependant, jusqu'ici, Dupuis a repoussé ces avances, probablement parce que l'opinion publique a tenté de le discréditer juste avant son élection comme leader en disant justement qu'il conduirait les créditistes à ce genre d'alliance. Voir La Presse, le 3 février 1973, Le Devoir, le 3 février et 23 février 1973, et The Montreal Star, le 3 mars 1973.

31 Ces conclusions sont tirées d'un essai portant sur une analyse du journal Le Défi et d'une interview avec Dupuis faite par Mme Vera Murray. Ces travaux ont été faits dans le cadre d'un séminaire de deuxième cycle, conjoint entre l'UQAM et McGill, sur la culture politique au Québec (avril 1973).

32 La définition de ces concepts est donnée à la note 34.

33 Pour une description de cette enquête, de l'échantillonnage, et du questionnaire, voir les Appendices A et B dans The Dynamics of Right-Wing Protest, 240–6.

34 Les leaders créditistes « très dissidents » ont été définis comme ceux dont les réponses au sondage ont montré une forte désapprobation des systèmes politiques et économiques (c'est-à-dire, que, dans l'échelle de désapprobation, ils arrivaient aux cinquième et sixième rangs). Ils diffèrent aussi des autres créditistes en plusieurs points, tels que leur statut socioéconomique, leurs modes de participation aux associations volontaires et au mouvement, leur autoritarisme, leurs tendances à la conspiration, et leur conception de la protestation. Les leaders « modérés » sont les autres créditistes non-inclus dans ce sous-groupe, qui ont répondu d'une façon plus modérée aux questions concernant ces attitudes. Voir les chapitres 5 et 7 dans The Dynamics of Right-Wing Protest.

35 Dans mon livre, je pousse plus loin cette hypothèse basée sur les données de l'enquête, selon laquelle les leaders « très dissidents » peuvent être subdivisés en deux groupes: ceux de statut socio-économique plus élevé, (qui tendent à perdre leur intérêt au mouvement et à diminuer leur participation active dès le début du processus de factionnalisme) et ceux de statut socio-économique plus bas (qui s'allient avec des dissidents plus modérés de bas statut). Ce nouveau sous-groupe, qu'on classifie comme des « dissidents de classe inférieure » conduit le mouvement à un schisme.

36 Ce graphique est une réplique exacte du modèle graphique présenté à la page 182 de The Dynamics of Right-Wing Protest. Je suis reconnaissant au Professeur Maurice Pinard de m'avoir aidé à construire ce modèle graphique.

37 Je ferais l'hypothèse que ces « schismatiques » de 1966, qui ont aidé à former le Ralliement National, étaient en grande partie des leaders « très dissidents » de la seconde génération créditiste. Après le mauvais résultat obtenu aux élections provinciales de 1966, et surtout après la formation du Parti Québécois, en 1968, qui absorba plusieurs créditistes parmi les plus indépendantistes, les « schismatiques » retournèrent au Ralliement Créditiste. De 1968 à 1970 ils furent, avec les créditistes les plus pragmatiques de la troisième génération, les principaux instruments de la formation du parti créditiste provincial. La rupture entre les factions Bois et Samson en 1972 s'est produite essentiellement entre les créditistes très dissi-dents de la deuxième génération et les créditistes de la troisième génération plus modérés, pragmatiques, et orientés vers la modernisation.

38 Lemieux, Voir Vincent, « Les dimensions sociologiques du vote créditiste au Québec », Recherches sociographiques, VI, 2 (1965) 181–95CrossRefGoogle Scholar et Pinard, Maurice, The Rise of a Third Party: A Study in Crisis Politics (Englewood Cliffs, N.J., 1971).Google Scholar

39 Voir Lemieux, « Dimensions sociologiques », 182–3.

40 Les votes créditistes dans la région métropolitaine de Montréal passèrent de 19,188 à 107,172.

41 Voir le sondage fait par le Centre de Recherche sur l'Opinion Publique (CROP) publié pour la première fois dans Le Devoir du 8 juin 1973, et republié dans le même journal après correction d'une erreur de pondération, le 15 juin 1973. Le sondage revisé donne 12.6 pour cent des choix aux créditistes, comparé à 34.7 pour cent aux Libéraux, 17.7 pour cent pour le Parti Québécois, et 3.8 pour cent pour l'Union Nationale. 31.2 pour cent des personnes interrogées refusèrent d'indiquer leurs préférences électorales. En tenant compte du pourcentage habituel d'électeurs qui n'indiquent pas leur choix, ces résultats montrent que depuis les élections de 1970, le RCQ n'enregistre qu'une légère augmentation. Le bastion principal continue à être la région située en dehors des villes de Québec et Montréal. L'appui donné à Dupuis comme leader était un peu inférieur à l'appui donné au parti lui-même.

42 Pour une description du lieu de résidence des leaders créditistes, voir The Dynamics of Right-Wing Protest, 124–5.

43 Ce sont les impressions personnelles que je retire des discours de Dupuis au congrès de leadership à Québec en février 1973 et des programmes de télévision et radio ultérieurs ainsi que d'articles de journaux tels que Le Devoir, du 13 juin 1973. Voir également Vera Murray (voir la note 31).

44 Le concept de l'autoritarisme de la classe ouvrière est défini par Lipset, Seymour, Political Man (Garden City, N.Y., 1960)Google Scholar chap. 4. De plus il est possible que les travailleurs récemment arrivés dans les régions urbaines aient gardé leurs attitudes traditionnelles et conservatrices sur bien des questions économiques et politiques, de même que leurs attaches partisanes précédentes. Pour un argument un peu différent sur cette question, voir Pinard, Maurice, « Working Class Politics: An Interpretation of the Quebec Case », Canadian Review of Sociology and Anthropology, 7 (2), 1970Google Scholar, 87–107 et « The Ongoing Political Realignments in Quebec », Quebec Society & Politics, ed. Thompson, Dale (Toronto, 1973), 130.Google Scholar

45 Les récents sondages tendent à confirmer cela. De plus, voir l'enquête faite par Maurice Pinard, « The Ongoing Political Realignments in Quebec », Quebec Society and Politics, 119–35. Pinard souligne, cependant, que les appels protestataires des mouvements de droite comme de gauche peuvent être formulés en termes suffisamment vagues pour attirer des électeurs mécontents sans plus. Voir The Rise of a Third Party, 95–6.

46 Rioux, Voir Marcel, « Sur l'évolution des idéologies au Québec », Revue de l'Institut de Sociologie, Université Libre de Bruxelles (1968), 108–9.Google Scholar

47 Trudeau, Voir P. E., La Grève de l'Amiante, (Montréal, 1956), Introduction, 310.Google Scholar

48 Le récent sondage de CROP a montré que 3.8 pour cent seulement de la population a l'intention de voter pour l'Union Nationale aux prochaines élections. Voir Le Devoir du 15 juin 1973, p. 11. Ceci continue la diminution constante de l'appui donné à l'Union Nationale, indiquée par quatre sondages successifs faits depuis le 18 avril 1970 (Le Devoir, le 8 juin 1973, p. 1).

49 Au Québec le Parti est passé de 16 pour cent des votants en 1968 à 24 pour cent en 1972. Dans tout le Canada il a doublée son soutien électoral par rapport à 1968, et obtenu 708,000 votes (Regards, vol. 12, nos. 9–10–11, 1972).

50 Une crise économique ou politique soudaine pourrait aider à améliorer son avenir, à court terme tout au moins.

51 Voir Le Devoir, le 26 février 1973, 6.

52 Comme l'a suggéré son manifeste Quand nous serons vraiment chez nous et le programme social-démocrate modéré adopté à son congrès de février, 1973. II y a des conflits entre les objectifs politiques d'indépendance et les objectifs socio-économiques caractéristiques d'une démocratic sociale modérée qui attirent différents segments de la population québécoise. Voir Daniel Latouche, « The Independence Option: Ideological and Empirical Elements ». dans Dale C. Thomson, Quebec Society and Politics, 179–94. Ce domaine sera peut être le point le plus vulnérable pour le parti. Les prochaines élections provinciales, qui auront lieu en octobre 1973, devraient montrer clairement si ce conflit peut être résolu facilement ou non.