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« … Quod circulum non commiserim … » — Quartae Responsiones

Published online by Cambridge University Press:  13 April 2010

Georges J. D. Moyal
Affiliation:
Collège universitaire Glendon

Extract

Si elles ne manquent pas de bienveillance, les Quatrièmes Objections formulées par Antoine Arnauld comptent parmi les plus rigoureuses et les plus pénétrantes qui aient été opposées aux Méditations de Descartes. On sait d'ailleurs en quelle haute et chaleureuse estime Descartes tint, dès lors, le jeune théologien.

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Articles
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Copyright © Canadian Philosophical Association 1989

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References

1 AT, IX-1, 166 (VII, 214). Pour les citations des textes de Descartes, et à une ou deux exceptions près, nous renvoyons le lecteur à l'édition Adam-Tannery des Oeuvres de Descartes (Paris: Vrin, 19641974)Google Scholar, désignée désormais par AT. Nous y renvoyons de même, mais entre parenthèses, pour les textes latins correspondants.

2 Ibid., 98–100(ibid., 124–126). Voir 574 et 583, cidessous. Nous ne partageons pas l'avis de M. Gouhier, qui verrait dans l'objection de Mersenne une accusation de cercle vicieux. (Cf. La pensée métaphysique de Descartes [Paris: Vrin, 1969], 293 et 312–319.) Mersenne ne fait que remarquer que sans la connaissance de l'existence de Dieu, je ne pourrais être assuré d'être une res cogitans. Pour que le cercle soit bouclé, il faudrait que l'existence de Dieu dépende, enquelque façon, de ce queje suis une res cogitans; et cela, Mersenne ne le dit pas. Descartes, pour sa part, fait mine de comprendre—et cela, M. Gouhier l'a bien vu (313)—que c'est plutôt le cogito que Mersenne met en cause—ce qui effectivement permettrait de boucler le cercle, puisque l'existence de Dieu en dépend dans l'ordre des raisons—et c'est ce qui lui permet de renvoyer Arnauld aux Secondes Reponses.

3 La thèse que je propose ici doit beaucoup à deux collè;gues, les professeurs R. F. McRae (qui me fit redécouvrir Descartes lorsque je fus son élève à l'Université de Toronto) et S. Tweyman. Je cite, plus bas, ceux de leurs travaux qui ouvrent la voie à la solution que je propose (cf. n. 7 et 11, infra). Ma thèse se fonde aussi sur les implications d'un mien travail de recherche paru dans la Revue de métaphysique et de morale (cf. n. 14, infra).

4 AT, IX–1, 27 (VII, 35).

5 Ibid., 28–29 (ibid., 36).

6 Ibid., 41 (ibid., 51).

7 McRae, R. F.., Innate Ideas. dans R. J. Butler, dir., Cartesian Studies (New York et Oxford: Barnes & Noble et Black well. 1972). 4142. Nous verrons. plus loin, une autre confirmation de cette interpretation.Google Scholar

8 Etant bien entendu que, contrairement a ce que réclamait Mersenne dans les Secondes Objections (voirn. 2, supra), il ne saurait être question defender le cogito, ou plutôt la connaissance que sum res cogitans, sur ce critère.

9 (AT, VIII, 349–50.) La traduction française de ce texte ne paraissant pas dans AT. cette citation est tireede l'édition Alquié, F. des Ocuvres philosophiqties de Descartes (Paris: Gamier, 1963–73), t. 2, 790.Google Scholar

10 Cf. Descartes, Les principes de la philosophic, Première partie, 16, 47, 50 et 66–72. AT, IX–42, 32, 44–46, et 55–60 (VIII–I, 10–11, 22, 24 et 32–37). II convient de noter ici que méme le cogito ne suffit pas à produire un assentiment immédiat chez celui dont l'esprit n'a pas fait l'objet d'une catharsis préalable. II suffit, pour le voir, de se représented ce que doit être la réaction du non-philosophe lorsqu'on lui parle d'un certain Descartes qui aurait dit: « Je pense, done je suis » (ou de se ressouvenir de ce que fut la nôtre, avant que nous ayons entamé nos études de philosophic: quel besoin peut-il bien y avoir de (se) prouversa propre existence, ou meme dele faire en la reliant à sa pensée?). A ce compte, il devient d'autant plus plausible que l'existence de Dieu soit l'objet d'une intuition la reliant immédiatement au cogito, même s'il faut, pour y parvenir, une longue préparation qui a tout l'air d'une démonstration.

11 Ce paragraphe s'inspire en grande partie de la thèse—essentiellement correcte. à mon avis—que proposes. Tweymandans unarticle intitulé « DeusexCartesio », parudans les Studia Cartesiana I (1979), 167–181. Cf. particulièrement les pages 176 sqq. J'y ajouterais cependant ceci, pour parer à l'objection voulant que, Dieu étant incompréhensible, il ne saurait être embrassé par une intuition: c'est que si l'objecteur insiste pour faire de Dieu 1'objet d'une démonstration, il se rend d'autant plus vulnérable à sapropre objection, du moment qu'une démonstration n'est pour Descartes qu'une série d'intuitions. A ce compte, il faudrait que Dieu se retrouve quand même comme 1'objet d'une intuition le reliant a 1'avant–dernier terme de cette démonstration, done à quelque chose de bien moins assuré que ne l'est ma propre existence lorsque celle-ci m'est donnée par le cogito.

12 Gueroult, M.. Descartes selon l'ordre des raisons (Paris: Aubier-Montaigne, 1953), t. 1. 343.Google Scholar

13 Gouhier, H.. « La preuve ontologique de Descartes. A propos d'un livre récent », Revue Internationale de philosophie 8/3 (1954), 295303.Google Scholar

14 Cette solution est détaillée dans « La preuve ontologique dans l'ordre des raisons ». Revue de métaphysique et de morale 93/2 (1988), 246258.Google Scholar

15 AT, IX-1, 16 (VII, 21).

16 Ibid., 52 (ibid., 65–66).

17 Ibid., 189–190 (ibid., 245–246).

18 Ibid., 98–99 (ibid., 124–125).

19 Ibid., 111 (ibid., 141).

20 Ibid., 110 (ibid., 140). II convient de noter cependant que ce texte peut facilement induire en erreur. En effet, ces « premiers principes » ne peuvent désigner que les principes métaphysiques qui énoncent les conditions de toute connaissance, et non pas les axiomes ou postulats propres à une science donnée; car ceux-ci—nous le verrons plus loin—doivent pouvoir se justifier au moyen de ceux-là, sans en être déduits.

21 Ibid. (ibid.). Remarquons, en passant, que ce n'est pas du cogito qu'il était question dans les Secondes Objections, mais de l'affirmation sum res cogitans. Descartes semble done passer à côté de la question. Voir 580, supra.

22 Ibid. (ibid.).

23 AT, IX-1, 38 (VII, 47–48).

24 Ibid. (ibid.).

25 Impénétrates sont done les raisons pour lesquelles les axiomes de logique, de mathématiques ou de toute autre science sont ce qu'ils sont, ou tout au moins, les raisons pour lesquelles ils sont susceptibles de nous paraître clairs et distincts.

26 AT. IX-1, 111 (VII, 141).

27 Cf. Descartes, Oeuvres philosophiques, dir. F. Alquié, t. 2, 477–478, n. 3.

28 Quant à confirmer cet aspect critique de Pentreprise cartésienne par les textes, il n'est que de jeter ou coup d'oeil à certains passages de la Règie VIII des Regulae: « On ne peut … rien faire … de plus utile que de rechercher ce que c'est que la connaissance humaine. et, jusqu' oùelle s'étend … : c'est ce que doivent faire une fois dans leur vie … tous ceux qui aiment tant soit peu la vérité …. Rien ne me semble plus absurde au contraire que de disputer témérairement des arcanes de la nature, de l'influence des cieux sur nos régions inférieures, de la prédiction de l'avenir, et autres choses de ce genre, … sans s'être settlement jamais demandé si la raison humaine est capable de résondre ces questions » (Descartes, Oeuvres philosnphiques, dir. F. Alquié, t. 1, 120–121. Là encore, AT ne donne que le texte latin, t. X, 397–398). C'est moi qui souligne.

29 AT, IX-1, 56 (VII, 71). C'est moi qui souligne.

30 D'ailleurs, il n'est par sûr que, pour Descartes, la mémoire soit susceptible de données claires et distinctes: dans la mesure ou elle n'a pour objet que des particuliers, la chose semble peu plausible. Inversement, il est vrai que, creature d'un Dieu parfait, elle doit, à l'instar de la volonté et de l'entendement, comporter quelque marque de cette perfection. Mais ce problème déborde notre propos.

31 Cf. Ryle, G., The Concept of Mind (Londres: Hutchinson, 1960). 149153.Google Scholar

32 Cf. n. 27, supra.

33 Pour le détail de cet autre argument, cf. « La preuve ontologique dans l'ordre des raisons » (voir n. 14, supra).