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Les traditionnistes lettrés du Burundi a l'Ecole des Bibliothèques Missionnaires (1940-1960)

Published online by Cambridge University Press:  13 May 2014

Jean-Pierre Chrétien*
Affiliation:
Centre de Recherches Africaines, Université de Paris I/CNRS

Extract

Dans les pays africains sous administration beige l'expression écrite des me'moires collectives qui apparalt dans les années 1940–1950 était inconcevable hors de la sphère d'influence des églises chrétiennes. La presse catholique en particulier a été le premier vecteur de cette forme moderne de l'affirmation des identités culturelles. Au Burundi il s'agit de Rusizira Amarembe, édité à Gitega de 1940 à 1954, et de son successeur Ndongozi, publié de 1954 à 1978. Comme leurs titres l'indiquent ces périodiques étaient rédigés en kirundi, dans le prolongement de la scolarisation assurée par les missions en langue vernaculaire. Le premier signifiait “le semeur de paix”, ou plus exactement “celui qui prépare le terrain de la prospérité”, et le second, plus simplement, “l'éclaireur.”

Comme nous l'avons déjà souligné ailleurs, ces publications devaient bénéficier de la double autorité de la chose imprimée et du parler quotidien, de la technologie des colonisateurs et de la culture des ancêtres, faisant écho aux préoccupations d'un nouveau milieu socioculturel, celui des Africains lettrés. C'est dans ce contexte que s'amorga l'écriture d'une histoire nationale, destinée à fixer de manière systématique les “choses du passé” (ivya kera) jusque là seulement narrées localement à l'occasion des veillées des enclos.

Type
Papers from the Conference “Memoires, Histoires, Identites: Experiences Des Societes Francophones”
Copyright
Copyright © African Studies Association 1988

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References

Notes

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7. Nous remercions M. Adrien Ndikuriyo, historien burundais, pour sa contribution à l'interprétation de ces noms.

8. “Nouvelles hypothèses” et “Du Hirsute au Hamite”.

9. On cherche en vain un Mwmabutsa II?

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12. Ntare Rugamba porte le numéro VIII dans le texte et le numéro VII dans la liste dynastique fournie à la fin des articles!

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20. Mot peu usité. Nous l'avons rencontré dans nos enquêtes sous la forme ikivumbi, désignant une équipe de travailleurs, une troupe armée ou un groupe de courtisans de la cour royale (par ex. chez Sinzobakwira, enregistré á Mukenke le 14.6.1967). son, DansDictionnaire rundi=français (Tervuren, 1970), 541Google Scholar, F. M. Rodegem, qui a beaucoup utilisé la presse en kirundi pour son corpus, semble en avoir tiré la conclusion que les “Abavumbi” étaient une éfamille de Tutsi.”

21. On ne trouve aucun de ces noms dans la liste très complète recueillie par Mbonabuca, T., “Mugera, une mission dans un domaine royal” (Bujumbura, 1982), 7880.Google Scholar

22. Voir la préface de l'ouvrage publié contre ce projet par l'ancien Résident Ryckmans, Pierre, Une page d'histoire coloniale (Bruxelles, 1953), 34.Google Scholar Baranyanka était un prince dit mutare (batare au pluriel), car il était issu du roi Ntare II, par la lignée de Birori, frère alné du roi Mwezi II.

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26. Dossier de 170 p. avec annexes. Nous remercions le Père René Lamey, archiviste de la Maison généralice des Pères blancs, de nous avoir signalé ce manuscrit.

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29. Les articles du Ndongozi ont pour auteur probable un prêtre de la région de Muyaga, mais nous préférons vérifier cette information avant d'avancer son nom.

30. Voir les textes parus dans J Vansina, 100-04. Les informateurs Makira et Simbasaga risquent d'être fictifs.

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