Hostname: page-component-7479d7b7d-8zxtt Total loading time: 0 Render date: 2024-07-09T10:25:13.977Z Has data issue: false hasContentIssue false

Pour un nouvel empirisme*

Published online by Cambridge University Press:  13 April 2010

Sylvain Auroux
Affiliation:
CNRS/Université de Paris 7

Extract

La connaissance est traditionnellement envisagée comme un processus mettant en rapport un sujet et un objet. Le processus peut être doublement orienté selon que l'on considère la réception de l'information par l e sujet, ou la représentation de l'objet qui peut avoir différentes modalités, parmi lesquelles je compte l'assertion de quelque chose quant à l'objet. Je schématise ces deux orientations de la façon suivante:

(1) I (O,S) = K1

(2) R (S,O) = K2

Prendre connaissance d'un manuel de mathématiques, être ébloui par une lumière vive, n'est pas identique à résoudre un problème de mathématiques, ou à savoir que la voiture qui vient en face n'a pas mis ses feux de croisement. Il y a bien lieu de distinguer deux types de connaissances: K1 et K2; je ne me préoccuperai pas de la question générale de l'identité des éléments de chacune et j'utiliserai les mêmes symboles S et O.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 1985

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

1 Dans le cas de Hume, il serait plus exact de dire qu'il est le lieu de ces processus.

2 Hume, A Treatise of Human Nature, Livre 1, partie 1, section 5.

3 Condillac, , Essai stir l'origine des connaissances Intmaines, I, 2, 4, dans Oeuvres philosophiques de Condillac, éd. Roy, Le, vol. 13 vols.: Paris: P. U. F., 1948-1951), 19 sq., cf. lettre au Comte Potocki du 23 Janvier 1779: « … il faut remarquerque, quoique nos sensations soient passives, il ne s'ensuit pas que tout ce qui vient des sensations soit passif également. Au contraire, c'est notre activité qui tire de nos sensations tout ce qu'elles renferment » (O.C., éd. Le Roy. vol. 2, 553).Google Scholar

4 Cf. Condillac, , Traité des animaux, II, 4 (O.C., ed. Roy, Le, vol. I, 361): « C'est done une suite de l'organisation que les animaux ne soient pas sujets aux mêmes besoins, qu'ils ne se trouvent pas dans les mêmes circonstances, lors même qu'ils sont dans les mêmes lieux, qu'ils n'acquièrent pas les mêmes idées, qu'ils n'aient pas le même langage d'action et qu'ils se communiquent plus ou moins leurs sentiments, à proportion qu'ils diffèrent plus ou moins à tous ces égards. »Google Scholar

5 Je crois que pour la théorie de l'esprit, l'auteur le plus comparable à Condillac est G. Ryle.

6 Cf. Condillac, , Traité des sensations, I, 2 (O.C., éd. Roy, Le, vol. 1, 225): « A la première odeur, la capacité de sentir de notre statue est tout entière à l'impression qui se fait sur notre organe. Voilà ce que j'appelle attention. »Google Scholar

7 Leibniz, Noüveanx essais stir l'entendement hitmain, Livre I, §10.

8 Par solution raffinée, j'entends des solutions du type des veines dessinant la figure d'Hercule préexistant à la sculpture dans le bloc de marbre (Leibniz) ou de la distinction entre origine et début de la connaissance (Leibniz et surtout Kant).

9 Kant, I., Kritik tier reinen Vcnumjt, Trcmszeiulenlale Dcdnklion (première rédaction), dans Kant Werke in Zwölf Banden, vol. 3 (Frankfurt: Diesterweg. 1968), 167: « Aller Notwendigkeit liegt jederzeit eine transzendentale Bedingung zum Gründe. »Google Scholar

10 On trouve une these analogue chez Locke à propos des idées simples, c'est-á-dire des éléments de notre connaissance.

11 Cf. la fin du § 18. dans la deuxiéme rédaction de la déduction transcendantale: « Tel lie la représentation d'un certain mot avec telle chose, tel autre avec telle autre chose; i'unité de la conscience dans ce qui est empirique n'est, part rapport à ce qui est donné, ni nécessairement, ni généralement valable».

12 « Kant spoke of himself as having effected a “Copernician Revolution”, but he would have been more accurate if he had spoken of a Ptolemaic counter-revolution, since he put man back at the centre from which Copernicus had dethroned him » (Russell, B., Human Knowledge, Its Scope and Limits [London: Allen and Unwin, 1966], 5).Google Scholar

13 Condillac, , Traité des sensations (O.C., vol. 1, 257).Google Scholar

14 Condillac, , Logique (O.C., vol. 2, 4140).Google Scholar

15 Cf. la discussion Maupertuis/Turgot (dans Varia Linguistica [Bordeaux: Ducros, 1970], 2627). A Maupertuis qui postulait que les langues pouvaient être construites sur des plans d'idées différents (« ou on ne peut presque pas traduire dans nos langues ce qui a été exprimé une fois dans celles-là »), Turgot répliquait que « tous les peuples ont les mêmes sens et que sur les sens se forment les idées ».Google Scholar

16 Hume, Enquête sur l'entendement hi/main, trad, française Roy, Le (Paris: Aubier, 1947), 59.Google Scholar

17 C'est un argument qu'on trouve aussi chez les empiristes; cf. Condillac, , Langue des calculs, éd. critique par Auroux, S. et Chouillet, A.-M. (Villeneuve d'Ascq: PUL, 1981): « Nous voyons une même idée dans deux expressions » (62).Google Scholar

18 Ibid.. 3: « Une chose peut être exprimée de bien des manières …. Mais différentes expressions représentent la même chose sous des rapports différents, et les vues de l'esprit, c'est-à-dire les rapports sous lesquels nous considérons une chose, déter-minent le choix que nous devons faire < de l‘expression >. »

19 Qui semble souvent utilisée. quoique dans un tout autre sens chez les empiristes, comme on peut le voir en comparant les troistextes suivants: « He needs mind nothing but his own notions, with the names he hath bestowed upon them; but thereby no more increases his own knowledge than he does his riches who, taking a bag of counters, calls one in a certain place a pound, another in another place a shilling, and a third in a third place a penny, and so proceeding, may undoubtedly reckon right and cast up a great sum. according to his counters so placed and standing for more or less as he pleases, without being one jot the richer or without even knowing how much a pound, shilling or penny is. but only that one is contained in the other twenty times, and contain the other twelve » (Locke, John. An Essay Concerning Human Understanding [1690], 4.8. § 10)Google Scholar. « Les faits de quelque nature qu'ils soient, sont la véritable richesse du philosophe. Mais un des préjugés de la philosophie rationnelle, c'est que celui qui ne saura pas nombrer ses écus ne sera guère plus riche que celui qui n'aura qu'un écu. La philosophie rationnelle s'occupe malheureusement beaucoup plus à rapprocher et a Her les faits qu'elle posséde, qu'à en recueillir de nouveaux » (Diderot, Denis, De l'Interprétation de la Nature [1753; Paris: Gamier, 1964], 191)Google Scholar. « Hundert wirkliche Taler enthalten nicht das minderste mehr, als hundert mögliche. Denn. da diese den Begriff, jene aber den Gegenstand und dessen Position an sich selbst bedeuten, so würde, im Fall dieser mehr enthielte als jener, mein Begriff nicht den ganzen Gegenstand aus-drücken, und also auch nicht der angemessene Begriff von ihm sein. Aber in meinem Vermogenzustande ist mehr bei hundert wirklichen Talern, als bei dem Bloβen Begriffe derselbe (d.i. ihrer Möglichkeit) » (Kant, Immanuel, Kritik der reinen Vermmft 1781], 2.3.§4).Google Scholar

20 Ceque l‘empirisme est tout prêt à soutenir; cf. parexemple la discussion de l'existence comme sentiment de résistance chez Maine de Biran et Destutt de Tracy.

21 O.C., éd. Le Roy, vol. 2, 381: « L'analyse ne nous donne des idées exactes qu'autant qu'elle nous fait voir dans les choses que ce qu'on y voit. »

22 Ibid.: « Les idéesexactes que l'on acquiert par l'analyse ne sont pas toujours des idées complétes; elles ne peuvent même jamais l'être lorsque nous nous occupons des objets sensibles. Alors nous ne découvrons que quelques qualités, et nous ne pouvons connaître qu'en partie ».

23 Cf. mon article « Diderot encyclopédiste: le langage, le savoir et l'être du monde », Stanford French Review 8 (1984), 175-188.