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Le temps est-il affaire de conscience ?

Published online by Cambridge University Press:  17 April 2020

E. Klein*
Affiliation:
Centre CEA de Saclay - Laboratoire de recherche sur les sciences de la matière (LARSIM), Gif-sur-Yvette, France
*
Adresse e-mail :etienne.klein@cea.fr

Abstract

Nous disons du temps qu’il s’écoule ou qu’il passe. Mais s’écoule-t-il ou passe-t-il de lui-même ? Ou bien ne s’agit-il que d’une impression qui provient entièrement de nous ? Pour répondre à ces questions, il faudrait pouvoir identifier et caractériser le « moteur du temps », c’est-à-dire le mécanisme caché au sein du monde par lequel le futur devient d’abord présent, puis passé : quelle est cette force secrète qui fait que dès qu’un instant présent se présente, un autre instant présent apparaît, qui demande au précédent de bien vouloir aller se faire voir ailleurs et prend aussitôt sa place, avant qu’un autre instant présent l’envoie lui-même se promener dans le passé, prenne sa place dans le présent, et ainsi de suite ? Ce moteur du temps est-il physique, objectif ou intrinsèquement lié aux sujets conscients que nous sommes ? D’où vient en somme que le temps passe ? Certains auteurs avancent que le temps serait à lui-même son propre moteur. D’autres disent qu’il doit sa motricité implacable à la dynamique de l’univers en expansion. D’autres enfin pensent que le moteur du temps, ce n’est ni le temps lui-même ni la dynamique de l’univers, mais tout simplement nous, nous autres les humains, bipèdes supérieurs, qui sommes des observateurs dotés de conscience. Cette idée selon laquelle le temps n’existe pas en tant que tel en dehors du sujet a été brillamment défendue par de nombreux philosophes – par Kant notamment –, mais elle doit se confronter à une donnée factuelle, qui constitue pour elle une difficulté notable : nous savons désormais que des objets plus anciens que toute forme de vie sur Terre ont bel et bien existé dans le passé de l’univers; que des événements innombrables se sont enchaîné, dont aucune conscience humaine n’a pu être le témoin; que l’humanité, espèce en définitive toute récente, n’a pas été contemporaine de tout ce que l’univers a connu ou traversé. Mais alors, si le passage du temps dépend de la conscience, n’existe que par elle ou que pour elle, comment le temps a-t-il pu s’écouler avant son apparition ? Cantonner le temps dans le sujet ou vouloir que le temps n’ait de réalité que subjective, n’est-ce pas s’interdire d’expliquer l’apparition du sujet dans le temps ?

Type
CI
Copyright
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Déclaration d’intérêts

L’auteur ne déclare aucun conflit d’intérêt.

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