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Quelques problèmes des universités françaises

Published online by Cambridge University Press:  28 July 2009

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Les universités européennes sont des institutions historiques auxquelles la société moderne, de type industriel, impose et imposera de plus en plus des transformations profondes.

Deux faits sont à l'origine de la crise, ressentie à un degré ou à un autre, dans tous les pays d'Occident. Le premier est l'élévation du taux de scolarisation, secondaire et supérieure, c'est-à-dire du rapport entre le nombre des jeunes, garçons et filles, d'un certain âge qui continuent à étudier et le nombre total des jeunes de cet âge. Le taux de scolarisation à 17, 18 et 20 ans s'élève pour de multiples causes, les mêmes dans tous les pays industrialisés, qu'ils soient libéraux ou communistes. Le poste auquel chacun peut prétendre dépend de plus en plus de la formation qu'il a reçue. La quantité des tâches qui exigent une éducation secondaire semble augmenter avec la croissance économique. Les parents sont de plus en plus conscients de cette relation entre formation et position dans la hiérarchie sociale. lis souhaitent de plus en plus fréquemment que leurs enfants fassent des études. A mesure que le niveau de vie s'élève, les parents acceptent mieux de retarder le moment ou les enfants gagneront leur vie. Est-il besoin d'ajouter qu'il s'agit là de tendances générales et que cette attitude à l'égard de l'instruction est loin d'être encore répandue dans tous les milieux sociaux et que des différences substantielles subsistent, entre les pays, les régimes et les classes (1)?

Type
Universität im Umbau: Anpassung oder Widerstand? Erster Teil
Copyright
Copyright © Archives Européenes de Sociology 1962

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References

(1) Pour la période 20–24 ans, le taux de scolarisation serait de 4,5 en République fédérate allemande, de 6,7 au Danemark, de 3,8 en France, de 9,3 en Norvège, de 4,7 aux Pays-Bas, de 3 au Royaume-Uni, de 12,2 en Suisse, de 12 aux États-Unis. Je reproduis ces chiffres que j'emprunte à une publication de l'O.E.C.D., Aptitude intellectuelle et éducation (p. 102)Google Scholar, à titre indicatif. Ces statistiques sont incertaines et surtout les différences sont considérables entre les établissements dits d'enseignement supérieur de pays à pays.

(2) Cette proposition est moins vraie pour les facultés des sciences que pour les facultés des lettres.

(3) Gilson, M. Étienne, dans des articles parus dans le Monde (21 mars et 17 juin 1947)Google Scholar avait observé qu'en rigueur il n'existait pas d'université constituant une unité organique et vivant d'une vie propre. Il existe des facultés, auxquelles les professeurs se sentent liés. L'université, dont le chef est un recteur qui abandonne l'enseignement lorsqu'il assume sa fonction d'administrateur, n'a guère d'existence:

Chaque faculté mène sa vie propre, sous un doyen que ses professeuis oonnaissent parce qu'il partage, avec leur idéal de vie, leurs espoirs et leurs inquiétudes, mais l'ensemble des facultés qu'on nomme université n'existe que de nom sous un recteur que les professeuis oonnaissent beaucoup moins et qui n'intéresse à peu près personne. Choisi par le ministre de l'Education nationale pour des raisons ou la politique a toujours quelque part, ce haut fonctionnaire cesse d'être un professeur du jour même où il accepte ses nouvelles fonctions, et le seul fait qu'il les ait préférées à l'enseignement le sépare irrémédiablement de ses anciens collègues. En France on ne devient recteur d'une univeisité qu'en sortant de l'univeisité.

(4) La brochure Coût et développement de l'enseignement en France publiée en 1958 par l'Institut national de la statistique et des études économiques donne pour l'année 1955–1956 les chiffres suivants (p. 13). Dans les classes maternelles et enfantines, le secteur privé recevait 16,9% des enfants, dans les classes primaires élémentaires 15,4%, dans les classes diverses 12%, dans les cours complémentaires 21,7%. Dans l'enseignement secondaire, des sixièmes aux classes terminales, la part du secteur privé était de 32,7%. D'après le Rapport général de la commission de l'équipement scolaire, universitaire et sportif, la part du secteur public au niveau de l'enseignement secondaire (classes de 6e et de 5e) devrait au cours des prochaines années passer de 71 à 77%.

(5) En 1936–37, il y avait 28 806 élèves en classe de sixième dans les sections classiques ou modernes desl ycées. Ce chiffre passe à 36 531 en 1942–43, à 65 830 en 1950–51. Il a donc plus que doublé avant que se fasse sentir l'influence du facteur démographique. Par rapport au total des enfants, les élèves des lycées et collèges représentent un pourcentage de 4,3 en 1936–37, de 10,6 en 1950–51, de 18% en 1960–61. Si l'on tient compte de l'ensemble des élablissements du cycle secondaire le taux de scolarisation atteint 50% en 1960–61, avec (en milliers) 147,9 dans les lycées de l'enseignement public, 157,2 dans les collèges d'enseignement général, 102,4 dans le secteur privé, soit 407,5 sur 824 enfants de 11–12 ans.

(6) Au 30 juin 1961, il y avait 204 509 étudiants inscrits dans les diverses facultés (33 643 dans les facultés de droit, 68 062 dans les facultés des sciences, 63 163 dans les facultés des lettres, 30 587 dans les facultés de médecine, 8 697 dans les facultés de pharmacie, 366 dans la faculté de théologie de Strasbourg). L'Université de Paris, à elle seule, reçoit plus du tiers du total (72 449). Le pourcentage parisien est particulièrement fort en droit (14 358 sur 33 634), faible en sciences (19 319 sur 68 062). Les effectifs universitaires étaient (en milliers) de 42,6 en 1924–25, 67,2 en 1934–35. 117,2 en 1947–48, 143,9 en 1955–56. Le mouvement vers l'enseignement supérieur s'est accéléré depuis la guerre, les générations plus nombreuses d'après-guerre n'ayant pas encore atteint le niveau des universités.

(7) En mai 1962, la section permanente du Conseil de l'enseignement supérieur vient d'admettre que les élèves de l'École normale supérieure puissent ne pas préparer l'agrégation sous réserve d'approbation de la commission des études.

(8) « En France, après avoir quadruplé entre 1936–37 et 1943–44, la proportion des enfants de la classe ouvrière accédant à l'enseignement secondaire (par rapport au nombre total des enfants entrant annuellement dans les classes secondaires) a relativement diminué, se stabilisant aux environs de 12% depuis 1946, c'est-à-dire dans une période où la fréquentation scolaire totale augmentait considérablement. » Floud, Jean, «Rô1e de la classe sociale dans l'accomplissement des études», in Aptitude intellectuelle et éducation (Paris, O.C.D.E., 1962), p. 100Google Scholar. [Il s'agit d'un rapport sur la conférence organisée par le bureau du personnel scientifique et technique, en collaboration avec le ministère suédois de l'Éducation nationale à Kungâlv, Suède, du 11 au 16 juin 1961.] La revue Population [XVII (1962), 928]Google Scholar a publié le résultat d'une enquête sur l'ensemble des élèves des classes de 6e qui confirme le jugement de Mme Floud. Parmi les élèves des classes de 6e des lycées classiques et modernes, les fils de cultivateurs représentaient 1,7% en 1936–37; ce pourcentage s'élève à 8,2 en 1943–44, mais il retombe à 6,8 en 1956–57. De même le pourcentage des fils d'ouvriers monte de 2,7% en 1936–37 à 14,5 en 1943–44, mais il se retrouve à 12,3 en 1956–57.

(9) « Le nombre des étudiants fils d'agriculteurs représente 2 ‰ de la population active agricole, le nombre des fils d'ouvriers 0,8 ‰ de la population active ouvrière, le nombre d'enfants des professions libérates et des cadres supérieurs 86‰. C'est-à-dire que les enfants de cette dernière classe sociale ont 100 fois plus de chance d'accéder aux universités que les fils d'ouvriers et environ 50 fois plus que les fils d'agriculteurs. » Jean Terrez, « Inégalités régionales des possibilités d'accès à l'éducation.» in Aptitude intellectuelle et éducation, op. cit. p. 79.

(10) Dans le Rapport général de la Commission de l'équipement scolaire, universitaire et sportif (Paris, Imprimerie nationale, 1961), p. 176Google Scholar, on trouve la statistique suivante: dans l'enseignement public du second degré, classique et moderne, le nombre total des enseignants s'élevait en 1960–61 à 33 571 (14 894 hommes et 18 677 femmes) parmi lesquels 7 260 agrégés, 20 156 certifiés.

(11) Le Monde, 21 mars 1947.Google Scholar

(12) A coup sûr, la nocivité des agrégations est inégale. Dans la mesure où la licence est trop facile et ne garantit pas une formation solide, les années supplémentaires de préparation à l'agrégation sont nécessaires. Les spécialistes d'études anciennes (grec et latin) sont particulièrement attachés à l'agrégation — ce qui s'explique aisément. L'agrégation répond à la nature même de la culture humaniste. Latinistes et hellénistes ont besoin d'aller au-delà des connaissances acquises au niveau de la licence. Entre ce qui est la préparation à l'agregation des lettres et ce qui serait la préparation à la recherche, l'écart est moindre que pour les autres disciplines.

(13) La répartition des étudiants entre les diverses facultés doit répondre aux besoins sociaux. Des modifications sont intervenues au cours de ces dernières années. En science, le nombre des licenciés d'enseignement est passé de 2000 à peine en 1950 à 3 700 en 1959, à 4 700 en 1960. En 1949, parmi les étudiants français, 30% se trouvaient dans les facultés de droit, 26% dans les facultés des lettres, 18% étudiaient les sciences et la technique, 26% la médecine et la pharmacie. En 1959, les quatre chiffres sont respectivement 18, 28, 34 et 20. Les sciences attirent 34% des étudiants contre 18% dix ans auparavant (Rapport général, op. cit., p. 70).

(14) Weil, André, Science française, La Nouvelle Revue Française, III (1955), 95109.Google Scholar