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Les deux versants de la pensée. A propos du livre de Jean Grondin: Le tournant dans la pensée de Martin Heidegger*

Published online by Cambridge University Press:  13 April 2010

Jean-François Mattéi
Affiliation:
Université de Nice

Extract

Si les interprétations de ce qu'il est convenu de nommer la « dernière philosophie » de Heidegger sont aujourd'hui monnaie courante, non sans risque d'inflation parfois quand on les lie sans précaution à l'engagement politique de l'auteur de Sein und Zeit, personne pourtant n'avait jusqu'ici pris le risque d'aborder la question controversée du « tournant » de front. Les différences évidentes entre un Heidegger I, parti de la phénoménologie pour revenir à une « ontologie fondamentale », et relevant encore à ce titre de la philosophie, et un Heidegger II, voué désormais à une « autre pensée » réfractaire à l'élaboration conceptuelle, sinon à une sorte de mysticisme poétique, paraissent si tranchées à la plupart des commentateurs qu'ils entérinent sans plus attendre une telle division. Celle-ci a d'ailleurs été accréditée par l'auteur lui-même qui, le premier, mentionna l'existence d'un « tournant » (Kehre) de sa propre pensée, en termes réservés toutefois, sinon énigmatiques.

Type
Critical Notices/Etudes critiques
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 1988

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References

1 La remarque de Gadamer se trouve rapportée et traduite par Aubenque, P., «Martin Heidegger. In Memoriam», Les Etudes Philosophiques (1976), 263Google Scholar. Elle est reprise par Grondin, J., Le tournant, 7.Google Scholar

2 En s'appuyant expressément sur l'auteur de la Métaphysique, la «Lettre à Richard-son» mentionne bien quatre modes de l'être, mais fait une curieuse méprise en distinguant «l'être comme proprement être» (Sein als Eigenschaft) de «l'être comme figure des catégories», alors qu'ils sont identifiés par Alistote en Δ 7,1017a, et E 2,1026a, puis en omettant en retour «l'être par accident». Il reste que Heidegger, à la suite d'Aris-tote, n'envisage que quatre modes de l'être, tant dans cette Lettre que dans ses autres textes (par ex. l'Introduction à la métaphysique de 1935Google Scholar, quatrième partie: «La limitation de l'être»).