Hostname: page-component-78c5997874-mlc7c Total loading time: 0 Render date: 2024-11-19T10:32:04.325Z Has data issue: false hasContentIssue false

La mise en abyme d’un projet intergénérationnel de recherche: Un comité intergénérationnel comme processus et sujet de recherche

Published online by Cambridge University Press:  10 July 2023

Mario Paris*
Affiliation:
Université de Moncton, École de travail social, 1 Moncton, NB, Canada
Mélisa Audet
Affiliation:
Centre de recherche sur le vieillissement, Sherbrooke, QC, Canada
Hélène Brochu
Affiliation:
Personne aînée citoyenne
Martin Brochu
Affiliation:
Université de Sherbrooke, Faculté des sciences de l’activité physique, Sherbrooke, QC, Canada
Claude Desjardins
Affiliation:
Personne aînée citoyenne
Lise Langlois
Affiliation:
Personne aînée citoyenne
Christine Rousseau
Affiliation:
Personne aînée citoyenne
*
Corresponding author: Mario Paris; Email: mario.paris@umoncton.ca
Rights & Permissions [Opens in a new window]

Résumé

Les projets de nature intergénérationnelle sont aujourd’hui hautement valorisés par les décideurs publics et les responsables académiques. La pandémie de COVID-19 a fait ressurgir l’importance des relations entre les générations et des projets intergénérationnels ancrés dans la communauté. Cet article présente les résultats d’une étude visant à faire travailler ensemble des personnes aînées et des jeunes adultes au sein d’un projet intergénérationnel ancré dans la communauté. La particularité dans cette étude c’est qu’elle utilise une démarche méthodologique co-constructive, c’est-à-dire qu’elle jumelle des chercheurs et des chercheures académiques de différents horizons et des personnes aînées citoyennes tout au long du processus de recherche. Les résultats portent particulièrement sur les attentes des personnes participantes au projet intergénérationnel, la description du déroulement du projet (sur une période de dix mois) et les perceptions des relations intergénérationnelles au cours du projet. Nous terminons l’article par une discussion autour des constats centraux de notre étude et de notre expérience dans le cadre d’une recherche co-constructive.

Abstract

Abstract

Intergenerational projects are highly valued by public decision-makers and academic leaders. Due to the COVID-19 pandemic the importance of intergenerational relationships and community-based intergenerational projects has reemerged. This article presents the results of a study on an intergenerational project rooted in the community. The particularity of this study is that it uses a co-constructive methodological approach, that is to say, it pairs academic researchers from different backgrounds and older citizens throughout the research process. The results relate to the expectations of the participants in the intergenerational project, the description of the progress of the project (over a period of ten months), and the perceptions of intergenerational relations during the project. We finish this article with a discussion of the central observation of our study and our experience in the context of co-constructive research.

Type
Article
Copyright
© Canadian Association on Gerontology 2023

1. Introduction

Au Canada, depuis le commencement au printemps 2020 de la pandémie de COVID-19, les personnes aînées ont largement fait les frais des règles et des restrictions sanitaires (Fraser et al., Reference Fraser, Lagacé, Bongué, Ndeye, Guyot and Bechard2020). D’une part, elles ont été le groupe dans la population le plus affecté avec 80 % des décès liés à la COVID-19 (Agence de la santé publique du Canada, 2021). D’autre part, cette crise sanitaire a mis en lumière les défis et les problèmes du système de santé canadien, et particulièrement ceux du système de soins de longue durée (Béland et Marier, Reference Béland and Marier2020; Thompson et al., Reference Thompson, Barbu, Beiu, Popa, Mihai and Berteanu2020). Alors que les méfaits de l’isolement social sur la santé physique, psychologique et sociale des personnes aînées étaient abondamment démontrés au Canada (Conseil national des aînés, 2014), et ce, même en temps de pandémie (Best, Law, Roach, et Wilbiks, Reference Best, Law, Roach and Wilbiks2021), la participation active des personnes aînées à la vie sociale et communautaire était aussi une stratégie porteuse favorisant tant leur bien-être que celui de l’ensemble de la société (Raymond, Gagné, Sévigny, et Tourigny, Reference Raymond, Gagné, Sévigny and Tourigny2008). À cet égard, les projets mettant l’accent sur le développement de relations intergénérationnelles semblent porteurs de solutions face aux défis de la COVID-19 : « [les] relations intergénérationnelles positives donnent des occasions d’interagir et de réseauter, de tisser des liens d’amitié et d’élargir les réseaux de soutien social, d’améliorer le capital social et de renforcer la capacité communautaire » (Conseil national des aînés, 2011, p. 24).

En favorisant les échanges de connaissances, de mémoires et d’expériences entre les personnes aînées et les individus d’autres groupes d’âge (Loriaux et Remy, Reference Loriaux and Remy2013), les relations intergénérationnelles peuvent procurer de nombreux bénéfices pour les personnes aînées, notamment la réduction de l’isolement social, un sentiment d’appartenance accru au sein de leurs communautés, une hausse de leur estime de soi, une plus grande confiance sociale ainsi que l’apprentissage de nouvelles compétences (Anderson et al., Reference Anderson, Fast, Keating, Eales, Chivers and Barnet2016; Armstrong, Reference Armstrong2012; Teater, Reference Teater2016). De plus, celles-ci peuvent favoriser le développement d’une perspective positive des personnes aînées chez les plus jeunes et à réduire l’âgisme (Lytle, Nowacek et Levy, Reference Lytle, Nowacek and Levy2020; McNamara, Reference McNamara2017).

Pour ces raisons, les projets de nature intergénérationnelle doivent être valorisés par diverses instances publiques et communautaires, notamment celles représentant les personnes aînées (Conseil national des aînés, 2011). Différents projets de cette nature ont fait l’objet d’études ces dernières années afin de mieux comprendre leurs retombées. Alors qu’une forte proportion de projets intergénérationnels demeure orientée vers le développement de relations entre des personnes aînées et des enfants (15 ans et moins), certains projets évoquent le potentiel de s’intéresser davantage aux relations intergénérationnelles entre les aînés et un autre groupe social moins étudié : les jeunes adultes, c’est-à-dire les personnes âgées entre 20 à 29 ans. Ce groupe, parfois reconnu sous l’appellation « milléniaux », représente les personnes qui sont nées entre 1982 et 2004 et constitue, pour certains auteurs, une génération à part entière (Howe et Strauss, Reference Howe and Strauss1992). En guise d’exemple, une intervention intergénérationnelle liée à la pratique théâtrale et impliquant les aînés et les étudiants universitaires semble avoir eu d’intéressantes retombées pour les personnes aînées, notamment une hausse du réseau social, un renforcement de leur confiance et leur estime, une hausse de l’empathie, ainsi que le renforcement des liens intergénérationnels (Anderson et al., Reference Anderson, Fast, Keating, Eales, Chivers and Barnet2016). De plus, une étude récente favorisant le développement de liens intergénérationnels entre jeunes adultes et aînés a quant à elle démontré une réduction des perceptions âgistes chez les jeunes (Lytle, Nowacek et Levy, Reference Lytle, Nowacek and Levy2020). Ces résultats évoquent non seulement des avenues intéressantes en matière de développement de projets intergénérationnels, mais soulignent aussi la pertinence d’explorer davantage les perspectives des jeunes adultes et personnes aînées afin d’identifier les éléments-clés soutenant leur motivation à y prendre part.

Le but de cet article est de présenter les résultats d’une étude visant à faire travailler ensemble des personnes aînées et des jeunes adultes au sein d’un projet intergénérationnel ancré dans la communauté. Il sera question spécifiquement de leurs attentes respectives face à la participation à ce projet intergénérationnel, ainsi que leurs perceptions des relations intergénérationnelles et les apports du projet. Cette étude a cependant quelque chose de bien particulier, puisqu’elle est le fruit d’une expérience intergénérationnelle découlant d’une démarche de recherche co-constructive, c’est-à-dire qu’elle jumelle des chercheurs et des chercheures académiques de différents horizons et des personnes aînées citoyennes. En fait, avec du recul, il est possible de dire que cette étude est, pour ne trouver d’autre expression que littéraire, une « mise en abyme », à savoir qu’en mettant de l’avant un processus de recherche co-constructive avec les personnes aînées elle amène non seulement les personnes participantes à regarder différemment les relations intergénérationnelles, mais aussi les personnes chercheures elles-mêmes, amatrices ou expertes.

2. Gérontologues et personnes aînées au centre d’une recherche co-constructive intergénérationnelle

La gérontologie a une histoire trouble quand vient le temps d’envisager sa « posture » de recherche. En effet, les débats sont nombreux quant à l’« objet » de recherche gérontologique (Lowenstein, Reference Lowenstein2004). Sans vouloir étaler les méandres des débats, il est bon de rappeler les propos du philosophe Michel Philibert, fondateur de la gérontologie francophone, sur la « gérontolocratie » où le chercheur gérontologue est

appelé en consultation par les gouvernements, préparant les lois, conseillant l’administration, contrôlant la recherche, formant des élèves, préparant les retraités, virtuose dans l’art d’accommoder les restes, endoctrinant les vieux qui, bon public, ne lui ménagent pas leurs applaudissements, nourrit de son prétendu savoir de la vieillesse sa prétention au pouvoir. (Philibert, Reference Philibert1977, p. 23)

C’est dans une voie tout à fait opposée à ce passage provocateur que se situe notre étude co-constructive.

En effet, les savoirs expérientiels des personnes aînées sont de plus en plus reconnus comme éléments essentiels au développement d’une meilleure connaissance de leur réalité ainsi qu’à la pratique adéquate en recherche sur le vieillissement. Ces dernières années, différents projets en partenariat avec les personnes aînées ont vu le jour et ont permis de dresser les bases de la recherche co-constructive avec cette population (Bindels, Baur, Cox, Heijing et Abma, Reference Bindels, Baur, Cox, Heijing and Abma2014; Horner, Reference Horner2016; Littlechild, Tanner et Hall, Reference Littlechild, Tanner and Hall2015; Merlett et Etmes, Reference Merlett and Etmes2010). De plus, une récente revue systématique de la littérature effectuée par James and Buffel (Reference James and Buffel2022) a permis d’analyser 27 articles sur la recherche co-constructive avec les personnes aînées. Au travers de cette revue de la littérature scientifique, il est possible d’identifier de nombreux avantages à ce type de recherche, notamment :

Dans cette perspective, et afin de rapprocher la recherche universitaire des personnes aînées, un nouveau groupe de recherche a été créé : le Groupe de recherche intergénérationnel sur le vieillissement en Estrie (GRIVE). Ce groupe, affilié au Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSSS de l’Estrie-CHUS et de l’Université de Sherbrooke, a commencé ses activités en décembre 2016. Celui-ci est composé de deux chercheurs et d’une chercheure académiques et de quatre personnes aînées provenant de la communauté.

Il est bon de mentionner que l’étude dont il est question dans cet article découle des travaux co-constructifs du GRIVE. Dans cette étude, les étapes de recherche ayant été co-construites sont nombreuses, passant de l’identification et la vérification du sujet d’étude, à la réflexion et aux décisions communes sur le plan méthodologique, ainsi qu’à la collecte et à l’analyse des données engageant l’ensemble des membres du GRIVE.

3. Méthodologie

Comme nous l’avons mentionné, le but de cet article est de présenter les résultats d’une étude visant à faire travailler ensemble des personnes aînées et des jeunes adultes au sein d’un projet intergénérationnel ancré dans la communauté. En revanche, ce projet origine aussi d’une approche participative et co-constructive, par l’entremise des activités du GRIVE. Les membres du GRIVE ont adopté, depuis le tout début de leur démarche, une approche co-constructive en recherche. Les nombreuses rencontres ont permis de décider des choix conceptuels et méthodologiques. Les chercheures aînées, puisqu’elles sont des femmes âgées entre 64 ans et 76 ans, ont dû suivre une formation de base en recherche (ex. présentations, lectures dirigées, etc.). Ainsi, afin d’atteindre les objectifs poursuivis, le devis privilégié dans le cadre de cette étude est qualitatif, longitudinal et prospectif.

Notre projet représente une étude d’un cas spécifique (Yin, Reference Yin2009), soit celui d’un comité intergénérationnel mis en place par les membres du GRIVE. La raison méthodologique justifiant ce comité est qu’elle offre une occasion concrète et circonscrite pour observer les relations intergénérationnelles entre deux groupes d’âge : des jeunes adultes et des personnes aînées. Le mandat du comité intergénérationnel était d’organiser un événement intergénérationnel offert à l’ensemble de la communauté locale. Pour ce faire, le comité ne disposait d’aucune information supplémentaire ou d’outils pour mettre en place l’événement.

3.1. Population et échantillon

Afin de constituer le comité intergénérationnel, une méthode d’échantillonnage non probabiliste, intentionnelle et par critères a permis de cibler et recruter des personnes participantes aînées et des jeunes en fonction de certaines caractéristiques découlant des connaissances liées à la thématique de recherche. Les cinq personnes aînées sont des adultes âgés de 65 ans et plus, francophones et vivant au Québec, sans restriction particulière sur le plan physique et mental. Les cinq jeunes adultes ont quant à eux été recrutés au sein d’un bassin d’étudiants âgés de moins de 30 ans et inscrits à la maîtrise ou au doctorat en gérontologie de l’Université de Sherbrooke. La taille du comité a été fixée à 10 personnes afin de respecter trois principes généraux : 1) présenter un nombre équivalent de personnes aînées et de jeunes adultes, 2) constituer un comité suffisamment important pour représenter une diversité de profils d’individus et favoriser les interactions, et 3) viser un nombre d’individus optimal pour l’efficacité du comité dans son fonctionnement. Il est à noter qu’un nombre équivalent d’hommes et de femmes a été privilégié dans le recrutement afin de minimiser l’effet de genre sur les rapports intergénérationnels. Le tableau 1 résume les caractéristiques des personnes participantes au comité intergénérationnel :

Tableau 1. Principales caractéristiques sociodémographiques des personnes participantes.

1 L’éducation se réfère au dernier niveau complété.

Tel qu’il est possible de constater dans le tableau 1, le comité intergénérationnel était constitué à part égal d’hommes et de femmes, et ce, pour chacun des groupes d’âge. Les données sociodémographiques des personnes participantes se limitaient seulement à l’âge et le niveau d’éducation. Ainsi, il est possible de constater que les jeunes adultes avaient 26,4 ans en moyenne, tandis que les personnes aînées avaient 68 ans d’âge moyen. Bien que les jeunes adultes de notre échantillon semblaient représenter l’âge moyen attendu pour ce groupe d’âge, il reste que les personnes aînées de l’échantillon ne reflétaient pas la diversité du grand âge et constituent, en ce sens, une limite de notre projet. À noter néanmoins qu’Alfred, bien qu’il n’ait pas fourni ses informations sociodémographiques, était le plus âgé des personnes participantes, se situant dans la quatre-vingtaine. Quant à l’éducation, la totalité des jeunes adultes détenait un diplôme universitaire, alors que les personnes aînées ont un profil plus varié. Ainsi, l’échantillon de jeunes adultes n’était pas représentatif de leur population, de même qu’il entraînait un biais favorable dans les relations intergénérationnelles étant donné le domaine d’étude en gérontologie. En fin de compte, les personnes participantes affichaient très peu de différences socioéconomiques et aucune n’appartenait à une communauté racialisée.

3.2. Collecte de données

La collecte des données a été réalisée à partir d’entrevues individuelles, d’observations et d’analyse documentaire.Footnote 1 D’abord, 19 entrevues semi-dirigées d’environ 60 minutes ont été réalisées auprès des membres du comité intergénérationnel. L’entrevue semi-dirigée a permis de dégager une compréhension approfondie des thématiques à l’étude tout en s’appuyant sur le point de vue des acteurs (Savoie-Zajc, Reference Savoie-Zajc and Gauthier2003). Elles ont été réalisées en deux temps : une première série d’entrevues a été effectuée avant le commencement des rencontres du comité de pilotage et une deuxième série a eu lieu après les travaux du comité. Les personnes participantes aînées ont été interviewées par les chercheures aînées du GRIVE tandis que les jeunes adultes ont été rencontrés par un membre académique du GRIVE, cela afin de favoriser un pairage en fonction des affinités générationnelles.

Des guides d’entrevue ont été développés afin d’aborder les thèmes suivants : 1) le rapport aux jeunes et aux personnes aînées, 2) les attentes des personnes participantes face au projet intergénérationnel, et 3) les apports perçus du projet intergénérationnel. Chaque guide a fait l’objet d’un processus de co-construction entre les membres du GRIVE afin de s’assurer de la pertinence des questions et d’adapter le contenu et le vocabulaire à chacun des types de personnes participantes, qu’elles soient jeunes ou aînées. L’ensemble des entrevues a été enregistré et retranscrit en verbatim pour faciliter les analyses.

Dans un deuxième temps, deux chercheures aînées du GRIVE ont pris part aux 18 rencontres du comité intergénérationnel pour des observations directes. Celles-ci se sont déroulées pendant 10 mois. L’observation directe constitue « un procédé de recherche qualitative qui implique l’activité d’un chercheur qui observe personnellement et de manière prolongée des situations et des comportements auxquels il s’intéresse, sans être réduit à ne connaître ceux-ci que par le biais des catégories utilisées par ceux qui vivent ces situations » (citation reprise Jaccoud et Mayer, Reference Jaccoud, Mayer, Poupart, Deslauriers, Groulx, Laperrière, Mayer and Pirès1997, p. 212). Une grille d’observation a été co-développée entre les membres du GRIVE afin de capter les modalités pratiques propres aux rencontres (organisation des rencontres, configuration de la salle, présence des membres, fréquences des échanges, etc.) et les formes d’interactions entre les personnes participantes (sujets débattus, prises de paroles, relation entre les membres, rapports intergénérationnels, etc.). Les membres du GRIVE ayant effectué les entrevues semi-dirigées ne sont pas les mêmes que ceux qui ont pris part aux observations directes. Le but de cette approche est de réduire les biais liés au désir de plaire ou de maintenir de bonnes relations avec les personnes participantes.

Enfin, pour compléter la collecte de données, une analyse documentaire (Sabourin, Reference Sabourin and Gauthier2009) a aussi été réalisée à partir des comptes rendus produits lors des rencontres du comité intergénérationnel. L’analyse documentaire constitue un complément intéressant permettant de mieux comprendre le contexte dans lequel a évolué le comité tout au long de l’étude.

3.3. Analyse des données

Les données recueillies ont été traitées et analysées par l’ensemble des membres du GRIVE en utilisant le logiciel de traitement de texte Word, un outil connu des chercheures aînées du GRIVE et facilitant le processus d’analyse. La stratégie d’analyse privilégiée dans le cadre de cette étude est l’analyse thématique qualifiée de « modérée » ou « guidée par un plan » (Savoie-Zajc, Reference Savoie-Zajc and Gauthier2003). Cette façon de faire permet de guider le codage selon des thématiques spécifiques ciblées en fonction d’une certaine connaissance de la problématique. Cela permet d’aider les chercheurs et les chercheures dans leur réflexion, tout en laissant place à l’émergence de concepts nouveaux de façon inductive (Savoie-Zajc, Reference Savoie-Zajc and Gauthier2003).

Il est à noter qu’une triangulation entre les données de diverses provenances (entrevues, observations et documents) a permis de renforcer l’analyse. Finalement, un processus interjuge entre les différents membres aînés et académiques de l’équipe de recherche a permis de minimiser les biais et de renforcer la crédibilité et la fiabilité des résultats. Les thèmes et interprétations retenus ont été établis par consensus au sein du GRIVE. Enfin, les résultats préliminaires ont été partagés auprès des personnes participantes du comité intergénérationnel à la suite du projet. Cette rencontre a permis de recueillir leurs commentaires à propos de l’analyse et, dans certains cas, d’en ajuster la fidélité.

4. Résultats

4.1. Attentes des personnes participantes face au projet intergénérationnel

Les personnes participantes ont été rencontrées au tout début du projet intergénérationnel, c’est-à-dire avant la mise en place du comité réunissant les jeunes adultes et les personnes aînées. La plupart du temps, lorsqu’il est question d’aborder leurs attentes face au comité, les deux groupes s’expriment à peu près de la même façon. D’un côté, les personnes aînées font preuve d’ouverture et d’optimiste face à l’idée de travailler avec des jeunes adultes. C’est notamment le cas de David qui lors de l’entrevue affirme : « On va voir ce que ça donne et puis qu’est-ce que c’est et où ce qu’on s’en va » (David, 69 ans). Aucune réelle attente n’est donc dirigée vers l’expérience intergénérationnelle à venir :

« Je ne connais pas la gang, il va sûrement sortir quelque chose d’intéressant » (Alfred, n.d.)

« Bien honnêtement, je ne sais vraiment pas, parce que moi je m’attends qu’on va avoir un bon groupe » (Margaud, 70 ans)

Parfois, certaines personnes aînées envisagent des différences possibles sur le plan générationnel au cours du projet. C’est ce que pensent Alfred et Jacqueline :

« C’est entendu qu’on ne sera certainement pas tout le temps d’accord, la façon de voir les choses, parce qu’aujourd’hui nous on voit les choses comme des personnes de 69, 70 ou 80 ans » (Alfred, n.d.)

« J’espère que les jeunes adultes vont accepter l’expérience qu’on a, j’espère qui vont être aussi à l’écoute » (Jacqueline, 66 ans)

De l’autre côté, pour les jeunes adultes, le projet est plutôt une occasion pour eux d’aller à la rencontre des personnes aînées et, dans une certaine mesure, de vivre une expérience intergénérationnelle enrichissante. Nathan est attiré par le projet, même si celui-ci n’est pas encore clair :

« C’était comme une idée géniale pour moi parce que j’allais être en contact avec des personnes aînées, j’allais avoir des relations intergénérationnelles en prévision de ce que je vais avoir dans mon stage » (Nathan, 27 ans)

C’est vraiment d’envisager de travailler avec des personnes aînées qui réunissent le plus les jeunes adultes. Mila a toujours voulu travailler avec les personnes aînées et « donc quand j’ai su que je pouvais travailler avec eux sur un projet en fait puis comme organiser une activité j’ai fait comme mon dieu c’est dont bien « cool » et je me suis juste lancé » (Mila, 25 ans). Dans l’ensemble, les jeunes adultes anticipent avec optimiste cette participation au projet intergénérationnel :

« J’ai l’impression que les gens vont rentrer dans ce projet-là avec beaucoup d’enthousiasme, puis justement j’ai l’impression qui vont être plus ouvert justement parce que c’est un projet, ils ne vont pas partie avec l’idée en tête qu’on va faire ça » (Nathan, 27 ans)

« Comment je vois ça? Bien d’abord je suis curieuse un petit peu des rencontres […] comment ils vont interagir, quelles idées ils vont lancer, non j’ai bien hâte de voir ce qu’ils auront à dire » (Manon, 29 ans)

« J’ai hâte de rencontrer les gens puis de voir qu’est-ce que ça va faire comme interactions. Comme je disais, ça va dépendre des gens, puis je pense que ça va être une belle expérience d’apprentissage » (Nadia, 27 ans)

En résumé, bien qu’il y ait des différences dans la façon d’envisager le projet intergénérationnel, il reste que les personnes participantes affichent de l’optimisme à l’idée de travailler avec un autre groupe d’âge.

4.2. Déroulement du projet intergénérationnel

Le projet intergénérationnel s’est échelonné du 19 novembre 2018, date de la première réunion du comité, jusqu’à la réalisation de l’événement intergénérationnel, le 3 août 2019. En tout, les personnes participantes se sont rencontrées à 18 reprises au cours du projet.

De manière générale, tant les personnes aînées que les jeunes adultes ont apprécié leur participation au sein du projet intergénérationnel, ce qui concorde avec leur anticipation au début du projet :

« Fantastique. J’aimais vraiment beaucoup, beaucoup. J’ai embarqué là-dedans parce que, j’ai des choses à faire, on a tous une liste longue comme ça, mais il me manquait quelque chose pour stimuler mon cerveau et c’est pour ça que j’ai embarqué dans le projet » (Margaud, 70 ans)

« Je me suis senti à l’aise avec les jeunes quand même, parce que c’était vraiment une belle gang, vraiment là. » (Jacqueline, 66 ans)

« J’ai trouvé qu’on « matchait » bien tout ensemble, chacun faisait quelque chose puis on essayait de s’entraider à travers tout ça » (David, 69 ans)

« J’ai bien aimé la participation en général » (Nathan, 27 ans)

« J’ai trouvé ça vraiment agréable de travailler tout le monde ensemble, puis j’ai trouvé ça le « fun » aussi de voir qu’on a été capable de créer un événement, tu sais, je dis qu’il y a eu que les jeunes adultes y’avaient eu peut-être comme 2 groupes, mais à la fois on a tout le monde collaborer » (Nadia, 27 ans)

À la lumière des observations et des entrevues, il est possible de reconstruire le déroulement du projet en cinq étapes : l’acclimatation, l’organisation, la réorganisation suite au départ de certaines personnes participantes, la préparation de l’événement et, enfin, la réalisation de l’événement.

4.2.1. Parcours du comité intergénérationnel

Au commencement du projet, les personnes participantes ont toutes fait état d’une première étape d’acclimatation au sein du groupe. De prime abord, les jeunes adultes et les personnes aînées ne se connaissaient pas. En revanche, les jeunes adultes se côtoyaient déjà à l’intérieur de leurs cours universitaires et ils partageaient plusieurs intérêts communs. D’ailleurs, ils reconnaissaient avoir une appartenance à leur groupe d’âge, ce que les personnes aînées n’avaient pas exprimé lors des entrevues. Antoine résume bien ce sentiment d’appartenance entre les jeunes adultes :

« C’est plus facile avec les jeunes parce que c’est mon groupe d’âge, puis ce que je pense qui est normal aussi […] On est dans la même génération, donc les réseaux sociaux, les expériences communes, ce qu’on vit en ce moment avec les études, c’est plus facile d’avoir des sujets de conversations en commun » (Antoine, 24 ans)

Pendant cette période, les relations n’étaient pas évidentes de part et d’autre. Margaud montre d’ailleurs combien de questions restent en suspens au cours de cette période : « Bien, je pense au début on était un peu comme, on a essayé de sentir, bon est-ce qu’on peut se parler? Qu’est-ce qu’on peut dire? Comment est-ce qu’on peut le dire? Est-ce qu’il faut faire attention? » (Margaud, 70 ans). Ces questions sans réponse concernent non seulement la façon d’interagir avec l’autre groupe d’âge, mais aussi comment fonctionner au sein du comité intergénérationnel. Ainsi, les personnes participantes ont dû non seulement faire connaissance, mais prendre des décisions sur le fonctionnement du projet.

La deuxième étape est marquée par les discussions et les débats entourant la nature de l’événement intergénérationnel et la façon de l’organiser. D’un côté, la diversité des personnes participantes apportent son lot de défis. Pour Antoine, cette diversité amène des difficultés lors des rencontres : « Au départ, je dirais que le rôle de tous et chacun était un peu difficile, c’est beau un groupe de 10 personnes, mais c’était beaucoup de gens provenant de générations différentes. Ça fait que des fois ça « clashait » un peu » (Antoine, 24 ans). La nature de l’événement à organiser a fait l’objet de nombreuses discussions, parfois houleuses, au sein du comité. Aux yeux de plusieurs personnes participantes, ces discussions s’éloignaient du but initial du projet :

« Il y en a qui n’ont pas compris ce qu’on fait là […] Fait que là, ça a été difficile parce qu’on a perdu de vu c’était quoi qu’on était supposé faire et c’était une activité d’une journée avec un organisme au printemps » (Mila, 25 ans)

D’un autre côté, ce sont les rôles des personnes participantes au sein du groupe qui n’étaient pas clairement définis ou, comme le dit Mila, « C’était un peu désorganisé […] il n’avait pas vraiment une structure en place » (Mila, 25 ans). Cette situation a fait apparaître les limites du comité chez certaines personnes participantes.

La troisième étape coïncide avec le départ de deux personnes participantes. D’une part, Alfred a quitté le projet parce qu’il ne trouvait pas sa place. Il déplore le manque de vision du projet et l’absence d’une structure claire. Par contre, son départ est vu différemment par d’autres personnes participantes :

« Il y avait vraiment un « clash » entre lui et le reste, ce n’était pas des clans, c’était vraiment lui contre le reste » (Nathan, 27 ans).

« Cette personne-là, il n’était d’accord sur rien, on amenait quelque chose et il était tout le temps contre » (Mila, 25 ans)

« Le monsieur n’était pas toujours agréable. Il avait des idées bien arrêtées, tu sais, on dirait que les autres n’avaient pas le droit de décider d’autres choses » (Jacqueline, 66 ans)

Le départ d’Alfred a entraîné une nouvelle dynamique au sein du projet. À partir de ce moment, les autres personnes participantes du comité ont pu s’entendre sur la nature de l’événement intergénérationnel, soit d’organiser un rallye intergénérationnel pour l’environnement. D’autre part, c’est aussi pendant cette troisième période que Mila a quitté le projet. Dès le début du projet, elle a eu de la difficulté avec le comité : « Aucun plaisir, j’ai sorti de la deuxième rencontre j’avais les yeux pleins d’eau, y’aurait pas fallu que quelqu’un me demande comment ça va? Comme j’en parle et j’ai les yeux pleins d’eau. » (Mila, 25 ans). Ce sont finalement des raisons personnelles qui ont amené Mila à se retirer : « Où ça s’en allait c’était trop gros, puis je ne pouvais pas m’embarquer dans quelque chose d’aussi long et d’aussi gros en ne sachant pas moi-même où je vais être » (Mila, 25 ans).

C’est donc avec le départ d’Alfred et de Mila que s’ouvre la quatrième étape du comité, soit celle de la préparation et de la mise en œuvre de l’événement intergénérationnel. Il est intéressant de relever que les jeunes adultes et les personnes aînées n’ont pas joué les mêmes rôles au sein du comité. D’abord, seulement Nathan et Jacqueline affirment avoir joué un rôle de second plan dans le comité :

« J’étais plus un participant, je n’étais pas dans les leaders » (Nathan, 27 ans)

« Je m’investissais à écouter puis à regarder et à étudier surtout » (Jacqueline, 66 ans)

Ensuite, certaines personnes aînées ont joué un rôle dans la planification de l’événement. C’est le cas de Margaud qui possède une grande expérience professionnelle dans la préparation et la planification de projet. Elle a pris plaisir de mettre à profit ses compétences : « J’aimais vraiment l’expérience de faire le sommaire de tout ça et le présenter au groupe » (Margaud, 70 ans). D’autres personnes aînées ont apporté leur connaissance et leur expérience dans l’orientation générale du projet. Avec du recul, David croit qu’il a fait tout ce qu’il pouvait pour aider le projet : « donner des idées […] j’ai un esprit assez analytique que je vois les choses assez ben d’avance » (David, 69 ans). Enfin, en ce qui concerne les jeunes adultes, les rôles joués dans le comité se situent sur le plan de l’organisation et de la coordination. Antoine était responsable d’animer les rencontres du comité, entre autres d’encadrer les discussions, de maintenir une bonne humeur et d’être le médiateur si nécessaire. De plus, la plupart des jeunes adultes ont joué un rôle actif dans le recrutement de personnes participantes, la recherche de commanditaires et la publicité de l’événement. Ils ont mis à profit leur réseau personnel, mais aussi utiliser les outils à leur disposition, comme les médias sociaux.

La cinquième étape se circonscrit au jour de l’événement. Tout d’abord, un constat clair se dégage des entrevues et des observations : l’événement est perçu comme une réussite par les personnes participantes :

« Je pense que c’était surtout ça, je pense que le monde voulait être satisfait, les gens ont été satisfaits » (Nathan, 27 ans)

« Bien c’est le « fun » de voir les gens ensemble puis finalement ça s’est bien déroulé. Cette journée-là, mettons, j’étais fier de ce qu’on avait accompli pendant tous ces mois-là avant » (Antoine, 24 ans)

« […] mais j’ai entendu le monde, entendu le monde rire et puis j’ai regardé juste comme ça tout se déroulait, ça ne pourrait vraiment pas être mieux » (Margaud, 70 ans)

Cette perception de réussite vient après plusieurs mois d’appréhension quant à la participation réelle des gens à l’événement. En effet, le nombre de personnes le jour de l’événement a été un gage de réussite comme le rapporte David : « On visait, bien écoute, samedi matin ce n’est pas tout le monde, on espérait une cinquantaine de personnes et on l’a eu » (David, 29 ans). Ainsi, à la fois les efforts déployés pour mettre en œuvre l’événement et la réponse positive venant de la communauté ont contribué à la réussite du projet. De plus, cette réussite a apporté un sentiment de valorisation chez plusieurs personnes participantes au comité intergénérationnel. Antoine y va d’ailleurs de ses propres mots pour exprimer cette valorisation : « mais je pense que c’était une expérience le « fun » puis la journée même j’ai trouvé ça valorisant » (Antoine, 24 ans).

4.2.2. Perception des relations intergénérationnelles

Cette description du déroulement du projet intergénérationnel illustre certains défis auxquels les personnes participantes étaient aux prises au fil des mois. Mais encore, quand l’accent est mis sur les relations au sein du comité, c’est-à-dire sur les interactions et les échanges entre les jeunes adultes et les personnes aînées, il est possible d’identifier d’autres défis. Ces défis relationnels sont parfois différents d’un groupe à l’autre, mais également similaires. Par exemple, le rapport au temps a été perçu comme un défi. Pour les jeunes adultes, le projet intergénérationnel n’avançait pas assez rapidement et ont ressentis de la frustration :

« Je voulais que ça avance, je pense que je ressentais un peu de frustrations par rapport à ça » (Antoine, 24 ans)

« Des fois je trouve que ça n’allait pas assez vite, mais dans le sens qu’on pouvait être plus efficace dans nos rencontres. On pouvait en 2 h des fois on faisait des choses, qu’à mon sens on aurait pu faire en 1 h » (Nadia, 27 ans)

Cette lenteur s’explique en grande partie par la manière de travailler des personnes aînées. Celles-ci prennent le temps de planifier et d’envisager les tâches à l’avance, plutôt que de bousculer les étapes préalables à la mise en œuvre de l’événement intergénérationnel. Pour Alfred, il était clair que pour les jeunes adultes « ça les agaçait que ça n’allait pas assez vite pour eux » (Alfred, n.d.). Un autre exemple des défis rencontrés concerne la familiarité avec les médias sociaux. Pour les jeunes adultes, cette familiarité a joué un rôle dans l’organisation du projet, rôle que les personnes aînées ont peu assumé :

« Bon, avec des gens de ma génération, on est habitué avec les mêmes médias, comme Facebook, on sait comment ça fonctionne, fait que c’est sûr que c’était un « clash » au début et je ne pensais pas avoir à faire cette adaptation-là » (Antoine, 24 ans)

Les personnes aînées ont reconnu cette différence générationnelle avec les jeunes adultes. Certains participants, comme David, ont toutefois gardé des critiques à cet égard : « Autant c’est un outil pour communiquer, autant qu’ils ne communiquent pas, son assis un chaque bord de la Tableau et ils vont se texter » (David, 69 ans).

Malgré ces défis dans les relations intergénérationnelles, il se dégage tout le moins une appréciation commune entre les deux groupes. En fait, la plupart des jeunes adultes ont parlé d’une évolution des relations au sein du comité. Pour Nathan, il y a une différence entre le commencement du projet et la réalisation de l’événement intergénérationnel :

« Bien on était plus à l’aise durant la fin, ça, c’est sûr, plus que ça avançait plus on était à l’aise plus on riait dans les rencontres puis on divaguait un petit peu, puis ce n’était pas grave. Y’a un certain moment où on était devenu un groupe pour de vrai » (Nathan, 27 ans)

Ce constat est partagé par d’autres jeunes adultes, dont Antoine, qui trouve que le comité avait une camaraderie à la fin du projet : « Après c’était le « fun » là, on se rencontrait c’était le « fun », puis sinon je pense que plus ça avançait plus je pense que c’était un sentiment de plaisir et de joie de voir les accomplissements, ou qu’on s’en allait » (Antoine, 24 ans).

Ce plaisir est partagé avec les personnes aînées puisqu’elles se percevaient sur un pied d’égalité avec les jeunes adultes. Pour Margaud, elle ne voyait plus de différence par rapport à l’âge, « on était tous égaux, je n’ai pas vu […] pour les jeunes que l’âge faisait une différence » (Margaud, 70 ans). En fait, plusieurs personnes participantes âgées ont souligné que l’ouverture, la convivialité et la camaraderie étaient bien réelles entre les deux groupes à la fin du projet :

« Je me suis senti accueilli, sans jugement, c’est déjà beaucoup, je me suis senti à l’aise avec les jeunes quand même, parce que c’était vraiment une belle gang » (Jacqueline, 66 ans)

« Bien l’entente était bonne puis l’échange était bon, tu sais, ça coulait comme on dit, ça allait très bien » (David, 69 ans)

En résumé, malgré certains défis relationnels, le projet intergénérationnel a débouché sur une perception d’égalité et de solidarité entre les deux groupes d’âge.

4.3. Apports du projet intergénérationnel pour les personnes participantes

Tout d’abord, il est possible de répertorier deux apports perçus identiques chez les jeunes adultes et les personnes aînées : la minimisation des stéréotypes et la valorisation de la participation. Au sein du comité, cette expérience intergénérationnelle particulière semble avoir été l’occasion de changer les représentations de chacun des groupes d’âge, mais aussi de minimiser les stéréotypes. Pour Nathan, il est clair que l’absence de connaissance de l’autre groupe d’âge avait des impacts sur la façon dont il pouvait voir les personnes aînées. L’expérience du comité intergénérationnel, « Bien ça brise cette espèce de barrière là que j’avais, de non-connaissance de ce groupe d’âge, ça brise ça, mais… on dirait que je me suis plus fait une idée, que j’ai une idée modifiée, je me suis plus fait une idée » (Nathan, 27 ans). Nadia, quant à elle, a pris connaissance « qu’il y a une diversité » (Nadia, 27 ans) chez les personnes aînées. Celles-ci abondent aussi dans le même sens que les jeunes adultes, mais ciblent entre autres la minimisation de leurs stéréotypes face aux jeunes adultes. Margaud y voit d’ailleurs un apprentissage important :

« Souvent ce qu’on lit c’est ce qu’on voit à la télévision c’est négatif, alors ça vraiment changé ma perception. Ils ont changé ma perception, parce que c’est un groupe de jeunes fantastiques vraiment, ambitieux, sages, intelligents » (Margaud, 70 ans)

Ce constat est partagé par Jacqueline, qu’il faut ne « […] pas juger avant de connaître. Parce que dans le fond c’était un jugement que je portais envers les jeunes avant d’arriver là » (Jacqueline, 66 ans).

Un autre apport perçu par les membres du comité intergénérationnel concerne la valorisation de leur participation. Travailler ensemble, organiser l’événement et voir la réussite de celui-ci a apporté un sentiment de fierté et de valorisation. Pour Nadia, le projet a été une occasion nouvelle pour elle de connaître ses forces et sa capacité organisationnelle :

« J’ai trouvé ça quand même valorisant, moi je n’ai pas beaucoup organisé de choses ou d’événement dans ma vie, en fait je pense que c’était la première fois. Fais que j’ai aimé ça voir tout l’effort et l’énergie que ça prend pour faire ça » (Nadia, 27 ans)

Ce sentiment de valorisation est aussi retrouvé chez les personnes aînées. En fait, c’est le sentiment d’être utile qui revient dans plusieurs de leurs propos, dont ceux de David :

« Se sentir utile à travers tout ça, dans tout ça. Tu sais, je veux dire, j’étais content en plus qu’il accepte l’activité que j’ai suggérée, parce que la pétanque c’est moi qui la suggérée et ils l’ont accepté, j’étais bien content, ça me permettait, je faisais partager ça a d’autre, c’est valorisant » (David, 69 ans)

En fait, pour David, c’est aussi cette reconnaissance de ses connaissances et de ses intérêts par les autres membres du comité intergénérationnel. Cette expérience intergénérationnelle a été l’occasion de reconnaître les capacités, les compétences et les intérêts des participants.

Ensuite, en ce qui concerne les apports perçus différemment entre les groupes, il est surtout question des apports sur le plan personnel. Chez les jeunes adultes, le comité a été l’occasion de voir combien les personnes aînées ont beaucoup d’expériences à partager :

« Bien plus on est des personnes qui ont des « backgrounds » différents, puis eux ont plus d’expérience, ils ont même des expériences de travail, y’a des choses comme ça qui sortait à travers » (Nathan, 27 ans)

« Bien le fait qu’ils en avaient qui avait de l’expérience aussi, par exemple Margaud elle, elle a travaillé longtemps en gestion d’événements. Fait qu’elle est arrivée avec une espèce de plan » (Antoine, 24 ans)

« Ils ont l’expérience que nous on n’a pas, puis eux ils veulent, ils ont aussi une vue de c’est quoi notre monde d’aujourd’hui, vu à travers les yeux de quelqu’un qui est plus jeune » (Nadia, 27 ans)

De plus, le temps partagé avec les personnes aînées entre le début et la fin du projet, au fil des rencontres, a montré l’importance de la patience pour les jeunes adultes, en particulier dans l’organisation du projet. Antoine résume parfaitement cet apprentissage lorsqu’il dit « J’ai l’impression que ça m’a comme obligé à être plus patient et à réaliser que ça peut apporter des points positifs d’être plus patient » (Antoine, 24 ans). Il semble bien qu’aux yeux de plusieurs jeunes adultes, le projet a fait prendre conscience que tout n’est pas une course dans la vie.

Pour les personnes aînées, le projet a aussi créé de nouveaux liens avec les jeunes adultes. Pour Margaud, ces liens se sont développés à travers le travail, « Mais je veux dire ça s’est développé qu’on a travaillé vraiment bien ensemble » (Margaud, 70 ans), tandis que pour Jacqueline ce sont les nombreuses rencontres qui ont créé un sentiment d’appartenance :

« Bien, je ne m’attendais pas à ça, mais je te dirais que j’ai adoré ces jeunes-là, adoré, si j’ai à venir les rencontrer je serais contente, qu’on se rencontre encore toute la gang puis qu’on ait du plaisir » (Jacqueline, 66 ans)

Ces liens, à défaut de dire qu’ils sont durables, sont certainement significatifs aux yeux des personnes aînées. Les liens intergénérationnels amicaux sont riches en expérience. En fait, pour Jacqueline, les rencontres avec les jeunes adultes ont apporté une fraîcheur et une énergie nouvelle : « juste la mentalité des jeunes qui avaient, la manière d’être, écoute ça nous allumait, ça nous donnait comme une fraîcheur, une énergie, une bonne énergie, une adrénaline » (Jacqueline, 66 ans).

Enfin, il serait faux d’affirmer que le projet intergénérationnel, à travers le comité, a été une réussite aux yeux de tous les participants. Mila et Alfred ont abandonné le comité pour diverses raisons déjà expliquées dans cet article. Le cas d’Alfred illustre cependant les défis potentiels que peut rencontrer tout projet intergénérationnel. Pour lui, les jeunes adultes dans le comité n’avaient pas d’expérience de vie : « ils sont dans la trentaine, j’imagine. Alors ils n’ont pas beaucoup d’expérience du genre, je ne sais pas, de grande gestion dans la vie, d’entreprise ou d’organisation, donc c’était difficile de parler de même langage » (Alfred, n.d.). Aussi, il déplore que dès le début du projet intergénérationnel, il ne soit pas arrivé à créer un lien avec les jeunes adultes :

« Les défis que j’ai rencontrés, c’est de pas pouvoir vraiment faire une association, mais j’ai assisté à trois réunions, je pense, peut-être quatre. Y’aurait fallu, tu sais, essayons de partager ensemble nos valeurs puis de mettre au profit nos compétences et nos valeurs et nos expériences » (Alfred, n.d.)

En définitive, Alfred s’est senti seul avec ses idées et sa vision du projet intergénérationnel et s’est retiré d’un projet qui ne lui ressemblait pas.

5. Conclusion

Le but de cet article était de présenter les résultats d’une recherche co-constructive visant à faire travailler ensemble des personnes aînées et des jeunes adultes au sein d’un projet intergénérationnel ancré dans la communauté. Il existe de plus en plus de projets intergénérationnels qui font l’objet d’étude et leurs résultats montrent qu’il est possible d’innover afin de construire des ponts entre les générations. Prenons l’exemple de plus en plus commun des projets intergénérationnels pour répondre aux besoins d’habitation et qui jumellent les étudiants universitaires avec des personnes aînées (Mirza et al., Reference Mirza, Martinez, Austen, McDonald, Klinger and Hsieh2019). Parfois, les projets profitent du nombre de propriétaires âgés afin d’offrir une chambre ou un logement abordable aux étudiants universitaires. D’autres fois, ce sont des projets de résidence pour personnes aînées qui ouvrent leurs portes aux étudiants universitaires afin de combler des logements vacants et, par le fait même, offrir de nouvelles occasions de relations intergénérationnelles aux personnes résidentes.

Notre projet de recherche est inusité puisqu’il s’appuie sur une approche co-constructive et intergénérationnelle afin d’étudier les relations entre les personnes aînées et les jeunes adultes. Trois constats ressortent de notre étude qui peuvent servir de point d’appui pour une réflexion future sur la recherche intergénérationnelle. Premièrement, tant par nos résultats que par la littérature recensée, il est clair qu’un projet entre les jeunes adultes et les personnes aînées amène des bénéfices pour ces deux groupes d’âge. Ainsi, que ce soit par la minimisation des stéréotypes d’âge (Lytle, Nowacek et Levy, Reference Lytle, Nowacek and Levy2020; McNamara, Reference McNamara2017) ou par la valorisation de la participation (Armstrong, Reference Armstrong2012; Teater, Reference Teater2016), il apparaît que le projet intergénérationnel permet de renforcer le sentiment d’être utile pour les parties prenantes. Pour les jeunes adultes, ce sentiment se transpose dans une ouverture sur la diversité de l’âge et un apprentissage de nouvelles compétences générationnelles. Pour les personnes aînées, le sentiment fait référence à l’actualisation de leur capacité d’agir en société, c’est-à-dire d’être en relation avec les autres. Deuxièmement, un de nos résultats montre à quel point il est important d’encourager les relations sociales intergénérationnelles afin de favoriser la capacité d’agir des jeunes et des moins jeunes personnes. Cette capacité d’agir, mieux connue sous le concept « d’empowerment », réfère à l’appropriation du pouvoir d’agir qui se manifeste chez la personne en lien avec les autres. Selon Ninacs (Reference Ninacs2008), cette prise de pouvoir s’exerce en trois étapes entrecroisées, où la personne a la possibilité 1) de choisir librement et consciemment, 2) de prendre prise de décision basée sur sa capacité de raisonner et d’analyser, et 3) de mettre en action cette décision (Ninacs, Reference Ninacs2008). Les relations sociales et les expériences collectives sont présentées comme les assises au développement de l’empowerment, cela dans différents contextes (Graffigna, Barello, Riva, et Bosio, Reference Graffigna, Barello, Riva, Bosio, Riva, Marsan and Grassi2014; Sixsmith et Boneham, Reference Sixsmith and Boneham2003). Tel qu’en font état Kurian et Uchiyama (Reference Kurian and Uchiyama2012) dans le cadre de projet sur l’empowerment chez les personnes aînées, ce sont les relations sociales qui ont favorisé leur réalisation de soi. Il est aussi intéressant de souligner que, non seulement l’empowerment semble se développer plus favorablement à travers les relations sociales, il a aussi été démontré que celui-ci favorise à son tour davantage d’implication sociale de la part des aînés (Rawsthorne, Ellis, et de Pree, Reference Rawsthorne, Ellis and de Pree2017). Troisièmement, il est impossible de passer sous silence le contexte de la pandémie de COVID-19 sur les relations entre les générations et l’importance des projets intergénérationnels ancrés dans la communauté. Durant les deux dernières années, les efforts pour combattre la pandémie (ex. la distanciation physique, les restrictions de rassemblements, etc.) ont causé une diminution du capital social des personnes, l’augmentation de la vulnérabilité de certains groupes sociaux ou l’accroissement des inégalités sociales. Les résultats de notre recherche rejoignent les propos de Phillipson et al. (Reference Phillipson, Yarker, Lang, Doran, Goff and Buffel2021) sur le rôle crucial que joue la solidarité entre les personnes aînées et les autres groupes d’âge dans le rétablissement des communautés dans les prochaines années suivant la COVID-19. D’ailleurs, Phillipson et al. (Reference Phillipson, Yarker, Lang, Doran, Goff and Buffel2021) suggèrent que cette solidarité doit non seulement s’ancrer dans des projets au sein des communautés locales, mais aussi dans la communauté académique, c’est-à-dire dans la manière de développer et mettre en œuvre les projets scientifiques.

Cela étant dit, notre projet constitue un bel exemple des projets scientifiques prometteurs pour les années postpandémiques puisqu’il s’appuie non seulement sur les efforts de deux chercheurs et d’une chercheure académiques, mais aussi de quatre personnes aînées provenant de la communauté. Cette démarche de recherche a rencontré des défis, mais a aussi eu des bénéfices pour les membres du GRIVE. Le projet a permis de rapprocher les acteurs du monde universitaire et les membres de la société civile. Dans une époque où les universités cherchent constamment à justifier leur vocation, et ce, au-delà d’un impératif à l’employabilité de leurs personnes étudiantes, la recherche co-constructive est une occasion d’élargir les frontières des universités (Blair et Minkler, Reference Blair and Minkler2009). De plus, il ne fait aucun doute pour les membres du groupe de recherche que ce projet a constitué une expérience humaine enrichissante, tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. Après six années, les deux chercheurs et la chercheure académiques ont investi de leur temps et de leur argent pour mettre sur pied ce projet de recherche et de le maintenir vivant. Les apprentissages sont nombreux et plusieurs ont été mobilisés dans la formation universitaire, permettant aux personnes étudiantes d’être initiées à une méthodologie de recherche différente, mais aussi profiter des nombreux outils développés lors de ce projet (ex. grille pour analyser les articles scientifiques recensés, modèles pour aider l’analyse qualitative des données, etc.). Les personnes aînées reconnaissent quant à elles des bénéfices, entre autres acquérir de nouvelles connaissances et profiter d’une expérience enrichissante (ex. présenter les travaux de recherche lors de congrès scientifiques). En revanche, la recherche co-constructive n’est pas une panacée ou une solution miracle étant donné les nombreux défis rencontrés : la lenteur du processus de recherche par rapport à la productivité universitaire, l’absence de reconnaissance de la démarche par les pairs et les organismes subventionnaires, ainsi que la démotivation et l’abandon des membres du GRIVE.

Pour terminer, nous souhaitons laisser les mots de la fin à une personne aînée membre du GRIVE : « En m’intégrant comme chercheure, le GRIVE m’offre l’opportunité de mettre le « génie » de mes expériences de vie au service de la science et de participer activement à la recherche sur le vieillissement. Sortir les deux mondes, recherche et citoyen, de l’isolement et créer ensemble une communauté intergénérationnelle qui unisse les forces de chacun pour une société reliée et enrichie des différences ». Nos résultats de recherche, ainsi que notre expérience en tant que groupe de recherche co-constructive, devraient inspirer les prochaines études portant sur les liens générationnels avec les personnes aînées.

Footnotes

1 Le matériel méthodologique développé en co-construction durant le projet de recherche est disponible sur le site du Laboratoire d’innovations par et pour les aînés (http://lippa.recherche.usherbrooke.ca) rattaché au Centre de recherche sur le vieillissement de l’Université de Sherbrooke.

References

Références

Agence de la santé publique du Canada. (2021). COVID-19 et décès chez les Canadiens âgés : Surmortalité et effets de l’âge et de la comorbidité (Cat. : HP35-147/2021F-PDF). Ottawa: Gouvernement du Canada.Google Scholar
Anderson, S., Fast, J., Keating, N., Eales, J., Chivers, S., & Barnet, D. (2016). Translating knowledge: Promoting health through intergenerational community arts programming. Health Promotion Practice, 18(1), 1525.CrossRefGoogle ScholarPubMed
Armstrong, N. (2012). Historypin: Bringing generations together around a communal history of time and place. Journal of Intergenerational Relationships, 10(3), 294298.CrossRefGoogle Scholar
Béland, D., & Marier, P. (2020). COVID-19 and long-term care policy for older people in Canada. Journal of Aging & Social Policy, 32(4–5), 358364.CrossRefGoogle ScholarPubMed
Best, L. A., Law, M. A., Roach, S., & Wilbiks, J. M. P. (2021). The psychological impact of COVID-19 in Canada: Effects of social isolation during the initial response. Canadian Psychology/Psychologie canadienne, 62(1), 143154.CrossRefGoogle Scholar
Bindels, J., Baur, V., Cox, K., Heijing, S., & Abma, T. (2014). Older people as co-researchers: A collaborative journey. Ageing and Society, 34(06), 951973.CrossRefGoogle Scholar
Blair, T., & Minkler, M. (2009). Participatory action research with older adults: Key principles in practice. The Gerontologist, 49(5), 651662.CrossRefGoogle ScholarPubMed
Buffel, T. (2019). Older coresearchers exploring age-friendly communities: An «Insider» perspective on the benefits and challenges of peer-research. The Gerontologist, 59(3), 538548.CrossRefGoogle ScholarPubMed
Carter, T., & Beresford, P. (2000). Age and change: Models of involvement for older people. New York: Joseph Rowntree Foundation.Google Scholar
Conseil National des Aînés. (2011). Consultations sur la participation au marché du travail des aînés et des personnes approchant de l’âge de la retraite et sur les relations intergénérationnelles. Ottawa: Gouvernement du Canada.Google Scholar
Conseil National des Aînés. (2014). Rapport sur l’isolement social des aînés. Ottawa: Gouvernement du Canada.Google Scholar
Fraser, S., Lagacé, M., Bongué, B., Ndeye, N., Guyot, J., Bechard, L., et al. (2020). Ageism and COVID-19: What does our society’s response say about us? Age and Ageing, 49(5), 692695.CrossRefGoogle ScholarPubMed
Graffigna, G., Barello, S., Riva, G., & Bosio, A. C. (2014). Patient engagement: The key to redesign the exchange between the demand and supply for healthcare in the era of active ageing. Riva, Dans G., Marsan, P. A., & Grassi, C. (Éds.), Active ageing and healthy living (pp. 8595). Amsterdam: IOS Press.Google Scholar
Hand, C., Rudman, D. L., McGrath, C., Donnelly, C., & Sands, M. (2019). Initiating participatory action research with older adults: Lessons learned through reflexivity-ERRATUM. Canadian Journal on Aging/Revue Canadienne Du Vieillissement, 38(4), 512520.CrossRefGoogle ScholarPubMed
Horner, L. K. (2016). Co-constructing research: A critical literature review. London: Arts and Humanities Research Council (AHRC).Google Scholar
Howe, N., & Strauss, W. (1992). Generations: The history of America’s future, 1584 to 2069. New York: Harper Collins.Google Scholar
Jaccoud, M., & Mayer, R. (1997). L’observation en situation et la recherche qualitative. Poupart, Dans J., Deslauriers, J.-P., Groulx, L.-H., Laperrière, A., Mayer, R., and Pirès, A. L. (Eds.), La recherche qualitative : Enjeux épistémologiques et méthodologiques (pp. 211250). Boucherville: Gaëtan Morin.Google Scholar
James, H., & Buffel, T. (2022). Co-research with older people: A systematic literature review. Ageing & Society, 127. doi:10.1017/S0144686X21002014.CrossRefGoogle Scholar
Kurian, R., & Uchiyama, C. (2012). Models of elderly care in Japan and The Netherlands: Social quality perspectives. International Journal of Social Quality, 2(1), 7488.CrossRefGoogle Scholar
Littlechild, R., Tanner, D., & Hall, K. (2015). Co-research with older people: Perspectives on impact. Qualitative Social Work, 14(1), 1835.CrossRefGoogle Scholar
Loriaux, M., & Remy, D. (2013). Rapprocher les âges de la vie: Une analyse de projets intergénérationnels en Belgique. Retraite et société, 1, 2152.CrossRefGoogle Scholar
Lowenstein, A. (2004). Gerontology coming of age: The transformation of social gerontology into a distinct academic discipline. Educational Gerontology, 30, 129141.CrossRefGoogle Scholar
Lytle, A., Nowacek, N., & Levy, S. R. (2020). Instapals: Reducing ageism by facilitating intergenerational contact and providing aging education. Gerontology and Geriatrics Education, 41, 308319.CrossRefGoogle ScholarPubMed
McNamara, I. (2017). The impact of intergenerational projects on the younger person’s view of older people. Journal of Social Care, 1(1), 2.Google Scholar
Merlett, N., & Etmes, C. (2010). Grey matters: A guide to collaborative research with seniors. Calgary: University of Calgary Press.Google Scholar
Mey, E., & van Hoven, B. (2019). Managing expectations in participatory research involving older people: What’s in it for whom? International Journal of Social Research Methodology, 22(3), 323334.CrossRefGoogle Scholar
Miller, E., Cook, A., Alexander, H., Cooper, S. A., Hubbard, G., Morrison, J., et al. (2006). Challenges and strategies in collaborative working with service user researchers: Reflections from the academic researcher. Research Policy and Planning, 24(3), 187208.Google Scholar
Mirza, R. M., Martinez, L., Austen, A., McDonald, L., Klinger, C., Hsieh, J., et al. (2019). More than just a room: Results from an intergenerational home sharing program in TorontoInnovation in Aging, 3(1), S154.CrossRefGoogle Scholar
Ninacs, W. A. (2008). Empowerment et intervention : Développement de la capacité d’agir et de la solidarité. Québec: Presses de l’Université Laval.Google Scholar
Philibert, M. (1977). Réflexions sur l’enseignement de la gérontologie. Dans Collections de gérontologie canadienne I: Textes choisis (pp. 1232). Toronto: Association canadienne de gérontologie.Google Scholar
Phillipson, C., Yarker, S., Lang, L., Doran, P., Goff, M., & Buffel, T. (2021). COVID-19, inequality and older people: Developing community-centred interventions. International Journal of Environmental Research and Public Health, 18(15), 8064.CrossRefGoogle ScholarPubMed
Rawsthorne, M., Ellis, K., & de Pree, A. (2017). «Working with COW»: Social work supporting older women living in the community. Journal of Gerontological Social Work, 60(1), 3247.CrossRefGoogle ScholarPubMed
Raymond, É., Gagné, D., Sévigny, A., & Tourigny, A. (2008). La participation sociale des aînés dans une perspective de vieillissement en santé. Réflexion critique appuyée sur une analyse documentaire. Direction de santé publique de l’Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale, Institut national de santé publique du Québec, Centre d’excellence sur le vieillissement de Québec et Institut sur le vieillissement et la participation sociale des aînés de l’Université Laval.Google Scholar
Ross, F., Donovan, S., Brearley, S., Victor, C., Cottee, M., Crowther, P., et al. (2005). Involving older people in research: methodological issues. Health & Social Care in the Community, 13(3), 268275.CrossRefGoogle ScholarPubMed
Sabourin, P. (2009). L’analyse de contenu. Gauthier, Dans B. (Éd.), Recherche sociale. De la problématique à la collecte des données (pp. 415444). Québec: Presses de l’Université du Québec.Google Scholar
Savoie-Zajc, L. (2003). L’entrevue semi-dirigée. Gauthier, Dans B. (Éd.), Recherche sociale. De la problématique à la collecte des données (pp. 293316). Québec: Presses de l’Université du Québec.Google Scholar
Sixsmith, J. A., & Boneham, M. A. (2003). Older men’s participation in community life: Notions of social capital, health and empowerment. Ageing International, 28(4), 372388.CrossRefGoogle Scholar
Tanner, D. (2012). Co-research with older people with dementia: Experience and reflections. Journal of Mental Health, 21(3), 296306.CrossRefGoogle Scholar
Teater, B. (2016). Intergenerational programs to promote active aging: The experiences and perspectives of older adults. Activities, Adaptation & Aging, 40(1), 119.Google Scholar
Thompson, D.-C., Barbu, M.-G., Beiu, C., Popa, L. G., Mihai, M. M., Berteanu, M., et al. (2020). The impact of COVID-19 pandemic on long-term care facilities worldwide: An overview on international issues. BioMed Research International, 2020, e8870249.CrossRefGoogle ScholarPubMed
Walker, A. (2007). Why involve older people in research? Age and Ageing, 36(5), 481483.CrossRefGoogle ScholarPubMed
Yin, R. K. (2009). Case study research: Design and methods. Thousand Oaks: Sage.Google Scholar
Figure 0

Tableau 1. Principales caractéristiques sociodémographiques des personnes participantes.