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Les élections comme phénomène de décision collective: les élections fédérales de 1957 à 1965 au Québec

Published online by Cambridge University Press:  10 November 2009

A. Blais
Affiliation:
York University
H. Cantin
Affiliation:
Université Laval
J. Crète
Affiliation:
Université Laval

Extract

Elections as the Product of Collective Decision: Federal Elections from 1957 to 1965 in Quebec

Is it fruitful to consider electoral results as the product of collective decisions, as suggested by Vincent Lemieux in his study of provincial elections in Quebec? In order to answer this question, the authors applied the same approach to new data, the results of federal elections in Quebec from 1957 to 1965. It is first noted that the operational concept of collective decision should be linked to a theoretical one. It is suggested that this theoretical concept would be more meaningful if a structural approach was adopted: it could be an “inconscient collectif” influencing the ridings in one way or another. In this sense the ridings are facing many choices: they may tend to choose a certain party, to vote for the party in government (or the contrary), or they may wish to re-elect the same party (or the contrary); finally, there might be a tendency to vote like the majority of the ridings (or, once again, the contrary). The comparison between expected and actual frequencies of the different sets of partisan choices argues in favour of the importance of party loyalty. The cleavage between the socio-economic characteristics of the traditionally Liberal, Social Credit, and Conservative ridings is also evident. The analysis of the other choices raises many problems, however. The same electoral result may refer to many different sets of choices and the relationships between these choices make it almost impossible to measure the influence of eac structural mechanism controlling for all the others. It becomes almost impossible to discover which structural law does in fact govern the ridings’ behaviour. On the whole, then, structural and causal studies are faced with the same basic methodological problem: when one wants to measure the sole impact of a particular causal factor or structural mechanism which interacts with many others, it is necessary to make some assumptions, like linearity and additivity, which exclude any complex interaction.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Canadian Political Science Association 1970

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References

1 « Quatre décisions collectives », in Quatre élections provinciales au Québec: 1956–66, publié sous la direction de Vincent Lemieux (Québec, 1969). Dans ce texte, les comparaisons avec le provincial feront référence à cet ouvrage.

2 Cette discussion est tirée de Isaak, Alan C., Scope and Methods of Political Science (Homewood, Ill., 1969), 62Google Scholar et suivantes.

3 « Quatre décisions collectives », 198.

4 Piaget, Jean, Le structuralisme (Paris, 1968), 7.Google Scholar

5 Ibid., 10.

6 Frohock, Fred M., The Nature of Political Inquiry (Homewood, 1967), 198Google Scholar et suivantes.

7 Le choix majorité/minorité canadienne ne se posait pas dans l'étude des élections provinciales faite par Lemieux. Il n'avait pas non plus retenu le choix de réélire ou non le même parti. De toute façon, la liste des choix n'est pas exhaustive.

8 Pour les variables ethnie, religion, occupation et scolarité, la source des données est le recensement de 1961 du Bureau fédéral de la statistique; pour la variable habitat, la source est le rapport du Président général des élections.

9 Some Priority Variables in Comparative Electoral Research (Glasgow, 1968).

10 Sur le plan du degré de scolarisation la population est divisée en deux catégories: celle ne possédant que l'élémentaire ou moins et celle dont le niveau d'istruction est plus élevé que l'élémentaire. Cette décision se justifie par le niveau moyen de scolarité au Québec, puisque plus de 50 pour cent de la population n'a complété que la septième année ou moins.

11 Les tableaux présentent trois types d'occupations: la catégorie des professionnels, celle des agriculteurs et celle des ouvriers.

12 La définition de rural-urbain est celle du Président général des élections: « arrondissement rural » signifie « un arrondissement de votation dont nulle partie n'est contenue dans une ville ou cité constitutée en corporation ayant une population de 5,000 âmes ou plus ». Loi électorate du Canada, art. 2, para. 34, Instructions aux officiers rapporteurs sur les élections générales, cahier A39 (Ottawa, 1 août 1962), 164.

13 La présence de candidats indépendants posait des difficultés. En effet, quatre candidats indépendants ont été élus au cours d'une élection seulement (1957). Il n'était pas question d'éliminer ces circonscriptions sans changer considérablement le profil des décisions collectives. Pour obvier à cette difficulté, la victoire fut « concédée » au parti venant au deuxième rang sur le plan des votes obtenus. Les suffrages remportés par les tiers-partis (n'ayant fait élire aucun candidat) et par des candidats indépendants (défaits) ont été éliminés pour les mêmes raisons. Tel qu'expliqué plus haut, l'étude se situant au niveau des décisions collectives, il était logique de ne pas tenir compte des votes obtenus par les tierspartis si aucune circonscription n'a décideé collectivement d'élire le représentant de tel tiersparti ou tel candidat indé;pendant. Finalement, les votes obtenus par les autres partis furent ramenés à 100 pour cent.

14 Le chiffre 75 représente le nombre total de circonscriptions fédérales au Québec.

15 Pour une discussion de ce problème, voir Blalock, H. M., Causal Inferences in Non-experimental Research (Chapel Hill, NC, 1961), 114–24.Google Scholar

16 On pourrait objecter que l'utilisation d'un tel procédé peutamener des biais, cependant le calcul de la médiane a donné les mêmes résultats.

17 La seule variable pour laquelle la tendance est inversée est le pourcentage de professionnels et c'était là une des tendances les moins nettes du tableau v.

18 M. Yvon Dupuis, qui avait été ministre dans le cabinet Pearson mais ensuite renié par le parti parce que mêlé à un scandale concernant une piste de course, s'est présenté comme libéral indépendant et a ainsi permis au candidat conservateur, M. Paul Beaulieu, de devancer le candidat libéral officiel.

19 Messieurs Réal Caouette, Gilles Grégoire et Raymond Langlois.

20 Wrong, D. H. a aussi noté qu'en Ontario « most of the solid provincial Conservative seats have been almost as solidly Conservative federally since the 1920's ». « Ontario Provincial Elections, 1934–55: A Preliminary Survey of Voting », Revue canadienne d'Economique et de Science politique, XXIII, no 3 (août 1957), 397.Google Scholar Il se pourrait bien que les élections provinciales et fédérales ne soient pas tellement différentes les unes des autres, du moins dans certaines provinces.

21 La seule différence significative au plan provincial se situe au niveau du choix de voter comme la minorité des circonscriptions où la fréquence réalisée est inférieure à la fréquence théorique. Lemieux en conclut à une « tendance non-équivoque des circonscriptions à éviter d'être trop souvent dans la minorité » (cf. « Quatre décisions collectives », 212). Le tableau x indique que l'on ne retrouve pas cette tendance au niveau fédéral (que l'on considère la minorité canadienne ou la minorité québécoise). Cette divergence dans les résultats, on peut l'interpréter de plusieurs façons. On doit peut-être l'attribuer au multipartisme, qui fait qu'il est plus difficile de prévoir quel parti formera le gouvemement. Il se peut aussi que l'identité même de ce gouvemement soit considérée comme moins importante au fédéral, soit à cause d'un moins grand intérêt, soit à cause de l'absence de patronage. Nous sommes, pour notre part, beaucoup plus frappés par la similitude entre fréquences théoriques et réalisées pour à peu près tous les choix non partisans. La seule loi du hasard pourrait expliquer que nous obtenions, parmi toutes ces comparaisons, une qui donne lieu à une différence « significative ».

22 On a déjà signalé que le calcul des fréquences théoriques est basé sur l'hypothèse de l'indépendance des décisions collectives. Si, d'autre part, on n'étudie pas les décisions collectives à partir d'une perspective structuraliste, on nepeut plus référer au même processus, à la même réalité. La « décision collective » devient alors la simple somme des votes individuels et il serait alors probablement plus juste de parler de « résultats électoraux »; l'explication renverrait alors à des facteurs jouant au niveau des individus.

23 Dans notre cas, une solution consisterait à exclure les circonscriptions correspondant aux catégories extrêmes d'un choix qu'on veut « contrôler », puis de comparer les circonscriptions correspondant aux catégories extrêmes du choix qu'on veut étudier aux autres circonscriptions non exclues. Mais d'autres problèmes se posent quand il y a recoupement, quand il faut contrôler plusieurs mécanismes (essentiellement les mêmes que ceux que rencontrent les études de causalité).

24 Ces présomptions réfèrent aussi aux mécanismes non considérés, qui peuvent avoir une influence sur les résultats; c'est là le même type de présomption qui doit être fait dans les études de causalité, en ce qui concerne les variables non considérées.

25 Cf. Lemieux, « Quatre décisions collectives »,218, tableau 5.

26 Par exemple, une circonscription qui avait élu un candidat libéral aux quatre élections considérées se trouvait à avoir choisi: lib-lib-lib-lib (pour le choix partisan), opp-opp-gouv-gouv (pour le choix entre le gouvernement et l'opposition) et min-maj-maj-min (pour le choix entre la majorité et la minorité des circonscriptions). La combinaison des deux derniers choix donne quatre possibilités logiques; or une victoire libérale, qui renvoie au premier choix, se trouve à correspondre, selon les élections, aux quatre différentes possibilités. Ainsi une victoire libérate « signifie », en 1956, un choix pour l'opposition et la minoritié; en 1960, elle correspond à un choix pour l'opposition et la majoritié; en 1962, à un choix pour le gouvernement et la majorité. En 1966, enfin, elle renvoie à un choix pour le gouvernement et la minorité. Aucun des choix partisans ne correspond deux fois à la même combinaison des deux derniers choix.

27 Lemieux, « Quatre décisions collectives », 210.

28 Cf. la note 12, ibid., 210.

29 Pour trois de ces sept circonscriptions, Beauce, Bellechasse et Montmagny, l'explication serait méme très « fertile » puisque Jean Hamelin et André Garon écrivent dans l'introduction du même livre, à propos de l'élection de 1960. « L'affaire Pelletier était lourde de conséquences: elle allait coûter à l'Union Nationale les comtés de Bellechasse, Beauce, Portneuf et Montmagny ». « La vie politique au Québec de 1956 à 1966 », in Lemieux, Quatre élections provinciales au Québec, 14. Il resterait à trouver d'autres facteurs d'explication pour les quatre autres circonscriptions.

30 Voici un exemple de loi structurelle: avant 1966, certaines circonscriptions avaient ten-dance à éviter de voter comme la minorité des circonscriptions si ce choix correspondait à opter pour le parti gouvernemental; à partir de 1966, toutefois, ces mêmes circonscriptions ont tendance à choisir l'Union nationale pour autant que la majorité des circonscriptions prennent la même decision. A remarquer que les sept circonscriptions désignées par Lemieux de « quasi-oppositionnistes » qui, comme on l'a suggéré, pourraient être, en fait, traditionnellement unionistes (cf. la note 29), obéissent à cette autre loi. Même en se limitant à trois mécanismes (et dans ce cas toute vérification empirique doit postuler que les autres mécanismes potentiels sont indépendants de ceux étudieés), on voit qu'il est possible de trouver un grand nombre de « lois structurelles » qui rendraient compte des mêmes résultats.