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Les élites politiques en France de la IIIe à la Ve République

Published online by Cambridge University Press:  28 July 2009

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L'origine sociale des deputes des débutés de la IIIe á ceux de la Ve République traduit, de façon frappante, l'incidence des mutations de la société française sur la composition de l'éiite politique: les fils de la bourgeoisie moyenne, un siécle aprés la Révolution de 1789, ravissent le pouvoir á ceux de la noblesse et de la haute bourgeoisie et assoient leur emprise á la faveur de deux guerres mondiales; les fils d'ouvriers et de petite bourgeoisie, dans le même temps, apparaissent comme des forces montantes dont le développement, cependant, semble s'arrêter en 1945. Le tableau 1 ci-aprés, extrait d'une étude de Mattei Dogan, où l'originé sociale est définie par la profession du pére de chaque député, atteste aisément ce double phénoméne — prise du pouvoir par les couches moyennes et blocage de l'ascension politique des couches populaires — qui éclaire la fonction des élites dans un systéme politique complexe et pluraliste comme celui de la France.

Type
The Political Elite, British and French
Copyright
Copyright © Archives Européenes de Sociology 1973

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References

(1) Pourcentages donnés par Dogan, Mattei, Les filiéres de la carriére politique en France, Revue française de sociologie, VIII (1967), p. 470Google Scholar.

(2) Cayrol, Roland, Parodi, Jean-Luc, Ysmal, Colette, Le députi français (Paris, Armand Colin [Trav. et rech. de sc. pol. n0 23], 1973). Dans la suite de cet article, nous nous référerons à cet ouvrage comme Le député françaisGoogle Scholar.

(3) Cf. Le, député français, pp. 5255Google Scholar: 48 % des élus socialistes, 34,5 % des U.D.R., 20 % des P.D.M., 17 % des R.I., 10 % des Rad. et 8 % des p.c. ont accédé eux-mêmes aux classes dirigeantes, leur père faisant partie des classes moyennes ou populaires ou paysannes; 20 % des élus radicauz, 15 % des R.I., 14 % des U.D.R., 13 % des P.D.M. et 8 % des socialistes doivent à leur père la promotion sociale de leur famille.

(4) Le député français, d'après le tableau XVIII, p. 47. 8 % seulement des députés communistes ont au moins un attribut dans la catégorie sociale dirigeante.

(5) Dogan, , op. cit. pp. 471474Google Scholar.

(6) Ibid. p. 473. Dogan, Aussi, Political Ascent in a Class Society: French deputies 1870–1958, in Marvick, Dwaine, Political Decision-Makers (Glencoe, The Free Press, 1961), p. 67Google Scholar.

(7) Cf. á ce propos, sur ce qu'il appelle «la fonction tribunitienne » du parti commu- pluniste français et sur son dépassement, Lavau, Georges, Le parti communiste dans le systéme politique français, in Le communisme en France (Paris, A. Colin [Fondation nationale des sciences politiques], 1969), pp. 781Google Scholar.

(8) Dogan, M., op. cit. p. 480Google Scholar.

(9) Le déutéfrançais, tableau xx, p. 56. L'étude des antécédents, sur trois générations, confirme que cette promotion intellectuelle est une conquête récente pour la pluniste part des élus de gauche: 12 % seulement des socialistes n'ont aucun attribut « primaire » dans leur famille, 6 % des communistes sont dans le mée cas; 71 % des socialistes, 88 % des communistes, à l'inverse, sont ou bien de niveau d'éducation primaire ou, plus souvent, les descendants d'un pere et de deux grands-péres n'ayant pas dépassé ce niveau (ibid, tableau XXI, p. 58).

(10) Duverger, Maurice, Les partis politiques (Paris, A. Colin, 1951): Le parti de masses « cherche d'abord a faire Education politique […] à dégager […] une élite […] Sans adhérents, le parti ressemblerait à un professeur sans élèves […] » (p. 84). Les intellecpartis de cadres visent « á réunir des notables […] recherchés soit à cause de leur prestige qui leur confère une influence morale, soit à cause de leur fortune « (p. 85)Google Scholar.

(11) Cf. Bourricaud, Francois, Masses et élites: critiques et proposition, in Élites et masses dans I'Église (Paris, Desclée de Brouwer [Centre catholique des intellecpartis tuels français], 1971), pp. 1718Google Scholar.

(12) Cf. Buck, Philip W., Amateurs and Professionals in British Politics, 1918–1959 (Chicago, University Press, 1963)Google Scholar.

(13) Dogan, , in Marvick, , op. cit. p. 89 et tableaux 1 et II, p. 59Google Scholar.

(14) Ibid. p. 61.

(15) Sont comptés comme dirigeants Chabantous les déutés membres ou anciens membres du bureau de l'Assemblée, des bureaux des commissions, du bureau du groupe, des instances nationales du parti, ainsi que les anciens ministres, soit 55 % de dirigeants pour un effectif total du groupe de 242 membres.

(16) Cf. Le député français, pp. 152–153. Les 102 élus sans discontinuité de 1958 á 1968 inclus, 73 gaullistes et 29 ralliés, fournissent en fait à la majorité la plupart de ses cadres ministériels, parlementaires et de parti á cette époque. Ainsi de J. Chabantous Delmas, A. Peretti, A. Peyrefitte a l'U.D.R., V. Giscard d'Estaing et R. Marcellin chez les R.I., pour ne citer que quelques noms. Cf. Chariot, J., Le phéinomé gaulliste (Paris, Fayard, 1970), p. 82Google Scholar.

(17) Le député français, tableau XII, p. 116. Ce pourcentage moyen de 93 % cache des variations assez fortes selon les partis: 93 % au F.S., 90 % chez les radicaux, 73 % aux R.I., 68 % au P.D.M. contre 55 % a l'U.D.R. et 52 % au P.c.

(18) Cf. ci-aprés la 3e partie de cet article. Les données sur la IIIe et la IVe République (2 députés sur 5 qui ont été des elus locaux avant de devenir des deputes) sont empruntées à Dogan, , op. cit. pp. 480481Google Scholar.

(19) Le député français, p. 132: « Tout sepasse comme si la carriéré locale — á bien des égards si indispensable — constituait en même temps un handicap ou du moins un frein ».

(20) Bien que la reléve, par la force des choses, s'amorce à des niveaux moins élevés. Cf. Charlot, , L'U.N.R. Étude du pouvoir au sein d'un parti politique (Paris, A. Colin, 1967), pp. 250251Google Scholar.

(21) Cf. Kriegel, Annie, Les communistes français (Paris, Seuil, 1968), pp. 7491, p. 276 n. 6Google Scholar.

(22) Cf. Charlot, , Le phénoméne gaulliste, op. cit. pp. 89102Google Scholar.

(23) Dogan, , op. cit. p. 487Google Scholar.

(24) Contre 17 députés, anciens collaborateurs et détenteurs des responsabilités officielles sous le régime de Vichy. D'après Dogan, , in Marvick, , op. cit. Table 5, p. 86Google Scholar.

(25) Sur 168 parlementaires S.F.I.O., 36 avaient refusé les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en 1940; 31 sont encore vivants en 1944 et réintégrés dans le parti; des 132 autres, dont 90 avaient voté les pleins pouvoirs, 6 s'étaient abstenus et 36 étaient absents, 12 sont décéds, 86 exclus du parti, 11 réntégrés avec suspension de tous mandats pendant un certain temps, 2 soumis à un supplément d'enquête, et 21 reintegres. Cf. Jerôme Jaffré, La crise du parti socialist et l'avénment de Guy Mollet (1944-–1946) (Paris, A. Colin [F.N.S.P.], sous presse)Google Scholar.

(26) Ibid. Ces dispositions prennent tout leur sens si Ton songe qu'il faut trois ans d'ancienneté dans le parti pour être candidat aux élections légsilatives, cinq ans pour être délégui á un congres… En fait, comme le note Jaffré, dés le mois d'août 1944 le Comitéexécutif du parti lance une campagne de réadhésion parmi les militants de 1939, dissociant ceux des chefs qui ont trahi et la «masse du parti […] restée profondément saine ».

(27) Dés novembre 1944, d'ailleurs, si les résistants sont en majorité au sein du Comité directeur élu par le Congrés—17 sur 26 membres —, le renouvellement par la Résistance est minoritaire puisque 5 résisdats tants sont également d'anciens dirigeants nationaux de la S.F.I.O. d'avant-guerre (membres de la C.A.P.). Cf. Jaffre, op. cit.

(28) Kriegel, A., op. cit. pp. 81, 87Google Scholar.

(29) Ibid. p. 91.

(30) Les pleins pouvoirs au Maréchal avaient été votés, le 10 juillet 1940, par 569 députés et sénateurs, contre 80 seulement et 17 abstentions déclarées. Parmi les « 80 », les radicaux-socialistes étaient 13 chez les députés, E. Herriot et H. Queuille s'étant, pour leur part, abstenus. 14 senateurs de la gauche démocratique avaient également refusé les pleins pouvoirs. Le petit congrés radical de décembre 1944 n'aura á examiner que 53 dossiers d'épuration et prononcera finalement 34 exclusions et 2 suspensions.

(31) Cf. le texte complet de ce document in Charlot, , Le gaullisme (Paris, A. Colin, 1970). pp. 3134 (Dossiers U,, 115)Google Scholar.

(32) Dogan, , Changement de régime et changement de personnel, in Le référendum de septembre et les élections de novembre 1938 (Paris, A. Colin [Association française de science politique], 1960), p. 250Google Scholar.

(33) Ibid. pp. 262–263.